Arnaud DUMOUCH
080503, Jacques
La fin du monde
Paris, le 7 juillet 1996 (n°37), M. Dupuy,
Imprimatur Archevêché de Paris
Paris, le 5 novembre 2002 (n° 50-91), Mgr M. Vidal,
Le vocabulaire marqué de * est traité en fin douvrage.
ISBN : 2-403-0923-6
Depuis près dun siècle, le silence sest fait dans lÉglise catholique sur la fin du monde. Les théologiens et les prédicateurs nont plus osé en parler. Tant de récits effrayants avaient été donnés en chaire par les anciens curés du XIXème siècle, que ce genre de thème prêtait plus à la suspicion quà lintérêt. Une autre peur, celle de paraître ridicule ou pire, sectaire, paralysait les docteurs. La recherche nétait autorisée que dans un seul sens qui visait à relativiser les textes, à leur donner une signification purement symbolique.
La peur nest pas évangélique. Ce silence a eu de graves conséquences. Il a laissé une grande place aux sectes politiques ou religieuses. Beaucoup de fidèles en ont été réduits à mettre leur espoir, non dans la venue certaine du Royaume de Dieu, mais dans la construction sociale du monde dici-bas. Hegel, Marx ne sont pas autre chose que des théologiens politiques de la fin de lhistoire, de larrivée du paradis sur terre. Lespérance marxiste a causé de manière directe la mort dau moins cent millions de personnes. Pour les plus religieux, les propositions théologiques des sectes fondamentalistes les ont détournés de cette foi qui, loin de répandre la peur, est source dune paix profonde. Les sectes apocalyptiques chrétiennes[1] ont causé relativement peu de morts en comparaison des idéologies politiques. Mais elles transforment de manière hideuse en fanatisme illuminé ce qui devrait rayonner damour et dhumilité.
Une autre conséquence touche le cur même de la vie spirituelle, à savoir lespérance théologale. Depuis deux siècles, lÉglise catholique vit une crise. En Occident, elle perd des fidèles. Danciennes nations chrétiennes sont au bord dapostasier* tout rapport à la foi. Des chrétiens perdent espoir. Ils ne comprennent plus. Le Christ navait-il pas annoncé que les portes de lenfer ne lemporteraient jamais ?
Or le Christ parle explicitement dans les évangiles dévénements difficiles. Il annonce même, de façon mystérieuse, « labomination de la désolation dans le Temple saint »[2]. Ce texte ne peut annoncer quelque chose de positif Pourtant, dans un passage parallèle, parlant de la venue de ces malheurs, Jésus dit: « Quand tout cela commencera darriver, réjouissez-vous et relevez la tête car votre rédemption est proche »[3].
Comment Jésus peut-il demander de se réjouir dun malheur? Qui peut, parmi les lecteurs de ce livre, répondre maintenant pour lui-même de manière claire à cette question ? La plupart est dans lignorance de ces sujets. Si le Christ, Maître et Seigneur de notre foi, en a parlé, ce nétait certainement pas pour que nous mettions un boisseau dobscurité sur ses paroles[4].
Il est donc nécessaire, plus que jamais, de raconter lespérance catholique pour la fin du monde. Lorsquon découvre quil ne sagit pas seulement dun traité théorique mais dune vie qui de plus se raconte comme une histoire, avec une fin de lumière et damour, on ne peut quen être enthousiasmé. Cet ouvrage vise à le manifester.
Deux parties vont se succéder.
I- La fin du monde
Avant le retour du Christ, Dieu prépare un plan grandiose qui donne lexplication de ce que lhumanité vit déjà actuellement. Ces textes sont valables à deux niveaux : 1- Pour chaque génération qui a vécu depuis la venue du Messie. Je montrerai donc dans un premier temps comment les textes se sont historiquement explicitement réalisés. 2- Mais ils annoncent aussi la venue historique, à un temps donné, dune fin du monde entier. Les prophéties de lÉcriture Sainte ne permettent ni den connaître la date ni le détail avec une précision absolue. Mais elles sont assez explicites pour en dévoiler les grandes étapes et, à linverse de ce quen disent les sectes apocalyptiques, pour enflammer lespérance.
II- Les sources de ces connaissances
Cette partie est destinée aux esprits curieux de mes sources, croyants ou incroyants[5].
-- Les choses certaines : A chaque fois que je lai pu, je nai fait que rapporter la foi de lÉglise (à travers lÉcriture Sainte ou le Magistère romain). Tout au long de louvrage, je préciserai en note ou dans le texte quand il sagit dune telle source. Afin que le lecteur sy retrouve, de tels textes seront marqués de la mention « choses certaines ».
-- Les choses probables : Mais tout dans cet ouvrage nest pas explicitement la foi de lÉglise. A chaque époque, des signes et des prophéties ont été donnés aux hommes. Cest le cas de révélations* faites à des saints canonisés ou lors dapparitions* célestes reconnues canoniquement par lÉglise. Ces sources secondaires ne constituent pas, loin de là, des vétilles. Elles ont une très grande valeur, non pour ajouter à la foi, mais pour expliquer sa réalisation concrète (lespérance). Elles seront qualifiées de « choses probables » tout au long du texte.
-- Les choses indécises : La manière concrète, avec les détails de date, de lieu et de circonstances dont ces prophéties se réaliseront à lavenir est affaire dhypothèse, de réflexion, danalyse sociologique, de connaissance prédictive de lhomme. Ce sont les « choses indécises » de ce livre.
-- Les opinions personnelles : Jémets parfois des hypothèses personnelles, lÉglise demandant au chercheur un tel travail (voir par exemple des questions comme lorigine de lislam, son destin, la manière dont Israël reconnaîtra le Christ etc.). Je peux assurer que cet ouvrage ne contient rien qui est contre la foi (contra fidem). Mais il contient quelques précisions qui sont en marge de la foi (praeter fidem). LImprimatur ecclésiastique ne veut rien signifier dautre. Je me trompe peut-être. Ce livre doit rester sans cesse en chantier. Ces aspects sont marqués de la mention : « Selon moi Au lecteur de juger ».
A lorigine de tout, un grand secret
(La chose la plus certaine)
Dans un premier ouvrage[6], jai décrit lhistoire sainte des individus, la manière dont Dieu sefforce de conduire chaque homme à lhumilité puis à lamour[7]. Ici, je vais mefforcer de raconter lHistoire Sainte des peuples, des nations*, de lhumanité entière. Ces deux histoires ont le même commencement et le même terme Avant dentrer dans le vif du sujet, je voudrais rappeler en quelques mots ce fondement de tout, cet Alpha qui donne sens à tout le reste.
Il nest pas possible de comprendre quoi que ce soit de la lecture chrétienne des événements de la fin du monde sans connaître la raison et lorigine de tout. Comment comprendre lOméga si lon ne connaît pas lAlpha? Tout dans cette espérance sexplique par un principe simple. Il sagit dun projet de Dieu. Il veut se montrer à lhumanité entière, face à face, pour la combler de bonheur. Rien, dans lhistoire de lhumanité, ne se comprend au plan chrétien sans cette lumière. Mais tout peut être compris avec elle. LÉvangile de Jésus Christ, celui qui explique la souffrance des communautés humaines, se résume à cela:
« Avant que le monde nexiste, depuis toute éternité, il existe un Être unique, une Personne... Il vit totalement heureux, comblé par sa propre nature. Il est mystérieux puisque, tout en étant un seul être, trois personnes[8] saiment et se contemplent en lui, le Père, le Fils et lEsprit Saint[9]. Il sagit dune inimaginable vie intime, faite de tendresse et de lumière inaccessibles. Deux qualités du cur peuvent résumer la vie de Dieu, lhumilité et lamour[10]. Sans cesse, le Père glorifie le Fils, Le Fils glorifie le Saint Esprit parce quil laime. Dieu est ainsi et nul ne peut le changer.
Dans son éternité, il conçut le projet suivant: faire partager ce bonheur à dautres êtres ; Créer de nombreuses personnes, dotées dintelligence et de liberté, et les introduire, si elles le veulent, au cur des trois personnes. Ce serait comme un mariage, un acte damour réciproque. Mais il convient de faire ici une remarque importante. Dieu ne désirait pas créer un paradis où chaque personne, perdue dans sa contemplation, serait uniquement tournée face à lui. Il voulait créer une Église, cest-à-dire une communauté immense vivant en Lui dans une totale communion dhumilité et damour. Ce serait ainsi une fête éternelle où des milliards dêtres épousés communieraient au même pain. Cest pourquoi, Dieu décida de faire de lhistoire de ses créatures spirituelles une Histoire Sainte dirigée vers ce but unique. Dieu agit. Il créa dabord les anges, de purs esprits sans corps[11]. Puis il créa les hommes et les femmes, êtres spirituels et physiques. Anges et hommes étaient faits pour voir Dieu face à face.
Un problème se posait pourtant. Pour que ces communautés humaines entrent auprès de Dieu et vivent comme une Église sainte du bonheur infini qui consiste à le comprendre et à laimer face à face, il était absolument nécessaire quelles deviennent au plan du cur semblables à lui, à savoir tout humbles et toutes données à lamour. Ici se trouve la clef de tout[12]. Nul ne peut voir Dieu sans mourir à lui-même[13]. A cause de la pureté et de la délicatesse de Dieu, nimporte quel amour ne suffisait pas mais seulement un amour total, dépouillé de toute recherche intéressée. Le moindre orgueil, le moindre égoïsme, et lentrée face à Dieu devenait impossible, comparable à un viol alors quelle devrait être un mariage. Ceci était vrai non seulement pour les individus, mais pour lhumanité dans son ensemble. Cest pourquoi, afin de laisser aux communautés humaines le temps de découvrir leur misère, il décida de les faire transiter par un devenir terrestre, par une gloire puis une décadence, par la mort enfin. Il appliqua cette loi à toutes, sans exceptions, y compris à celles quil avait voulu lui-même, celles qui portaient son nom[14] (ses Églises). Tout cela constituait une série détapes purificatrices. Toutes étaient marquées par la souffrance[15]. Ce temps, par tout ce quil était, devait servir décole de la vie. »
Dieu abaisse les puissants et relève les humbles[16].
« Depuis lAscension, lavènement du Christ dans la gloire est imminent même sil ne nous "appartient pas de connaître les temps et les moments que le Père a fixés de sa seule autorité". Cet avènement eschatologique peut saccomplir à tout moment même sil est "retenu", lui et lépreuve finale qui le précédera[18]. »
(Chose certaine)
La Révélation chrétienne est explicite pour enseigner que le monde ne durera pas toujours. Dieu sait combien dêtres humains doivent naître. A lheure dite, celle que lui seul connaît, il mettra fin au monde terrestre. Cette heure na rien à voir avec les prédictions des astronomes sur lévolution du soleil. Elle nest pas naturelle donc non prévisible. Elle concerne Dieu seul et son projet sur lhomme. La dernière génération, celle qui vivra sur terre à cette époque, assistera à des événements étonnants. Dieu prépare sur la terre une nouvelle manifestation de son amour. Ce sera un spectacle grandiose, digne de ce que la Bible appelle « le jour du Seigneur ».
Mais tout spectacle de Dieu est avant tout spirituel car Dieu est esprit. Cette fois, lamour ne sera pas manifesté par la douleur silencieuse. Il le sera par la victoire joyeuse. Cette heure a rapport avec ce que le Credo appelle « le retour du Christ dans sa gloire ».
LÉglise ne connaît pas la date de ces événements[19]. Jésus dit en Mathieu[20]: «Quant à la date de ce jour, et à lheure, personne ne les connaît, ni les anges dans les Cieux, ni le Fils, personne si ce nest le Père ». Bien plus, afin de couper court à des indiscrétions qui s'étaient produites, elle n'a pas hésité à défendre sous peine d'excommunication d'annoncer pour époque déterminée la venue de l'Antéchrist ou le jour du Jugement dernier. C'est sous Léon X, en l'an 1516, le 14 des Calend. de janvier, au Ve concile oecuménique de Latran (sess. XI, Constit. Supernæ majestatis præsidio) que ce décret, dont voici la teneur, a été porté : « Nous ordonnons à tous ceux qui exercent la charge de la prédication ou qui l'exerceront dans l'avenir qu'ils ne présument pas de fixer dans leurs prédications ou dans leurs affirmations un temps déterminé pour les maux futurs, soit pour l'avènement de l'Antéchrist, soit pour le Jugement : attendu que la Vérité dit : Ce n'est pas à vous de connaître les temps ou les moments que le Père a fixés de sa propre autorité : ceux donc qui, jusqu'à présent, ont osé émettre de pareilles choses, ont menti, et il est avéré que, par leur fait, un grand dommage a été porté à l'autorité de ceux qui prêchent sagement[21]. » La raison en est simple. Il sagit dun événement tout à fait comparable à la mort individuelle de chaque homme. Dieu se réserve lheure de la mort de chacun. Le suicide lui déplaît puisque nul ne peut juger avec les yeux de Dieu quil a assez appris de son passage ici-bas. De même, nulle communauté humaine ne peut connaître sa fin (il sagit ici de la fin dun monde et non du monde) avant davoir compris quelle nest rien. Il doit en être de même pour le monde dans son ensemble (la fin des fins).
Le Christ a, par contre, laissé des prophéties suffisamment précises et nombreuses pour permettre de comprendre le déroulement de ce qui précèdera la fin du monde. Des signes de la proximité des événements seront donnés aux hommes, permettant à ceux qui auront la foi en ces jours là de les vivre de lintérieur, de sentir limminence du retour du Christ. Dautres signes seront plus extérieurs, adressés à ceux qui nauront pas la foi. Appuyés sur ces Révélations contenues dans les Écritures, il est possible de dire quelque chose de sûr.
(Chose certaine)
Il peut être intéressant de se livrer à un petit exercice. Mettons-nous à la place de Dieu. Imaginons que nous recevions la responsabilité de préparer la fin de la dernière génération humaine avec les objectifs suivants.
1- Former les hommes à lhumilité, cette vertu qui dispose le cur à lamour ;
2- Leur laisser le temps dapprofondir leur soif consciente ou inconsciente du salut;
3- Leur prouver dune manière définitive et grandiose lamour de Dieu, en vue de les sauver;
Comment nous y prendrions-nous? Il va de soit que, étant Dieu, nous aurions le droit dutiliser tous les moyens à notre disposition, à savoir une puissance infinie, tout en respectant au moment du choix final, la liberté de ceux qui refusent lamour. Il faut en effet remarquer quavant ce choix final, Dieu ne respecte pas toute la liberté de lhomme. Au contraire, il forme cette liberté en la soumettant à toutes sortes de contraintes que nous expérimentons tous les jours.
La première solution qui vient à lesprit des enfants du catéchisme, surtout des garçons, consiste à organiser un festival du miracle, un spectacle avec mouvements dastres, feu dartifices détoiles se terminant par le bouquet final, latterrissage dans le plus pur style Albator, dun Christ lumineux. Les descriptions de ce scénario ne manquent pas dans lÉcriture. Les anges ne disent-ils pas aux apôtres le jour de lAscension: «Ce même Jésus viendra comme cela de la même manière dont vous lavez vu sen aller vers le ciel ». Il est vrai quun tel spectacle supprimerait lathéisme. Cest largument principal des enfants. Cependant, répond-il aux trois critères imposés plus haut ? Il est vrai que le critère 3 (La manifestation de Dieu), serait en partie réalisé. Mais quen serait-il de la charité et de sa mère, lhumilité, les seules réalités importantes pour la vie éternelle? Jésus, dans lÉvangile de saint Jean, montre les effets ambigus des miracles sur les hommes[22]. Il multiplie pour une foule des pains; Les gens croient et applaudissent puis décident de le couronner roi dIsraël pour quil chasse les Romains. Le Christ, voyant quils ont détourné ses miracles pour en faire un outil de puissance politique, est obligé de se retirer dans la montagne. Ce scénario nest donc pas apparemment le meilleur possible, au moins pour ce qui concerne le critère 1.
