CHAPITRE SIXIEME. Jésus quitte la Galilée et enseigne dans la Pérée. Du 4 au 13 juillet . Jésus va à Edrai -à Bosra -à Nobé -à Selcha -sur la route de David -à Thantia et à Datheman. 4 et 5 juillet.- Jésus a enseigné hier soir près de Dalmanutha ; aujourd'hui, accompagné de Pierre, de Jacques et de Jean, il a fait sept lieues dans la direction de l'est, en remontant une vallée arrosée par un cours d'eau qui se jette dans le Jourdain. Laissant à droite Gadara et Abila, ils sont arrivés à Edrai, une grande ville où habitait autrefois le roi Og, qui y fut battu par Moïse (Num., XXI, 33, 35). Cette ville existait déjà à l'époque d'Abraham : elle est au bord d'une petite rivière. Bétharamphtha-Juliade est située au midi, à peu de distance. Il célébra le sabbat à Edrai ; où habitent beaucoup de paiens. 5 juillet. - Edraï est une belle ville : les païens habitent à part des Juifs. Jésus n'y a pas trouvé de contradicteurs et il a opéré un grand nombre de guérisons. Il fit un discours ou il était question de la vache rousse, de la mort d'Aaron et de Marie sa soeur, et du serpent d'airain qu'il présenta comme étant une figure du Messie ; il parla aussi du voeu de Jephté (Numer., XIX, 22, XX ; Jud., XI, 1, 34) et de la punition1 de Coré, de Dathan et d'Abiron. Il y a dans le pays des gens qui proviennent de la même source que ces derniers. Moise a livré une bataille dans les environs d'Edraï ; Josué donna Edraï à la demi tribu de Manassé. 6 juillet.- Jésus, accompagné de Pierre, de Jacques et de Jean, alla d'Edraï à Bosra, qui est encore plus à l'est : sur la routa, il fit en plein air, devant une foule nombreuse, une instruction où il parla spécialement de la mort de Coré, de Dathan et d'Abiron ; car plusieurs descendants de la famille de Caath habitaient ce pays (Num. XVI, 6).il y avait là des gens de toute la contrée, notamment de Betharamptha-Juliade. Il guérit un grand nombre de malades et de possédés et continua sa route jusqu'à Bosra, qui est à environ six lieues à l'est d'Edraï. A moitié chemin, il enseigna et guérit sur une jolie colline Ou il y a des arbres et des clôtures, elle est située à une petite lieue d'une bourgade dont les maisons, disséminées sur une longue étendue, sont habitées en grande partie par cette race de Coré, de Dathan et d'Abiron. Je crois que le nom de cet endroit est quelque chose comme Coré ou Coraé ; oui, c'est bien cela. Anne Catherine fit alors la description complète du chemin entre Edraï et cet endroit, des crêtes de montagnes et des vallées, mais trop vite et trop confusément pour se faire bien comprendre. Elle raconta aussi, mais toujours d'une manière peu précise, comment et à qui cet endroit avait été assigné par Josué à une époque très ancienne ; mais il était impossible de se bien rendre compte de ce qu'elle disait. 7 juillet. - Bosra est ville de lévites. Un assez grand nombre de paiens y habitent à part des Juifs : ils ont plusieurs temples. Pierre y est déjà venu pendant que Jésus était en Chypre, et il a racheté des Juifs qui étaient esclaves des païens. Il y en avait encore beaucoup dans le même cas : Jésus les délivra. Il guérit ici beaucoup de malades et chassa beaucoup de démons. Il guérit entre autres des malades que ses disciples n'avaient pas guéris. Quelques paiens furent aussi baptisés en secret : ils se feront circoncire. A Edraï, comme ici, plusieurs convertis apportèrent au Seigneur en présent de fortes sommes en or, qui furent employées à racheter les captifs et à soulager les pauvres. Bosra est un lieu d'asile pour les meurtriers : plusieurs pécheurs confessèrent leurs crimes à Jésus. Jésus logea chez les lévites, et le soir il partit pour Nobé, qui est a environ cinq lieues au nord-est et où il arriva fort tard. 8 juillet.