La religion de combat par l’abbé Joseph Lémann

Livre Troisième

La physionomie des fils de ténèbres,
nés de l’apostasie


Chapitre Deuxième

- I. Les fils de Satan à présent, et dans l’avenir: le monstre décrit par Job.
– II. Déchéance de leurs physionomies. Effacement, sur elles, de la franchise chrétienne et française, et réapparition de la vieille hypocrisie pharisaïque.
– III. La débauche apostate.
– IV. Leur dureté envers le Christ: les maillets des bourreaux du Golgotha repris pour une exécrable besogne.
– V. Le crime de la Voie scélérate dépassé.
– VI. Leur dureté envers les âmes: effroyables mesures pour qu’elles tombent dans la perdition, sans pouvoir en sortir; l’huile de la malédiction injectée dans les veines des enfants.
– VII. Les jeunes vipères.
– VIII. La volupté cruelle d’enlever à Dieu les derniers soupirs des mourants, et de priver du Ciel.


I

«Vous avez pour père le diable.» Cette terrible apostrophe est du Christ lui-même; il l’adressait aux pharisiens hypocrites qui allaient devenir déicides. De tout temps, Satan a exprimé sa physionomie et ses désirs dans ceux qui lui appartenaient, parce qu’un père reproduit sa ressemblance dans ses enfants. Mais il est effrayant de constater que sa physionomie et ses désirs s’accusent davantage dans ceux qui lui appartiennent aujourd’hui: ce qui donnerait à penser que le temps n’est peut-être plus éloigné où celui qui sera l’expression dernière et définitive de Satan, l’Antechrist, apparaîtra. Le cortège se forme, en vue d’accueillir le monstre!

Cette expression de monstre ne veut pas dire que le fils de Satan sera dépourvu, dans sa personne et dans les moyens qu’il emploiera, de séduction; bien au contraire, il les aura toutes: séduction du langage, séduction de la science, séduction de l’or, séduction de la puissance; mais il sera un monstre par ses tentatives contre Dieu et les saints. Or, pour la venue de ce géant du mal, un cortège ne s’organise-t-il pas, en rapport?

Job a décrit un monstre, auquel il donne le nom de Léviathan. Les naturalistes ont reconnu, dans la description faite par l’écrivain sacré, le crocodile; mais saint Cyrille, saint Éphrem, saint Grégoire, saint Athanase et saint Jérôme n’hésitent pas à enseigner que, sous le symbole du monstre des eaux, l’auteur sacré a voulu exprimer les attributions du prince des enfers. Frappé et couvert d’ulcères par Satan, Job n’a-t-il pas eu, mieux que personne, qualité et énergie pour dénoncer et signaler l’ennemi du genre humain? Voici les principaux traits de sa description: Il dort à l’ombre, dans l’épaisseur des roseaux et des marécages. Les ombres (les buissons) couvrent son ombre. Qui soulèvera le coin de son armure? Qui se présentera à lui avec le rude mors qui lui convient? Son corps est semblable aux lames d’un bouclier. Il est de toutes parts aussi fermé par ses écailles que si on y avait mis un sceau. Elles se tiennent ensemble et adhèrent l’une à l’autre, et pas un souffle ne peut passer entre elles. Il sort de sa gueule comme des flambeaux allumés, il en part des étincelles de feu. Une fumée se répand de ses narines comme celle d’une chaudière qui bout sur un brasier. Son haleine allume des charbons. La famine marche devant sa face. Les membres de son corps sont liés les uns aux autres; les foudres tomberont sur lui sans qu’il s’en remue d’un côté ni d’autre. Son cœur s’endurcira comme la pierre, et il se resserrera comme l’enclume sur laquelle on bat sans cesse.

Lorsqu’il sera élevé, les anges craindront et, dans leur frayeur, ils se purifieront.

Il méprisera le fer comme de la paille, et l’airain comme du bois vermoulu. L’archer ne le mettra point en fuite, et il se rira des dards lancés contre lui. Les rayons du soleil seront sous lui; et il marchera sur l’or comme sur la boue. Il fera bouillonner la mer comme une chaudière, et il la mettra au même état que les liqueurs huileuses qui servent aux parfums et que le feu fait élever. Il n’y a point de puissance sur la terre qui puisse être comparée à la sienne. C’est lui qui est le roi de tous les enfants d’orgueil.

Cette description effrayante désignait donc, dans la pensée de l’écrivain sacré, moins le crocodile que le prince des abîmes infernaux. Toujours vraie et toujours actuelle, elle s’applique d’une manière saisissante aux fils de ténèbres des sectes modernes et elle explique comment Satan est bien leur père. Qu’on en juge par le commentaire des versets énumérés:

Il dort à l’ombre, dans l’épaisseur des roseaux et des marécages. Les ombres (les buissons) couvrent son ombre. – Un mystère profond n’enveloppe-t-il pas la plupart des initiations de la secte maçonnique? Des couches d’ombres successives cachent leurs grades et leurs impures cérémonies. Satan ne saurait conseiller que l’impureté: aussi les pratiques les plus honteuses forment-elles le limon où les adeptes se plongent et dorment, ainsi que fait le monstre écaillé, dans les marécages du Nil. Il semble que le Christ ait tracé lui-même le commentaire de ce verset de Job, lorsqu’il signalait les préférences de Satan et de sa troupe pour les lieux écartés, pleins d’aridité et d’inquiétude: l’Esprit impur va par des lieux arides, cherchant du repos, et il n’en trouve pas (S. Matth., xii).

