Quant à la quatrième considération, il faut savoir ceci : après que le véritable amour du Christ eut parfaitement transformé saint François en Dieu et en la véritable image du Christ crucifié, comme il avait terminé le carême de quarante jours en l'honneur de saint Michel Archange, sur le mont Alverne, François, cet homme angélique, descendit de la montagne, après la solennité de saint Michel, avec frère Léon et avec un pieux paysan, sur l'âne duquel il était assis, parce qu'il ne pouvait marcher que péniblement à cause des clous de ses pieds( 2). Comme saint François était donc descendu de la montagne, que la renommée de sa sainteté s'était répandue dans le pays, et que les bergers avaient raconté qu'ils avaient vu tout embrasé le mont Alverne, ce qui était signe de quelque grand miracle que Dieu avait fait en faveur de saint François, les gens des environs, apprenant qu'il passait, s'en venaient tous pour le voir, hommes et femmes, petits et grands: et tous, avec grande dévotion et désir, s'ingéniaient à le toucher et à lui baiser les mains. Bien qu'il eût les mains bandées, il ne pouvait les refuser à la dévotion de ces gens, mais néanmoins, pour mieux cacher les Stigmates, il les enveloppait encore et les recouvrait de ses manches, et il ne leur tendait seulement à baiser que ses doigts découverts.
Mais quoiqu'il s'efforcât de celer et de dissimuler le secret sacré des glorieux Stigmates, pour fuir toute occasion de gloire mondaine, il plut à Dieu pour sa gloire de faire éclater beaucoup de miracles, par la vertu desdits Stigmates, en particulier pendant ce voyage de l'Alverne à Sainte-Marie des Anges, puis en très grand nombre par diverses parties du monde, durant sa vie et après sa mort glorieuse: et cela pour que leur vertu cachée et merveilleuse, et aussi la charité sans mesure et la miséricorde du Christ à l'égard de saint François, à qui il les avait merveilleusement donnés, se manifestassent au monde par des miracles clairs et évidents, dont nous allons rapporter ici quelques-uns (3).
Ainsi, alors que saint François s'approchait d'un village qui était aux confins du territoire d'Arezzo, une femme toute en pleurs se présenta devant lui, son fils sur les bras, qui avait huit ans et, depuis quatre ans, était hydropique ; et il avait le ventre si démesurément enflé que, debout, il ne pouvait voir ses pieds. Comme cette femme avait mis son fils devant lui, en le priant de prier Dieu pour lui, saint François se mit d'abord en prière, puis, sa prière faite, il mit ses mains saintes sur le ventre de l'enfant: aussitôt toute enflure disparut, il fut complètement guéri, et saint François le rendit à sa mère; elle le reçut avec une très grande allégresse, et le ramena chez elle, en remerciant Dieu et son saint. Et elle montrait volontiers son fils guéri à tout le voisinage qui venait chez elle pour le voir( 4).
Le même jour, saint François passa par Borgo San Sepolcro ; et avant qu'il ne s'approchât du château, la foule des gens du château et des villages environnants vinrent à sa rencontre, et beaucoup d'entre eux allaient au-devant de lui, des rameaux d'oliviers à la main et criant à voix forte : « Voici le Saint! Voici le Saint! » Et par dévotion et désir que les gens avaient de le toucher, ils faisaient grande foule et presse atour de lui. Mais lui, allant l'esprit élevé et ravi en Dieu dans la contemplation, bien qu'il fût touché ou tenu ou tiré, ne sentit, comme quelqu'un d'insensible, rien du tout de ce qui se faisait ou disait autour de lui, et il ne s'aperçut même pas qu'il passait par ce château et ce pays. Aussi, Borgo passé et la foule retournée chez elle, comme il arrivait à un hôpital de lépreux, bien à un mille au-delà de Borgo, et qu'il revenait à lui comme s'il venait de l'autre monde, ce contemplateur céleste demanda à son compagnon: « Quand serons-nous près de Borgo ? » En vérité, son âme, fixée et ravie dans la contemplation des choses célestes n'avait rien senti des choses de la terre, ni de la diversité des lieux et du temps, ni des personnes rencontrées (5). Cela lui arriva d'ailleurs plusieurs autres fois, ce dont ses compagnons eurent la preuve par une claire expérience.
Ce soir-Ià, saint François arriva au couvent des frères de Monte Casale, où il y avait un frère si cruellement malade et si horriblement tourmenté par la maladie, que son mal paraissait plutôt tribulation et tourment démoniaque que maladie naturelle; car parfois il se jetait à terre de tout son corps, dans un très grand tremblement et l'écume à la bouche; tantôt tous les membres de son corps se contractaient, tantôt ils se détendaient; tantôt il se tordait, tantôt sa nuque touchait ses talons, et il se jetait en l'air et retombait couché sur le dos. Comme saint François était à table et qu'il entendait les frères parler de ce frère si misérablement malade d'une maladie sans remède, il en eut compassion, il prit un morceau de pain qu'il mangeait, fit dessus le signe de la croix avec ses saintes mains stigmatisées et l'envoya au frère malade. Aussitôt que le malade l'eut mangé, il fut complètement guéri et jamais plus il ne se ressentit de cette maladie( 6).
