DES REPRESENTATIONS ET DES CORRESPONDANCES
2987(1). Il en est peu qui connaissent ce que c'est que les Représentations, et ce que c'est que les Correspondances, et nul ne peut savoir ce que c'est, à moins qu'il ne sache qu'il y a un Monde Spirituel, et que ce Monde est distinct du Monde Naturel ; car entre les Spirituels et les Naturels il y a des Correspondances, et les choses qui existent par les spirituels dans les naturels sont des Représentations ; il est dit Correspondances parce que les naturels et les spirituels correspondent, et Représentations parce que ces choses représentent.
2988. Pour avoir quelque idée des Représentations et des Correspondances, il suffit de réfléchir sur les choses qui appartiennent au Mental, c'est-à-dire, à la Pensée et à la Volonté ; ces choses ont coutume de briller tellement sur la face, qu'elles se montrent à découvert dans son expression, les affections plus que les autres, les intérieures par les yeux et dans les yeux ; quand les choses qui appartiennent à la face font un avec celles qui appartiennent au mental, elles sont dites Correspondre, et elles sont des Correspondances ; et les expressions mêmes de la face Représentent, et elles sont des Représentations. Il en est de même des choses qui se font par gestes dans le corps, comme aussi de toutes les actions qui sont produites par les Muscles; que ces choses soient faites selon celles que l'homme pense et veut, cela est notoire ; les gestes mêmes et les actions mêmes, qui appartiennent au corps, représentent des choses qui appartiennent au mental, et sont des Représentations ; et en tant que ces gestes et ces actions sont d'accord avec ces choses, ils sont des Correspondances.
2989. On peut aussi savoir que dans le mental, il n'existe pas des effigies telles que celles qui se présentent dans la physionomie, mais que seulement il y a des affections qui sont ainsi effigiées ; puis aussi que dans le mental, il n'existe pas des actes tels que ceux qui se présentent par les actions dans le corps, mais qu'il y a des pensées qui sont ainsi figurées : les choses qui appartiennent au Mental, ce sont des spirituels, et celles qui appartiennent au corps, ce sont des naturels ; de là, il est évident qu'il y a Correspondance entre les Spirituels et les Naturels, et qu'a y a Représentation des Spirituels dans les Naturels ; ou que, ce qui revient au même, quand les choses qui appartiennent à l'homme Interne sont effigiées dans l'homme Externe, alors celles qui se font voir dans l'Externe sont des Représentatifs de l'Interne, et celles qui concordent sont des Correspondants.
2990. On sait aussi, ou l'on peut savoir, qu'il y a un Monde Spirituel, et qu'il y a un Monde Naturel; le Monde Spirituel, dans l'universel, est où sont les Esprits et les Anges, et le Monde Naturel où sont les hommes : dans le particulier, il y a monde spirituel et monde naturel chez chaque homme, son homme Interne est pour lui le monde spirituel, et son homme Externe le monde naturel ; les choses qui influent du monde spirituel, et se présentent dans le naturel, sont en général des Représentations, et en tant qu'elles s'accordent, elles sont des Correspondances.
2991. Que les Naturels représentent les Spirituels, et qu'ils correspondent, on peut encore le savoir en ce que le Naturel ne peut exister en aucune manière, sinon par une cause antérieure à lui ; sa cause vient du spirituel, et il n'existe point de naturel qui ne tire de là sa cause ; les formes naturelles sont des effets, et ces effets ne peuvent se présenter comme causes, ni a plus forte raison comme causes des causes, ou principes, mais ils reçoivent des formes selon l'usage dans le lieu où as sont ; mais toujours est-il que les formes des effets représentent les choses qui appartiennent aux causes ; de plus, celles-ci représentent les choses qui appartiennent aux principes ; ainsi tous les naturels représentent les choses qui appartiennent aux spirituels auxquels ils correspondent ; de plus, les spirituels représentent aussi les choses qui appartiennent aux célestes dont ils procèdent.
2992. Il m'a été donné de savoir par de nombreuses expériences que dans le Monde Naturel, et dans ses trois règnes, il n'y a pas le plus petit objet qui ne représente quelque chose dans le monde spirituel, ou qui n'ait là quelque chose à quoi il corresponde : sans citer un grand nombre d'expériences, j'ai pu aussi en avoir la preuve par celle-ci : assez souvent, tandis que je m'entretenais des Viscères du corps, et que j'en suivais la connexion depuis ceux de la tête jusqu'à ceux du thorax, et même jusqu'à ceux de l'abdomen, les Anges qui étaient alors au-dessus de moi déduisaient mes pensées au moyen des spirituels auxquels ces viscères correspondaient, et tellement même qu'il n'y avait pas une seule erreur ; eux ne portaient en rien leur pensée sur les viscères du corps qui étaient le sujet de ma conversation, mais ils la portaient seulement sur les spirituels auxquels ilscorrespondaient. Telle est l'intelligence des Anges, que d'après le spirituels ils connaissent toutes et chacune des choses qui sont dans le corps, même les plus cachées qui ne peuvent jamais parvenir à la connaissance de l'homme, et même toutes et chacune des choses qui sont dans le monde entier, sans aucune erreur ; et cela, parce que des spirituels viennent les causes, et les principes des causes.
2993. Il en est de même des choses qui sont dans le Règne végétal il n'y en a pas une seule qui ne représente quelque chose dans le monde spirituel et qui n'y corresponde ; il m'a été donné bien des fois de le savoir par un semblable commerce avec les anges : les raisons aussi m'en ont été exposées, à savoir que les causes de toutes les choses naturelles viennent des spirituels, et que les principes des causes viennent des célestes ; ou, ce qui revient au même, que toutes les choses qui sont dans le monde naturel tirent leur cause du Vrai qui est spirituel, et leur principe du Bien qui est céleste, et que les naturels en procèdent selon toutes les différences du vrai et du bien qui sont dans le Royaume du Seigneur, ainsi procèdent du Seigneur Lui-Même Qui est la source de tout bien et de tout vrai : il est impossible que cela ne paraisse pas étrange, surtout à ceux qui ne veulent pas ou ne peuvent pas s'élever par la pensée au-dessus de la nature, et qui ne savent pas ce que c'est que le spirituel, et par conséquent ne le reconnaissent pas non plus.
