XVII

« Pourquoi vous inquiéter ?... »

 

M. Peuch, ancien professeur à l'École vétérinaire de Toulouse, avait pris sa retraite à Frontenas, paroisse du département du Rhône, où volontiers il accepta les fonctions de président du Conseil de fabrique.

Dans son enfance, il avait vu le saint Curé d'Ars, auquel l'avait présenté sa mère. Petit garçon de santé frêle, il semblait ne devoir pas vivre.

« Ô Monsieur le Curé, avait dit la jeune maman, de grâce, priez pour que je conserve mon enfant !

— Mais, répliquait l'homme de Dieu, pourquoi vous inquiéter de la sorte ? Votre fils deviendra vieux et rendra beaucoup de services à ses semblables. »

 

Mme Peuch s'était retirée tranquille, car elle avait dans M. Vianney une confiance extrême.

Son fils lui survécut, et de beaucoup. Il s'éteignit à 84 ans.

Et les vingt-cinq dernières années de sa vie, il mit ses connaissances de professeur au service de qui venait le consulter. C'est ainsi qu'il fut fort utile, et gratuitement presque toujours, aux habitants de Frontenas et de tout le canton de Bois-d'Oingt.

 

M. Faveyriat, curé de Briennon, dans la Loire, qui a conté le fait en 1937 au presbytère d'Ars, en avait souvent entendu le récit des lèvres du bon vieillard. M. Peuch se rappelait fort bien sa rencontre avec le saint Curé, dont il imitait la voix et le geste. Il en parlait toujours avec émotion.