SIXIEME PRÉCEPTE
Tu ne commettras point d'adultère.

    981. Qui peut croire aujourd'hui que le plaisir de l'adultère est l'enfer chez l'homme, et que le plaisir du mariage est le Ciel chez lui ; qu'ainsi autant l'homme est dans le premier de ces plaisirs, autant il n'est pas dans l'autre, car, autant l'homme est dans l'Enfer, autant il n'est pas dans le Ciel ? Qui peut croire aujourd'hui que l'amour de l'adultère est l'amour fondamental de tous les amours infernaux et diaboliques, et que, l'amour chaste du mariage est l'amour fondamental de tous les amours Célestes et Divins ; qu'ainsi autant l'homme est dans l'amour de l'adultère, autant il est dans tout amour mauvais, sinon en acte, du moins en effort ; et que d'un autre côté autant l'homme est dans l'amour chaste du mariage, autant il est dans tout amour bon, sinon en acte, du moins en effort ? Qui peut croire aujourd'hui que celui qui est dans l'amour de l'adultère ne croit rien de la Parole, ni par conséquent rien de l'Église, et que même il nie Dieu dans son coeur ; et que d'un autre côté celui qui est dans le chaste amour du mariage est dans la charité et dans la foi, et aussi dans l'amour envers Dieu ; que, de plus, la chasteté du mariage fait un avec la religion, et que la débauche de l'adultère fait un avec le naturalisme ? La raison pour laquelle ces choses sont aujourd'hui ignorées, c'est que l'Église est à sa fin, et a été dévastée quant au vrai et quant au bien ; et lorsque l'Église est dans cet état, l'homme de l'Église vient, par l'influx de l'enfer, dans la persuasion que les adultères ne sont ni des choses détestables ni des abominations ; et par suite il vient aussi dans la foi que les mariages et les adultères diffèrent non dans leur essence, mais seulement quant à l'ordre, lorsque cependant il y a entre eux une différence telle que celle qui existe entre le Ciel et l'enfer ; qu'il y ait entre eux cette différence, on le verra dans la suite. De là vient donc que dans la Parole le Ciel et l'Église sont entendus dans le sens spirituel par les noces et les mariages, et que l'Enfer et le rejet de toutes les choses de l'Église, sont entendus dans le sens spirituel de la Parole par les adultères et par les scortations.

    982. Puisque l'adultère est l'enfer chez l'homme, et que le mariage est le Ciel chez lui, il s'ensuit qu'autant l'homme aime l'adultère, autant il s'éloigne du Ciel, et que par conséquent les adultères ferment le Ciel et ouvrent l'enfer ; c'est là ce qu'ils produisent, en tant qu'on les croit permis, et qu'on les perçoit plus agréables que les mariages : c'est pourquoi l'homme qui confirme en lui les adultères et les commet avec la permission et le consentement de sa volonté, et qui a en aversion les mariages, se ferme le Ciel, jusqu'à ne plus croire enfin à rien de l'Église ou de la Parole ; il devient absolument homme sensuel, et après la mort esprit infernal ; car, ainsi qu'il a été dit ci-dessus, l'adultère est l'enfer, et par suite l'homme adultère est la forme de l'enfer. Puisque l'adultère est l'enfer, il s'ensuit que si l'homme ne s'abstient des adultères, ne les fuit et ne les a en aversion comme infernaux, il se ferme l'entrée du Ciel, et n'en reçoit pas le moindre influx ; il fait ensuite ces raisonnements, que les mariages et les adultères sont similaires ; mais que les mariages doivent être protégés dans les Royaumes à cause de l'ordre et de l'éducation des enfants ; et que les adultères ne sont pas criminels, puisqu'il en naît également des enfants, puisqu'ils ne causent pas de préjudice aux femmes parce qu'elles peuvent les supporter, et puisque par eux la procréation du genre humain est augmentée ne sachant pas que de tels raisonnements, et d'autres du même genre en faveur des adultères, sortent des eaux marécageuses de l'enfer, et que la nature libidineuse et grossière de l'homme, qu'il tient de naissance, les tire à soi et les suce avec délices, comme un pourceau son fumier. Que de semblables raisonnements, qui assiègent aujourd'hui les mentals d'un grand nombre de personnes dans la Chrétienté, soient infernaux, C'est ce qu'on verra dans la suite.

    983. Que le mariage soit le Ciel, et que l'adultère soit l'Enfer, cela ne peut pas être mieux vu que d'après leur origine. L'origine de l'amour vraiment conjugal est l'amour du Seigneur à l'égard de l'Église ; de là, le Seigneur est nommé dans la Parole fiancé et époux, et l'Église fiancée et épouse ; c'est par ce mariage que l'Église est Église dans le commun et dans la partie, l'Église dans la partie est l'homme dans lequel il y a l'Église ; de là il est évident que la conjonction du Seigneur avec l'homme de l'Église est l'origine même de l'amour vraiment conjugal. Mais il va aussi être dit comment cette conjonction peut en être l'origine : La conjonction du Seigneur avec l'homme de l'Église est la conjonction du bien et du vrai ; du Seigneur vient le bien, et chez l'homme est le vrai ; de là la conjonction qui est appelée mariage céleste, mariage par lequel existe l'amour vraiment conjugal entre deux époux, qui sont dans une telle conjonction avec le Seigneur : par là on voit d'abord que l'amour vraiment conjugal vient du Seigneur seul, et est chez ceux qui sont par le Seigneur dans la conjonction du bien et du vrai ; comme cette conjonction est réciproque, elle est décrite par le Seigneur lorsqu'il dit, qu' « Ils sont en Lui, et Lui en eux. »-Jean, XIV. 20.- Cette conjonction ou ce mariage a été établi ainsi par création : L'homme a été créé pour être entendement du vrai, et la femme pour être affection du bien, par conséquent l'homme pour être le vrai, et la femme pour être le bien ; lorsque l'entendement du vrai, qui est chez l'homme, fait un avec l'affection du bien qui est chez la femme, il y a conjonction des deux mentals en un ; cette conjonction est le mariage spirituel, d'où descend lamour conjugal ; car lorsque les deux mentals ont été conjoints de manière qu'ils sont comme un seul mental, il y a entre eux amour ; cet amour, qui est l'amour du mariage spirituel, devient l'amour du mariage naturel, quand il descend dans le corps. Que cela soit ainsi, c'est ce que chacun, s'il le veut, peut clairement percevoir; les époux qui s'aiment mutuellement et réciproquement à l'intérieur quant aux mentals, s'aiment aussi mutuellement et réciproquement quant aux corps : il est notoire que tout amour descend dans le corps d'après l'affection du mental, et que sans cette origine il n'existe aucun amour. Maintenant, comme l'origine de l'amour conjugal est le mariage du bien et du vrai, mariage qui dans son essence est le Ciel, il est bien évident que l'origine de l'amour de l'adultère est le mariage du mal et du faux, mariage qui dans son essence est l'enfer. Si le Ciel est le mariage, c'est parce que tous ceux qui sont dans les Cieux ; sont dans le mariage du bien et du vrai ; et si l'enfer est l'adultère, c'est parce que tous ceux qui sont dans les enfers sont dans le mariage du  mal et du faux ; de là résulte que le mariage et l'adultère sont entre eux aussi opposés que le Ciel et l'Enfer.