Arriva le matin suivant, et saint François envoya deux des frères qui étaient dans ce couvent demeurer sur l'Alverne, et avec eux il renvoya le paysan qui était venu avec lui, derrière l'âne qu'il lui avait prêté, voulant qu'il retournât avec sa bête dans sa maison.
Comme les frères faisaient route avec ledit paysan et entraient sur le territoire d'Arezzo, quelques gens du pays les virent de loin et en eurent grande allégresse, ils pensaient que c'était saint François qui avait passé par là deux jours plus tôt: or il y avait là la femme de l'un deux, qui était depuis trois jours dans les douleurs de l'accouchement et qui se mourait de ne pouvoir accoucher, et ils pensaient la ravoir guérie et délivrée si saint François lui imposait ses saintes mains. Mais à l'approche desdits frères, après qu'ils eurent reconnu que ce n'était pas saint François, ils en eurent une grande tristesse; mais là où le saint n'était pas corporellement, son pouvoir ne manqua pourtant pas, parce que la foi ne leur manquait pas. O merveille! La femme se mourait et portait déjà l'empreinte de la mort. Ces gens demandèrent aux frères s'ils n'avaient point quelque objet qui eût été touché par les mains très saintes de saint François. Les frères réfléchirent et cherchèrent avec soin, mais en fin de compte ils ne trouvèrent rien que saint François eût touché de la main, si ce n'est la bride de l'âne sur lequel il était venu. Ils prirent cette bride avec grand respect et dévotion et la posèrent sur le corps de la femme enceinte, en invoquant pieusement le nom de saint François et en la lui recommandant avec foi. Quoi de plus ? Aussitôt que la femme eut sur elle ladite bride, elle fut immédiatement délivrée de tout danger, et elle accoucha facilement, avec joie et santé (7). Saint François, après qu'il fut resté quelques jours dans ledit couvent, et s’en alla et gagna Città di Castello : et voici que beaucoup de citadins lui conduisirent une femme possédée depuis Iongtemps du démon, et le prièrent humblement de la délivrer parce qu'elle troublait tout le pays, soit par ses hurlements douloureux, soit par ses cris féroces, soit par ses aboiements de chien. Alors saint François, après avoir d'abord prié et fait sur elle le signe de la croix, ordonna au démon de la quitter; et aussitôt il s'en alla et la laissa saine de corps et d'esprit (8).
Le bruit de ce miracle se répandit dans le peuple, et alors une autre femme lui apporta avec une grande foi son enfant, gravement malade d'une plaie cruelle et lui demanda dévotement de vouloir bien faire sur lui le signe de la croix. Saint François, accédant à sa dévotion, prend alors ce petit enfant, enlève le bandage de la plaie, le bénit, en faisant trois fois sur la plaie le signe de la croix, y replace le bandage de ses mains, et le rend à sa mère; comme il était tard, elle le mit immédiatement au lit pour dormir. Au matin, elle va pour tirer son fils du lit et elle le trouve sans bandage, elle le regarde et elle le trouve aussi parfaitement guéri que s'il n'avait jamais eu aucun mal, à cela près qu'à l'endroit de la plaie il s'était formé une excroissance de chair qui ressemblait à une rose vermeille; et c'était plutôt un témoignage du miracle qu'une marque de la plaie, car, ladite rose persistant tout le temps de sa vie, elle engageait souvent le miraculé à être dévot envers saint François qui l'avait guéri.
Saint François demeura alors un mois en cette ville, à la prière pleine de dévotion des habitants, et pendant ce temps, il fit beaucoup d'autres miracles; puis il partit de là pour se rendre à Sainte-Marie des Anges, avec frère Léon et avec un brave homme qui lui prêtait son petit âne, sur lequel saint François cheminait.
Or il advint que, tant à cause des mauvaises routes que du grand froid, après avoir cheminé toute la journée, ils ne purent arriver à aucun lieu où il leur fût possible de loger : ce pourquoi, contraints par la nuit et le mauvais temps, ils se réfugièrent sous le bord d'un rocher creux pour se protéger contre la neige et contre la nuit qui survenait. Comme le brave homme à qui appartenait l'âne se trouvait ainsi mal à l'aise et mal couvert, et que le froid l'empêchait de dormir - il n'y avait là aucun moyen de faire du feu - il commença à se lamenter tout bas en lui-même et à se plaindre, et il murmurait presque contre saint François, qui l'avait conduit en pareil lieu. Alors saint François, se rendant compte de cela, eut pitié de lui, et, en ferveur d'esprit, il étendit la main sur lui et le toucha. O merveille! Aussitôt qu'il l'eut touché de sa main embrasée et transpercée par le feu du Séraphin, tout froid disparut, et une telle chaleur entra en lui et l'enveloppa qu'il lui paraissait être près de la bouche d'une fournaise ardente: aussi, l'âme et le corps réconfortés, il s'endormit aussitôt, et cette nuit-Ià, d'après ce qu'il raconta, il dormit plus suavement jusqu'au matin, parmi les rochers et la neIge, qu'il ne l'avait jamais fait dans son propre lit (9).