Qui soulèvera le coin de son armure? Qui se présentera à lui avec le rude mors qui lui convient? – Qui sera assez hardi, assez intrépide, pour arracher et faire voler à droite et à gauche les simulacres sous lesquels la secte se dissimule et trompe tant de malheureuses victimes? Qui arrêtera cette bête furieuse en lui présentant un frein? Léon XIII a eu ce courage: il a dénoncé la Bête; dans ses encycliques puissantes, il va droit à elle avec le mors.

Son corps est semblable aux lames d’un bouclier. Il est de toutes parts aussi fermé par ses écailles que si on y avait mis un sceau. Elles se tiennent ensemble et adhèrent l’une à l’autre, et pas un souffle ne peut passer entre elles. – De même que le corps du crocodile est couvert d’écailles si serrées qu’elles lui servent de boucliers impénétrables: de même, tous les adeptes de la secte maudite se tiennent les uns aux autres par des engagements si serrés, si étroits, si terribles, que rien, jusqu’à ce jour, n’a réussi à passer au travers: le sceau de l’Enfer y semble apposé.

Il sort de sa gueule comme des flambeaux allumés, il en part des étincelles de feu. Une fumée se répand de ses narines comme celle d’une chaudière qui bout sur un brasier. Son haleine allume des charbons de feu. – Combien sont exactes ces comparaisons pour exprimer et dépeindre ce qui se passe dans l’intérieur de ces exécrables sociétés secrètes. Ne dit-on pas la gueule de l’Enfer? Et n’en sort-il pas des torches enflammées pour éclairer ces sombres conciliabules? Ceux qui y participent ne sentent-ils pas le sang bouillonner dans leurs veines, et la fureur dans leur cœur, comme un pot qui bout sur un brasier? Au rapport de témoignages dignes de foi, l’haleine du Diable allume véritablement des charbons de feu en eux tous.

La famine marche devant sa face. – Sinistre image, en train de se réaliser. N’assiste-t-on pas à ce spectacle, sans précédents dans les siècles passés, où, par centaines de mille, ouvriers, employés, patrons, pères de famille, n’obtiennent de l’ouvrage, et par conséquent du pain, qu’à la condition de faire partie de la secte? Celle-ci est déjà maîtresse des principaux centres de travail, des grandes artères du commerce, et des réseaux des chemins de fer. Qui oserait assurer qu’elle ne vise pas à la possession des boulangeries? L’idée de boulangeries municipales a circulé; qu’elle vienne à se réaliser, et la famine marcherait devant sa face. On ne pourrait plus acheter du pain qu’à la condition d’être membre de la secte et de présenter sur soi le signe de la Bête.

Les membres de son corps sont liés les uns aux autres; les foudres tomberont sur lui sans qu’il s’en remue d’un côté ni d’autre. Son cœur s’endurcira comme la pierre, et il se resserrera comme l’enclume sur laquelle on bat sans cesse. – La structure du corps maçonnique apparaît vraiment impénétrable. Les coups, jusqu’à ce jour, n’ont-ils pas glissé sur lui? Les foudres de Pie VII, de Pie VIII, de Léon XII, de Grégoire XVI, de Pie IX, même de Léon XIII, n’ont pu l’entamer par aucun endroit. Comme l’enclume sur laquelle on bat sans cesse, son endurcissement et son impénitence expriment bien la haine inflexible de Satan qui l’anime et le maintient. Lorsqu’il sera élevé, les anges craindront, et dans leur frayeur, ils se purifieront. – Hélas! ces terrifiantes expressions ne concordent que trop avec ce que l’Évangile annonce de la puissance de faire tomber que possédera l’Antechrist et que la secte prépare! L’Évangile annonce en effet: s’il était possible, les élus eux-mêmes seraient séduits; et Job dit: dans leur frayeur, les anges se purifieront!

Il méprisera le fer comme de la paille, et l’airain comme du bois vermoulu. L’archer ne le mettra point en fuite, et il se rira des dards lancés contre lui. Les rayons du soleil seront sous lui; et il marchera sur l’or comme sur la boue. Il fera bouillonner la mer comme une chaudière, et il la mettra au même état que les liqueurs huileuses qui servent aux parfums, et que le feu fait élever. – Il y aurait une exagération infinie dans les termes dont se sert ici l’Écriture, s’ils désignaient uniquement quelque monstre des mers, le crocodile ou la baleine. Mais tout est exact dans ces termes, s’ils s’appliquent au monstre d’impiété que prépare les sectes. Saint Paul confirme les prodiges diaboliques qu’il accomplira: Il doit venir accompagné de la puissance de Satan, avec toutes sortes de miracles, de signes et de prodiges trompeurs. Il n’y a plus alors à s’étonner si les rayons du soleil doivent être sous lui, et s’il doit faire bouillonner la mer.