- à part la partie paienne de la ville, il n'y a à Nobé, en fait de Juifs, que des Réchabites. Lorsqu'ils revinrent de la captivité de Babylone, ils trouvèrent cet endroit occupé par les paiens, le conquirent et s'y établirent. Ils descendent, je crois, de Jethro ; et, plus tard, des prophètes leur donnèrent une certaine organisation. Il y a là un grand édifice très ancien, ressemblant à un grand château fort, autour duquel la plupart habitent. Il ont une aversion incroyable pour les Pharisiens et les Sadducéens qu'ils évitent tant qu'ils le peuvent. Nobé s'étend très loin dans la direction du levant : on y a vue sur l'Arabie, qui doit commencer à une lieue de là tout au plus. Il y passe une route militaire allant de l'Arabie à Damas, à Gessur, à Panéas et aux pays circonvoisins. Les Réchabites mènent une vie très austère : ils ont de nombreux troupeaux et ne boivent jamais de vin, si ce n'est à certains jours de fête. (Elle donne quelques détails sur les Réchabites, moins étendus toutefois que ceux qu'elle a donnés le 17 septembre de l'année précédente, lorsque Jésus enseigna des gens de cette secte à Ephron, dans le pays de Basan (tome II, page 252.) Ils tiennent fortement à la lettre de la loi : Jésus leur donna des avis à ce sujet et enseigna sur l'esprit et sur la lettre. Ils se montrèrent très humbles et prirent tout en bonne part. Ici aussi beaucoup de gens furent baptisés et guéris : ou amena à Jésus un grand nombre de possédés qu'il délivra ; il y avait un hôpital plein de possédés. Aucun apôtre n'était encore venu ici. Pierre, Jacques et Jean opérèrent aussi des guérisons et enseignèrent. Quelques païens vinrent trouver Jésus sur la limite de leur quartier et lui témoignèrent de grands égards. Quelques-uns d'entre eux furent baptisés et guéris. Jésus ne trouva pas ici de contradicteurs et il travailla incroyablement. Il logea dans l'hôtellerie voisine de la synagogue. Nobé est une ville libre qui fait partie de la Décapole ; elle se gouverne elle-même. 9 juillet.-- Jésus est allé à cinq lieues au sud-ouest de Nobé, à deux lieues à l'est de Bosra, et à trois quarts de lieue environ de Selcha, qui est au pied de la chaîne de l'Hermon, dans un charmant village de bergers, qu'on appelle le Camp de la paix de Jacob, parce que c'est l'endroit où ce patriarche, poursuivi par Laban, campa pour la première fois à son retour dans la terre promise. C'est ici que commencent les montagnes de Galaad. (Gen. XXI, 25-26.) Les bergers qui habitent ce lieu descendent Éliézer, ce serviteur d'Abraham qui alla chercher Rébécca pour son fils Isaac. Il y avait aussi parmi eux des descendants de gens que Melchisédech avait délivrés de l'esclavage où Sémiramis les retenait, et établis ici sur la frontière : plus tard ils s'unirent par des mariages avec la postérité Éliézer. Il y a ici trois belles fontaines, elles sont situées au pied d'une agréable colline, tout autour de laquelle sont établies comme dans un rempart couvert de verdure de jolies et fraîches habitations. Les plus âgés et les plus considérables parmi les possesseurs de troupeaux habitent près de cette colline, au haut de laquelle est un emplacement destine à la prédication. De tous cotés on voit s'étendre au loin des pâturages et des enclos remplis de chameaux, d'ânes et de montons. Chaque espèce d'animaux est à part, et il y a des abreuvoirs près des puits. Les bergers habitent sous des tentes dressées sur des fondements solides, à quelque distance des fontaines. La plaine est couverte de longues rangées de mûriers, mais ce qui offre surtout un charmant aspect, c'est un chemin très long bordé de poteaux soutenant une plante grimpante d'une végétation très riche, qui couvre souvent un espace de deux cents pas et qui porte des fruits assez semblables à des courges. Ce chemin va de la colline à Selcha et forme comme un berceau de verdure à perte de vue. Les gens de l'endroit avaient célébré, peu de jours auparavant, une fête commémorative de la délivrance de leurs ancêtres réduits en esclavage par Sémiramis. Ils vont à Selcha pour assister à la synagogue, et c'est de cette ville qu'on vient les instruire. Le village des bergers est en grande estime dans le pays, on le considère comme une fondation en mémoire de Jacob ; on y exerce largement