II

 

LA FOI DOIT ÊTRE LA BASE DE TOUT RÉCONFORT

 

 

Puisque tout véritable réconfort doit venir de Dieu, nous devons supposer chez celui que nous venons réconforter une base sur laquelle nous appuyer. Cette base c'est la foi. Sans la foi, inutile d'espérer apporter quelque réconfort spirituel. Ce serait aussi vain que d'essayer de raisonner un dément. Quel soutien la Sainte Écriture pourrait-elle procurer à quelqu'un qui ne croirait pas qu'elle est la parole de Dieu et que sa parole est vraie ? On doit y trouver bien peu de profit si l'on ne croit pas que c'est la parole de Dieu ou, si admettant même qu'elle l'est, on croit qu'elle peut contenir des erreurs ! Suivant que la foi est plus ou moins forte, les paroles de réconfort de la Sainte Écriture feront plus ou moins de bien.

 

Cette vertu qu'est la foi, aucun homme ne peut l'acquérir par lui-même, ni non plus la donner à un autre. Des hommes peuvent être ministres de Dieu, ils peuvent de leur propre volonté obéir librement à l'inspiration qui leur vient de Dieu et n'être que de faibles ouvriers du Seigneur tout-puissant. La foi est un don gratuit de Dieu. Et, comme le dit saint Jacques : « Tout bien, toute perfection nous vient d'en haut, du Père des lumières ». (Jc., 1-17). C'est pourquoi nous qui, à beaucoup de signes, sentons que notre foi est faible, prions-le qu'il lui plaise de la fortifier. Et disons d'abord avec Lui dans l'Évangile : « Je crois, mais viens au secours de mon incrédulité ! » (Mc., 9, 24). Prions avec les apôtres : « Seigneur, augmente notre foi » (Lc., 17, 5). Et enfin, méditons les paroles du Christ et disons-nous que : Si nous ne permettions pas à notre foi de tiédir et même de refroidir, de perdre sa force en éparpillant nos pensées sur des futilités, nous cesserions d'accorder de l'importance aux choses de ce monde et nous ramasserions notre foi dans un petit coin de notre âme. Nous la sèmerions alors comme la graine de sénevé dans le jardin de notre cœur, après en avoir arraché toutes les mauvaises herbes, et le germe grandirait et les oiseaux, c'est-à-dire les anges, descendraient dans nos âmes et feraient fructifier les vertus dans les rameaux de notre foi (Mt., 13, 18-32). Avec une ferme confiance dans la parole de Dieu nous soulèverons une montagne d'afflictions (Mt., 17, 20) tandis que, si notre foi est chancelante, elle ne déplacera même pas une taupinière.

Au terme de ce premier entretien, je vous dirai que puisque un réconfort spirituel suppose une base de foi et que personne autre que Dieu ne peut la donner, nous ne devons cesser jamais de la lui demander.

 

VINCENT : En vérité, mon cher oncle, la foi me paraît à moi aussi primordiale et même tellement indispensable que sans elle tout réconfort spirituel serait absolument vain. Je prierai Dieu de me donner une foi vive et entière. Et vous, mon cher oncle, poursuivez votre exposé sur le réconfort spirituel contre le désespoir.

 

ANTOINE : Bien volontiers, mon cher neveu.