Les vérités fécondes et lumineuses existeraient moins pour le bonheur de l'homme que pour son tourment, si l'attrait qu'il se sent pour elles était un penchant qu'il ne pût jamais satisfaire. Ce serait même une contradiction inexplicable, dans le premier Mobile, auquel tiennent radicalement ces Vérités, qu'ayant voulu les dérober à nos regards, il les eût écrites dans tout ce qui nous environne, ainsi qu'il l'a fait dans la force vivante des éléments ; dans l'ordre et l'harmonie de toutes les actions de l'univers, et plus clairement encore, dans le caractère distinctif qui constitue l'homme.
Il est bien plus conforme aux lois de cette Cause primitive, de penser qu'elle n'a pas multiplié à nos yeux les rayons de sa propre lumière, pour nous en interdire la connaissance et l'usage et que, si elle a placé près de nous et dans nous-mêmes tant d'objets instructifs, c'est pour nous les donner à méditer et à comprendre ; et afin de nous amener, par leur moyen, à des résultats éclatants et généraux, qui pussent calmer nos inquiétudes et nos désirs.
Ces Vérités cesseraient de nous paraître inaccessibles si par des soins attentifs et intelligents, nous savions saisir le fil qui nous est sans cesse présenté ; parce que ce fil, correspondant de la lumière à nous, remplirait alors le principal objet qu'elle se propose, qui est sans doute de nous rapprocher d'elle et de réunir les deux extrêmes.
Pour concourir à un but si important, commençons par dissiper les doutes qui se sont élevés sur la vraie nature de l'homme, parce que c'est de là que doit résulter la connaissance des lois et de la nature des autres Etres.
L'homme ne peut donner l'existence à aucune uvre matérielle, sans y procéder par des actes, qui en sont, pour ainsi dire, les Puissances créatrices, et qui, malgré qu'ils s'opèrent intérieurement et d'une manière invisible, sont néanmoins aussi faciles à distinguer par leur rang successif que par leurs différentes propriétés : par exemple, avant que d'élever un édifice, j'en ai conçu un plan, ou la pensée, j'ai adopté ce plan, et enfin j'ai fait choix des moyens propres à le réaliser.
Il est évident que les facultés invisibles, par lesquelles j'ai eu le pouvoir de produire cette uvre, sont, par leur nature, très supérieures à leur résultat et qu'elles en sont tout à fait indépendantes. Car cet édifice aurait pu ne pas recevoir l'existence sans que les facultés qui me rendaient capable de la lui donner en fussent altérées. Depuis qu'il l'a reçue, elles conservent la même supériorité, puisqu'ayant le pouvoir de le détruire, ne pas le détruire c'est en quelque sorte lui continuer l'existence ; enfin, s'il venait à périr, les facultés que lui ont donné l'Etre resteraient après lui ce qu'elles étaient avant et pendant sa durée.
Non seulement ces facultés sont supérieures à leurs productions, mais je ne puis me dispenser de reconnaître qu'elles sont supérieures et étrangères à mon propre corps, parce qu'elles opèrent dans le calme de tous mes sens, parce que mes sens peuvent bien en être les organes et les ministres, mais non le principe radical et générateur ; parce que mes sens n'agissent que par impulsion, au lieu que mon être intellectuel agit par délibération ; parce que mes facultés intellectuelles ont le pouvoir réel sur mes sens, en ce qu'elles en étendent les forces et l'usage par les différents exercices que ma volonté peut leur imposer ; au lieu que mes sens n'ont qu'un pouvoir passif sur ces facultés, celui de les absorber ; parce qu'enfin, en Géométrie, la précision la plus scrupuleuse et la plus satisfaisante pour les sens, laisse toujours quelque chose à désirer à la pensée, comme dans cette multitude de figures dont nous connaissons les rapports et les relations corporelles ; mais dont les nombres et les rapports vrais sont absolument hors du sensible.
