(Du 6 janvier au 23 mars 1822.)
Jésus revient de Cana à Capharnaûm, et enseigne en différents endroits.- il va sur les bords du Jourdain.- il arrive à Ono; - au lieu où l'on baptise, près de Jéricho. - Coup d'il sur la mer Morte et sur Melchisédech. - Jésus enseigne en divers endroits. - Entretiens avec Lazare. - Jésus célèbre le sabbat à Adummim, ville de refuge pour les criminels. - Jésus à Nébo au delà du Jourdain.- il va en Galilée et guérit à Phasael la fille d'un Essénien. - Jésus à Jezrael - à Capharnaûm - à Gennabris - à Béthulie - à Kisloth-Thabor - à Sunem - à Ulama - il revient à Capharnaum. - Jésus près de sa mère. - Fête à Capharnaum. - Jésus à Sephoris : il assiste de loin des gens près de faire naufrage. - Jésus à Nazareth.- La fête des Purim. - Jésus à Legio. - il va avec Lazare sur la propriété de celui-ci à Thirza.- il quitte Thirza.- Sa première rencontre avec le jeune homme riche. - il va à Béthanie. (6-13 janvier.) Lorsque le sabbat fut fini, Jésus partit avant le jour avec ses disciples pour Capharnaum. Le fiancé, son père et plusieurs autres l'accompagnèrent pendant quelque temps. On avait beaucoup donné aux pauvres lors du repas de noces : car rien ne revint une seconde fois sur la table, tout fut immédiatement distribué. Demain et après-demain sont des jours de jeûne, et je vis que dès avant le sabbat on faisait cuire d'avance des aliments pour ces jours là. Tous les feux furent éteints, et toutes les fenêtres au delà du nécessaire fermées. Les gens aisés ont à leur foyer des places où tout se conserve chaud sous de la cendre chaude. Jésus se trouvait, pour ces jours de jeûne, à Capharnaum, et il y enseigna dans la synagogue. Deux fois le jour on lui amenait des malades qu'il guérissait. Ses disciples de Bethsaïde allèrent chez eux, et plusieurs revinrent. Il alla aussi dans les environs et y enseigna ; pendant le temps du repos, il était chez Marie. Il envoya cinq de ses disciples baptiser dans le Jourdain, sur la rive occidentale, près de Jéricho, au lieu principal où Jean baptisait et que celui-ci avait quitté, C'étaient André, Saturnin, Aram, Théméni et Eustache, fils de l'une des veuves. Jésus les accompagna pendant une partie du chemin et alla ensuite à Béthulie, où il guérit et enseigna. Il revint après cela jusqu'à sept à huit lieues au nord-ouest de Capharnaum vers Hanathon ; il y a près de là une montagne destinée à la prédication. On arrivait au haut de cette montagne par une pente douce d'environ une lieue de long. On avait fait là des arrangements exprès pour qu'on pût y prêcher : il s'y trouvait une chaire de pierre très élevée, entourée de pieux, au moyen desquels on pouvait tendre au-dessus un grand pavillon pour défendre du soleil et de la pluie. Après chaque instruction on le remportait. Sur l'arête de la montagne s'élèvent trois éminences : l'une d'elles est la montagne des Béatitudes. Au lieu où Jésus et enseigne, la vue est très étendue : on voit au-dessous de soi la mer de Galilée, et l'on peut apercevoir Nazareth dans le lointain. La montagne est boisée et cultivée par places, mais non au lieu où Jésus enseigna. Tout autour sont les fondations d'une muraille ruinée, où l'on distingue encore des restes de tours. Autour de la montagne sont des endroits appelés Hanathon, Béthanat et Nejel, qui font leffet d'avoir formé ensemble une très grande ville. Jésus avait près de lui trois disciples, un fils de la tante du fiancé de Cana, le fils d'une autre veuve et Jonathan, le demi frère de Pierre. C'étaient eux qui convoquaient les gens à venir entendre l'instruction faite sur la montagne. Jésus enseigna ici sur la diversité de l'esprit des hommes, suivant les lieux et même suivant les familles, et sur l'esprit qu'ils recevaient dans le baptême et qui les unissait entre eux et avec le Père céleste, par la pénitence, la satisfaction et l'expiation. Il leur dit aussi à quoi ils pourraient reconnaître dans quelle mesure ils auraient reçu le Saint Esprit par le baptême. Il enseigna en outre sur la prière et les diverses demandes, et je m'étonnai de l'entendre déjà enseigner sur les demandes de l'Oraison dominicale, quoiqu'il n'en eût pas encore donné la formule. Cette instruction dura depuis midi jusqu'au soir : alors il descendit à Béthanat, où il prit un repas et passa la nuit. Il avait passé la nuit précédente a Hanathon. Le jour suivant, je vis Jésus aller de Béthanat dans la direction du lac, puis dans cette de Capharnaum. Cinq disciples de Jean étaient venus le trouver. Ils étaient d'un pays situé à peu de distance de la mer Méditerranée, au nord d'Apheka, la patrie de saint Thomas. Ce n'étaient pas de vrais Juifs, mais des espèces d'esclaves ; ils avaient été longtemps avec Jean et venaient maintenant à Jésus. Je vis vers midi Jésus avec huit disciples sur une colline, entre l'embouchure du Jourdain et Bethsaide, à environ une demi lieue du lac Ils avaient vue sur le lac, où ils voyaient Pierre, Jean et Jacques sur leurs barques. Pierre avait une grande embarcation, sur laquelle étaient ses serviteurs ; lui-même était sur une petite barque qu'il dirigeait. Jean et Jacques, avec leur père, avaient aussi une grande barque et de plus petites. Je vis encore la barque d'André : elle était petite et se trouvait près de celles de Zébédée. Pour lui, il était alors sur les bords du Jourdain, où il baptisait. Lorsque les disciples virent leurs amis sur le lac, ils voulurent descendre pour les appeler. Mais Jésus leur ordonna de rester là. Je les entendis dire : "Comment ces hommes peuvent-ils encore naviguer et pêcher après avoir vu ce que vous avez fait et avoir entendu vos enseignements ? Et Jésus leur dit : Je ne les ai pas encore appelés ; ils ont un métier qui fait vivre beaucoup de gens, spécialement Pierre ; je leur ai dit de continuer à l'exercer et de se préparer pour le moment où je les appellerai. J'ai encore beaucoup de choses à faire jusque-là ; il faut aussi que j'aille à Jérusalem pour la Pâque. Sur le côté occidental de la colline, il y avait environ vingt-six habitations, où demeuraient principalement des pêcheurs et des gens de la campagne. Lorsque Jésus y arriva, un possédé courut après lui et se mit à crier : "Le voilà ; il vient, le prophète ; nous devons fuir devant lui ; "et il fut bientôt entouré de plusieurs autres possédés, qui criaient et se démenaient. Jésus leur commanda de se tenir tranquilles et de le suivre ; il monta sur la colline et enseigna. Il y avait bien, outre les possédés, une centaine de personnes autour de lui. Il parla des mauvais esprits, de la résistance qu'il fallait leur opposer et de la nécessité de se corriger. Les possédés furent tous délivrés ; ils devinrent paisibles et le remercièrent en pleurant ; ils disaient qu'ils ne savaient plus en quel état ils étaient auparavant. Ces malheureux, parmi lesquels quelques-uns étaient attachés ensemble, avaient été amenés de divers lieux des environs, parce qu'on avait entendu parler de l'arrivée du prophète qui était, disait-on, aussi saint que Moïse. Ils n'auraient pas rencontré Jésus si l'un d'eux n'eût pas brisé ses liens et n'avait pas crié après lui. Jésus partit de là pour aller chez sa mère entre Capharnaum et Bethsaide. La première de ces villes était si tuée à peu de distance de cette colline, un peu plus au nord. Le soir, lorsque le sabbat commença, Jésus enseigna dans la synagogue de Capharnaum. Ils avaient encore une fête particulière qui se rapportait à Tobie, lequel avait vécu dans cette contrée et y avait fait beaucoup de bien. Il avait aussi laissé des propriétés aux écoles et à la synagogue. Jésus enseigna sur la reconnaissance. Après le sabbat, je vis Jésus aller chez sa mère, avec laquelle il s'entretint seul ; cela dura même une partie de la nuit. Il parla de ce quil allait faire, lui dit qu'il irait d'abord au Jourdain, puis à Jérusalem pour la Pâque ; qu'ensuite il appellerait les apôtres et commencerait sa vie publique ; qu'on le persécuterait à Nazareth ; puis de ses projets ultérieurs et des relations que sa mère et les autres femmes auraient à entretenir avec lui. Il y avait alors dans la maison de Marie une femme très avancée en âge. C'était une pauvre veuve, sa parente, que sainte Anne lui avait envoyée à la grotte de la Crèche pour l'assister ; maintenant elle était si vieille, que Marie la servait plutôt qu'elle ne servait Marie. (14-20 janvier.) Aujourd'hui, je vis Jésus avec les huit disciples se mettre en route pour le lieu du baptême, près du Jourdain. Ils partirent avant le jour, se dirigeant vers le côté oriental du lac. Ils franchirent de nouveau la colline, d'où ils avaient vu les barques des futurs apôtres. Ils traversèrent le Jourdain sur un pont très élevé. Le Jourdain coulait là dans un lit profondément encaissé ; il entrait dans le lac environ une demi lieue plus bas. De l'autre côté du fleuve, dans l'angle qu'il forme avec le lac, se trouve un village de pêcheurs, autour duquel on voit beaucoup de filets étendus par terre ; il s'appelle le petit Chorozaim à une petite lieue, plus au nord du lac, se trouve Bethsaide-Juliade. Le grand Chorozaïn est à deux lieues à l'est du lac. C'était là que Matthieu était publicain. Jésus descendit le long de la rive orientale du lac, et il passa la nuit à Hippos. Le lendemain, il passa devant Gadara, guérit dans le voisinage de cette ville un possédé, qu'on lui avait amené attaché avec des cordes, mais qui les brisa et se mit à crier de toutes ses forces : "Jésus ! fils de David ! Jésus ! que veux-tu faire ? Tu veux nous chasser ! Jésus s'arrêta, ordonna au démon de se taire et de sortir de cet homme il lui dit aussi où il devait aller. A deux lieues de Gadara, Jésus arriva au Jourdain, le passa, et continua son voyage dans la direction du sud-ouest, laissant Scythopolis à gauche ; il franchit une montagne du nom d'Hermon et arriva à Jezraël, ville située au levant de la plaine d'Esdrelon (la Soeur s'exprime ici peu clairement). Cette ville est située sur les deux rives d'une petite rivière. Jésus y est déjà allé une fois. Il y guérit beaucoup de malades en public, devant la synagogue. Je me suis trompée dernièrement en disant que Marthe était revenue de Cana chez elle avec Lazare. Lazare alla seul, Marthe resta encore en Galilée, à Gennabris, je crois, ou habitait Nathanaël. Elle avait fait prier Madeleine de venir l'y trouver. Il y avait encore là plusieurs disciples On parla des miracles de Jésus, et lorsque Jésus vint dans la contrée de Jezraël, Marthe engagea sa sur à faire avec elle huit lieues de plus, jusqu'à Jezraël. Mais Jésus n'y était plus, et elle entendit seulement raconter ses miracles par ceux qu'il avait guéris. Alors les deux surs se séparèrent et Madeleine retourna à Magdalum. Lazare avait, dans les environs de Samarie, une vigne, un champ et une maison dans le voisinage du champ de Jacob ; tout cela, par la suite, fut mis au service de Jésus et des siens pendant leurs voyages. C'est là que plus tard les deux Surs vinrent trouver Jésus lorsqu'elles le prièrent de venir à Béthanie après la mort de Lazare. Dans les temps postérieurs, il y eut là une chapelle consacrée à sainte Marthe. (15 janvier.) (La Sur était très malade et fort dérangée.) Jésus n'est resté que quelques heures à Jezraël. Il a enseigné dans un endroit appelé Akrabis, à deux lieues de Silo, sur une chaire en plein air. Ce n'était qu'un village de bergers. Le soir du jeudi 17, je vis Jésus arriver à Haï, qui est à peu de distance de Bethel, au levant et à quelques lieues au nord-ouest de Jéricho ; il y a de là environ neuf lieues jusqu'à l'endroit du baptême. Cette ville avait été entièrement détruite à une époque antérieure à Jésus. Elle fut rebâtie plus tard, mais sur de plus petites dimensions. Jésus y enseigna et y guérit. Il y avait là des pharisiens qui tenaient des discours pleins d'aigreur. Quelques-uns d'entre eux s'étaient trouvés à Jérusalem lorsque Jésus y avait enseigné dans sa douzième année. Ils parlaient de cela et taxaient d'hypocrisie ce qu'il avait fait alors, s'asseyant par terre avec les écoliers dans une assemblée de docteurs, disputant avec eux, puis interrogeant les maîtres comme pour recourir à leurs lumières contre ses contradicteurs, et leur disant par exemple : "Que pensez-vous de cela ? Instruisez-nous ! Quand le Messie viendra-t-il, etc. ? les engageant ainsi dans des assertions de toute espèce et prétendant ensuite tout savoir mieux qu'eux. N'était-ce pas lui qui avait fait tout cela ? lui demandaient-ils. (18 janvier). Je vis Jésus dans la matinée au lieu où Jean baptisait précédemment, près du Jourdain, à huit lieues au midi de Jéricho. On fit plusieurs changements dans l'administration du baptême. L'eau fut bénie, on la prit pour baptiser dans une auge de pierre, Jésus fit aux aspirants des instructions préparatoires (Elle se plaint d'être trop faible, elle racontera cela une autre fois.) Plusieurs disciples allèrent à un petit endroit situé au couchant, à une lieue de là : il y a là un bois qui s'étend avec des interruptions jusqu'à Jérusalem. Les habitants gagnent leur vie en faisant passer le fleuve et en travaillant le bois : ils font aussi les radeaux pour le passage. L'endroit s'appelle Ono. Jean a aussi été là ; (L'écrivain lui demanda si ce lieu s'appelle réellement Ono : Oui, dit-elle, mais il y a encore une plus grande ville du même nom, dans la tribu de Benjamin elle est près de Lydda). Note : Lydda est aussi appelée Lod (I. Esdr., II, 33. - II Esdr., XI, 34) à une époque postérieure ; après J.