2944. L'homme, tant qu'il vit dans le corps, ne peut non plus sentir ni percevoir que peu de chose sur ce sujet, car les célestes et les spirituels chez lui tombent dans les naturels qui sont dans son homme Externe, et là, l'homme en perd la sensation et la perception. Les Représentatifs et les Correspondants, qui sont dans son homme Externe, sont même tels, qu'ils ne se montrent pas semblables aux choses auxquelles dans son homme Interne ils correspondent, et qu'ils représentent ; c'est pour cela qu'ils ne peuvent pas non plus venir à sa connaissance, avant qu'il ait été dépouillé de ces externes. Heureux alors celui qui est dans la correspondance, c'est-à-dire celui dont l'homme Externe correspond à l'homme Interne!
2995. Comme les hommes de la Très-Ancienne Eglise, dont il a été parlé, n° 1114 à 1125, voyaient dans chaque chose de la nature quelque spirituel et quelque céleste, au point que les naturels leur servaient seulement comme objets pour penser sur les spirituels et sur les célestes, c'est pour cela qu'ils ont pu parler avec les Anges, et être avec eux dans le Royaume du Seigneur dans les cieux en même temps qu'ils étaient dans son Royaume sur la terre ou dans l'Eglise : ainsi chez eux les naturels avaient été conjoints aux spirituels, et correspondaient complètement. Mais après ces temps, lorsque le mal et le faux eurent commencé à régner, ou lorsqu'après le siècle d'or, celui de fer eut commencé, il en fut tout autrement ; alors, comme il n'y avait plus de correspondance, le ciel était fermé, au point qu'à peine voulait-on savoir que le Spirituel existait, bien plus enfin à peine voulait-on savoir qu'il existe un ciel et un enfer, et qu'il y a une vie après la mort.
2996. C'est un très profond arcane dans le monde, mais rien n'est plus connu dans l'autre vie, même par chaque esprit, que toutes les choses qui sont dans le corps humain ont une correspondance avec celles qui sont dans le ciel, à un tel point qu'il n'y a pas même dans le corps la plus petite particule, à laquelle ne correspondent quelque spirituel et quelque céleste, ou, ce qui est la même chose' à laquelle ne correspondent des Sociétés du ciel ; car ces sociétés sont disposées selon tous les genres et toutes les espèces de spirituels et de célestes, et même dans un tel ordre, qu'elles présentent ensemble la ressemblance d'un homme, et cela quant à toutes et à chacune de ses parties, tant intérieures qu'extérieures ; de là vient que tout le ciel est aussi appelé le Très-Grand Homme ; et c'est de là qu'il a été dit tant de fois que telle société appartient à telle province du corps, telle autre société à telle autre province, et ainsi du reste : la raison de cela, c'est que le Seigneur est Seul Homme, et que le Ciel Le représente ; et ce qui fait le ciel, c'est le Divin Bien et le Divin Vrai qui procèdent du Seigneur; et comme les Anges sont dans le ciel, ils sont dits être dans le Seigneur. Au contraire, ceux qui sont dans l'Enfer sont hors de ce Très-Grand Homme, et correspondent aux ordures, puis aussi aux vices corporels.
2997. De là, on peut aussi en quelque sorte savoir que l'homme Spirituel ou Interne, qui est l'esprit de l'homme et est appelé son âme, a pareillement une correspondance avec son homme Naturel ou Externe, et que la correspondance est telle, que les choses qui appartiennent à l'homme Interne sont des spirituels et des célestes, tandis que celles qui appartiennent à l'homme Externe sont des naturels et des corporels, ainsi qu'on peut le voir par ce qui a été dit ci-dessus, n° 2988, 2989, au sujet de la physionomie de la face et des actes du corps : l'homme aussi, quant à l'homme Interne, est un très-petit ciel, parce qu'il a été créé à l'image du Seigneur.
2998. Qu'il y ait de telles correspondances, c'est ce qui, durant plusieurs années, est devenu pour moi si familier qu'il y a à peine quelque chose de plus familier, quoique ce fait soit tel, que l'homme n'en a aucune connaissance, et ne croit pas avoir quelque connexion avec le monde spirituel ; et cependant, toute connexion en lui vient de là, et sans cette connexion il ne peut pas même subsister un moment, ni lui, ni aucune partie en lui ; de là vient toute sa subsistance. Il m'a aussi été donné de savoir quelles Sociétés angéliques appartiennent à chaque province du corps, et quelles en sont les qualités ; ainsi, quelles sont et de quelle qualité sont les sociétés qui appartiennent à la province du cur ; quelles et de quelle qualité, celles de la province des poumons, quelles et de quelle qualité, celles de la province du foie ; puis aussi, queues et de quelle qualité, celles qui appartiennent aux organes des sens, comme à l'oeil, aux oreilles, à la langue, et aux autres ; d'après la Divine Miséricorde du Seigneur, il en sera parlé en particulier.
2999. En outre, il n'y a absolument rien dans le monde créé, qui n'ait une correspondance avec les choses qui sont dans le Monde spirituel, et qui ne représente ainsi à sa manière quelque chose dans le Royaume du Seigneur ; de là l'existence et la subsistance de toutes choses. Si l'homme savait ce qui en est, il n'attribuerait jamais toutes choses à la nature, comme il le fait ordinairement.
3000. De là vient que toutes et chacune des choses qui sont dans l'univers représentent le Royaume du Seigneur, à un tel point que l'Univers avec ses astres, ses atmosphères, ses trois règnes, n'est autre chose qu'une sorte de théâtre représentatif de la gloire du Seigneur, gloire qui est dans les cieux : dans le Règne Animal non-seulement l'Homme, mais aussi tous les animaux, jusqu'aux plus petits et aux plus vils, représentent ; par exemple, les vermisseaux qui rampent sur le sol et se nourrissent d'herbes, en ce que, quand pour eux le temps des noces approche, ils deviennent chrysalides, et peu après sont pourvus d'ailes, et s'élèvent ainsi de la terre dans l'atmosphère, leur ciel, et jouissent là de leur joie et de leur liberté, folâtrant entre eux, et tirant leur nourriture de ce qu'il y a de meilleur dans les fleurs, déposant des ufs' et pourvoyant ainsi à leur postérité ; et ces vermisseaux, qui sont alors dans l'état de leur ciel, sont aussi dans leur beauté ; que ces choses soient des Représentatifs du Royaume du Seigneur, chacun peut le voir.