Ils cheminèrent ensuite le lendemain et arrivèrent à Sainte-Marie des Anges: comme ils en approchaient, frère Léon lève les yeux au ciel et regarde vers ledit Couvent de Sainte-Marie. Et en regardant il voit une très belle croix, où était la figure du Crucifié, aller devant saint François, qui marchait devant lui. Et ainsi ladite croix allait devant la face de saint François, se conformant à ses actes, s'arrêtant quand il s'arrêtait, allant quand il allait: et cette croix était d'une telle splendeur que non seulement elle resplendissait sur la face de saint François, mais qu'elle illuminait l'air tout entier aux alentours; et elle persista jusqu'à ce que saint François fût entré dans le couvent de Sainte-Marie (10).
Saint François étant donc arrivé au couvent avec frère Léon, ils furent reçus par les frères avec la plus grande allégresse et charité. Et à partir de ce moment, saint François demeura la plupart du temps dans ce couvent de Sainte-Marie, jusqu'à sa mort. Et la renommée de sa sainteté et de ses miracles se répandait, continuellement, de plus en plus, dans l'Ordre et par le monde, encore que, dans sa très profonde humilité, il cachât autant qu'il le pouvait les dons et grâces de Dieu et s'appelât lui-même un très grand pécheur.
Frère Léon s'en étonna une fois et naïvement il pensa en lui-même : « Voici que celui-là s'appelle un très grand pécheur en public, or il est venu à l'Ordre déjà âgé, il est comblé d'honneurs par Dieu, et cependant il ne s'est jamais en secret confessé du péché charnel (Il): serait-il vierge ? Et là dessus il commença à lui venir un très grand désir d'en savoir le vrai; mais il n'avait pas la hardiesse d'interroger saint François: aussi recourut-il à Dieu et, comme il le priait instamment de lui révéler ce qu'il désirait savoir, il mérita grâce à ses nombreuses prières d'être exaucé, et il lui fut révélé par une certaine vision que saint François était vraiment vierge de corps: car il vit, dans une vision, saint François siéger dans un lieu élevé et excellent, où personne ne pouvait ni aller ni atteindre, et il lui fut dit en esprit que ce lieu si haut et si excellent signifiait, en saint François, l'excellence de la chasteté virginale, qui raisonnablement convenait à la chair qui devait être ornée des Stigmates sacrés du Christ (12).
Comme saint François voyait qu'à cause des Stigmates les forces de son corps disparaissaient peu à peu et qu'il ne pouvait plus avoir soin du gouvernement de l'Ordre, il hâta la convocation du Chapitre général. Quand il fut entièrement réuni, il s'excusa humblement auprès des frères de l'impotence qui l'empêchait de pourvoir au soin de l'Ordre, dans l'exercice du généralat, bien qu'il ne renoncât pas à l'office du généralat : il ne le pouvait pas en effet car il avait été nommé Général par le pape et, pour cette raison, il ne pouvait ni abandonner l'office ni se substituer un successeur, sans la permission formelle du pape; mais il institua frère Pierre de Catane son Vicaire, en lui recommandant l'Ordre, à lui et aux Ministres provinciaux, aussi affectueusement qu'il le put (13). Cela fait, saint François, réconforté en esprit, dit ces paroles, les yeux et les mains levés vers le ciel: « A toi, Seigneur mon Dieu, je recommande ta famille, que tu m'as confiée jusqu'à présent, et dont je ne puis plus désormais prendre soin, à cause de mes infirmités, que tu connais, mon très doux Seigneur. Je la recommande aussi aux Ministres provinciaux; qu'ils soient tenus de t'en rendre compte au jour du jugement si quelque frère vient à périr, par leur négligence, par leur mauvais exemple, ou par leurs trop rudes corrections. » Et tous les frères du Chapitre entendirent dans ces paroles, ainsi qu'il plut à Dieu, qu'en s'excusant de ses infirmités, c'était des Stigmates qu'il parlait (14) ; et par dévotion aucun d'eux ne put se tenir de pleurer. Et à partir de ce moment saint François laissa tout le soin et le gouvernement de l'Ordre aux mains de son Vicaire et des Ministres provinciaux; et il disait: « Maintenant, depuis que j'ai abandonné le soin de l'Ordre à cause de mes infirmités, je ne suis plus tenu désormais qu'à prier Dieu pour notre Ordre et à donner le bon exemple aux frères. Et je sais bien, en vérité, que, si la maladie me le permettait, la plus grande aide que je pourrais donner à l'Ordre serait de prier continuellement Dieu pour lui, afin qu'il le défende, le gouverne et conserve. »
Or, bien que saint François, comme il l'est dit ci-dessus, s'ingéniât autant qu'il le pouvait à cacher ses Stigmates très sacrés et que, depuis qu'il les avait reçus, il allât ou restât toujours les mains bandées et les pieds chaussés, il ne put cependant empêcher que beaucoup de frères ne les vissent et touchassent de différentes façons, en particulier celui du côté, qu'il s'efforçait de dissimuler avec le plus de soin. Ainsi, un frère qui le servait le décida, par une pieuse ruse, à ôter sa tunique pour en secouer la poussière; et, comme il l'ôtait en sa présence, ce frère vit clairement la plaie du côté et, en lui mettant rapidement la main sur la poitrine, il la toucha avec trois doigts et en mesura la grandeur et les dimensions (15). Son Vicaire la vit aussi, de semblable manière, à cette époque (16). Mais frère Rufin, qui était homme de très grande contemplation, en fut plus clairement encore assuré, lui dont saint François disait parfois qu'il n'y avait pas au monde de plus saint homme que lui, et qu'il