l'hospitalité. Les bergers ont l'obligation d'héberger et de traiter amicalement, moyennant une modique redevance, les caravanes arabes et en général tous les étrangers. Jésus arriva vers midi avec les trois apôtres. Il s'arrêta devant le village près d'une des trois fontaines. Les plus vieux d'entre les bergers vinrent lui laver les pieds et lui apportèrent des fruits, du miel et du pain. Ils savaient déjà qu'il viendrait, et or' avait amené dans le tour bâtiment qui est adossé à la colline beaucoup de malades que Jésus guérit et enseigna. Quatre cents bergers au moins s'étaient rassemblés là avec leurs femmes et leurs enfants. Les femmes portaient des robes beaucoup plus courtes que celles qu'on porte ailleurs dans la Terre promise. Jésus les enseigna près de la colline, il fut très affable et très cordial avec eux. et il leur remit en mémoire le passage des trois rois qui avaient fait une halte ici trente-deux ans auparavant. Il y avait la beaucoup de gens qui s'en souvenaient. Il parla de l'étoile de Jacob, prophétisée par Balaam, et de l'enfant nouveau-né que ces sages rois étaient allés visiter. Il parla de l'accomplissement des prophéties, de Jean le Précurseur, de son enseignement et de son témoignage et dit que le Messie promis, le consolateur et le Sauveur était présent au milieu des Israélites, mais qu'ils ne le reconnaissaient pas. Il leur raconta des paraboles touchant le bon Pasteur, les semailles et la moisson, car on faisait alors dans ce pays la récolte des fruits et celle du froment, qui a ici de très gros épis. Le Seigneur fut singulièrement affable et affectueux avec eux : en leur Parlant, il les appelait toujours : " mes chers enfants ". Il vint encore dix disciples envoyés à Jésus par les autres apôtres. Ils arrivèrent deux par deux : c'étaient toujours un ancien (le plus souvent ayant été disciple de Jean) et un nouveau. Les frères de Marie de Cléophas, neveux de la sainte Vierge, Jacob, Sadoch et Éliacim étaient de ce nombre. Ils venaient de la part des apôtres et des disciples détachés pour s'entendre sur le lieu où ils se réuniraient. Le Seigneur logea avec eux dans une maison située au pied de la colline. 10 juillet.-- Ce matin, Jésus est encore allé visiter diverses cabanes de bergers, et il a nonne des enseignements et des consolations. Il a raconté ici ce qui est arrive aux bergers de Bethléem, comment ils ont vu l'enfant avant les rois et comment les anges le leur ont annoncé. Les gens de l'endroit ont pris Jésus en grande affection. Beaucoup voulaient tout quitter et le suivre afin de l'entendre toujours, mais il les a exhortés à rester et à observer ses enseignements. Les bergers d'ici portent attaches autour du corps des paquets de laine fine qu'ils filent en gardant leurs troupeaux. Vers midi des habitants de Selcha. qui est à peu près a une petite lieue au nord, vinrent inviter Jésus à visiter leur ville. Il y alla avec les disciples et fut solennellement reçu devant la porte par les maîtres d'école et leurs élèves. Ceux qui étaient venus le chercher, lui avaient demandé s'il pouvait donner le baptême de Jean, car dans ce pays on a une haute opinion du Précurseur. Jésus les enseigna touchant le témoignage rendu par Jean, etc. Il y eut beaucoup de baptêmes et de guérisons ; les enfants furent bénis. Jésus enseigna dans la synagogue. Des paiens vinrent aussi le trouver, implorant ses consolations et son assistance : ils sont ici en rapports assez intimes avec les Juifs et ils ont des temples. La ville est tout en longueur : il y a deux rues. 11 juillet.