Cette marche des uvres de l'homme doit nous éclairer sur des objets d'un ordre supérieur ; car si nos faits les plus éloignés de la Vie tiennent ainsi leur être de puissances stables et permanentes qui en sont les agents nécessaires, pourrions-nous refuser d'admettre que des résultats matériels plus parfaits, tels que l'existence de la Nature physique générale et particulière, sont également le produit de Puissances supérieures à ces résultats ? Plus une uvre renferme de perfections, plus elle en indique dans son Principe générateur. Pourquoi nous défierions-nous donc de cette idée à la fois simple et vaste, qui nous offre une seule et même loi pour la production des choses, quoiqu'elles en soient toutes distinguées par leur action et par leur caractère fondamental ?
La supériorité des productions de la Nature ne les dispense donc pas d'être le résultat de Puissances ou facultés analogues en essence et en vertu à celles qui se manifestent nécessairement dans l'homme, pour la production de toutes ses uvres. Car, quoique ces uvres ne soient formées que par des transpositions ou modifications, on ne peut se dispenser de les regarder comme des espèces de créations, puisque, par ces divers arrangements et combinaisons de substances matérielles, nous réalisons des objets qui n'existaient auparavant que dans leurs principes.
Si l'édifice universel de la Nature ne peut être que l'uvre visible de facultés antérieures à sa production, nous avons la même certitude de l'existence de ces facultés, que de la réalité de celles qui se manifestent en nous ; et nous pouvons affirmer que les faits de la Nature étant matériels comme les nôtres, quoique d'un ordre supérieur, les organes physiques de la Nature universelle ne doivent pas plus connaître les facultés qui les ont créés et qui les dirigent, que ni nos uvres, ni notre corps ne connaissent celles que nous savons évidemment exister en nous.
De même l'uvre universelle de ces facultés invisibles, leur résultat, la Nature enfin pourrait n'avoir jamais existé, elle pourrait perdre l'existence qu'elle a reçue, sans que les facultés qui l'ont produite, perdissent rien de leur puissance ni de leur indestructibilité, puisqu'elles existent indépendamment des uvres que je produis.
"Arrêtons-nous un moment et lisons, dans l'Univers même, la preuve évidente de l'existence de ces puissances Physiques, Supérieures à la Nature."
"Quel que soit le centre des révolutions des Astres errants, leur loi leur donne à tous une tendance à ce centre commun par lequel ils sont également attirés."
"Cependant nous les voyons conserver leur distance de ce centre, s'en approcher tantôt plus, tantôt moins, selon des lois régulières, et ne jamais le toucher ni s'unir à lui."
"En vain l'on oppose l'attraction mutuelle des Astres planétaires, qui fait que se balançant les uns par les autres, ils se soutiennent matériellement tous par-là à l'attraction centrale ; il resterait toujours à demander pourquoi l'attraction mutuelle et particulière de ces Astres ne les joint pas d'abord les uns aux autres pour les précipiter tous ensuite vers le centre commun de leur attraction générale ; car, si leur balancement et leur soutien dépend de leurs différents aspects et d'une certaine position respective, il est sûr que par leurs mouvements journaliers cette position varie et qu'ainsi depuis longtemps, leur loi d'attraction aurait dû être altérée, de même que le phénomène de permanence qu'on leur attribue."
"On pourrait avoir recours aux Etoiles fixes, qui, malgré l'énorme distance où elles sont des autres Astres, peuvent influer sur eux, les attirer comme ceux-ci attirent leur centre commun, et les soutenir ainsi dans leurs mouvements. Cette idée paraîtrait grande, sage, elle semblerait entrer naturellement dans les lois simples de la saine physique ; mais, dans le vrai, elle ne ferait que reculer la difficulté."
"Quoique les Etoiles fixes paraissent conserver la même position, nous sommes si éloignés d'elles, que nous n'avons sur ce point qu'une science de conjoncture."
"En second lieu, quand il serait vrai qu'elles sont fixes, comme elles le paraissent, on ne pourrait nier, qu'en différents endroits du Ciel, il n'ait paru de nouvelles Etoiles, qui ensuite ont cessé de se montrer ; et je ne cite que celle qui fut remarquée par plusieurs Astronomes en 1572, dans la constellation de Cassiopée ; elle égala d'abord en grandeur la claire de la Lyre, puis Sirius, et devint presque aussi grande que Vénus Périgée, de sorte qu'on la voyait à la vue simple en plein midi. Mais ayant perdu peu à peu sa lumière, on ne la plus revue. D'après d'autres observations, on a présumé qu'elle avait fait des apparitions précédentes, que sa période pourrait être de trois cents et quelques années, et qu'ainsi elle pourrait reparaître sur la fin du dix-neuvième siècle."