3001. Qu'il n'y ait qu'une seule vie, qui est celle du Seigneur, laquelle influe et fait que l'homme vit, et même que non seulement les bons vivent, mais aussi les méchants on peut le voir d'après ce qui a été dit et montré dans l'explication de la Parole, n° 1954, 2021, 2536, 2658, 2706, 2886 à 2889 ; à cette vie correspondent des Récipients, qui sont vivifiés par cet influx Divin, et même de telle sorte qu'il leur semble vivre par eux-mêmes ; c'est là la Correspondance de la Vie avec les Récipients de la vie ; de même que sont les Récipients, de même ils vivent ; parmi les hommes, ceux qui sont dans l'amour et dans la charité sont dans la Correspondance, car entre eux et la vie il y a accord, et la vie est reçue par eux adéquatement ; mais ceux qui sont dans les contraires de l'amour et de la charité ne sont pas dans la correspondance, parce que la vie même n'est pas reçue adéquatement ; de là tels ils sont eux-mêmes, telle est chez eux l'apparence de la vie. Cela peut être illustré par diverses choses ; ainsi, par les organes des mouvements et des sens du corps, dans lesquels la vie influe par l'âme ; tels sont ces organes, telles en sont les actions et les sensations : ainsi encore, par les objets dans lesquels influe la lumière venant du soleil ; telles sont les formes qui reçoivent cette lumière, telles y sont les colorations : mais, dans le monde spirituel, toutes les modifications qui existent par l'influx de la vie sont spirituelles, de là viennent les différences d'intelligence et de sagesse.
3002. D'après ce qui précède, on peut voir aussi comment toutes les formes naturelles, tant celles qui sont animées que celles qui sont inanimées, sont représentatives des spirituels et des célestes du Royaume du Seigneur, c'est-à-dire que dans la nature toutes et chacune des choses représentent, en tant qu'elles correspondent et selon la qualité de la correspondance.
3213. Dans le monde des esprits, il existe des Représentatifs innombrables et presque continuels, qui sont les formes de choses ans le spirituelles et célestes, ne différant point de celles qui sont dans le monde ; d'après un très long commerce avec les esprits et les anges, il m'a été donné de savoir d'où proviennent ces représentatifs ; ils influent du ciel, et des idées des Anges qui y sont, et de leurs conversations ; en effet, quand les idées des Anges et les conversations qui en résultent tombent vers les esprits, elles se manifestent représentativement de différentes manières ; Dar ces représentatifs, le esprits probes peuvent savoir de quel sujet les Anges s'entretiennent entre eux, car au-dedans de ces représentatifs, il y a l'Angélique qui, ayant la propriété d'affecter, est perçu, même quant à la qualité. Les idées et les conversations angéliques ne peuvent se présenter autrement devant les esprits ; car, en comparaison de l'idée d'un esprit, l'idée angélique contient des choses en nombre indéfini, et si elle n'était formée et manifestée représentativement, et ainsi visiblement par des images, un esprit en comprendrait à peine quelque chose, car la plupart sont ineffables ; mais quand elles sont représentées par des formes, elles deviennent alors compréhensibles pour les esprits quant à ce qu'elles ont de plus commun ; et, ce qui est étonnant, il n'y a pas la moindre chose, dans celles qui sont représentées, qui n'exprime quelque spirituel et quelque céleste, contenus dans l'idée de la société Angélique d'où découle le représentatif.
3214. Les Représentatifs des spirituels et des célestes existent parfois dans une longue série, continuée pendant le temps d'une heure ou de deux heures, et dans un tel ordre successif, qu'il excite l'admiration ; il y a des sociétés chez lesquelles se font ces représentatifs, et il m'a été donné d'être avec elles pendant plusieurs mois ; mais ces Représentations sont telles, que si j'en racontais et décrivais seulement une seule dans son ordre, plusieurs pages seraient remplies ; elles sont excessivement agréables, car il survient continuellement quelque chose de nouveau et d'inattendu ; et cela, jusqu'à ce que ce qui est représenté soit pleinement achevé ; et quand le tout a été achevé, on peut d'un seul coup d'oeil le contempler, et alors il est en même temps donné d'apercevoir ce que chaque détail signifie - les bons Esprits sont aussi initiés de cette manière dans les idées spirituelles et dans les idées célestes.
3215. Les Représentatifs qui existent devant les esprits sont d'une variété incroyable ; ils sont néanmoins pour la plupart semblables aux choses qui existent sur la terre et dans ses trois règnes ; pour savoir quels ils sont, il faut se reporter à ce qui en a été dit précédemment, n° 152 1,1532, 1619 à 1622, 1623) 1624, 1625, 1807, 1808, 1971, 1974, 1977, 1980, 1981, 2299, 2601, 2758.
3216. Afin qu'on sache encore mieux ce qui en est des Représentatifs dans l'autre vie, à savoir, ce qui en est des choses qui apparaissent dans le monde des esprits, quelques exemples vont aussi être rapportés ici. Quand chez les Anges il y a conversation sur les Doctrinaux de la charité et de la foi, parfois alors dans la sphère inférieure, où est la société correspondante des esprits, il apparaît l'idée d'une Ville ou de plusieurs Villes, renfermant des palais d'un tel art architectonique, que vous diriez avec surprise que cet art même est là et vient de là, outre des maisons d'un aspect varié ; et, ce qui est admirable, c'est que dans toutes et dans chacune de ces choses il n'y a pas le moindre point, ou la moindre partie visible, qui ne représente quelque chose de l'idée et de la conversation des Anges : par là, on peut voir combien de choses innombrables y sont contenues ; puis aussi, ce qui a été signifié par les Villes vues par les Prophètes dans la Parole, par exemple, par la Cité Sainte ou la Nouvelle Jérusalem, et aussi par les Villes dans la Parole Prophétique, à savoir que ce sont les Doctrinaux de la charité et de la foi, n° 402, 2449.
3217. Quand les Anges s'entretiennent sur l'intellectuel, alors dans le monde des esprits au-dessous d'eux ou dans les sociétés qui correspondent, il apparaît des Chevaux, dont la taille, la forme, la couleur et l'attitude sont en rapport avec les idées que les Anges ont de l'Intellectuel ; ces chevaux sont même diversement harnachés. Il y a aussi un lieu situé assez profondément un peu sur la droite, qui est appelé le domicile des Intelligents, où il apparaît continuellement des Chevaux ; et cela vient de ce que ceux qui l'habitent sont dans la pensée sur l'Intellectuel, et que, dans leurs pensées influent les Anges qui s'entretiennent sur l'Intellectuel, des Chevaux sont représentés : par là j'ai pu voir ce qui est signifié par les Chevaux vus par les Prophètes, et aussi par les Chevaux nommés dans la Parole, à savoir que ce sont les Intellectuels, n° 2760, 2761, 2762.