aimait intimement pour sa sainteté, et à qui il complaisait en ce qu'il voulait. Ce frère Rufin s'assura desdits Stigmates de trois façons, et en particulier de celui du côté, et il en assura les autres. Voici la première: devant laver les braies de saint François qu'il portait si grandes qu'en les faisant bien remonter il en couvrait la plaie du côté droit, ledit frère Rufin les regardait et considérait avec attention, et chaque fois il les trouvait ensanglantées du côté droit: ce pourquoi il se rendait compte avec certitude que c'était du sang qui sortait de ladite plaie; saint François l'en reprenait quand il s'apercevait qu'il dépliait ses braies pour voir ladite marque. La seconde façon fut qu'une fois ledit frère Rufin, en frottant les reins de saint François, s'arrangea pour porter la main plus loin et mit les doigts dans la plaie du côté: saint François en éprouva une grande douleur qui le fit crier à voix forte: « Que Dieu te pardonne, ô frère Rufin, pourquoi as-tu agi ainsi ? » La troisième façon fut qu'une fois il demanda très instamment à saint François de lui donner, par très grande grâce, son manteau et de prendre le sien par amour de la charité. Bien qu'il ne condescendît que malaisément à cette demande, le charitable père tira son manteau, le lui donna et prit le sien; et alors, pendant qu'il tirait l'un et remettait l'autre, frère Rufin vit clairement ladite plaie (17). De même, frère Léon et beaucoup d'autres frères virent lesdits Stigmates de saint François pendant sa vie; et bien que ces frères fussent, par leur sainteté, des hommes dignes de foi et que l'on pouvait croire sur leur simple parole, néanmoins, pour enlever tout doute des coeurs, ils jurèrent sur le saint Livre qu'ils les avaient vus clairement (18). Quelques cardinaux les virent aussi, qui avaient avec lui grande familiarité et, par respect pour lesdits Stigmates de saint François, ils firent et composèrent de belles et pieuses hymnes, antiennes et proses (19). Le souverain pontife, le pape Alexandre, prêchant au peuple, en présence de tous les cardinaux, parmi lesquels se trouvait le saint frère Bonaventure qui était cardinal, dit et affirma qu'il avait vu de ses yeux les Stigmates sacrés de saint François pendant sa vie (20). Madame Jacqueline de Settesoli, de Rome, qui était la plus grande dame de Rome en son temps, et qui était très dévote à saint François, les vit et les baisa plusieurs fois avec le plus grand respect, avant et après la mort de saint François, car elle vint de Rome à Assise, par divine révélation, pour la mort de saint François. Et ce fut en cette façon (21). Saint François, quelques jours avant sa mort, se trouvait malade à Assise, dans le palais de l'évêque, et avec quelques-uns de ses compagnons; et malgré toutes ses infirmités il chantait souvent certaines louanges du Christ. Aussi un de ses compagnons lui dit un jour: « Père, tu sais que ces habitants ont grande foi en toi et te réputent un saint homme, et pour cette raison ils peuvent penser que, si tu es ce qu'ils croient, tu devrais, dans ta maladie, penser à la mort et pleurer au lieu de chanter, puisque tu es si gravement malade; comprends que ton chant, et celui que tu nous fais faire sont entendus de beaucoup de gens du palais et du dehors; car ce palais est gardé, à cause de toi, par de nombreux gens d'armes, qui pourraient peut-être en recevoir mauvais exemple (22). Aussi je pense, disait ce frère (23), que tu ferais bien de partir d'ici et de retourner avec nous tous à Sainte-Marie des Anges, car nous ne sommes pas bien ici parmi les séculiers. Saint François répondit: « Mon très cher frère, tu sais qu'il y a deux ans, quand nous étions à Foligno, Dieu te révéla quel serait le terme de ma vie, et il le révéla à moi aussi, et que d'ici peu de jours, dans cette maladie, ce terme arriverait; et dans cette révélation Dieu m'assura de la rémission de tous mes péchés et de la béatitude du paradis. Jusqu'à cette révélation, je pleurai sur la mort et sur mes péchés: mais depuis que j'ai eu cette révélation, j'ai été si rempli d'allégresse que je ne puis plus pleurer; et pour cela je chante et je chanterai en l'honneur de Dieu, qui m'a donné le bien de sa grâce et l'assurance des biens de la gloire du paradis (24). Mais pour ce qui est de notre départ d'ici, j'y consens et cela me plaît: mais trouvez un moyen de me porter, car, à cause de ma maladie, je ne puis marcher. Alors les frères le prirent à bras et le portèrent ainsi, accompagnés de beaucoup d'habitants. Comme ils arrivaient à un hôpital qui était sur la route (25), saint François dit à ceux qui le portaient: « Posez-moi à terre et retournez-moi vers la ville. Et, lorsqu'il fut placé le visage tourné vers Assise, il bénit la ville de beaucoup de bénédictions, en disant: « Bénie sois-tu de Dieu, cité sainte, car par toi beaucoup d'âmes seront sauvées, et en toi habiteront beaucoup de serviteurs de Dieu, et de toi beaucoup seront élus au royaume de la vie éternelle (26). » Et, après avoir dit ces paroles, il se fit porter à Sainte-Marie des Anges. Après qu'ils furent arrivés à Sainte-Marie, ils le portèrent à I 'infirmerie et I 'y mirent à se reposer. Alors saint François appela à lui un de ses compagnons et lui dit : « Mon très cher frère, Dieu m'a révélé que, dans cette maladie, je passerai, tel jour, de cette vie; et tu sais que Madame Jacqueline de Settesoli, très chère et dévouée à notre Ordre, si elle apprenait ma mort sans y