On remarque peu de différence dans le fond et la forme des paroles du Sadhou, quil sagisse de discours prononcés du haut dune tribune ou de conversations intimes avec quelques familiers autour dun repas. Le Sadhou est cependant plus à laise lorsquil emploie le style familier du Guru hindou sentretenant avec ses disciples, que lorsquil prononce des allocutions en public à la manière occidentale. En outre, il est plus facile dapprécier dans des réunions intimes lhumour du Sadhou, sa bienveillance, son intuition spirituelle, la vivacité de son expression, la mobilité de sa physionomie ; et lon jouit de cette atmosphère de paix divine quil répand autour de lui. Ce chapitre-ci contient une sélection des discours publics ou privés du Sadhou, discours choisis pour leur profondeur, leur pénétration et leur simplicité pittoresque. * * LE PREDICATEUR
Je ne massieds pas devant ma table pour écrire mes sermons. Mais, lorsque je prie, les textes, les sujets et les exemples me viennent à lesprit. Tout prédicateur devrait recevoir son message de Dieu. Sil le cherche dans les livres, ce nest pas son propre Évangile quil annonce, mais celui des autres. Il couve les oeufs des autres et se figure que ce sont les siens. Le correspondant dun journal de Londres demanda au Sadhou quel serait le sujet de sa prédication à une prochaine réunion. Il répondit quil nen savait rien lui-même, mais quil serait guidé par le Seigneur. Cependant, lorsquil doit parler en public, il se réserve beaucoup de temps pour la prière et la méditation, et débute par un texte et quelques idées principales choisis avec soin pour la circonstance. Le développement de sa pensée dépend beaucoup de lauditoire : - Que doivent faire les prédicateurs qui nont pas dimagination? Sils montent en chaire, comme vous le faites, sans avoir laborieusement préparé leur discours, ils ne pourront retenir lattention de leur auditoire. - Avez-vous un conseil à donner pour la formation des étudiants en théologie ? * * VIE ET ESPOIR
« La vie et la plénitude de la vie ne sont pas une même chose ; il y a entre elles une grande différence. À quoi bon tout simplement « vivre » ? Permettez-moi de vous citer un exemple. Je visitai un hôpital et je vis un homme alité, malade. Ses jours nétaient pas en danger ; cependant jappris le lendemain que cet homme était mort. Comment cela était-il arrivé ? Un cobra était tombé pendant la nuit du toit sur le lit. Le malade lavait vu ramper à ses pieds et sapprocher de sa tête, à sa grande épouvante. Mais il navait pas eu la force de sortir de son lit ou de tuer le serpent. Il fut mordu au cou et mourut. Sur ces entrefaits, survint un autre homme qui tua le serpent. Le malade possédait bien la vie, mais quelle différence entre ces deux hommes ! Quoique vivant, le malade était incapable de se protéger du danger, tandis que lautre put se défendre et tuer lanimal. Bien des chrétiens possèdent ainsi la vie, mais ils sont incapables de se protéger contre lantique serpent. Ils ne peuvent surmonter la tentation. Comment pourraient-ils sauver les autres ? Ils mourront dans le péché, mordus par le serpent tentateur, dont le poison se répandra dans tout leur corps. Mais ceux qui ont la plénitude de la vie pourront tuer le serpent et, victorieux de la tentation, il leur sera possible daider leurs frères à faire de même. Cest cela, la vie surabondante. « Si nous nous donnons au Seigneur, il peut travailler par nous ; cest lorsque nous nous remettons entre ses mains quil peut faire de nous ses instruments. Cest au moyen des hommes de prière que Dieu peut accomplir de grandes choses. « Ne soyons jamais découragés par nos faiblesses. Le soleil a de nombreuses taches. Cesse-t-il pour cela de nous éclairer ? Ainsi donc, nous devons briller de la lumière que Lui, la Véritable Lumière, nous dispense. Il fera disparaître nos défauts et nous rendra parfaits. Notre devoir est de rayonner. Le ver luisant est, parmi les insectes, lun des plus menus ; et cependant il réjouit le coeur du voyageur par sa toute petite lumière. » * * SERVICE
« Il était une fois un homme riche. Un jour, son fils était assis dans le jardin. Des oiseaux arrivèrent en foule et mangèrent les fruits, tandis que des bestiaux piétinaient les plantes et les écrasaient. Le fils vit tout cela, mais il ne chassa point les animaux. On lui demanda : « Dans les montagnes du nord de lInde, où le climat est extrêmement froid, les voyageurs conservent leur chaleur de la manière suivante : ils remplissent de braise un petit récipient et le recouvrent de cendre. Ils lentourent de cordes, lenveloppent de linges et le portent sous leur bras. Trois hommes faisaient route ainsi vers un lieu de pèlerinage nommé Amarnath. Lun deux, voyant plusieurs de ses compagnons souffrir du froid, sortit la braise de son récipient, et alluma