-C., Lydda changea de nom, pour s'appeler Diospolis. Cet Ono, au bord du Jourdain existait déjà lorsque les Israélites prirent Jéricho : au temps de Jésus, il en restait peu de chose : plus tard il n'y en avait plus de trace : c'est pourquoi ce lieu est très inconnu. Mais comme il en existait encore un autre du même nom, on pensa qu'il y avait eu une confusion. Les disciples annoncèrent à Ono larrivée de Jésus, disant qu'il y célébrerait ce soir le sabbat et y guérirait : ils ajoutèrent qu'il continuait l'enseignement et luvre de Jean, que celui-ci ayant posé le fondement, Jésus y mettait la dernière main avec plus d'autorité. Jésus fait ici son séjour ordinaire dans une hôtellerie devant Ono, à une demi lieue de l'endroit où lon baptise. Il y a là un homme qui apprête les aliments, toutefois Jésus mange froid habituellement. Le samedi il enseigna encore ici et guérit plusieurs malades qui lui furent amenés, entre autres une femme très exténuée qui avait une perte de sang. Je vis Jésus aller à Ono pour le sabbat avec les disciples et enseigner dans la synagogue devant beaucoup dauditeurs. Je vis pendant ces jours-là Hérode visiter Jean plusieurs fois et celui-ci le traiter toujours avec mépris comme un adultère. Hérode sentait intérieurement qu'il avait raison, mais sa femme était furieuse contre Jean. Hérode habitait à Liviade, à peu de distance du lieu où Jean baptisait maintenant. Je vois Liviade plus au nord et plus au levant que Bethabara, pas très loin d'Eléalé. Jean dans ses instructions parle toujours de Jésus et renvoie à lui ses auditeurs. (20 janvier.) Jésus revint aujourd'hui au lieu où l'on baptisait : il instruisit et prépara les aspirants qu'André, Saturnin et d'autres encore baptisaient alternativement. Jean ne baptisait presque plus personne : il se bornait à enseigner et envoyait tout le monde de l'autre côté du Jourdain au baptême de Jésus. La plupart de ceux qui venaient au baptême de Jésus étaient des jeunes gens de la Judée et d'Hébron. Tout se faisait avec plus de solennité et de régularité qu'au baptême de Jean. Le lieu où l'on passait le Jourdain n'était plus Si rapproché : à cause du grand concours de peuple, on avait établi le passage plus loin en aval du fleuve. D'après les instructions de Jésus, plusieurs choses avaient été changées à l'endroit du baptême par les disciples envoyés d'avance de Cana. La grande enceinte établie par Jean autour d'un réservoir en plein air n'existait plus. On baptisait à peu de distance de là, sous une grande tente, dans la petite île ou Jésus avait été baptisé. La fontaine baptismale de Jésus sur cette île avait subi plusieurs changements ; les cinq canaux qui allaient du Jourdain à cette fontaine étaient à découvert et les quatre pierres en avaient été retirées ainsi que la grosse pierre triangulaire veinée de rouge qui était placée au bord, et sur laquelle se tenait Jésus quand le Saint-Esprit descendit sur lui. Toutes ces pierres avaient été portées au lieu où l'on baptisait maintenant. Jean et Jésus étaient les seuls à savoir que la place où Jésus avait été baptisé était celle où s'était arrêtée l'arche d'alliance, et que les pierres placées dans la fontaine étaient celles où elle avait reposé dans le lit du Jourdain, mais ils ne l'avaient dit à personne. De même le Seigneur seul savait que c'étaient ces pierres qui formaient maintenant la pierre baptismale. les Juifs avaient oublié depuis longtemps le lieu où ces pierres reposaient et les disciples n'en avaient aucune connaissance. André avait creusé un bassin rond dans la pierre triangulaire : celle-ci reposait sur les quatre pierres placées au-dessous dans une fosse pleine d'eau qui entourait cette pierre baptismale comme un fossé : leau y avait été apportée de la fontaine baptismale de Jésus sur l'île. L'eau qui était dans la pierre triangulaire venait aussi de là et Jésus la bénissait. Quand ceux qui devaient être baptisés descendaient dans la fosse creusée autour des bassins triangulaires, ils avaient de l'eau jusqu'à la poitrine. Près de là était une espèce d'autel où l'on plaçait les robes blanches pour les baptisés. Deux disciples leur mettaient les mains sur les épaules ; André ou Saturnin ou quelquefois un autre les baptisait trois fois avec de l'eau du bassin qu'il prenait dans le creux de la main et qu'il leur versait sur la tête au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit. Ceux qui baptisaient et imposaient les mains avaient de longues robes blanches avec des ceintures et de longues bandes blanches tombant des épaules, comme de larges étoles. Jean baptisait avec un vase à trois rainures, d'où coulaient trois filets d'eau : et il prononçait d'autres paroles où il était question de Jéhovah et de son envoyé. Aucun de ceux qui avaient été baptisés par Jean ne fut rebaptisé ici : mais je crois qu'on les rebaptisa après la descente du Saint-Esprit lors du baptême qui eut lieu a la piscine de Bethesda. Aucune femme ne fut baptisée ici. Ce fut aussi à la piscine de Bethesda que la Soeur vit pour la première fois administrer le baptême avec triple immersion. Jésus enseignait au dehors sur un tertre au-dessus duquel une tente était tendue pour la grande chaleur. Il parlait du baptême, de la pénitence, de l'approche du royaume des cieux et du Messie, dit où on devait le chercher, non parmi les grands du monde, mais parmi les petits et les pauvres. Il appelait ce baptême une ablution, celui de Jean un baptême pour la pénitence : il parla aussi du baptême de feu du Saint-Esprit qui devait venir plus tard. Les arbres et les buissons que Jean avait plantés autour de l'île où Jésus avait été baptisé, s'unissaient par leurs sommets et formaient un beau massif : larbre qui était dans la fontaine s'élevait au-dessus de tout le reste. Je vis sur sa cime se détacher une figure comme celle d'un petit enfant qui sortait d'un cep de vigne, les bras étendus, et d'une main présentait des fruits jaunes, de l'autre des roses. La Soeur voit dans cela un ornement destiné à fêter l'ouverture du baptême de Jésus, mais elle est trop faible pour décrire clairement cette figure.-Le 29 janvier, je vis continuer le baptême. (22 janvier.) Jésus est allé avec plusieurs disciples dans la direction du midi, au couchant de la mer Morte, là où se tenait Melchisédech lorsqu'il prit la mesure du Jourdain et des montagnes. Longtemps avant Abraham il avait conduit ici des ancêtres de ce patriarche : mais leur ville fut détruite avec Sodome et Gomorrhe.-Maintenant on voyait dans une contrée sombre, désolée, parsemée de rochers noirs et de grandes cavernes, s'étendre dans la campagne à environ une demi lieue de la mer Morte des restes de murs avec les tours à moitié écroulées d'une ville détruite, Hazezon Thamar. Là où est la mer Morte, avant la destruction de ces villes impies, il n'y avait que le Jourdain. Il était large d'environ un quart de lieue. Les gens qui maintenant sont établis plus à l'intérieur des terres dans des cavernes et des ruinés de toute espèce, ne sont pas de vrais Juifs, mais des esclaves, provenant des peuples qui ont passé par là : ils cultivent la terre au profit des Juifs. Ils sont pauvres, timides et très délaissés. Ils ont regardé l'arrivée de Jésus parmi eux comme une faveur inestimable et l'ont très bien accueilli. Jésus en a guéri beaucoup. Aujourd'hui cette contrée est meilleure qu'à l'époque de Jésus : mais anciennement elle était d'une beauté et d'une fertilité incroyables. Au temps d'Abraham, la formation de la mer Morte a fait un désert d'un des plus magnifiques pays du monde. une quantité de villes et de bourgs étaient situés sur la ; rive du Jourdain : une chaussée de pierres carrées longeait le fleuve. Entre elles s'élevaient de belles montagnes et d'agréables collines, et tout était couvert de bosquets de dattiers, de vignes, d'arbres fruitiers et de champs de blé. Rien ne peut rendre la beauté de ce pays. Avant que la mer Morte n'eût paru, le Jourdain, au-dessous de l'endroit où il était le plus large, se divisait en deux bras qui arrosaient des villes disparues. L'un tournait à l'ouest et recevait divers cours d'eau ; lautre coulait vers le désert au travers duquel eut lieu la fuite en Égypte, et arrivait jusque dans la contrée de Mara, où Moïse rendit douce une source d'eau saumâtre, et où avaient habité les ancêtres de sainte Anne. Il y avait entre les villes des mines de sel : mais l'eau n'était point salée : il jaillissait la beaucoup de sources. Les peuples buvaient et honoraient l'eau du Jourdain jusqu'à une grande distance dans ce qui devint plus tard le désert. Les ancêtres d'Abraham, établis anciennement à Hazezon par Melchisédech, dégénérèrent beaucoup, et ce fut par un second trait de la miséricorde de Dieu qu'Abraham fut conduit dans la terre promise. Melchisédech a été ici lorsque le Jourdain n'y était pas encore : il a tout mesuré et déterminé. Il allait et venait souvent, et avait quelquefois avec lui deux hommes qui semblaient être des esclaves. (21-30 janvier.) Jésus est allé avec ses disciples dans la direction de Bethléhem : il a suivi une partie de la vallée des Bergers jusqu'à Betharaba, à trois lieues de l'endroit où l'on baptise. Jésus y était déjà allé lorsqu'il visita les bergers après le baptême. Les habitants vivent du passage des caravanes. Cet endroit est à environ trois lieues de Béthanie, sur les frontières des tribus de Juda et de Benjamin. Il y avait ici beaucoup de possédés ils couraient tout nus dans les environs, devant cet endroit, et ils se mirent à crier lorsque Jésus approcha. Il leur ordonna de se couvrir, et en quelques minutes ils se firent des ceintures de feuillage. Jésus les guérit, et envoya du bourg des gens qui leur portèrent des vêtements. André et cinq autres disciples étaient venus ici avant le Sauveur, et avaient dit qu'il y célébrerait le sabbat. Il logea seul avec les disciples dans une hôtellerie gratuite, comme il y en avait toujours alors dans les villes pour les docteurs et les rabbins en voyage. Lazare, Joseph d'Arimathie et d'autres personnes de Jérusalem, étaient aussi venus ici. Jésus enseigna dans la synagogue et aussi sur la place publique et sur les carrefours et les chemins : car il y avait ici une nombreuse population que l'école ne pouvait pas contenir. Il guérit beaucoup de gens affligés de diverses maladies. Les disciples les amenaient et leur faisaient faire place dans la foule. Lazare et Joseph d'Arimathie se tenaient à distance. A la fin du sabbat, le Sauveur retourna encore à Ono avec les disciples. Il passa par un petit endroit appelé Bethagla, où les Israélites étaient venus après avoir passé le Jourdain : car ils ne passèrent pas à une seule place, mais sur une grande étendue, à travers le lit desséché du fleuve. Lorsqu'ils arrivèrent ici, ils mirent leurs vêtements en ordre et se ceignirent. Jésus passa devant la pierre de l'arche d'alliance où Jean avait célébré la fête dont il a été parlé plus haut. Lazare et Joseph d'Arimathie retournèrent à Jérusalem. Nicodème n'était pas venu : il se tenait plus à l'écart à cause de son emploi : mais il était en secret au service de Jésus, et plus tard il annonçait toujours à la communauté les dangers qui la menaçaient. (27 et 28 janvier.) Le jour d'après était le premier jour de la fête de la nouvelle lune' et je vis qu'à Jérusalem la classe des serviteurs et les employés avaient un jour de congé : il y avait comme une fête de réjouissance. C'était un jour de repos, et aujourd'hui l'on ne baptisa pas. Le jour de la Fête de la nouvelle lune, des drapeaux suspendus à de longues perches flottaient sur le toit des synagogues : c'étaient des pièces d'étoffe dont les plis que le vent enflait étaient séparés par des nuds. Par le nombre des noeuds on indiquait aux gens qui les voyaient de loin quel était le mois de l'année qui commençait. Des drapeaux semblables étaient aussi arborés en temps de guerre comme signaux de victoire ou de détresse. Pendant tout le jour suivant, Jésus prépara au baptême, par ses instructions, beaucoup de gens qui s'étaient réunis ici dès la veille et avaient campé dans le voisinage. Aujourd'hui encore on ne baptisa pas : on célèbre une fête à propos de la mort d'un méchant roi (Alexandre Jannée). La place où l'on doit baptiser est très bien arrangée et ornée : je n'ai pas pu le raconter, je suis trop malade. Mais ils restent encore longtemps ici ; je pourrai donc le voir encore et le raconter. (29 et 30 janvier.) Le jour suivant, André et les autres disciples commencèrent de bonne heure à baptiser ceux que Jésus avait préparés la veille. Lazare était revenu hier soir avec Obed, fils de Siméon ; je vis Jésus et lui aller seuls de grand matin dans la direction de Bethléhem, entre Bethagla et Ophra, qui est plus au couchant. Jésus prit ce chemin, parce que Lazare voulait lui raconter ce qu'on disait de lui à Jérusalem, et que Jésus voulait faire savoir à Lazare, et par lui à ses autres amis, comment ils devaient se comporter dans cette occurrence. Ils suivirent la route qu'avaient suivie Joseph et Marie du côté de Bethléhem, et firent environ trois lieues, jusqu'à un groupe de pauvres demeures de bergers, situées dans une contrée solitaire. Lazare raconta à Jésus ce qui se disait à Jérusalem ; les uns parlaient de lui avec colère' d'autres en se moquant, d'autres encore avec curiosité ; ils voulaient voir disaient-ils, s'il viendrait à Pâques pour la fête, s'il viendrait faire ses miracles dans une grande ville aussi hardiment qu'en Galilée, au milieu d'une populace ignorante. Il raconta aussi à Jésus ce que les pharisiens de différents lieux avaient rapporté de lui, et comment ils l'espionnaient. Jésus le tranquillisa sur tout cela, et lui cita divers passages des prophètes où toutes ces choses étaient annoncées d'avance. Il lui dit aussi que dans huit jours il serait sur les bords du Jourdain et qu'il irait ensuite de nouveau en Galilée ; qu'il se rendrait à Jérusalem pour la pâque, et qu'après cela il appellerait ses disciples. Il le consola aussi touchant Madeleine, en lui disant qu'une étincelle de la grâce était tombée en elle, et qu'elle en serait toute enflammée. Ils passèrent ce jour-là près des demeures des bergers, où on leur donna du pain, du miel et des fruits. Il demeurait là une vingtaine de veuves de bergers, ayant près d'elles des fils déjà grands qui les assistaient dans leur vieillesse. Leurs demeures étaient des cellules, séparées les unes des autres et faites de branchages où il poussait encore des feuilles. Parmi ces femmes, il y en avait quelques-unes qui l'avaient adoré et lui avaient porté des offrandes dans la grotte de la Crèche lors de sa naissance. Jésus enseigna ici ; il alla dans les cabanes et guérit quelques femmes. L'une d'elles était très vieille, très malade et très décharnée. Elle habitait une petite cabane où elle était étendue sur une couche de feuillage. Jésus la prit par la main et la conduisit au dehors Ces femmes avaient un réfectoire et un oratoire communs. Pendant que la Sur racontait ceci le 30 janvier, à onze heures du matin, elle dit tout à coup en regardant à sa droite : Qui donc était-ce ? Mais elle se remit bientôt et reprit en ces termes : "J'ai cru qu'il y avait là quelquun "J'ai vu Jésus avec Lazare et Obed sur le chemin qu'il avait suivi, lorsque Jean s'écria : Voici l'Agneau de Dieu ! il y avait quelques disciples en avant et quelques autres en arrière. Lazare et Obed retournèrent à Jérusalem. (31 janvier.) Aujourd'hui Jésus fut au lieu où l'on baptisait, et il y enseigna. Beaucoup de gens reçurent le baptême. (1er et 2 février.) Aujourd'hui, Jésus, avec la plupart de ses disciples, est allé par Bethagla à Adummim. Cet endroit est tout à fait caché dans une contrée excessivement sauvage : ce ne sont que gorges de montagnes où le sentier, qui court le long des rochers, est souvent si étroit, qu'un âne peut à peine y passer. C'est un endroit entièrement caché, à environ trois lieues de Jéricho, sur la frontière de Juda et de Benjamin ; je ne l'avais jamais vu auparavant. Le site est singulièrement abrupte : ç'a été autrefois un lieu de refuge pour les malfaiteurs et les homicides, qui étaient ici à l'abri de la peine capitale. Ils étaient ici en surveillance jusqu'à ce qu'ils fussent amendés : plus tard on les faisait travailler comme des esclaves à exploiter des carrières ou à construire de grandes bâtisses. Ce lieu s'appelait, à cause de cela, la Montée des Rouges, des hommes de sang. Cette ville de refuge existait déjà avant David : elle prit fin après Jésus, à l'époque des premières persécutions de la communauté chrétienne. Plus tard, on bâtit là un monastère, qui était comme une forteresse des premiers religieux du Saint-Sépulcre. (Elle veut parler d'une association qu'elle vit se former sous les premiers évêques de Jérusalem, pour garder et honorer le Saint-Sépulcre.) Les habitants gagnaient leur vie en vendant du vin et des fruits : c'était un affreux désert hérissé de rochers presque entièrement nus : souvent les vignes s'écroulaient avec les rochers. La route proprement dite de Jéricho à Jérusalem ne passait pas par Adummim, mais au couchant de cet endroit, et l'on ne pouvait pas y arriver par ce coté, mais le chemin de Bethagla à Adummim était coupé par une route qui allait de la vallée des Bergers à Jéricho et qui passait à une demi lieue d'Adummim. Dans le voisinage de cette jonction était un passage très étroit et très dangereux. Il y avait là un lieu indiqué par une chaire de pierre, où longtemps avant le Christ s'était passé réellement ce que raconte la parabole de l'homme tombé au pouvoir des assassins, et du bon Samaritain. Lorsque Jésus alla à Adummim, il s'écarta un peu du chemin avec ses disciples, et fit sur cette chaire devant ses disciples et les gens des environs une instruction sur ce qui était arrivé en cet endroit. Il avait célébré le sabbat à Adummim et enseigné dans la synagogue : il avait raconté une parabole relative à l'institution bienfaisante des lieux de refuge pour les criminels, et il l'avait appliquée aux délais de grâce laissés pour la pénitence sur cette terre. Il guérit aussi plusieurs malades, notamment des hydropiques. Après le sabbat, il revint avec les disciples à l'endroit où l'on donnait le baptême. (3 et 4 février.) Le soir du jour suivant Jésus alla avec ses disciples à Nébo, ville située au delà du Jourdain, au pied de la montagne de Nébo où l'on ne peut monter qu'en plusieurs heures. Il était venu des messagers pour le prier d'aller là et d'y enseigner. Il s'y trouve une population mêlée, descendant d'Egyptiens et d'Israélites qui se sont autrefois souillés par le culte des idoles : il y a aussi des Moabites, etc. Ils avaient été remués jusqu'à un certain point par la prédication de Jésus : mais ils ne voulaient pas aller à l'endroit où Jésus baptisait. Je crois qu'ils n'osaient pas. Ils étaient fort méprisés des Juifs à cause d'un crime de leurs ancêtres dont je ne me souviens plus et ils n'avaient pas la permission d'aller partout, mais seulement dans certains lieux. C'est pourquoi ils s'adressèrent humblement à Jésus et le prièrent de baptiser chez eux. Les disciples emportèrent dans des outres de l'eau de la fontaine baptismale. Il n'en resta que quelques-uns comme gardiens au lieu où l'on baptisait. Nébo est à une demi lieue du Jourdain, dont cette ville est séparée par une montagne, et à cinq ou six lieues de Machérunte. Le sol n'y est pas fertile. Pour arriver à Nébo, il faut monter à partir du bord du fleuve, puis redescendre. Vis-à-vis du lieu du baptême, le Jourdain a pour rive une montagne : il n'y a pas dendroit habité ni de lieu d'abordage. Nébo est de l'autre côté de cette montagne. C'est une ville assez grande, bâtie sur un sol montueux, et séparée du mont Nébo par une vallée. Il y a encore un temple païen, mais il est fermé : on a bâti quelque chose autour. Le lundi suivant, je vis Jésus assis sur une chaire placée en plein air préparer les aspirants au baptême ; et je vis aussi les disciples baptiser. La cuve baptismale était disposée dans une citerne servant à prendre des bains dans laquelle entraient ceux qu'on devait baptiser et qui était remplie d'eau jusqu'à une certaine hauteur. Les disciples avaient apporté les robes baptismales qu'ils avaient roulées autour d'eux. Pendant le baptême on en revêtait les aspirants et elles flottaient autour d'eux. Après la cérémonie on leur mettait encore par dessus une espèce de petit manteau. Au baptême de Jean, c'était une sorte d'étole, de la largeur d'un essuie-mains : à celui de Jésus cela ressemblait plus à un petit manteau proprement dit, auquel était cousue une étole avec des franges. (La Sur est trop faible pour décrire cela plus clairement.) Ce sont pour la plupart de très jeunes gens et des vieillards d'un très grand âge qui reçoivent le baptême : plusieurs sont refusés jusqu'à ce qu'ils aient changé de vie. Jésus guérit plusieurs malades, fiévreux et hydropiques qui avaient été apportés sur des civières. Il n'y a pas chez les paiens autant de possédés que chez les Juifs. Jésus bénit aussi l'eau que l'on buvait ici et qui n'était pas bonne ; elle était trouble et saumâtre, et on la recueillait dans le creux des rochers. Il y avait là un réservoir où l'on versa de l'eau des outres. Jésus la bénit : il donna la bénédiction en forme de croix, et tint quelque temps la main étendue sur différents points de la surface. J'ai vu que les disciples de Bethsaïde et Nathanaël Khased avaient commencé à mettre ordre à leurs affaires et qu'ils allaient davantage à Capharnaum. Le 5 au matin je vis Jésus et ses disciples quitter Nébo. Ils sont restés la plus grande partie de la journée sur le chemin long d'une lieue qui va de Nébo au passage du Jourdain ; Jésus y a enseigné. Il y avait là des cabanes et des tentes où les gens de Nébo vendaient aux voyageurs qui passaient leurs fruits et leur vin : c'est devant ces gens que Jésus enseigna. Il ne revint que le soir avec les disciples à son logement près du lieu où l'on baptisait. C'était une maison que Lazare avait achetée et qui n'était qu'a l'usage de Jésus. (6 février.) Aujourd'hui Jésus a visité successivement des paysans isolés et les a rassemblés pour leur faire des instructions. Il y a là beaucoup de braves gens qui, lorsque Jean baptisait, fournissaient des aliments à la multitude. Jésus semble les visiter tous jusque dans les plus petits recoins parce qu'il quittera bientôt ce lieu pour aller en Galilée. Le soir ils revinrent à l'hôtellerie. (7 février.) Le jour suivant Jésus fut chez un riche paysan, qui habite à une demi lieue d'Ono, et dont les champs couvrent toute une montagne. Il y a là un champ où l'on moissonne encore sur un côté tandis que sur l'autre on va commencer les semailles. Jésus a enseigné ici en paraboles touchant la semence et la moisson. Il y a chez ce paysan une vieille chaire délabrée du temps des prophètes qui a été très bien restaurée et dans laquelle Jésus a prêché. Plusieurs autres du même genre ont été remises en état depuis que Jean a baptisé ici : il le leur avait ordonné, comme une chose qui se rapportait à sa mission de préparer les voies. Ces chaires, comme il arrive souvent chez nous, aux images des stations, étaient tout à fait tombées en dégradation depuis le temps des prophètes. Elie et Elisée avaient fait ici de longs séjours. Jésus célébrera demain le sabbat à Ono : après cela vient une fête qui doit concerner les fruits de la terre. J'ai vu ces jours-ci porter des corbeilles pleines de fruits dans lés synagogues et les lieux où se rend la justice. A l'endroit où l'on donnait le baptême, tout a déjà été emporté et mis en magasin par les disciples : si je me trouve mieux, je raconterai comment cela s'est fait. Autour du lieu où est la pierre sur laquelle l'arche d'alliance a reposé, il y a maintenant une vingtaine d'habitations. Bethabara n'est pas tout contre le fleuve, mais à une demi lieue du passage, cependant on voit la ville. Du passage jusqu'au lieu où Jean baptise maintenant, il y a bien une lieue et demie en passant par Bethabara. (8 février.) La narratrice étant dans un état de faiblesse toujours voisin de la mort et dans une absence d'esprit presque complète, ne put communiquer que ce qui suit. Le vendredi j'ai vu Jésus à Ono aller de maison en maison. Au commencement je ne savais pas pourquoi, plus tard j'appris que ces visites avaient rapport à la dîme qu'il exhortait ces gens à payer et aux aumônes qui devaient être données à la fête des fruits laquelle s'ouvrait le soir du dimanche. Le soir il célébra le sabbat dans la synagogue.