Il n’y a point de puissance sur la terre qui puisse être comparée à la sienne. C’est lui qui est le roi de tous les enfants d’orgueil. – Ce dernier verset est comme la clef du chiffre. Il ne faut plus se demander avec indécision quel est le monstre visé par Job: c’est le roi de tous les superbes, c’est l’orgueil éternellement subsistant, c’est le Diable!

D’autre part, La ressemblance des fils de ténèbres, nés de l’apostasie moderne, avec le type maudit, a été suivie trait par trait, verset par verset: en conséquence, sur eux tombe aussi, de tout son poids, l’apostrophe du Christ aux pharisiens de son temps: Vous avez pour père le Diable.

II

«Exagérations mystiques! dira-t-on peut-être en lisant ce qui précède; cela rappelle les descriptions du moyen âge où l’on dépeignait le Diable sous la forme d’un monstre couvert d’écailles avec des torches dans la gueule.»
– Nous n’en disconvenons pas; mais qu’on prenne la peine de considérer ces physionomies sectaires en elles-même, abstraction faite du prototype diabolique: on constatera que leurs laideurs ne sont pas moins réelles qu’effrayantes. En effet, la déchéance qu’on y remarque tout d’abord est l’effacement de la franchise chrétienne et française par la réapparition de la vieille hypocrisie pharisaïque. Quoi de plus ouvert qu’une physionomie chrétienne? Y a-t-il un peuple sur lequel ce cachet du christianisme se soit imprimé avec plus d’ampleur et de netteté que le peuple de la très noble France? Air franc, langage franc, manières franches: tous ces dons ont été ceux du peuple de Clovis et de saint Louis; le reste de l’univers se penchait sur la France comme sur un beau lac aux ondes transparentes! L’Éminentissime Cardinal Guibert, archevêque de Paris, ému du péril qui menaçait le caractère du peuple français, parlait en ces termes, il y a vingt-cinq ans, de la franchise de sa langue: «La langue française est la plus belle des langues modernes. Quelle clarté dans l’expression! Quelle noble simplicité dans les tournures! Quelle aptitude à rendre ce qu’il y a de plus insaisissable dans la pensée! Elle semble être l’instrument naturel du spiritualisme chrétien, dont elle est du reste, en grande partie, l’ouvrage inventé ou façonné pour les besoins de ses conceptions. Elle porte un cachet qui lui est propre de droiture et de sincérité. Elle est la langue franche par excellence, et l’on ne peut, sans faire violence à sa nature, s’en servir pour déguiser la pensée. Elle semble née du génie chrétien, nous dirions presque du texte de l’Évangile, dont elle reproduit bien souvent le tour, le caractère, et nous ne savons quoi de sage, de calme et de tempéré qui n’appartient qu’au texte sacré.»

Or, c’est auprès de cette très noble race franque et en usant de sa langue franche, que la hideuse hypocrisie pharisaïque a fait sa réapparition. L’esprit sectaire ne pouvait trouver de milieu plus favorable pour mieux faire ressortir le contraste que sa haine a rêvé. On sait ce qui a caractérisé l’hypocrisie des pharisiens au temps de Jésus. Non seulement elle s’enveloppait des apparences de la vertu, de la probité et de l’honneur pour cacher ses vilenies, ce qui est l’hypocrisie ordinaire, mais projetant sur Jésus les infamies qu’elle commettait, elle l’accusait de violation de la loi et de pacte avec le diable, pour le noircir devant le peuple et le perdre. Impudente, elle fut encore homicide, elle fit mourir le Juste. C’est ce mélange d’impudence et de meurtre qui a constitué la hideuse hypocrisie pharisaïque, et c’est à elle principalement qu’il faut attribuer l’incroyable aveuglement et la réprobation de la nation juive. À la fin de sa vie, durant la Semaine sainte, le Christ n’ayant plus de ménagements politiques à garder, prononça huit fois malheur contre cette hypocrisie des Pharisiens. «Malheur à vous, Pharisiens hypocrites,» et, pour apprendre que c’est ce vice qui tue les patries, il termina les huit terribles anathèmes par l’annonce de la destruction de Jérusalem.