avoir été présente, en serait trop attristée: aussi prévenons-la que, si elle veut me voir vivant, elle vienne ici immédiatement. » Le frère répondit: « Tu as bien raison, père, car vraiment, pour la grande dévotion qu'elle te porte, il serait très malséant, qu'elle ne fût pas présente à ta mort. » - « Va donc, dit saint François, apporte l'encrier, la plume et du papier, et tu écriras ce que je te dirai. » Et, après qu'il eut apporté cela, saint François dicta la lettre en ces termes : « A Madame Jacqueline, servante de Dieu, frère François, petit pauvre du Christ, salut et communion de l'Esprit Saint en Notre-Seigneur Jésus-Christ. Sache, très chère, que le Christ béni m'a révélé, par sa grâce, la fin de ma vie, qui aura lieu sous peu. Aussi, si tu veux me trouver vivant, aussitôt vue cette lettre, mets-toi en route et viens à Sainte Marie des Anges, car, si tu n'es pas arrivée pour tel jour, tu ne pourras pas me trouver vivant. Apporte avec toi du drap de cilice, pour envelopper mon corps (27), et la cire nécessaire à ma sépulture. Et je te prie encore de m'apporter de ces mets, que tu avais coutume de me donner lorsque j'étais malade à Rome. » Pendant qu'on écrivait cette lettre, il fut révélé par Dieu à saint François que Madame Jacqueline venait à lui, qu'elle était près du Couvent, et qu'elle apportait avec elle toutes ces choses qu'il lui faisait demander par lettre. Ce pourquoi, ayant eu cette révélation, saint François dit au frère qui écrivait la lettre, de ne pas écrire davantage, car ce n'était pas nécessaire, mais de laisser là son papier. Les frères s'étonnèrent beaucoup de ce qu'il n'achevait pas la lettre et ne voulait pas qu'on l'envoyât. Et après un moment ainsi passé, on frappa fortement à la porte du couvent, et saint François envoya le portier ouvrir; il ouvrit la porte: c'était Madame Jacqueline, très noble dame de Rome avec ses deux fils (28) sénateurs et avec grande compagnie d'hommes à cheval. Ils entrent donc, et Madame Jacqueline s'en va droit à l'infirmerie et se rend auprès de saint François: de son arrivée, saint François eut très grande allégresse et consolation, et elle de même, en le voyant vivant et en lui parlant. Alors elle lui fit connaître comment Dieu lui avait révélé à Rome (29), alors qu'elle était en prière, la fin prochaine de sa vie, et comment il devait envoyer la chercher et lui demander ces choses qu'elle avait, disait-elle, toutes apportées; et elle les lui fit remettre et lui en donna à manger (30). Après qu'il eut mangé et qu'il en eut été très réconforté, cette Madame Jacqueline s'agenouille aux pieds de saint François, et prend ces pieds très saints, marqués et ornés des plaies du Christ; et elle les baisait et les baignait de ses larmes avec une si grande dévotion, qu'il paraissait, à proprement parler, aux frères qui étaient présents, voir la Magdeleine aux pieds de Jésus-Christ, et ils ne pouvaient, par aucun moyen, l'en détacher. Finalement, après un long temps, ils l'éloignèrent de là, la prirent à part, et lui demandèrent comment elle était arrivée si à propos et ainsi pourvue de toutes les choses qui étaient nécessaires à la vie et à la sépulture de saint François. Madame Jacqueline répondit que, comme une nuit elle était en prière à Rome, elle entendit une voix du ciel qui lui disait: « Si tu veux trouver saint François vivant, va sans retard à Assise et apporte avec toi ces choses que tu avais coutume de lui donner quand il était malade et ce dont on aura besoin pour sa sépulture. » Et elle dit : « J'ai ainsi fait ». Madame Jacqueline resta donc là jusqu'à ce que saint François passât de cette vie et qu'il eût été enseveli; et elle fit à sa sépulture très grand honneur avec toute sa compagnie, et elle fit toute la dépense de ce qui était nécessaire. Puis elle retourna à Rome, où, à peu de temps de là, cette sainte dame mourut saintement (31) ; et, par dévotion à saint François, elle voulut, ce qu'elle demanda par acte de dernière volonté, être transportée et ensevelie à Sainte-Marie des Anges (32) ; et il en fut ainsi. A la mort de saint François, non seulement ladite Madame Jacqueline et ses fils et sa compagnie virent et baisèrent ses glorieux Stigmates, mais aussi beaucoup de citoyens d'Assise. Parmi eux, il y avait un chevalier de grand renom, un homme éminent, qui s'appelait Messire Jérôme: il en doutait beaucoup et était incrédule à leur sujet, comme saint Thomas Apôtre au sujet de ceux du Christ (33). Pour s'en assurer, lui et les autres, il faisait mouvoir hardiment, devant les frères et les séculiers, les clous des mains et des pieds et il palpait ouvertement la plaie du côté. Ce pourquoi, il fut ensuite un témoin irrécusable de leur réalité, jurant sur le Livre (34) qu'il en était ainsi et qu'ainsi il avait vu et touché (35). Sainte Claire et ses moniales, qui furent présentes aux obsèques de saint François (36), virent aussi et baisèrent ses glorieux Stigmates. Le glorieux confesseur du Christ Messire saint François passa de cette vie l'an du Seigneur 1226, le quatrième jour d'octobre (37), un samedi, et il fut enseveli le dimanche. Cette année était la vingtième de sa conversion, c'est-à-dire depuis qu'il avait commencé à faire pénitence; et c'était la seconde année depuis l'impression des Stigmates; il était dans ses Quarante-cinq ans depuis sa naissance. Saint François fut ensuite canonisé par le pape Grégoire IX, qui vint en personne le canoniser . A la louange du Christ. Amen.