3218. Quand les Anges sont dans les affections, et qu'en même temps ils en parlent, alors ces choses tombent, dans la sphère inférieure chez les esprits, en formes représentatives d'animaux ; quand ils parlent d'Affections bonnes, il se présente des animaux beaux, doux et utiles, tels que ceux qu'on admettait pour les sacrifices dans le culte représentatif Divin de l'Eglise juive, comme Agneaux, Brebis, Chevreaux, Chèvres, Béliers, Boucs, Veaux, Taureaux, Bufs ; et alors tout ce qui apparaît sur l'animal représente quelque effigie de leur pensée, et il est donné aussi aux esprits probes de le percevoir : par là on peut voir ce qui a été signifié par les Animaux dans les rites de l'Eglise juive, et ce qui l'a été par ces mêmes animaux nommés dans la Parole, à savoir que ce sont les affections, n° 1823, 2179, 2180. Mais la conversation des Anges sur les affections mauvaises est représentée par des bêtes affreuses, féroces et inutiles, comme tigres, ours, loups, scorpions, serpents, rats et autres semblables, de même qu'elles sont signifiées aussi par ces bêtes dans la Parole.
3219. Quand les Anges s'entretiennent sur les connaissances et sur les idées, et aussi sur l'influx, alors dans le monde des esprits il apparaît comme des oiseaux, dont la forme est en rapport avec le sujet de leur conversation ; de là vient que les oiseaux, dans la Parole, signifient les rationnels, ou les choses qui appartiennent à la pensée, n° 40, 745, 776, 991. Un jour, des Oiseaux s'offrirent à ma vue, l'un d'une couleur sombre et d'une forme laide, mais deux autres d'un aspect noble et d'une forme belle, et tandis que je les considérais, voici, il tomba en moi quelques esprits avec une telle impétuosité qu'ils imprimèrent un tremblement à mes nerfs et à mes os ; je crus qu'alors - ainsi qu'il m'était déjà arrivé quelquefois - de mauvais esprits faisaient irruption chez moi dans une intention de détruire, mais il n'en était pas ainsi ; mon tremblement, et l'émotion des esprits qui étaient tombés, ayant cessé, je leur parlai et leur demandai ce que c'était : ils me dirent qu'ils étaient tombés d'une société Angélique, dans laquelle on s'était entretenu sur les pensées et sur l'influx ; que leur opinion avait été que les choses qui appartiennent à la pensée influent du dehors, à savoir par les sens externes, selon l'apparence ; mais que la Société céleste, dans laquelle ils étaient avait déclaré qu'elles influent du dedans ; et que, comme ils étaient dans le faux, ils étaient tombés de là, non pas qu'ils en eussent été précipités, car les Anges ne rejettent personne d'avec eux, mais qu'ils étaient tombés d'eux-mêmes, parce qu'ils étaient dans une fausseté : et que c'était là la cause. Par là il me fut donné de savoir que, dans le ciel, la conversation sur les pensées et sur l'influx est représentée par des oiseaux, la conversation de ceux qui sont dans le faux par des oiseaux d'une couleur sombre et d'une forme laide, et la conversation de ceux qui sont dans le vrai par des oiseaux d'un aspet noble et d'une forme belle ; et en même temps, je fus instruit que toutes les choses de la pensée influent du dedans et non du dehors quoiqu'il semble que ce soit du dehors ; et il me fut dit qu'il est contre l'ordre que le postérieur influe dans l'antérieur ' ou ce qui est plus grossier dans ce qui est plus pur, et qu'ainsi il est contre l'ordre que le corps influe dans l'âme.
3220. Quand les Anges s'entretiennent sur les choses qui appartiennent à l'intelligence et à la sagesse, et sur les perceptions et les connaissances, leur influx, dans les sociétés correspondantes des Esprits, tombent en représentations de choses qui sont dans le Règne végétal, par exemple, en représentations de jardins, de Vignes, de Bois, de Prairies émaillées de fleurs, et en plusieurs formes ravissantes qui surpassent toute imagination de l'homme: de là vient que les choses qui appartiennent à la sagesse et à l'intelligence sont décrites dans la Parole par des Jardins, des Vignes, des Bois, des Prairies, et que ces choses sont signifiées quand ces objets sont nommés.
3221. Les conversations angéliques sont quelquefois représentées par des Nuées, et par les formes, les couleurs, les mouvements et les passages des nuées ; les affirmatifs du vrai par des nuées blanches et montantes, les négatifs par des nuées sombres et descendantes ; les affirmatifs du faux par des nuées obscures et noires ; les assentiments et les dissentiments par les différentes réunions et séparations de nuées, et tout cela apparaît dans un azur tel qu'est l'azur du ciel durant la nuit.
3222. En outre, les amours et leurs affections sont représentés par des flammes, et cela avec une variété inexprimable ; mais les vérités le sont par des lumières et par les innombrables modifications de la lumière ; de là on peut voir d'où vient que par les flammes, dans la Parole, il est signifié les biens qui appartiennent à l'amour, et par les lumières les vrais qui appartiennent à la foi.
3223. Il y a deux Lumières par lesquelles l'homme est éclairé, la Lumière du monde et la Lumière du ciel ; la Lumière du monde vient du soleil, la Lumière du ciel vient du Seigneur ; la Lumière du monde est pour l'homme naturel ou externe, ainsi pour les choses qui sont dans cet homme ; les choses qui y sont, quoiqu'elles ne semblent pas appartenir à cette lumière, y appartiennent cependant, car rien ne peut être saisi par l'homme naturel, si ce n'est par le moyen des choses qui existent et apparaissent dans le monde solaire, et n'ont ainsi quelque chose de la forme que par la lumière là et par l'ombre ; toutes les idées du temps et toutes les idées de l'espace, qui jouent dans l'homme naturel un si grand rôle que sans elles il ne peut penser, appartiennent aussi à la lumière du monde ; mais la Lumière du ciel est pour l'homme spirituel ou interne ; le mental intérieur de l'homme, où sont ses idées intellectuelles qui sont appelées immatérielles, est dans cette lumière ; l'homme ignore cela, quoiqu'il appelle vue son entendement et qu'il lui attribue une lumière ; la raison de cette ignorance c'est que, tant qu'il est dans les mondains et dans les corporels, il a seulement la perception des choses qui appartiennent à la lumière du monde, et non celle des choses qui appartiennent à la lumière du ciel ; la lumière du ciel vient du Seigneur seul, le ciel tout entier est dans cette lumière. Cette Lumière, à savoir celle du ciel, est immensément plus parfaite que la lumière du monde ; les choses qui dans la lumière du monde font un seul rayon en font des myriades dans la Lumière du ciel ; dans la lumière du ciel, il y a l'intelligence et la sagesse ; c'est cette lumière qui influe dans la lumière du monde, laquelle est dans l'homme Externe ou Naturel, et qui fait que celui-ci perçoit par les sens les objets des choses ; si cette lumière n'influait pas, jamais il n'y aurait pour l'homme aucune aperception, car de là vient la vie dans les choses qui appartiennent à la lumière du monde. Entre ces Lumières, ou entre les choses qui sont dans la lumière du ciel et celles qui sont dans la lumière du monde, il existe une correspondance, quand l'homme Externe ou Naturel fait un avec l'homme Interne ou Spirituel, c'est-à-dire quand celui-là est au service de celui-ci ; et alors les choses qui existent dans la lumière du monde sont les représentatifs des choses qui existent dans la lumière du ciel.