Cette hypocrisie abominable et dangereuse vicie la France et les autres patries chrétiennes:

Les justes, les chrétiens, les honnêtes gens ne sont-ils pas accusés? L’accusation ne les désigne-t-elle pas comme dénués de patriotisme, de science, de capacités, de vertus? Et qui les accuse? Des sectaires dont la conduite privée et la conduite publique ne sont trop souvent que pourriture, impéritie ou scandale. Ô impudence! les descendants des Turenne et des Noailles ne sont-ils pas accusés de ne plus comprendre la France et de la desservir? Les papes qui ont amassé, sur l’Italie, tant de gloire, ne sont-ils pas désignés et honnis comme destructeurs de l’Italie? Les sœurs de Saint-Vincent de Paul ne sont-elles pas expulsées comme des aventurières? La langue française ne s’enrichit-elle pas ou plutôt ne s’enlaidit-elle pas, pour tuer la vertu et le dévouement, de cette étrange signification désaffecter? et le siège du chancelier L’hôpital ne voit-il pas passer des juges que Caïphe eût embrassés? Hypocrisie maçonnique, tu sues l’ancien crime de Judée: en toi revit le pharisien au cœur retors et aux ongles cruels! Rougis, Sidon, a dit la mer, rougis de honte; ô France, rougis de tant de fils que l’apostasie a défigurés!

III

L’hypocrisie pharisaïque en Judée dissimulait derrière elle une honteuse dépravation de moeurs. Derrière l’hypocrisie maçonnique se dissimule également une débauche qui n’est plus un secret, mais qu’on dit indescriptible dans certains mystères des loges. Saint Paul a caractérisé l’époque d’apostasie par l’expression de mystère d’iniquité: évidemment la débauche y occupera une large place. Il y a, en effet, cette différence entre le christianisme et la maçonnerie, que le christianisme admet bien des mystères dans les connaissances, mais nullement dans les actes, tandis qu’auprès de la maçonnerie c’est l’opposé: elle ne veut pas de mystères pour l’esprit; par contre, elle en enveloppe les actes, et ces actes recouvrent, dans l’épaisseur de certaines loges, les plus monstrueux excès de débauche. Ô religion catholique, tu enseignes des mystères transparents en quelque sorte, tant ils sont suaves et doux à porter! Longtemps les peuples leur ont dû leur bonheur, ne connaissant que ceux-là. Maintenant, ils en connaissent d’autres, et ceux qui les acceptent sont exposés à devenir des personnes affreuses, en n’ayant plus que des préoccupations abominables.

Débaucher et embaucher, ce sont, en effet, les deux préoccupations de la milice diabolique: débaucher, par des mœurs bestiales; embaucher, pour mener à l’assaut de l’Église et de la société. Le nombre des recrues est déjà incalculable. On ne rencontre plus seulement, comme autrefois, dans les carrefours écartés, mais dans toutes les rues et sur toutes les places publiques, de ces vieillards précoces à trente ans, chez qui la croyance à l’existence de l’âme a disparu. Le front chauve, les joues haves et creuses, le corps chancelant, ils ont encore du feu dans le regard pour haïr et conspirer; c’est la laideur de la débauche! À leur aspect, a-t-on dit dans une phrase célèbre, on croit entendre les pas du fossoyeur se hâtant de venir enlever le cadavre: encore s’il ne s’agissait que de leur seul cadavre; mais en bêtes méchantes, ils veulent sentir celui de la société à côté du leur: la faire sauter et pourrir ensemble!

Parmi ces débauchés, les plus lettrés étalent, dans leur haine contre l’Église, une effronterie qui consiste à accuser de mal leurs victimes qui sont pures et belles; impudiques, ils se montrent impudents: l’impudence est le caractère de la débauche apostate. Se rappelle-t-on le signal de persécution qui, il y a vingt ans, fut donné contre les congrégations religieuses? Le journal l’Opinion nationale ne les comparait-il pas à une vermine immonde qui infecte la société? Citons textuellement:
«… Il existe en certaines parties de l’Afrique et de l’Amérique un insecte d’une activité et d’une fécondité effrayante: le pou de bois, une espèce de termite.
«C’est une bête molle, blanchâtre, sans résistance apparente et qu’on dirait même aveugle, organisée qu’elle est pour vivre dans les ténèbres. Cependant, lorsqu’elle s’attaque aux habitations, il faut toujours finir par lui céder la place. Rien ne peut l’arrêter. Sans bruit elle ronge solives, poutres, madriers, et jusqu’à la rampe de l’escalier. Vous appuyez dessus sans défiance: le bois cède sous les doigts.
«Les poux vont ainsi creusant, creusant avec une activité incroyable, et se multipliant chaque nuit par milliers et milliards. Il avancent. Au dehors, nulle trace; tout conserve l’apparence de la solidité, jusqu’à ce qu’un jour, au premier souffle de la tempête, la maison tombe en poussière sur ses habitants surpris et montre, au grand jour, l’innombrable et immonde fourmilière des poux, grouillant sur les ruines…»

De la vermine, les Petites Sœurs des pauvres! De la vermine, les Sœurs de Saint-Vincent de Paul! Le Livre des Proverbes dit du châtiment réservé à certains débauchés que: l’œil qui, dans ses débauches, insulte à son père et méprise l’enfantement de sa mère, sera arraché par les corbeaux des torrents, et dévoré par les petits de l’aigle; serres des corbeaux et des aigles, quelle dureté vengeresse n’aurez-vous pas, au jugement de Dieu, pour punir les yeux impudiques qui, outrageant l’Église leur mère, ont aperçu des poux et de la vermine là où il n’y avait que la pureté des anges et la charité des séraphins!

