***

LES ÉTAPES DE LA RÉDEMPTION




     Cette incarnation de la justice, parmi les hommes, leur fut certes une rude épreuve, rude mais nécessaire.

     La légende raconte qu'après son dernier soupir, Moïse fut accueilli dans l'Au-delà par l'ange solaire, qui lui montra au sein de la déesse Nature (dont ce législateur avait tant combattu le culte, au nom de l'Unité-Principe, du Dieu caché et sans forme) un Esprit d'une beauté merveilleuse et d'une douceur divine ; ce n'était pas un glaive qu'il tenait, mais la palme du sacrifice et de la victoire. Moïse comprit alors que cet Esprit parachèverait son œuvre et ramènerait les hommes vers le Père. Il comprit que ce Fils de Dieu, en se sacrifiant lui-même, deviendrait le médiateur entre l'Esprit suprême et la Nature, éternel féminin, âme du monde, et que la puissance de l'Amour parfait remplacerait l'exercice de la rigoureuse justice. Moïse, se prosternant alors devant le Rédempteur, adora Jésus, humblement. (Voir les Grands Initiés de E. Schuré).

     L'œuvre de Moïse et celle d'Orphée, eurent toutes deux le même point de départ ; c'est en Égypte que tous deux vinrent s'instruire des vérités divines. Ce sont ces vérités identiques que chacun adapta selon son inspiration propre, pour les enseigner sous des formes extrêmement différentes, conformément au génie des races auxquelles elles devaient s'imposer.

     Le monothéisme de Moïse, poussé à l'extrême, ne laisse place à aucun intermédiaire, se meut dans le domaine des principes les plus abstraits ; nous sortons de l'univers visible pour rentrer dans l'Absolu ; seul l'Éternel règne et étend sa justice, sur un monde réduit en poussière et où la notion d'Amour semble inconnue.

     Épris de l'Âme des mondes, qui vit et palpite sous toutes les formes visibles et invisibles, s'adressant d'ailleurs à des âmes plus artistes que celles des rudes Hébreux, Orphée glorifie et chante cette Nature, œuvre de Dieu qui la pénètre et au sein de laquelle s'incarnera bientôt le Dieu fait homme !

     Comme partout, ce culte, trop spirituel encore pour rester pur, dévia.

     Mais il serait injuste d'attribuer à Orphée cette misérable déviation, cette métamorphose de sa Nature, fille et épouse du Très-Haut, en ce culte de la Triple-Hécate, cette adoration de la Vénus Génitrice et de la Vénus lubrique, beaux prétextes pour justifier ou faire l'apologie des instincts les plus bas et des vices les plus abjects.

     Rien de plus éloigné de la pensée d'Orphée que ce « naturalisme », où certains veulent voir son œuvre.

     La vérité, la quintessence du culte d'Israël, c'est cette tradition si jalousement cachée qu'on appelle la Qabbale, encore que la vraie Qabbale ne soit pas tout entière dans les livres.

     Le sentiment même de Moïse, la pensée qui présida à l'élaboration de cette prodigieuse Genèse, si mal traduite hélas ! Nous en retrouvons un écho, affaibli, dans cette autre œuvre prodigieuse qu'est La Langue Hébraïque Restituée.

     La tradition orphique, nous l'avons déjà vu, semble opposée à celle de Moïse. En réalité, elle la complète. Ram, le premier, semble avoir réussi à unir dans une synthèse complète, les éléments de ces deux traditions, dont Moïse, pas plus qu'Orphée d'ailleurs, ne fut le créateur.

     Ces deux aspects des Mystères, l'aspect féminin, dominé par la notion de l'Âme Universelle, l'aspect masculin, dominé par celle de l'Esprit Éternel, furent admirablement combinés par lui dans un symbole dont nul n'a encore exposé les arcanes : le zodiaque. Ce monument sans second, à la fois astronomique, hermétique et métaphysique, comporte aussi un aspect « prophétique », dont la vie terrestre de Jésus peut nous fournir la clef.

     Mais revenons aux Celtes restés en Occident. Les Druides qui les guidaient étaient les porte flambeaux de la Tradition de la Race. Malgré son mélange avec d'autres races, une chaîne, peu nombreuse mais ininterrompue, d'élus, se noua à travers les siècles, pour préparer nos ancêtres à la venue du Rédempteur et conserver, malgré les schismes et les invasions, la pare doctrine. Le triomphe du culte d'Odin en terre germanique avait rompu l'unité spirituelle de la race, et ce fut seulement en Gaule et dans une partie des Îles Britanniques que la bonne semence put lever, ici et là, pour porter ses fruits inattendus dès l'apparition du Sauveur des hommes dans ce monde.

     C'est alors que l'œuvre de salvation entre dans sa phase décisive et réalisatrice. En s'incarnant, en souffrant à nos côtés, en ressuscitant d'entre les morts, l'Agneau divin, offre à tous la Résurrection et la Vie, et cela, individuellement, dès que chaque être humain consent, comme son divin modèle, à porter sa croix et à l'imiter.

     Dès lors, nul ne peut ignorer les Mystères de l'union de l'homme à Dieu. Cette doctrine rayonne de tous les Évangiles et jaillit comme une eau vive des paroles mystiques du Christ, dont l'expression la plus parfaite se trouve dans l'Évangile de Saint Jean.

     C'est par l'amour divin, et dans la recherche humble de la vérité ; par la pratique de la charité et du renoncement, que l'être humain peut être purifié et libéré des chaînes séculaires qui l'entravent. Depuis la Venue du Verbe, de la Parole vivante, Dieu ne descend plus vers l'homme comme le justicier porteur de la foudre et du glaive, tel qu'il se manifesta à Moïse, mais comme le Père rayonnant d'amour, qui accueille tendrement l'enfant prodigue sur la voie du retour.

     Ne gaspillons pas le temps précieux qui nous est laissé encore. Le cycle de notre race touche à sa fin ; le temps presse, la moisson blanchit et il y a encore trop peu d'ouvriers. Nous devons nous hâter et « marcher pendant qu'il fait encore jour », car la nuit peut nous surprendre.

     Réfléchissons au sort de la race rouge, car déjà, dans le domaine spirituel, sinon encore dans le domaine matériel :
 

« Ainsi que des fétus, les rochers tourbillonnent,
« Dans l'ouragan, les pics hésitants se balancent »… 
 

(Fischer. L'Atlantide).

***