3224. Il est étonnant que l'homme ne sache pas encore que son Mental intellectuel est dans une lumière qui est absolument autre que la lumière du monde ; mais tel est l'état des choses, que pour ceux qui sont dans la Lumière du monde, la Lumière du ciel est comme des ténèbres, et que pour ceux qui sont dans la Lumière du ciel, la Lumière du monde est comme des ténèbres ; cela vient principalement des amours, qui sont les chaleurs de la lumière ; ceux qui sont dans les amours de soi et du monde, ainsi dans la seule chaleur de la lumière du monde, ne sont affectés que par les maux et par les faux, et ce sont ces maux et ces faux qui éteignent les vrais qui appartiennent à la lumière du ciel : ceux, au contraire, qui sont dans l'amour envers le Seigneur et dans l'amour à l'égard du prochain, ainsi dans la chaleur spirituelle qui appartient à la lumière du ciel, sont affectés par les biens et par les vrais qui éteignent les faux, mais toujours est-il que chez ceux-ci, il y a correspondance. Les Esprits qui sont seulement dans les choses qui appartiennent à la lumière du monde, et par suite dans les faux d'après les maux, ont, à la vérité, dans l'autre vie une lumière qui vient du ciel, mais une lumière telle qu'est une lumière chimérique, et telle que celle qui est produite par le charbon enflammé ou par un tison ; mais cette lumière est éteinte aussitôt que la lumière du ciel approche, et elle devient obscurité ; ceux qui sont dans cette lumière sont dans les fantaisies ; et les choses qu'ils voient dans leurs fantaisies, ils croient que ce sont des vrais, et il n'y a pas pour eux d'autres vrais ; leurs fantaisies aussi sont liées à des objets impurs et obscènes qui font principalement leurs délices, par conséquent ils pensent comme des insensés et des fous ; ils ne raisonnent pas sur les faux pour savoir si la chose est ainsi, ils affirment à l'instant ; mais quand il s'agit des biens et des vrais, ils se livrent à de continuels raisonnements qui se terminent par le négatif. En effet, les vrais et les biens, qui procèdent de la lumière du ciel, influent dans le mental intérieur qui chez eux est fermé ; c'est pourquoi la lumière influe autour et au dehors de ce mental, et elle devient telle qu'elle n'est modifiée que par des faux qui se présentent à eux comme des vrais ; les vrais et les biens ne peuvent être reconnus que chez ceux pour qui a été ouvert ce mental intérieur, dans lequel influe la Lumière qui procède du Seigneur ; et autant il a été ouvert, autant les vrais et les biens sont reconnus : ce mental a été ouvert seulement chez ceux qui sont dans l'innocence, dans l'amour envers le Seigneur, et dans la charité à l'égard du prochain, mais non chez ceux qui sont dans les vrais de la foi, s'ils ne sont pas en même temps dans le bien de la vie.
3225. D'après cela, on peut maintenant voir ce que c'est que la correspondance, et d'où elle vient ; puis, ce que c'est que la représentation et d'où elle vient, à savoir qu'il y a Correspondance entre les choses qui appartiennent à la lumière du ciel et celles qui appartiennent à la lumière du monde, c'est-à-dire entre les choses qui appartiennent à l'homme Interne ou Spirituel et celles qui appartiennent à l'homme Externe ou Naturel ; et que la Représentation est tout ce qui existe dans les choses appartenant à la lumière du monde, c'est-à-dire tout ce qui existe dans l'homme Externe ou Naturel, respectivement aux choses qui appartiennent à la lumière du ciel, c'est-à-dire qui viennent de l'homme Interne ou Spirituel.
3226. Au nombre des facultés éminentes que l'homme a en lui sans qu'il en sache rien, et qu'il emporte avec lui dans l'autre vie, quand il y passe après avoir quitté le corps, est celle de percevoir ce que signifient les représentatifs qui se montrent à la vue dans l'autre vie ; et aussi celle de pouvoir par le sens de son mental (animus) exprimer pleinement en un instant ce que, dans le corps, il n'a pu exprimer en plusieurs heures, et cela par des idées provenant de ce qui appartient à la lumière du ciel, secondées et rendues comme ailées par les formes représentatives de la chose sur laquelle il y a conversation, formes convenables, qui sont telles qu'il est impossible de les décrire : et comme l'homme après la mort vient dans ces facultés, et n'a pas besoin d'être instruit dans l'autre vie sur ce qui les concerne, on peut voir par là que l'homme est en elles, c'est-à-dire qu'elles sont en lui, quand il vit dans le corps, quoiqu'il ne le sache pas. S'il en est ainsi, c'est parce que chez l'homme il y a un influx continuel qui procède du Seigneur par le ciel ; cet influx est celui des spirituels et des célestes qui tombent dans ses naturels, et s'y montrent d'une manière représentative ; dans le ciel, chez les Anges, on ne porte ses pensées que sur les célestes et sur les spirituels qui appartiennent au Royaume du Seigneur ; mais dans le monde, chez l'homme, à peine les porte-t-on sur autre chose que sur les corporels et sur les naturels qui appartiennent au royaume dans lequel il vit, et aux nécessités de la vie dans lesquelles il est ; et comme les spirituels et les célestes du ciel, qui influent, se montrent d'une manière représentative chez l'homme dans ses naturels, c'est pour cela qu'ils demeurent insités (greffés), et que l'homme est en eux, lorsqu'il se dépouille des corporels et laisse les mondains.