-Samedi, Jésus Enseigne à Ono jusqu'à la clôture du sabbat.-Aujourd'hui dimanche, commençaient les préparatifs pour la fête de la nouvelle récolte des fruits. Cette fête s'ouvrait le soir. Il y avait une triple fête. D'abord parce qu'aujourd'hui, la sève montait dans les arbres, ensuite parce qu'on présentait la dîme des fruits, et enfin on rendait des actions de grâces pour l'abondance de la récolte. Jésus enseigna sur tout cela, on mangea beaucoup de fruits et on donna aux pauvres des figures entières faites avec des fruits et dressées sur les tables. Il est venu aujourd'hui à Jésus une vingtaine de nouveaux disciples. (12 et 13 février.) La Soeur est toujours très malade. -Jésus à la fin de la fête quitta Ono avec vingt et quelques disciples et se mit en route pour la Galilée. En passant par la contrée où avait été le champ de Jacob, il entra dans ces maisons de bergers de l'une desquelles Joseph et Marie avaient été si durement repoussés j lors de leur voyage à Bethléhem. Jésus avait visité et enseigné les gens qui avaient bien accueilli ses parents : mais il passa la nuit chez ceux de la maison inhospitalière et leur donna des avis. La femme vivait encore : elle était malade sur sa couche et Jésus la guérit. Aujourd'hui, 12 février, Jésus passa par Aruma, où il avait déjà été du 22 au 23 octobre. Jaire, un descendant de l'Essénien Khariot, qui demeurait dans un endroit voisin assez mal famé, je crois que c'était Phasaël, et qui alors avait prié Jésus de guérir sa fille malade, ce que celui-ci lui avait promis pour plus tard, avait envoyé aujourd'hui un messager au-devant de Jésus pour lui rappeler sa promesse : sa fille était morte. Alors Jésus laissa ses disciples continuer seuls leur route, et leur donna rendez-vous à un lieu déterminé où ils devaient le retrouver. Pour lui, il suivit à Phasaël le messager de Jaïre. Lorsque Jésus entra dans la maison, on s'apprêtait à mettre au tombeau la fille de Jaïre : elle était déjà enveloppée de linges et de bandes de toile, et entourée de la famille en pleurs. Jésus fit réunir autour d'elle un plus grand nombre de gens de l'endroit, ordonna de délier les bandes qui l'attachaient dans son linceul, prit la morte par la main et lui commanda de se lever : alors elle se redressa de toute sa hauteur et se leva. Elle avait environ seize ans et n'était pas d'un bon naturel. Elle n'aimait pas son père, qui pourtant l'aimait par-dessus tout. Elle trouvait mauvais les rapports charitables qu'il entretenait avec des gens pauvres et méprisés. Jésus la réveilla de la mort du corps et de l'âme : elle se corrigea et fit plus tard partie de la communauté des saintes femmes. Jésus défendit à tous de parler de ce miracle, et c'était pour cela qu'il n'avait pas voulu que ses disciples y fussent présents. Ce Jaire n'était pas le Jaïre de Capharnaum dont Jésus plus tard ressuscita aussi la fille. Jésus quitta ce lieu, alla vers le Jourdain qu'il traversa,. passa au nord dans la Pérée, vint de nouveau près de Sukkoth. sur la rive occidentale du fleuve, et se rendit à Jezraël. Cela eut lieu le mercredi 13 février. (Jésus a donc évité Samarie.) La Sur est tellement semblable à une mourante, qu'il faut lui savoir un gré infini du peu qu'elle communique. (14 février.) à cause de son extrême faiblesse, elle ne dit que ce qui suit : Aujourd'hui jeudi, Jésus fut à Jezraël ; il y enseigna et y fit plusieurs miracles en présence d'une foule nombreuse Tous les disciples de Galilée étaient venus là à sa rencontre :Nathanaël Khased, Nathanaël le fiancé, Pierre, Jacques, Jean, les fils de Marie de Cléophas, etc. Tous étaient ici. Lazare, Marthe, Séraphia (Véronique) et Jeanne Chusa, qui étaient partis antérieurement de Jérusalem, avaient visité Madeleine à Magdalum, et l'avaient engagée à aller à Jezraël pour voir, si ce n'est pour entendre cet homme merveilleux, si sage, si éloquent et si beau, ce Jésus dont tout le pays s'occupait. Elle avait cédé aux prières des autres femmes et les avait suivies, mais avec tout l'attirait des pompes et des vanités mondaines. Lorsque d'une fenêtre de l'hôtellerie elle vit Jésus s'avancer dans la rue accompagné de ses disciples, Jésus lui lança un regard sévère, et ce regard lui pénétra si profondément dans l'âme, et la jeta dans une confusion et un trouble si extraordinaires, que, dominée par le sentiment de sa misère, elle courut de l'hôtellerie à une maison de lépreux où avaient été aussi des femmes affligées de pertes de sang, et qui était une espèce d'hôpital à la tête duquel était un pharisien. Les gens de l'auberge, auxquels sa manière de vivre était connue, disaient : "Voilà qu'elle se range parmi les lépreux et les hémorroïsses". Mais Madeleine avait couru à la maison des lépreux pour s'humilier, tant le regard de Jésus l'avait ébranlée : car elle était descendue dans une hôtellerie plus élégante que celles où étaient les autres femmes, ce qu'elle avait fait par vanité, pour ne pas se trouver avec tant de pauvres gens. Marthe, Lazare et les autres femmes retournèrent avec elle à Magdalum et y célébrèrent le sabbat suivant. Il y a là une synagogue. (15-19 février.) Vers le soir, Jésus est arrivé à Capharnaum pour le sabbat. Il visita sa mère auparavant. Il enseigna ici et logea de nouveau dans la maison qui appartenait au fiancé de Cana. Tous les disciples étaient réunis ici. Le samedi, il enseigna jusqu'à la clôture du sabbat. On lui avait amené de toutes les parties du pays beaucoup de malades et de possédés : il guérit en public devant tous ses disciples, et chassa les démons au. milieu d'une foule qui allait toujours en s'augmentant. Des envoyés de Sidon vinrent le prier de s'y rendre. Puis il vint des gens de Césarée de Philippe ou Panéas, qui le pressèrent vivement d'y aller : mais il les renvoya à un autre temps. La presse devint si grande, que le dimanche au matin il quitta Capharnaum avec quelques disciples et s'en alla dans la montagne, à une lieue au nord de Capharnaum, entre le lac et l'embouchure du Jourdain, dans un endroit où se trouvent beaucoup de gorges dans lesquelles il se retira pour prier. Ce sont les mêmes montagnes où, en revenant de la montagne de Bethanat, il s'était arrêté avec ses disciples sur la hauteur la plus voisine de la mer, et où il avait vu les embarcations de Pierre et de Zébédée sur le lac. Le soir, Jésus vint à l'habitation de sa mère, entre Bethsaïde et Capharnaum : Lazare, Marthe et les autres femmes de Jérusalem y étaient venus de Magdalum, pour prendre congé et retourner à Jérusalem. Jésus les consola au sujet de Madeleine : il dit à Marthe qu'elle se tourmentait trop : Madeleine est très émue, cependant elle retombera encore. Elle n'avait pas renoncé à ses parures, elle avait déclaré que, dans sa condition, elle ne pouvait pas se vêtir aussi humblement que les autres femmes, etc.-Aujourd'hui, dimanche soir, commençait à Capharnaum un jour de fête relatif a la mort d'un homme qui, en violation de la loi, avait voulu faire placer des images dans le temple. (18 février.) Aujourd'hui Jésus est resté quelque temps chez sa mère, puis il est allé enseigner à Capharnaum. On lui a encore amené là une quantité de malades dont il a guéri plusieurs. Aujourdhui encore, il est venu des gens pour l'inviter à se rendre dans d'autres endroits. Il y avait ici cette fois des pharisiens très endurcis, qui le contredisaient et lui demandaient ce qui adviendrait de tout cela ; tout le pays, disaient-ils, était dans l'agitation à cause de lui, maintenant qu'il enseignait publiquement et faisait une propagande toujours croissante. Mais il leur répondit sévèrement et leur déclara qu'il allait prêcher et agir encore plus ouvertement. Le soir commençait une fête commémorative de la destruction de la tribu de Benjamin par les autres tribus, à cause d'un crime infâme. Je vis que ce jour de fête était observé avec une rigueur toute particulière dans la contrée de Phasaël, où Jésus avait ressuscité la fille de Jaïre, à Aruma, à Gabaa, etc., parce que ces événements avaient eu lieu dans le pays. Je vis que les femmes y présentaient certaines offrandes et prenaient une part particulière au jeune. Dans la nuit, Nathanaël-Khased vint prendre Jésus, et ils allèrent avec André, Pierre, les fils de Marie de Cléophas, et ceux de Zébédée à Gennabris, séjour de Nathanaël, où je les vis arriver le mardi matin. Nathanaël lui avait préparé un logement. Il n'est pas entré dans la maison de Nathanaël, qui est devant la ville et près de laquelle ils ont passé. Nathanael le fiancé et sa femme ont aussi été ces jours-ci à Capharnaum et à Jezraël. L'endroit où l'on baptisait, près d'Ono, est gardé alternativement par des habitants de cet endroit. Jésus enseigna à Gennabris, et y guérit des possédés tout à fait furieux. Une route commerciale passe par cet endroit ; les gens n'y sont pas aussi simples que ceux des bords du lac ; quoiqu'ils n'aient pas ouvertement contredit Jésus, plusieurs ont accueilli ses enseignements avec peu de sympathie. Pendant que la Sur parle ainsi, elle semble voir Gennabris et dit, en indiquant du doigt un point éloigné : La ville est sur une hauteur ; je puis voir huit villes dans les alentours, mais je n'en sais pas les noms maintenant. "Outre les futurs apôtres, Jonathan, le demi frère de Pierre, est aussi avec eux à Gennabris. Les autres disciples s'étaient répandus à Capharnaum et à Bethsaïde, et racontaient ce qu'ils avaient vu et entendu. Je crois que Jésus reviendra encore une fois près de sa mère en Galilée, et que dans une quinzaine de jours il ira dans la contrée de Jérusalem. (Du 20 février au 4 mars.) Aujourd'hui Jésus est allé avec les futurs apôtres à Béthulie, qui est située à environ trois lieues de Gennabris, à cinq de Tibériade et à peu de distance de Jezraël. Béthulie est sur une pente si escarpée, qu'il semble qu'elle va tomber ; il y a des restes de murs si larges, qu'on pourrait y faire passer des chariots. Le chemin qui mène d'ici à Nazareth passe devant le mont Thabor, dont Béthulie n'est qu'à deux lieues au sud-est. Nathanaël Khased a transmis à son frère ou à un cousin l'emploi qu'il avait à Gennabris : dorénavant il suivra le Seigneur. Comme Jésus entrait à Béthulie, des possédés se mirent à crier après lui. Il s'arrêta sur la place du marche, près d'une chaire à prêcher, et il envoya quelques-uns de ses disciples inviter le chef de la synagogue à faire ouvrir toutes les portes de l'école il envoya d'autres disciples de maison en maison, pour convoquer les habitants à venir l'entendre. La synagogue avait plusieurs portes, placées entre des colonnes, que l'on ouvrait toujours lorsqu'il y avait grande affluence de monde. Jésus enseigna ici sur le véritable grain de froment qui doit être mis en terre. Il occupait un logement préparé d'avance pour lui. Les pharisiens de l'endroit ne le contredirent pas ouvertement ; toutefois ils murmuraient, et Jésus savait qu'ils s'opposaient à ce qu'il célébrât ici le sabbat. Il dit cela à ses disciples, ajoutant qu'il voulait aller pour le sabbat, à deux lieues plus loin, vers le nord-ouest, dans la direction du Thabor, dans un endroit dont le nom m'échappe en ce moment, mais où lon teignait de la soie dont on faisait des franges et des houppes. Béthulie est bien la ville devant laquelle Judith coupa la tête à Holopherne, qui en faisait le siège. C'est une histoire véritable dont j'ai vu toute la suite. Jésus y guérit. Tous les disciples restés en arrière s'étaient de nouveau retrouvés ensemble ici. (21 février.) Ce matin, Jésus avait quitté Béthulie à cause des murmures des pharisiens ; il enseigna en plein air, assis sur une chaire en pierre, à environ un quart de lieue en avant de la ville. Il y avait là tout autour des murs en ruines, et cet endroit semble avoir été compris autrefois dans l'enceinte de la ville. Vers trois heures de l'après-midi, Jésus alla à Kisloth, qui est située au pied du Thabor, à environ trois lieues d'ici, et où André et d'autres disciples étaient allés d'avance pour retenir l'hôtellerie qui est devant la ville. Il s'était rassemblé là une grande multitude de personnes de tous les environs. Je vis arriver plusieurs bergers avec