16me DIMANCHE APRéS LA PENTECïTE

(HUITIéME SERMON)

Sur l'HumilitŽ

 

 

Omnis, qui se exaltat, humiliabitur, et qui se humiliat, exaltabitur.

Quiconque s'Žlve sera humiliŽ, et quiconque s'abaisse sera ŽlevŽ.

(S. Luc, xviii, 14.)

 

Notre divin Sauveur, M.F., pouvait-il nous montrer d'une manire plus claire et plus Žvidente, la nŽcessitŽ de nous humilier, c'est-ˆ-dire d'avoir de bas sentiments de nous-mmes, soit dans nos pensŽes, soit dans nos paroles, soit dans nos actions, si nous voulons espŽrer d'aller chanter les louanges de Dieu pendant l'ŽternitŽ ? – ƒtant un jour dans la compagnie de plusieurs personnes, et voyant, dis-je, que plusieurs semblaient se glorifier du bien qu'elles avaient fait et mŽprisaient les autres, JŽsus-Christ leur proposa cette parabole qui, selon toute apparence ; Žtait une vŽritable histoire. Ç Deux hommes, leur dit-il, montrent au temple pour y faire leur prire ; l'un d'eux Žtait pharisien, et l'autre publicain. Le pharisien se tenant debout parlait ainsi ˆ Dieu : Ç Je vous rends gr‰ce, ™ mon Dieu, de ce que je ne suis point comme le reste des hommes, qui sont voleurs, injustes, adultres, ni mme comme ce publicain : je ježne deux fois la semaine, je donne la d”me de tout ce que je possde. È Voilˆ sa prire, nous dit saint Augustin [1] . Vous voyez bien que cette prire n'est qu'une affectation pleine de vanitŽ et d'orgueil ; il ne vient pas pour prier Dieu, ni lui rendre gr‰ce : mais pour se louer et insulter ˆ celui-lˆ mme qu'il prie. Le publicain, au contraire, se tenant loin de l'autel, n'osait mme lever les yeux au ciel ; il frappait sa poitrine, en disant : Ç Mon Dieu, ayez pitiŽ de moi, qui suis un pŽcheur. È – Ç Je vous dŽclare, ajoute JŽsus-Christ, que celui-ci s'en est retournŽ chez lui justifiŽ, et non pas l'autre. È Les pŽchŽs du publicain lui sont pardonnŽs ; et le pharisien avec toutes ses vertus rentre dans sa maison plus criminel qu'il n'en Žtait sorti. Si vous voulez en savoir la raison, la voici : c'est que l'humilitŽ du publicain, quoique pŽcheur, fut plus agrŽable ˆ Dieu que toutes les prŽtendues bonnes Ïuvres du pharisien avec son orgueil [2] . Et JŽsus-Christ conclut de lˆ, que Ç celui qui veut s'Žlever sera humiliŽ, et que celui qui s'humiliera sera ŽlevŽ. È Voilˆ la rgle, M.F., ne nous y trompons pas, la loi est gŽnŽrale ; c'est notre divin Ma”tre qui vient la publier. Ç Quand vous auriez ŽlevŽ la tte jusqu'au ciel, dit le Seigneur, je vous en arracherais [3] . È

Oui, M.F., l'unique chemin qui conduit ˆ l'ŽlŽvation pour l'autre vie, c'est l'humilitŽ [4] . Sans l'humilitŽ, cette belle et prŽcieuse vertu, vous n'entrerez pas plus dans le ciel, que sans le baptme [5] . Comprenons donc aujourd'hui, M.F., l'obligation que nous avons de nous humilier, et les motifs qui doivent nous y engager. Je vais donc, M.F., vous montrer : 1¡ Que l'humilitŽ est une vertu qui nous est absolument nŽcessaire si nous voulons que nos actions soient agrŽables ˆ Dieu et rŽcompensŽes dans l'autre vie ; 2¡ Nous avons tous sujets de la prati­quer, soit du c™tŽ de Dieu, soit du c™tŽ de nous-mmes.

 

I. – Avant, M.F., de vous faire comprendre le besoin que nous avons de cette belle vertu, qui nous est aussi nŽcessaire que le baptme aprs le pŽchŽ originel ; aussi nŽcessaire, dis-je, que le sacrement de la pŽnitence aprs le pŽchŽ mortel, il faut vous dire en quoi consiste cette aimable vertu, qui donne un si grand mŽrite ˆ toutes nos bonnes actions, et orne si richement toutes nos bonnes Ïuvres. Saint Bernard, ce grand saint qui l'a pratiquŽe d'une manire si extraordinaire, qui a quittŽ biens, plaisirs, parents et amis, pour aller passer sa vie dans les forts, parmi les btes sauvages, pour y pleurer ses pŽchŽs, nous dit que l'humilitŽ est une vertu par laquelle nous nous connaissons nous-mmes ; ce qui nous porte ˆ n'avoir que du mŽpris pour nous-mmes, et ˆ ne prendre nullement plaisir ˆ nous voir louer [6] .