un feu auquel tous purent se réchauffer. Ranimés par la chaleur, ils reprirent leur route. Lorsque la nuit vint, le second voyageur sortit les braises de son vase, alluma une torche, grâce à laquelle ils purent marcher en sécurité. Le troisième voyageur se moqua deux, disant : « De même, cest la volonté de Dieu que le feu du Saint-Esprit, que nous avons reçu, répande la chaleur et la lumière parmi nos frères, contribuant ainsi à leur salut. Bien des gens méprisent ceux qui prodiguent leur santé et leur argent pour le salut des autres, et les traitent de fous. Et cependant ceux-là mêmes qui en auront sauvé beaucoup, seront sauvés, à leur tour. Mais ceux qui nont pas le désir de voir leurs frères participer au salut queux-mêmes ont reçu, le perdront au dernier jour et ils iront en enfer. Inutile alors de se lamenter, Cest pourquoi nous devons essayer de sauver notre prochain dès maintenant. « Un roi régnait dans le royaume de Paras. Il savait que ses sujets étaient très paresseux et il sinquiétait de la façon dont ils se défendraient si les ennemis envahissaient le pays. Voyant que ses conseils nétaient pas écoutés, il fit rouler une grosse pierre à la croisée de quatre routes. Les gens virent la pierre, mais ne tentèrent pas de lenlever et continuèrent leur route. Une semaine sécoula. Le roi, alors, commanda à tous ses sujets de se rassembler en ce lieu. Il souleva facilement la pierre qui était légère, car elle était creuse. Elle recouvrait un sac rempli de bijoux dor de la valeur dun lakh (cent mille roupies). Le sac portait cette inscription : « Ce trésor appartiendra à celui qui soulèvera la pierre. » Le roi le montra à ses sujets et leur dit : « Cest ainsi que le Christ nous appelle à porter la croix et à endurer les peines et les souffrances pour le salut des autres. Il y en a beaucoup qui se refusent à porter la croix, préférant la richesse, la santé, leur situation sociale. Ils trouvent que la croix est lourde, mais le Christ a dit : « Mon joug est aisé et mon fardeau léger. » Quand nous le porterons, nous verrons quil nest pas pesant. Bien plus, quand nous nous chargerons de la croix, le trône, la couronne et la gloire nous seront donnés par surcroît. Il faut donc nous préparer à dépenser notre santé, notre force, et au besoin notre vie, pour le salut de nos frères. « Il y avait un bon chrétien qui obéissait à lappel de Dieu et travaillait dans Sa vigne. * RELIGION
Toutes les religions ne se ressemblent-elles pas ? Elles recommandent toutes de faire le bien. « Supposez que nous écrivions le chiffre 1 et que nous placions une rangée de zéros à sa droite. Plus il y aura de zéros, plus ce chiffre sera important. Plaçons-les au contraire à gauche, ils demeureront de simples zéros. Le Christ est semblable au chiffre 1 ; à sa gauche se trouve le monde. Les biens acquis par ceux qui recherchent le monde, ne sont que de simples zéros. Mais à sa droite est le ciel. Les biens acquis par ceux qui recherchent le ciel sont sans limites. « Les sectes sont étranges et inutiles. Il ny a quun Dieu. Pourquoi avoir tant dÉglises et créer des dissensions ? Cest là, je pense, loeuvre du monde. Quand toutes les sectes seront réunies, ce ne sera plus la terre, mais le Ciel. « Un jour que je passais dans une rue, je constatai que toutes les portes étaient verrouillées. On ne voyait personne. Je pensai alors tant que notre coeur sera fermé au Seigneur qui la créé, il faudra verrouiller les portes afin de sauvegarder la propriété. Mais si les coeurs souvrent au Seigneur, les verrous ne seront plus nécessaires, car il ny aura plus de voleurs. » * LA PROVIDENCE
« Je demandai à un jeune homme comment il servait son Sauveur. * LAU-DELA
« Le poussin, dans sa coquille, a des preuves de lexistence dun autre monde : ce sont ses yeux et ses ailes. Les yeux sont faits pour voir et les ailes pour voler. Mais comment voler dans une coquille, et que peut-on y voir ? Il est donc clair que les yeux et les ailes ne sont pas faits pour la vie dans la coquille, mais pour la vie hors de la coquille. De même, un grand nombre de nos bonnes aspirations et de nos ambitions ne peuvent se réaliser icibas. Il doit y avoir une occasion de les satisfaire. Ce sera dans léternité. « Bien des gens parlent de lau-delà et disent quaprès la mort nous nexisterons plus, et quil est oiseux de parler du ciel et de lenfer. Cela me rappelle le dialogue de la poule et du poussin : « Ceux qui nient Dieu, le ciel et lenfer découvriront, eux aussi, la vérité, lorsque la coquille de leur corps se brisera et que leur âme sera libérée. Quand vous allez à létranger, il est bien doux davoir un ami qui vous vienne en aide. Devenez les amis de Jésus-Christ, et, quand vous irez au ciel, vous y trouverez un Ami.» ********* (1) Nous retrouvons la même pensée avec quelque différence, p. 86. |