Il ne faut pas se moquer des enfants. Les adultes ne trouvent pas mieux, malgré leur bonne volonté, et ils se servent souvent mal de leurs trouvailles[23].
On peut donc être certain quavant que le Christ revienne en descendant du Ciel, il aura préparé le cur des hommes par une série dévènements. Existe-t-il des textes du Magistère papal les décrivant? Au cours de ses 2 000 ans dhistoire, lÉglise sest très peu prononcée sur ces événements, sauf pour condamner certaines interprétations trop fondamentalistes de la Bible. Pourtant, depuis quelques décennies, elle parle. Le phénomène est nouveau et, nous le verrons, il constitue certainement un signe. Le Catéchisme de lÉglise Catholique donne en deux paragraphes un enseignement nouveau et précis[24]. Cest la première fois quun texte doté dune infaillibilité ordinaire[25] est aussi explicite:
Avant lavènement du Christ, lÉglise doit passer par une épreuve finale qui ébranlera la foi de nombreux croyants. La persécution qui accompagne son pèlerinage sur terre dévoilera le « mystère diniquité » sous la forme dune imposture religieuse apportant aux hommes une solution apparente à leurs problèmes au prix de lapostasie de la vérité. Limposture religieuse suprême est celle de lAnti-Christ, cest-à-dire dun pseudo-messianisme où lhomme se glorifie lui-même à la place de Dieu et de son Messie venu dans la chair.
Cette imposture antichristique se dessine déjà dans le monde à chaque fois que lon prétend accomplir dans lhistoire lespérance messianique qui ne peut sachever quau-delà delle à travers le jugement eschatologique: même sous sa forme mitigée, lÉglise a rejeté cette falsification du Royaume à venir sous le nom de millénarisme, surtout sous la forme politique dun messianisme sécularisé, intrinsèquement pervers.
LÉglise nentrera dans la gloire du Royaume quà travers cette ultime Pâque où elle suivra son Seigneur dans sa mort et sa Résurrection. Le Royaume ne saccomplira donc pas par un triomphe historique de lÉglise selon un progrès ascendant mais par une victoire de Dieu sur le déchaînement ultime du mal qui fera descendre du Ciel son épouse. Le triomphe de Dieu sur la révolte du mal prendra la forme du jugement dernier après lultime ébranlement cosmique de ce monde qui passe.
Ce texte de théologie donne la clef de toutes les prophéties de lÉcriture sur la fin du monde. Jésus annonce pour son retour une Église humiliée, presque absente du fait de la réussite quasi-universelle dun Antéchrist* qui ne sera même pas nécessairement violent puisquil établira une fausse paix sur le monde[26]. Il est clair que ce succès provisoire de ce qui soppose au Christ sera permis par Dieu et entrera au centre même de son projet grandiose. Sil avait voulu autre chose, il lui aurait suffi dagir, Lui qui peut faire naître à partir des pierres des fils à Abraham[27].
Sil sagit là du scénario prévu par Dieu, cest quil est le meilleur possible[28].
Or, et cest remarquable, ce scénario ressemble à celui que choisit lEsprit Saint pour le Christ. Cest ainsi quil sauva le monde. Lui aussi passa par un martyre, après une lente « kénose»[29]. La clef de lhistoire est ici. Le même Esprit qui conduisit le Christ, conduira lÉglise à son Heure. Cest en passant par la croix, à limitation de son époux, quelle provoquera le retour du Messie et le salut de lhumanité entière. La fin de lÉglise est donc la même, analogiquement, que celle du Christ car cest le même Esprit Saint.
Nous verrons au long de ce récit à quel point la vie du Christ est une allégorie de celle de lÉglise, jusquà la fin du monde. Ce sera même une allégorie de détail, chaque acteur du drame de la passion trouvant sa place sous forme dun courant idéologique particulier lors du témoignage final de lÉglise[30].
Avant de reconstituer cette histoire à venir pour la fin des fins, suivons pas à pas le cheminement de lhumanité au cours de son histoire. En effet, comme toutes les prophéties apocalyptiques, elles ont plusieurs manières de se réaliser dans lhistoire des hommes[31].
1- A chaque époque de lhistoire, cest-à-dire pour chaque homme face à lhistoire de sa génération. Cest ce que je vais décrire dans le chapitre 3.
2- Dune manière plus grandiose, lors de la dernière génération sur la terre. Ce sera lobjet des chapitres suivants.
La connaissance de la fin de tel ou tel monde particulier permettra de mieux comprendre la fin des fins.
« ... en attendant que tout lui soit soumis : Déjà présent dans son Eglise, le Règne du Christ nest cependant pas encore achevé "avec puissance et grande gloire" Jusquà ce que tout lui ait été soumis, lEglise vit elle-même parmi les créatures qui gémissent présentement encore dans les douleurs de lenfantement et attendent la manifestation des fils de Dieu". Le temps présent est, selon le Seigneur, un temps encore marqué par la "détresse" et lépreuve du mal qui népargne pas lÉglise et inaugure les combats des derniers jours[32]. »
(Chose certaine)
Lhistoire de lhumanité est sainte. Elle est dirigée de lintérieur par Dieu. Son but unique est, rappelons-le, de rendre chaque homme individuellement, mais aussi chaque génération, humble, assoiffé dun salut, pour quil puisse aimer (Agapé) et entrer dans la salle des noces avec Dieu où il sera lépousé. Il dirige chaque personne individuellement par le travail de son ange gardien. Mais il dirige aussi lhumanité à travers son histoire. Pour cela, il dispose dun ordre danges appelés « Princes » par lÉcriture et qui, daprès Denys, connaissent parfaitement ce quil faut faire pour diminuer lorgueil des peuples.
Ils suivirent la chute dAdam et Eve.
Le premier de ces jours est le temps où Dieu se taisait complètement, laissant lhomme livré dans la nuit à sa liberté.
Après la mort dAdam et Ève, Dieu laissa lhumanité devenue égoïste vivre comme elle le désirait, goûter jusquau bout les fruits séduisants de larbre de lorgueil. Il la laissa en récolter la solitude, les souffrances, la vie insensée et la mort. Lui-même se cacha et nexpliqua plus son but aux hommes au point quils oublièrent le sens de la vie. Ils tendirent les bras vers le ciel vide. Ils se créèrent de multiples dieux imaginaires plutôt que de rester seuls. Ayant touché le fond de la misère, humilié, lhomme se mit à désirer de tout son être un Sauveur. Ainsi, à travers cette souffrance, les plus orgueilleux parmi les hommes furent disposés à comprendre un début dhumilité et un besoin damour...
Cette première phase est la plus terrible car elle conduit, du fait du silence de Dieu, au désespoir devant la mort. Elle est décrite par la Bible jusquà lheure de la vocation dAbraham. Elle est symbolisée dans lÉvangile par le mauvais larron crucifié avec Jésus. Elle est la phase du silence de Dieu, silence efficace contre lorgueil de lhomme qui meurt.
Le second jour est celui où il promit à quelques-uns un sauveur sans en préciser la nature. Il le fit aux juifs mais aussi ici et là chez les païens;
Lhomme appela à laide. Mais la souffrance sous toutes ses formes ne sarrêta pas. Il supplia quon vienne le sauver. « Y-a-t-il quelquun là-haut, qui entendent nos prières?[34]» Alors, bien des générations plus tard, Dieu répondit. Il promit un Sauveur à quelques-uns. Mais il ne lenvoya pas tout de suite pour que la soif des hommes sapprofondisse. Orgueilleux, ils devinrent plus humbles et leur âme se mit à désirer la révélation du Dieu dont ils ne connaissaient pas le cur. Ainsi, insensiblement, à travers ces souffrances, le cur de lhumanité mûrit vers une humilité plus grande et un plus grand désir damour.
Cette deuxième phase fut en particulier vécue par les Juifs jusquà la venue du Messie Jésus. Elle est symbolisée dans lÉvangile par le bon larron. En effet, les justes subissent les mêmes souffrances au cours de leur vie que les « mauvais ». Mais elle provoque un effet plus profond. Le bon larron crucifié à la droite de Jésus lui disait: «Souviens-toi de moi quand tu viendras dans ton royaume. » Elle est la phase de la foi et de lespérance.
Le troisième jour est le temps enfin où il se fit chair et annonça lÉvangile.
Enfin Dieu les sauva. Il le fit lui-même, par un moyen merveilleux, tel que chacun put sécrier: « Vraiment, Dieu nous aimait! » Lune des personnes de la Trinité se fit homme en Jésus Christ. Le Messie-Dieu enseigna et voulut mourir de la main de ceux quil sauvait, afin que les plus orgueilleux parmi les hommes ne puissent plus douter de son amour. Cest la phase de lamour de nouveau révélé, celle qui a commencé depuis deux mille ans. Mais Dieu ne supprima pas pour autant les souffrances de la vie, ni son silence. Le chrétien meurt comme le païen. Cest que, à travers ses souffrances, il lui fut possible de transformer sa croix en plus dhumilité et damour, en une humilité et un amour conscients de ce qui les finalise. Le croyant chrétien peut le faire avec plus dintensité car il sait où il va et ce quil fait sur terre.[35]
Cette partie de lhumanité (et de notre cur) est symbolisée au Golgotha par le Christ lui-même. LÉglise terrestre, qui est sensée le suivre dans la même lumière, est comme son corps resté sur la terre.
Chacune de ces périodes dispose les curs au salut. Ces trois « jours », commencés après le péché originel, sont toujours dactualité. Les deux premiers sont vécus de nos jours par des milliards dhommes qui nont jamais entendu parler du Christ mais seulement dun hypothétique salut futur.
Depuis lAscension, le dessein de Dieu est entré dans son accomplissement. Nous sommes déjà à "la dernière heure". "Ainsi donc déjà les derniers temps sont arrivés pour nous[36].
Après son Ascension, Jésus annonce de nouveau trois temps, trois étapes de lhistoire durant lesquelles il préparera les nations* à son retour glorieux. On peut les discerner à la lecture de son discours eschatologique[37] et des multiples prophéties dispersées ici et là dans les lettres des apôtres.
Le quatrième de ces temps est celui de lextension de lÉvangile dans le monde. Cest une période accompagnée de luttes et de souffrances nombreuses.
Le cinquième est celui du rejet de lÉvangile par le monde.
Le sixième est le temps de sa disparition quasi complète du monde.
Il convient de remarquer quon peut facilement mettre en parallèle ces trois temps avec ceux de la vie de Jésus. Dabord écouté (4), il fut ensuite rejeté (5) puis mis à mort (6). LEsprit Saint conduit lÉglise de la même façon quil le fit pour les trois ans de la vie apostolique du Christ. Lhumanité vit donc sur terre six jours (elle connaît six phases, six états spirituels en fonction de son salut) puis vient le septième, le jour du Seigneur, inauguré par le retour du Christ. Bien des symboles bibliques trouvent leur interprétation dans cette remarque, en particulier celui de la création du monde en six jours. La recréation y trouve son modèle.
Ces trois derniers temps ainsi que le règne de lAntéchrist* ne sont pas des événements symboliques. Leur réalisation historique est aussi certaine que létaient pour les Juifs les prophéties de lAncien Testament. Quand un prophète annonçait quune jeune fille vierge serait enceinte et enfanterait le Messie (troisième temps), les Juifs ny voyaient pas seulement un symbole, une image dIsraël* en attente de la manifestation de Dieu. Il en est de même pour les événements de la fin du monde. Chaque prophétie de Jésus a, cest certain, un sens symbolique valable pour toutes les générations. Mais elle a aussi un sens historique: «Le ciel et la terre passeront mais mes paroles ne passeront pas.[38]» Toute la difficulté consiste à démêler leur écheveau.
(Chose probable)
Pour mieux comprendre le caractère concret de ces événements, il peut être utile de se remémorer la vie de saint Pierre*, le premier pape. Elle est une allégorie. Elle raconte laction de Dieu sur lÉglise.
Premier temps: Les succès apostoliques. Pierre sortit de la maison où il venait de vivre quelques jours caché des Juifs en présence de Marie* et des disciples de Jésus. LEsprit Saint venait de fondre sur lui sous la forme de langues de feu. Animé de sa force, il se mit à prêcher sans crainte dans la rue. Certains le crurent ivre de bon matin tant lEsprit le tenait. Pourtant, les gens qui écoutaient eurent « le cur comme transpercé ». Ils furent trois mille en ce jour-là à demander le baptême[39].
Deuxième temps: le temps des demi-succès, le temps aussi pour Pierre de découvrir ses propres travers, ses errances et ses défauts[40]. Après leurs brillants succès apostoliques des débuts, Pierre et Paul furent confrontés à la lutte. Les oppositions se firent plus nombreuses non seulement de la part de lÉtat romain: Vous serez haïs de toutes les nations à cause de mon nom , avait annoncé Jésus; mais aussi des hérétiques chrétiens: « Il en viendra beaucoup en mon nom ». Il ny eut plus autant de miracles. La puissance des premiers temps ne fut bien sûr pas le fait de Pierre* mais de lEsprit qui coopérait avec lui pour implanter solidement la toute jeune Église dans le monde[41].
Troisième temps: Le temps de la prison et de lexécution. Pierre fut persécuté, mis en prison, battu et exécuté. Il vécut la même croix que Jésus et sortit de ce monde sans orgueil, abreuvé de douleur et assoiffé de Dieu. Jésus avait prévenu Pierre: Quand tu étais jeune, tu mettais toi-même ta ceinture et tu allais où tu voulais. Quand tu auras vieilli, tu étendras les mains et un autre te ceindra et te mènera où tu ne voudras pas. Il signifiait, en parlant ainsi, le genre de mort par laquelle Pierre devait glorifier Dieu[42].
Quatrième temps : Le Christ lui apparut, glorieux « Entre dans ma joie. »
De même que pour Pierre, les trois temps qui précéderont le retour du Christ peuvent être datés. Le premier, celui de lannonce de lÉvangile, commence avec le jour de la Pentecôte et dure jusquà aujourdhui. Il se caractérise par lextension de la chrétienté à travers le monde et par des luttes que le Seigneur appelle des guerres et des rumeurs de guerre[43].
Le second, le temps de lapostasie* qui se généralise, trouve son origine en Occident comme en Orient dans lorgueil des catholiques ou orthodoxes trop puissants à la fin du Moyen Age. Après les guerres de religion, la réaction humaniste du siècle des Lumières portait en elle le rejet de lÉglise puis du Christ. Il commence au plan politique avec les soubresauts antichrétiens de la Révolution française. Il continue à sétendre jusquà aujourdhui.
Quant au troisième temps, celui du règne mondial dun Antéchrist*, de la disparition politique de tout ce qui porte le nom de Dieu[44], il est imminent au plan politique. Certes, lAntéchrist et son gouvernement mondial nest pas là. Au plan des idées, le rêve dun monde libéré de tout ce qui porte le nom de Dieu a commencé en France au milieu du XIXème siècle. Dans le Grand Orient de France, on espère depuis longtemps ce que les Beatles mirent en chanson dans « Imagine».