Je dis 1¡ que cette vertu nous est absolument nŽcessaire si nous voulons que nos actions soient rŽcompensŽes au ciel ; puisque JŽsus-Christ nous dit lui-mme que nous ne pouvons pas plus nous sauver sans l'humilitŽ que sans le baptme. Saint Augustin nous dit : Ç Si vous me demandez quelle est la premire vertu d'un chrŽtien, je vous rŽpondrai que c'est l'humilitŽ ; si vous me demandez quelle est la deuxime, je vous dirai que c'est l'humilitŽ ; si vous redemandez quelle est la troisime, je vous dirai encore que c'est l'humilitŽ ; et autant de fois que vous me ferez cette demande, je vous ferai la mme rŽponse [7] . È

Si l'orgueil engendre tous les pŽchŽs [8] , nous pouvons de mme dire que l'humilitŽ engendre toutes les vertus [9] . Avec l'humilitŽ, vous aurez tout ce qu'il vous faut pour plaire ˆ Dieu, sauver votre ‰me ; et, sans l'humilitŽ, avec toutes les autres vertus, vous n'avez rien. Nous lisons dans le saint ƒvangile [10] que quelques mres prŽsentaient leurs enfants ˆ JŽsus-Christ pour les faire bŽnir. Les ap™tres les faisaient retirer. Notre-Seigneur le trouvant mauvais, il leur dit : Ç Laissez venir ˆ moi ces petits enfants ; car le royaume du ciel est ˆ eux et ˆ ceux qui leur ressemblent. È Il les embrassait et leur donnait sa sainte bŽnŽdiction. Pourquoi tant d'accueil de la part de ce divin Sauveur ? C'est que les enfants sont simples, humbles et sans malice. De mme, M.F., si nous voulons tre accueillis de JŽsus-Christ, il faut que nous soyons simples et humbles, dans tout ce que nous faisons. Ç Ce fut, nous dit saint Bernard, ce fut cette belle vertu qui fut la cause que le Pre Žternel regarda la sainte Vierge avec complaisance ; et si, nous dit-il, la virginitŽ attira les regards de Dieu, son humilitŽ fut causŽ qu'elle conut le Fils de Dieu. Si la sainte Vierge, est la Reine des vierges, elle est aussi la Reine des humbles [11] . È Sainte ThŽrse demandait un jour ˆ Notre-Seigneur, pourquoi autrefois, le Saint-Esprit se communiquait avec tant de facilitŽ aux personnages de l'Ancien Testament, soit aux patriarches, soit aux prophtes, et leur dŽclarait ses secrets, tandis qu'il ne le faisait plus ˆ prŽsent. Notre-Seigneur lui rŽpondit, que c'Žtait parce qu'ils Žtaient plus simples et plus humbles, et qu'ˆ prŽsent les hommes ont le cÏur double et qu'ils sont remplis d'orgueil et de vanitŽ. Dieu ne se communique pas ˆ eux, il ne les aime pas, comme il aimait ces bons patriarches et ces prophtes, qui Žtaient simples et humbles. Saint Augustin nous dit : Ç Si vous vous humiliez profondŽment, et si vous reconnaissez que vous n'tes rien, que vous ne mŽritez rien, le bon Dieu vous donnera des gr‰ces avec abondance ; mais si vous voulez vous Žlever et vous croire quelque chose, il se retirera de vous, et vous abandonnera dans votre pauvretŽ. È

Notre-Seigneur, pour nous bien faire comprendre que l'humilitŽ est la plus belle et la plus prŽcieuse de toutes les vertus, commence les bŽatitudes par l'humilitŽ, en disant : Ç Bienheureux les pauvres d'esprit, parce que le royaume des cieux leur appartient. È Saint Augustin nous dit que ces pauvres d'esprit, sont ceux qui ont l'HumilitŽ en partage [12] . Le prophte Isa•e dit ˆ Dieu : Ç Seigneur, sur qui votre Esprit-Saint descend-il ? Est-ce sur ceux qui ont grande rŽputation dans le monde et sur les orgueilleux ? – Non, dit le Seigneur, mais sur celui qui a le cÏur humble [13] . È