leurs bâtons ; il y avait aussi des marchands de Sidon et de Tyr qui étaient là de passage. Les miracles et la doctrine de Jésus-Christ étaient déjà connus dans tout le pays. On accourait en foule dans les lieux où il enseignait, et lorsqu'on avait su qu'il devait célébrer le sabbat ici, tout ce qui était en chemin s'y était rendu. Là où il paraissait, il se faisait toujours un grand mouvement : on l'appelait à haute voix, on se prosternait devant lui, on se pressait en foule pour le toucher, et c'est pourquoi, la plupart du temps il paraissait et disparaissait inopinément pour éviter la presse. Souvent il se séparait de ses disciples sur la roule, les envoyait par d'autres chemins et allait seul. Dans les villes et les bourgs, il fallait souvent lui faire faire place dans la foule. Toutefois, il permettait à quelques-uns de l'approcher et de le toucher, et plus d'un était par là intérieurement ému, converti ou guéri. Vers le soir, Jésus se rendit dans l'hôtellerie que les disciples avaient retenue pour lui devant Kisloth Thabor, quil avait été déjà deux fois. Kisloth peut être à sept lieues de Nazareth par le chemin ordinaire, et à cinq lieues en droite ligne. Comme les chemins, dans ce pays, suivent les contours des vallées, et que les habitants mesurent la distance tantôt par le chemin fréquenté, tantôt par la vue à vol d'oiseau quon a du haut des montagnes, il est rare que leurs estimations s'accordent ensemble. Il y a une quantité incroyable de lieux habités dans la Galilée ; cependant en ne peut ordinairement en voir que quelques-uns des points élevés. Kisloth-Thabor est principalement une ville de commerce : il y a plusieurs riches marchands et beaucoup de pauvres gens. Il s'y trouve beaucoup d'ateliers où l'on teint de la Soie brute dont on fait des franges et des houppes pour les vêtements des prêtres. Ces ateliers de teinture étaient autrefois, pour la plupart, à Tyr, sur le bord de la mer ; mais à présent un grand nombre se sont transportés ici. Les riches marchands emploient les pauvres gens dans les fabriques. Devant l'hôtellerie, les disciples avaient formé une enceinte avec de grosses cordes attachées à des pieux pour empêcher l'invasion de la foule. Ce fut là que Jésus enseigna ; et comme il y avait dans son auditoire de riches marchands de la ville, il parla des richesses et des dangers de la cupidité : il leur dit que leur état était encore plus dangereux que celui des publicains, qui se convertissaient plutôt qu'eux ; et a ce propos, montrant du doigt les cordes qui le séparaient de la foule : une corde semblable, leur dit-il, entrera plus facilement dans le trou dune aiguille qu'un riche dans le royaume des cieux. "Ces cordes, de poil de chameau, étaient presque grosses comme le bras, et on les avait tendues sur les pieux en les entrelaçant quatre fois les unes dans les autres. Ces riches auditeurs alléguèrent pour leur justification qu'ils laissaient des aumônes sur leur gain : mais Jésus leur répondit que l'aumône prise sur les sueurs d'autres pauvres ne leur apportait pas de bénédiction. Cette instruction ne fut pas agréable à ces gens. (22 février.) Kisloth était une ville de lévites, cédée par la tribu de Zabulon aux lévites de la race de Mérari. L'école la plus renommée de tout le pays se trouvait ici ; elle était très grande, et tout s'y faisait d'une façon très solennelle. Lorsque Jésus enseignait dans les synagogues les jours de sabbat, les prêtres du lieu l'assistaient, lui présentaient les rouleaux d'écriture ou lisaient eux-mêmes les textes qu'il leur indiquait. Il interrogeait et enseignait sur ces textes. On chantait aussi, mais non pas à la manière des pharisiens. J'entendais sa voix, dont le son se distinguait agréablement au milieu des autres ; je ne me souviens pas de l'avoir entendu chanter seul. Jésus enseigna le matin dans l'école. André instruisit les enfants devant l'école dans des salles qui y étaient attenantes, et il raconta à une foule d'étrangers qui se pressaient autour de lui ce qu'il avait vu et entendu, de Jésus. Jésus enseigna sur l'orgueil et la présomption. Il ne fit pas de guérisons ici aujourd'hui, parce que, disait-il, ils s'enorgueillissaient de ce qu'il prêchait dans leur ville, se croyant meilleurs que les autres, et s'imaginant qu'il était venu chez eux pour ce motif, au lieu de reconnaître qu'il venait à eux à cause de leurs misères, pour qu'ils s'humiliassent et se corrigeassent. Après l'instruction, il se tint devant la synagogue dans une cour antérieure entourée de petites cellules qui dépendaient de la synagogue, et qui ressemblent à des corps-de-garde. Il guérit ici plusieurs enfants affligés de convulsions et d'autres maladies, que leurs mères lui apportaient. Il les guérit à cause de leur innocence. Il guérit aussi plusieurs femmes qui s'humilièrent devant lui et lui dirent : Seigneur, prenez connaissance de mes fautes et de mes péchés. Elles se prosternaient devant lui et s'accusaient. Il y en avait parmi elles qui étaient affligées de pertes de sang, et d'autres qui étaient tourmentées de mauvais désirs, et demandaient à être délivrées de leurs tentations. Le soir il célébra le sabbat dans l'école et mangea à l'hôtellerie. Ses futurs apôtres et ses plus intimes amis étaient avec lui à la même table ; les disciples étaient placés ailleurs ou servaient. (23 février.) Jésus aujourdhui a célébré le sabbat dans la synagogue et guéri beaucoup de malades devant cet édifice : il alla aussi dans les maisons pour en guérir plusieurs qu'on ne pouvait pas transporter. Les disciples l'aidaient dans tout cela : ils apportaient les malades, les conduisaient, leur faisaient faire place, donnaient des ordres et envoyaient des messages Tous les frais des voyages et les aumônes sont jusqu'à présent fournis par Lazare ; Obed, le fils de Siméon, tenait les comptes : Les petites maisons qui sont dans le vestibule de la synagogue, et dont je parlais hier, sont de petites cellules, où les femmes s'entretenaient seules avec Jésus, séparées de lui par un grillage. Du reste, c'était l'usage que des pécheresses, des pénitentes ou des femmes impures, vinssent dans ces cellules chercher des consolations auprès des prêtres.-Plus haut, sur la montagne du Thabor, il n'y a pas de villes, mais des retranchements des murs et comme une forteresse où plus d'une fois des gens de guerre se sont tenus. Le soir d'après le sabbat, Jésus est allé avec ses futurs apôtres prendre son repas chez un pharisien que son enseignement avait beaucoup touché et qui était devenu bon. (21 février.) Le dimanche, Jésus a assisté avec ses disciples à un grand repas, donné en son honneur par les principaux de la ville, dans la maison publique où se donnent les fêtes. Il y a enseigné, et le même soir il q quitté la ville pour aller à Jezraël, qui n'est guère qu'à trois lieues de là. (25 février). Ici, à Jezraël, ses parents et les disciples de Bethsaide, même André et Nathanaël, se sont séparés de lui pour retourner chez eux. Il leur dit en quel endroit ils devaient se retrouver. une quinzaine de disciples plus jeunes sont restés près de lui. Il enseigna et guérit ici. Il y a ici diverses écoles ecclésiastiques et laïques. C'est un endroit considérable. Il a enseigné entre autres choses sur la vigne de Naboth. (26 février.) Jésus n'est plus à Jezraël, mais peut-être qu'il doit y revenir, car je ne le vois qu'à une lieue et demie de là, à l'est, dans une plaine ou une vallée longue de deux lieues et large aussi de deux lieues. Il y a beaucoup de jardins fruitiers avec des rebords (des terrassements). C'est une vallée extrêmement agréable et fertile : je ne connaissais pas encore cet endroit. Ce sont pour la plupart les habitants de Kisloth-Thabor et de Jezrael, qui sont propriétaires de ces vergers. Il y a beaucoup de tentes, elles sont placées par intervalles deux par deux et sont habitées par des gens de Sichar, qui gardent les fruits et les récoltent. Je crois qu'ils sont obligés de faire cela comme une espèce de corvée Ils se relèvent : il y en a environ quatre par tente. Les femmes habitent ensemble, à part des hommes, et font la cuisine pour eux. Jésus enseigna sous une tente. Il y a aussi de bien belles fontaines et des sources d'eau vive qui se perdent dans le Jourdain. La source principale venait de J Jezraël et était recueillie ici dans une belle fontaine au-dessus de laquelle était bâtie une espèce de chapelle. La source se distribue à partir de ce réservoir dans diverses autres fontaines placées dans la vallée où d'autres eaux s'unissent avec elle et toutes finissent par se jeter dans le Jourdain. Il y avait ici une trentaine de gardiens que Jésus enseigna : les femmes se tenaient à quelque distance. Il parla de l'esclavage du péché dont ils avaient à se délivrer. Ils étaient tout joyeux et tout émus de ce qu'il était Venu à eux, Il était si bienveillant et si affable pour ces pauvres gens que moi-même je ne pas mempêcher de pleurer. Ils lui offrirent des fruits dont lui et ses disciples mangèrent. Ici dans quelques endroits il y a déjà des fruits mûrs, dans d'autres les arbres sont en fleur. On voit là des fruits de couleur brune, semblables à des figues, mais qui forment des grappes et aussi des plantes jaunes dont on fait une espèce de bouillie. (Elle les décrivit comme du maïs, les fruits bruns comme des dattes ; elle parla aussi de dourra et de plusieurs herbes qu'on mange comme en salade ; elle représenta cette contrée au midi de Jezraël comme un jardin plantureux). Jésus a passé dans la soirée par un quartier de Jezraël et il est allé jusqu'à Sunem, ville ouverte bâtie sur une colline. (27 février.) Elle dit une autre fois que Jésus était allé avec ses disciples à Sunem dans la soirée du 26. Sunem est à trois lieues au nord-est de Jezraël, sur une hauteur, et n'est pas entourée de murs. Quelques disciples l'y avaient précédé pour lui retenir un loge ment dans une hôtellerie à lentrée de la ville. La vallée de jardins d'où il venait est au midi de Jezrael. Il passa par un quartier de Jezraël, sans être remarqué, puis il se dirigea au nord-est vers Sunem. Près de cette ville, dans un rayon de deux lieues, se trouvent deux autres villes près d'une desquelles Jésus avait passé en se rendant de Kisloth-Thabor à Jezraël. Elle croit que l'une de ces deux villes pourrait être Béthulie. Elle dit que Jésus aurait pu prendre une autre route plus à droite et donne divers détails topographiques, comme quelqu'un qui ayant le chemin sous les yeux, en donne une description sommaire, et que l'auditeur ne peut pas bien comprendre parce qu'il ne connaît pas les lieux et ne les voit pas. Les gens de Sunem gagnaient autrefois leur vie à tisser. Ils tissaient avec de la soie tordue des bandes étroites pour servir de bordures, les unes unies, les autres avec des fleurs. Ce lieu n'est pas situé dans la vallée d'Esdrelon, mais plus dans la montagne. Il y avait ici une foule excessivement nombreuse autour de Jésus : elle allait toujours croissant ; on le serrait de tous côtés, les gens se prosternaient, criaient, pleuraient, lacclamaient comme le nouveau prophète, comme l'envoyé de Dieu. Plusieurs avaient de bons sentiments ; d'autres étaient poussés par la curiosité et aimaient à faire du bruit. La presse est si grande que c'est presque comme une émeute, et comme le mouvement va toujours croissant dans cette partie de la Galilée, il se retirera bientôt. C'est de cet endroit qu'était la belle Abigaïl que David prit avec lui dans sa vieillesse. Elisée avait aussi un logement ici : il y venait souvent et il y ressuscita l'enfant de son hôtesse. Il y a dans cette ville une hôtellerie où certains voyageurs sont hébergés gratuitement : c'est une fondation en mémoire dÉlisée : je ne sais plus si c'est dans la maison même du prophète ou à la place qu'elle occupait. Jésus enseigna dans l'école et il alla dans plusieurs maisons pour consoler et guérir des malades. Les maisons étaient un peu disséminées autour d'une hauteur : cette hauteur s'élevait au milieu, dominant la ville, on y montait par un chemin sur lequel les habitations étaient plus petites et de moindre apparence. Au haut il n'y avait que des cabanes. Sur le sommet était une place découverte avec une chaire, toutefois on était garanti contre le soleil par une toile tendue sur des pieux. (28 février.) Le matin vers dix heures, elle raconta une partie de ce qui précède et ajouta : J'ai vu ce matin Jésus prendre avec les disciples le chemin qui conduit à l'endroit où est la chaire. Il y a dans la ville un concours tumultueux extrêmement incommode. On