Imagine quil ny ait plus de frontière,
Cest facile si tu essaies,
Pas denfer sous nous,
Au-dessus seulement les étoiles (pas de Dieu).
Imagine que tous les gens vivent au jour le jour.
Imagine quil ny ait plus de frontière,
Cest facile si tu essaies,
Rien pour tuer ou se sacrifier,
Et pas de religion non plus.
Imagine que tous les gens vivent en paix.
Imagine quil ny ait plus de propriété,
Jespère que tu le peux,
Plus de faim ni de soif,
La fraternité humaine.
Imagine que tous les gens se partagent le monde.
Divers courants antichrétiens oeuvrent puissamment, écrivent et souhaitent larrivée dun gouvernement mondial athée. De puissants courants en Europe occidentale voudraient chasser de la mémoire historique le passé chrétien de ces nations. Pour saint Paul, le fait que ce troisième temps nest pas réalisé est la preuve que le retour glorieux du Christ nest pas imminent[45]. Il ne reviendra pas se montrer à lhumanité tant que les dernières prophéties nauront pas été réalisées.
Dans les trois chapitres suivants, il faut sefforcer de suivre pas à pas et à grands traits les trois temps de lhumanité, la sagesse de Dieu sur eux, la manière dont il apprend lhumilité à chaque génération.
(Il existe bien dautres sens possibles mais je marrête ici aux principaux sens eschatologiques)
Jésus a lui-même annoncé la fin du monde pour sa génération : « En vérité je vous le dis, cette génération ne passera pas que tout cela ne soit arrivé. Le ciel et la terre passeront, mais mes paroles ne passeront point. [46]» Sest-il trompé ? Cest ce que crurent des générations dès le début de lEglise catholique. Le premier pape Pierre en témoigne[47] : « Les incroyants diront: "Où est la promesse de son avènement? Depuis que les Pères sont morts, tout demeure comme au début de la création. »
Or Jésus nest pas le seul à avoir annoncé avec autorité la fin du monde pour son époque. Saint Vincent Ferrier se le permit de manière solennelle. Il fit même de grands miracles pour prouver ses dires. On raconte que, devant le scepticisme des théologiens catholiques de son époque, il ressuscita une femme morte qui confirma ses dires. Pourtant, depuis sa mort en Bretagne en 1419, rien nest venu. Sest-il trompé ? LÉglise ne le pense pas puisquelle le canonisa avec le titre dange du jugement, en référence à un verset de lApocalypse de saint Jean où un ange proclame dune voix forte: «Plus de délais ! [48]»
La solution à ce problème vient de lambiguïté de la lettre des textes. Ils sont parole de Dieu et non parole dhomme. Il semble que Dieu regarde en un seul regard trois sortes dévènements qui paraissent différents à un regard humain :
1- La mort des individus[49]
2- La fin des sociétés humaine (la fin dun monde)
3- La fin du monde, (les évènements de la dernière génération qui vivra sur terre)
On trouve une preuve de ces sens multiples dans un texte de lévangile de Matthieu 24, 37-42. Il sagit dun passage où Jésus parle de son retour dans la gloire, mystère habituellement réservé à la fin du monde. Or il y décrit aussi dans le même passage, sans quil y ait rupture du texte, la mort individuelle dun homme, puis dune femme : « Comme les jours de Noé, ainsi sera l'avènement du Fils de l'homme. En ces jours qui précédèrent le déluge, on mangeait et on buvait, on prenait femme et mari, jusqu'au jour où Noé entra dans l'arche, et les gens ne se doutèrent de rien jusqu'à l'arrivée du déluge, qui les emporta tous. Tel sera aussi l'avènement du Fils de l'homme. Alors deux hommes seront aux champs: l'un est pris, l'autre laissé; deux femmes en train de moudre: l'une est prise, l'autre laissée. »
Jésus et saint Vincent Ferrier se sont-ils trompé ? Lexplication de leur étonnante affirmation est simple. La fin du monde signifie plusieurs choses. On pense dabord à la fin des fins, telle que je la décrirai à la fin de cet ouvrage. Mais Jésus pensait aussi à la mort de chaque individu et la fin de chaque génération. Tout ceci constitue dailleurs un seul et même mystère puisque, cent ans après sa naissance, toute une génération a vu le retour du Christ, individu après individu. Autrement dit, dans cent-vingt ans maximum, nous serons tous morts. Avant que cela narrive, dans les jours de sa vieillesse, il nest pas de génération humaine qui ne récolte les fruits de lorgueil de sa jeunesse. Il est important, pour le salut, que cela se passe ainsi. Application simple : Que reste-t-il des jeunes immortels musclés qui partirent bouter lennemi en 1914 ? Cherchez.
Conclusion : Attention à ne jamais interpréter les textes eschatologiques comme sils annonçaient en premier lieu la fin des fins. Curieusement, cest ce sens (qui nest pas non plus à exclure, nous le verrons) qui fascine le plus les théologiens débutants, sans doute parce que sa dimension à la fois politique et curieuse à tendance à rendre fou le croyant non formé. Il y a deux sens beaucoup plus concrets et éducatifs à considérer :
« Prépare-toi à la venue de ton Juge. Ta mort est proche. »
« Ne mets pas trop ton espoir dans ton système politique. Elle passe, la figure de ton monde. »
Cette façon de contempler la fin du monde permet dexpliquer bien des choses.
(Chose certaine)
Lannonce de lÉvangile aux nations* à travers des luttes sans merci, voilà donc ce que le Seigneur promet pour le premier temps de lÉglise. Lhistoire montre que cette période est déjà en grande partie derrière nous. Dans ce chapitre, je voudrais essayer de manifester de manière concrète laction de Dieu à travers lexemple de quelques générations chrétiennes.
Il existe, cachée sous lapparente anarchie de lhistoire, une logique profonde[50]. Il existe une Sagesse qui éclaire le tout. Lunité vient dun principe simple que je me suis efforcé de résumer dans lintroduction de ce livre. Son but est de faire sortir de chaque génération le maximum dhumilité et damour. Tout cela sert au salut du plus grand nombre. Tout cela a un rapport avec le mystère de la Trinité.
- Puisque Dieu veut introduire chaque génération dans la vision béatifique, il la prépare.
- Puisque lhumilité est une condition fondamentale au salut, Dieu se plait à la créer.
- Puisque le défaut fondamental de chaque génération est de se croire plus intelligente, plus réussie que la précédente, Dieu prend le moyen de la mettre face à sa fatuité.
- Puisque enfin rien nest plus efficace que léchec pour apprendre un peu dhumilité, Dieu se plaît à confronter chaque génération à sa ruine. Tout se résume à cette parole de Marie : « Il renverse les puissants de leur trône, il élève les humbles[51]. » Il dose pour chaque époque réussites et échecs, paix et guerres, maladies et fléaux. Il dose tout cela jusquà lextrême, jusquà ce que la génération passe de la vieillesse à la mort[52]. Il sagit donc bien, à chaque génération, dune fin du monde.
(Chose certaine)
Dis-nous, demandèrent les disciples, quel sera le signe de ton avènement et de la fin du monde? Et Jésus leur répondit: « Prenez garde quon ne vous abuse car il en viendra beaucoup sous mon nom, qui diront: cest moi le Christ, et ils abuseront bien des gens. Vous aurez aussi à entendre parler de guerres et de rumeurs de guerres. Voyez, ne vous alarmez pas. Car il faut que cela arrive, mais ce nest pas encore la fin. On se dressera en effet nation contre nation et royaume contre royaume. Il y aura par endroit des famines et des tremblements de terre. Et tout cela ne fera que commencer les douleurs de lenfantement. Alors on vous livrera aux tourments et on vous tuera; Vous serez haïs de toutes les nations à cause de mon nom. Et alors beaucoup succomberont; ce seront des trahisons et des haines intestines. Des faux prophètes surgiront nombreux et abuseront bien des gens (...) Cette bonne nouvelle du Royaume sera proclamée dans le monde entier en témoignage à la face de toutes les nations.[53]
Décrivons à titre dexemple et pour mieux comprendre luniversalité de cette sagesse divine, lexpérience telle quelle a été vécue par la génération de la première guerre mondiale. Son orgueil majeur est sa foi dans la science qui doit, croit-elle, lui apporter la totalité du bonheur. Son idole principale est la Patrie quelle exalte jusquà en faire un monstre dévoreur dhommes. Il sagit bien dun monstre puisquon se prépare mentalement dès 1870 à tout lui offrir en sacrifice. Pour la patrie, chacun bombe le torse. En France, on se targue de faire rendre gorge aux Boches. En Allemagne, on chante Deutschland über alles[54]. Lidéologie est mondiale.
Dieu laisse faire les lois de ce péché didolâtrie. Mais il commence par avertir en donnant un signe, visible par tous. Le regard obsessionnel des Occidentaux pour le naufrage du Titanic en 1912, montre que ce malheur a été compris dès cette époque, au moins confusément, comme une prophétie. Le Titanic est limage du monde séparé en classes sociales qui précède la première guerre mondiale : « Même Dieu ne pourrait pas le couler »[55].
La génération des poilus de la grande guerre a été profondément éduquée à lhumilité. Avant de rejoindre lautre monde, elle a dû, à travers trois coups de boutoir, admettre son erreur. La boue des tranchées, la défaite de 40 et de manière ultime, la révolution libertaire de mai 68 sont les trois principales leçons apocalyptiques quelle reçut. Vers la fin de sa vie terrestre, cette génération a bu jusquà la lie la coupe de son échec, de la main même de ses petits-enfants. Se croyant plus intelligents (lorgueil était aussi leur lot), ceux-ci ont craché à la face de leurs pères et grands-pères, leurs « valeurs criminelles de patrie, honneur, sacrifice, devoir ». Ils ont exalté les valeurs opposées. Quel échec pour les patriotes de 14 Pour celui qui sait lire les signes des temps, il y a ici une application de la théologie de fin du monde. Ce fut, pour toute cette génération, une véritable souffrance mais surtout, pour qui sait lire laction de Dieu, une véritable action de salut produite par les lois de Dieu. Beaucoup, grâce à cela, ont été sauvés, efficacement. Dès cette terre puis face à lapparition glorieuse du Christ, ils ont renié pour toujours la morgue nationaliste de leur jeunesse.
Je vais le montrer, cette pratique de Dieu peut sappliquer à chaque génération. Une fois cette sagesse comprise, chacun peut même aisément devenir prophète et prévoir comment la génération suivante vivra sa fin du monde. Faisons le prophète. Lexemple de la génération de mai 68 dont je viens desquisser lorgueil mérite dêtre développé ici. Son péché majeur est sa foi dans sa puissante intelligence des choses de la vie. « Nos pères furent des idiots. Nous avons enfin compris que la tolérance absolue, les droits de lhomme sont lAlpha et lOméga de la sagesse ». Son idole principale (le fondement de sa conception du bonheur) sappelle « plaisirs et bonheur immédiats, sexualité libre et spontanée». Il sagit à nouveau dun monstre puisquon invite chacun à tout lui offrir en sacrifice: mariage (un couple sur trois divorce au nom du devoir dêtre heureux tout de suite), enfants (un sur trois avorté, « parce que cela vaut mieux pour lui »), vieux parents (souvent délaissés). Elle chantait sur les pavés de Paris : « Faites lAmour, pas la guerre. »
On peut prévoir que la génération de mai 68 sera, elle aussi, profondément éduquée à lhumilité. Elle se croyait intelligente. Ses élites avaient soutenu Mao, Pol Pot, Castro sans jamais faire repentance de leur aveuglement. On peut observer que la leçon est déjà commencée. Dieu laisse faire jusquà aujourdhui les conséquences de son péché. Mais il a commencé à lavertir en lui donnant des signes, visibles par tous. Trois coups de boutoir se sont déjà produits : léchec mortel du communisme, le SIDA apparu en 1980 et qui vint atteindre de plein fouet la civilisation de la luxure[56] et, au moment où jécris, la haine de plus en plus inquiétante de banlieues jeunes, islamisées et fécondes. Au plan politique, ne peut-on pas craindre une véritable fin de leur monde ? Lavortement de toute une génération[57] remplacée par des immigrés dont lislam est souvent non intégrable, prépare-t-il un triste réveil ?
On peut prévoir que la leçon se terminera sur terre avec lage. Ce sera une bien pauvre cohorte de personnes âgées qui récoltera les fruits dun amour qui ne sest construit que dans limmédiateté. La solitude sera sa dernière plaie. Ses enfants, élevés dans le culte du bonheur immédiat, auront-ils le sens moral de laccompagner dans les maisons de retraite ? Pire, elle devra affronter dans la nuit lapproche de la mort car elle est la première génération sans religion et sans prêtres. Elle sent confusément approcher ce moment. Agée de 50 ans au moment où jécris, elle se concocte, partout en Occident, des lois pour seuthanasier.
Ce portrait est humainement très pessimiste. Il ne lest quau plan dun jugement humaniste terrestre. Il doit être complété par son vrai sens spirituel. Cest par ces épreuves que cette génération, à limage de toutes les générations précédentes, sera sauvée par Dieu. Frappée par où elle a péché, ses membres de bonne volonté apprendront peu à peu lhumilité. La plus grande épreuve sera celle de sa confrontation avec lapparition du Christ glorieux lorsque, un par un, ses membres passeront la porte de la mort. Le jour du Seigneur est terrible car il a le pouvoir de dévoiler la vérité des curs. Tout se terminera pour la majorité dans le repentir et la Vie.
« Alors on vous livrera aux tourments et on vous tuera; vous serez haïs de toutes les nations à cause de mon nom. Et alors beaucoup succomberont; ce seront des trahisons et des haines intestines.[58] »
A travers quelques événements chronologiques de lhistoire de lÉglise, essayons de contempler laction très sage de Dieu pour le salut du plus grand nombre. A chacun, en sappuyant sur ces exemples, de prolonger ce travail pour chaque génération de toutes les civilisations du monde.
Au cours des trois premiers siècles, il permit que la jeune Église soit persécutée par la puissance des dirigeants de lEmpire romain. Ceux-ci nagissaient pas par haine lucide de Dieu. Leur ignorance du christianisme, leur zèle politique pour la religion de lÉtat et linfluence sournoise du démon qui sait amplifier les peurs, les rendaient souvent sincères. De cette persécution décrite par saint Mathieu comme de toutes les persécutions de lhistoire, il sortit des fruits immenses pour la vie éternelle. Jamais on ne vit Église plus sainte car plus pauvre. Cétait une grande joie au Ciel que de voir arriver ces vierges chrétiennes, Blandine, Agnès, Cécile, fortes dans leur confiance en Jésus, toutes petites à cause de leur peur et de leurs larmes, et dignes de devenir reines pour léternité. Il ny avait pas beaucoup dorgueil en ce temps là dans lÉglise. Quant aux bourreaux païens, quelle na pas été pas leur stupéfaction de se voir accueillis par leurs victimes au moment de leur mort. Il nest pas naïf daffirmer que beaucoup, après avoir expérimenté leur propre misère par la mort, se convertirent et furent sauvés. Beaucoup réalisèrent cette parole de Jésus : « Ses péchés, ses nombreux péchés, lui sont remis parce quelle a montré beaucoup damour. Mais celui à qui on remet peu montre peu damour.[59] » En ce temps là, on vivait sans difficulté, au jour le jour, les prophéties concernant le retour imminent du Christ puisquon pouvait être mis à mort nimporte quand.