3337. D'après ce qui vient d'être dit et montré, on peut voir ce que c'est que les Correspondances, et ce que c'est que les Représentations, à savoir qu'entre les choses qui appartiennent à la lumière du Ciel et celles qui appartiennent à la lumière du Monde, il y a des Correspondances, et que les Représentations sont ce qui existe dans les choses appartenant à la lumière du Monde, n° 3225 : mais ce que c'est que la lumière du Ciel et quelle est cette lumière, c'est ce qui ne peut pas être de même connu de l'homme, parce que l'homme est dans les choses qui appartiennent à la lumière du monde ; et autant il est dans ces choses, autant celles qui sont dans la lumière du Ciel lui apparaissent comme des ténèbres, et comme rien : ce sont ces deux Lumières qui, la vie influant, constituent toute l'intelligence de l'homme: l'imagination de l'homme n'est absolument que les formes et les figures de choses qu'il avait saisies par la vue du corps, variées et pour ainsi dire modifiées d'une manière admirable ; et son imagination intérieure ou sa pensée intérieure n'est de même absolument que les formes et les figures de choses qu'il avait puisées par la vue du mental, variées et pour ainsi dire modifiées d'une manière encore plus admirable ; les choses qui tirent de là leur existence sont en ellesmêmes inanimées, mais elles deviennent animées d'après l'influx de la vie par le Seigneur.
3338. Outre ces lumières, il y a aussi des chaleurs, qui de même viennent d'une double source; la chaleur du ciel procède du Soleil du ciel, qui est le Seigneur, et la chaleur du monde provient du soleil du monde, qui est un luminaire visible à nos yeux ; la chaleur du ciel se manifeste devant l'homme Interne par les amours et les affections spirituelles, et la chaleur du monde se manifeste devant l'homme Externe par les amours et les affections naturelles ; la chaleur du ciel constitue la vie de l'homme Interne, et la chaleur du monde la vie de l'homme Externe; car sans l'amour et sans l'affection, l'homme ne peut nullement vivre : entre ces deux chaleurs, il y a aussi des correspondances : les chaleurs deviennent des amours et des affections d'après l'influx de la vie du Seigneur, et par suite elles apparaissent à l'homme comme si elles n'étaient pas des chaleurs, et néanmoins elles en sont ; car si par là il n'y avait pas chaleur chez l'homme, tant chez l'homme Interne que chez l'homme Externe, l'homme tomberait mort à l'instant: chacun peut en avoir une preuve évidente en ce que, autant l'homme est embrasé d'amour, autant aussi il est échauffé, et autant l'amour se retire, autant il devient froid : c'est par cette chaleur que vit la volonté de l'homme, et c'est par la lumière , dont il vient d'être parlé, que vit son entendement.
3339. Dans l'autre vie ces Lumières et aussi ces Chaleurs apparaissent au vif (ad vivum) ; les Anges vivent dans la lumière du Ciel, et aussi dans cette chaleur dont il a été parlé ; d'après la Lumière ils ont l'intelligence, d'après la Chaleur ils ont l'affection du bien ; car les Lumières qui apparaissent devant leur vue externe tirent leur origine de la Divine sagesse du Seigneur, et les Chaleurs qui sont aussi perçues par eux viennent du Divin amour du Seigneur; c'est pourquoi, autant les Esprits et les Anges sont dans l'intelligence du vrai et dans l'affection du bien, autant ils sont plus près du Seigneur.
3340. A cette Lumière est opposée l'obscurité, et à cette Chaleur est opposé le froid ; c'est dans l'obscurité et le froid que vivent les infernaux ; ils ont l'obscurité d'après les faux dans lesquels ils sont, et ils ont le froid d'après les maux ; plus ils sont éloignés des vrais, plus est grande pour eux l'obscurité ; et plus ils sont éloignés du bien, plus est grand pour eux le froid : quand il est donné de voir dans les enfers où sont de tels esprits, il apparaît un brouillard ténébreux dans lequel ils vivent, et quand quelque émanantion en sort, il est perçu des folies exhalées des faux, et des haines exhalées des maux. Il leur est aussi donné parfois une lueur, mais c'est comme une lueur chimérique, et elle s'éteint pour eux, et devient obscurité, aussitôt qu'ils portent leurs regards dans la lumière du vrai ; et il leur est donné parfois une chaleur, mais c'est comme la chaleur d'un bain fétide, et elle est changée Pour eux en froid, aussitôt qu'ils aperçoivent quelque chose de bien. Un certain esprit fut envoyé dans ce brouillard ténébreux, où sont les infernaux, afin qu'il sût ce qui se passait parmi ceux qui y habitent ; mais il avait été mis par le Seigneur sous la protection des Anges ; s'étant entretenu de là avec moi, il me dit qu'il y régnait contre le bien et le vrai et surtout contre le Seigneur une fureur si frénétique, qu'il était étonné qu'on pût y résister, car ils ne respiraient que haines, vengeances, massacres, avec tant de violence qu'ils voulaient détruire tous ceux qui sont dans l'univers ; aussi tout le genre humain périra-til si cette fureur n'était continuellement repoussée par le Seigneur.
3341. Comme les Représentations dans l'autre vie ne peuvent exister que par des diversités de lumière et d'ombre, il faut qu'on sache que toute lumière, conséquemment toute intelligence et toute sagesse, procèdent du Seigneur ; et que toute ombre, conséquemment toute démence et toute folie, proviennent du propre qui appartient à l'homme, à l'esprit et à l'ange ; de ces deux origines découlent et dérivent toutes les nuances qui appartiennent à la lumière et à l'ombre dans l'autre vie.
3342. Tout langage des esprits et des anges se fait aussi par des Représentatifs ; en effet, c'est par d'admirables variations de lumière et d'ombre qu'ils présentent les choses qu'ils pensent, et cela d'une manière vivante, devant la vue interne et en même temps devant la vue externe de celui avec lequel ils parlent, et c'est par de convenables changementsd'état des affections qu'ils les insinuent : les Représentations qui existent dans les conversations ne sont pas semblables à celles dont il a été parlé cidessus, mais elles sont promptes et instantanées de même que les idées qui appartiennent à leur conversation : c'est comme si l'on décrivait quelque chose en une longue série, et qu'on le présentt en même temps en image devant les yeux ; car - ce qui est admirable - les choses spirituelles ellesmêmes, quelles qu'elles soient, peuvent être montrées représentativement par des espèces d'images qui sont incompréhensibles pour l'homme, dans lesquelles sont intérieurement les choses qui appartiennent à la perception du vrai, et plus intérieurement encore celles qui appartiennent à la perception du bien : il y en a aussi de semblables dans l'homme, car l'homme est un esprit revêtu d'un corps ; c'est ce qu'on peut voir en ce que tout langage que perçoit l'oreille passe, quand il monte vers les intérieurs, dans des idées assez semblables aux choses visibles, et va de ces idées dans les idées intellectuelles, et c'est ainsi que se fait la perception du sens des mots : celui qui réfléchit convenablement sur ce sujet peut savoir par là qu'il y a en lui un esprit, qui est son homme interne, et aussi qu'il y a pour lui un tel langage après la séparation du corps, puisqu'il est dans ce même langage qu'il vit ; mais il n'est pas évident pour lui qu'il soit dans ce langage, à cause de l'obscurité, et même des ténèbres, que répandent en lui les choses terrestres, corporelles et mondaines.
