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VIE DE GEMMA GALGANI
CHAPITRE XXIX.
PRODIGES.
Il n’est pas d'argument plus clair pour établir la sainteté d'un serviteur de Dieu que celui des miracles. Par son moyen, le divin Rédempteur et après lui les Apôtres ont accrédité leur céleste mission dans le monde ; et l'Église se base en définitive sur cette preuve pour décerner à ses héros, sans crainte d'erreur, les honneurs des autels. S'il est vrai que le miracle est le fruit de la foi vive avec laquelle nous le demandons à Dieu, spécialement par l'intercession des saints, et si de toutes parts, comme nous l'avons vu, les fidèles choisissent avec une foi aussi ardente que justifiée la séraphique vierge de Lucques pour leur avocate près de Dieu, le nombre des prodiges obtenus par sa médiation doit être grand ; et il l'est en effet.
Mon intention n'est pas de les mentionner tous ; il faut attendre que les témoins les aient certifiés sous serment dans les procès canoniques institués depuis trois ans par la curie archiépicospale de Lucques, en vue de la béatification de la servante de Dieu (1). La relation de quelques-uns, dont j'ai pu contrôler les détails avec certitude auprès des personnes les plus dignes de foi, suffira pour en donner un aperçu général. Il va sans dire que je laisse à l'autorité ecclésiastique, seule compétente en cette matière, le soin de décider si ces faits extraordinaires constituent de vrais miracles ou de simples grâces.
Philomène Bini, de Pise, âgée de soixante-douze ans, souffrait depuis longtemps de digestions pénibles et mauvaises. Le désordre de l'estomac s'aggrava, les dix-sept derniers mois, au point de rendre la nutrition presque impossible par l'extrême difficulté de l'ingestion. Des acides infects, des humeurs noires et purulentes s'écoulaient par la bouche, et l'inflammation des entrailles occasionnait des douleurs atroces. Le docteur Acone, qui la soigna le premier à Bagni di Lucca, diagnostiqua sans hésiter un ulcère cancéreux du pylore, et ordonna quelques remèdes dont l'effet fut nul. Un médecin homéopathe confirma, peu après, ce diagnostic et essaya, vainement aussi, d'une médication différente.
La malade, rentrée à Lucques, eut alors recours à la science d'un clinicien renommé de la ville, le Docteur Delprete, qui, à son tour, la reconnut atteinte au pylore d'un ulcère cancéreux de forme ronde, présentant tous les symptômes graves d'un état très avancé de dénutrition complète, hyperesthésie épigastrique, constipation opiniâtre, resserrement du pylore avec crises périodiques irrégulières, vomissement purulent et gastralgie. De plus, il découvrit dans l'hypocondre gauche un corps globuleux et dur qui paraissait adhérer à la grande courbe de l'estomac ; c'était, assura-t-il, un carcimone ou tumeur cancéreuse prenant naissance au côté gauche du foie. Plutôt pour atténuer les horribles douleurs de la patiente, que dans l'espoir de la guérir, il prescrivit quelques médicaments ; mais bientôt ce médecin consciencieux et chrétien déclara sans ambages qu'il perdrait son temps à soigner un mal si grave et si avancé dans une femme d'un tel âge, et, après avoir exhorté toute la famille à la résignation, il se retira pour ne plus revenir. L'état de la malade empira pendant six mois encore, au bout desquels le curé de la paroisse, qui venait chaque jour relever son courage, lui administra les derniers sacrements.
L'issue fatale approchait, lorsque une pieuse dame de la ville se sentit inspirée de recourir à l'intercession de Gemma. Elle se pourvoit d'une de ses reliques, court à la chambre de la moribonde, fait agenouiller tout le monde, récite quelques prières à la Sainte Trinité, en l'honneur de la servante de Dieu, et applique la relique sur le siège du mal. Ô merveille ! À ce contact, la pauvre infirme, que de terribles douleurs empêchaient depuis si longtemps de fermer les yeux, s'endort pour toute la nuit d'un paisible sommeil. À son réveil, tout symptôme du mal qui la torturait depuis cinq ans a disparu, et elle se sent parfaitement guérie. Dans la journée, elle mange abondamment, à quatre différentes reprises, du pain, de la viande, des œufs, des biscuits et du lait.
