Nicolazic inquiet

 

Qui donc était-ce que cette blanche apparition et que voulait-elle ?

Nicolazic crut d'abord que c'était l'âme de sa mère, décédée depuis peu, qui venait réclamer le secours de ses prières.

 

Pour éclairer ses doutes, il alla trouver un capucin d'Auray, le P. Modeste, et lui exposa en confession les choses extraordinaires qui depuis quelque temps le troublaient. Mais le confesseur garda une prudente réserve : l'Apparition venait-elle du purgatoire ? Peut-être : aussi conseilla-t-il à Nicolazic de faire dire des messes et des services pour sa mère. – Peut-être aussi venait-elle de l'enfer ? Le religieux savait que les illusions diaboliques ne sont pas rares, et qu'elles peuvent engager des âmes simples dans des voies dangereuses : aussi recommanda-t-il au paysan de se tenir en la grâce de Dieu pour ne pas être victime des embûches du démon.

Sans doute elle pouvait venir aussi du ciel ; la sincérité de son pénitent ne faisait pas de doute pour le religieux ; et, d'autre part, ce n'est pas une chose inouïe dans l'Église que Dieu se serve d'humbles personnages pour être les instruments de ses grands desseins.

Le confesseur embarrassé ne put donner aucune réponse précise.

— Priez, dit-il à son pénitent ; demandez à Dieu de nous éclairer, vous et moi ; et ayez confiance.

Nicolazic se conforma à ces sages conseils, et Dieu le récompensa.

Sortant de son long silence, l'Apparition allait enfin se révéler, et lui faire une communication qu'il était désormais préparé à entendre.