« Vous aurez aussi à entendre parler de guerres et de rumeurs de guerres; voyez, ne vous alarmez pas: car il faut que cela arrive, mais ce nest pas encore la fin.[60] »
A cette époque, tout nétait cependant pas saint chez les chrétiens. Certains ne vivaient pas lattente du jour du Seigneur en paix, tel quil convient à un croyant fidèle. Ils sexaltaient avec orgueil et donnaient même des dates précises pour le retour du Christ, se faisant légal de Dieu. Ils invitaient à ne plus se marier. La sagesse de Dieu qui conduit à lhumilité se trouvait donc parfois vaincue par lorgueil, même en ces temps douloureux. Devant la multiplication des persécutions, certains théologiens et chrétiens inventèrent une conception orgueilleuse et intransigeante du martyre. On le vanta tant quon en fit lacte suprême du courage humain, de la force dâme. On prétendit conquérir le Ciel par le mérite de sa résistance aux tourments. On en a des preuves dans des textes de lépoque. Des évêques refusaient le pardon à des chrétiens repentants pour le péché suivant : ils avaient renié leur foi par peur des tortures. On les appelait « lapsi » et parfois « relaps » quand ils avaient failli deux fois. Ainsi, le don de sa vie pouvait devenir un acte dautosuffisance humaine! Cela déplut au Ciel. Ne voyait-on pas arriver des martyrs dans lautre monde, empreints dune attitude revendicatrice, exigeant la récompense qui nest donnée quaux humbles. Alors Dieu agit. Se servant des rouages multiples qui font lhistoire, il permit que la paix se fasse avec lEmpire. Constantin, en signant lÉdit de Milan (313), reconnaissait au christianisme le droit dexister. En raison de la fin des persécutions, des foules de païens hésitants demandèrent leur entrée dans lÉglise. Mais, par la même occasion, en raison de larrivée de cette masse de pauvres gens peu faits pour lhéroïsme, le zèle pour Dieu se refroidit. LÉglise devint moins élitiste et marquée des graves défauts dun peuple mal évangélisé. Il y avait moins de ferveur mais aussi moins dorgueil dans lhéroïsme. Beaucoup adhéraient par arrivisme politique
Cette deuxième étape de lhistoire de lÉglise fut ressentie par beaucoup de chrétiens jadis fervents (surtout par les assoiffés du martyre) comme la fin du monde. A la pureté des premiers âges succédait une foule à peine dégrossie et encore empreinte de superstitions païennes. Ce nétait pourtant que la fin de leur monde devenu trop élitiste. Dieu lavait détruit en vue du salut du plus grand nombre.
Ceux que décevait cette décadence reçurent souvent de la part de lEsprit Saint lappel explicite de se retirer au désert et dy vivre comme des moines. Cet appel fut particulièrement ressenti en Égypte. Mieux que par le martyre sanglant, le martyre quotidien disposa des milliers de moines à la vie éternelle en les confrontant à leur misère. Il y eut en premier lieu de grands saints, suscités par Dieu. Saint Antoine du désert, par exemple, fut violemment attaqué par le démon qui le tentait de tous les péchés possibles. Loin de se contenter de simplement lui résister en restant vertueux, il devint un homme humble et aimant. Lorsquil eut découvert que lordre spirituel qui plait à Dieu est celui qui met au sommet de tout lamour de Dieu et du prochain, qui établit comme base de tout lhumilité et qui, en troisième lieu, cultive le reste des vertus, il fut béni de Dieu. Aidé par des charismes (don de faire des miracles par exemple), il reçut de Dieu la mission de créer un ordre monastique pour faire découvrir aux jeunes moines la véritable vie de sainteté.
Mais Dieu prit aussi le moyen de sauver les moines orgueilleux, ceux qui venaient au désert afin de gagner le Ciel à la puissance de leur vertu. Logiques avec eux-mêmes, ceux-là simposèrent des pénitences terribles. Dieu les laissait faire avec patience. Sa seule arme fut le temps. Après quelques mois et, pour les plus entêtés, quelques années de résistance, la plupart sécroulait. Ils retombaient dabord dans leurs faiblesses sexuelles puis ils étaient frappés par un ennui particulier de lâme quon nomme lascédie[61]. Leur existence devenait tantôt monotone, tantôt attaquée de tout côté par leurs passions. Ils péchèrent, furent déçus par eux-mêmes. Presque tous se découvrirent bien misérables. Or, je lai dit, il y a dans cette découverte de sa misère un premier pas dans la mise à mort de lorgueil En fin de compte, seuls restaient en danger ceux qui mourraient en se croyant digne du Ciel.
« Des faux prophètes surgiront nombreux et abuseront bien des gens.[62] »
Parallèlement, dans les cités de lEmpire, les évêques et les chrétiens libérés de la crainte du martyre eurent du temps pour faire de la théologie. Diverses conceptions de la Trinité naquirent. Chacun cherchait la vérité sur Dieu et le peuple se passionnait pour ces débats. Dieu permit la prédication de beaucoup dhérétiques. Il laissait faire afin que, de la lutte, sorte la prière et, de la prière, apparaisse la vérité. Mais il ne permit jamais que lÉglise tombe tout entière dans lerreur[63]. Par contre, la venue de faux prophètes poussa les évêques à mieux le connaître.
Mais, très vite, parce que la science enfle, on se mit à défendre la vérité plus par amour de sa propre intelligence que par amour pour Dieu. On en fit même un motif politique, allant jusquà adhérer à telle théorie parce quelle était soutenue par tel prince. Il y eut des mensonges, de la corruption, des meurtres. Cela déplut au Ciel. Dans lautre monde, à lheure de la mort, arrivait une foule de chrétiens hérétiques ou non et tout aussi sûrs les uns que les autres daller au paradis pour avoir défendu avec dureté la vraie doctrine.
Arrivé à ce niveau de notre description de lHistoire Sainte, on peut constater quelle se résume ainsi : « A chaque génération son péché. A chaque génération sa forme dorgueil. A chaque génération son fléau envoyé par Dieu en vue de lhumilité ».
Alors Dieu se comporta de la même façon quau temps de la tour de Babel[64]. Dieu dit: Voici que tous ne font quun seul peuple et ne parlent quune seule langue, et ce nest que le début de leurs entreprises! Maintenant, aucun dessein ne sera irréalisable pour eux. Allons! Descendons! Et là, confondons leur langage pour quils ne sentendent plus les uns les autres ». Dieu[65] divisa donc lÉglise en plusieurs communautés séparées et ennemies. Divisée, elle était plus faible; plus faible, elle obtenait moins de gloire humaine. Plus humble, elle était mieux préparée à lamour donc à la vie éternelle.
(Selon moi Au lecteur den juger[66])
« A lAnge de lÉglise de Laodicée, écris: Ainsi parle lAmen, le Témoin fidèle et vrai, le Principe de la création de Dieu. Je connais ta conduite: tu nes ni froid ni chaud - que nes-tu lun ou lautre! -- Ainsi, puisque te voilà tiède, ni chaud ni froid, je vais te vomir de ma bouche. Tu timagines: me voilà riche, je me suis enrichi et je nai besoin de rien; mais tu ne le vois donc pas: cest toi qui es malheureux, pitoyable, pauvre, aveugle et nu! Aussi, suis donc mon conseil: achète chez moi de lor purifié au feu pour tenrichir.[67] »
Parmi toutes les divisions envoyées ou permises par Dieu, une est particulière. Il sagit de lislam*. Dieu vit un homme qui marchait en conduisant une caravane dans le désert dArabie. Lorsque arriva la nuit, il se retira loin de ses compagnons pour méditer. Il sappelait Mahomet. Attention, les pensées de Dieu ne sont pas celles des hommes. Avant de rejeter lislam dans le rang des sectes qui auraient réussi, il faut se souvenir de la remarque pleine de sagesse de Gamaliel rapportée par les Actes des Apôtres[68] à propos du christianisme naissant. Lui aussi était persuadé que Jésus était un imposteur, que Dieu ne pouvait avoir un fils ou se faire homme. Il pensait sincèrement que les disciples avaient caché le corps de cet illuminé pour faire croire à sa résurrection. Pourtant, il était sage. Il savait que le mystère de Dieu est grand. Les chefs des Juifs avaient envoyé partout des émissaires chargés de faire arrêter et exécuter les premiers chrétiens. Lun dentre eux, Saul de Tarse, « ne respirait que menaces et carnage à légard des disciples du Seigneur »[69]. Or, lors dune réunion au Sanhédrin, Gamaliel prit la parole. « Cétait un docteur de la Loi respecté de tout le peuple. Il dit aux sanhédrites: "Hommes dIsraël, prenez bien garde à ce que vous allez faire à légard de ces gens-là. A présent donc, je vous le dis, ne vous occupez pas de ces gens-là, laissez-les. Car si leur propos ou leur oeuvre vient des hommes, elle se détruira delle-même; mais si vraiment elle vient de Dieu, vous narriverez pas à les détruire. Ne risquez pas de vous trouver en guerre contre Dieu." On adopta son avis.»
Il est important que nous jugions de lislam avec la même sagesse. Plus dune fois dans lÉcriture, Dieu a surpris son peuple. Ce qui dun premier abord apparaît comme impossible, il le fait. Lun des exemples les plus étonnants de son action mystérieuse se trouve dans lAncien Testament. Dieu peut-il lutter contre lui-même? Dieu peut-il vouloir la destruction de son propre Temple? Non répondirent unanimement les Docteurs dIsraël. Ils jugèrent fou le pseudo-prophète qui venait de vaticiner le contraire[70]: « Et maintenant, puisque vous avez commis tous ces actes -oracle de Yahvé- puisque vous navez pas écouté quand je vous parlais instamment et sans me lasser, et que vous navez pas répondu à mes appels, je vais traiter ce Temple qui porte mon nom, et dans lequel vous placez votre confiance, ce lieu que jai donné à vous et à vos pères, comme jai traité Silo. Je vais le détruire. » Jérémie paya son audace. Mais le Temple fut vraiment détruit quelques années plus tard. Les chefs des Juifs comprirent quils avaient été trop rapides à qualifier Jérémie dhérétique. Ils lui construisirent un mausolée...
Lislam vient-il de Dieu ? A propos de lorigine de lislam, il est très difficile dêtre absolument concluant car lÉcriture sainte et le Magistère de lÉglise ne donnent pas denseignements définitifs sur son origine. Depuis le concile Vatican II, lÉglise appelle simplement à un regard de respect. Il distingue la marque du nom de Dieu, non seulement dans lislam, mais aussi dans les autres traditions religieuses quil cite. Il a reconnu la riche valeur de la foi et de la morale musulmane[71]. « Le dessein de salut enveloppe également ceux qui reconnaissent le Créateur, en tout premier lieu les musulmans qui professent avoir la foi dAbraham, adorent avec nous le Dieu unique, miséricordieux, futur juge des hommes au dernier jour. » Ce respect de lÉglise est important. Il montre quil nest plus possible de considérer lislam ou les autres religions comme de simples "Antichristianismes", venus du démon.
Mais une telle position ne nourrit que le cur. Elle ne peut suffire à une intelligence croyante. Doù vient lislam? Pour répondre, il faut sefforcer de voir sil existe des prophéties bibliques à propos de cette religion et si elle sy reconnaît. Il sagit de la deuxième religion monothéiste du monde. Elle touche plus dun milliard de fidèles. Il ne peut manquer dy avoir quelque texte biblique prophétisant sur son avenir.
Or il est remarquable de constater que la référence première des musulmans est le patriarche Abraham, et ils désirent se soumettre à Dieu comme lui-même sest soumis. Ils se disent fils dAbraham par son fils Ismaël. Cest donc du côté des promesses faites à Abraham quil faut chercher.
La lettre des Écritures est alors surprenante. On y apprend effectivement quAbraham a eu deux fils, et non un seul et que ces fils reçurent tous deux une promesse de bénédiction de Dieu. Il convient de rappeler ici lhistoire, en la prenant à sa source même.
La grande tristesse dAbraham, ce pasteur sémite, était de ne jamais pu avoir denfant.
« La parole de Yahvé fut adressée à Abram[72], dans une vision: "Ne crains pas, Abram! Je suis ton bouclier, ta récompense sera très grande." Abram répondit: "Mon Seigneur Yahvé, que me donnerais-tu? Je men vais sans enfant...". Alors cette parole de Yahvé lui fut adressée: "Ce nest pas un serviteur qui sera ton héritier, mais bien quelquun issu de ton sang." Il le conduisit dehors et dit: "Lève les yeux au ciel et dénombre les étoiles si tu peux les dénombrer" et il lui dit: "Telle sera ta postérité." Abram crut en Yahvé, qui le lui compta comme justice. » [73]
Quelques mois après, la promesse tardait à se réaliser. Sarah, épouse dAbraham, simpatienta et lui dit, dans son bon sens [74]: « "Vois, je te prie: Yahvé na pas permis que jenfante. Va donc vers ma servante. Peut-être obtiendrai-je par elle des enfants." Et Abram écouta la voix de Sarah. Ainsi, au bout de dix ans quAbram résidait au pays de Canaan, sa femme Sarah prit Agar lÉgyptienne, sa servante, et la donna pour femme à son mari, Abram. Celui-ci alla vers Agar, qui devint enceinte. »
Ainsi, le fils aîné dAbraham fut celui dune esclave, dune muslim selon la terminologie sémitique.
Ici, il convient dêtre attentif. Quel est cet enfant premier-né et que dit la Bible de lui, de son avenir?
« Lorsque Agar se vit enceinte, sa maîtresse ne compta plus à ses yeux. Alors Sarah dit à Abram: "Tu es responsable de linjure qui mest faite! Jai mis ma servante entre tes bras et, depuis quelle sest vue enceinte, je ne compte plus à ses yeux. Que Yahvé juge entre moi et toi!" Abram dit à Sarah: "Eh bien, ta servante est entre tes mains, fais-lui comme il te semblera bon." Sarah la maltraita tellement que lautre senfuit de devant elle. LAnge de Yahvé la rencontra près dune certaine source au désert, la source qui est sur le chemin de Shur. Il dit: "Agar, servante de Sarah, doù viens-tu et où vas-tu? "Elle répondit: "Je fuis devant ma maîtresse Sarah." LAnge de Yahvé lui dit: "Retourne chez ta maîtresse et sois-lui soumise." LAnge de Yahvé lui dit: "Je multiplierai beaucoup ta descendance, tellement quon ne pourra pas la compter." LAnge de Yahvé lui dit: "Tu es enceinte et tu enfanteras un fils, et tu lui donneras le nom dIsmaël, car Yahvé a entendu ta détresse. Celui-là sera un onagre dhomme, sa main contre tous, la main de tous contre lui, il sétablira à la face de tous ses frères".»[75]
Ainsi, lenfant fut béni par Dieu après sa conception. Dieu ne fut pas à lorigine de sa naissance mais il le bénit tout de même, à cause dAbraham. Et sa bénédiction fut grande!