a amené une grande quantité de malades et on les a placés sur leurs civières le long du chemin qui mène au haut de la montagne. Jésus y est monté à travers la presse et les cris, et il a opéré beaucoup de guérisons. Le peuple est monté sur les toits pour le voir et l'entendre. De la sommité où est la chaire on a une belle vue sur le Thabor. Jésus, ici aussi, a prêché très énergiquement contre l'orgueil et la jactance des habitants, lesquels au lieu de se convertir, de faire pénitence et de garder les commandements de Dieu, poussent de vaines clameurs et ne parlent que de prophètes et d'envoyés de Dieu venus à eux pour les visiter, s'en faisant gloire et l'attribuant à leurs mérites ; quant à lui, il est venu pour leur faire confesser leurs péchés, etc. Voici ce qu'elle raconta le matin suivant : Vers trois heures de l'après-midi, Jésus alla au nord-est à environ trois lieues d'ici dans une ville plus grande et plus peuplée que Sunem : elle ne paraissait pas si ancienne, les maisons étaient plus complètes et plus liées ensemble. La ville avait de larges murailles sur lesquelles croissaient des arbres : j'ai une idée confuse qu'elle s'appelle Ulama, elle est à cinq lieues environ à l'est du Thabor, et Arbela est située à environ deux lieues plus au nord. Il y a ici dans la montagne des chemins raboteux avec des cailloux blancs pointus et à cause de cela on fabrique dans cet endroit beaucoup de semelles pour attacher sous les pieds. (1er mars.) Cette ville s'appelle en effet Ulama : elle est sur une montagne entourée d'autres montagnes et dans une contrée impraticable. Toutefois les montagnes sont entièrement couvertes de vignes jusqu'au sommet. J'ai aussi remarqué ici des végétaux de la hauteur d'un arbre, très entortillés, avec des branches grosses comme le bras. Ils ont de gros fruits en forme de poires, qui ressemblent à des courges, et dont on fait des gourdes. (Probablement une grosse espèce de calebasse qu'elle ne connaît pas, car elle dit à ce propos que ce n'est pas du vrai bois.) Cette ville ne parait pas aussi ancienne que d'autres : on dirait même qu'elle n'est pas tout à fait achevée. Les habitants n'avaient pas l'ancienne simplicité israélite, ils prétendaient être plus habiles et plus fins : il semblait que des Romains ou quelque autre peuple avaient demeuré autrefois ici. Il y eut encore une grande affluence dans cet endroit, parce que Jésus voulait y célébrer le sabbat. Plusieurs disciples s'étaient réunis à lui, entre autres Jonathan, le demi frère de Pierre et les fils des trois veuves ; il y en avait une vingtaine. Pierre vint aussi ainsi qu'André, Jean, Jacques le Mineur, Nathanaël Khased et Nathanaël le fiancé. Jésus les avait mandés pour qu'ils fussent présents à ses instructions et l'assistassent dans ses guérisons à cause de la grande turbulence de la foule. Le peuple avait pris ses mesures pour savoir par quel chemin il viendrait et il se porta à sa rencontre. Ils portaient des branches d'arbres, jonchaient la terre de feuillage et avaient de longues bandes d'étoffes qu'ils plaçaient en travers sur la route afin qu'il marchât dessus, et tous criaient au prophète. Il y avait des gens chargés de maintenir le bon ordre. Il se trouvait dans cette ville beaucoup de possédés qui criaient de toutes leurs forces derrière lui et proclamaient à haute voix qui il était. Il leur commanda de se taire Dans l'hôtellerie même, il ne put trouver de tranquillité : les possédés y couraient, faisaient grand bruit et criaient. Mais il leur imposa silence et les fit emmener. Il y avait ici trois écoles, une de docteurs de la loi, une pour la jeunesse, et enfin la synagogue. Jésus alla le vendredi dans différentes maisons où il guérit et donna des consolations ; il enseigna dans l'école : il parla spécialement de la simplicité et du respect pour les parents, car c'étaient deux choses qu'on ne trouvait pas ici, et il les gourmanda de nouveau à cause de leur orgueil, parce qu'ils se faisaient gloire de ce que le prophète s'était levé au milieu d'eux, ce qui ne les empêchait pas de perdre en vanteries frivoles le temps de la pénitence et de l'exhortation. (2 mars.) Le samedi il célébra le sabbat à Ulama. Après la clôture du sabbat, les principaux de la ville lui donnèrent un repas. Demain, qui est le 5è du mois d'adar, Jésus guérira beaucoup de gens en public. Les apôtres et les disciples qui étaient allés chez eux, avaient fait seulement une visite à leurs familles ; ils étaient tous dans le voisinage, et pendant ce temps avaient été en rapport avec Marie, à laquelle les femmes de leur côté s'attachaient de plus en plus étroitement. Jean Baptiste se trouvait toujours au même endroit : le nombre de ses adhérents ne cessait de diminuer ; Hérode venait et envoyait souvent vers lui. (3 mars) Ulama peut être à cinq lieues à l'est de Séphoris. Aujourd'hui dimanche matin, vers neuf heures, Jésus est allé avec ses disciples à un quart de lieue de la ville, à un endroit où se trouve j au penchant d'une montagne, une sorte de lieu de plaisance où l'on prend des bains. Cet endroit est à peu près grand comme le cimetière de Dulmen : il est entouré de salles et de bâtiments ; il y a là une belle fontaine et une chaire. Il y avait donné rendez-vous aux nombreux malades qui se trouvaient dans la ville, car à cause de la presse, il n'y avait pas guéri. Les disciples de Jésus s'employaient à maintenir l'ordre, et les malades étaient couchés sur des civières dans des salles et sous des tentes. Il était venu à leur suite tant de gens de la ville, qu'il n'y avait pas place pour tout le monde : les préposés et les prêtres maintenaient l'ordre. Jésus guérit beaucoup de ces malades en allant de l'un à l'autre. Quand je dis beaucoup, je veux dire ordinairement une trentaine : quand je dis quelques-uns ou plusieurs, je veux dire environ une dizaine. Il prêcha ensuite sur la mort de Moïse, en mémoire de laquelle on allait avoir un jour de jeûne ; il parla de la Terre promise et de sa fertilité, disant que cela ne devait pas s'entendre seulement de la nourriture des corps, mais de celle des âmes, qu'elle est aussi féconde en prophètes et en oracles de Dieu, et que son fruit est le salut promis par le Seigneur, et la pénitence chez ceux qui veulent la recevoir. Je le vis après cette instruction aller encore dans un autre édifice voisin, où on lui amena les possédés. Ils firent grand bruit et poussèrent des cris lorsqu'il arriva : c'étaient pour la plupart des jeunes gens ou même des enfants. Il les fit mettre en rang, leur recommanda d'être tranquilles, et tous furent délivrés par ce commandement. Quelques-uns tombèrent alors comme en défaillance. Leurs familles étaient présentes : il exhorta et donna aussi des avis à cette occasion. Elle dit en outre que le jour de jeûne en mémoire de la mort de Moïse, était le mardi, 7 adar. Je vis dès le dimanche soir mettre dans le fournil sous la cendre, comme d'ordinaire, les aliments préparés pour le mardi. Ces jours-là (les jours de jeûne), on mangeait une espèce particulière de pain. Lundi, 6 adar. Ce matin je vis encore faire des préparatifs pour le jeûne du lendemain ; Jésus avait encore aujourd'hui enseigné dans la synagogue ; vers midi, après avoir fait partir ses disciples d'avance, il sortit de la ville sans qu'on le vît. Il savait prendre ses mesures pour cela. Ils allèrent à Capharnaum sans entrer dans les villes qui étaient sur les routes. Il veut quitter la Galilée à cause du grand bruit qu'il y excite. Je le vis sur le chemin instruire parfois ses disciples, pendant qu'ils se reposaient ou se tenaient autour de lui. (5 mars.) Jésus arriva le matin chez sa mère avec ses disciples ; ils avaient marché pendant la nuit. La femme et la soeur de Pierre étaient là, ainsi que la fiancée de Cana et d'autres femmes. La maison qu'habite Marie n'a rien de particulier : elle est fort spacieuse. Elle n'y est pas seule, les veuves demeurent tout près, et les femmes de Bethsaide et de Capharnaum, entre lesquelles ces maisons sont situées, sont fréquemment chez elle : il y vient aussi souvent des disciples. Je vis qu'elles célébraient là le jour de jeûne ; on portait le deuil, et les femmes étaient voilées. Jésus enseigna dans l'école de Capharnaum, où se rendirent aussi les disciples et les saintes femmes. Capharnaum est située en droite ligne de l'autre côté de la montagne, à environ une lieue du bord de la mer de Galilée, et dans la direction de la vallée qui passe par Bethsaide, a deux lieues plus au midi. à une bonne demi lieue de Capharnaum, sur le chemin de Bethsaide, sont des maisons dans l'une desquelles habite la sainte Vierge. De Capharnaum part une belle source qui coule vers le lac ; elle se partage en plusieurs bras près de Bethsaide et fertilise le pays. Marie ne tient pas de maison, elle n'a pas de troupeaux, ni de terres. Elle vit en veuve, de ce que lui donnent ses amis ; ses occupations consistent à filer, à coudre, à travailler avec de petites baguettes, à prier, à consoler et à instruire d'autres femmes. Jésus était seul ce jour-là, lorsqu'il arriva chez elle. Elle pleurait en pensant aux dangers qui le menaçaient, à cause du grand éclat que sa prédication et ses miracles faisaient dans le pays : car tous les murmures, tous les mauvais propos de ceux qui n'osaient pas parler à Jésus en face, arrivaient à elle. Il lui dit que son temps était venu, qu'il voulait quitter ce pays et se rendre en Judée, où, après la fête de Pâques, on se scandaliserait encore davantage à son sujet. Ce soir commençait à Capharnaum une fête d'actions de grâces pour la pluie : la synagogue était parée et on y faisait sur le toit une singulière musique. (6 mars.) Hier soir et ce matin je vis à Capharnaum qu'on parait la synagogue et d'autres édifices publics pour une fête avec toute espèce de pyramides de feuillage, et que sur le toit de la synagogue et d'autres grandes maisons où il y avait des galeries, on jouait d'un singulier instrument à vent. C'étaient les serviteurs de la synagogue qui en jouaient des gens qui sont comme les sacristains chez nous D'abord je ne voulais pas en parler parce que je craignais que cela ne me fatiguât beaucoup. Cet instrument a l'aspect d'une outre de quatre pieds de longueur à laquelle sont fixes des tuyaux de couleur brune et des embouchures de trompettes qui lorsque l'outre n'est pas gonflée, sont couchées tout contre : mais lorsqu'elle est remplie d'air par un homme qui souffle dans une embouchure, deux autres hommes placés près de lui la tiennent élevée ; ceux-ci travaillent aussi à y faire entrer de l'air avec des soufflets, et en ouvrant et fermant différents trous, ils tirent des tuyaux qui se dressent dans plusieurs directions un son éclatant, qui donne plusieurs notes à la fois. (Cet instrument fait donc l'effet d'une énorme cornemuse qui exige le concours de plusieurs personnes.) Ceux qui se tiennent à côté ont aussi plusieurs fois soufflé dedans.- Il y a eu aujourd'hui une fête où l'on a rendu des actions de grâces pour la pluie déjà accordée et où l'on en a demandé encore. Jésus a fait dans la synagogue une très touchante instruction sur la pluie et la sécheresse. Il y a parlé d'Elie, raconté comment il avait fait sur le Carmel des prières pour la pluie et interrogé six fois son serviteur, et comment la septième fois il avait vu s'élever une petite nuée sur la mer (une autre fois elle dit au lieu de la mer, sur le lac de Génésareth), comment cette nuée avait été toujours grandissant et avait enfin rafraîchi toute la contrée, et comment Elie ensuite avait parcouru le pays. Il expliqua que l'interrogation d'Elie répétée sept fois désignait des époques jusqu'à l'accomplissement de la promesse : il représenta la nuée comme une figure symbolique des temps présents, et la pluie comme l'arrivée du Messie dont l'enseignement devait se propager et tout rafraîchir. Qui avait soif devait boire, et qui avait préparé son champ devait recevoir la pluie. Il dit tout cela d'une façon si touchante et si admirable, que tous les auditeurs versèrent des larmes. Marie aussi pleura ainsi que les saintes femmes. Moi aussi je ne pus m'empêcher de pleurer. Les habitants de Capharnaum sont à présent très bien disposés. Il y a trois prêtres attachés à la synagogue, et Jésus avec ses disciples les plus intimes prend souvent ses repas dans une maison voisine de la synagogue où habitent ces prêtres, et où l'on donne l'hospitalité gratuitement aux docteurs qui enseignent dans la synagogue. Hier au soir et ce matin on y a joué encore de ce singulier instrument. Encore aujourd'hui on a célébré la fête, mais seulement les enfants et les jeunes gens qui se sont livrés à des divertissements. Hier soir, Jésus avait congédié les disciples qui étaient de sa famille et ceux de Bethsaïde, parce qu'il voulait ce matin quitter ce pays et se diriger vers la Judée. Il n'alla avec lui qu'une douzaine de disciples qui étaient de Nazareth et de Jérusalem ou qui avaient été disciples de Jean. (7-9 mars.) Je le vis aujourd'hui s'éloigner de Capharnaum dans la direction du sud-est, comme s'il eût voulu aller entre Cana et Séphoris. Marie et huit autres des saintes femmes lui firent la conduite. Il y avait là Marie de Cléophas, les trois veuves, la fiancée de Cana et la soeur de Pierre : je ne me souviens pas des autres.