Et que cela suffise pour la quatrième considération.
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Le 30 septembre 1224. - Ce titre est incomplet et ne se rapporte, comme on va s'en rendre compte, qu'à la première partie du récit. 2. Trois points seulement de l'itinéraire suivi par saint François vont être indiqués avec précision: Borgo San Sepolcro, Monte Casale et Città di Castello. La tradition y ajoute le mont Casella, Monte Acuto et Anghiari; cf. P.S. Mencherini, Guida..., p. 314 et s. A ce propos, Paul Sabatier remarque: Ce chemin pour aller de l'Alverne à Borgo San Sepolcro est loin d'être le plus court ou le plus facile, mais au lieu de gagner immédiatement la plaine on reste encore de longues heures sur les cimes. Tout François n'est-il pas dans ce choix ? " Vie de S. François d'Assise, Paris, 1894, p. 343, n. I. 3. Cf. saint Bonaventure (LM 13 5) où l'on retrouve les mêmes idées. La phrase par laquelle commence la Quatrième Considération : " Après que le véritable amour du Christ eut parfaitement transformé... " est presque littéralement traduite de ce passage de saint Bonaventure, qui s'est inspiré de la II’Epître aux Corinthiens 3 18. 4. Ce miracle est rapporté par Thomas de Celano plus brièvement, mais comme ayant eu lieu dans le diocèse de Rieti (3 C 174) l'erreur s'explique facilement . Reatinus, de Rieti; Aretinus, d'Arezzo. 5. Le fait est raconté, sans indication de temps. par Thomas de Celano (2 C 98) ; mais la mention de l'âne et de l'hôpital des lépreux, ainsi que l'expression caelestium contemplator, se retrouvent dans son récit ; Celano ajoute que l'on coupait des morceaux de la tunique du Saint. 6. Thomas de Celano rapporte ce miracle (I C 68) mais sans indication ni de temps, ni de lieu; il ne fait non plus aucune allusion à la bouchée de pain; ce dernier détail se trouve dans saint Bonaventure (LM 12 11). 7. Le fait est raconté un peu différemment par Thomas de Celano (I C 63) ; le lieu est le même; le temps n'est pas indiqué; il s'agit d'un cheval et non d'un âne; mais l'auteur des Considérations avait manifestement Celano sous les yeux, car il termine son récit en des termes identiques : « quae incontinenti, remoto periculo, cum gaudio peperit et salute ». Cf. saint Bonaventure (LM 12 11). 8. Mêmes observations; Celano (I C 70) indique, comme l'auteur des Considérations, que les habitants de Città di Castello demandaient la délivrance de la femme parce qu'elle les troublait; « illos turbaverat barriendo ». Il nous reste l'impression, un peu fâcheuse, que ces braves gens pensaient beaucoup plus à eux-mêmes qu'à la possédée. Cf. saint Bonaventure (LM 12 10). 9. Ce récit et même plusieurs des expressions employées sont empruntées à saint Bonaventure (LM 13 7). Une curieuse remarque cependant. Alors que nous lisons ici: " sa main embrasée et transpercée par le feu du Séraphin », saint Bonaventure avait écrit: « manus... quae seraphici ca/cu/i gerebat incendium ». L'auteur des Considérations a laissé tomber le mot ca/cu/us, charbon. Ne s'est-il pas aperçu de l’allusion à Isaïe 6 6 ? 10. Cette vision de frère Léon est empruntée aux Actus 37 5-7 ; mais elle y est racontée sans aucune indication ni de temps, ni de lieu. 11. Frère Léon était le confesseur de saint François. 12. Ce récit se retrouve dans la Vie de frére Léon, insérée dans la Chronique des XXIV Généraux. AF, t. III, p. 68, mais sans la remarque finale. Le texte de la Vie de frère Léon, quoique plus court, est beaucoup plus clair. On y lit, en effet : "...maxime quia in saeculo [beatus FranciscusI fuerat va de iucundus et inter ascivos iuvenes enutritus ", ce qui est une allusion évidente au fameux début de la Première Légende de Thomas de Celano, 1-3, et aux controverses que ce texte avait suscitées (et qu'il suscite encore). L'auteur réfute l'interprétation, défavorable à la pureté de saint François, qui en avait été tirée. Cf. 2 C 3, et surtout saint Bonaventure (LM 1 I) : « ...nec inter ascivos iuvenes, quamvis effusus ad gaudia, post carnis petuantiam abiit, nec... " 13. Rien ne saurait mieux montrer que cet épisode combien on aurait tort de se fier à la chronologie de l'auteur des Considérations: elle est fantaisiste. Les faits qu'il rapporte ici sont exacts, mais ils n'ont aucune relation avec les Stigmates; ils leur sont bien antérieurs et datent très probablement du Chapitre de la Saint-Michel 1220. En tout cas, Pierre de Catane mourut le 10 mars 1221 ; il fut remplacé par le célèbre frère Elie. Cf. LP 105; 2 C 143. Il semblerait de plus que Pierre de Catane fut bien Ministre général et non pas seulement Vicaire général; voir, sur /a question, P. Gratien, O.M. Cap., Histoire de /a Fondation et de l'Evolution des Frères Mineurs au XIII' siècle, Paris, 1928, p. 19, n. 23. 