Dautres prophéties bibliques furent données par la suite concernant Ismaël. Sarah, qui était une femme terrible, chassa à nouveau lenfant de la servante après la naissance dIsaac, le fils qui lui vint dans sa vieillesse[76]: «Lorsque cela arriva, Dieu dit à Abraham: "Ne te chagrine pas à cause du petit et de ta servante, tout ce que Sara te demande, accorde-le, car cest par Isaac quune descendance perpétuera ton nom, mais du fils de la servante je ferai aussi une grande nation car il est de ta race." Abraham se leva tôt, il prit du pain et une outre deau quil donna à Agar, et il mit lenfant sur son épaule, puis il la renvoya. Elle sen fut errer au désert de Bersabée. Quand leau de loutre fut épuisée, elle jeta lenfant sous un buisson et elle alla sasseoir vis-à-vis, loin comme une portée darc. Elle se disait en effet: "Je ne veux pas voir mourir lenfant!" Elle sassit vis-à-vis et elle se mit à crier et à pleurer. Dieu entendit les cris du petit et lAnge de Dieu appela du ciel Agar et lui dit: "Quas-tu, Agar? Ne crains pas, car Dieu a entendu les cris du petit, là où il était. Debout! Soulève le petit et tiens-le ferme, car jen ferai une grande nation." Dieu dessilla les yeux dAgar et elle aperçut un puits. Elle alla remplir loutre et fit boire le petit. Dieu fut avec lui, il grandit et demeura au désert, et il devint un tireur darc. Il demeura au désert de Parân et sa mère lui choisit une femme du pays dÉgypte. »
Ainsi, une deuxième fois, Ismaël fut béni et quelques précisions sur son destin furent données: son lien avec le désert (lislam naquit dans le Sahara), le fait quil devint tireur darc, (donc une religion de la guerre).
Parce que la figure dIsmaël semble une allégorie* de lislam, la fin de sa vie dIsmaël mérite aussi dêtre rapportée[77]. « Voici la descendance dIsmaël, le fils dAbraham, que lui enfanta Agar, la servante égyptienne de Sara. Voici les noms des fils dIsmaël, selon leurs noms et leur lignée: le premier-né dIsmaël Nebayot, puis Qédar, Adbéel, Mibsam, Mishma, Duma, Massa, Hadad, Téma, Yetur, Naphish et Qédma. Ce sont là les fils dIsmaël et tels sont leurs noms, daprès leurs douars et leurs camps, douze chefs dautant de clans. Voici la durée de la vie dIsmaël: 137 ans. Puis il expira; il mourut et il fut réuni à sa parenté. Il habita depuis Havila jusquà Shur, qui est à lest de lÉgypte, en allant vers lAssyrie. Il sétait établi à la face de tous ses frères. »
Le second fils dAbraham fut appelé Isaac. Lannonce de sa naissance fut très différente. Elle fut décidée par Dieu lui-même lors de son apparition au chêne de Mambré sous la forme de trois personnes (la Trinité fut révélée ce jour-là pour la première fois). Il fut conçu par la femme libre dAbraham, cest-à-dire par Sara. Et Dieu dit à propos dIsaac et dIsmaël[78]: «Cest par Isaac quune descendance perpétuera ton nom mais du fils de la servante je ferai aussi une grande nation car il est de ta race. »
Il y a là une allégorie* qui concerne les deux religions issues du judaïsme, à savoir lislam et le christianisme. Les détails de ressemblance sont plus que frappants.
En effet, le christianisme fut créé immédiatement par une initiative de Dieu qui vint lui-même le prêcher sur terre. De plus, cette religion reçut la révélation du Mystère de la Trinité symbolisée dans lhistoire dIsaac au chêne de Mambré[79] par les trois personnes qui étaient un seul Dieu. Les chrétiens sont appelés enfants et amis de Dieu de même quIsaac est enfant dAbraham par son épouse légitime, sans passer par la servante. Les musulmans se nomment eux-mêmes les esclaves de Dieu (muslim), ce qui est symbolisé dans cette prophétie par leur mère qui était esclave égyptienne. Le mot arabe islam signifie soumission, abandon a Dieu La formule inch Allah (Si Dieu le veut) exprime la foi et la soumission en laction constante et souveraine de Dieu dans sa création. La formule Mektoub (cétait écrit) est plus populaire. Elle exprime une tendance à la passivité respectueuse de Dieu devant les malheurs.
Si lon suit la lettre de lÉcriture, le christianisme est lAlliance voulue explicitement par Dieu et symbolisée par Isaac. Quant à lislam, si on en croit cette prophétie, il vient de linitiative des hommes, de même quIsmaël naquit par linitiative personnelle dAbraham et de Sarah, sans ordre de Dieu. Il fut inventé par Mahomet. Mais Dieu le bénit par la suite et le rendit extrêmement fécond à cause de la foi dont faisaient preuve les musulmans, suivant en cela lexemple de leur Père Abraham.
Si lon regarde avec précision les diverses prophéties quajoute la Bible concernant le destin dIsmaël, on est frappé de constater quil sagit du portrait de lislam tel que nous le voyons depuis 1422 ans. Le livre de la Genèse 16 donne un portrait prophétique dIsmaël, donc de lislam, qui correspond trait pour trait à sa façon dexister depuis des siècles: Il sera un onagre dhomme (cest-à-dire comme un âne indomptable, obtus, peu cultivé mais intransigeant pour ce qui concerne sa foi). Sa main contre tous et la main de tous contre lui (à cause de cette intransigeance pour la foi, quil aura tendance à imposer). Il sétablira à la face de tous ses frères (à commencer par son frère chrétien quil supplanta en Afrique du Nord, puis en Turquie). La Genèse précise[80] quil devint un tireur darc (donc par métaphore, un peuple guerrier se répandant par la conquête militaire). « Douze tribus sortirent de lui », à limage des nations revendiquées comme terres musulmanes: Arabes, Perses, Égyptiens, Indonésiens, Pakistanais (dorigine indienne), Africains noirs, Turcs, nations Slaves du Caucase, peuples musulmans de Chine, Afghans.
Diverses objections viennent à lesprit de tout chrétien. Comment Dieu peut-il bénir* une hérésie? Lislam enseigne des dogmes contradictoires avec la foi chrétienne. Tout ce qui a rapport avec la possibilité dune vie surnaturelle est nié: La Trinité, lincarnation du Verbe, sa passion et sa résurrection, lélévation de lhomme à lamitié avec Dieu. Selon beaucoup dauteurs musulmans, le paradis est réduit à un bonheur humain et la vision face à face de Dieu est impossible. En ce sens, on peut dire que cette religion consiste en une dégradation grave des promesses du Christ. Dami, elle réduit lhomme à être serviteur de Dieu. En conséquence, à cause de ses erreurs, il est impossible pour un croyant chrétien que lislam ait été directement dicté par Dieu, quoiquen dise Mahomet. On voit mal Dieu dicter de lui-même des choses fausses. On le voit souvent parler dans la Bible de manière ambiguë. Il laisse lhomme se fourvoyer dans des interprétations qui ne sont pas les siennes, parce que les mots nont pas le même sens pour lui que pour lhomme. Mais on ne le voit jamais mentir. Par contre, souvent il joue de lambiguïté des mots.[81]
En effet, une religion ne peut subsister 1423 ans et devenir la deuxième au monde si elle nen reçoit pas de Dieu lautorisation. Quand je dis que Dieu béni* tel ou telle communauté humaine, cela signifie quil la laisse se multiplier. Il lui donne du pouvoir, de la réussite. Jésus laffirme à Pilate lorsquil se vantait de son pouvoir sur lui: « "Tu ne me parles pas? Ne sais-tu pas que jai pouvoir de te relâcher et que jai pouvoir de te crucifier?" Jésus lui répondit: "Tu naurais aucun pouvoir sur moi, si cela ne tavait été donné den haut.[82]»
Pour répondre de manière chrétienne, il est nécessaire de revenir à ce qui transparaît dans lévangile et qui semble être une des bases de la révélation du Christ. Il arrive que, dans son obstination, lhomme contraigne Dieu à choisir entre deux termes qui, normalement, devraient être unis. Il sagit de lhumilité et de la compréhension de la vérité. Dans ce but, il préfèrera lhumilité à la vérité. Dès le début du christianisme, saint Jean Chrysostome laffirmait: «Donnez-moi deux attelages pour une course de chars. Que les chevaux du premier sappellent Vérité (christianisme) et Orgueil, ceux du second sappellent Hérésie et Humilité. Et bien vous verrez le second attelage remporter la victoire, non à cause de lerreur mais à cause de la force du cheval Humilité. » Concrètement, il importe moins pour Dieu quun homme soit chrétien si, parallèlement, il se conduit comme un égoïste ou avec la morgue dun pharisien. Cest, semble-t-il, lexplication de la bénédiction de lislam par Dieu[83].
Cest un travail spirituel extrêmement douloureux car il remet en question des aspects habituels et déviés de notre espérance. Il ne nous a jamais été promis que le christianisme vaincrait les autres religions ou lathéisme et implanterait sa foi ici-bas, sur terre. Il a été promis que le Christ vaincrait puissamment à lheure la mort et dans lautre monde par son apparition glorieuse, accompagné des saints et des anges. Nous confondons souvent espoir et espérance théologale. Lespoir attend quelque chose dhumain, ici-bas. Lespérance attend la victoire finale de Dieu dans léternité. En ce qui concerne lÉglise, il nous a été annoncé que sa fin serait extrêmement glorieuse, cest-à-dire (et cest la seule interprétation légitime daprès le catéchisme de lÉglise catholique[84]), quelle ressemblera à la fin du Christ: lÉglise finira petite humble, crucifiée et priante. Elle sera si humble quelle provoquera le retour glorieux du Christ. Évidemment, ceux qui rêvent du retour du succès politique ici-bas ne peuvent quêtre choqués.
Une seule chose importe à Dieu en définitive: sauver tous les hommes et donc façonner leur cur dans la plus grande disposition à son mystère. Ces qualités se résument à deux: humilité et amour. Peu lui importe la survie de lAfrique du Nord ou de lÉgypte chrétienne si leur christianisme devient objet de perdition pour leurs peuples.
Dieu peut parfois autoriser (cest-à-dire, selon lexpression biblique, bénir*) ce qui apparaît à un regard superficiel comme un désastre, à cause dun bien plus profond quil en fait sortir et qui a rapport avec le salut éternel des hommes[85].
Tout au long de lhistoire biblique, des exemples de ce comportement sont donnés. Il semble se faire ennemi des projets de lhomme, à chaque fois quil y discerne lorgueil et le désir de puissance.
Le premier exemple biblique est donné à Babel[86]. « Comme les hommes se déplaçaient à lorient, ils trouvèrent une vallée au pays de Shinéar et ils sy établirent. Ils se dirent lun à lautre: "Allons! Faisons des briques et cuisons-les au feu!" La brique leur servit de pierre et le bitume leur servit de mortier. Ils dirent: "Allons! Bâtissons-nous une ville et une tour dont le sommet pénètre les cieux! Faisons-nous un nom et ne soyons pas dispersés sur toute la terre!" Or Yahvé descendit pour voir la ville et la tour que les hommes avaient bâtie. Et Yahvé dit: "Voici que tous font un seul peuple et parlent une seule langue, et tel est le début de leurs entreprises! Maintenant, aucun dessein ne sera irréalisable pour eux. Descendons! Et là, confondons leur langage pour quils ne sentendent plus les uns les autres." Yahvé les dispersa de là sur toute la face de la terre et ils cessèrent de bâtir la ville. Aussi la nomma-t-on Babel, car cest là que Yahvé confondit le langage de tous les habitants de la terre et cest de là quil les dispersa sur toute la face de la terre. »
On pourrait croire que ce texte est périmé, quil ne sapplique plus à lhumanité. Cest lerreur que firent les Juifs à lépoque de Salomon. Dieu avait donné à ce roi une puissance et une unité populaire jamais observée. Alors, comme il est naturel dans ce cas, Salomon senorgueillit, prit un nombre incroyable de femmes, imposa à son peuple des corvées et des impôts insupportables. Yahvé dit à Salomon[87]: « "Parce que tu tes comporté ainsi et que tu nas pas observé mon alliance et les prescriptions que je tavais faites, je vais sûrement tarracher le royaume et le donner à lun de tes serviteurs. Seulement je ne ferai pas cela durant ta vie, en considération de ton père David; cest de la main de ton fils que je larracherai. Encore ne lui arracherai-je pas tout le royaume: je laisserai une tribu à ton fils, en considération de mon serviteur David et de Jérusalem que jai choisie. »
Le Seigneur dit en saint Mathieu[88]: «Vous aurez aussi à entendre parler de guerres et de rumeurs de guerres: voyez, ne vous alarmez pas, il faut que cela arrive, mais ce nest pas encore la fin»[89] Et ailleurs[90]: «Lorsque lon dira paix et sécurité, cest alors que fondra sur eux tout dun coup la perdition, comme les douleurs de la femme enceinte, et ils ne pourront y échapper.»
Lislam a connu, après Mahomet: Deux grandes expansions dues à des nomades aguerris et galvanisés par leur foi: 1- A la fin du VIIème siècle, des arabes, les cavaliers dAllah, iront porter lislam jusquà lIndus et jusquà Tours et Poitiers. 2- Au XVème siècle, les Turcs sempareront des Balkans et parviendront aux portes de Vienne, qui les verra revenir en 1682. Il connaîtra aussi deux régressions: la perte de lEspagne au XVème siècle, la perte des Balkans au XIXème siècle. Certes, la guerre sainte est un devoir pour la communauté islamique, mais les conversions des masses furent le plus souvent opérées sous linfluence des commerçants, des marins, et des pèlerins. Toute expédition militaire des musulmans nest pas à identifier au devoir de la guerre sainte
Pour comprendre comment la guerre a pu être permise par Dieu, il faut revenir aux sources mêmes de la révélation judaïque. Jaborderai ultérieurement[91] plus à fond la question du sens de toutes les souffrances. Je montrerai à quel point la révélation du Christ achève et donne sens à ce que les Juifs devinaient déjà. Mais, là où nous sommes rendus, la sagesse laborieusement apprise par les Juifs suffit.
Que faisons-nous sur terre? Pourquoi nous faut-il passer par ce lieu de fragilité où le mal frappe, sans cause apparente? Visiblement, comprirent les Juifs, il est une qualité qui tient au cur de Yahvé plus que toute autre: Il ne supporte pas lorgueil. Lhumilité semble être appréciée par lui au-dessus de tout. En conséquence, tout ce que Dieu crée est marqué tôt ou tard par la faiblesse et la mort. Marie, mère de Jésus, jeune fille formée par le plus pur des judaïsmes, avait compris ce fait. Elle le chante dans son Magnificat[92]: « Il a déployé la force de son bras, il a dispersé les hommes au cur superbe. Il a renversé les potentats de leurs trônes et élevé les humbles, Il a comblé de biens les affamés et renvoyé les riches les mains vides. »
Il semblerait que Dieu veut apprendre quelque chose dimportant à lhomme, quelque chose en rapport avec son salut. Ainsi en va-t-il de la guerre. Celui qui prend lépée fait périr les autres par lépée mais finit, tôt ou tard par périr lui-même. Et la chose semble universelle.
Le peuple juif en fut le témoin et victime. Pour le comprendre, une histoire vaut mieux quune théorie. Il sagit de la plus horrible histoire que la Bible contienne. Elle met en scène lhomme dans sa nature la plus réaliste et la façon dont il apprend, à ses dépends, quil nest décidément rien[93]. En fait, elle nous met en scène nous-mêmes, mais nous ne le comprenons pas encore.