Quelle ne fut point la stupeur du docteur Delprete, lorsqu'il vit arriver chez lui, pleine de santé et de force, une personne qu'il pensait déjà morte. N'en croyant pas ses yeux, il veut l'examiner aux rayons électriques ; il regarde, regarde encore : plus d'ulcère au pylore, mais seulement une petite tache qui en indique la place ; le carcinome est desséché, et le foie parfaitement normal. Saisi d'une émotion profonde, l'éminent praticien s'écrie : « Vous avez été l'objet d'un miracle de Dieu. »
Trois ans se sont écoulés depuis cette guérison, et Philomène Bini continue de jouir d'une belle santé, qu'elle ne connaissait plus depuis sa jeunesse.
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Marie Menicucci, de Vitorchiano, dans la province de Rome, souffrait au genou droit de douleurs aigües, attribuées d'abord à un rhumatisme. Les onguents, les cataplasmes et les bains dans les meilleures eaux thermales d'Italie restant impuissants à la guérir, elle consulta des chirurgiens distingués, qui la trouvèrent atteinte d'un mal bien autrement grave d'une synovite tuberculeuse profonde et très avancée. Cette affection, dont les seules énergies de la nature ne peuvent arrêter les ravages, nécessite une opération chirurgicale très délicate ; ou, si l'os n'est pas trop altéré, des injections hypodermiques bien conduites. Encore n'obtiendra-t-on qu'une guérison partielle, car les mouvements de l'articulation resteront toujours plus ou moins entravés, si non complètement abolis.
Au mois de mai 1907, Marie Menicucci, alors chez des parents de Pistoie, fut examinée par le docteur Chelucci qui confirma le diagnostic des chirurgiens et conseilla l'opération. Le cas paraissait autrement désespéré l'opération ou un miracle. En ce temps déjà, le nom de Gemma de Lucques volait sur toutes les lèvres. « Est-ce que cette nouvelle servante de Dieu, se dit la patiente, ne pourrait pas m'obtenir un miracle ? » Et sans retard, elle se procure une de ses reliques, l'applique au genou malade et commence une neuvaine. Le neuvième jour, elle enlève le pansement et n'aperçoit plus trace de mal. Le docteur Chelucci, ayant constaté la guérison, délivre un certificat dans lequel, après avoir établi qu'il s'agissait bien d'une synovite tuberculeuse du genou, il fait la franche déclaration suivante : « Madame Menicucci Marie, soigneusement examinée par moi, se trouve aujourd'hui dans de parfaites conditions de santé. (2) »
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La révérende Mère Marie-Françoise Foglia, religieuse clarisse du monastère de Lovere, raconte le fait suivant : « Une de mes sœurs... en allant à la rencontre de son fils fut heurtée par une bicyclette qui la jeta évanouie sur un trottoir. Transportée dans sa maison elle ressentit, à la reprise de ses sens, de fortes douleurs à l'estomac et constata des contusions à la tête et aux bras. Elle fut obligée de garder le lit pendant de longs jours. Dès qu'elle put se lever, elle crut à une guérison prochaine, mais après quelques jours les douleurs les plus violentes la reprirent aux poumons et à la tête, au point de lui faire redouter la folie ; par moments elle était inconsciente de ses actes. En outre une puanteur nauséabonde qui lui sortait du nez laissait soupçonner la formation de quelque abcès dans la tête. Les médecins eux-mêmes ne savaient que penser. »
« Tel était l'état de santé de ma sœur lorsqu'on me fit connaître la Servante de Dieu, Gemma Galgani. Je sentis une forte inspiration de lui faire une neuvaine, en même temps qu'une grande confiance. J'envoyai son image à ma sœur en la priant de s'unir avec toute la famille aux prières de la neuvaine et en l'excitant à se confier en son intercession avec une foi vive. Oh ! comme l'aimable et vénérée Gemma a été prompte à consoler nos cœurs ! Ma sœur m'écrit en effet qu'elle a obtenu la grâce complète ; et non seulement sa santé est bonne, mais elle se trouve, dit-elle, en état de supporter des fatigues qui avaient toujours été au-dessus de ses forces. Dans ma reconnaissance je remplis ma promesse de le faire savoir à votre Révérence. »
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Un jeune prêtre de Lucques, Don Guillaume Melani, très dévôt à Gemma, qu'il avait eu l'occasion de voir plus d'une fois, étant simple clerc, dans l'église de la Rosa, fut atteint en mai 1907 d'une broncho-pneumonie compliquée de pleurésie. Complexion très délicate, poitrine affaiblie par une grave anémie, il fut bientôt réduit à toute extrémité. Les fidèles du voisinage, attristés de la perte imminente du digne ecclésiastique, demandaient au ciel avec ferveur sa guérison par l'intercession de la vierge Gemma. Lui-même, s'unissant à leurs prières, plaça sur sa poitrine une de ses reliques. La grâce ne se fit pas attendre en quelques jours, le jeune prêtre était rétabli et même, de son propre aveu, mieux portant qu'avant sa maladie.