Non seulement cette vertu nous rend agrŽables ˆ Dieu, mais encore aux hommes. Tout le monde aime une personne qui est humble ; l'on se pla”t dans sa compagnie. D'o vient qu'ordinairement les enfants sont aimŽs, sinon parce qu'ils sont simples et qu'ils sont humbles ? Une personne qui est humble cde ˆ tout, ne contrarie jamais personne, ne f‰che personne, se contente de tout ; elle cherche toujours ˆ se cacher aux yeux du monde. Nous en avons un bel exemple dans la personne de saint Hilarion. Saint JŽr™me rapporte que ce grand saint Žtait recherchŽ des empereurs, des rois et des princes, de la foule du peuple attirŽ dans son dŽsert par l'odeur de sa saintetŽ et par l'Žclat et le bruit de ses miracles ; mais que lui, au contraire, fuyait le monde autant qu'il le pouvait. Il changeait souvent de cellule, afin de vivre cachŽ et inconnu ; il pleurait sans cessŽ ˆ la vue de cette multitude de religieux et du monde qui venaient ˆ lui pour tre guŽris de leurs maux. Regrettant son ancienne solitude : Ç Je suis, disait-il en pleurant, je suis retournŽ dans le monde, je recevrai ma rŽcompense dans cette vie, puisqu'on me regarde comme une personne de quelque considŽration. È – Ç Et rien, nous dit saint JŽr™me, de plus admirable que de le voir si humble parmi tant d'honneurs qu'on lui rendait. Le bruit s'Žtant rŽpandu, qu'il allait se retirer dans le fond du dŽsert et qu'on ne pourrait plus le voir, l'on mit vingt mille hommes pour le garder ; mais le saint leur dit qu'il ne prendrait pas de nourriture avant qu'on le laiss‰t libre. On le garda pendant sept jours ; voyant qu'il ne mangeait rienÉ. Il s'enfuit dans le dŽsert le plus reculŽ, o il se livra ˆ tout ce que son amour pour Dieu put lui inspirer. Ce fut seulement lˆ qu'il crut commencer ˆ servir le bon Dieu [14] . È Dites-moi, M.F., est-ce lˆ une humilitŽ, un mŽpris de soi-mme ? HŽlas ! que ces vertus sont rares ! mais aussi que les saints sont rares ! Autant on a de haine pour un orgueilleux, autant on aime une personne humble, parce qu'elle prend toujours la dernire place, elle respecte tout le monde et les estime tous ; c'est ce qui fait qu'on aime tant la compagnie de ces personnes qui ont de si belles qualitŽs.

2¡ Je dis que l'humilitŽ est le fondement de toutes les autres vertus [15] . Celui qui dŽsire servir le bon Dieu et sauver son ‰me, doit commencer ˆ pratiquer cette vertu dans toute son Žtendue. Sans quoi, notre dŽvotion sera semblable ˆ quelques bžches de paille que vous aurez plantŽes, et qui, au premier coup de vent, seront renversŽes. Oui, M.F., le dŽmon craint fort peu ces dŽvotions qui n'ont pas l'humilitŽ pour fondement, parce qu'il sait bien qu'il les renversera quand il voudra. Ce qui arriva ˆ ce solitaire qui alla jusqu'ˆ marcher sur des charbons ardents sans se bržler ; mais qui, manquant d'humilitŽ, tomba quelque temps aprs dans les excs les plus dŽplorables [16] . Si vous n'avez pas l'humilitŽ, dites que vous n'avez rien, qu'ˆ la premire tentation vous serez renversŽ. Il est rapportŽ dans la vie de saint Antoine [17] , que le bon Dieu lui fit voir le monde tout rempli de lacets que le dŽmon avait tendus pour faire tomber les hommes dans le pŽchŽ. Il en fut si surpris, que son corps tremblait comme la feuille des forts, et s'adressant ˆ Dieu : Ç HŽlas ! Seigneur, qui pourra Žviter tant de piges ? È Il entendit une voix qui lui dit : Ç Antoine, celui qui sera humble ; parce que Dieu donne sa gr‰ce aux humbles pour rŽsister aux tentations ; au lieu qu'il permet que le dŽmon se joue des orgueilleux, qui, ds qu'ils seront dans l'occasion, tomberont dans le pŽchŽ. Au contraire, il n'ose pas attaquer les personnes qui sont humbles. È Quand saint Antoine Žtait tombŽ, il ne faisait que s'humilier profondŽment devant le bon Dieu, en disant : Ç HŽlas, Seigneur, vous savez que je ne suis qu'un misŽrable pŽcheur ! È De suite, le dŽmon prenait la fuite.

Lorsque nous sommes tentŽs, M.F., tenons-nous cachŽs sous le voile de l'humilitŽ, et nous verrons que le dŽmon aura peu de force sur nous. Nous lisons dans la Vie de saint Macaire, qu'allant un jour dans sa cellule chargŽ de feuilles de palmier, le dŽmon vint au-devant de lui avec une fureur Žpouvantable, voulant le frapper, et ne le pouvant, vu que le bon Dieu ne lui en avait pas donnŽ le pouvoir, il s'Žcria : Ç O Macaire ! que tu me fais souffrir ; je n'ai pas la force de te maltraiter, quoique j'accomplisse plus parfaitement que toi tout ce que tu fais : car tu ježnes quelquefois, mais, pour moi, je ne mange jamais ; tu veilles quelquefois, mais, pour moi, je ne dors jamais. Il n'y a qu'une chose, en laquelle j'avoue que tu me surmontes. È Saint Macaire lui demanda en quoi c'Žtait. – Ç C'est en ton humilitŽ. È Le saint se jeta la face contre terre, demanda au bon Dieu de ne pas succomber ˆ la tentation, et, de suite, le dŽmon prit, la fuite [18] . Oh ! M.F., que cette vertu nous rend agrŽables ˆ Dieu, et qu'elle est puissante pour chasser le dŽmon ! Mais qu'elle est rare ! ce qui est bien facile ˆ comprendre, puisqu'il y a si peu de chrŽtiens qui rŽsistent au dŽmon lorsqu'ils sont tentŽs.