-Les saintes femmes allèrent jusqu'à une petite ville où ils prirent un repas ensemble, après quoi elles prirent congé. Ici dans le voisinage était le puits dans lequel Joseph fut renfermé par ses frères : l'endroit s'appelle Dothaïm. Il y a un autre Dothaïm beaucoup plus grand, dans la plaine d'Esdrelon, à environ cinq lieues au nord de Samarie. Dothaïm est un petit endroit où les habitants vivaient pour la plupart du gain que leur procuraient les commerçants qui passaient par là. Il est situé à lextrémité d'une vallée peu considérable qui peut nourrir environ quatre-vingts têtes de bétail à l'autre extrémité est le grand édifice où Jésus une fois fit tenir tranquilles tant de possédés : cette fois il n'y alla pas L'endroit est à une lieue et demie au nord-est de Séphoris, et à quatre ou cinq lieues du mont Thabor. Les disciples étaient allés en avant pour préparer les logements. Environ huit personnes, parmi lesquelles étaient des prêtres, vinrent à la rencontre de Jésus et des saintes femmes et les conduisirent dans une salle ouverte où personne ne logeait et où tout était déjà préparé pour le repas. Pour lui faire honneur, ils étendirent devant l'entrée un tapis sur lequel il devait marcher. Ils lui lavèrent aussi les pieds. Les femmes mangèrent séparément derrière le foyer, Jésus et les disciples se mirent à table : on ne mangea que des aliments froids, du miel et des petits pains, des herbes vertes que l'on trempait et des fruits : on but de l'eau mélangée avec du baume. On lui en donna des flacons à emporter ainsi qu'aux femmes. Les prêtres de la ville le servirent de tout avec beaucoup de charité et d'humilité, et Jésus parla de Joseph, qui avait été vendu ici par ses frères. C'était un spectacle singulièrement touchant. Je ne pus m'empêcher de pleurer : c'est quelque chose de si étonnant pour moi, je vois tout cela si près de moi ; je voudrais toujours entrer, et je ne puis pas ; je voudrais faire ceci et cela, et je ne le puis. Les saintes femmes, aussitôt après le repas, se mirent en route pour revenir. Jésus prit sa more à part pour prendre congé d'elle, puis il salua les autres. Je le vois embrasser sa mère quand ils sont seuls, lorsqu'il la quitte ou la revoit : autrement il lui donne la main ou s'incline amicalement. Marie pleurait. Elle a encore l'air très jeune, mais elle est maigre et grande : elle a le front très élevé, le nez un peu allongé, de très grands yeux modestement baissés, une belle bouche vermeille, un beau teint brun avec des joues colorées. Jésus resta encore quelque temps à enseigner dans l'hôtellerie. Les hommes qui n'avaient voulu rien recevoir pour le repas, laccompagnèrent jusqu'au puits de Joseph, qui est dans la vallée, à une demi lieue environ de la ville. Ce puits n'est plus maintenant comme il était autrefois, lorsqu'on y descendit Joseph : je crois me souvenir qu'alors ce n'était qu'une excavation vide, avec de l'herbe sur les bords. Maintenant c'était un réservoir carré, spacieux comme un petit étang, et on avait élevé au-dessus un toit supporté par des colonnes. Il était plein d'eau, et on y conservait beaucoup de poissons. Je vis des poissons qui n'avaient pas la tête pointue comme les nôtres, mais relevée d'une façon très singulière : ils n'étaient pas aussi grands que ceux de la même espèce qu'on trouvait dans la mer de Galilée. On ne voyait pas par où l'eau arrivait. Il y avait une enceinte autour du bâtiment, et des gens chargés de la surveillance habitaient auprès Jésus alla près du puits avec ses disciples : il avait raconté en marchant toutes sortes de choses sur Joseph et ses frères, et il enseigna encore à ce sujet au bord du puits. Je vis qu'il bénit le puits avant de le quitter. Alors les gens de Dothaïm s'en retournèrent, et Jésus alla avec ses disciples une lieue plus loin, à Séphoris, où il entra chez les fils d'une soeur de sainte Anne. (La narratrice peut à peine parler à cause d'un violent accès de toux.) Séphoris est située sur une montagne entourée d'autres montagnes. La ville n'est pas très grande, toutefois plus grande que Capharnaum. Il y a à l'entour beaucoup de métairies isolées qui en dépendent. Jésus ne fut pas accueilli avec beaucoup d'égards par les docteurs de la synagogue : il y avait aussi dans la ville beaucoup de méchantes gens, et j'entendis ça et là de mauvais propos sur ce qu'il menait une vie vagabonde et ne restait pas près de sa mère. Il n'opéra pas de guérisons ici et resta fort sur la réserve : cependant, le soir du sabbat, il enseigna dans la synagogue. Aujourd'hui, il ne logea pas chez ses cousins, mais dans le voisinage de la synagogue. (Samedi) Aujourd'hui, jour du sabbat, Jésus enseigna dans la synagogue. Il avait, en outre, visité séparément plusieurs personnes et plusieurs ménages, spécialement des Esséniens : il avait exhorté et consolé ceux-ci, parce qu'il y a ici beaucoup de méchantes gens qui les raillent et les calomnient à cause de leur affection pour lui il a aussi dit, dans les métairies circonvoisines, à plusieurs d'entre eux ainsi qu'à ses cousins, de ne pas le suivre quant à présent, mais de rester ses amis dans le secret et de faire le bien, jusqu'à ce que sa carrière soit achevée Ses parents faisaient ici beaucoup de bien, et assistaient notamment la sainte Vierge à laquelle ils envoyaient beaucoup de choses. Je l'ai vu s'entretenir avec plusieurs familles d'une façon si affable et si cordiale, que je ne puis l'exprimer comme il faudrait. Ses manières affectueuses me touchaient jusqu'aux larmes. Il y eut cette nuit dans la Terre promise un terrible orage comme il y en a un ici à présent, et je vis Jésus prier avec plusieurs autres personnes. Il pria les bras étendus pour détourner le danger Jeus de là une vue sur la mer de Galilée, et j'y vis une grande tempête : les barques de Pierre, d'André et de Zébédée étaient en grand péril. Je vis les apôtres dormir tranquillement à Bethsaide : il n'y avait que des serviteurs sur les barques. Mais pendant que Jésus était en prière, je le vis aussi apparaître là sur les barques, tantôt sur l'une, tantôt sur l'autre, tantôt sur le lac. Il semblait qu'il travaillât, qu'il retînt, qu'il détournât. Il n'était pas là en personne, car je ne l'y vis pas aller : il était un peu plus haut que les mariniers en détresse, il planait sur eux. Ces gens ne le voyaient pas, c'était son esprit qui agissait dans la prière ; il portait secours sans que personne le sût. Peut-être que les marins avaient eu foi en lui et l'avaient invoqué. Au commencement, je n'ai pas bien compris cette vision. -Excitée par cette contemplation des secours donnés par la prière de Jésus, elle aussi, pendant ces nuits où il y eut de furieuses tempêtes, pria longtemps les bras étendus, et se sentit tout épuisée par l'effort qu'elle avait fait. Elle raconta qu'elle avait vu sur la mer plusieurs navires dans la dernière détresse ; qu'elle avait alors supplié tous les anges et tous les saints de suivre l'exemple de Jésus et de leur venir en aide, et qu'elle avait cru aussi porter secours à ces navires en compagnie de plusieurs esprits bienheureux. (10-17 mars.) (La narratrice continue à être très malade.) Jésus, aujourd'hui jusqu'à midi, a été à Séphoris et dans les habitations d'alentour : après midi, faisant un détour pour visiter plusieurs métairies isolées où il a partout donné des consolations et des enseignements, il est allé à Nazareth, qui n'est qu'à deux lieues de Séphoris. Il avait parmi les disciples qui étaient en ce moment près de lui, deux ou peut-être trois jeunes gens, fils de veuves d'Esséniens. Il est entré dans la ville chez des gens connus qui donnaient l'hospitalité, et il a visité sans bruit plusieurs braves gens. Il vint à lui des pharisiens, extérieurement doux et modestes, quoique malveillants au fond. Ils lui demandèrent ce qu'il se proposait, et pourquoi il ne restait pas avec sa mère. Il leur répondit d'un ton grave et sévère. Tout le monde s'occupe ici à prendre ses dispositions pour un jour de jeûne en mémoire d'Esther, qui commence ce soir, et à faire des préparatifs pour la fête des Purim qui suit immédiatement. Jésus avait enseigné le soir dans la synagogue. Dans la nuit, je l'ai vu de nouveau prier les bras étendus, et apparaître encore sur la mer de Galilée pendant un orage : cette fois la détresse était beaucoup plus grande, et plusieurs autres navires étaient en danger. Je vis Jésus mettre la main au gouvernait sans que le pilote le vît. (11 mars.) Aujourd'hui, à Nazareth, tout le monde jeûnait et faisait pénitence. Les trois riches jeunes gens de cette ville, qui précédemment déjà avaient inutilement fait des instances à Jésus, vinrent le trouver encore dans la matinée pour lui demander de les prendre pour disciples : ils se sont presque mis à genoux devant lui : mais il les a refusés, et leur a indiqué certaines choses à faire, après lesquelles ils pourraient venir à lui. Il savait bien quils avaient des vues purement humaines, parce que leur intelligence ne s'élevait pas plus haut. Ils voulaient le suivre comme un philosophe et un savant rabbin. afin de faire honneur ensuite à la ville de Nazareth par la grande science qu'ils auraient acquise : peut-être aussi trouvaient-ils mauvais qu'il prît avec lui des enfants de pauvres gens de Nazareth et non pas eux. Je vis Jésus enseigner encore aujourd'hui dans la synagogue. Le soir, avec le commencement du 14 adar, s'ouvrit la grande fête de réjouissance des Purim. Jésus fut dans la soirée chez le vieil Essénien Eliud de Nazareth, et il y resta jusqu'à une heure avancée de la nuit. Ce saint homme paraît devoir bientôt mourir de vieillesse. Il est extrêmement faible et reste presque toujours couché. Je vis pendant la nuit Jésus étendu par terre à côté de son lit, s'entretenir avec lui, appuyé sur son coude. Cet homme est tout en Dieu. (12 mars.) Hier soir, lorsque la fête des Purim commença avec le 11 adar, on joua sur le toit de la synagogue d'un singulier instrument de musique que je ne puis pas décrire, parce que je suis trop faible. C'était comme un énorme tambour auquel des cordes étaient adaptées. Des enfants venaient frapper dessus, et en tiraient divers objets ; on pouvait faire avec cela toute espèce de musique. Les enfants jouaient aussi de la harpe et de la flûte. Aujourd'hui, les femmes et les jeunes filles jouissaient, en mémoire d'Esther, de certains privilèges et de certains droits dans la synagogue. Elles n'avaient pas de places séparées, et pouvaient s'approcher du lieu où se tenaient les prêtres. Des processions d'enfants richement habillés, les uns en blanc, les autres en rouge, vinrent aussi dans la synagogue. Il vint en outre une jeune fille avant au cou un ornement qui avait quelque chose d'effrayant à voir. Elle avait autour du cou un anneau d'un rouge de sang, comme si on lui avait coupé la tête : autour de cet anneau étaient attachés des fils rouges terminés par des boutons qui descendaient comme des traces de sang sur son vêtement blanc ; on eût dit que le sang coulait de la blessure de son cou. Elle s'avança pour représenter quelque chose comme sur un théâtre. Elle était revêtue d'un manteau magnifique, et on lui portait la queue : d'autres jeunes filles et des enfants la suivaient. Elle avait sur le devant de la tête une haute coiffure terminée en pointe, et un long voile. Elle tenait quelque chose à la main ; je ne sais pas si c'était une épée ou un sceptre. Cétait une grande et belle jeune fille. Je ne sais plus bien ce que c'était que tout cela : il me semblait qu'elle devait représenter Esther, et pourtant c'était aussi comme une Judith , mais non pas celle qui tua Holopherne : car il y avait près d'elle une servante qui portait une belle corbeille dans laquelle étaient des présents pour le premier d'entre les prêtres. Elle lui donna de petites plaques