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Dans la même ville dc Lucques, une pieuse dame, dont je dois taire le nom, était affligée, près de la tempe gauche, d'une tumeur maligne présentant tous les caractères d'un cancer. Les médecins craignaient donc de se trouver en présence du terrible mal que l'on ne traite que par l'extirpation. L'aggravation rapide de son état plongeait la patiente dans la consternation. Heureusement, elle eut recours à la puissante médiation de Gemma qu'elle avait bien connue durant sa vie, et appliqua son image sur la partie malade, sans plus se soucier des remèdes prescrits par la Faculté. En peu de jours, la tumeur avait disparu, et la bonne dame en remercie encore le Seigneur et Gemma, sa sainte protectrice.
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Monsieur l'abbé Gobetti Luigi souffrait depuis quatre ans d'une, périostite au pied. Il entreprit une neuvaine en l'honneur de la Servante de Dieu, puis une seconde, au bout de laquelle il se trouva radicalement guéri. « La plaie s'était fermée, dit-il, et toute douleur avait disparu. »
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Un maçon, occupé à son travail, heurta de la jambe gauche contre un clou rouillé qui lui fit une profonde blessure. Après six semaines de soins inutiles il reprit son travail. Mais la plaie s'envenimant de plus en plus, le pauvre ouvrier se vit contraint, au bout d'un an et demi, d'entrer à l'hôpital. Il en sortit à peu près guéri, pensait-il. L'illusion fut de courte durée, car bientôt sa jambe se trouva dans un état pire que jamais. Il travailla néanmoins encore, jusqu'à ce qu'enfin l'irritation toujours croissante de la plaie fit redouter la gangrène.
Sujet à de fréquents accès de fièvre et complètement privé d'appétit, il résolut de retourner à l'hôpital. Cette détermination parvint à la connaissance de sa soeur, Béatrix Gatti, religieuse d'un couvent de Milan, au moment où on lisait à la communauté la biographie de Gemma. La sœur se sentit aussitôt inspirée de commencer une neuvaine en l'honneur de la Servante de Dieu pour la guérison de son frère. Elle la termina le 1er mai 1909. « Le 14 de ce mois, raconte-t-elle, alors que je croyais mon frère à l'hôpital, il vint m'annoncer sa guérison, survenue depuis quelques jours. À ma demande d'explications, il répondit que pendant qu'il travaillait, avec la triste pensée d'avoir à rentrer à l'hôpital sans espoir de guérison, il avait senti sa jambe de pesante devenir légère. Quelle n'avait pas été sa stupéfaction, en l'examinant, de la trouver guérie et sans aucune trace de mal. Et cependant, la plaie était assez grande pour recevoir facilement une pièce de cinq francs ; et quelques jours auparavant, à la suite d'un effort, elle avait dégorgé taut de sang que mon frère avait dû, à plusieurs reprises, ôter sa chaussure qui s'en inondait. Aujourd'hui il va bien et continue son pénible travail. »
« Le 2 janvier 1909, écrit la même religieuse, mon beau-frère, âgé de 58 ans, était porté à l'hôpital, atteint d'une forte pneumonie et d'inflammation intestinale compliquée d'un peu de néphrite. Après la troisième semaine le péril avait disparu ; mais le mal, au dire des médecins, passait à l'état chronique avec symptômes de tuberculose apparente. Pendant quatre mois mon beau-frère ne fit que quitter et reprendre le lit, dépérissant de jour en jour. Je le recommandai à la vierge Gemma. Peu de jours après, j'apprenais de sa propre bouche qu'il se portait bien, mieux même qu'auparavant, et qu'il avait déjà repris son travail. »
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Mademoiselle Céline Cluzet, de Oyeu, diocèse de Grenoble (France), écrit le Révérend Père Roger, capucin, dépérissait, consumée par une phtisie pulmonaire arrivée au dernier degré, et que nul remède n'avait pu enrayer. Les médecins abandonnèrent la malade, après avoir déclaré qu'il n'y avait rien à faire, des organes vitaux étant détruits. Je lui conseillai alors une neuvaine à Gemma Galgani avec la promesse d'une offrande de vingt francs, et je lui envoyai une relique de la servante de Dieu pour qu'elle l'appliquât sur sa poitrine. Le dernier jour de la neuvaine, la malade se sentit renaître ; elle éprouvait une grande amélioration qui lui permit de se mettre au travail, chose qu'elle n'avait point faite depuis cinq ans.
