LA VOLONTE ET L'ENTENDEMENT

     28. L'homme a deux facultés qui font sa vie ; l'une s'appelle la volonté, et l'autre l'entendement. Elles sont distinctes l'une de l'autre, mais créées de manière qu'elles soient un ; et quand elles sont un, elles sont appelées le mental. Elles constituent donc le mental humain, et toute la vie de l'homme réside en elles.
 

     29. De même que, dans l'univers, tout ce qui est selon l'Ordre Divin se rapporte au bien et au vrai, de même chez l'homme tout se rapporte à la volonté et à l'entendement ; car, chez lui, le bien est chose de sa volonté, et le vrai chose de son entendement. En effet, ces deux facultés ou ces deux vies de l'homme sont les réceptacles et les sujets du bien et du vrai : la volonté étant le réceptacle et le sujet de tout ce qui concerne le bien, et l'entendement celui de tout ce qui concerne le vrai. Les biens et les vrais chez l'homme ne sont point ailleurs. Il s'ensuit que l'amour et la foi ne sont point non plus ailleurs, puisque l'amour appartient au bien et le bien à l'amour, et que la foi appartient au vrai, et le vrai à la foi.
 

     30. Maintenant, comme toutes les choses dans l'univers se rapportent au bien et au vrai, et toutes celles de l'Église au bien de l'amour et au vrai de la foi ; et comme, d'autre part, l'homme est homme en vertu de ces deux facultés (volonté et entendement), il convient également de parler de celles-ci dans cette Doctrine. Autrement, l'homme ne pourrait s'en faire une idée distincte, et sa pensée n'aurait aucune base.
 

     31. La volonté et l'entendement font aussi l'esprit de l'homme, car c'est aussi dans ces deux facultés que résident sa sagesse et son intelligence, et en général sa vie, le corps n'étant qu'un serviteur.
 

     32. Ce qu'il importe avant tout de savoir, c'est comment la volonté et l'entendement font un seul mental. Ils font un seul mental de la même manière que le bien et le vrai font un ; car il y a entre la volonté et l'entendement un mariage semblable à celui qui existe entre le bien et le vrai. On peut voir clairement quel est ce mariage par ce qui est rapporté ci-dessus au sujet du bien et du vrai ; car, de même que le bien est l'être même d'une chose, et le vrai l'exister qui en dérive, chez l'homme, la volonté est l'être même de sa vie, et l'entendement l'exister qui en dérive ; en effet, le bien qui appartient à la volonté se forme dans l'entendement et s'y présente à la vue.
 

     33. Seuls ceux qui sont dans le bien et dans le vrai ont une volonté et un entendement, mais ceux qui sont dans le mal et dans le faux n'en ont point ; au lieu de la volonté, ils ont la convoitise ; et au lieu de l'entendement, la connaissance. Car la volonté vraiment humaine est le réceptacle du bien ; et l'entendement, le réceptacle du vrai ; c'est pourquoi la volonté ne peut pas se dire du mal, ni l'entendement du faux, parce que ce sont des opposés, et que le propre de ce qui est opposé est de détruire. De là vient que l'homme qui est dans le mal, et par suite dans le faux, ne peut être appelé ni rationnel, ni sage, ni intelligent : d'ailleurs chez lui, les intérieurs du mental, où résident principalement la volonté et l'entendement sont fermés. On croit que le méchant a aussi une volonté et un entendement, parce qu'il dit qu'il veut et qu'il comprend ; mais chez lui vouloir n'est que convoiter, et comprendre n'est que connaître.