"Si nous observons de telles révolutions, de tels changements parmi les Etoiles fixes, on ne peut douter que quelques-unes d'entre elles n'aient un mouvement. Il est certain aussi que la variation d'une seule Etoile doit influer sur la région à laquelle elle appartient et y porter assez de prépondérance pour en déranger l'harmonie locale."
"Si l'harmonie locale peut se déranger dans une des régions des Etoiles fixes, ce dérangement peut s'étendre à toutes leurs régions. Elles pourraient donc cesser de garder constamment leur position respective et céder à la force de l'attraction générale qui, les réunissant comme tous les autres Astres à un centre commun, anéantirait successivement le système de l'Univers."
"On ne voit point arriver de semblables désastres ; et si la Nature s'altère, c'est d'une manière lente, qui laisse toujours un ordre apparent régner devant nos yeux. Il y a donc une force physique invisible, supérieure aux Etoiles fixes, comme celles-ci le sont aux planètes, et qui les soutient dans leur espace, comme elles soutiennent tous les êtres sensibles renfermés dans leur enceinte. Joignant donc cette preuve aux raisons d'analogie que nous avons déjà établies, nous répéterons que l'univers n'existe que par des facultés créatrices, invisibles à la Nature comme les faits matériels de l'homme ne peuvent être produits que par ses facultés invisibles qu'au contraire les facultés créatrices de l'univers ont une existence nécessaire et indépendante de l'univers, comme mes facultés visibles existent nécessairement et indépendamment de mes uvres matérielles."
Tout se réunit ici pour démontrer la supériorité de l'homme, puisqu'il trouve dans ses propres facultés, de quoi s'élever jusqu'à la démonstration du Principe actif et invisible dont l'univers reçoit l'existence et ses lois ; puisque dans les uvres même matérielles qu'il a le pouvoir de produire, il trouve la preuve que son Etre est d'une nature impérissable.
Qu'on n'oppose point à ces réflexions, les actes sensibles et matériels qui sont communs à l'homme et à la bête. En parlant de ses uvres, nous n'avons point eu en vue ces actes de génie et d'intelligence, qui le distingueront toujours par des caractères frappants et par des signes exclusifs.
Cette différence de l'être intellectuel de l'homme d'avec son être sensible ayant été démontrée avec une entière évidence dans l'écrit dont j'ai tiré l'épigraphe de cet Ouvrage, nous nous bornerons à faire remarquer ici que nous ne pouvons faire exécuter la moindre de nos volontés sans nous convaincre que nous portons partout avec nous-mêmes Le Principe de l'être et de la vie. Or comment le Principe de l'être et de la vie pourrait-il périr ?
Cependant, malgré ce caractère distinctif, l'homme est dans une dépendance absolue, relativement à ses idées physiques et sensibles. On ne peut nier qu'il ne porte en lui toutes les facultés analogues aux objets qu'il peut connaître ; car que sont toutes nos découvertes, sinon la vue intime et le sentiment secret du rapport qui existe entre notre propre lumière et les choses mêmes ; néanmoins, nous ne pouvons avoir l'idée d'aucun objet sensible si cet objet ne nous communique ses impressions ; et nous en avons la preuve en ce que le défaut de nos sens nous prive, soit en entier soit en partie, de la connaissance des objets qui leur sont relatifs.
Il est vrai que souvent, par comparaison, par la seule analogie, les idées premières nous conduisent a des idées secondes et que, par une sorte d'induction, la connaissance des objets présents nous fait former des conjonctures sur des objets éloignés ; mais alors nous sommes encore soumis a la même loi, puisque c'est toujours le premier objet connu qui sert de mobile à ces pensées et que, sans lui, ni l'idée seconde ni l'idée première n'auraient été produites en nous.
Il est donc certain qu'en ce qui concerne les objets sensibles et les idées qui leur sont analogues, l'homme est dans une véritable servitude ; principe dont nous tirerons dans la suite de nouvelles lumières sur sa véritable loi.