Mais, afin que vous ne vous trompiez pas et que vous connaissiez que vous ne l'avez jamais eue, entrons dans un dŽtail bien simple. Non, M.F., ce ne sont pas toutes les paroles et toutes les belles manifestations de mŽpris de soi, qui nous prouvent que nous l'avons. Avant de commencer, je vais vous citer un exemple, qui vous prouvera que les paroles signifient peu de chose. Nous trouvons dans la Vie des Pres [19] , qu'un solitaire Žtant venu voir saint SŽrapion, ne voulait pas prier avec lui, parce que, disait-il, j'ai tant commis de pŽchŽs que j'en suis indigne ; je n'ose mme respirer lˆ o vous tes. Se tenant assis ˆ terre, il n'osait pas mme s'asseoir sur le mme sige que saint SŽrapion. Saint SŽrapion voulant lui laver les pieds selon la coutume, il lui rŽsista encore davantage. Voilˆ une humilitŽ qui, selon nous, a toute l'apparence d'tre bien sincre, et vous allez voir ˆ quoi aboutit cette humilitŽ. Saint SŽrapion se contenta de lui dire, qu'il ferait bien mieux de rester dans sa solitude, que de courir de cellule en cellule en vivant en vagabond, et de travailler pour vivre. Alors, le solitaire ne put s'empcher de montrer que son humilitŽ n'Žtait qu'une fausse vertu ; il se monta contre le saint et le quitta. Sur quoi le saint lui dit : Ç Eh ! mon fils, vous me disiez tout ˆ l'heure que vous aviez fait tous les crimes imaginables, que vous n'osiez ni prier ni manger avec moi, et, pour un simple avertissement, qui n'a rien qui puisse vous offenser, vous vous laissez aller ˆ la colre ! Allez, mon ami, votre vertu et toutes vos bonnes Ïuvres sont dŽnuŽes de la plus belle qualitŽ, qui est l'humilitŽ. È

Nous voyons, par cet exemple, qu'il y a bien peu de vŽritable humilitŽ. HŽlas ! combien en est-il qui, tant qu'on les flatte, qu'on les loue, ou du moins, qu'on parait les estimer, sont tout de feu pour les pratiques de la piŽtŽ, ils donneraient tout et se dŽpouilleraient de tout ; mais un petit reproche, un air d'indiffŽrence leur jette l'amertume dans le cÏur, les tourmente, leur arrache des larmes, leur fait prendre mauvaise humeur, leur fait faire mille jugements tŽmŽraires, pensant qu'on les traite indignement, qu'on ne le ferait pas ˆ un autre. HŽlas ! que cette belle, vertu est rare parmi les chrŽtiens de nos jours ! que de vertus qui n'ont que l'apparence et qui, au premier coup, sont emportŽes !