3343. Le langage des Anges du ciel intérieur est représentatif avec encore plus de beautés et de charmes ; mais les idées, qui sont formées représentativernent, ne peuvent être rendues par des mots, et si elles étaient exprimées par quelques mots, elles seraient au-dessus non seulement de la compréhension, mais même de la foi; les spirituels, qui appartiennent au vrai, se font par des modifications de la lumière céleste, dans lesquelles il y a les affections, qui sont admirablement variées d'un nombre indéfini de manières ; et les célestes, qui appartiennent au bien, se font par les variations de la flamme ou de la chaleur céleste ; ainsi sont mises en mouvement toutes les affections. L'homme, après la séparation du corps, vient aussi dans ce langage intérieur, mais seulement l'homme qui est dans le bien spirituel, c'est-à-dire dans le bien de la foi ou, ce qui est la même chose, dans la charité à l'égard du prochain, quand il vit dans le monde ; car intérieurement il a en lui ce langage, quoiqu'il ignore qu'il le possède.
3344. Quant au langage des Anges du ciel encore plus intérieur ou troisième ciel, il est représentatif aussi, mais tel qu'il ne peut jamais être saisi par aucune idée, ni par conséquent être décrit. Néanmoins, cette idée est aussi en l'homme intérieurement, mais en celui qui est dans l'amour céleste, c'està-dire dans l'amour envers le Seigneur ; et, après la séparation du corps, il vient dans ce langage, comme s'il y était né, quoiqu'il n'ait pu, comme il a été dit, en avoir la moindre idée tant qu'il a vécu dans le corps. En un mot, par les Représentatifs adjoints aux idées vit une sorte de langage, bien peu chez l'homme, parce qu'il est dans le langage des mots ; davantage chez les Anges du premier ciel ; encore davantage chez les Anges du second ; mais le plus possible chez les Anges du troisième ciel, car ils sont le plus près dans la vie du Seigneur tout ce qui est par le Seigneur est vivant en soi.
3345. D'après ce qui vient d'être dit, on peut voir qu'il y a en ordre des langages intérieurs, mais tels néanmoins que l'un existe en ordre par l'autre, et que l'un est en ordre dans l'autre ; le langage de l'homme est connu tel qu'il est, et aussi la pensée, de laquelle provient ce langage, dont les analytiques sont tels qu'il n'est jamais possible de les explorer ; le langage des bons esprits ou des anges du premier ciel et la pensée dont provient ce langage, sont intérieurs et renferment des choses encore plus admirables et plus inexplorables : le langage des Anges du second ciel, et la pensée dont provient de nouveau ce langage, sont plus intérieurs, et renferment des choses encore plus parfaites et plus ineffables : mais le langage des Anges du troisième ciel et la pensée dont provient de nouveau ce langage sont intimes et renferment des choses absolument ineffables : et quoique tous ces langages soient tels qu'ils apparaissent comme autres et différents, cependant toujours est-il qu'ils sont un, parce que l'un forme l'autre, et que l'un est dans l'autre, mais ce qui existe dans l'extérieur est le représentatif de l'intérieur. L'homme qui ne pense pas au-delà des choses mondaines et corporelles ne peut pas croire cela, et par conséquent il s'imagine que les intérieurs chez lui sont nuls, lorsque cependant les intérieurs chez lui sont tout, et que les extérieurs, c'est-à-dire les mondains et les corporels, dans lesquels il place tout, sont respectivement à peine quelque chose.
3346. Afin que je connusse ces choses, et que je les eusse pour certaines, il m'a été donné, d'après la Divine Miséricorde du Seigneur, de parier presque continuellement, depuis plusieurs années jusqu'à ce jour, avec les Esprits et les Anges, et avec les esprits ou les anges du premier ciel dans leur langage même, et aussi quelquefois avec les Anges du second ciel dans le leur ; mais le langage des Anges du troisième ciel s'est seulement manifesté à moi comme une radiation de lumière, dans laquelle il y avait la perception d'après la flamme du bien qui y était.
3347. J'ai entendu les Anges parler des Mentals humains, de la pensée de ces mentals, et du langage qui en résulte ; ils les comparaient à la forme externe de l'homme, laquelle toutefois existe et subsiste d'après les formes innombrables qui sont dans l'intérieur, ainsi d'après les Cerveaux, les Moelles, les Poumons, le Cur, le Foie, le Pancréas, la Rate, l'Estomac et les Intestins, sans parler de plusieurs autres, par exemple de celles qui ont été, dans l'un et l'autre sexe, destinées à la génération ; et d'après les muscles innombrables qui les entourent, et enfin d'après les téguments ; toutes ces formes sont composées de vaisseaux et de fibres, et même de vaisseaux et de fibres au-dedans des vaisseaux et des fibres, d'où résultent des conduits et des formes moindres ; par conséquent composées de choses innombrables ; toutes ces choses cependant concourent, chacune à sa manière, à la composition de la forme externe, dans laquelle il n'apparaît rien des choses qui sont à l'intérieur ; c'est à cette forme, savoir, à la forme externe, que les Anges comparaient les mentals humains, et les pensées de ces mentals, et les langages qui en résultent ; mais ils comparaient les rnentals angéliques aux choses qui sont à l'intérieur, lesquelles respectivement sont indéfinies et même incompréhensibles : ils comparaient aussi la faculté de penser à la faculté qu'ont les viscères d'agir selon la forme des fibres, et ils disaient que la faculté appartenait non aux fibres, mais à la vie dans les fibres, comme la faculté de penser appartient non au mental, mais à la vie qui influe du Seigneur dans le mental. De telles comparaisons, quand elles sont faites par les Anges, sont aussi mises en même temps en évidence par des représentatifs, par lesquels les formes intérieures, dont il vient d'être parlé, sont présentées et visiblement et intellectuellement, quant aux plus petites choses incompréhensibles, et cela en un instant : mais les comparaisons par les spirituels et par les célestes, telles qu'elles se font chez les Anges célestes,surpassent immensément en beauté de sagesse ces comparaisons qui se font par les naturels.
