IX
« Je serai prêtre »
M. l'abbé Germain Droit, né en 1825 à Fresne-Saint-Mamès (Haute-Saône), commença très tard ses études classiques. Il avait vingt-six ans quand il entra au grand séminaire. Au moment de recevoir le sous-diaconat, il fut tourmenté par des scrupules et prit le parti de consulter celui que toute la France regardait comme un oracle : le Curé d'Ars.
La première tentative qu'il fit pour aborder le confessionnal de M. Vianney fut infructueuse. Après une journée d'attente, vaincu par la fatigue et la faim, Germain Droit fut obligé de battre en retraite. Il avait établi son quartier général chez son beau-frère, M. Martelet, brigadier de gendarmerie dans le département du Rhône. Le surlendemain, l'abbé Droit revint à Ars de grand matin. Il se glissa jusqu'à l'entrée de la sacristie et sollicita, comme un grand honneur, le privilège de servir la messe du saint Curé.
Après quelques hésitations, cette faveur lui fut accordée par le Frère sacristain. Tandis que M. Vianney revêtait les ornements sacerdotaux, Germain Droit s'avança timidement et exposa ses scrupules. L'heure pressait ; la foule des pèlerins attendait, mais le séminariste avait l'air si malheureux que le bon Curé d'Ars consentit à retarder un peu la messe pour donner audience au pauvre scrupuleux.
Après son pèlerinage, l'abbé Droit paraissait radieux, et il disait à son beau-frère : « Maintenant, je suis certain de ma vocation, je serai prêtre ».
Prêtre, il le fut pendant cinquante-quatre ans. Sa carrière fut celle de beaucoup de ses confrères. Il remplit sans bruit les différentes fonctions que l'autorité diocésaine lui confia... et mourut en novembre 1909. (1)
(1) Ce récit est extrait de la Semaine religieuse de Besançon, décembre 1917