Cette débauche de langage de l’Opinion nationale a été, pourtant, dépassée: Renan a écrit l’Abbesse de Jouarre; nous pouvons nommer, nous ne pouvons pas citer.

IV

Le cœur de l’apostat est dur; sa physionomie l’est aussi. La dureté fait suite à l’hypocrisie et à la débauche. Examinons les sombres exercices de cette dureté, chez ces fils dégénérés. Elle s’exerce d’abord contre le Christ leur Dieu et bienfaiteur de leur patrie. Ils consomment sur Lui un attentat qui lui avait été épargné dans sa douloureuse Passion. Quel attentat? «Les juifs, dit l’Évangile, ne voulant pas que les corps demeurassent à la croix le jour du sabbat, prièrent Pilate qu’on leur rompît les jambes et qu’on les ôtât. «Les soldats vinrent donc et rompirent les jambes du premier larron, et de l’autre qui était crucifié avec lui. «Étant venus à Jésus, voyant qu’il était déjà mort, ils ne lui rompirent pas les jambes.» Voilà le récit de l’Évangile, rapprochons-le d’un autre récit du Vieux Testament:

Il était défendu de briser aucun des os de l’agneau pascal. La veille de la fameuse sortie d’Égypte, lorsque les familles d’Israël reçurent l’ordre d’immoler, chacune en son particulier, l’agneau pascal et de le manger, il y eut cette défense de la part de l’Éternel: Vous immolerez chacune un agneau, mais en ayant bien soin de ne briser aucun de ses os. C’était une annonce prophétique de ce qui se passerait sur le Golgotha, alors que, au soir du Vendredi Saint, le véritable Agneau qui efface les péchés du monde serait immolé, mais non brisé. Avancez vers les croix, soldats romains armés de barres de fer! Quinze cents années avant que vous arriviez, la prophétie annonçait votre démarche aux familles d’Israël: Vous ne briserez aucun de ses os! Au bout des quinze cents années, les soldats passaient devant les croix, brisaient les larrons, mais ne touchaient pas à l’Agneau. N’est-ce pas saisissant de grandeur lugubre? Dieu est le maître des volontés et des événements! Mais pourquoi donc
Lui seul des trois crucifiés n’a-t-il pas été touché? Parce qu’il ne convenait pas que son corps, temple exquis d’architecture divine, fût troublé dans ses admirables proportions; chef-d’œuvre d’albâtre formé de la très pure Vierge Marie, il n’était pas permis à la violence de le briser ou de le dégrader. Aussi, quand les exécuteurs envoyés par Pilate arrivèrent avec leurs maillets de fer, la Providence qui, quinze cents années d’avance, avait annoncé ce qu’elle ménagerait, veillait sur son chef-d’oeuvre. Oui, les coups de marteaux eurent la liberté de retentir sur la croix de l’Agneau, pour clouer ses mains et ses pieds, mais halte! pour les barres de fer: Il était déjà mort, dit l’Évangile; elles s’inclinèrent et passèrent… Hélas! si elles se sont abaissées il y a dix-neuf siècles, elles se relèvent aujourd’hui, et brisent la croix. Il s’est formé, par l’apostasie, au sein de la société chrétienne, une race dure, oh! très dure, contre Jésus-Christ son bienfaiteur. Cette race d’endurcissement ose, et savoure, contre lui l’attentat qui lui avait été épargné sur le Golgotha: le brisement. Les coups de barre de fer ont retenti dans toute la France. Ils retentissent sur les places publiques et dans les écoles des enfants épouvantés; retentissent dans les hôpitaux, près des lits d’agonie; retentissent dans les cimetières, sur la cendre des morts. Les crucifix sont rompus, les croix sont abattues. En brisant les crucifix, c’est Lui que vous briseriez, ô impies féroces, si vous le pouviez! Vous ne vous retenez plus pour le dire. Les infamies de toutes sortes qui se commettent dans vos loges contre l’image du Christ et dont le récit, quoique incomplet, fait dresser les cheveux sur la tête, ne laissent aucun doute sur vos affreuses dispositions.

V

La dureté de l’apostasie envers le Christ n’est pas suffisamment expliquée par les maillets du Golgotha; évoquons une autre scène qui appartient au paganisme: le crime de la Voie scélérate. C’était dans les commencements de la fondation de Rome, Servius Tullius était roi. Sa fille Tullia avait épousé Tarquin le Superbe, qui détrôna son beau-père, l’accabla d’outrages et le précipita du haut des degrés du palais. À ce moment, Tullia accourait à la hâte sur son char pour saluer roi son époux. Elle aperçut le corps du malheureux Tullius étendu à terre au milieu du chemin. Cette fille atroce défendit au conducteur de se détourner, et fit passer les roues du char sur le corps de son père. La rue où s’accomplit cette horrible scène reçut et garde encore le nom de Voie scélérate. De la Voie scélérate qui est à Rome, passons à la Voie douloureuse qui est à Jérusalem.