Bien que la guérison ne soit pas complète, l'amélioration se maintient depuis huit mois et la personne privilégiée continue de travailler, en rendant grâces à Dieu et à sa servante, Gemma Galgani.
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Depuis dix mois Isolina Serafini, de Vicopelago près de Lucques, se tordait nuit et jour dans d'indicibles souffrances provoquées par une méningite cérébrale aigüe. Aucun remède ne lui apportait le moindre soulagement. Elle sentait, disait-elle, son cerveau bouillir comme sous des charbons ardents, et toute la tête était paralysée. C'est en vain que la malheureuse demandait au sommeil un peu de répit depuis le début de la maladie, décembre 1906, jusqu'au commencement d'octobre 1907, elle n'avait jamais pu reposer plus d'une heure par jour. Enfin, à bout de forces, elle eut l'inspiration d'implorer de Gemma sa guérison « Faites-moi cette grâce, lui dit-elle avec une foi vive, j'y verrai un signe certain que vous êtes au nombre des élus et une vraie sainte, et je vous promets de la publier sans retard. » Après cette invocation, la malade se met au lit et s'endort aussitôt la douleur avait disparu à l'instant même avec toute trace de la longue et cruelle méningite. Depuis ce jour, 10 octobre 1907, elle n'a plus souffert de la tête, et ses nuits sont excellentes. « Telle est la pure vérité, atteste-t-elle dans un certificat ; je l'affirme avec serment. moi, Isolina Serafini. »
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Le chanoine théologal, Don Francesco Tonelli, écrit de Mondovi qu'un professeur avait une enfant, du nom d'Amalia, atteinte de diphtérie. Plusieurs médecins lui donnaient leurs soins. Un matin, le père, désolé à la vue du misérable état de sa fille, quitte brusquement son chevet et court prier un ecclésiastique de dire une messe pour elle. Le prêtre invoque spécialement la protection de Gemma, et, tandis qu'il célèbre, l'un des docteurs assidus près de l'enfant s'écrie émerveillé : « Amalia est sauvée ; » et Amalia est subitement rendue à la joie de ses parents.
