XV
Les conseils du fils
En 1857 ou 1858, une dame du Vivarais prenait le chemin d'Ars. Sa situation d'affaires était des plus embrouillées. Elle avait bien, à ce sujet, pris conseil d'un de ses fils, prêtre judicieux et prudent ; mais les décisions du fils n'étant pas au goût de la mère : « Il me faut quelqu'un de plus savant que toi », avait-elle répliqué. Elle allait, de ce pas, au directeur le plus couru de toute la Chrétienté.
La dame entra dans l'église d'Ars et se mêla aux pèlerins. « Seigneur, murmurait-elle, qu'il va donc falloir attendre avec tous ces gens-là ». M. Vianney lui en épargna la peine.
Il traverse les rangs, s'arrête devant notre Vivaraise :
« Eh ! lui dit-il sans rudesse, qu'êtes-vous venue faire ici ?... Pourquoi ne pas vous en rapporter aux avis de votre fils ? Il vous a donné la bonne réponse. Il faut vous rentourner et faire ce qu'il vous conseille. »
Stupeur de la dame, qui crut aux lumières du saint Curé et... à celles de son fils !
C'est l'abbé lui-même qui, pèlerin d'Ars en septembre 1879, conta ce trait à M. le chanoine Ball. (1)
(1) Documents, N° 71