« En ce temps-là, il y avait un homme, un lévite, qui résidait au fond de la montagne dÉphraïm. Dans un moment de colère sa concubine le quitta pour rentrer dans la maison de son père, et elle y resta quatre mois. Son mari alla la trouver pour parler à son cur; quand elle le vit arriver, elle se réjouit fort. Le cinquième jour, le lévite se leva pour partir et sa concubine le suivit. Ils arrivèrent en vue de Gibéa. Il sassit sur la place de la ville. Survint un vieillard qui dit: "Sois le bienvenu chez moi, mais ne passe pas la nuit sur la place." Pendant quils se réconfortaient chez lui, voici que des gens de la ville, des vauriens, sattroupèrent autour de la maison et, frappant à la porte à coups redoublés, ils dirent au maître de la maison: "Fais sortir lhomme qui est venu chez toi, que nous couchions avec lui." Alors le maître de la maison sortit vers eux et leur dit: "Non, mes frères, je vous en prie, ne soyez pas des criminels. Je vous donnerai plutôt ma fille qui est vierge". Ces gens ne voulurent pas lécouter. Alors lhomme prit sa concubine et la leur amena dehors. Ils la violèrent, ils abusèrent delle toute la nuit jusquau matin et, au lever de laurore, ils la lâchèrent. Vers le matin la femme sen vint tomber à lentrée de la maison de lhomme chez qui était son mari et elle resta là jusquau jour. Au matin son mari se leva et, ayant ouvert la porte de la maison, il sortait pour continuer sa route, quand il vit que la femme, sa concubine, gisait à lentrée de la maison, les mains sur le seuil. "Lève-toi, lui dit-il, et partons!" Pas de réponse. Alors il la chargea sur son âne et il se mit en route pour rentrer chez lui. Arrivé à la maison, il prit un couteau et, saisissant sa concubine, il la découpa, membre par membre, en douze morceaux, puis il lenvoya dans tout le territoire dIsraël. Il donna des ordres à ses émissaires, disant: "Vous direz à tous les Israélites: A-t-on jamais vu pareille chose?"
Tous les Israélites sortirent donc, et, comme un seul homme, la communauté se réunit. Les chefs de tout le peuple, toutes les tribus dIsraël assistèrent à lassemblée du peuple de Dieu, 400.000 hommes de pied, sachant tirer lépée. Les tribus dIsraël envoyèrent des émissaires dans toute la tribu de Benjamin pour dire: "Maintenant, livrez ces hommes, ces vauriens, qui sont à Gibéa, pour que nous les mettions à mort et que nous fassions disparaître le mal du milieu dIsraël." Mais les Benjaminites ne voulurent pas écouter leurs frères les Israélites.
Les gens dIsraël se mirent en marche pour monter à Béthel, pour consulter Dieu: "Qui de nous montera le premier au combat contre les Benjaminites?" Et Yahvé répondit: "Cest Juda qui montera le premier." Au matin, les gens dIsraël savancèrent au combat contre Benjamin. Mais les Benjaminites sortirent de Gibéa et, ce jour-là, ils massacrèrent 22.000 hommes dIsraël. Les Israélites vinrent pleurer devant Yahvé jusquau soir, puis ils consultèrent Yahvé en disant: "Dois-je encore engager le combat contre les fils de Benjamin mon frère?" Et Yahvé répondit: "Marchez contre lui!" Le second jour les Israélites sapprochèrent donc des Benjaminites, mais, en cette seconde journée, Benjamin massacra encore 18.000 hommes des Israélites. Alors tous les Israélites et tout le peuple sen vinrent à Béthel, ils pleurèrent, ils sassirent là devant lArche dalliance de Yahvé, ils jeûnèrent toute la journée jusquau soir et ils offrirent des holocaustes et des sacrifices de communion devant Yahvé; puis les Israélites consultèrent Yahvé. Et Yahvé répondit: "Marchez, car demain, je le livrerai entre vos mains." Alors Israël plaça des troupes en embuscade tout autour de Gibéa. Les Benjaminites se dirent: "Les voilà battus devant nous comme la première fois", mais lembuscade dIsraël surgit de sa position. Yahvé battit Benjamin devant Israël et, en ce jour, les Israélites tuèrent à Benjamin 25.100 hommes. Ceux de lembuscade se hâtèrent de sélancer contre Gibéa; ils se déployèrent et passèrent toute la ville au fil de lépée, femmes et enfants compris. Six hommes de Benjamin tournèrent le dos et senfuirent au désert. Ils y restèrent quatre mois.
Fatigué, le peuple se rendit à Béthel, il resta là assis devant Dieu jusquau soir, poussant des gémissements et pleurant à gros sanglots: "Yahvé, Dieu dIsraël, disaient-ils, une tribu a été retranchée dIsraël. Que ferons-nous pour procurer des femmes à ceux qui restent, puisque nous avons juré par Yahvé de ne pas leur donner de nos filles en mariage?" Ils sinformèrent alors: "Quel est celui dentre les tribus dIsraël, qui nest pas monté auprès de Yahvé à Miçpa?" Et il se trouva que personne de Yabesh en Galaad nétait venu au camp, à lassemblée. Alors la communauté y envoya 12.000 hommes dentre les vaillants avec cet ordre: "Allez, et vous passerez au fil de lépée les habitants de Yabesh en Galaad, ainsi que les femmes et les enfants mais vous laisserez la vie aux vierges." Et cest ce quils firent. Parmi les habitants de Yabesh de Galaad ils trouvèrent 400 jeunes filles vierges, et ils les emmenèrent au camp. Toute la communauté envoya alors des émissaires aux six Benjaminites qui se trouvaient au Rocher de Rimmôn pour leur proposer la paix. Benjamin revint alors. On leur donna les femmes de Yabesh. Les Israélites se dispersèrent alors pour regagner chacun sa tribu et son clan, et sen retournèrent de là chacun dans son héritage. En ce temps-là il ny avait pas de roi en Israël et chacun faisait ce qui lui semblait bon.»
Cette histoire est probablement réelle. Les détails sont crédibles car peu flatteurs pour Israël. On aurait du mal à y discerner un travail dembellissement. Les femmes y sont traitées comme du bétail par des hommes durs dont pas un seul nest juste. Ils veulent la guerre. Ils lont. Dieu laccepte et se fait même pour eux prophète. Il leur parle mais ses paroles sont ambiguës. Eux se trompent, ne comprennent pas. Le malheur fond sur eux tous. De tout ce malheur, une seule chose apparaît: lhumanité est bien pitoyable.
Or ces hommes du passé sont à limage de tous les habitants de la terre, de nous-mêmes. Nous sommes persuadés que nous sommes justes car nous navons jamais été confrontés à notre vraie nature. Il suffit de rester sans nourriture deux jours pour voir se réveiller en nous la réalité. Qui pourra nous faire comprendre à quel point nous ne sommes que des pauvres pécheurs [94]? Comment fait Dieu pour révéler à lhomme installé sur la terre ce quil ne veut pas voir? Il le soumet à des expériences négatives. Parmi elles, la guerre extérieure manifeste la proximité de sa propre fin, de ses limites. Non seulement chaque individu est amené à penser à sa propre mort mais aussi les nations et les religions dont le destin dépend du sort des armes.
Au contraire, il arrive que la paix civile rende lhomme et les religions inconscients de la précarité de leur être. On peut alors se croire juste tout en se complaisant dans légoïsme et la vanité. Une fausse paix peut conduire lhomme ou la religion à oublier Dieu, le jugement dernier, la nécessité de bien se comporter, la nécessité dêtre sans illusion sur soi La recherche de Dieu dans la prospérité est exceptionnelle, à cause de la nature sensible de lhomme.
Le mal et les guerres perpétuelles qui règnent dans le monde provoquent chez beaucoup le rejet et la haine de Dieu. Mais, curieusement, cet effet est particulièrement visible chez ceux qui nont jamais subi la guerre. Ils accusent Dieu car ils nont pas encore eu loccasion de prendre conscience que la guerre naît dabord dans leur propre cur.
Lorsquun homme frappé dans ce quil aime le plus rejette Dieu, cest différent. Ce sentiment part alors non de lorgueil mais de lexpérience. Il ne peut comprendre pourquoi il a été atteint. Il ne peut saisir que cest en vue dun bien éternel. Car la clef de tout est là: sil ny avait pas de vie après la mort, si le destin des hommes sarrêtait ici-bas, alors lhistoire biblique de lhomme de Galaad qui livra sa concubine amoureuse afin de ne pas être lui-même violé, naurait pas de sens. Elle serait simplement réaliste et désespérée. Mais sil est vrai que cette vie nest pas la vraie vie, tout prend sens. Sil est vrai que Dieu recueille de lautre côté du voile toutes ces vies détruites, quil les réconforte, leur explique pourquoi il a paru les tromper, alors il y a une justice. « Cétait pour vous sauver. » Lhomme agit un peu comme le petit enfant, qui recevant de son père une punition qui lui parait injustifiée, nen découvre que plus tard le bien-fondé. De même les hommes, en découvrant au moment de leur mort la vraie raison du gouvernement divin sur eux, nen éprouveront plus de scandale, sauf si lorgueil est resté en eux. Telle est la finalité de la souffrance. Telle est la raison ultime de toutes les peines que subissent les hommes en ce monde. Le peuple juif en est témoin: les justes massacrés à Auschwitz ont appris dans leur chair à appeler Dieu, leur Sauveur.
Parmi les chrétiens, beaucoup refusent cette interprétation judaïque du mal[95]. Dieu ne peut de lui-même permettre ou vouloir le malheur, même pour éduquer les hommes. Le Dieu de Jésus-Christ est un Dieu de liberté! Pour ces théologiens, tout le mal sans exception vient du pari que Dieu a fait: il a laissé lhomme libre. Alors certains en ont profité pour faire le mal. Cette conception nest quen partie réaliste. Elle expliquera sans problème le mal dont est source ou qui frappe un homme maître de ses actes comme Hitler. Il sème le vent et récolte la tempête. Cest justice. Mais elle nexpliquera jamais des maux qui ne concernent en aucun cas la liberté: la mort de ces nourrissons quà Auschwitz, par manque de place dans les chambres à gaz, on jeta vivant dans le feu.
« Puisque tu nauras pas servi Yahvé ton Dieu dans la joie et le bonheur que donne labondance de toutes choses, Yahvé suscitera contre toi une nation lointaine, des extrémités de la terre; comme laigle qui prend son essor. Ce sera une nation dont la langue te sera inconnue, une nation au visage dur, sans égard pour la vieillesse et sans pitié pour la jeunesse. Elle mangera le fruit de ton bétail et le fruit de ton sol, jusquà te détruire, sans te laisser ni froment, ni vin, ni huile, ni portée de vache ou croît de brebis, jusquà ce quelle tait fait périr. Elle tassiégera dans toutes tes villes, jusquà ce que soient tombées tes murailles les plus hautes et les mieux fortifiées, toutes celles où tu chercheras la sécurité dans ton pays. Elle tassiégera dans toutes les villes, dans tout le pays que taura donné Yahvé ton Dieu.[96]»
Une troisième objection va encore plus loin. Lislam sest implanté dans des nations qui avaient été originellement gagnées au Christ, supprimant les Églises patriarcales en convertissant ses fidèles. Dieu peut-il avoir béni* un tel désastre pour son Évangile ? Lislam prêche une forme de guerre sainte qui lui permet de réussir son implantation par le calcul politique. La méthode habituelle est celle de limpôt de capitation. Dans son Dictionnaire élémentaire de lislam, Tahar Gaïd reconnaît et justifie cette pratique de lislam qui ne consiste pas directement à convertir par la force mais par lusage de limpôt et par létablissement des non musulmans dans létat de citoyens de seconde zone: « Il ne fait aucun doute, dit-il, que lislam soumit à son influence de nombreuses contrées. La raison fondamentale de cette expansion territoriale ne visait pas tant la domination politique quà combattre le mal et liniquité, à établir la paix et la justice, en dautres termes à rendre à Dieu ce qui lui est dû sur terre. Les populations conquises étaient libres de ne pas embrasser lislam puisque trois possibilités leur étaient offertes avant le déclenchement des hostilités (sic): la conversion, le paiement dun tribut qui assurerait leur protection, et en troisième lieu la guerre. De plus, après la victoire, il ny avait pas recours à la violence pour imposer la nouvelle foi. La soumission à lislam était un acte volontaire. Les populations avaient accueilli lislam comme une religion libératrice, véhiculant les idées propres à relever la dignité humaine bafouée par le despotisme féodal et la tyrannie politique sous lesquelles elles étaient écrasées. Les grands hommes de lislam qui portèrent haut létendard de la foi islamique ne pouvaient pas sopposer à la théorie coranique qui nhabilite pas le croyant à faire usage de la force pour rallier les non musulmans à leur religion: " Si Dieu lavait voulu, il aurait fait de vous une seule communauté. Mais il égare qui il veut; il dirige qui il veut. Vous seriez interrogés sur ce que vous faisiez"[97]. » Par cette méthode, insensiblement, les chrétiens et les Juifs manquant de ferveur basculaient dans lislam.
Mais une telle pratique, pourtant canonisée par le Coran, est-elle digne de Dieu? Selon lApocalypse[98], il sagit plutôt dune action du mal: «Nul ne pourra rien acheter ni vendre sil nest marqué du nom de la Bête.» Comme je lai déjà dit, Dieu peut bénir une telle religion, malgré ses pratiques douteuses, pour le salut des âmes. En effet, historiquement, le christianisme a eu deux propriétés sur les peuples. Dabord, il les libère. Il leur donne une maturité spirituelle et intellectuelle qui se traduit vite dans une grande prospérité matérielle. En un second temps, à cause de la nature dun peuple devenu riche et cultivé, le christianisme a pour effet de provoquer un abus de la liberté au profit de la plus grande décadence. Saint Paul le dénonçait déjà à son époque[99]: «Vous en effet, mes frères, vous avez été appelés à la liberté; seulement, que cette liberté ne se tourne pas en prétexte pour la chair; Mais par la charité mettez-vous au service les uns des autres.»
A chaque fois quune nation chrétienne est ainsi entrée en décadence, les guerriers de lislam sont arrivés et, tel laiguillon de la peur, ont forcé les chrétiens à retrouver leur ferveur ou à disparaître. Par deux fois, Dieu a préféré livrer des nations chrétiennes à lesclavage de la soumission ou de la conversion à lislam, plutôt que de laisser les fidèles chrétiens se perdre pour léternité (Afrique du Nord puis Grèce Asiatique). Cela pourrait se produire une troisième fois. LOccident est, de façon très forte, confronté à cette décadence de la liberté chrétienne. Au nom de quoi en effet voit-on de nos jours les plus grandes abominations se réalisent dans un calme civique total contre ce quil y a de plus précieux au monde à savoir ses enfants, son conjoint et ses vieux parents ? La famille sécroule au nom du bonheur individuel devenu dieu, au nom de léquilibre de sa vie, de son plan de carrière ou de ses loisirs. Or, comme par hasard, en même temps que mai 68 faisait de lhédonisme sa sagesse jusquà la mort, il introduisait les guerriers de lislam dans ses banlieues. Ny-t-il pas là une surprenante coïncidence, « un esprit derreur venant de Dieu »[100], dirait la Bible?