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Une personne, qui veut garder l'anonymat, m'adresse ces lignes : « J'ai supplié Gemma de me guérir d'un mal bien ennuyeux aux yeux et au nez. À peine invoquée, cette belle âme m'a obtenu la grâce. Je lui avais promis, si elle m'exauçait, de vous l'annoncer ; je le fais aujourd'hui, et de bon cœur. »
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De Catanzaro, en Calabre, je reçois cette lettre signée de monsieur l'abbé Félice Antonio Gentile : « La dévotion des fidèles de cette ville pour Gemma est d'une vivacité indescriptible. Un très grand nombre ont eu déjà recours à son intercession, et avec succès. Je ne vous mentionne, pour le moment, que le fait suivant : En mars 1909, la Sœur Genoveffa Berardi, supérieure de l'hôpital civil dont je suis aumônier, tombait si malheureusement qu'elle se cassait le bras gauche. D'après la déclaration du docteur, la fracture, très grave, devait exiger un traitement de plus de trois mois. Me trouvant en possession d'une relique de Gemma, je la fis appliquer sur le bras brisé. À son retour, le médecin voulut par curiosité défaire le bandage ; or il constata, à sa grande stupeur, que le bras était parfaitement guéri. »
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« Pour la plus grande gloire de Dieu et de sa servante Gemma, écrit-on du monastère des Sœurs Crucifiées de St. Georges, près de Cremano (province de Naples), je vous rapporte le miracle suivant, survenu le 21 mars 1909 : Depuis six mois je souffrais beaucoup, surtout de l'estomac ; mais à partir de janvier mon état s'aggrava au point que je ne supportais plus de nourriture ; à des vomissements continuels s'ajoutèrent une angoisse et de telles palpitations de cœur que je sentais la vie me manquer. Je ne croyais plus la mort éloignée. Le 21 mars, réduite au plus mal, je demandai un prêtre. Providentiellement, le très révérend Père Bernardo Atona de Sarno arriva ce jour-là au monastère ; on le fit monter à ma chambre. Il m'encouragea beaucoup et me dit, si je voulais guérir, d'avoir confiance dans la relique de Gemma. Puis il l'appuya sur mon estomac, et nous priâmes ensemble. À l'instant même, je me sentis revenir de la mort à la vie, l'angoisse disparut, le vomissement cessa, le cœur reprit son calme, et depuis lors je n'ai plus connu ces souffrances. »
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On me transmet de Chiaramonte-Golfi, en Sicile, le certificat médical suivant : « Je, soussigné, docteur Ignazio Jannizzoto, certifie avoir visité dans la première semaine du mois courant la sœur Christine Rosso, du couvent de sainte Thérèse, et l'avoir trouvée affectée d'athérome artériel avec pouls intermittent, et d'œdème des articulations inférieures avec plaie étendue, d'environ dix centimètres, provenant d'ulcération de varices à la jambe gauche. La malade accusait de la somnolence et de la dyspnée à chaque mouvement. Tant à cause de la faiblesse cardiaque de la sœur Christine que de son grand âge, 96 ans, mon pronostic fut réservé. Cependant, je suis en mesure d'attester que dans une période de vingt jours la malade s'est rétablie ; la plaie même de la jambe gauche s'est complètement cicatrisée, contre toutes mes prévisions. En foi de quoi, et sur la demande de sœur Christine Rosso, je viens de délivrer le présent certificat. – Chiaramonte - Golfi, 31 mars 1909. Docteur Ignazio Jannizzoto. »
Je connaissais l'état sans espoir de la vieille prieure. Sur les prières urgentes de ses Sœurs, je lui avais même obtenu et envoyé par télégramme la bénédiction du Saint Père in articulo mantis. Depuis sa prodigieuse guérison, sollicitée de la séraphique vierge de Lucques, elle continue de se bien porter, en dépit de ses 96 ans.
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Monsieur l'abbé Gencsio Romanzini écrit de Pise qu'un de ses amis, Vespasiano Lepri, jeune homme de dix-huit ans, fut frappé de pneumonie aigûe, compliquée d'inflammation intestinale. Les docteurs, très incertains du dénoûment, lui maintenaient la vie par la respiration artificielle. Dans cette extrémité, le malade, sa mère, sa sœur et d'autres personnes pieuses invoquèrent avec confiance le secours de Gemma. Tout danger disparut soudain, et en quelques jours le jeune homme se rétablit parfaitement.
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À Saint-Jean Incarico, une jeune fille de quinze ans, Angiolina Pansera, souffrait depuis trois mois de troubles constitutionnels. Un pharmacien expérimenté lui conseilla des pilules de sulfate de strychnine, au millième. Par un étrange caprice, la jeune fille en prit quinze à la fois, absorbant ainsi un centigramme et demi du redoutable poison. Trois heures après, d'alarmants symptômes se manifestent : tremblements, contorsions, impossibilité de se tenir debout. On appelle le pharmacien, qui trouve le cas très grave et fait chercher un médecin. Le docteur Santaro, accouru aussitôt, exprime d'autant plus les mêmes craintes qu'il s'était écoulé trop de temps depuis l'absorption du poison. Il essaye cependant de provoquer un vomissement, en administrant à la jeune fille jusqu'à dix verres d'eau chaude, mais sans y réussir, et il assiste, impuissant, aux progrès de l'empoisonnement. La mère, désespérant du côté de la terre, court chercher une image de Gemma et, en présence du docteur et du pharmacien, la donne à son enfant qui la baise avec amour et la presse sur sa poitrine. À l'instant même, alors que tous s'attendaient à une catastrophe imminente, le tremblement des jambes et des mains cesse avec tout indice inquiétant, et le docteur et le pharmacien, comme les autres personnes présentes, demeurent abasourdis de l'instantanéité de l'heureux dénoûment. La jeune fille ne s'est plus ressentie de son empoisonnement.