-- Jésus, accompagné des siens, a quitté Selcha avant midi ; il est allé à une lieue et demie à l'ouest, par un chemin qu'on appelle la route de David et qui se dirige à l'ouest vers le Jourdain, en suivant toujours les sinuosités des vallées. Ils firent une lieue et demie à l'ouest sur ce chemin, après quoi ils tournèrent au midi et prirent une grande route militaire qui conduit à un petit endroit dont le nom actuel est Thantia : ils avaient encore environ cinq lieues à faire jusque-là, et ils arrivèrent pour le sabbat. Jésus était allé quelque temps avec eux sur la route de David pour la leur montrer et leur en dire quelque chose. Cette route est un enfoncement, une espèce de chemin creux qui parfois est rempli d'eau. Elle descend entre des montagnes le long d'une vallée solitaire ; sur l'un des côtés se trouve un sentier pour les chameaux : on rencontre par intervalles des emplacements disposés pour leur donner la pâture ; il s'y trouve des anneaux pour les attacher et des auges. Lorsqu'Abraham vint dans le pays, il vit sur ce chemin un point lumineux et il y eut une vision que j'ai oubliée. Lorsque David, par le conseil de Jonathas, eut conduit ses parents dans le pays de Maspha (1. Rey., XXII), il resta caché dans cette gorge avec trois cents hommes, et c'est pourquoi elle a reçu le nom de route de David. Il eut ici une vision de l'avenir. Il vit un cortège lumineux, le cortège des trois Rois, et il entendit des chants qui semblaient venir du ciel et qui célébraient le consolateur promis à Israël. C'est encore ici qu'il composa en partie l'un de ses Psaumes, j'ai oublié lequel. Malachie aussi, après un combat, suivit une lumière qui le conduisit ici et il s'y cacha. De même les trois Rois, se laissant conduire par leurs chameaux, descendirent de la contrée de Selcha dans ce chemin où l'étoile leur apparut avec un éclat particulier et où ils firent entendre des chants mélodieux : ensuite, suivant la rive du Jourdain, ils le passèrent vis-à-vis Coréeh, et se rendirent à Jérusalem par le désert d'Anathoth : ils entrèrent par la porte où passa Marie venant de Bethléhem pour la présentation au temple. A Thantia, Jésus alla aussitôt à la synagogue. L'instruction traita de Balaam, de l'étoile de Jacob, du prophète Michée et de Bethléhem Ephrata. (Numer., XXII, 2 ; XXV, 10. Mich. V, 7 ; VI, 9.) 12 juillet.-- Thantia parait être une vieille ville et comme une ancienne place forte. Il y a encore de vieilles tours et quelques arcades ; elle est grande et peu habitée. Il y a d'ici sept bonnes lieues jusqu'à Ramoth-galaad, qui est au sud-ouest. Je crois que la ville a eu un autre nom que celui qu'elle a maintenant, à l'époque de Jésus Il y passe une grande route militaire allant à Bosra et plus loin : les habitants vivent principalement de ce qu'ils gagnent avec les caravanes, dont ils reçoivent les marchandises en dépôt pour les envoyer dans d'autres directions. Jésus ne trouva pas de contradicteurs : il guérit dans les maisons beaucoup de Malades, parmi lesquels plusieurs que les disciples venus antérieurement n'avaient pas pu guérir. Il n'y avait ici rien d'organisé pour l'assistance des malades et des pauvres : les disciples avaient déjà donné quelques règles à ce sujet, et Jésus mit tout à fait les choses en état. Aujourd'hui aussi le baptême fut donné par les disciples à un très grand nombre de personnes que Jésus prépara. Jésus enseigna sur l'étoile de Jacob, sur la prophétie de Michée touchant Béthléhem, sur le voyage des trois Rois, et il montra clairement que tout cela s'appliquait à lui. Les habitants et leurs rabbins étaient très pieux : on avait ici et dans d'autres endroits du pays la coutume de faire sur la route de David des pèlerinages accompagnés de jeûnes et de prières pour implorer la venue du Messie. Appuyés sur les anciennes traditions, ils espéraient avoir là des visions, des apparitions du Messie : c'était de là, croyaient-ils, qu'il viendrait les visiter. Pendant que Jésus enseignait, ils disaient souvent : " il parle comme si c'était lui, pourtant ce n'est pas possible ". Car ils s'imaginaient que le Messie devait arriver invisible dans Israel, à la façon d'un ange, et ils pensaient que Jésus devait être quelque chose comme son précurseur, celui qui l'annonçait. Ils se faisaient aussi du Messie une idée comme celle qu'ils avaient de Melchisédech sur lequel ils savaient beaucoup de choses, et du prophète Malachie. Jésus leur dit qu'ils reconnaîtraient peut-être le Messie quand il serait trop tard. Je vis que beaucoup d'entre eux se réunirent à la communauté chrétienne avant et après le crucifiement. 