3348. Il y avait chez moi depuis assez longtemps des Esprits d'une autre terre ; comme je leur parlais de la sagesse de notre globe, je leur dis que parmi les sciences qui font la réputation des savants, il y a aussi les analytiques, par lesquels ils cherchent à découvrir les choses qui appartiennent au mental et aux pensées du mental ; qu'ils appellent ces choses Métaphysiques et Logiques ; mais qu'ils ont été peu au-delà des termes et de quelques règles flexibles - qu'ils sont en contestation sur les termes, par exemple sur ce qu'on entend par forme, par substance, par esprit, par âme; et qu'au moyen de ces règles communes flexibles, ilsdiscutent avec opinitreté sur les vrais : alors il fut perçu par ces esprits que de tels analytiques enlèvent tout sens et tout entendement de la chose, quand on s'attache à eux comme termes, et qu'on pense sur eux au moyen de règles artificielles ; ils me disaient que ces analytiques étaient simplement de petits nuages noirs, qui sont jetés au-devant de la vue intellectuelle, et qu'ils entraînent l'entendement dans la poussière : ils ajoutaient que chez eux iln'en est pas de même, mais qu'ils ont des idées plus claires des choses, par cela qu'ils n'ont aucune connaissance de ces analytiques : il m'a aussi été donné de voir combien ils étaient sages ; ilsreprésentaient d'une manière admirable le Mental humain comme une forme céleste, et les affections du mental comme des sphères d'activité qui s'accordaient avec elle, et cela avec tant de dextérité qu'ils en furent loués par les Anges : ils représentaient aussi comment le Seigneur tourne en affections agréables les affections qui en elles-mêmes sont désagréables : des savants de notre terre étaient présents, et ils ne purent rien comprendre, quoique dans la vie du corps ils eussent beaucoup parlé de ces sortes de choses dans leur style philosophique ces esprits, ayant de nouveau perçu les pensées de ces savants, en cela qu'ils s'attachaient aux termes et inclinaient à discuter sur chaque chose si elle est ou n'est pas, appelaient écumes de lies ces analytiques.
3349. D'après ce qui a été dit jusqu'ici, on peut voir ce que c'est que les Correspondances, et ce que c'est que les Représentations ; mais outre ce qui a été dit et montré, n° 2987 à 3003, et n° 3213 à 3227, on peut voir aussi les explications données ailleurs sur ce sujet ; par exemple celles-ci : que toutes les choses qui sont dans le sens littéral de la Parole sont des représentatifs et des significatifs de celles qui sont dans le sens interne, n° 1404,1408, 1409, 2763. Que Moïse et les Prophètes ont écrit la Parole par des représentatifs et des significatifs, et qu'elle ne pouvait pas être écrite dans un autre sytle, pour qu'elle eût un sens interne, par lequel il y eût communication entre le ciel et la terre, n° 2899. Que c'est même pour cela que le Seigneur a parlé par des représentatifs ; et aussi, parce qu'il a parlé d'après le Divin même, n° 2900. De là les représentatifs et les significatifs qui sont dans la Parole et dans les Rites, n° 2179. Que les Représentatifs ont pris leur origine dans les significatifs de l'Eglise ancienne, et ceux-ci dans les perceptifs de la Très-Ancienne Eglise, n° 920, 1409, 2896, 2897. Que les Très-Anciens ont eu leurs représentatifs aussi d'après les songes, n° 1977. Que Chanoch désigne ceux qui ont recueilli les perceptifs des Très-Anciens, n° 2896. Que dans le ciel il y a continuellement des représentatifs du Seigneur et de son Royaume, n° 1619. Que les cieux sont pleins de représentatifs, n° 1521, 1532. Que les idées des Anges sont changées en divers représentatifs dans le monde des esprits, n° 1971, 1980, 1981. Des Représentatifs par lesquels les enfants sont introduits dans l'intelligence, n° 2999. Que les Représentatifs dans la nature viennent de l'influx du Seigneur, n° 1632, 1881. Que dans toute la nature il y a des Représentatifs du Royaume du Seigneur, n° 2758. Que dans l'homme Externe, il y a des choses qui correspondent à l'homme Interne, et des choses qui n'y correspondent pas, n° 1563, 1568.
3350. Afin qu'on vole clairement quels sont les Représentatifs, il m'est permis d'ajouter encore un exemple : J'entendis plusieurs Anges du ciel intérieur, qui ensemble ou en réunion formaient un Représentatif ; les esprits autour de moi ne pouvaient le percevoir que d'après un certain influx de l'affection intérieure ; c'était un Chur, dans lequel ces Anges, qui étaient en grand nombre, pensaient ensemble la même chose et disaient la même chose ; ils formaient par des Représentations une Couronne d'or avec diamants autour de la tête du Seigneur, ce qui s'opérait à la fois par de rapides séries de Représentations, telles que celles de la pensée et du langage, dont il a été parlé ci-dessus, n° 3342, 3343, 3344 : et - ce qui était surprenant - quoiqu'ils fussent en grand nombre, tous cependant pensaient et parlaient comme un seul, par conséquent représentaient comme un seul ; et cela, parce qu'aucun d'eux ne voulait rien faire de lui-même, ni à plus forte raison commander aux autres et diriger le chur, celui qui agit autrement se sépare à l'instant de l'association ; mais ils se laissaient diriger mutuellement les uns par les autres, ainsi tous en particulier et en commun par le Seigneur ; c'est dans de telles harmonies que sont conduits tous les bons qui viennent dans l'autre vie. Ensuite, j'entendis plusieurs Churs qui exprimaient représentativement diverses choses, et quoique les churs fussent en grand nombre, et qu'il y eût dans chaque chur plusieurs Anges, ils agissaient cependant comme un seul, car de la forme des variétés résultait une unité, dans laquelle était le beau céleste. Il peut en être ainsi de tout le Ciel, qui consiste en myriades de myriades d'Anges ; ils font un, parce qu'ils sont dans l'amour mutuel, car ainsi ils se laissent conduire par le Seigneur ; et, ce qui est admirable, plus ils sont en grand nombre, c'est-à-dire plus il y a de myriades d'anges qui constituent le ciel, plus toutes choses, en général et en particulier, deviennent distinctes et parfaites ; et elles le deviennent aussi d'autant plus que les Anges sont d'un ciel plus intérieur, car toute perfection s'accroît vers les intérieurs.
3351. Ceux qui formaient alors des churs étaient de la province des poumons, par conséquent du Royaume spirituel du Seigneur, car as influaient avec douceur dans la respiration ; mais les churs étaient distincts, les uns appartenaient à la respiration volontaire, et les autres à la respiration spontanée.