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Dans la cité de Mondovi, une dame, à la suite d'une importante opération chirurgicale, se plaignait de vives douleurs de tête. La seule application d'une image de Gemma l'en a délivrée sur-le-champ et pour toujours.
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La sœur de madame Marguerite von Borcke, de Francfort-sur-l'Oder, était atteinte d'un cancer mortel. Elle eut recours à l'intercession de Gemma, en plaçant sa relique sur le bras malade. Au même instant cessèrent les atroces douleurs occasionnées par le cancer, et bien que la guérison du terrible mal n'eût pas été obtenue, elle ne les éprouva plus jusqu'à sa mort.
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À Rome, mademoiselle Élise, de la famille des barons Majo, âgée de quatorze ans, était atteinte d'anémie grave et de douleurs à l'articulation du fémur droit, cause d'une claudication prononcée. Le médecin, très inquiet, redoutait une arthrite tuberculeuse, et pratiquait les injections indiquées en pareil cas, sans obtenir d'ailleurs d'amélioration. La mère eut heureusement la pensée de recourir à l'intercession de Gemma, et attacha une de ses reliques au cou de son enfant. Au même instant la douleur disparut, et depuis, la jeune fille, parfaitement libre de ses mouvements, peut faire, sans fatigue, de longues promenades.
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Dans la même ville, une fillette de cinq ans, Maria Ciccarone tomba gravement malade. Deux médecins, en présence de symptômes très complexes, ne purent établir de diagnostic précis, et avertirent simplement les parents que leur enfant se trouvait en danger. Ceux-ci, à cette annonce, se tournent, éplorés, vers la vierge de Lucques, et placent son image sous l'oreiller de la petite malade. Subitement l'amélioration se déclare, le péril cesse et, en peu de temps, l'enfant a recouvré une santé parfaite.
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Un ingénieur de Faënza, Annibal Metelli, avait une fillette affligée depuis sa naissance, d'une fistule lacrymale dégorgeant jour et nuit, sans discontinuer, un liquide purulent. Il fallait à tout instant, mais surtout le matin, nettoyer l'œil et le désinfecter à l'acide borique. Un spécialiste de Florence, d'accord avec le médecin de la famille, déclara aux parents que la guérison surviendrait probablement avec le développement de l'enfant, âgée seulement de vingt-deux mois, ou qu'on pourrait tenter alors une opération. La mère, bien faiblement consolée, met tout son espoir en Gemma, dont elle avait entendu exalter la puissante médiation, et promet, si un miracle est obtenu, de le publier pour la gloire de Dieu. C'était un soir d'octobre 1908 ; l'état de la fistule paraissait aggravé. Le lendemain matin, en se hâtant d'aller revoir son enfant, la mère demande à la servante si elle a donné à l'œil les soins ordinaires de propreté ; sur une réponse négative, elle s'approche et n'aperçoit plus trace de matière purulente ; l'œil est parfaitement net et libre. Grande est sa surprise, non moins que celle du père et surtout du médecin qui, à l'annonce de ce fait extraordinaire, croit d'abord à une plaisanterie. Il se rend auprès de l'enfant, l'examine minutieusement et, reconnaissant une guérison aussi complète qu'instantanée, se déclare prêt à en délivrer un certificat favorable.