Mais en quoi consiste l'humilitŽ ? – Le voici : je vous dirai d'abord qu'il y a deux sortes d'humilitŽ, l'une intŽrieure et l'autre extŽrieure. L'humilitŽ extŽrieure consiste, 1¡ ˆ ne pas se louer d'avoir bien rŽussi dans quelque ouvrage que nous avons fait, ˆ ne pas le rŽpŽter au monde ; ˆ ne pas raconter nos traits de folie, les voyages que nous avons faits, notre adresse et notre habiletŽ, ni ce que l'on nous a dit peut-tre ˆ notre avantage ; 2¡ ˆ cacher le bien que nous pouvons avoir fait, comme sont nos aum™nes, nos prires ; nos pŽnitences, les services que nous avons rendus au prochain, les gr‰ces intŽrieures que le bon Dieu nous a faites ; 3¡ ˆ ne pas prendre plaisir quand on nous loue ; ˆ t‰cher de dŽtourner la conversations attribuant ˆ Dieu le bon succs dont on nous loue ; ou ˆ faire conna”tre que cela nous fait de la peine, et nous en aller, si nous le pouvons ; 4¡ ˆ ne jamais dire du bien ni du mal de soi-mme. Il y en a qui disent souvent du mal d'eux, afin qu'on les loue : ceci est une fausse humilitŽ, qu'on appelle une humilitŽ ˆ crochet. Ne dites rien de vous, contentez-vous de penser que vous tes un misŽrable, qu'il faut toute la charitŽ d'un Dieu pour vous souffrir sur la terre ; 5¡ il ne faut jamais se disputer avec ses Žgaux ; il faut leur cŽder dans tout ce qui n'est pas contraire ˆ la conscience ; ne pas toujours croire qu'on a droit ; quand on l'aurait, il faut vite penser que l'on pourrait bien se tromper, comme cela est. arrivŽ tant d'autres fois ; et surtout ne jamais s'opini‰trer ˆ avoir le dernier mot, ce qui montre un esprit trs orgueilleux ; 6¡ il ne faut jamais tŽmoigner de la tristesse lorsqu'on para”t nous mŽpriser, ni aller s'en plaindre ˆ d'autres ; cela montrerait que nous n'avons point d'humilitŽ, puisque si nous en avions, nous ne trouverions jamais que l'on nous mŽprise, parce que jamais l'on ne pourra nous traiter comme nous le mŽritons ˆ cause de nos pŽchŽs ; au contraire, il faut en remercier le bon Dieu, comme le saint roi David, qui rendait le bien pour le mal [20] , en pensant combien il avait lui-mme mŽprisŽ le Seigneur par ses pŽchŽs ; 7¡ il faut tre bien content quand on vous mŽprise, ˆ l'exemple de JŽsus-Christ, dont il est dit Ç qu'il se rassasiait d'opprobres [21] , È et ˆ l'exemple des ap™tres, de qui il est dit [22] Ç qu'ils avaient une grande joie d'tre trouvŽs dignes de souffrir quelque mŽpris, quelques ignominies pour l'amour de JŽsus-Christ ; È ce qui fera tout notre bonheur et notre espŽrance ˆ la mort ; 8¡ nous ne devons pas nous excuser de nos fautes, quand nous avons fait quelque chose qui peut nous faire bl‰mer ; ne pas faire penser que ce n'est pas, soit par des mensonges ou des dŽtours, ou par notre air qui semble dire que ce n'est pas nous. Quand mme nous serions accusŽs ˆ fort, pourvu que la gloire du bon Dieu n'y soit pas intŽressŽe, nous ne devons rien dire. Voyez ce qui arriva ˆ cette jeune fille ˆ qui on avait donnŽ le nom de frre Marin [23] .....HŽlas ! qui de nous aurait ŽtŽ mis ˆ des Žpreuves pareilles ˆ celle-lˆ sans se justifier, le pouvant si facilement ? 9¡ cette humilitŽ consiste ˆ faire tout ce qu'il y de plus dŽgožtant, ce que les autres ne veulent pas faire, et ˆ aimer ˆ tre vtu simplement.

Voilˆ, M.F., en quoi consiste l'humilitŽ extŽrieure. Mais en quoi consiste l'intŽrieure ? Le voici. Elle consiste, 1¡ ˆ avoir de bas sentiments de soi-mme, ne jamais s'applaudir dans son cÏur, quand on a fait quelque chose qui a bien rŽussi, mais se croire indigne et incapable de faire aucune bonne action, fondŽ sur les paroles de JŽsus-Christ mme, qui nous dit que, sans lui, nous ne pouvons rien faire de bon [24]  ; nous ne pouvons pas mme prononcer une parole, comme dire le saint nom de JŽsus, sans le secours du Saint-Esprit [25]  ; 2¡ tre bien aise que les autres connaissent, nos dŽfauts, afin d'avoir l'occasion de nous tenir dans notre nŽant ; 3¡ tre bien content que les autres nous surpassent en biens, en esprit, en vertu, ou en tout autres choses ; se soumettre ˆ la volontŽ, au jugement d'autrui, toutes les fois que ce n'est pas contre la conscience. Oui, M.F., une personne vŽritablement humble doit tre semblable ˆ un mort qui, ni ne se f‰che pour les injures qu'on lui fait, ni ne se rŽjouit pour les louanges qu'on lui donne.

Voilˆ, M.F., ce que c'est que de possŽder l'humilitŽ chrŽtienne, qui nous rend si agrŽables ˆ Dieu et si aimables au prochain. Voyez ˆ prŽsent, si vous l'avez ou non. Et, si vous ne l'avez pas, il ne vous reste pour vous sauver qu'ˆ la demander au bon Dieu, jusqu'ˆ ce que vous l'obteniez ; parce que, sans elle, nous n'entrerons pas dans le ciel. Nous lisons dans la vie de saint ElzŽar, qu'ayant ŽtŽ en danger de pŽrir sur la mer, avec tous ceux qui Žtaient dans le vaisseau, le danger Žtant passŽ, sainte Delphine, son Žpouse, lui demanda s'il n'avait pas eu peur ? Il lui rŽpondit : Ç Quand je suis en pareil danger, je me recommande ˆ Dieu, et tous ceux qui sont avec moi ; et, je lui dis que s'il y en a qui doivent mourir, ce soit moi, comme Žtant le plus misŽrable et le plus indigne de vivre [26] . È Quelle humilitŽ !... Saint Bernard Žtait si pŽnŽtrŽ de son nŽant, que quand il entrait dans une ville, il se mettait ˆ genoux pour prier le bon Dieu de ne pas punir cette ville ˆ cause de ses pŽchŽs ; il croyait que partout o il allait, il n'Žtait capable que d'attirer la malŽdiction dans l'endroit [27] . Quelle humilitŽ, M.F. ! un si grand saint, dont la vie n'Žtait qu'une cha”ne de miracles [28]  !

