SOUS LA TENTE DE « Le Christ est mort pour Par ailleurs on lit une jolie légende, qui définit bien le rôle du Christ dans l'humanité : Étant petit enfant, Jésus alla trouver ses camarades de jeu, qui venaient de mouler des oiseaux avec de la terre humide ; alors l'Enfant divin, examinant ces mignons chefs-d'uvre, souffla dessus.... et voici nos oiselets qui prennent leur vol : Jésus leur avait donné la vie ! Nous pouvons nous représenter l'Humanité comme un arbre qui croît sur la terre et la couvre de toutes ses branches ; or, cet arbre est nourri par sa racine adamique, qui a pour aliment la colère ou le terrible justicier qui est Satan. C'est dans son être corporel, animal, que l'homme croît en Adam, dans toutes ses ramifications. Aussi tous les fruits de cet arbre infecté sont repoussés par la Divinité (tels ceux de Caïn), comme indésirables. Mais, depuis l'incarnation du Verbe, chaque homme est un arbre secondaire, auquel a été infusée une essence supérieure, que cet arbre partiel a pour mission de développer harmonieusement. L'arbre humain a subi l'opération de la greffe ; une branche de l'arbre de la vie divine a été entée sur sa mauvaise racine ; de sorte que, grâce à la bonté infinie, une tige vivante, qui est Notre Seigneur Jésus-Christ, s'offre à tous les humains. Le Dieu-Homme nous a enrichis de ses dons, afin que nous sortions du vieil homme, notre plus terrible ennemi il nous a enseigné de nouvelles murs et il a combattu contre notre ennemi. C'est de cette tige que le véritable Chrétien tire sa qualité et c'est par elle qu'il vit de la vie divine. Telle est la source de toutes les forces et de toutes les nouvelles facultés d'où s'écoulent les actes de vertu, qui sont les fruits de la grâce de Jésus. Toute la terre, les eaux et l'air ont été sanctifiés par le Verbe fait chair, qui est venu à notre secours en se pliant douloureusement à toutes les difformités de nos membres brisés. Il nous a rapporté le corps primitif et pur, devant servir d'instrument aux merveilles du principe de l'homme. C'est sous la tente de l'humanité de Jésus-Christ qu'existe la véritable parenté, la parenté spirituelle, basée sur l'amour de Dieu, c'est la seule amitié sublime et éternelle. Les dons du Créateur répandus dans le monde visible et invisible, sont sans bornes et ils sont toujours prêts à se répandre sur l'homme malheureux qui sent toutes les affres de son exil. Et l'âme avide d'eau claire et pure, telle la biche poursuivie par le chasseur, peut se nourrir du pain des anges, du corps et du sang de la divine Victime, qui a fait le miracle, en retournant à son Père, de transformer les éléments nutritifs de la vie terrestre en son divin corps, qui nous donne la vie au lieu de la mort qui était notre partage. Nous trouvons le germe du feu divin que le Sauveur nous a apporté lorsque nous entrons dans les mérites de son sacrifice. Et c'est par le centre de notre domaine que la sagesse arrive à nous, car ce centre est la réalité ; là, seulement est renfermé tout ce qui est, a été et sera dans notre système universel ; et il faut le traverser ce centre, pour retourner à la vie. De cette mystérieuse mère doit sortir un nouvel être ou l'Enfant d'amour ; car toute la progéniture d'Adam représente seulement l'homme de terre a qui le souffle de vie a été enlevé. Dieu dit : « Voici, l'homme est devenu comme l'un de nous, sachant le Bien et le mal. Mais maintenant il faut prendre garde qu'il n'avance sa main, et ne prenne aussi l'arbre de vie, et qu'il n'en mange, et ne vive à toujours. » (Gen. III, 22), qu'il ne vive à toujours, de cette vie animale, de cette vie infecte de haine, de souffrance et de mort. Ah ! Que soit bénie la divine Providence pour nous avoir épargné un éternel déclin. La mission de l'homme était de restaurer la sphère d'existence dégradée par les anges rebelles, et qui devait propager le principe de vie en opposition à l'uvre destructrice de ces puissances