très artistement travaillées comme les Juifs en portent souvent sur le front ou sur la poitrine. Dans un coin de la synagogue, il y avait derrière un rideau, comme sur un lit de parade, un mannequin représentant un homme : cette jeune fille lui trancha la tête quelle présenta au chef des prêtres. En vertu d'un privilège que lui donnait une ancienne coutume, elle donna aux prêtres des avertissements sur les principales fautes qu'ils avaient commises pendant l'année, et se retira. Il y avait encore d'autres fêtes où les femmes avaient un semblable droit de remontrance vis-à-vis des prêtres. Dans la synagogue, le livre d'Esther, écrit sur un rouleau particulier, fut lu alternativement : Jésus aussi en lut quelque chose. Les Juifs, spécialement les enfants, avaient de petites planchettes avec des marteaux : quand on tirait un fil, le marteau frappait un nom écrit sur la planchette, et alors aussi on disait quelque chose : cela avait lieu chaque fois que le nom d'Aman était prononcé. Il y eut aussi de grands repas : il y en eut un spécialement où Jésus assista avec les prêtres dans la maison publique. Note : Lécrivain lut, plusieurs années après, que plusieurs d'entre les Juifs qui,outre le jeûne en mémoire d'Esther, fêtent, le 13 adar, la victoire de Judas Macchabée sur Nicanor, disent quune soeur de Judas Macchabée appelée Judith, coupa la tête à Nicanor il parait aussi qu'à la fête de la dédicace du temple par Judas, ils célèbrent dans leurs cantiques une Judith dont on ne sait pas si cest celle de Béthulie. Tout était orné aussi agréablement qu'à la fête des tabernacles. Il y avait spécialement beaucoup de guirlandes de fleurs des roses grosses comme la tête, des pyramides entières de fleurs, et une quantité énorme de fruits. un agneau tout entier fut servi sur la table, et je fus particulièrement émerveillée de la grande magnificence de La vaisselle. Il y avait des plats de plusieurs couleurs et transparents comme des pierres précieuses. Ils semblaient faits avec d'innombrables fils de verre de couleur entrelacés ensemble, etc. On se faisait aujourd'hui beaucoup de cadeaux les uns aux autres ; c'étaient surtout des bijoux, des pièces de vêtements de fête, des tuniques, des manipules, des voiles, des ceintures : Jésus reçut une robe de fête avec des houppes, mais il ne voulut pas la garder et la donna à d'autres. Beaucoup faisaient aussi leurs présents aux pauvres, auxquels, en général, on fit d'abondantes largesses. (13 mars.) La fête continua encore aujourd'hui. Je vis ce matin, que Jésus accompagné de ses disciples était allé avec les prêtres à peu de distance de Nazareth dans divers jardins de plaisance très ornés, ils avaient avec eux trois rouleaux d'écriture et aussi le livre d'Esther ; on y fit alternativement des lectures. Plusieurs troupes de jeunes gens et de jeunes filles les avaient suivis : toutefois les jeunes filles n'écoutaient l'instruction que de loin. Je vis aussi ce jour-là circuler des hommes qui recueillaient une contribution relative à la fête de Pâques. Je vis encore quelque chose de cet instrument mentionné hier dont j'ai parlé comme d'un tambour et que je puis décrire un peu différemment. Note : Suivant une communication qui sera donnée plus bas, elle entend par là la capitation imposée par la loi à tous les Israélites et qui devait être appliquée au temple. Il se tenait sur trois pieds, il y avait dessus et dessous des surfaces triangulaires, dont deux étaient au-dessus. Des tuyaux s'élevaient et s'abaissaient à l'intérieur, le ton changeait selon ce qu'on faisait rentrer ou sortir ; des enfants en tiraient une mélodie régulière. Cela tenait de l'orgue à manivelle, de la timbale et de la harpe. (14-17 mars.) Dérangée par la visite d'une amie, la Sur ne put communiquer que ce qui suit : Jésus est allé ce matin à la synagogue : on y célébrait une espèce de fêle d'actions de grâces. Il discuta sur différents objets avec les prêtres. Dans l'après-midi, il a fait avec ses disciples trois ou quatre lieues au midi, dans la direction Aphéké : il ne reviendra que demain soir à Nazareth pour le sabbat. La petite rivière de Kison coule devant Apheké : il y a là un grand passage de marchandises par une route qui vient d'une ville maritime. Thomas n'était plus là alors. Le vendredi soir Jésus était de retour à Nazareth pour le sabbat : il y resta le samedi et le dimanche. Dans la nuit du dimanche au lundi, je le vis pour la dernière fois près de l'Essénien Eliud, qui était mourant. (18-20 mars.) Ce matin Jésus partit de Nazareth avec ses disciples : les prêtres lui tirent la conduite. Aucun d'eux ne pouvait comprendre d'où lui était venu tant de science après une si courte absence. Ils ne trouvaient rien à dire contre sa doctrine. J'ai pensé alors à la manière dont ils devaient le traiter plus tard. Plusieurs sont secrètement jaloux de lui. Jésus suivit le chemin qu'avait suivi la sainte famille lors de la fuite en Egypte. Il passa avec ses disciples par le petit endroit, assez voisin de Legio, où la sainte famille entra alors, et dont j'ai dit autrefois qu'il y habitait une race d'hommes méprisés, des espèces d'esclaves Jésus y acheta du pain, qui se multiplia quand il le distribua. Cela ne produisit pas un grand effet. Il ne s'arrêta pas longtemps là : cela se fit comme en passant. Plus tard, Lazare vint à sa rencontre sur le chemin avec quatre disciples, dont étaient Jean Marc et Obed. Il fit avec ceux-ci environ cinq lieues, et sur le soir ils arrivèrent sans être remarqués à une maison de campagne ou propriété de Lazare, où tout était préparé pour les recevoir. un intendant demeurait là. Je crois que c'était le bien que Lazare avait à peu de distance de l'ancien champ de Jacob. Il est contre les montagnes où l'on passe pour aller à Samarie. Je crois que Jésus y célébrera le sabbat ou un jour de fête. y en a-t-il un maintenant' Je croyais d'abord que cela se passait à Béthanie, parce que je voyais Lazare et une maison considérable entourée de jardins. (Ceci prouve combien peu elle se souvient de l'enchaînement de la narration.) (19 mars.) La nuit dernière je vis Jésus avec ses disciples et Lazare qui était venu au-devant de lui entrer dans la propriété de Lazare, située à un quart de lieue environ d'une ville, peu considérable maintenant, mais qui était autrefois la résidence des rois d'Israel. Cette ville est à quelques lieues de Samarie, mais à peu près sur la même ligne. Le champ de Jacob est de lautre côté. Je crois que cette ville s'appelle Thirza. Il me semble qu'un roi a habité autrefois la maison de Lazare. C'est la maison où, dans la dernière année de la prédication de Jésus, lorsqu'il enseigna à Samarie, Marthe et Madeleine le reçurent et le prièrent de venir visiter leur frère malade. C'est aussi un des premiers logements de Marie lors de son voyage à Bethléhem. Jésus enseigna aujourd'hui à Thirza dans la synagogue. Les gens d'ici sont très bons. La fête que Jésus doit célébrer ici est la fête d'une dédicace du temple, qui a lieu le 25 adar. (20 mars.) L'endroit sappelle Thirza, il est à environ six lieues de Samarie, dans un beau pays exposé au soleil levant, très fertile en grains, en vins et surtout en fruits. Les habitants sont agriculteurs pour la plupart et vont vendre leurs produits ailleurs. La ville était autrefois grande et belle. Des rois y ont habité : mais le château fut brûlé et la ville dévastée pendant la guerre. Un roi nommé Omri a longtemps habité la maison de Lazare, jusqu'à ce qu'on eût bâti Samarie, où il alla alors. Cette ville est aujourdhui petite et peu fréquentée : je crois que de nos jours il en reste encore des vestiges. Les habitants se tiennent fort à part des Samaritains. Il y a sur le bien de Lazare un vieil intendant, qui est un Juif de la vieille roche. Il va pieds nus et porte une ceinture. Marie et Joseph allant à Bethléhem ont fait ici une de leurs premières stations : c'est cet homme, aujourd'hui très âgé, qui les reçut. Jésus enseigna pendant la journée dans la synagogue de Thirza, mais il n'opéra point de guérisons. Ce soir, 23 adar, jour du sabbat, a commencé la fête de la dédicace du temple de Zorobabel : elle est moins solennelle que celle de la dédicace des Macchabées. On allume encore des flambeaux et des feux en grand nombre sur les routes, dans les champs où sont les bergers et dans la synagogue. Jésus fut la plus grande partie de la journée avec tous les disciples dans la synagogue de Thirza. Il a mangé dans la maison de Lazare, mais très peu la majeure partie des aliments était toujours distribuée aux pauvres de Thirza, ou il y en a beaucoup. On fit de semblables distributions pendant tout le séjour de Jésus. La ville a encore dans ses murailles et ses anciennes tours des traces de son ancienne splendeur. Il semble qu'autrefois elle comprenait dans son enceinte la maison de Lazare, aujourd'hui éloignée d'un quart de lieue : on le voit à des restes de murs et à des substructions maintenant recouverts de jardins. Cette propriété de Lazare lui vient de son père. Il y est, comme partout, très considéré et très respecté, en qualité d'homme riche, pieux et éclairé. Sa manière d'être se distingue de celle des autres hommes : il est très sérieux et parle fort peu, mais avec beaucoup de douceur et pourtant avec autorité. (21 et 23 mars.) Le soir, lorsque la fête fut finie, je vis Jésus, les disciples et Lazare quitter Thirza, et continuer leur voyage vers la Judée : la route était celle qu'avaient faite Marie et Joseph, allant à Bethléhem, toutefois ce n'étaient pas absolument les mêmes chemins. Ils traversèrent la contrée montagneuse qui longe Samarie. Je les ai vus pendant la nuit gravir une haute montagne. C'était une nuit douce et claire, et une rosée bienfaisante tombait sur la terre. Jésus a environ dix-huit, compagnons : ils allaient deux à deux sur les sentiers, un groupe en avant, un autre a la suite de Jésus, et quelques-uns entre les deux. Jésus s'arrête souvent, il parle ou il prie, selon que le chemin s'y prête. Ils ont marché une grande partie de la nuit, se sont reposés le matin, et ont pris quelque chose, puis ils ont encore traversé des montagnes où la température est froide : ils ont évité toutes les villes. Je le vis avec environ six disciples à peu de distance de Samarie, lorsqu'un jeune homme de cette ville se prosterna devant lui sur le chemin et lui dit : "Sauveur des hommes qui voulez délivrer et relever la Judée, etc." il croyait, lui aussi, à un royaume temporel que le Christ devait établir et il lui demandait instamment de le prendre avec lui, de lui donner un emploi près de lui. Ce jeune homme était orphelin, mais son père lui avait laissé de grands biens et il avait un emploi à Samarie. Jésus le traita très amicalement : il lui dit que quand il reviendrait, il lui dirait ce qu'il avait à faire : il ajouta que sa bonne volonté et son humilité lui plaisaient, qu'il n'y avait rien à redire a ce qu'il disait, etc. Mais je vis qu'il savait bien que ce jeune homme tenait à ses richesses. Il ne lui dira ce qu'il a à faire que quand il aura choisi tous ses apôtres : car il lui donnera par là un enseignement. Ce jeune homme doit revenir une autre fois, et cela se trouve dans l'Évangile. Le soir qui précédait le sabbat je le vis arriver chez les bergers, entre les deux déserts, à quatre ou cinq lieues de Béthanie, à l'endroit où Marie et les saintes femmes passèrent la nuit lorsqu'elles allèrent trouver Jésus à Béthanie, avant le baptême. Les bergers des environs se rassemblèrent et apportèrent des présents et de quoi manger. La maison fut arrangée en oratoire, une lampe fut allumée et ils restèrent la ; Jésus enseigna et célébra le sabbat. Dans ce voyage à travers une contrée impraticable et déserte, Jésus a passé aussi à l'endroit où Marie eut si froid lors du voyage de Bethléhem et où ensuite il fit si chaud. La Sur ne parla d'aucune autre étape dans ce voyage. Aujourd'hui, 94 adar, on a remis au temple de Jérusalem le produit de l'impôt qui a été perçu, lors de la fête des Purim, à Nazareth et ailleurs. (Samedi.) Je vis pendant toute la journée Jésus e ses disciples célébrer le sabbat avec les bergers. Tout avait été arrangé très convenablement pour cela il y avait autour de Jésus, pendant qu'il enseignait une vingtaine de bergers avec des femmes et de enfants. Tous étaient heureux et émus, et Jésus lui même semblait plus serein parmi ces gens simple et innocents Je crois qu'il n'y a pas loin d'ici Cariathiarim. Après le sabbat ils prirent un léger repas et partirent pour Béthanie qui est à quatre lieues. |