La Voie douloureuse est ainsi nommée parce que l’Homme-Dieu y a souffert, et qu’au sommet de cette montée des douleurs se trouve le Golgotha.

Chose remarquable et admirable (et cependant, pas assez remarquée et admirée), la Voie douloureuse qui est à Jérusalem s’est en quelque sorte prolongée chez toutes les nations du globe, à travers toutes les directions de l’espace: car partout où s’est élevée une croix, c’est la Voie douloureuse prolongée. Chacun de nos calvaires, chacun des emplacements où plane la majesté d’une croix peut être véritablement regardé comme un mémorial, plus que cela, comme un prolongement de la Voie où a passé l’amour du bon Dieu. Or, soyez dans l’étonnement, ô cieux, et commencez votre dérangement annoncé pour la fin des temps; une oeuvre scélérate s’est accomplie sur cette Voie où a passé l’Amour: des enfants dénaturés ont employé les forces de leur patrie chrétienne à mutiler la Croix, à disloquer le lit de mort sur lequel le Fils de Dieu a expiré en leur ouvrant ses bras et en leur léguant tout ce qu’il avait. Ils ont piétiné sur ce lit de mort! Fille dénaturée de l’ancienne Rome, infâme Tullia, que cette consolation te parvienne: tu es dépassée!

Il y a, au cinquième chapitre du prophète Isaïe, cette description, et ces malédictions, concernant certains péchés: Malheur à vous qui vous servez de mensonges comme de cordes pour traîner une longue suite d’iniquités, et qui tirez après vous le péché comme les traits emportent le chariot. Malheur à vous qui dites que le mal est bien et que le bien est mal, qui donnez aux ténèbres le nom de lumière, et à la lumière le nom de ténèbres; qui réputez pour doux ce qui est amer, et pour amer ce qui est doux.

Oh! comme ces paroles du prophète s’appliquent d’une manière saisissante aux scènes lugubres qui se sont multipliées sur nos voies douloureuses: Malheur à vous qui tirez après vous le péché comme les traits emportent le chariot. Le voyez-vous passer, ce chariot, ce lourd tombereau traîné par le péché d’apostasie? il vient emporter les débris de nos chères croix mutilées, il les écrase même en passant sur elles. C’est pire que le char de Tullia de Rome passant sur le corps de son père!

Malheur à vous qui dites que le mal est bien et que le bien est mal; qui réputez pour doux ce qui est amer, et pour amer ce qui est doux. Vous appelez mal l’action de se mettre à genoux devant un crucifix, et vous appelez bien la sauvagerie qui blasphème et repousse la Croix. Cruels, qui appelez amer ce qui est doux! Vos aïeux n’ont-ils pas connu une douceur inénarrable à s’agenouiller au pied de la Croix? Pour une pauvre mère dont les bras sont chargés et dont l’esprit est enfiévré du matin au soir, n’y a-t-il pas une trêve, un apaisement, à venir confier au crucifix ses soins et ses peines? Pour une innocente jeune fille qui n’a pas de travail et que les périls assiègent, n’y a-t-il pas une consolation, une force à venir lui confier les angoisses de son avenir? Et vous appelez cela amer! Le pied de la Croix où les peines de tant de générations de travailleurs se sont dulcifiées, vous appelez cela amer! Ingrats, ce sont vos procédés qui sont amers, insupportables d’amertume: nous ne pouvons plus les supporter!

VI

Dure envers le Christ, l’apostasie tourne ensuite sa dureté contre les âmes, pour les déchristianiser. Quelles nouveautés funèbres n’invente-t-elle pas comme moyens de corruption. La corruption a toujours existé: corrompre et être corrompu, voilà le siècle, disait Tacite; mais ce qui ne s’était pas encore vu, ce sont les proportions effroyables, vastes comme la mer, que la corruption a atteintes, et les nouveautés funèbres que l’apostasie a inventées.

Il s’est formé une ligue infernale pour empêcher les hommes de rester chrétiens et enfants de Dieu: il faut qu’ils tombent! Quelqu’un nous disait avec tristesse et accablement: «Oh! qu’il est difficile aujourd’hui de rester honnête homme!» C’est vrai. Défense est faite par la secte, sous peine de manquer de travail et de moyens d’existence, de recourir à l’Église et aux sacrements, et de paraître chrétien. Il existe des sociétés organisées qui ont pour mission publique, avouée hautement, de détourner les âmes de Dieu; et ce qu’il y a de redoutable, c’est que des gouvernements de grandes nations sont associés à cette mission diabolique. Le Sauveur du monde et son Église disaient: Allez, instruisez et baptisez; la nouvelle mission est: Allez, corrompez et débaptisez.