ennemies dans la nature. Cet homme s'est laissé séduire par le monde physique, sur lequel il devait dominer, il s'est plongé dans le gouffre et en combinant son âme aux activités hétérogènes, il a ainsi souillé sa forme corporelle. L'arbre du bien et du mal, emporté par l'homme lui donne l'illusion de posséder la vie, mais cela n'est qu'en puissance d'être ; c'est-à-dire que tous nous en avons le germe, mais nous nous mettons nous-mêmes à la place de l'Enfant d'amour. Cet être faux, ce moi que les théologiens modernes nous enseignent à conduire au ciel, ne sera cependant plus trouvé nulle part, lorsque paraîtra le Verbe éternel ; et c'est là pourtant le Pivot sur lequel roule toute notre existence temporelle et bestiale Dès que l'homme se sent en exil sur cette terre, dès qu'il a le sentiment de sa misère et qu'il est las de cette vie basse et faite d'illusions, volontairement (c'est là l'unique règle), il peut se jeter dans les bras du Christ Crucifié, en lui faisant offrande du principe de sa vie bestiale, c'est-à-dire la souffrance, la corruption et la mort, pour en recevoir, en échange, la vie et la félicité. Jamais Dieu n'a égard aux mérites lorsqu'il appelle les hommes ; il ne les choisit pas ni plus riches, ni plus forts, mais il prend de préférence les âmes faibles et malheureuses, afin que sa miséricorde infinie en éclate davantage. Lorsque l'homme, semence du Père, reçoit par la Foi vivante la Vie ou le Verbe divin, l'Esprit Saint rayonne des deux, et, de la mutuelle félicité du Père et du Fils, s'élève l'Amour qui va s'abîmer dans l'Unité ; c'est le flux et le reflux de l'amour : Dieu aime sa créature, lui donne tout ; l'homme aimant Dieu lui renvoie tout avec intelligence. Mais pour cette uvre sublime, il faut une âme simple et muette, car dès que l'esprit s'en mêle, il fait perdre à l'âme ce qu'elle gagne par la foi. Tous les miracles ont été la figure de ce qu'avec le Christ on peut faire, mais le vrai miracle pour nous, c'est de devenir petit, si nous sommes vaniteux ; c'est d'être pauvre d'esprit dans notre orgueil et notre volonté. L'exemple de l'abaissement, de l'humilité nous a été donné par notre divin Rédempteur ; il nous a montré que seul le néant est notre place. Aussi, la véritable sagesse enlève tout à l'âme, la rendant pauvre et simple ; et plus elle est faible et méprisée, plus elle s'unit à son Roi. La vérité ne connaît que la simplicité ; c'est elle qui nous retire de la puissance ennemie, qui nous sort de l'esclavage, en nous rendant la liberté. La solitude et le silence peuvent nous cacher pendant quelque temps, mais la faiblesse et l'enfance, issues de la vérité, nous dissimulent mieux aux yeux des puissants de la terre ; c'est ainsi que la divine sagesse cache ses favoris. L'amour ce feu sacré se concentre en soi-même, il ne laisse rien paraître au dehors, il rend muet. Dans son enfance, Jésus-Christ ne laissait rien paraître aux yeux des mortels, qui ne lui fut commun avec les autres hommes, qui ne fut faible et conforme aux caractères de la plus tendre enfance, mais lorsqu'il semblait ne rien faire, mais souffrir seulement ce que les enfants souffrent, Jésus priait, adorait et était exaucé. Dans la crèche étroite on voyait un petit enfant qui pleurait et la Vierge emmaillotait les membres du Dieu que nourrissait son sein. Et durant ce temps, le petit Enfant parlait en secret dans son cur ; et cependant la voix de sa profonde oraison n'était point entendue, mais son Père, qui le voyait, lui rendait en secret. Et ce qu'il lui rendait était la grâce de tout le Genre Humain !... Le divin Maître a revêtu notre chair ; il a opéré des miracles nombreux ; il a enduré les plus cruelles souffrances ; il a subi la mort, pour nous ressusciter, sans que jamais cessât son oraison secrète à son Père. Et son oratoire était fait de sa chair, dont il fermait les issues, c'est-à-dire les sens ; rien ne sortait par leur canal, rien ne