    984. L'homme a été créé pour être amour spirituel et céleste, et par conséquent image de Dieu et ressemblance de Dieu : l'amour spirituel, qui est l'amour du vrai, est l'image de Dieu ; et l'amour céleste, qui est l'amour du bien, est la ressemblance de Dieu : tous les Anges dans le troisième Ciel sont des ressemblances de Dieu, et tous les Anges dans le second Ciel sont des images de Dieu. L'homme ne peut devenir l'amour, qui est l'image ou la ressemblance de Dieu, que par le mariage du vrai et du bien, car le vrai et bien s'aiment intimement, et désirent ardemment s'unir pour être un ; et cela, parce que du Seigneur procèdent unis le Divin Bien et le Divin Vrai, par conséquent ils doivent être unis dans l'Ange du Ciel et dans l'homme de l'Église. Cette union ne peut avoir lieu d'aucune autre manière que par le mariage des deux mentals en un ; car, ainsi qu'il a été dit précédemment, l'homme a été créé pour être l'entendement du vrai par conséquent le vrai, et la femme a été créée pour être l'affection du bien, par conséquent le bien, en eux existe donc la conjonction du bien et du vrai ; car l'amour conjugal qui descend de cette conjonction est le moyen même (medium ipsissimum ) pour que l'homme devienne l'amour qui est l'image ou la ressemblance de Dieu : en effet, deux époux qui sont par le Seigneur dans l'amour conjugal s'aiment mutuellement et réciproquement de coeur, ainsi par les intimes ; et de là, quoiqu'ils soient en apparence deux, toujours est-il qu'en actualité ils sont un ; ils sont deux quant aux corps, mais ils sont un quant à la vie ; ce qui peut être comparé aux yeux en ce qu'ils sont deux quant aux organes, mais un quant à la vue, et de même aux oreilles qui sont deux quant aux organes, mais un quant à l'ouïe, de même aussi les bras et les pieds sont deux quant aux membres, mais un quant aux usages, les bras sont un quant aux actes, et les pieds sont un quant à la marche ; il en est de même des autres parties paires chez l'homme, elles se réfèrent aussi au bien et au vrai, l'organe ou le membre qui est à droite au bien, et celui qui est à gauche du vrai ; c'est la même chose pour le mari et l'épouse entre lesquels existe l'amour vraiment conjugal ils sont deux quant aux corps, mais ils sont un quant à la vie ; c'est pour cela même que dans le Ciel, en parlant de deux époux, on dit, non deux Anges mais un Ange. D'après cela il est évident que par le mariage l'homme devient une forme de l'amour, et par conséquent une forme du Ciel, c'est-à-dire, l'image et la ressemblance du Seigneur. L'homme naît dans l'amour du mal et du faux, cet amour est l'amour de l'adultère ; un tel amour ne peut être ni converti ni changé en amour spirituel qui est l'image de Dieu, ni à plus forte raison en amour céleste qui est la ressemblance de Dieu, que par le mariage du bien et du vrai venant du Seigneur, et il ne peut être pleinement que par le mariage des deux mentals et des deux corps. On voit clairement par là d'où vient que les mariages sont célestes et les adultères infernaux; car le mariage est l'image du Ciel et l'amour vraiment conjugal l'image du Seigneur, et l'adultère est l'image de l'enfer et l'amour de l'adultère l'image du diable : l'amour conjugal apparaît même dans le Monde spirituel dans une forme comme un Ange, et l'amour de l'adultère dans une forme comme un diable : " Lecteur, retiens cela en toi, et après la mort, lorsque tu vivras homme esprit, recherche si cela est vrai, et tu verras."

    985. On peut par la sainteté du mariage juger combien les adultères sont profanes, et par suite combien on doit les détester. Toutes les choses qui sont dans le corps Humain depuis la tête jusqu'aux pieds, tant celles qui sont intérieures que celles qui sont extérieures, correspondent aux Cieux ; de là vient que l'homme est le Ciel dans la forme la plus petite, et que les Anges et les Esprits sont aussi dans une forme parfaitement humaine, car ils sont des formes du Ciel : tous les membres destinés à la génération, dans l'un et l'autre sexe, surtout l'utérus, correspondent aux sociétés du Troisième ciel ou Ciel intime : la raison de cela, c'est que l'amour vraiment conjugal est dérivé de l'amour du Seigneur à légard de l'Église, et de l'amour du bien et du vrai, amour qui est celui des Anges du Troisième Ciel ; aussi l'amour conjugal qui en descend est-il, comme l'amour de ce Ciel, l'innocence qui est l'être même de tout bien dans les Cieux ; de là les embryons dans l'utérus sont dans l'état de la paix et après qu'ils sont nés les petits enfants sont dans l'état d'innocence, de même que leur mère à leur égard. Puisque telle est la correspondance des membres génitaux de l'un et de l'autre sexe, il est évident que par création ils sont saints, et qu'ainsi ils ont été uniquement destinés au chaste et pur amour conjugal, et ne doivent pas être profanés par l'impudique et impur amour de l'adultère ; par là l'homme change chez lui le Ciel en enfer; car, de même que l'amour du mariage correspond à l'amour du ciel suprême qui est l'amour envers le Seigneur d'après le Seigneur, de même l'amour de l'adultère correspond à l'amour de lenfer le plus profond. Si l'amour du mariage est si saint et si céleste, c'est parce que, procédant du Seigneur Lui Même, il commence dans les intimes de l'homme, descend selon l'ordre jusqu'aux derniers du corps, remplit ainsi de l'amour céleste l'homme tout entier introduit en lui la forme du Divin Amour, forme qui est la forme du Ciel, et est l'image du Seigneur, comme il a déjà été dit : l'amour de l'adultère commence au contraire, par les derniers de l'homme, et il y provient d'un feu lascif impur, et de là il pénètre contre l'ordre vers les intérieurs, toujours dans les propres de l'homme, qui ne sont que des maux, et il y introduit la forme de l'enfer, forme qui est l'image du diable ; c'est pourquoi l'homme qui aime l'adultère et a de l'aversion pour le mariage est dans la forme un diable. Comme les membres de la génération dans l'un et l'autre sexe correspondent aux sociétés du Troisième Ciel, et l'amour des époux à l'amour du bien et du vrai, c'est aussi pour cela que ces membres et cet amour correspondent à la Parole ; cela vient de ce que la Parole est le Divin Vrai uni au Divin Bien procédant du Seigneur : c'est de là que le Seigneur est appelé la Parole ; c'est aussi delà que dans chaque chose de la Parole il y a le mariage du bien ou du vrai, ou le mariage céleste : qu'il y ait cette correspondance, c'est un arcane qui est encore inconnu dans l'univers, et qui m'a été manifesté et confirmé par de nombreuses expériences. On voit aussi par là combien en eux-mêmes les mariages sont saints et célestes, et combien les adultères sont profanes et diaboliques. C'est de là aussi que les adultères méprisent les Divins Vrais, par conséquent la Parole, et même s'ils parlaient d'après leur coeur, ils blasphémeraient les choses saintes qui sont dans la Parole ; c'est ce qu'ils font quand ils sont devenus esprits après la mort, car tout esprit est forcé de parler selon son coeur, afin que ses pensées intérieures soient révélées.

    986. Comme tous les plaisirs qui appartiennent à l'homme dans le Monde naturel sont changés en choses correspondantes dans le Monde spirituel, il en est de même des plaisirs de l'amour du mariage et des plaisirs de l'amour de l'adultère : l'amour du mariage est représenté dans le Monde spirituel comme une Vierge d'une si grande beauté, qu'elle inspire à celui qui la voit les délices de la vie ; l'amour de l'adultère est au contraire représenté dans le Monde spirituel par une Vieille d'une telle laideur, qu'elle inspire à celui qui la voit le froid et la mort pour toutes délices de la vie ; de là vient que dans les Cieux la beauté des Anges est selon la qualité de l'amour conjugal chez eux, et que dans les enfers la laideur des esprits est selon la qualité de l'amour de l'adultère chez eux : en un mot, chez les Anges du Ciel, dans les faces, les gestes du corps et le langage, il y a la vie selon l'amour conjugal ; et, chez les esprits de l'enfer, dans les faces il y a la mort selon lamour de l'adultère. Les plaisirs de lamour conjugal dans le Monde spirituel sont représentés d'une manière sensible par les odeurs suaves que répandent des fruits et des fleurs de divers genres ; et les plaisirs de l'amour de l'adultère y sont représentés d'une manière sensible par les mauvaises odeurs que répandent des excréments et des pourritures de différents genres ; les plaisirs de l'amour de l'adultère sont même réellement (actualiter) changés en de tels objets, parce que toutes les choses de l'adultère sont des ordures spirituelles : de là vient que dans les enfers il s'exhale des lieux de débauche des puanteurs qui excitent le vomissement.