Indépendamment des idées que l'homme acquiert journellement des objets sensibles par l'action de ces objets sur les sens, il a des idées d'une autre classe, il a celle d'une loi, d'une Puissance qui dirige l'univers et ces mêmes objets matériels : il a celle de l'ordre, qui doit y présider ; il tend enfin, comme par un mouvement naturel, vers l'harmonie qui semble les engendrer et les conduire.
Il ne peut se créer une seule idée ; et cependant il a celle d'une force et d'une sagesse supérieure, qui est a la fois comme le terme de toutes les lois, le lien de toute harmonie, le pivot et le centre d'où émanent et où aboutissent toutes les Vertus des Etres. Car tel est le véritable résultat de tous les systèmes, de tous les dogmes, de toutes les opinions, même les plus absurdes, sur la nature des choses et sur celle de leur Principe. Il n'est aucune doctrine, sans en excepter l'Athéisme, qui n'ait pour but cette étonnante Unité, comme nous le verrons dans la suite.
Si ces dernières idées forment une classe absolument différente de celle que nous avons des choses matérielles : si aucun des objets sensibles ne peut les produire; puisque les animaux les plus parfaits n'en annoncent point de semblables, quoiqu'ils vivent tous, ainsi que l'homme, au milieu de ces objets ; si, en même temps, aucune idée dans l'homme ne se réveille que par des moyens qui sont hors de lui, il résulte que l'homme est dans la dépendance, pour ses idées sensibles, et que, dans l'un et l'autre ordre, quoiqu'il ait en lui le germe de toutes ces idées, il est forcé d'attendre que des réactions extérieures viennent les animer et les faire naître. Il n'en est ni le maître, ni l'auteur, et avec le dessein de s'occuper d'un objet quelconque, il ne peut, malgré ses efforts, s'assurer de remplir son but et de n'en être pas détourné par mille idées étrangères.
Nous sommes tous exposés à recevoir involontairement de ces idées déréglées, pénibles et importunes, qui nous poursuivent, comme malgré nous, par des inquiétudes, par des doutes de toute espèce, et qui viennent se mêler a nos jouissances intellectuelles les plus satisfaisantes.
De tous ces faits résulte que si les uvres matérielles de l'homme ont démontré en lui des facultés invisibles et immatérielles, antérieures et nécessaires a la production de ces uvres, et que, par la même raison, l'uvre matérielle universelle, ou la Nature sensible, nous ait démontré des facultés créatrices, invisibles et immatérielles, extérieures à cette Nature et par lesquelles elle a été engendrée; de même, les facultés intellectuelles de l'homme sont une preuve incontestable qu'il en existe encore d'un ordre bien supérieur aux siennes et à celles qui créent tous les faits matériels de la Nature : c'est-à-dire, qu'indépendamment des facultés universelles de la nature sensible, il existe, encore hors de l'homme, des facultés intellectuelles et pensantes, analogues à son être, et qui produisent en lui les pensées ; car les mobiles de sa pensée ne sont pas à lui, il ne peut trouver ces mobiles que dans une source intelligente, qui ait des rapports avec son être ; sans cela, ces mobiles n'ayant aucune action sur le germe de sa pensée demeurerait sans réaction et par conséquent sans effet.
Cependant, quoique l'homme soit passif dans ses idées intellectuelles comme dans ses idées sensibles, il lui reste toujours le privilège d'examiner les pensées qui lui sont présentées, de les juger, de les adopter, de les rejeter, d'agir ensuite conformément à son choix et d'espérer, au moyen d'une marche attentive et suivie, d'atteindre un jour à la jouissance invariable de la pensée pure : toutes choses qui dérivent naturellement de l'usage de la liberté.
Mais il faut bien distinguer la liberté ainsi dirigée d'avec la volonté esclave des penchants, forces ou influences qui déterminent ordinairement les actes de l'homme. La liberté est un attribut qui lui est propre et qui appartient à son être, tandis que les causes de ses déterminations lui sont étrangères.