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Monsieur Honoré Tiougeot, de Trouhane (Côte-d'Or), écrivait le 11 février 1911 : « J'avais donné à ma belle-fille une relique de Gemma. Son frère, très malade et souffrant beaucoup, lui ayant demandé quelque chose pour le soulager, elle pensa à la relique et la lui mit à l'endroit le plus douloureux de la poitrine, en lui recommandant de prier Gemma de le soulager. Il s'endormit, et dans son rêve ou son délire il vit une étoile brillante d'où partaient des rayons qui venaient se poser sur son mal. En même temps il entendait une mélodie bien plus belle, dit-il, que celles de la terre. En se posant sur son mal, les rayons lumineux lui avaient enlevé toute douleur. » « Maman, dit-il à sa mère en s'éveillant, je ne souffre plus ; je suis guéri c'est Gemma qui m'a guéri. » « Et en témoignage de reconnaissance il récita aussitôt le chapelet en entier. Le malade, que le médecin croyait perdu, est maintenant en pleine convalescence. »
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Le révérend père Barril, missionnaire à Porto-Novo, garantit dans une lettre apostillée par le vicaire apostolique du Dahomey, Monseigneur Steinmetz, l'authenticité des détails que nous donne, sur la prodigieuse guérison dont il a été l'objet, un adolescent de quinze ans, Gaudens Mihami.
« Depuis le mois de février 1908, Gaudens Mihami était atteint d'une maladie d'oreilles qui lui occasionnait des souffrances parfois très vives et qui avait abouti en définitive, d'après la constatation de cinq médecins, à la perforation des deux tympans. Le liquide introduit dans les oreilles ressortait en effet par la bouche et la surdité était complète. On ne pouvait se faire entendre de Gaudens que par signes. L'enfant, de sentiments très chrétiens, eut alors recours aux moyens surnaturels. Nous lui laissons ici la parole, sans rien changer à sa façon de s'exprimer : J'ai fait une neuvaine à la Sainte Vierge, mais ça ne change pas. Alors je suis allé voir révérend Père Barril en lui disant que je suis sourd, comment faire ; et j'ai tout raconté. Il me dit toujours de prier ; je prie ça ne change pas encore. Après, il m'a parlé de Gemma Galgani, de lui faire une neuvaine. Je commence le 1er août 1911, et le soir, après que tout le monde est couché, je m'enferme dans une chambre et je dis un chapelet à genoux ; après je pose l'image (de Gemma) contre les deux oreilles. À la fin de la neuvaine j'entends bien.
Maintenant, quand on essaie de laver les oreilles, l'eau ne passe plus par la bouche. Tout le monde fut fort étonné, car tout le monde me comptait déjà pour un sourd incurable ; parce que le docteur a dit que j'ai les deux tympans perforés. Tout le monde me demande : Enfant, comment as-tu pu guérir, car tu sais ce que le docteur a dit. Avant on te faisait des signes et maintenant on parle et tu entends. - Alors je leur ai montré l'image de Gemma et j'ai raconté comme elle m'avait fait. Tout Porto-Novo me dit aujourd'hui de la remercier beaucoup, parce qu'elle m'a fait beaucoup de bien.
Eh bien, mon révérend Père (3), veuillez m'envoyer, s'il vous plaît, des images, avec prière derrière à réciter matin et soir, pour la remercier perpétuellement.
Je suis votre petit serviteur, obéissant et respectueux.
Gaudens Mihami,
Né à Ouidab, le 30 août 1897, demeurant à Porto-Novo. »
Ces quelques fait prodigieux, choisis entre tant d'autres qui se produisent journellement dans toutes les parties de l'Italie, et jusqu'à l'étranger, suffisent à donner une idée de la puissance, sur le cœur de Dieu, de la séraphique vierge de Lucques ; ils encourageront les fidèles à recourir avec une vive confiance, même dans leurs infirmités corporelles, à la protectrice nouvelle que leur offre le ciel.
Gemma ne reste d'ailleurs indifférente à aucun de nos besoins, comme en font foi de nombreux témoignages, dont je ne mentionne que les suivants.