Il faut, M.F., que tout ce que nous faisons, soit accompagnŽ de cette belle vertu, si nous voulons que ce soit rŽcompensŽ dans le ciel [29] . En faisant vos prires, avez-vous cette humilitŽ qui vous fait vous regarder comme des misŽrables, indignŽs d'tre en la sainte prŽsence de Dieu ? Ah ! si cela Žtait, vous ne vous contenteriez pas de les faire en vous habillant ou en travaillant. Non, vous ne l'avez pas. Si vous l'aviez, lorsque vous tes ˆ la sainte Messe, avec quel respect, avec quelle modestie, avec quel tremblement ne vous y tiendriez-vous pas ? Ah ! non, non, l'on ne vous verrait pas rire, causer, tourner la tte, promener vos regards dans l'Žglise, y dormir, y faire vos prires sans dŽvotion, sans amour de Dieu. Bien loin de trouver les offices longs, vous ne pourriez plus en sortir, pensant combien il faut que la misŽricorde de Dieu soit grande de vous souffrir parmi les fidles, vous qui mŽritez, par vos pchŽs d'tre maintenant parmi les rŽprouvŽs. Si vous aviez cette vertu, lorsque vous demandez quelque gr‰ce au bon Dieu, vous feriez comme la ChananŽenne qui se jeta ˆ genoux aux pieds du Sauveur devant tout le monde [30]  ; comme Magdeleine, qui baisa les pieds du Sauveur dans une nombreuse assemblŽe [31] . Si vous l'aviez, vous feriez comme cette femme, qui, depuis douze ans, Žtait atteinte d'une perte de sang, et alla avec tant d'humilitŽ se jeter devant le Sauveur, pour toucher humblement son manteau [32] . Si vous aviez l'humilitŽ d'un saint Paul, qui avait ŽtŽ ŽlevŽ jusqu'au troisime ciel [33] , et ne se regardait que comme un avorton, le dernier des ap™tres, indigne du nom qu'il portait [34]  !... O mon Dieu ! que cette vertu est belle ; mais qu'elle est rare !... Si vous aviez cette vertu, M.F., lorsque vous vous confessez, ah ! que vous seriez ŽloignŽs de cacher vos pŽchŽs, de les raconter comme une histoire faite ˆ plaisir, et surtout de raconter ceux des autres ! Ah ! de quel tremblement ne seriez-vous pas saisis, voyant la grandeur de vos pŽchŽs, les outrages qu'ils ont faits ˆ Dieu ; et voyant d'un autre c™tŽ la charitŽ qu'il a de vous pardonner ? Mon Dieu ! ne mourrait-on pas de douleur et de reconnaissance ?... Si aprs avoir confessŽ vos pŽchŽs, vous aviez cette humilitŽ dont nous parle saint Jean Climaque [35] , qui, Žtant dans un monastre, nous dit y avoir vu lui-mme des religieux si humbles, si humiliŽs et si mortifiŽs, qui sentaient de telle sorte le poids de leurs pŽchŽs, que le bruit de leurs cris, et les prires qu'ils adressaient ˆ Dieu Žtaient capables de toucher des cÏurs aussi durs que la pierre. Il y en avait qui Žtaient tout couverts d'ulcres, dont il sortait une puanteur insupportable ; ils avaient si peu soin de leurs corps, qu'ils n'avaient plus que la peau attachŽe aux os. L'on entendait retentir le monastre des cris les plus dŽchirants. Ç Ah ! malheur ˆ nous qui sommes misŽrables ! Avec justice, mon Dieu, vous pouvez nous prŽcipiter dans les enfers ! È D'autres s'Žcriaient : Ç Ah ! Seigneur, pardonnez-nous, si nos ‰mes peuvent encore recevoir quelque pardon ! È Ils avaient tous l'image de la mort devant les yeux ; ils se disaient les uns aux autres : Ç Que deviendrons-nous, aprs avoir eu le malheur d'offenser un Dieu si bon ? Pourrons-nous avoir quelque espŽrance pour le jour des vengeances ? È D'autres demandaient d'tre jetŽs dans la rivire pour tre mangŽs des btes. Le supŽrieur voyant saint Jean Climaque, lui dit : Eh bien ! mon Pre, avez-vous vu nos soldats ? È Saint Jean Climaque nous dit qu'il ne put ni parler, ni prier : car les cris de ces pŽnitents, si profondŽment humiliŽs, lui arrachaient malgrŽ lui des larmes et des sanglots. Pourquoi est-ce, M.F., que nous n'avons point d'humilitŽ, quoique nous soyons bien plus coupables ? HŽlas ! c'est que nous ne nous connaissons pas !