Nous la considérerons donc ici sous deux faces : comme principe et comme effet. Comme principe, la liberté est la vraie source de nos déterminations, c'est cette faculté qui est en nous de suivre la loi, qui nous est imposée, ou d'agir en opposition à cette loi ; c'est enfin la faculté de rester fidèle à la lumière qui nous est sans cesse présentée. Cette liberté principe se manifeste dans l'homme, même lorsqu'il s'est rendu esclave des influences étrangères à sa loi. Alors on le voit encore, avant de se déterminer, comparer entre elles les diverses impulsions qui le dominent, opposer ses habitudes et ses passions les unes les autres et choisir enfin celles qui a le plus d'attraits pour lui.
Considérée comme effet, la liberté se dirige uniquement d'après la loi donnée a notre nature intellectuelle ; alors elle suppose l'indépendance, l'exemption entière de toute action, force ou influence contraire a cette loi, exemption que peu d'hommes ont connue. Sous ce point de vue, où l'homme n'admet aucun autre motif que sa loi, toutes ses déterminations, tous ses actes sont l'effet de cette loi qui le guide, et c'est alors seulement qu'il est vraiment libre, n'étant jamais détourné par aucune impulsion étrangère de ce qui convient à son Etre.
Quant à l'Etre principe, a cette force pensante universelle, supérieure a l'homme, de laquelle nous ne pouvons pas surmonter ni éviter l'action, et dont l'existence est démontrée par l'état passif ou nous sommes envers elle relativement a nos pensées, ce dernier Principe a aussi une liberté qui diffère essentiellement de celles des autres Etres, car étant lui-même sa propre loi, il ne peut jamais s'en écarter et sa liberté n'est exposée a aucune entrave ou impulsion étrangère. Ainsi il n'a pas cette faculté funeste par laquelle l'homme peut agir contre le but même de son existence. Ce qui démontre la supériorité infinie de ce Principe universel et Créateur de toute loi.
Ce Principe suprême, source de toutes les Puissances, soit de celles qui vivifient la pensée dans l'homme, soit de celles qui engendrent les uvres visibles de la nature matérielle, cet Etre nécessaire à tous les autres Etres, germe de toutes les existences: ce terme final vers lequel elles tendent, comme par un effort irrésistible, parce que toutes recherchent la Vie ; cet Etre, dis-je est celui que les hommes appellent généralement DIEU.
Quelles que soient les idées étroites que la grossière ignorance s'en est formée chez les différents Peuples, tous les hommes qui voudront descendre en eux-mêmes et sonder le sentiment indestructible qu'ils ont de ce Principe, reconnaîtront qu'il est le BIEN par essence et que tout bien provient de lui ; que le mal n'est que ce qui lui est opposé ; qu'ainsi il ne peut pas vouloir le mal et qu'au contraire il procure sans cesse a ses productions, par l'excellence de sa nature, toute l'étendue de bonheur dont elles sont susceptibles relativement a leurs différentes classes, quoique les moyens qu'il emploie soient encore cachés a nos regards.
Je ne tenterai pas de rendre plus sensible la nature de cet Etre, ni de pénétrer dans le Sanctuaire des Facultés divines ; il faudrait, pour y parvenir, connaître quelqu'un des nombres qui les constituent : or comment serait-il possible à l'homme de soumettre la Divinité à ses calculs et de fixer son NOMBRE principal ? Pour connaître un nombre principal, il est nécessaire d'avoir au moins une de ses aliquotes : et quand, pour représenter l'immensité des Puissances divines, nous remplirions un livre, tout l'Univers, de signes numériques, nous n'en aurions pas, encore la première aliquote, puisque nous pourrions toujours y ajouter de nouveaux nombres, c'est-à-dire, que nous trouverions toujours dans cet Etre, de nouvelles Vertus.
D'ailleurs il faut dire ici de DIEU, ce que nous aurions pu dire de l'Etre invisible de l'homme. Avant de songer a découvrir ses rapports et ses lois, nous avons dû nous convaincre de son existence, parce que, être, ou avoir tout en soi, selon sa classe, ce n'est qu'une seule et même chose ; en sorte qu'avoir reconnu la nécessité et l'existence du Principe éternel de l'infini, c'est lui avoir attribué en même temps toutes les facultés, perfections et puissance, que doit avoir en soi cet Etre universel, quoiqu'on ne puisse en concevoir ni le nombre ni l'immensité. Ces premiers pas étant assurés, essayons de découvrir les nouveaux rapports par la considération de la Nature physique.