Et tandis qu’on favorise la corruption et la perdition, on prend les moyens de supprimer et de faire disparaître le prêtre, ministre de miséricorde et sauveur de la perdition.

Aussi, voici l’épouvantable tragédie de la fin de la vie; une comparaison dont s’est servie la Bible aidera à la faire comprendre: En Orient, les citernes où l’on conserve l’eau de la pluie sont des fosses larges et profondes; elles se terminent à leur partie supérieure par une ouverture si étroite qu’on peut la couvrir avec une pierre, tandis que leurs murailles souterraines sont escarpées et vont en s’enfuyant, en s’élargissant. Cette forme de citernes fait qu’il est absolument impossible d’en sortir sans le secours d’autrui, lorsqu’on a eu le malheur d’y tomber. Et la Bible dit: Le mal, le péché, ressemble souvent à une citerne profonde, mais dont l’ouverture est étroite, fovea profunda, puteus angustus.

Eh bien, jusqu’à ce jour, lorsqu’on avait le malheur de tomber dans le mal, fosse profonde! il y avait le prêtre, l’ami dévoué, qui accourait à votre secours et vous sauvait. Mais aujourd’hui que s’établit une farouche interdiction de recourir au ministre de miséricorde, lorsqu’on tombe, on est perdu!

Ô mon Dieu, que c’est terrible! De pauvres malades dans les hôpitaux, dont l’âme agonise sous le poids du péché comme sous la pierre de la fosse, réclament avec supplications un prêtre; mais on s’arrange de façon à ce que ce sauveur ne vienne pas, et les malheureux entrent dans l’éternité sans avoir pu remonter la fosse aux murailles escarpées et fuyantes. Autre nouveauté funèbre:

J’aperçois de pauvres petits innocents qui sont entraînés par la haine à l’écart de la crèche de Bethléem. On respecte leur corps, mais on va tuer leur âme. Prêtez l’oreille, on leur apprend à rire de Jésus, à bafouer le Dieu qui, de sa crèche, pour conserver leur candeur, leur tend ses petits bras. La corruption cruelle et savante n’excepte plus les enfants. Les Innocents chez le peuple d’Israël, quand ils furent immolés par Hérode, devinrent des anges; mais les vôtres, ô pauvres mères, les vôtres, destinés à une immolation plus barbare, doivent, de par l’apostasie, devenir des démons. Lamentez-vous, ô mères, lamentez-vous plus fort que Rachel! Il y a dans l’Écriture, sur la malédiction, ces paroles: Il a aimé la malédiction et elle viendra en lui; il a rejeté la bénédiction et elle sera éloignée de lui; il s’est revêtu de la malédiction ainsi que d’un vêtement: elle a pénétré comme l’eau au dedans de lui, et comme l’huile dans ses os;

Or, Jusqu’à ce jour, quand on commettait le crime, on recherchait la malédiction pour soi, on repoussait la bénédiction de soi, on acceptait la malédiction comme un vêtement particulier et personnel, on la buvait ainsi que de l’eau en solitaire, et on la sentait entrer dans ses os sans en rien dire; Mais à présent, on recherche la malédiction pour les enfants, pour les vieillards, pour les pauvres, pour les infirmes. C’est le vêtement qu’on vient leur fournir, c’est l’eau dont on abreuve leurs entrailles, c’est l’huile avec laquelle on vient brûler leurs os! Juste ciel, comment supportez-vous cette effroyable propagande! Ne pas préserver les enfants de la corruption, c’est abominable; mais les y exposer, les y enfoncer, oh! c’est atroce! Un tableau moderne d’un grand effet représente la scène du déluge: les eaux ont tout recouvert, les plus hautes montagnes ont disparu; seule, une cime escarpée se voit encore, une tigresse fuyant le cataclysme y a porté ses petits; elle les défend contre les flots qui montent, et dans un effort désespéré elle élève, avec sa patte, au-dessus de sa tête un de ses petits.

Sectaires aux entrailles de tigre, pires que la bête cruelle, vous n’admettez plus d’abri contre la corruption, pour les enfants!


VII

Faut-il s’étonner après cela que de jeunes monstres se préparent qui terroriseront la société lorsqu’ils seront devenus grands. Il y a des traits de cynisme et de cruauté qui promettent!

Dans une école de village, un enfant, assis sur un banc, est occupé à tout autre chose qu’à ses devoirs, ses doigts armés d’un canif tailladent fiévreusement un objet. Le maître s’approche et lui demande ce qu’il fait; et l’enfant, avec une joie diabolique dans le ton et le regard, répond: Je déchiquette le Galiléen. Avec son canif, il taillait et coupait, membre par membre, un crucifix…

À Monceau-les-Mines, une cartouche de dynamite disposée par le crime fait voler en éclats les murs d’une chapelle où se trouve la sainte Réserve, et un jeune vaurien se vante en ces termes à un camarade: Va, quand le Bon Dieu a sauté, je ne tremblais pas. Tous les journaux racontent des meurtres d’enfants par d’autres enfants où la précocité décuple l’horreur.