« Celui-là sera un onagre dhomme, sa main contre tous, la main de tous contre lui, il sétablira à la face de tous ses frères.[101]» « Voici la durée de la vie dIsmaël: 137 ans. Puis il expira; il mourut et il fut réuni à sa parenté.Il habita depuis Havila jusquà Shur, qui est à lest de lÉgypte, en allant vers lAssyrie. Il sétait établi à la face de tous ses frères.[102]»
Au VIIème siècle, au moment de la naissance de lislam, lÉglise chrétienne dOrient était la religion officielle de lEmpire romain. Dans sa partie africaine, elle attiédissait le feu de la charité par un souci trop grand des choses du pouvoir. On adhérait trop souvent à tel ou tel courant de foi à cause de lempereur de Constantinople, sans souci réel de la vérité. On senlisait dans des discussions théologiques sans fin qui avaient abouti à lapparition de multiples hérésies et schismes. Lislam eut donc peu de peine à amener à elle les foules, à cause de la ferveur de sa jeunesse. Ceux qui ne se convertirent pas après la conquête militaire furent respectés mais réduits à létat de citoyens de second ordre. Le monde fut donc divisé en deux religions qui, si elles voulaient subsister, devaient sans cesse réformer leurs murs et convertir leurs regards vers Dieu. Lislam reçut une part de gloire. Il donna son unité au monde arabe. Par la conquête et une habile occupation, elle déchristianisa le Proche Orient et lAfrique du Nord. Lislam édifia une civilisation originale: agriculture, industrie, commerce se développent. Des grandes cités arabes eurent bientôt leurs universités célèbres, de riches bibliothèques: théologiens, philosophes, savants sy rencontrèrent. Quant à la genèse de lislam elle est la réalisation de la prophétie faite par Dieu à propos dIsmaël[103]: «Il sétablira à la face de tous ses frères. »
Lislam néchappa pas au gouvernement de ce Dieu qui aime lhumilité. Devenue puissante en quelques années, cette religion nouvelle sétait répandue de lÉgypte à lInde. Parce que lhomme est homme, partout où il réussit, les chefs musulmans furent contents deux. Ils se croyaient dignes du paradis. Le pouvoir leur faisait perdre la tête. Les musulmans se prirent pour les maîtres de lunivers. Dieu les divisa donc, très vite, avec lurgence et la force quil convient à cette religion de la guerre: Sunnites*, chiites*, ismaéliens sont nés dans le sang et le meurtre des luttes de pouvoir.
Sept siècles plus tard, une deuxième fois, lislam emporta la victoire sur un christianisme devenu tiède. Ce fut la perte de Byzance et de lEmpire romain dOrient tout entier. Celui qui va en Turquie constate avec tristesse que bien des mosquées sont des églises reconverties. La cathédrale sainte Sophie est, pour toute âme orthodoxe*, un mur des lamentations. Mais les orthodoxes* furent guéris de leurs « byzantinades sans fin. »
Le fait que lÉglise ait pratiquement disparu en Afrique du Nord et dans dautres régions du monde pour être remplacée par lislam est un désastre du moins en ce qui concerne la connaissance et lamour immédiat de Jésus à court terme. Pourtant, pour celui qui sait regarder avec le regard de la foi et avec la distance de Dieu, il est certain quil sortit du bien pour la vie éternelle. Ce fut un bien pour lÉglise qui, divisée et diminuée, en sortit moins sûre delle-même, plus pauvre devant le mystère des permissions de Dieu. Cest un bien pour lislam qui loblige à constater que la puissance de son extension nest pas infinie. Quant aux musulmans qui vivent avec pureté les préceptes du Coran*, mettant au premier plan Dieu et leurs frères humains et non la recherche du pouvoir au nom de Dieu, ils sont disposés de lintérieur à se tourner vers Jésus quand il se manifeste à eux à lheure de la mort. Dans les années qui suivirent la mort de Mahomet (632), lhistoire sainte de lhumanité est marquée par la pauvreté dÉglises soumises par lislam en Orient, mais ferventes dans leur pauvreté et dune Église qui tel le levain dans la pâte, façonne les peuples dOccident.
Ce fut aussi un bien pour le salut des âmes. Les hommes avaient reçu la liberté du Christ. Ils en avaient abusé pour la transformer en une vie dissolue dans une fausse liberté. Soumis provisoirement sur cette terre à la soumission de lislam, ils furent en fait libérés. Lesclavage de ses propres turpitudes est parfois plus lourd à porter que celui dune religion de soumission. Lislam possède en effet de riches valeurs spirituelles. Il ne fait pas entrer dans le salut, cest-à-dire dans une vie intime damour pour Dieu mais il y dispose.
Les musulmans peuvent devenir de bons serviteurs de Dieu, humbles et attentifs à sa parole. Pour le moment, ils nient que Dieu ait un fils, non par haine de Dieu mais à cause de leur zèle de la grandeur de Dieu.
Que se passera-t-il à lheure de leur mort, lorsque le Christ leur apparaîtra, accompagné de la Vierge Marie et de leur Prophète Mahomet? Refuseront-ils obstinément de le reconnaître comme Dieu fait homme sil se présente à eux comme tel? Seuls une obstination totale dans lerreur, donc un orgueil incompréhensible pourrait justifier une telle attitude[104]. Pour la théologie catholique, le cinquième blasphème contre lEsprit Saint, lobstination, est aisé à comprendre: tout homme qui, face à face avec Jésus, sobstine à maintenir son choix définitif et lucide dans le sens de son égoïsme, se met librement en enfer. Et son enfer est éternel car, dans la lumière de Jésus, le choix est arrêté pour toujours; Il ny a pas de fin à lenfer car la personne obstinée veut demeurer sans fin dans son péché.
Les musulmans sont donc disposés à accueillir favorablement la plénitude de la révélation chrétienne, lorsquelle leur apparaîtra à la fin du monde. Il est convenable de penser que cette religion a été bénie à cause de la confiance dAbraham, cest-à-dire à cause de son attitude très humble et prête à accepter tout de Dieu parce quil est Dieu.
Parallèlement, des centaines de millions dhommes vivent loin de lÉvangile sur des continents non encore visités par les missionnaires. Pourquoi lévangélisation des peuples fut-elle si difficile et incomplète? Les Actes des apôtres montrent que lEsprit Saint ne voulut pas que lÉvangile soit annoncé tout de suite partout. Paul voulut aller en Asie mais lEsprit Saint len empêcha.[105] Cela peut nous paraître scandaleux mais cest un fait qui explique aussi pourquoi Jésus a tant tardé après le péché originel à sincarner. Aussi effrayant que cela paraisse pour des chrétiens, lEsprit na jamais voulu que le monde dici-bas soit totalement chrétien. De même, il ne voudra jamais quil soit entièrement musulman[106]. Quon se rappelle à cet égard que la Chine et son milliard dhabitants nest pas chrétienne aujourdhui à cause dun malentendu papal et dun conflit entre jésuites et dominicains. LEmpereur de Chine voulait bien adhérer à la foi, entraînant à sa suite tout son peuple, dans les mains de ses astronomes jésuites. Mais les conditions quil y mettait furent dénoncées au pape comme paganisantes par des dominicains trop sourcilleux (peut-être jaloux). Nallons pas trop vite charger ces religieux de la perte de ce peuple. Dieu qui est maître de toute chose sait ce quil fait en permettant ce contretemps[107]. Face aux non-chrétiens, lÉglise ne peut sendormir sur ses conquêtes. Le salut de ceux qui ne connaissent pas encore lamour de Dieu ne peut que linquiéter et augmenter en elle prière et zèle pour Dieu. De plus, nétant pas maîtresse du monde entier, elle se souvient quelle doit rester modeste.
Quant aux païens, sils ne sont pas encore dans la bergerie de Jésus, ils ont leur propre chemin conduisant au salut quils ignorent encore[108]. Dieu est maître de lhistoire. Il dose toute chose, y compris la permission quil laisse à ce que nous appelons le mal (quand il sagit dautres formes religieuses que la nôtre).
Prenons lexemple du pire des paganismes, celui qui parfois va jusquà rendre un culte à des démons sanguinaires. Cest encore la main de Dieu qui permet cela. Si ces païens ne savent pas encore que Jésus est le Créateur fait homme, ils lapprennent au moment de leur mort par la prédication du Christ lui-même qui leur apparaît[109]. Les chemins de la pire des superstitions servent Dieu pour leur salut car lorsque des peuples écrasés par la domination des sorciers dont la puissance vient du démon, découvrent à lheure de la mort la liberté de lÉvangile, ils se convertissent en masse.
A ce propos, je voudrais rappeler ici lune de ces mystérieuses permissions de Dieu qui aboutit au salut éternel de grandes nations païennes, quoiquà leur perte sur la terre (une véritable fin, apocalyptique, de leur monde). Lhistoire nous montre que ce nest pas la première ni la dernière fois quune prophétie à la fois étonnement proche de la réalité et trompeuse[110] dans sa lettre aboutit à la ruine politique dune nation, donc à son humiliation. Quel exégète biblique accepterait comme authentique une histoire racontant comment Dieu livra un empire de dix millions dâmes, aussi puissant que lempire romain à une armée composée de moins de 200 guerriers? Ce nest pas la Bible qui rapporte cette histoire mais les annales du XVIème siècle. Elle concerne lempire des Incas. Les chroniqueurs espagnols, pour expliquer cette victoire inouïe, rapportent que ce peuple religieux croyait en une prophétie: « Des dieux portant la barbe, montés sur de grands cerfs viendront de lOrient et apporteront le salut. » Les Indiens dAmérique du sud sont heureux davoir reçu le christianisme. Ils ont été délivrés à la fois des sacrifices humains et du culte des démons grimaçants. Mais ils se souviennent de la façon dont Francisco Pissarro, accompagné de 160 aventuriers espagnols, massacra le 16 novembre 1532 en deux heures, par traîtrise, la fleur de leur armée. Le dieu de Pissarro était lor. Mais, caché dans ce sillage de sang, le Christ se donna aux indiens.
On raconte quavant dêtre exécuté, lempereur inca Atahualpa se vit proposer le baptême par laumônier. Il le refusa en disant que si le paradis était dirigé par Jésus Christ, dieu de ces guerriers adorateurs de lor, il préférait aller en enfer avec ses idoles[111]. Il agit bien, selon sa conscience, selon cette parole de Jésus[112]: « Eh bien! Je vous dis que beaucoup viendront du levant et du couchant prendre place au festin avec Abraham, Isaac et Jacob dans le Royaume des Cieux, tandis que les fils du Royaume (les chrétiens pervers) seront jetés dans les ténèbres extérieures: là seront les pleurs et les grincements de dents. » Si le peuple inca a obtenu le salut, ce nest certainement pas au sens terrestre du terme.
Nous voudrions une efficacité immédiate et terrestre dun christianisme en profondeur et en nombre dadhérents. Dieu ne désire quune chose, que tous soient sauvés par lamour de son Fils. Et puisquun christianisme fort au plan social contient des chrétiens fiers politiquement et des clercs sûrs deux, à tout point de vue, il préférera un christianisme faible, divisé, frappé dhérésies, honteux des péchés de ses fils perdus mais plus conscient de sa pauvreté.
« Lorsque lAgneau de Dieu ouvrit le quatrième sceau, jentendis le cri du quatrième Vivant: "Viens!" Et voici quapparut à mes yeux un cheval verdâtre; celui qui le montait, on le nomme: la Mort; et lHadès le suivait. Alors, on leur donna pouvoir sur le quart de la terre, pour exterminer par lépée, par la faim, par la peste, et par les fauves de la terre.[113] »
Abordons quelques autres exemples de la fin du monde telle quelle fut vécue par les générations précédentes. Au Moyen Age, lOccident protégé de la domination de lislam* voit se développer une civilisation chrétienne. La vie quotidienne des peuples est façonnée par la foi. Les signes de cette richesse spirituelle sont encore visibles dans nos villes. Les cathédrales gothiques élèvent leurs flèches vers le ciel car on cherchait Dieu à cette époque. Cest aussi lâge de la floraison de la théologie à travers les grandes Sommes.
Dieu regardait cette civilisation non seulement de lextérieur mais surtout à travers chacune des âmes qui seules comptaient à ses yeux. Il voyait beaucoup de bien mais aussi, cest fatal, beaucoup de péchés. Pourquoi faut-il que la paix et la réussite religieuse charrient avec elles tant dorgueil, de certitude de tenir le Ciel? Pourquoi lhomme a-t-il du mal à être réellement pauvre? De lexistence de cet orgueil fatal, nous avons une preuve dans la constante persécutions des Juifs de cette époque. Leur souvenir du Moyen Age ne ressemble pas au nôtre. Curieusement, saint Louis de France est pour eux symbole de souffrance, derrance et de persécution permanente. Or, la haine de ce petit peuple, nous le montrerons, est toujours le signe de la présence, dans une civilisation, dun amour arrogant de sa propre réussite. Dans une unité religieuse ou nationale, leur petit nombre représente une insupportable résistance spirituelle, un coin de différence. Ils étaient une épine dans lidée quon se fait dune chrétienté pure et universelle.
Si les chrétiens du Moyen Age ne discernaient pas leur orgueil, Dieu le voyait. Alors, afin de sanctifier cette génération en danger, il permit la multiplication des guerres, des famines. Il faut que cela arrive, ne vous alarmez pas, avait-il prévenu dans lÉvangile[114]. Il autorisa même que lislam vienne menacer de très près le magnifique temple de lOccident chrétien. Les premières croisades étaient une nécessité vitale pour soutenir la chrétienté dOrient attaquée militairement. Elles ressemblent à tout ce qui se fait à cette époque. Elles sont un élan de foi et de zèle pour Dieu mélangé à la soif pour la gloire et la possession. Leur réussite puis leur échec ne représentent somme toute que laction habituelle et mystérieuse de Dieu qui apprend lhumilité à son peuple.
Mais comment expliquer ce quil permit à partir de lannée 1347, alors même que la civilisation chrétienne atteignait son apogée? En cette année, trois galères sapprochèrent par escale de lEurope, en provenance de Crimée, emmenant avec elles le plus terrible des passagers clandestins, la peste. Le fléau, qui sévissait à létat endémique dans les steppes dAsie Orientale, se répandit inexorablement au gré des escales, se transmettant de port en port, de bateau en bateau, frappant aveuglement le musulman comme le chrétien. En deux ans, (1348-1350), la peste tuera un tiers de la chrétienté latine. Le bilan est pire en proportion que les guerres mondiales modernes. Pendant plusieurs siècles et de façon massive jusquen 1722, la peste couvera tel un feu jamais éteint, puis éclatera en de violentes poussées, réapparaissant tous les huit, dix ou quinze ans. Les âmes en sortiront profondément marquées. Au joyeux optimisme du début du Moyen Age succèdent les danses macabres de la période sans nom. Pourquoi Dieu permit-il une catastrophe dune telle ampleur, détruisant les élites des villes, faisant tourner en amertume morbide luvre chrétienne entreprise pour lui? Rappelons quil pouvait arrêter le fléau par sa puissance comme il le montra maintes fois par les miracles. Pourquoi aussi une maladie comme celle-là, la « male mort » comme on lappela à lépoque puisquelle ne laisse même pas le temps de se confesser avant de mourir? Pourquoi permet-il jusquà aujourdhui famines et maladies, guerres et ruine de tout, même de ce qui est bon sur la terre? Cest la question que soulève avec larmes lapocalypse de saint Jean* sous le symbole des sept mystères scellés que nul ni au Ciel ni sur la terre ne peut ouvrir, sauf lAgneau de Dieu. Le dernier de ces mystères, le silence de Dieu[115] fut sans doute le plus terrible pour ces pauvres familles détruites par la peste.
Dieu tient tout entre ses mains. Chaque âme brisée par une vie courte et douloureuse, était accueillie et recevait lexplication de tout par la vision de sa croix, lui montrant en un seul regard ce quelle serait devenue si elle navait pas souffert. Alors ces âmes devenues pauvres entraient au Ciel, là où il ny a plus de larmes, où on oublie les angoisses anciennes, où lon ne se souvient pas du passé de douleur[116] si ce nest pour en rendre grâce, puisque cest grâce à cette croix, vécue ou non dans la foi chrétienne quon est si proche de Dieu au Ciel. La peste, la guerre de cent ans marquèrent les XIVème et XVème siècles en Europe. De même, par la peste, chaque nation reçut sa part de croix et put mesurer à quel point lhomme est peu de chose. Ainsi furent sanctifiées ces générations.