14. Comme la prière qui précède se trouve, presque textuellement, dans la Seconde Légende, on voit que /'auteur des Considérations complète le texte de Thomas de Celano et même le corrige; ses corrections ne sont pas toujours heureuses. 15. Cf. Thomas de Celano (2 C 138) ; saint Bonaventure (LM 13 8) : " ...ires veloci coniaciu digiios applicans, ...vulneris quantitatem agnovit. " D'après la Chronique des XXIV Généraux. ce frère se serait appelè lohannes de Laudibus ; il était de belle prestance. " corpore fortissimus ". t. III. p. 225-226. 16. Cf. Thomas de Celano (I C 95) ; saint Bonaventure (LM 13 8). 17. La source de ce chapitre se trouve dans les Actus. 34, où les trois manières dont frère Rufin vit les Stigmates sont indiquées dans le même ordre. Pour la seconde manière, voir Celano (I C 95), où frère Rufin est nommé (2 C 138) et saint Bonaventure (LM 13 8), où il ne l'est pas. L'auteur des Considérations laisse entendre clairement que le geste de frère Rufin fut volontaire; Celano et saint Bonaventure disent le contraire; saint Bonaventure en particulier est formel: « ...manu casualiter vulneri sacro illapsa... » 18. Cf. Thomas de Celano (2 C 135-138) ; saint Bonaventure (LM 138). 19. Cf. saint Bonaventure, ibid. ; les noms de ces cardinaux sont donnés dans Wadding, Annales Minorum, année 1228, n. 78. 20. Cf. saint Bonaventure, ibid., qui dit expressément qu'il assistait à ce sermon; il s'agit d'Alexandre IV, pape de 1254 à 1261 ; mais l'auteur des Considérations se trompe en disant que Bonaventure était cardinal; il ne le devint qu'en 1273. 21. L'épisode qui va suivre, de la visite de « frère Jacqueline » à saint Francois mourant, est un des plus célèbres de l'histoire du Saint, par les polémiques auxquelles il a donné lieu. Au temps où il n'était connu que par la Quatrième Considération, par les AcCus, 18, et par le Speculum perfectionis, 102, plusieurs écrivains de l'Ordre en révoquaient en doute l'authenticité. Il leur paraissait invraisemblable que saint François ait permis à une femme, si pieuse et si noble fût-elle, de pénétrer dans la clôture et d'approcher de son lit de mort. Ils en étaient choqués. Papini, Général des Conventuels, traitait de « profanatori delle glorie paterne " ceux qui faisaient trop bon accueil à une pareille historiette; cf. Paul Sabatier, Speculum perfectionis, étude du chapitre CXII. p.273 et s. Sabatier trouva une confirmation du récit dans le De laudibus Beati Francisci de Bernard de Besse, secrétaire de saint Bonaventure, Analecta Franciscana, t. III, p.687. Mais on pouvait encore épiloguer... Tous les doutes furent levés par la découverte, faite par le P. Van Ortroy, S.J., de la Société des Bollandistes, du Traité des miracles de Thomas de Celano, qu'il publia le premier dans les Analecta Bollandiana, XVIII, 1899, p. 81 et s. Le récit y est, avec ces paroles de saint François qui n'ont pas passé dans la Quatrième Considération: « Benedictus, inquit, Deus, qui dominam Iacobam fratrem nostrum direxit ad nos. Aperite, ait, portas et intrantem eam conducite, quia non est pro fratre Jacoba decrecum de mulieribus observandum " ; (3 C 37-39). Une nouvelle confirmation, s'il en avait été besoin, fut apportée, en 1922, par la Legenda an tiqua de Pérouse, 101. Combien il nous touche aujourd'hui, où nos idées ont beaucoup changé depuis Papini, de voir saint François demander ces mets que Jacqueline lui donnait à Rome quand il était malade! Il nous semble que ce désir d'un mourant - et beaucoup de mourants en ont d'analogues - rapproche de nous le cher Saint, en le faisant participer, à une pareille heure, à notre pauvre faiblesse, humaine... - La meilleure étude sur la noble dame romaine est celle du P. Edouard d'Alençon, O.M. Cap., Frère Jacqueline, recherches