    988. On peut voir combien les mariages sont saints en eux-mêmes, c'est-à-dire, de création, en ce qu'ils sont les pépinières du genre humain ; et comme le Ciel Angélique vient du genre humain, ils sont aussi les pépinières du Ciel ; par conséquent les mariages remplissent d'habitants non seulement les terres, mais encore les Cieux : et puisque la fin de toute création est le Genre humain et par suite le Ciel, où le Divin Même habite comme dans ce qui est sien, et comme en soi, et que la procréation des hommes a été instaurée selon l'Ordre Divin par les mariages, on voit combien les mariages sont saints en eux-mêmes, ainsi de création, et combien par conséquent ils doivent être saints. La Terre, il est vrai , peut être aussi bien remplie d'habitants par les fornications et les adultères que par les mariages, mais non le ciel, par la raison que l'enfer vient des adultères, et que le Ciel vient des mariages : si l'enfer vient des adultères, c'est parce que l'adultère vient du mariage du mal et du faux, ce qui fait que l'enfer dans tout le complexe est nommé adultère ; et si le Ciel vient des mariages, c'est parce que le mariage vient du mariage du bien et du vrai, ce qui fait aussi que le Ciel dans tout le complexe est nommé Mariage, comme il a été déjà montré. Par adultère il est entendu où règne l'amour qui est nommé amour de l'adultère, soit qu'il existe au dedans ou au dehors des liens matrimoniaux; et par mariage il est entendu où règne l'amour qui est nommé amour conjugal. Que la terre puisse être aussi bien remplie d'habitants par les fornications et les adultères que par les mariages, cela sera expliqué plus amplement dans l'Article suivant. Quand les procréations du genre humain se font par des Mariages dans lesquels règne par le Seigneur un saint amour du bien et du vrai, alors il arrive dans les terres ce qui arrive dans les Cieux, et le Royaume du Seigneur dans les terres correspond au Royaume du Seigneur dans les Cieux ; en effet, les Cieux consistent en sociétés disposées en ordre selon toutes les variétés des affections célestes et spirituelles ; par cette ordination existe la forme du Ciel, laquelle surpasse éminemment toutes les formes qui sont dans l'univers ; il y aurait une semblable forme dans les terres si les procréations s'y faisaient par des Mariages dans lesquels règne l'amour vraiment conjugal ; car il existerait alors dans une pareille variété autant d'images des sociétés du Ciel, qu'il descendrait successivement de familles issues d'un seul Père de famille ; les familles seraient alors comme des arbres fruitiers de différentes espèces, d'où résulteraient autant de jardins, dans chacun desquels seraient des fruits de son espèce, jardins qui pris ensemble présenteraient la forme du Paradis céleste ; mais cela a été dit comparativement, parce que les arbres signifient les hommes de l'Église, les jardins l'intelligence, les fruits les biens de la vie et le Paradis le Ciel. Il m'a été dit du Ciel qu'une telle correspondance des familles dans les terres, avec les sociétés dans les Cieux, avait existé chez les Très-Anciens par lesquels a été instaurée sur cette Terre la Première Église, qui fut ; aussi nommée par les écrivains Anciens siècle d'or, par la raison qu'alors régnaient l'amour envers le Seigneur, l'amour mutuel, l'innocence, la paix, la sagesse, et la chasteté dans les mariages ; et il m'a aussi été dit du Ciel qu'on avait alors intérieurement de l'horreur pour les adultères comme pour des choses abominables de l'enfer.

    989. Il a été dit ci-dessus que le Ciel vient des Mariages, et que l'Enfer vient des Adultères ; il va être dit maintenant comment cela doit être entendu. Les maux héréditaires dans lesquels l'homme naît ne viennent pas d'Adam en raison de ce qu'il a mangé de l'Arbre de la science, mais ils viennent des parents à cause de l'adultération du bien et de la falsification du vrai, par conséquent à cause du mariage du mal et du faux, mariage d'après lequel existe l'amour de l'adultère ; l'amour régnant des parents est par transmission dérivé et transféré dans la race, et il devient la nature de la race ; si l'amour des parents est l'amour de l'adultère, il est aussi l'amour du mal pour le faux et du faux pour le mal ; de cette origine vient tout mal chez l'homme, et par le mal l'enfer est chez lui. De là, il est évident que l'enfer chez l'homme vient des adultères, si l'homme n'est pas réformé par le Seigneur au moyen des vrais et d'une vie selon les vrais ; et aucun homme ne peut être réformé, s'il ne fuit pas les adultères comme infernaux et n'aime pas les mariages comme célestes ; c'est ainsi, et non autrement, que, le mal héréditaire est brisé, et devient plus doux dans la race. Mais il faut qu'on sache que quoique l'homme naisse enfer par ses parents adultères, toujours est-il cependant qu'il naît pour le Ciel et non pour l'enfer ; car il est pourvu par le Seigneur à ce que personne ne soit condamné à l'enfer pour les maux héréditaires, mais qu'il y ait condamnation pour les maux que l'homme aura fait siens par la vie actuelle : c'est ce qu'on peut voir par les petits enfants qui tous après la mort sont adoptés par le Seigneur, élevés sous ses auspices dans le Ciel, et sauvés ; de là il est évident que tout homme, quoiqu'il soit enfer par les maux nés avec lui, naît cependant pour le Ciel et non pour l'enfer. Il en est de même de tout homme même né d'un adultère, s'il ne devient pas lui-même adultère ; par devenir adultère, il est entendu vivre dans le mariage du mal et du faux, en pensant aux maux et aux faux par plaisir pour eux, et en les faisant par amour pour eux ; tout homme qui agit ainsi devient aussi adultère. Il est même de la Justice Divine que personne ne soit puni pour les maux de ses parents, mais que chacun le soit pour les siens propres, aussi est-il pourvu par le Seigneur à ce que, après la mort, les maux héréditaires ne reviennent pas ; mais les maux propres reviennent, et alors l'homme est puni pour ceux qui reviennent.

    990. Il a été dit ci-dessus qu'entre l'amour du mariage et l'amour de l'adultère il y a la même différence qu'entre le Ciel et l'enfer ; une semblable différence existe entre les plaisirs de ces amours, car les plaisirs tirent tout ce qui les constitue des amours dont ils proviennent. Les plaisirs de l'adultère tirent ce qui les constitue des plaisirs de faire des usages mauvais, ainsi de mal faire, et les plaisirs de l'amour du mariage le tirent des plaisirs de faire des usages bons, ainsi de bien faire ; tel donc est le plaisir pour les méchants à mal faire, tel est le plaisir de leur amour de l'adultère, parce que l'amour de l'adultère en descend : qu'il descende de là à peine quelqu'un peut-il le croire, mais néanmoins de là vient son origine ; il est donc évident que le plaisir de ladultère s'élève de l'enfer le plus profond. Au contraire, le plaisir de lamour du mariage, parce qu'il vient de l'amour de la conjonction du bien et du vrai et de l'amour de faire le bien, est un plaisir céleste ; il descend même du Ciel intime ou troisième Ciel, où règne l'amour envers le Seigneur d'après le Seigneur : par là on peut voir qu'il existe entre ces deux plaisirs la même différence qu'entre le Ciel et l'Enfer. Ce qu'il y a d'étonnant, c'est que l'on croie que le plaisir du mariage et le plaisir de l'adultère sont semblables, mais toujours est-il qu'il y a entre eux la différence dont il vient d'être parlé : toutefois cette différence ne peut être ni discernée ni sentie par aucun autre que par celui qui est dans le plaisir de l'amour conjugal ; celui qui est dans ce plaisir sent manifestement que dans le plaisir du mariage il n'y a rien d'impur ni d'impudique, par conséquent rien de lascif ; et que dans le plaisir de l'adultère il n'y a rien qui ne soit impur, impudique et lascif ; il sent que ce qui est impudique monte d'en bas, et que ce qui est chaste descend d'en haut ; mais celui qui est dans le plaisir de ladultère ne peut pas sentir cela, parce qu'il sent l'infernal comme étant son céleste. De là il résulte que l'amour du mariage, même dans son dernier acte, est la pureté même et la chasteté même, et que l'amour de l'adultère dans ses actes est l'impureté même et l'impudicité même. Comme les plaisirs de ces deux amours paraissent extérieurement semblables, quoiqu'à l'intérieur ils soient absolument dissemblables, parce qu'ils sont opposés, il est en conséquence pourvu par le Seigneur à ce que les plaisirs de l'adultère ne montent point dans le Ciel, et à ce que les plaisirs du mariage ne descendent point dans l'enfer, mais à ce qu'il y ait toutefois une certaine correspondance du Ciel avec la prolifération dans les adultères, sans qu'il y en ait une avec le plaisir même qui est en eux.