pouvait être vu par les hommes, nul étranger n'avait accès à ce qui se passait dans son cur. Et cette oraison qu'aucun homme ne pouvait comprendre, sollicitait pour eux le pardon de leurs péchés et le salut éternel. Plus encore, car Jésus-Christ fait homme s'est abaissé à l'excès, jusqu'à la forme d'un serviteur, pour adorer le Père en esprit et en vérité, comme, depuis tous les siècles, ce Père désirait être adoré ; cependant que nul ange, nul homme n'était en état de s'acquitter d'une telle fonction ; c'est pourquoi, dans la plénitude des temps Dieu le Père a envoyé son Fils dans le monde, afin que revêtu de la forme du serviteur, tout en conservant la nature de Seigneur, il devienne adorateur en qualité d'homme et adorateur en qualité d'égal, puisque le Christ est Dieu. Alors l'Unique a eu un adorateur digne de lui en la personne de Jésus-Christ, et cette oraison présentée à Dieu pour les Hommes leur a donné Dieu lui-même..... Toujours le Christ obtenait ce qu'il demandait, car le Père exauce toujours son Fils, qui fait sans cesse ce qui lui est agréable ; c'est pour cela que toutes choses sont remises par lui. Il a reçu toute puissance sur le ciel et sur la terre. De la crèche à la croix, Jésus a offert prières, supplications et larmes à son Père et, c'est l'humble prière du Fils qui a vaincu la colère du Père ; et ses gémissements secrets ont procuré le salut à l'homme en faisant violence à la Divinité. Depuis que Dieu et l'homme ont été réunis en une seule personne, nous trouvons dans le Temps, en Jésus-Christ, un intercesseur puissant, qui sans jamais se lasser, plaide et intercède en notre faveur, pauvres mortels que nous sommes ! Ce Roi de paix nous a donné l'exemple de l'oraison secrète dans notre cur, au milieu des agitations mondaines auxquelles nous sommes exposés ; il nous a fait don de ce précieux trésor de la grâce divine ; de sorte que l'homme peut, lorsqu'il le demande avec humilité, adorer Dieu en esprit et en vérité, dans le silence de ses sens. C'est en cela que consiste l'essence de la Religion, car seul l'Esprit de grâce nous fait offrir à Dieu des prières dignes de Lui, et lui seul doit bâtir la Sion sainte : sans Lui les hommes y travailleraient en vain ! Mais le Temple de l'oraison comme le temple de Jérusalem a plusieurs degrés qui représentent les divers progrès de ceux qui adorent. Dans les lieux les plus secrets et les plus cachés de l'esprit, dans le fond du cur, dans le sanctuaire dressé à Jésus par la Foi, s'établit aussi le Père qui ne se sépare jamais de son Verbe ; c'est de là que sort la sagesse et c'est là aussi que se fait l'oraison d'esprit et de cur. Cette oraison non interrompue entre Dieu et l'homme, élève et unit l'homme à Dieu ; mais la première condition nécessaire, c'est que l'Esprit Saint préside lui-même à cette oraison et qu'il l'inspire : « puisque celui qui sonde les curs fait ce que l'esprit désire parce qu'il le demande pour les saints selon Dieu. » (Romains 8-26). Et la seconde condition, c'est que l'homme consente, « puisquoù est l'esprit du Seigneur, là est la liberté. » Alors l'édifice humain, bâti sur ce fondement s'élève majestueusement comme le temple saint du Seigneur ! Faites ô Dieu d'amour, que tous les humains forment votre demeure en esprit, dans une vue sincère et douce de la vérité. Que tous nous nous jetions dans l'humanité de votre adorable Fils, pour retourner à vous, car elle est l'instrument de notre salut de canal de toutes les grâces que nous recevons, la barque sacrée qui ramène à vous l'âme perdue, cachée, sans souffle et sans mouvement, vidée de tout et d'elle-même, pour que vous transformiez ce tombeau en berceau ! Et l'Amour rend, à cette âme, au centuple, en joie, ce qu'elle a souffert pour arriver à vous, ô Dieu de bonté : qui êtes son complément, sa vie et sa félicité éternelle. Qu'il est heureux celui qui sait apprécier la douceur de la croix que nous offre Jésus !... *** |