13 juillet.-- De Thantia Jésus alla a quatre lieues à l'est à peu près, dans une ville placée sur une montagne qui avait été une forteresse pendant la guerre des Macchabées (1. Maccab., V, 9). Près de là est la montagne où la fille de Jephté était allée pleurer avec ses douze compagnes. Sur cette montagne avaient aussi résidé des prophètes ou des ermites, des gens comme les Esséniens : j'ai vu cela alors pour la première fois. Il y a encore des restes de jardins et d'habitations. Balaam aussi résida sur cette montagne : mais s'étant rendu coupable de mensonge, il ne put plus y remonter ; au commencement, il n'y avait rien de mauvais en lui, c'était même un saint homme, mais il tomba. Les disciples qui étaient venus le mercredi trouver Jésus à Selcha sont repartis hier soir après le sabbat. Aujourd'hui Jésus alla sur la montagne voisine de Datheman avant d'entrer dans la ville même. Il y fit une instruction devant quelques centaines de personnes. Sur cette montagne il y a encore des murs en ruines et quelques tours, comme des vigies. Le pays est un haut plateau sur lequel s'élève la montagne. Vers l'orient, dans la direction de l'Arabie, on peut voir la route qui conduit à Bosra, à Césarée de Phillipe et à Damas. Du côté de l'ouest, la vue s'étend jusqu'au delà du Jourdain. Balaam menait sur cette montagne une vie solitaire et contemplative lorsque le roi des Moabites le fit venir. Balaam était d'illustre origine, il appartenait à une famille très riche. Dès sa jeunesse, il avait eu l'esprit de prophétie : il se trouvait en rapport avec ces peuples qui avaient les yeux tournés vers l'étoile prédite et parmi lesquels étaient les ancêtres des trois rois mages. Ce n'était ni un magicien, ni un scélérat : comme tous les hommes éclairés chez les autres peuples, il n'adorait que le vrai Dieu, mais le culte qu'il lui rendait était imparfait et mélangé. Il s'éloigna de bonne heure de ses compatriotes ; pour se retirer dans la solitude sur les montagnes, et il fit particulièrement son séjour sur la montagne en question ; je crois qu'il avait là avec lui d'autres prophètes ou des disciples. Lorsqu'il revint d'auprès de Balac, il voulut y remonter, mais une force divine l'en empêcha. L'odieux conseil qu'il avait donné aux Moabites l'avait fait tomber profondément et perdre entièrement la grâce : il erra tout troublé dans le désert où il perdit la vie, je ne sais plus comment. J'ai vu beaucoup de choses qui le concernaient. Lorsque la fille de Jephté se retira sur cette montagne ; il y avait déjà des jardins et des habitations, et des prophètes ou des anachorètes y résidaient. La fille de Jephté n'était pas une pure juive, son père et elle avaient un mélange de sang païen. Lorsque Jésus enseigna sur cette hauteur, il s'y trouvait de très beaux jardins, une belle chaire, un puits d'excellente eau et quelques vieilles tours. Le soir Jésus alla à Datheman, qui est à peu près à une lieue au sud-ouest. La ville est grande, mais en partie détruite : c'était une forteresse. Je crois qu'à une autre époque, des Juifs s'y étaient enfermés, que Judas Macchabée les délivra et fit à cette occasion un grand carnage de leurs ennemis. Les gens de ce pays parlent sans cesse de la sainteté de la roule de David : ils disaient à Jésus qu'ils ne voudraient pas habiter le pays d'au delà du Jourdain, où l'on ne pouvait pas parler de ce qui avait été vu d'avance et de ce qui était arrivé sur la route de David. Ils citaient aussi tout ce qu'on disait de merveilleux touchant le cortège de ces quinze personnages d'élite conduits par leurs trois chefs, qui avaient passé par là trente-deux ans auparavant. s'enquérant continuellement du roi nouveau-né : ils ajoutaient que c'était une tradition parmi les gens pieux que David avait vu par avance ce cortège. Ici aussi Jésus enseigna sur Balaam sur l'étoile de Jacob et sur la fille de Jephté. |