historiques sur Jacqueline de Settesoli, l'amie de saint François, 2' éd., Paris, 1927. - Il me semble avoir indiqué une confirmation iconographique, évidemment indirecte et tardive, mais tout de même intéressante, de la présence de Jacqueline près du corps de saint François, dans un tableau du peintre siennois Stefano di Giovanni, Sassetta, exécuté en 1437 pour les Frères Mineurs de Borgo San Sepolcro, et qui est aujourd'hui à la National Gallery de Londres; on en trouvera d'excellentes reproductions aux planches 19 et 20 de l'ouvrage de Bernard Berenson. Un Peintre siennois de la Légende franciscaine. Sassetta, Paris, 1948. Je me permets de renvoyer à la petite note que j'ai publiée sur ce sujet dans les Etudes franciscaines, novembre 1950, p. 329 et s. 22. Les Accus indiquent expressément que ces gens d'armes avaient été placés là par les habitants d'Assise, qui craignaient Que saint François, « Cam carum thesaurum, ne fût enlevé par leurs voisins. 23. Ce frère si prudent est frère Elie, dont le nom est indiqué, à propos de la révélation de Foligno Que va lui rappeler saint François, dans la Première Légende de Thomas de Celano, 109. 24. Voir, à propos de cette dernière révélation, le chapitre 19 des Fioretti et les notes. 25. L 'hôpital des lépreux, des Crucigéres, Qui s'élevait là où se trouve aujourd'hui Casa GuaIdi ; un bas-relief moderne y rappelle cette scène. 26. Le texte de cette bénédiction, cf. Fioretti, 25, est gravé sur la Porta Nuova d'Assise. Une autre version, plus longue, de la bénédiction se trouve dans la legenda antiqua de Pérousse, 99, et dans Spéculum perfectionis, 124. 27. La Legenda antiqua indique qu'avec ce drap les frères firent une tunique dans laquelle saint François fut enseveli; cette tunique est conservée aujourd'hui au Sacro Convento d'Assise. 28. D’aprés la Legenda antiqua. il n'y en aurait eu qu'un: « Domina Jacoba cum filio suo." Le P. Edouard d'Alençon discute assez longuement la question et préfère la version de la Legenda, I. c., p. 32 et s. 29. Sur Son palais, au Septizonium, voir P. Edouard d'Alençon I. c., p. 10 et s. 30. Nous trouvons ici de curieuses précisions dans la Legenda antiqua ; il s'agissait du gâteau « que les Romains appellent mortairol ) ; il entre dans sa composition « des amandes, du sucre ou du miel et d'autres ingrédients. » C'est une frangipane! Et ce nom viendrait peut-être de celui de la famille Frangipani, à laquelle appartenait la noble dame; cf. P. Edouard d'Alençon, I. c., p.26, n. 3. Jacqueline n'avait apporté que les produits; elle prépara le gâteau à la Portioncule même. Saint François, d'après la Legenda, en mangea peu; mais il pensa que frére Bernard de Quintavalle le goûterait avec plaisir et il le fit appeler; ibid. 107. 31. D'après les Actus, c'est à Assise qu'elle est morte. La date généralement admise, et d'ailleurs trés discutée, est 1239. Elle vivait certainement encore en 1237 ; cf. P. Edouard d'Alençon, I. c., p. 37 et s. 32. Ceci est une erreur. Jacqueline fut ensevelie dans la basilique inférieure de Saint François, où l'on voit toujours sa tombe, dans la nef, à gauche, avec cette inscription: Hic requiescit Jacoba sancta nobisque Romana. 33. Jn 20 24-29. 34. L'Evangile. 35. Ce paragraphe est presque littéralement traduit de saint Bonaventure (LM 15 4), où se trouve l'expression. « movebat cJavos ", ainsi que l'allusion à l'incrédulité de saint Thomas. - L'épisode de Jérôme fait le sujet de la fresque XXII, de Giotto ou de Son école, dans la basilique supérieure d'Assise ; on le retrouve Sur le tableau de Sassetta dont il a été question plus haut, n. 21, p. 225. 36. A Saint.Damien uniquement, par où passa le cortège triomphal qui, au matin du 4 octobre, conduisit le corps de saint François de Sainte-Marie des Anges à Assise, où il fut placé provisoirement dans l'église Saint. Georges; cf. 1 CI 16.117; LP 109 ; Sp 108; LM 155. 37. En réalité, d'après notre manière de compter les jours, le 3, à la tombée de la nuit, alors que la journée liturgique du 4 était commencée. L'auteur traduit saint Bonaventure (LM 15 5) : « quarto nonas octobris, di" sab. bati in s"ro, sepultus in di" dominico ", mais il a laissé tomber les mots in sero, Sur le soir. Le quatrième jour des nones d'octobre est pour nous le 4. 38. |