    991. Il a été dit que l'amour conjugal, qui est naturel, descend de l'amour du bien et du vrai qui est spirituel, par suite ce spirituel est dans l'amour naturel du mariage, comme la cause est dans l'effet ; par le mariage donc du bien et du vrai existe l'amour de fructifier, à savoir, le bien par le vrai et le vrai d'après le bien, amour d'où descend l'amour de proliférer dans lequel il y a tout délice et toute volupté. D'un autre côté, l'amour de l'adultère, qui est naturel, vient de l'amour du mal et du faux qui est spirituel, par suite ce spirituel est dans l'amour naturel de l'adultère, comme la cause est dans l'effet ; par le mariage donc du mal et du faux existe l'amour de fructifier, à savoir, le mal par le faux et le faux d'après le mal, amour d'où descend l'amour de proliférer dans les adultères, dans lequel il y a tout délice et toute volupté. Que dans l'amour de proliférer il y ait tout délice et toute volupté, c'est parce que tout plaisir, tout agrément, toute béatitude, toute félicité dans le Ciel entier et dans le monde entier, ont été par création mis ensemble dans l'effort et par suite dans l'action de produire des usages ; ces joies croissent en degré selon la bonté et l'excellence des usages durant l'éternité ; par là on voit clairement d'où provient cette si grande volupté de proliférer, qui surpasse toutes les autres voluptés ; si elle les surpasse, c'est à cause de l'usage qui surpasse tous les autres usages, cet usage étant la procréation du genre humain et par conséquent du Ciel. De là aussi proviennent la volupté et le délice de l'adultère ; mais comme la prolifération par les adultères correspond à la production du mal par le faux, et du faux d'après le mal, cette volupté et ce délice décroissent et s'affaiblissent par degrés jusqu'à se changer enfin en dégoût et en nausée. Puisque le plaisir de l'amour du mariage est un plaisir céleste, et que le plaisir de l'adultère est un plaisir infernal, ainsi qu'il a été dit ci-dessus, il s'ensuit que le plaisir de l'adultère vient d'un certain feu impur, qui simule le plaisir de l'amour du bien, tant qu'il dure, mais qu'en lui-même il est le plaisir de l'amour du mal, qui dans son essence est le plaisir de la haine contre le bien et le vrai ; et comme son origine vient de là, il n'y a point d'amour entre un adultère et une adultère, sinon un amour comme l'amour de la haine, qui est tel, qu'ils peuvent être en conjonction dans les externes, mais non dans les internes ; en effet, dans les externes c'est du feu, dans les internes c'est de la glace ; aussi le feu s'éteint-il même après peu de temps, et la glace survient-elle ou avec l'impuissance ou avec une aversion comme celle qu'on éprouve pour ce qui est ignoble, Il m'a aussi été donné de voir cet amour dans son essence ; il était tel, que c'était au dedans une haine mortelle, et qu'au dehors il paraissait comme un feu ardent de matières stercorales, fétides et infectes ; et selon que ce feu avec son plaisir s'éteignait, de même expirait par degrés la vie de conversation et de commerce mutuels, et se montrait la haine, d'abord sous une apparence de mépris, ensuite d'aversion, puis de rebuts, enfin de reproches outrageants et de voies de fait : et, ce qui était étonnant, quoiqu'il y eût haine entre eux, ils pouvaient cependant parfois se rapprocher, et sentir alors le plaisir de la haine comme le plaisir de l'amour ; mais cela d'après le prurit charnel. On ne saurait ni décrire ni croire quel plaisir de haine, et par suite quel plaisir de mal faire, il y a chez ceux qui sont dans l'enfer ; faire le mal est la joie de leur coeur et cette joie ils la nomment leur Ciel : leur plaisir de mal faire tire son tout de la haine et de la vengeance contre le bien et le vrai ; aussi, poussés par une haine mortelle et diabolique, sont-ils en fureur contre le Ciel, surtout contre ceux qui sont du Ciel et adorent le Seigneur; car ils sont enflammés d'un violent désir de les massacrer, et comme ils ne peuvent tuer les corps, ils veulent faire périr les âmes ; c'est donc le plaisir de la haine, qui étant devenu un feu dans les externes et étant injecté dans une chair portée à la lasciveté, devient en ce moment  le plaisir de l'adultère, l'âme dans laquelle se cache la haine se tournant alors en sens contraire. De là vient que l'enfer est dit adultère - de là vient aussi que ceux qui se livrent éperdument à l'adultère sont impitoyables, féroces et cruels. Voilà le
mariage infernal. Puisque l'adultère est un feu dans les externes et de la glace dans les internes, et qu'ainsi l'interne ne produit pas l'externe, comme il arrive dans les mariages mais que l'interne et l'externe agissent mutuellement en sens opposé, de là vient que l'homme éprouve de l'impuissance quand la femme veut l'acte, et plus encore quand elle le sollicite ; car l'interne, qui est froid, vient alors en effort, et il influe dans le feu qui est dans les externes et l'éteint, et par conséquent il rejette comme inhabile ; il faut ajouter à cela que le désir de faire violence, qui excite aussi ce feu impur, est alors perdu.

    992. il a été dit que l'amour adultère est un feu embrasé par des impuretés, qui se ralentit bientôt et se change en un froid et en une aversion correspondante à la haine ; mais c'est le contraire pour l'amour du mariage, cet amour est un feu embrasé par l'amour du bien et du vrai et par le plaisir de bien faire, ainsi par l'amour envers le Seigneur et par l'amour à l'égard du prochain ; ce feu, qui est céleste par son origine, est rempli de plaisir innombrables, savoir, en aussi grande quantité qu'il y a de délices et de béatitudes célestes. Il m'a été dit que les charmes et les agréments que renferme cet amour, et qui se manifestent successivement, sont en si grande quantité et tels, qu'il est impossible de les nombrer et de les décrire ; ils sont même multipliés avec accroissement durant l'éternité. L'origine de ces délices vient de ce que les époux veulent être unis en un quant aux mentaux, et de ce que le Ciel conspire à une telle union, d'après le mariage du bien et du vrai qui y existe par le Seigneur. Je désire rapporter quelques particularités sur les mariages des Anges dans le Ciel  : ils disent qu'ils sont dans une puissance continuelle ; qu'après les actes ils n'éprouvent jamais de lassitude, moins encore de tristesse, mais qu'il y a activité de la vie et hilarité du mental (animi); que les époux passent la nuit dans le sein l'un de l'autre de même qu'ils ont été créés en un ; que les effets sont constamment ouverts pour qu'ils ne manquent jamais tant qu'ils veulent, parce que sans les effets l'amour serait comme la veine bouchée d'une fontaine ; l'effet l'ouvre, et établit la pérennité, et aussi la conjonction pour qu'ils deviennent comme une seule chair, car le vital du mari s'ajoute au vital de l'épouse et il y a union ; ils disent que les délices des effets ne peuvent être décrites par les mots d'aucune langue dans le Monde naturel, ni être pensées par des idées, sinon par des idées spirituelles, lesquelles cependant n'épuisent pas le sujet. Voilà ce qui m'a été dit par les Anges.

