Théognostos.
Théognostos vécut, très vraisemblablement, au IXème siècle, à l'époque de Photius. Ami et partisan d'Ignatius, patriarche de Constantinople entre 847 et 858, il s'opposa à saint Photius et aida le patriarche déposé à composer sa "Lettre d'appel". Théognostos se rendit à Rome pour solliciter l'aide du pape Nicolas Ier, en 861. Il ne revint à Constantinople qu'en 868, porteur d'un message papal pour le nouvel empereur Basile Ier. Celui-ci, pour obtenir une éventuelle aide occidentale, déposa saint Photius et rappela Ignatius qui remercia Théognostos en faisant de lui le supérieur du monastère de Pège. Photius redevint patriarche en 878 et les moines studites s'opposèrent de nouveau à lui. Ce que l'on appelle à tort le "schisme de Photius" fut surtout causé par une rivalité politique entre Rome et Constantinople, au sujet des Églises slaves que Rome voulait réintégrer dans son orbite. Théologiquement, Photius reprochait à Rome de ne pas condamner la doctrine du filioque, venue d'Espagne et devenue commune aux Francs, et surtout son addition au symbole de Nicée-Constantinople, canoniquement interdite.
Ainsi Théognostos - "celui qui est connu de Dieu" - mena une vie mouvementée. Il s'engagea aux côtés d'Ignatius, mort en 877, mais ne partagea pas plus que les papes de son époque le fameux Filioque.
Citation des soixante-quinze chapitres "sur l'action, la contemplation et le sacerdoce".
5. Rien n'est meilleur que la prière pure, d'où, comme d'une source, jaillissent les vertus : la compréhension et la douceur, l'amour et la tempérance, le secours et la consolation que Dieu donne par les larmes. Et telle est la beauté de cette prière : la réflexion s'y concentre dans les seules paroles et dans les seules pensées. Telle est aussi l'insatiable et continuelle tension qui la porte à découvrir le divin, quand l'intelligence, suivant à la trace son propre Maître à travers la contemplation des êtres et cherchant d'un désir ardent, dans sa soif, à trouver et à voir l'invisible, ou contemplant la ténèbre, sa retraite 3, se tourne de nouveau vers elle-même, recueillie en toute piété, car en cet instant elle se contente de la contemplation qui lui est révélée pour son bien et qui la console. Et elle a bon espoir de saisir alors tout à fait ce qu'elle désire, quand seront accomplies les prophéties, et ce qu'elle imaginait au milieu des ombres, comme dans un miroir et en énigmes, et qu'elle verra continuellement face à face en toute pureté.
43. Par l'illumination de la grâce, comprends les pensées de l'ennemi et, te jetant en larmes devant Dieu, confesse ta faiblesse en te considérant comme rien, même si le ,trompeur te persuade de te figurer que tu es quelqu'un. Ne te juge pas digne de recevoir les charismes, sinon ceux qui suscitent le salut et qui préservent l'humilité. Mais recherche la connaissance qui n'enfle pas, comme la cause de la connaissance de Dieu, pour ne pas être opprimé jusqu'à la fin par les passions, comme par des tyrans, et pour être délivré de la chair dans l'impassibilité ou, plus humblement, dans la souffrance que font éprouver les fautes.
64. Quand, porté par la grâce divine, tu t'es trouvé en larmes devant Dieu dans la prière, laisse-toi tomber sur la terre, les bras en croix, et, frappant le sol de ta tête, demande à t'en aller d'ici pour être délivré de la corruption et affranchi des tentations : cependant, non pas comme tu le veux, mais comme il plaît à Dieu, et quand il lui plant, et où il lui plaît. Déjà tu désires et aimes ton départ de cette vie, si tu t'en es allé en larmes vers le Seigneur, dans l'abîme de l'humilité, afin de demeurer là sans te soucier de la brûlure du désir et de la prière. Cependant, pour le moment tu supportes le temps qui te sépare de la vie meilleure que Dieu prévoit. Mais fais le serment de chercher de toutes tes forces ce qui mène au but : quelle chose ne pas faire, quelle chose ne pas dire, quelle chose ne pas viser et ne pas entreprendre, afin de ne pas déchoir de Dieu.
75. Même si tu t'appliques à la prière pure qui unit à Dieu immatériellement l'intelligence immatérielle, et si tu es parvenu à voir comme dans un miroir le sort qui t'attend après la fin de la vie ici-bas, parce que tu as reçu le gage de l'Esprit et que tu as en toi le Royaume des cieux que tu perçois pleinement en toute certitude, ne supporte pas d'être affranchi de la chair sans d'abord connaître la mort. Mais prie beaucoup pour en arriver là et aie bonne espérance d'y parvenir avant ton exode, si c'est ton avantage. Prépare-toi continuellement à partir, en rejetant toute crainte, quand, après avoir traversé l'air et échappé aux esprits du mal, tu entreras avec confiance et sans peur à l'intérieur des voûtes célestes, tu te joindras aux ordres angéliques, tu viendras t'ajouter aux élus et aux justes depuis l'origine des siècles, et tu verras le divin, autant qu'il est possible : Si donc tu en es là, tu as l'intelligence des biens divins et du Verbe de Dieu qui illumine de ses rayons ce qui est plus haut que le ciel, célébré dans une adoration unique, avec sa chair très pure comme avec le Père et l'Esprit, par tous les ordres célestes et tous les saints. Amen.