 

II. – Oui, M.F., un chrŽtien qui se conna”t bien, tout doit le porter ˆ s'humilier. Je veux dire trois choses : la considŽration des grandeurs de Dieu, les abaissements de JŽsus-Christ et notre propre misre. 1¡ quel est celui, M.F., qui pourrait considŽrer la grandeur d'un Dieu, sans s'anŽantir en sa prŽsence, en pensant que, de rien, il a crŽŽ le ciel par une seule parole, et qu'un seul de ses regards pourrait tout anŽantir ? Un Dieu qui est si grand, et dont la puissance n'a point de borne, un Dieu rempli de toutes sortes de perfections, un Dieu avec son ŽternitŽ sans fin, sa justice si grande, sa providence qui gouverne tout avec tant de sagesse et qui pourvoit ˆ nos besoins avec tant de soin ! tandis que nous-mmes, nous ne sommes qu'un vil nŽant ! O mon Dieu ! ne devrions-nous pas, ˆ bien plus forte raison, craindre, comme saint Martin, que la terre ne s'ouvr”t sous nos pieds pour nous engloutir, tant nous sommes indignes de vivre ? A cette vue, M.F., ne feriez-vous pas comme cette grande pŽnitente dont il est parlŽ dans la vie de saint Paphnuce [36]  ? Ce bon vieillard, dit l'auteur de sa vie, Žtant allŽ trouver cette pŽcheresse, fut bien surpris de l'entendre parler de Dieu. Le saint abbŽ lui dit : Ç Savez-vous bien qu'il y a un Dieu ? È – Ç Oui, lui dit-elle ; de plus, je sais qu'il y a un royaume pour ceux qui vivent selon ses commandements, et un enfer o les mŽchants seront jetŽs pour y bržler, È – Ç Si vous connaissez toutes ces choses, comment, en perdant tant d'‰mes, vous exposiez-vous donc ˆ y bržler ? È La pŽcheresse connaissant ˆ ces paroles que c'Žtait un homme de Dieu, se jeta ˆ ses pieds fondant en larmes : Ç Mon pre, lui dit-elle, donnez-moi telle pŽnitence que vous voudrez, et je la ferai. È Il la renferma dans une cellule, en lui disant : Ç ƒtant si criminelle que vous l'tes, vous ne mŽritez pas de prononcer le nom du bon Dieu ; vous vous contenterez de vous tourner vers l'orient, et, pour toute prire, vous direz : O vous qui m'avez crŽŽe, ayez pitiŽ de moi ! È Voilˆ toute sa prire. Sainte Tha•s passa trois ans ˆ faire cette prire, ˆ verser des larmes et pousser des sanglots le jour et la nuit. O mon Dieu ! que l'humilitŽ nous fait bien conna”tre ce que nous sommes ! 2¡ Nous disons que l'anŽantissement de JŽsus-Christ doit nous humilier encore bien davantage. Ç Quand je considre, nous dit saint Augustin, un Dieu, qui, depuis son incarnation jusqu'ˆ la croix, n'a menŽ qu'une vie d'humiliations et d'ignominies, un Dieu mŽconnu sur la terre, moi je craindrais de m'humilier ? Un Dieu cherche les humiliations, moi, ver de terre, je voudrais m'Žlever ? È Mon Dieu ! de gr‰ce, dŽtruisez cet orgueil qui nous Žloigne tant de vous.

Le troisime motif, M.F., qui doit nous humilier, c'est notre propre misre. Nous n'avons qu'ˆ la regarder un peu de prs, nous y trouverons une infinitŽ de sujets de nous humilier. Le prophte MichŽe nous, dit [37]  : Ç Que nous portons au milieu de nous le principe et les motifs de notre humiliation. Ne savons-nous pas, dit-il, que le nŽant est notre origine, qu'une infinitŽ de sicles se sont ŽcoulŽs avant que nous fussions, et que, de nous-mmes, nous n'aurions jamais pu sortir de cet affreux et impŽnŽtrable ab”me ? Pouvons-nous ignorer que tout crŽŽs que nous sommes, nous avons un violent penchant vers le nŽant, et qu'il faut que la main puissante de celui qui nous en a tirŽs, nous empche d'y retomber, et que, si le bon Dieu cessait de nous regarder et de nous soutenir, nous serions effacŽs de dessus la terre, avec la mme rapiditŽ qu'une paille emportŽe par une furieuse tempte ? È Qu'est-ce donc que l'homme pour se vanter de sa naissance et de ses autres avantages ? È HŽlas ! nous dit le saint homme Job, que sommes-nous ? ordure avant de na”tre, misre quand nous venons au monde, infection quand nous en sortons. Nous naissons d'une femme, nous dit-il [38] , nous vivons peu de temps ; pendant notre vie, quoiqu'elle soit bien courte, nous pleurons beaucoup, la mort ne tarde gure ˆ nous frapper. È – Ç Voilˆ notre partage, nous dit saint GrŽgoire, pape, jugez d'aprs cela, si nous pouvons trouver lieu de nous Žlever dans la moindre chose du monde ? de sorte que celui qui ose avoir la tŽmŽritŽ de croire qu'il est quelque chose, est un insensŽ, qui ne s'est jamais connu, parce que, nous connaissant tels que nous sommes, nous ne pouvons qu'avoir horreur de nous-mmes. È