    993. Que l'amour vraiment conjugal contienne en soi tant de délices ineffables qu'elles sont au-dessus des nombres et des expressions, c'est aussi ce qu'on peut voir en ce que cet amour est l'amour fondamental de tous les amours célestes et spirituels, parce que par lui l'homme devient amour, car le conjoint aime son conjoint par cet amour comme le bien aime le vrai et comme le vrai aime le bien ; ainsi, d'une manière représentative, comme le Seigneur aime le Ciel et l'Église ; un tel amour ne peut exister que par le mariage dans lequel le mari est le vrai et l'épouse le bien. Quand par le mariage l'homme est devenu un tel amour, il est aussi dans l'amour envers le Seigneur et dans l'amour à l'égard du prochain, par conséquent dans l'amour de tout bien et dans l'amour de tout vrai ; car de l'homme comme amour il ne peut procéder que des amours de tout, de là résulte que l'amour conjugal est l'amour fondamental de tous les amours du Ciel. Maintenant, puisqu'il est l'amour fondamental de tous les amours du Ciel, il est aussi l'amour fondamental de tous les plaisirs et de toutes les joies du Ciel, car tout plaisir et toute joie appartiennent à l'amour : il suit de là que les joies célestes, dans leur ordre et dans leurs degrés, tirent de lamour conjugal leurs origines et leurs causes. Des félicités du mariage on peut conclure les infélicités des adultères, à savoir, que l'amour de l'adultère est l'amour fondamental de tous les amours infernaux, qui en eux-mêmes sont des haines et non des amours ; qu'en conséquence c'est de l'amour de l'adultère que surgissent les haines de tout genre, tant contre Dieu que contre le prochain, et en général contre tout bien et tout vrai du Ciel et de l'Église ; de là pour lui toutes les infélicités ; car par les adultères l'homme devient une forme de l'enfer, et par l'amour des adultères il devient une image du diable, comme il a été dit précédement. Que par les mariages où règne l'amour vraiment conjugal toutes les délices et toutes les félicités croissent jusqu'aux délices et autres félicités du Ciel intime, et que dans les mariages où règne l'amour de l'adultère les disgrâces et les infortunes croissent en cruauté jusqu'à l'enfer le plus profond, on le voit dans le traité du CIEL ET DE L'ENFER, N° 386.

    995. L'amour vraiment conjugal vient du Seigneur seul ; s'il vient du Seigneur seul, c'est parce qu'il descend de l'amour du Seigneur à l'égard du Ciel et de l'Église, et par conséquent de l'amour du bien et du vrai ; en effet, c'est du Seigneur que vient le Bien, et c'est dans le Ciel et dans l'Église qu'il y a le vrai ; de là résulte que l'amour vraiment conjugal est dans sa première essence l'amour envers le Seigneur. C'est de là que personne ne peut être dans l'amour vraiment conjugal, ni dans les charmes, les plaisirs, les béatitudes et les joies de cet amour, si ce n'est celui qui reconnait le Seigneur seul, c'est-à-dire, qui reconnaît le Trine dans le Seigneur : celui qui s'adresse au Père comme à une personne par soi, ou à l'Esprit Saint comme à une personne par soi, et à eux non dans le Seigneur, celui-là n'a pas l'amour conjugal. Le conjugal réel existe principalement dans le Troisième Ciel, parce que là les Anges sont dans l'amour envers le Seigneur, le reconnaissent Seul pour Dieu, et font ses commandements ; pour eux faire ses commandements, c'est l'aimer ; pour eux les commandements du Seigneur sont les vrais dans lesquels ils le reçoivent : il y a conjonction du Seigneur avec eux et d'eux avec le Seigneur, car ils sont dans le Seigneur parce qu'ils sont dans le Bien, et le Seigneur est en eux parce qu'il est dans les Vrais ; c'est là le mariage céleste, d'où descend l'amour vraiment conjugal.

    996. Comme l'amour vraiment conjugal dans sa première essence est l'amour envers le Seigneur d'après le Seigneur, il est aussi l'innocence. L'innocence consiste à aimer le Seigneur comme son père, en faisant ses commandements, et en voulant être conduit par Lui et non par soi-même, ainsi comme un petit enfant. Comme l'innocence est cet amour, elle est l'être mère de tout bien, et par conséquent autant l'homme est dans l'amour conjugal, autant il a en lui du Ciel, ou autant il est, dans le Ciel, parce qu'autant il est dans l'innocence. Puisque l'amour vraiment conjugal est l'innocence, voilà pourquoi les jeux entre époux sont comme les jeux des petits enfants entre eux ; et autant ils s'aiment, autant leurs jeux sont tels, ainsi qu'on le voit chez tous les époux les premiers jours après les noces, quand leur amour cherche à imiter l'amour vraiment conjugal. L'innocence de l'amour conjugal est entendue dans la Parole par la nudité dont Adam et son épouse ne rougirent pas ; et cela, parce qu'il n'y a rien de lascif, ni par conséquent aucune rougeur pudibonde entre les époux, pas plus qu'entre les petits enfants lorsqu'entre eux ils sont nus.

    997. Comme l'amour conjugal dans sa première essence est l'amour envers le Seigneur d'après le Seigneur, et que par suite il est aussi l'innocence, c'est aussi pour cela que l'amour conjugal est la Paix, telle quelle est dans les Cieux chez les Anges ; car de même que l'Innocence est l'Être même de tout bien, de même aussi la Paix est même de tout plaisir qui procède du bien, par conséquent elle est l'Être même de toute joie entre les époux : maintenant, comme toute joie appartient à l'amour, et que l'amour conjugal est l'amour fondamental de tous les amours du Ciel, voilà pourquoi la Paix elle-même réside principalement dans l'amour conjugal. Que la Paix soit une béatitude du coeur et de l'âme, tirant son origine de la conjonction du Seigneur avec le Ciel et l'Église, et par conséquent aussi de la conjonction du bien et du vrai, après la cessation de tout dissentiment et de tout combat du mal et du faux contre le bien et vrai, on le voit dans l'Apo.Expliquée N° 365 ; et comme l'amour conjugal descend de ces conjonctions, voilà encore pourquoi tout plaisir de cet amour descend et tire son essence de la Paix céleste. Cette Paix brille même, dans les Cieux, comme une céleste béatitude sur les faces des époux qui sont dans cet amour, et qui, d'après cet amour, se regardent mutuellement ; et cette céleste béatitude, qui affecte intimement les plaisirs des amours et est nommée paix, ne peut être chez d'autres que chez ceux qui peuvent être conjoints intimement, ainsi quant aux coeurs mêmes.

    998. l'homme a de l'intelligence et de la sagesse en proportion de ce qu'il est dans l'amour conjugal, et chez lui l'intelligence et la sagesse sont telles qu'est son amour conjugal ; la raison de cela, c'est que l'amour conjugal descend de l'amour du bien et du vrai, comme l'effet descend de sa cause, ou comme le naturel descend de son spirituel ; et c'est par le mariage du bien et du vrai que les Anges des trois Cieux ont aussi toute intelligence et toute sagesse ; car l'intelligence et la sagesse ne sont autre chose que la réception de la lumière et de la chaleur procédant du Seigneur comme Soleil, c'est-à-dire, la réception du Divin Vrai conjoint au Divin Bien, et du Divin Bien conjoint au Divin Vrai ; ainsi elles sont le mariage du bien et du vrai procédant du Seigneur. Que cela soit ainsi, c'est ce que j'ai vu, d'une manière bien manifeste par les anges dans les cieux ; quand ils sont séparés de leurs épouses, ils sont, il est vrai, dans l'intelligence, mais non dans la sagesse, tandis que lorsqu'ils sont avec leurs épouses, ils sont aussi dans la sagesse ; et, ce que j'ai admiré, c'est qu'ils sont dans l'état de sagesse à proportion qu'ils tournent leur face vers leur épouse ; car la conjonction du vrai et du bien se fait dans le monde spirituel par l'aspect, et là l'épouse est le bien, et le mari le vrai ; c'est pour cela que le vrai est vivifié à proportion qu'il se tourne vers le bien. Par intelligence et sagesse il est entendu, non pas le talent ingénieux de raisonner sur les vrais et les biens, mais la faculté de voir et de comprendre les vrais et les biens, faculté que l'homme tient du Seigneur.

