960. Puisque par le Nom de Dieu il est entendu ce qui procède de Dieu et ce qui est Dieu, et que cela est nommé le Divin vrai et chez nous la Parole, cette Parole étant en soi Divine et très-sainte ne doit pas être profanée, et elle est profanée lorsqu'on en nie la sainteté, ce qui arrive lorsqu'elle est méprisée, rejetée et couverte d'outrages ; quand cela a lieu le Ciel est fermé et l'homme est abandonné à l'Enfer ; en effet, la Parole est l'unique moyen de conjonction du Ciel avec l'Église, c'est pourquoi lorsqu'elle est rejetée de coeur, cette conjonction est détruite, et l'homme étant alors abandonné à l'Enfer ne reconnaît plus aucun vrai de l'Église. Il y a deux choses qui ferment Le Ciel aux hommes de l'Église ; l'une est de nier le Divin du Seigneur, et l'autre de nier la sainteté de la Parole ; la raison de cela, c'est que le Divin du Seigneur est le tout du Ciel, et que le Divin Vrai, qui est la Parole dans le sens spirituel, fait le Ciel ; de là il est évident que celui qui nie l'un ou l'autre, nie ce qui est le tout du Ciel et ce par quoi est et existe le Ciel, et qu'ainsi il se prive de la communication, et par conséquent de la conjonction avec le ciel. Profaner la Parole est la même chose que blasphémer l'Esprit Saint, ce qui n'est remis à personne ; c'est pour cela même qu'il est dit dans ce précepte que celui qui profane le Nom de Dieu ne sera point laissé impuni.
962. Puisque par le Nom de Dieu il est entendu le Divin Vrai ou la Parole, et que par sa profanation il est entendu l'action de nier sa Sainteté, et par conséquent le mépris, le rejet et le blasphème, il en résulte que le Nom de Dieu est intérieurement profané par une vie opposée aux préceptes du Décalogue ; il y a en effet, une profanation intérieure et non extérieure, et il y a une profanation intérieure et en même temps extérieure, et il peut aussi y en avoir une extérieure et non en même temps intérieure ; la profanation intérieure se fait par la vie, et l'extérieure par le langage ; la profanation intérieure, qui se fait par la vie, devient aussi après la mort profanation extérieure ou profanation par le langage, car alors chacun pense et veut, et, autant qu'il lui est permis, parle et agit selon sa vie, et non par conséquent comme dans le Monde ; dans le Monde l'homme a coutume de parler et d'agir autrement qu'il ne pense et qu'il ne veut d'après sa vie, à cause du monde et pour se faire une bonne réputation ; c'est de là qu'il vient d'être dit qu'il y a une profanation intérieure et non en même temps extérieure. Qu'il puisse aussi exister une profanation extérieure et non en même temps intérieure, c'est parce que le style de la Parole, n'étant nullement le style du monde, peut par conséquent être en quelque sorte méprisé par ignorance de sa sainteté intérieure.
963. Celui qui s'abstient de profaner le Nom de Dieu, c'est-à-dire, la sainteté de la Parole par le mépris, par le rejet, ou par quelque blasphème, celui-là a de la religion, et il en a suivant la manière dont il s'abstient ; car personne n'a de religion, si ce n'est d'après la révélation, et chez nous la révélation est la Parole. C'est de coeur, et non de bouche seulement, qu'il faut s'abstenir de profaner la sainteté de la Parole ; ceux qui s'en abstiennent de coeur vivent d'après la religion, mais ceux qui s'en abstiennent seulement de bouche ne vivent pas d'après la religion ; car ceux-ci s'en abstiennent ou pour eux-mêmes ou pour le monde, parce que la Parole leur sert de moyen pour acquérir de Honneur et du profit, ou ils s'en abstiennent par quelque crainte ; mais plusieurs d'entre eux sont des hypocrites qui n'ont aucune religion.