Mais nous n'avons pas moins sujet de nous humilier dans l'ordre de la gr‰ce. Quelques dons et quelques talents que nous ayons, nous les tenons tous de la main libŽrale du Seigneur, qui les donne ˆ qui il lui pla”t, et, par consŽquent, nous ne pouvons pas nous en glorifier. Un concile nous a dŽclarŽ que l'homme, bien loin d'tre l'auteur de son salut, n'est capable que de se perdre, et qu'il n'a de soi-mme que le pŽchŽ et le mensonge. Saint Augustin nous dit que toute notre science consiste ˆ savoir que nous ne sommes rien, et que tout ce que nous avons nous le tenons de Dieu.

Enfin, je dis que nous devons nous humilier par rapport ˆ la gloire et au bonheur que nous attendons dans l'autre vie, car, de nous-mmes, nous ne pouvons pas le mŽriter. Si le bon Dieu est si bon que de nous le donner, nous ne pouvons compter que sur la misŽricorde de Dieu et sur les mŽrites infinis de JŽsus-Christ son Fils. Comme enfants d'Adam, nous ne mŽritons que l'enfer. Oh ! que le bon Dieu est charitable de nous donner l'espŽrance de tant de biens, ˆ nous qui n'avons rien fait pour les mŽriter !

Que devons-nous conclure de cela ? M.F., le voici c'est de bien demander au bon Dieu, tous les jours, l'humilitŽ, c'est-ˆ-dire, qu'il nous fasse la gr‰ce de conna”tre que nous ne sommes rien de nous-mmes, et que les biens, soit du corps, soit de l'‰me, nous viennent de lui... Pratiquons l'humilitŽ toutes les fois que nous le pouvons ; .... soyons bien persuadŽs qu'il n'y a point de vertu plus agrŽable ˆ Dieu que l'humilitŽ, et qu'avec elle, nous aurons toutes les autres. Quelque pŽcheurs que nous soyons, nous sommes sžrs qu'avec l'humilitŽ, le bon Dieu nous pardonnera. Oui, M.F., attachons-nous ˆ cette belle vertu ; c'est elle qui nous unira ˆ Dieu, qui nous fera vivre en paix avec notre prochain, qui rendra nos croix moins pesantes, qui nous donnera cette grande espŽrance que nous verrons Dieu un jour. Il nous dit lui-mme : Ç Bienheureux les pauvres d'esprit, parce qu'ils verront Dieu ! [39]  È C'est ce que je vous souhaite.



[1] Serm. CXV, cap.2 in illud Luc¾..

[2] Respexit in orationem humilium, et non sprevit precem eorum. Ps. ci, 18.

[3] Jer. xlix, 16.

[4] Gloriam pr¾cedit humilitas. Prov. xv, 33.

[5] Matth. xviii, 3.

[6] De gradibus humilitatis et superbi¾, cap. I.

[7] Epist. CXVIII, ad Dioscorum, cap. iii, 22.

[8] Initium omnis peccati est superbia. Eccli. x, 15.

[9] Voir Rodriguez, TraitŽ de lÕhumilitŽ, chap. III.

[10] Matth. xix, 13.

[11] Hom. 1a super Missus est, 5.

[12] Serm. LIII, in illud Matth. Beati pauperes spiritu.

[13] Is. lxvi, 2.

[14] Vie des Pres du dŽsert, t.V, p.191-194.

[15] Cogitas magnam fabricam construere celsitudinis ? de fundamento prius cogita humilitatis. S. Aug. Serm. in Matth. cap. xi.

[16] Vie des Pres du dŽsert, t.Ier, p. 256.

[17] Ibid. p. 52.

[18] Vie des Pre du dŽsert. T. II, p.358.

[19] Ibid, p.417.

[20] Ps. vii, 5.

[21] Thren. iii, 30. (Livres des lamentations)

[22] Act. v, 41.

[23] Voir la vie de Sainte Marine, dans le sermon du 11me dimanche aprs la Pentec™te.

[24] Joan. xv, 5.

[25] I Cor, xii, 3.

[26] Voir Ribadeneira, au 27 septembre.

[27] On rapporte la mme chose de Saint Dominique

[28] Exemple : Rodriguez, tome IV, p. 483 et 365. (Note du Saint)

[29] Exemple de lÕimpŽratrice qui fut tra”nŽe par ses domestiques.  (Note du Saint)

[30] Matth. xv, 25.

[31] Luc, vii, 38.

[32] Marc. v, 25.

[33] II Cor, xii, 2.

[34] I Cor. xv, 8-9.

[35] LÕEchelle Sainte, cinquime degrŽ.

[36] Vie des Pres du dŽsert, t.Ier, p.212. Saint Paphnuce et sainte Tha•s.

[37] Cette citation nÕest pas du prophte MichŽe.

[38] Job, xiv, 1.

[39] Matth. v, 3.

 

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