    999. Par l'amour vraiment conjugal il y a puissance et protection contre les enfers, parce qu'il y a puissance et protection contre les maux et les faux qui s'élèvent des enfers ; et cela, parce que par l'amour conjugal il y a pour l'homme conjonction avec le Seigneur, et que le seigneur seul a pouvoir sur tous les enfers ; et aussi parce que par l'amour conjugal l'homme a le Ciel et l'Église ; C'est pourquoi de même que le Seigneur protège continuellement le Ciel, et l'Eglise contre les maux et les faux qui s'élèvent des Enfers, de même aussi il protège tous ceux qui sont dans l'amour vraiment conjugal, car le ciel et l'Église sont chez ceux-ci et non chez d'autres ; le Ciel et l'Église, en effet, sont le mariage du bien et du vrai, mariage d'où provient l'amour conjugal, comme il a été dit ci-dessus. C'est de là que l'homme par l'amour conjugal possède la Paix, qui est la joie intime du coeur procédant de ce que, de toute manière, il est en sûreté contre les enfers et protégé contre les manifestations du mal et du faux.

    1000. Lorsque, après la mort, ceux qui sont dans l'amour vraiment conjugal deviennent Anges, ils reviennent dans leur jeunesse et dans leur adolescence ; les maris accablés de vieillesse deviennent des jeunes gens, et les épouses décrépites par l'âge deviennent des jeunes filles ; les deux époux reviennent dans cette fleur et ces joies de l'âge, où l'amour conjugal commença par des plaisirs nouveaux à exalter la vie et à inspirer des jeux pour la prolification. Dans cet état vient d'abord extérieurement, puis de plus en plus intérieurement durant l'éternité, l'homme qui a fui les adultères comme péchés, et a été inauguré dans l'amour conjugal par le Seigneur dans le Monde. Comme les époux rajeunissent toujours intérieurement, il en résulte que l'amour vraiment conjugal augmente continuellement, et entre dans ses délices et ses béatitudes qui, dès la création du Monde, ont été pourvues pour lui, et qui sont les délices et les béatitudes du Ciel intime, tirant leur origine de l'amour du Seigneur envers le Ciel et l'Eglise, et par conséquent de l'amour réciproque du bien et du vrai, amours qui dans les Cieux constituent toute joie. Si l'homme rajeunit ainsi dans le Ciel, c'est parce qu'alors il entre dans le mariage du bien et du vrai, et qu'il y a dans le bien un continuel effort pour aimer le vrai, et dans le vrai un continuel effort pour aimer le bien ; et parce qu'alors l'épouse est le bien en forme, et le mari le vrai en forme ; par cet effort l'homme dépouille tout ce que la vieillesse a de sévère, de triste et de sec, et revêt ce que la jeunesse a de vif, de joyeux et de vert, ce qui fait que l'effort vit et devient joie. il m'a été dit du Ciel que les époux ont alors la vie de l'amour, qui ne peut être décrite qu'en ce sens qu'elle est la vie de la joie même. Que l'homme qui, dans le Monde, vit dans l'amour vraiment conjugal, vienne après la mort dans le mariage céleste, qui est le mariage du bien et du vrai, tirant son origine du mariage du Seigneur avec l'Église, c'est ce qu'on voit manifestement en ce que dans les Cieux, quoique les époux s'y unissent de la même manière que dans les terres, il ne naît point d'enfants de leurs mariages, mais qu'au lieu d'enfants ils produisent des biens et des vrais, et par conséquent de la sagesse, ainsi qu'il a été dit précédement ; de là vient que, dans le spirituel de la Parole, par les enfantements, les nativités et les générations, il est entendu des enfantements, des nativités et des générations spirituels ; par les fils et les filles, des vrais et des biens de l'Église ; et par les brus, les belles-mères et les beaux-pères, des biens et des vrais différents, mais ayant de la ressemblance avec les précédents. D'après cela, on peut encore voir clairement que les mariages dans les terres correspondent aux mariages dans les Cieux, et que l'homme après la mort vient dans la correspondance, c'est-à-dire qu'il passe du mariage naturel-corporel dans le mariage spirituel-céleste, qui est le Ciel lui-même et la joie du Ciel.

    1001. Chez les Anges toute beauté vient le l'amour conjugal, ainsi chez chaque Ange la beauté est en raison de cet amour : en effet, tous les Anges sont les formes de leurs affections ; et cela, parce que dans le Ciel il n'est pas permis de feindre sur la face des choses qui n'appartiennent pas à l'affection ; aussi la face des Anges est-elle le type de leur mental (animi) ; lors donc qu'ils ont l'amour conjugal, ils ont l'amour envers le Seigneur, ils ont l'amour mutuel, ils ont l'amour du bien et l'amour du vrai, ils ont l'amour de la sagesse ; ces amours chez eux forment leur face, et se présentent dans leurs yeux comme des feux de vie, auxquels se joignent en outre l'innocence et la paix qui complètent leur beauté. De telles formes sont les formes du Ciel Angélique intime, et sont des formes véritablement humaines.

    1002. De ce qui a été rapporté jusqu'ici on peut conclure quel bien résulte de la chasteté dans les mariages, par conséquent quelles sont les bonnes oeuvres de la chasteté faites par l'homme qui fuit les adultères comme péchés contre Dieu ; les bonnes oeuvres de la chasteté sont celles qui concernent ou les époux eux-mêmes, ou leurs enfants et la postérité de leurs enfants, ou les sociétés célestes. Les bonnes oeuvres de la chasteté, qui concernent les époux eux-mêmes, sont les amours spirituels et célestes, l'intelligence et la sagesse, l'innocence et la paix, la puissance et la protection contre les enfers et contre les maux et les faux qui en proviennent, et plusieurs sortes de joies et des félicités durant l'éternité, toutes choses dont jouissent ceux qui vivent dans de chastes mariages, suivant ce qui a été dit ci-dessus. Les bonnes oeuvres de la chasteté, qui concernent les enfants et leur postérité, consistent en ce que, dans les familles, les maux héréditaires ne sont pas aussi nombreux ni aussi grands, car l'amour dominant des parents se transmet dans les enfants et quelquefois dans la postérité la plus éloignée, et devient pour eux une nature dont ils ont hérité ; cette nature est réprimée et adoucie chez les parents qui fuient les adultères comme infernaux, et qui aiment les mariages comme célestes. Les bonnes oeuvres de la chasteté, qui concernent les sociétés célestes, sont que les mariages chastes constituent les délices du Ciel, qu'ils en sont les pépinières, et qu'ils en sont les affermissements ; ils fournissent au Ciel des délices par les communications ; ils sont pour le Ciel des pépinières par les prolifications ; et ils sont pour le Ciel des affermissements par la puissance contre les enfers, car à la présence de l'amour conjugal les esprits diaboliques deviennent furieux, forcenés, ne se possèdent plus, et se précipitent dans l'abîme.