En présence de ces faits monstrueux et d’autres analogues qu’il est prudent de passer sous silence, on se reporte avec tristesse et épouvante à cette apostrophe du Christ: Race de vipères!… Ce reproche sévère s’adressait à des pharisiens vieillis dans l’hypocrisie, à de vieux débauchés; il peut maintenant s’adresser aux enfants: race de vipères! Il y a des enfants qui sont élevés en vipères, tant ils ont déjà la haine de Dieu et des choses saintes! Si un pareil état de choses dure encore quelques années, et si le venin de la haine continue à être inoculé à des troupes d’enfants, on se demande avec effroi ce dont ces jeunes monstres seront capables. Une scène de martyre à Imola, sous l’empereur Valérien, fournirait-elle la réponse? «Un maître d’école, le chrétien Cassianus, fut livré, les mains liées derrière le dos, à de jeunes enfants qu’il instruisait. Ils déchirèrent son corps en le perçant avec les stylets d’acier qui leur servaient à écrire leurs devoirs sur des tablettes enduites de cire. La faiblesse même de ces enfants rendit plus cruelles, en les prolongeant, les souffrances de son martyre.» Telle fut la scène d’autrefois: on se la représente aisément avec ses détails de cruauté.

L’apostasie contemporaine éprouvera une joie féroce le jour où, pareillement, les écoliers serviront sa haine contre les chrétiennes et, au besoin, contre les maîtres chrétiens. Que les jeunes vipères se multiplient; que le cri de ni Dieu ni maître continue à se propager; et l’on verra le retour de la scène païenne d’Imola, sous une forme ou sous une autre, avec aggravation. Le paganisme livra le maître aux écoliers; les écoliers de demain n’attendront pas qu’on leur livre leurs maîtres pour s’en jouer et s’en débarrasser.

VIII

L’apostasie, qui s’est emparée de l’enfance, savoure une autre volupté cruelle: elle s’assure les derniers soupirs. On fait signer à de pauvres affamés, à des pères de famille pressés par le besoin, la promesse d’éloigner la religion de leur couche mortuaire, et, quand l’heure du trépas est arrivée, le pacte s’exécute avec férocité, malgré le repentir du moribond et malgré les supplications et les sanglots des familles.

Je ne sache pas qu’on puisse inventer de dureté plus diabolique: barrer le passage à la miséricorde divine au moment de la mort. L’Évangile contient cette recommandation pressante: Ne brisez pas le roseau à demi rompu, n’éteignez pas la mèche qui fume encore. C’est sur cette recommandation céleste, comme sur une pierre angulaire, qu’avaient été bâtis les hôpitaux, où les sœurs gardes-malades et les aumôniers parvenaient à force de ménagements, de prévenances et de soins délicats, à refaire les vies brisées, à rallumer les courages éteints: aussi, quand la mort passait dans les rangs, derrière elle le ciel recueillait… Mais à présent, il y a des administrations civiles, où, de gaieté de coeur, on arrête sur le seuil la Miséricorde qui se présente; ou ne laisse entrer que la mort; et alors le roseau à demi rompu est complètement cassé, et la mèche qui fumait encore est complètement éteinte: et pour l’éternité!…

Si une scène d’enfer fait trembler, c’est particulièrement dans un hôpital. Un témoin oculaire nous a raconté qu’il avait vu, dans la grande salle d’un Hôtel-Dieu, quatre moribonds repousser le ministre du Seigneur qui s’approchait pour leur offrir le pardon et le ciel; et à mesure que l’un d’eux détournait la tête du prêtre, les autres francs-maçons malades qui se trouvaient dans la salle battaient des mains, applaudissaient à ces fières sorties de la vie. Le témoin, lui, sortit en frissonnant, car il avait vu une chose qui n’appartient qu’à l’enfer: l’endurcissement final encouragé par des applaudissements. Et cela se passait dans un Hôtel-Dieu! L’apostasie savoure la vengeance contre Dieu. Les annales du crime rapportent qu’un brigand des Abruzzes mettait le genou sur la poitrine de ses victimes, leur enfonçait lentement un poignard dans la gorge, promettant de ne pas achever si elles blasphémaient; mais, le blasphème achevé, il enfonçait rapidement le fer avec la satisfaction d’avoir précipité chaque fois une âme dans l’enfer. L’apostasie éprouve cette satisfaction.

Mais en parlant de l’apostasie, je n’ai pas mentionné une abstraction: j’ai dépeint les apostats! Fils du diable, hypocrites, débauchés, affreusement durs pour le Christ leur bienfaiteur, acharnés à la perte des âmes, sans pitié pour les enfants, implacables devant les lits de mort, voilà les fils de ténèbres, nés de l’apostasie: puissé-je réussir à faire éviter leur exécrable compagnie!

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