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Le très révérend Père Provincial de la province mexicaine des Passionistes et un de ses Consulteurs, venus à Rome, voulurent, avant de retourner en Amérique, effectuer un pieux pèlerinage au tombeau de Gemma. Leur dévotion satisfaite, ils se rendirent à Gênes pour s'embarquer à destination de Barcelonne. Surpris, pendant la traversée de la Méditerranée, par une horrible tempête qui dura huit heures, ils se virent soudain sur le point de sombrer. Tous les passagers tremblaient d'effroi et le capitaine, découragé lui-même, ne donnait aucun espoir de salut. Au plus fort de la détresse, les religieux implorent la vierge de Lucques : « Gemma, s'écrient-ils, vous seule pouvez nous sauver, ne trompez pas notre confiance. » La prière est à peine articulée que la mer perd de sa furie et, dans l'espace d'une heure, recouvre tout son calme. Le voyage se continue comme sur un lac paisible, et les passagers parviennent heureusement au port. Aussitôt débarqués, mes confrères s'empressent de m'annoncer la miraculeuse intervention de leur céleste bienfaitrice, formant des vœux para que todos conozcan esta alma candida y la vean pronto sobre los altares. (4)
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Monsieur l'abbé Attilio Crespi, de Legnano, élève de troisième année de Théologie au séminaire de Milan, raconte en ces termes une grâce attribuée à l'intercession de Gemma. « Durant les exercices spirituels qui sont de règle au commencement de l'année ecclésiastique, on m'offrit à lire la vie de Gemma Galgani. Je la reçus avec indifférence et par politesse, convaincu d'y trouver les lieux communs d'extases et de soliloques. Poussé par la curiosité et l'éloge qu'en faisaient mes condisciples, j'entrepris moi aussi de la lire distraitement ; mais plus j'avançais dans la lecture, et plus cette suave figure de jeune fille m'intéressait dans la candeur de sa modestie j'aurais voulu ne voir jamais disparaître cette douce vision. Le charme cessa avec la fin du livre, mais dans mon âme restait le délicat souvenir de Gemma et une ferme confiance en son patronage. Cette année je devais commencer le service militaire, et la pensée d'avoir à quitter le séminaire pour la caserne m'angoissait ; je ne pouvais me résigner à un si brusque changement. Dans un pareil embarras, je résolus d'implorer l'aide de Gemma, et je lui promis, si elle m'obtenait la grâce désirée, de vous l'annoncer, mon révérend Père, et d'offrir cinquante francs pour contribuer aux frais de sa béatification. »
« La grâce est venue et quelle grâce ! Contre l'attente de tout le monde, j'ai été déclaré impropre au service militaire et renvoyé à mon cher séminaire. Mon âme est pleine de joie et de reconnaissance envers Gemma. »
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La mère Romualda de saint Joseph, religieuse Camaldule, m'écrivait dernièrement : « Dès que j'eus reçu les reliques et les images de Gemma, j'en offris à la révérende mère abbesse, qui se trouvait à ce moment dans un grave embarras d'argent. Il lui fallait verser une forte somme qu'elle n'avait point. Elle promit, si la Servante de Dieu la lui procurait, d'envoyer une belle offrande pour la Cause de sa béatification. Deux jours après nous recevions d'une personne charitable juste la somme demandée. La révérende mère s'acquitte de suite de sa promesse, et vous prie de faire recouvrer, pour la destination indiquée, le mandat ci-joint. »
La lettre de la bonne sœur, comme celles de tant d'autres, se termine par cette prière : « Je profite de cette occasion favorable pour supplier chaudement votre Révérence de me recommander à la vierge Gemma : qu'elle m'obtienne toutes les grâces que je désire, et une étincelle du grand incendie d'amour qui embrasait son cœur. (5) »
L'amour divin, telle est bien la grâce des grâces. Si les sociétés sont ébranlées et penchent vers la ruine, c'est que le Bien suprême pour lequel nous sommes créés est peu aimé et d'un trop petit nombre. Séraphique Gemma, obtenez-nous une part des célestes ardeurs qui brûlaient votre poitrine. Nous vous en devrons plus de reconnaissance que de la guérison des plus cruelles maladies corporelles, ou de la délivrance des pires calamités de cette vie terrestre, qui passe comme une ombre et s'évanouira bientôt.
(1) Le procès informatif de béatification de Gemma Galgani est terminé à Lucques, et déjà commencé à Rome à qui il appartient de proclamer Vénérable la Servante de Dieu.
(2) Ce miracle a été l'objet d’un Procès ordinaire près de la curie épiscopale de Bagnorea, au mois d'octobre de l'année 1909.
(3) La relation de cette guérison, ainsi que celle de la précédente, a été envoyee au traducteur français. (Note du traducteur).
(4) Pour que cette belle âme soit connue de tous et reçoive bientôt les honneurs des autels.
(5) L'édition Italienne contient beaucoup d'autres récits de grâces obtenues. Comme elles se ressemblent sur bien des points, nous avons cru pouvoir les retrancher dans cette traduction.