    1003. De l'énumération et de la description des biens qui sont la suite des mariages chastes, on peut conclure quels sont les maux qui suivent les adultères ; ce sont, en effet, les maux opposés à ces biens ; ainsi, au lieu des amours spirituels et célestes que possèdent ceux qui vivent dans de chastes mariages, ceux qui sont dans les adultères ont des amours infernaux et diaboliques ; au lieu de l'intelligence et de la sagesse que possèdent ceux qui vivent chastement dans les mariages, ceux qui sont dans les adultères ont l'extravagance et la folie ; au lieu de l'innocence et de la paix que possèdent ceux qui vivent dans de chastes mariages, ceux qui vivent dans les adultères se livrent à des fourberies et n'ont aucune paix ; au lieu de la puissance et de la protection contre les enfers que possèdent ceux qui vivent chastement dans les mariages, ceux qui vivent dans les adultères sont eux-mêmes des Asmodées diaboliques et infernaux ; au lieu de la beauté que possèdent ceux qui vivent chastement dans les mariages, ceux qui vivent dans les adultères ont une laideur monstrueuse conforme à leur qualité. Leur dernier sort, c'est que par l'impuissance extrême à laquelle enfin ils se réduisent, ils se trouvent privés de tout feu et de toute lumière de la vie, et demeurent solitaires dans des déserts comme des nonchalences et des ennuis de leur propre vie.

    1004. L'amour vraiment conjugal ne peut exister qu'entre deux ; de même qu'existe l'amour du Seigneur à l'égard du Ciel qui est un par Lui et en Lui, ou à l'égard de l'Église qui, ainsi que le Ciel, est une par Lui et en Lui, tous ceux qui sont dans les Cieux, et tous ceux qui sont dans l'Église, doivent être un par l'amour mutuel procédant de l'amour envers le Seigneur; dans le Ciel l'Ange, et dans l'Église l'homme, qui ne fait pas ainsi un avec les autres, n'est ni du Ciel, ni de l'Église. En outre, dans le Ciel entier et dans le monde entier il y a deux choses auxquelles se réfèrent toutes les autres ; elles sont nommées le Bien et le Vrai ; c'est par elles conjointes en un que toutes celles qui sont dans le Ciel et dans le Monde ont existé et subsistent ; lorsquelles sont un, le Bien est dans le Vrai et le vrai est dans le Bien, le Vrai appartient au Bien et le Bien appartient au Vrai ; ainsi l'un reconnaît l'autre, comme son mutuel et son réciproque, et de même que l'agent son réagent, et réciproquement - c'est par ce mariage universel qu'existe l'amour conjugal entre le mari et l'épouse ; le mari a été créé pour être l'entendement du vrai, et l'épouse a été créée pour être la volonté du bien, par conséquent pour que le mari soit le vrai et pour que l'épouse soit le bien, ainsi pour que tous deux soient le vrai et le bien dans une forme, laquelle forme est homme et image de Dieu ; et comme il est de création, qu'un vrai appartienne à un bien et que ce bien appartienne à ce vrai, ainsi mutuellement et réciproquement, c'est pour cela qu'il ne peut y avoir un vrai uni à deux biens différents, ni un bien uni à deux vrais différents ; qu'il ne peut y avoir non plus un entendement uni à deux volontés différentes, ni une volonté unie à deux entendements différents, et qu'il ne peut non plus y avoir un homme, s'il est spirituel, uni à deux Églises différentes, ni pareillement un homme intimement uni à deux femmes ; l'union intime est comme celle de l'âme et du coeur ; l'âme de l'épouse est le mari, et le coeur du mari est l'épouse ; le mari communique et conjoint son âme à l'épouse par l'amour actuel, elle est dans sa semence, et l'épouse la reçoit par le coeur ; de là les deux deviennent un, et alors toutes les choses et chacune des choses du corps de l'un regardent leur mutuel dans le corps de l'autre ; c'est là le mariage réel, uniquement possible entre deux ; car il est de création que toutes les choses du mari, tant de son mental que de son corps, aient leur mutuel dans le mental et dans le corps de l'épouse, et que par suite les plus particulières de ces choses se regardent mutuellement et veuillent être unies ; par cet aspect et par cet effort existe l'amour conjugal. Toutes les choses qui sont dans le corps, lesquelles sont nommées membres, viscères et organes, ne sont absolument que des formes naturelles-corporelles qui correspondent à la forme spirituelle du mental ; de là toutes les choses et chacune des choses du corps correspondent tellement à toutes les choses et à chacune des choses du mental, que tout ce que le mental veut et pense, le corps l'exécute sur le champ au moindre signe; lors donc que les deux mentals font un, les deux corps sont aussi alors tellement unis potentiellement, qu'ils sont non plus deux, mais une seule chair ; vouloir devenir une seule chair, c'est l'amour conjugal ; et tel est ce vouloir, tel est cet amour. Il m'est permis de confirmer cela par une chose merveilleuse qui existe dans les Cieux : Il y a là des époux qui sont dans un tel amour conjugal, qu'ils peuvent être tous deux une seule chair ; et ils le sont aussi quand ils veulent, et alors ils apparaissent comme un seul homme ; je les ai vus et me suis entretenu avec eux, et ils m'ont dit qu'ils ont une seule vie ; qu'ils sont comme la vie du bien dans le vrai et la vie du vrai dans le bien, et qu'ils sont comme les parties paires dans l'homme, à savoir, comme les deux hémisphères du cerveau entourés d'une seule méninge, comme les deux chambres du coeur enveloppées d'un tégument commun, et comme les deux lobes des poumons pareillement enveloppés, toutes choses qui, quoiqu'étant deux, sont néanmoins un quant à la vie et quant aux exercices de la vie, qui sont les usages : ils m'ont dit que leur vie ainsi conjointe est remplie du ciel, et qu'elle est la vie même du Ciel avec les béatitudes infinies qui en dérivent ; et cela, parce que tel est aussi le Ciel par le mariage du Seigneur avec lui, car tous les Anges du Ciel sont dans le Seigneur et le Seigneur est en eux. De plus, ils m'ont dit qu'il leur est impossible de penser avec quelqu'intention à une épouse ou femme surnuméraire, parce que ce serait changer le ciel en enfer ; c'est pourquoi lorsque seulement l'Ange y pense, il tombe du Ciel. Ils ajoutèrent, que les esprits naturels ne croient pas qu'une telle conjonction de deux époux soit possible, parce que chez ceux qui sont purement naturels il y a, non pas le mariage d'origine spirituelle qui appartient au bien et au vrai, mais le mariage d'origine naturelle ; par suite aussi il y a, non pas union des mentals, mais seulement union des corps par une disposition qui porte la lasciveté dans la chair, lasciveté qui, de création d'après une loi universelle, a été mise et par conséquent insitée dans tout être vivant et non vivant, et qui fait que tout ce en quoi il a une force, veut produire une ressemblance de soi-même, et multiplier son espèce à l'infini et pour l'éternité, comme les descendants de Jacob, qui sont nommés fils d'Israël, ont été des hommes entièrement naturels, et que par suite leurs mariages étaient charnels et non spirituels, voilà pourquoi, à cause de la dureté de leur coeur, il leur fut accordé de prendre plusieurs épouses.

    1005. Que l'adultère soit l'enfer, et par conséquent une abomination, c'est ce que chacun peut concevoir d'après l'idée de commixtion de semences différentes dans l'utérus d'une même femme ; la semence de l'homme est ce dans quoi est caché l'intime de sa vie et par suite l'ébauche d'une vie nouvelle, d'où il résulte que cela est saint ; le rendre commun avec les intimes et les ébauches des autres, ainsi qu'il arrive dans les adultères, c'est une profanation ; de là vient que l'adultère est l'enfer, et que l'Enfer dans le commun est dit adultère. Comme d'une telle commixtion il ne peut pas ne pas sortir une corruption, même d'origine spirituelle, il s'ensuit que l'adultère est une abomination. C'est de là que dans les lieux de débauche, qui sont dans l'enfer, s'exhalent des puanteurs de tout genre, et lorsque la lumière du Ciel y pénètre, on voit les adultères avec leurs complices comme des pourceaux étendus dans les ordures mêmes ; et, ce qui est étonnant, de même que les pourceaux, ils sont dans leurs délices, quand ils sont au milieu des ordures. Toutefois, ces lieux de débauche sont tenus fermés, car lorsqu'ils sont ouverts, il s'en exhale une odeur qui excite le vomissement. Il en est autrement des mariages chastes ; dans ces mariages, la vie du mari s'ajoute par la semence à la vie de l'épouse, de là une conjonction intime, d'après laquelle ils ne sont pas deux mais ils deviennent une seule chair ; et, selon la conjonction, par là augmente l'amour conjugal, et avec cet amour tout bien du Ciel.

    1006. Mais il faut qu'on sache que les adultères sont plus ou moins infernaux et abominables. Les adultères qui tirent leur origine de maux plus graves et de faux qui proviennent de ces maux sont aussi plus graves, et ceux qui viennent de maux plus légers et de faux qui proviennent de ces maux sont plus légers ; car les adultères correspondent aux adultérations du bien et par suite aux falsifications du vrai ; les adultérations du bien sont en elles-mêmes des maux, et les falsifications du vrai sont en elles-mêmes des faux ; selon les correspondances avec ces adultérations et avec ces falsifications, les enfers ont été disposés en genres et en espèces ; les enfers cadavéreux sont pour ceux qui ont placé leurs délices dans la violation des épouses ; les excrémentitiels, pour ceux dont les délices ont été de corrompre les vierges ; les visqueux noirs, pour ceux qui ont placé leurs délices dans les variétés et les changements de prostituées ; les enfers immondes, pour les autres : les enfers sodomitiques sont pour ceux qui ont été dans les maux par l'amour de dominer sur les autres pour le seul plaisir de la domination, et sans aucun plaisir de l'usage. De ceux qui ont séparé la foi d'avec les bonnes oeuvres, tant par la doctrine que par la vie, sortent des exhalaisons d'adultères comme ceux d'un fils avec une mère ou avec une tante maternelle : de ceux qui ont étudié la Parole seulement pour la gloire, et non pour des usages spirituels, sortent des exhalaisons d'adultères comme ceux d'un père avec une bru : de ceux qui croient que les péchés sont remis par la sainte-cène, et non par la repentance de la vie, sortent des exhalaisons d'adultères comme ceux d'un frère avec une soeur : de ceux qui nient absolument le Divin, sortent des exhalaisons de crimes de bestialité ; et ainsi des autres. Si tels sont les enfers pour eux, c'est d'après la correspondance avec les adultérations et les souillures du bien et du vrai.

    1007. En somme, de toute conjonction du mal et du faux, dans le monde spirituel, émane une sphère d'adultère, mais elle émane seulement de ceux qui sont dans les faux quant à la doctrine et dans les maux quant à la vie, et non de ceux qui sont dans les faux quant à la la doctrine mais dans les biens quant à la vie; car la conjonction du mal et du faux n'est pas chez ceux-ci, mais elle est chez ceux-là. Cette sphère émane surtout des prêtres qui ont enseigné faussement et qui ont mal vécu, car eux aussi ont adultéré et falsifié la Parole. De ceux-ci, quoiqu'ils n'aient point été adultères dans le Monde, s'exhale néanmoins l'adultère, mais l'adultère qui est nommé adultère sacerdotal, lequel cependant est distingué des autres adultères. D'après, cela, il est évident que l'origine des adultères est l'amour et par suite la conjonction du mal et du faux.

    1008. Si les adultères sont moins en horreur chez les Chrétiens que chez les Gentils, et même moins en horreur que chez quelques nations barbares, c'est parce que dans la Chrétienté aujourd'hui, il y a, non le mariage du bien et du vrai, mais le mariage du mal et du faux ; car la religion et la doctrine de la foi séparée des bonnes oeuvres sont la religion et la doctrine du vrai séparé du bien ; or le vrai séparé du bien n'est pas le vrai, mais intérieurement considéré il est le faux, et le bien séparé du vrai n'est pas le bien, mais intérieurement considéré il est le mal ; il y a donc dans la religion Chrétienne la doctrine du faux et du vrai ; et est l'origine par laquelle le désir et l'attrait de l'adultère influent de l'enfer ; de là vient que dans la Chrétienté on croit les adultères permis et qu'on s'y livre sans honte. En effet, la conjonction du mal et du faux, ainsi qu'il a été dit ci-dessus, est l'adultère spirituel, d'après lequel existe selon la correspondance l'adultère naturel ; voilà pourquoi les adultères et les scortations dans la Parole signifient les adultérations du bien et les falsifications du vrai ; c'est pour cela que Babylone est appelée prostituée dans l'Apocalypse, qu'il en est de même de Jérusalem dans la Parole de l'Ancien Testament, et que la nation juive a été appelée par le Seigneur nation adultère et ayant pour père le diable. Mais quant à ces exemples tirées de la Parole, voir Apoc.Expl.N° 141.

    1009. Celui qui s'abstient des adultères par une autre cause que parce qu'ils sont des péchés et contre Dieu, est néanmoins adultère ; par exemple, si quelqu'un s'en abstient par la crainte de la loi civile et des peines qu'elle prononce, par la crainte de perdre sa réputation et l'honneur qu'il en retire, par la crainte des maladies qui en proviennent, par la crainte d'avoir des querelles dans sa maison avec son épouse, et de perdre ainsi la tranquillité de la vie, par la crainte d'être frappé par les domestiques du mari offensé, par pauvreté ou par avarice, par infirmité provenant ou de l'abus, ou de 1'âge, ou d'impuissance, ou de maladie, et même s'il s'en abstient d'après quelque loi naturelle ou morale, et qu'il ne s'en abstienne pas en même temps d'après la loi Divine, il est toujours cependant intérieurement impudique et adultère ; car Il n'en croit pas moins que les adultères ne sont pas des péchés, ce qui fait que dans son esprit il les déclare licites, et ainsi il les commet en esprit, bien qu'il ne les commette pas dans le corps ; c'est pourquoi après la mort, quand il devient esprit, il se déclare ouvertement pour eux, et il les commet sans pudeur. Il m'a été donné, dans le Monde spirituel, de voir des vierges qui avaient regardé les scortations comme des choses abominables, parce qu'elles sont contre la Loi Divine, et aussi d'autres vierges qui ne les avaient pas regardées comme abominables, mais qui toutefois s'en étaient abstenues à cause du déshonneur qui aurait éloigné les amoureux ; ces dernières vierges, je les ai vues entourées d'un nuage épais dans leur descente vers les lieux inférieurs ; mais les premières, je les ai vues entourées d'une lumière éclatante dans leur ascension vers les lieux supérieurs.

    1010.Ce qui précède concerne les personnes adultères ; maintenant il va être dit aussi ce que c'est que l'Adultère. Les adultères sont toutes les scortations qui détruisent l'amour conjugal ; la scortation d'un mari avec l'épouse d'un autre, ou avec une femme, qu'elle soit veuve, vierge ou prostituée, est un adultère, lorsque cela est fait par dégoût ou par aversion pour le mariage : il en est de même de la scortation d'une épouse avec un homme marié ou avec un célibataire, lorsque cela est fait par une cause semblable. Les scortations de tout homme non marié avec l'épouse d'un autre, ou de toute femme non mariée avec le mari d'un autre, appartiennent aussi à l'adultère, parce qu'elles détruisent l'amour conjugal, en détournant du mariage vers l'adultère leurs intentions. Les plaisirs des variétés quoiqu'avec des prostituées sont aussi des plaisirs de l'adultère, car le plaisir de la variété détruit le plaisir du mariage. Le plaisir de la défloration des vierges sans but de mariage est encore un plaisir de l'adultère, car ceux qui sont dans ce plaisir veulent plus tard le mariage seulement pour la défloration et lorsqu'elle est accomplie, ils prennent le mariage en dégoût. En un mot, toute scortation qui détruit le conjugal et éteint l'amour du conjugal, est un adultère ou appartient à l'adultère ; mais celle qui ne détruit pas le conjugal et n'éteint point l'amour du conjugal, est une fornication provenant d'un certain instinct de la nature pour le mariage qui, pour différentes causes, ne peut pas encore être contracté