(Chose probable)
Pourtant, renaissant sans cesse à chaque génération, la bête blessée de lorgueil[117] repousse. Elle est plus forte et dirige les nations humaines. Ainsi, à la fin du XVème siècle, alors que la vie humaine restait fragile et courte, les théologiens catholiques élaboraient des systèmes théologiques rigides où la règle de la foi était conservée à travers beaucoup de menaces, parfois des menaces sur la vie même de celui qui pensait autrement, où la défense de la vérité saccompagnait dun goût du luxe matériel, dun culte pour la beauté. Le monde de la Renaissance est comme toutes les époques un mélange de ce quil y a de mieux et de pire dans lhomme. Mais, pour ce qui est de lÉglise, encore maîtresse du monde occidental mais déjà contestée en raison des abus de ses hommes de pouvoir, le bilan est ambigu. Devant les excès des papes soucieux de construire de grands temples pour Dieu (et pour que leur nom demeure), des voix sélevaient et protestaient. De grands saints, poussés par lEsprit de Dieu, sentaient lapproche du malheur et réclamaient une réforme de lÉglise. Mais la décadence était profonde, et plus profond encore était la méconnaissance du clergé catholique vis-à-vis de lÉvangile. Lerreur ne se situait pas dans les dogmes gardés infailliblement par lÉglise en raison de la promesse faite à Pierre*. Elle se situait dans lenseignement concret de lÉvangile, au jour le jour, et dans sa pratique.
En 1514, le dominicain Tetzel avait entrepris de persuader les fidèles que le salut sopère aisément par les oeuvres. II proposait les passeports pour franchir locéan en furie, et arriver tout droit au paradis ». Il utilisait volontier le dicton: «Sitôt largent tinte dans la cassette, sitôt lâme en faveur de qui lon donne saute hors du purgatoire ». Le Ciel voyait arriver à lheure de la mort des hommes bardés de sacrements et dindulgences, assurés ainsi de leur salut alors que leur cur ne se souciait que deux-mêmes. Que sert à lhomme un sacrement reçu à lheure de sa mort sil le prend comme un moyen quasi magique daller au Ciel? Si ce nest pas lamour mais la peur de souffrir en enfer qui guide sa vie chrétienne, à quoi lui servent les sacrements? Le mal était si profond et si dangereux pour le salut de ceux quil aimait que Dieu agit. Il utilisa encore son habituelle sagesse : « Il compte les jours des constructions humaines, il les pèse pour voir si elles ont une utilité pour le salut, il les divise et fait naître lhumilité[118] ».
En Allemagne, il trouva un jeune moine augustin, prêtre depuis peu de temps (1507). Son nom était Martin Luther. Il était rongé par langoisse de son salut à la vue de ses propres péchés. Lors de son noviciat, il avait été nourri dune théologie en apparence pleine de dignité, mais hélas fallacieuse. Le salut était promis à ceux qui par leurs uvres de piété et leurs vertus méritaient le Ciel[119]. Il avait donc essayé dêtre vertueux mais tous les jours, il retombait dans les mêmes travers. Il lisait, méditait, cherchait une règle capable de rendre un homme certain de son salut. Dans saint Paul, il lut que lhomme sera sauvé par sa foi, cest-à-dire par sa confiance en Dieu. Ce fut pour lui un baume de réconfort. Une paix totale lenvahit. A partir de ce jour, il sopposa aux prédicateurs vendant des indulgences. Poussant plus loin son intuition, son successeur Calvin élabora une théorie selon laquelle ceux qui meurent sans avoir cette confiance en Dieu sont à coup sûrs damnés, non de par leur faute mais par un choix mystérieux de Dieu qui ne leur a pas communiqué sa grâce.
Cette thèse excessive, en contradiction avec ce quest Jésus, lui fut suggérée par des écrits mal interprétés de saint Augustin. Il neut pas lidée que Dieu proposait sa grâce à tout homme... à lheure de la mort.
Le protestantisme est aux yeux des catholiques et des orthodoxes une véritable hérésie en ce sens quil fait sien une erreur importante pour le salut. Ces deux Églises enseignent que Dieu promet la vie éternelle à celui qui ose laimer comme un ami, dans une réciprocité dépouse adulte. Les théologiens protestants réduisent lamour à lattitude confiante dune épouse incapable daider son aimé, en état de minorité légale, trop incapable au plan intellectuel et moral pour penser, hériter et simplement prendre la parole à table. Dieu ne fut bien sûr pas à lorigine dune telle perte. Luther linventa lui-même, à travers une réflexion sincère mais trop nourrie des erreurs catholiques du personnel ecclésial catholique de son époque. Luther neut pas assez daudace pour vérifier auprès du rocher de Pierre, ce quenseigne réellement la Sainte Église.
Pour comprendre pourquoi Dieu bénit* cette Réforme après sa naissance, lui permettant de sétendre dans près de la moitié du catholicisme, il faut se rappeler la très belle remarque de saint Jean Chrysostome, citée plus haut[120]. Cest ainsi que pense Dieu. Que sert à lhomme davoir la plénitude de la révélation sil sen sert mal? Sil y a une hérésie dans la Réforme, il existe aussi des richesses immenses en oraison, lecture de la Bible, liberté des enfants de Dieu. Le peuple des protestants trouve souvent lamour dans lÉcriture Sainte, au-delà de la théologie complexe de ses docteurs. Mais Dieu, en divisant lÉglise dOccident de lintérieur, fit sortir du bien[121], obligeant le catholicisme à se réformer durgence, laissant le protestantisme dans la pauvreté de ses propres divisions, suscitant par les compétitions entre ces confessions un zèle nouveau pour Dieu et les missions[122]. Cest pour ce bien-là et surtout pour lhumilité que suscite lhumiliation que Dieu veut parfois la division. La Bible illustre magistralement cette sagesse par lhistoire de la division dIsraël* en deux nations après la mort de Salomon[123]. Parce quil vaut mieux une Église divisée quune Église orgueilleuse, il se peut que lunité des chrétiens (tant désirée depuis quelques années par le courant de lcuménisme) ne se fasse que dans lhumiliation extrême vécue au temps de lAntéchrist* ou encore au moment du retour glorieux du Christ.
Quant aux hommes qui sadonnèrent à la violence de part et dautre dans les guerres du fanatisme religieux, quadvint-il deux? Ils furent disposés au salut par cela même qui faisait leur péché. Jésus nous a prévenu dans les Évangiles[124]: Celui qui prend lépée périt par lépée, ce qui signifie quil récolte de sa violence un salaire de souffrance finalisé par sa conversion. Pour ceux qui moururent dans cette violence, sans sêtre repentis, Jésus agit comme il le fait pour tout pécheur, comme il le fit pour saint Paul au jour de sa conversion. Il les enveloppe de sa lumière, celle de la vérité sur leur péché, il les fait tomber à terre, par la mort qui les effraie, puis il leur parle de sa voix: Pourquoi me persécutes-tu? [125] Devant cette voix, Paul, de persécuteur religieux devint après trois jours de prostration (correspondant par symbole au purgatoire qui éduque les violents repentis avant leur entrée au Ciel) le plus grand des serviteurs de lÉvangile. Il ne refusa pas la conversion car, sil agissait ainsi, cétait sincèrement pour Dieu, avec un zèle mal éclairé. Il en fut de même pour la plupart des sectateurs de guerres de religions et même aujourdhui pour les fanatiques de toute confession.
Nous pourrions prolonger à linfini notre regard sur lhistoire sainte de lhumanité et faire les mêmes remarques par rapport aux situations multiples daujourdhui. Il ny a pas de nos jours davantage de malheurs physiques que jadis, au moins dans la partie développée du monde. Mais quand ces événements arrivent, ils peuvent être interprétés comme des signes de la fin du monde tels quils peuvent sappliquer à chaque génération. Jusquà la fin du monde, Dieu et ses anges combattront lorgueil sans cesse renaissant de chaque génération. Évidemment, lorsque le mal est actuel, il est difficile voire impossible den parler de cette manière sans se montrer indélicat. On ne va pas près du lit dun malade pour lui dire: Tu apprends lhumilité! Ce regard est de lordre de la contemplation, non de la prédication.
(Chose certaine)
Par suite de liniquité croissante, lamour se refroidira chez le grand nombre. Mais celui qui aura tenu jusquau bout, celui là sera sauvé. Cette bonne Nouvelle du Royaume sera proclamée dans le monde entier, en témoignage à la face de toutes les nations. Et alors viendra la fin.[126]
Le monde entier rejettera la foi. Cest une prophétie souvent enseignée par les Évangiles, par Jésus lui-même, par les apôtres, dans des textes explicites et limpides. On peut être sûr quelle se réalisera. Voici, cités sans ordre, quelques textes convaincants:
LEsprit dit expressément que, dans les derniers temps, certains renieront la foi pour sattacher à des esprits trompeurs et à des doctrines diaboliques, séduits par des menteurs hypocrites marqués au fer rouge dans leur conscience.[127]
Sache bien par ailleurs que dans les derniers temps surviendront des moments difficiles. Les hommes en effet seront égoïstes, cupides, vantards, orgueilleux, diffamateurs, rebelles à leurs parents, ingrats, sacrilèges, sans cur, sans pitié, médisants, intempérants, intraitables, ennemis du bien, délateurs, effrontés, plus amis de la volupté que de Dieu, ayant les apparences de la piété mais reniant ce qui en est la force.[128]
(Chose probable)
Une civilisation, après être passée par une longue période de ferveur religieuse, ne peut rejeter Dieu en un instant (cest ce quon appelle lapostasie*). Origène[129] le montre: «Celui qui atteint un état de perfection de la charité ne va pas abandonner et tomber subitement; mais il est nécessaire quil descende peu à peu et graduellement ». Lorsquil sagit dun individu, trois étapes sont en général discernables.
1- Négligence de la prière et de la fréquentation de Dieu, perte de lamour (Agape).
2- Oubli progressif du goût de Dieu, perte de la foi et de lespérance.
3- Rejet de ses commandements moraux devenus invivables car coupés de la charité qui leur donnait sens (perte de la culture chrétienne).
Il en est de même pour une nation. Cest ce que nous enseigne lhistoire de lOccident chrétien depuis quelques siècles, depuis que lapostasie est en marche. On appelle ce phénomène la sécularisation dune société. On peut, de même, discerner dans son chemin trois étapes successives qui se sont préparées lune lautre.
La première est très ancienne puisquil sagit de tous les péchés capables de refroidir la charité. Saint Jean* en parle par ces mots: «Eh bien! Maintenant lesprit de lAntéchrist est déjà dans le monde.[130] » Il sagit de tous les péchés accumulés par les fils de lÉglise. Leur accumulation finit par discréditer toute parole de Dieu. « Si les Fils de la lumière sont ainsi, cest que la lumière doit être assez pitoyable. »
La seconde trouve alors prise dans le cur des hommes éloignés de la charité. Il sagit de lapparition de toutes sortes de doctrines nouvelles capables de promettre un bonheur sans que Dieu intervienne. Ces doctrines peuvent être nombreuses, parfois mêmes stupides. Leur effet est de supprimer peu à peu les restes de la foi et de rendre irréversible, à cause de la compromission de certains (même minoritaires) de ses membres, le mépris pour lorgane qui porte cette foi, lÉglise. Cette étape commence avec lépoque des lumières, au XVIIIème siècle. Les idéologies athées du XIXème siècle en marquent la suite. Elle est en acte de nos jours.
Alors peut intervenir la troisième étape, celle qui propose le projet dun monde réellement humain et viable, conduisant à la paix civile et donnant les conditions matérielles, psychologiques et même spirituelles dun bonheur sur la terre et pour léternité, mais sans le vrai Dieu, celui de Jésus-christ, de lhumilité et de lamour jusquà la croix. Cette étape doit sachever, si lon suit la lettre des Écritures, par la révélation dune nouvelle religion mondiale et universelle, celle du « mystère de liniquité ». Cette étape approche mais elle est loin dêtre réalisée.
Cette description succincte et simplifiée semble laisser entendre quil existe un projet organisé par une secte ou un groupement humain sur plusieurs générations pour construire un monde sans Dieu. Cest ce que pensent de nombreux chrétiens face aux attaques anciennes et actuelles contre lÉglise. Une telle vision relève de la fiction[131]. Parmi les hommes, bien peu sont capables dune lucidité sur une si longue période de lhistoire future. Encore moins nombreux sont ceux qui ont une foi suffisamment profonde et une haine du projet damour de Dieu suffisamment lucide pour inventer pareil scénario. De fait, le seul être capable dune telle profondeur dans le mal nest pas un homme mais un ange daprès les mots de saint Paul: «Souvenez-vous que vous navez pas à lutter contre des êtres de chair mais contre les puissances des ténèbres.[132] » Le démon est certainement présent à travers cette histoire même si son rôle est invisible. Il suggère une idée à tel homme prêt à la recevoir; il tente tel groupe humain disposé à accueillir la tentation. La plupart du temps, il laisse agir le temps car livraie semée pousse toute seule parmi le bon grain. Lui a un projet.
Il serait abusif et peu sain de vouloir dévoiler partout lintervention du démon. Souvent, il se confond avec des lois psychologiques et sociologiques. Lessentiel est de connaître son projet ultime[133]. Il désire que lhumanité entière se révolte contre Dieu et maintienne sa révolte avec fermeté au moment de lapparition glorieuse du Christ. Devant lunanimité de la révolte, il espère que Dieu se repentira de son projet, reviendra sur sa volonté de ne donner la vision de son être quaux humbles. Mais le démon ne peut rien faire sans la permission de Dieu.
Regardons comment, historiquement, lapostasie* sest étendue sur lOccident en trois phases successives.
(Chose certaine car déjà réalisée)
« Par suite de liniquité croissante, lamour se refroidira chez le grand nombre[134]. »
La préparation lointaine de lapostasie* commence donc avec les péchés des membres de lÉglise. Elle est présente dès le début. Autant lamour et lhumilité donnent envie aux non-croyants dentendre le message qui rend le regard lumineux, autant le péché rend laid le visage du christianisme. Il faut croire que durant le temps des persécutions lamour transparaissait davantage que légoïsme puisque lÉglise ne cessa de croître. Voyez comme ils saiment, disaient les païens. LÉglise est indestructible quand le lien qui fait tout son trésor est puissant. Il sagit de la charité qui unit à Dieu et aux frères. Lorsque cette charité nest plus vécue, (en général parce que les prêtres qui enseignent au peuple de Dieu sa volonté mettent autre chose quelle au centre de leur vie et de leur prédication), le danger est proche.
Curieusement, tant que lÉglise est minoritaire et en croissance, les générations suivantes semblent ne pas trop lui tenir rigueur pour ses imperfections. Mais lorsquelle atteint la totalité du pouvoir politique, rien ne lui est passé par les générations suivantes. Sans doute mûrit-elle le jugement des peuples et, en les libérant, elle les rend capable de critique. Le clergé en particulier, à cause de quelques membres indignes, peut accumuler pour le futur une dette de mépris. Rappelons que si lÉglise dOrient fut détruite en quelques années et remplacée par lislam*, cest que les peuples crurent voir plus de simplicité et de sens de Dieu dans cette nouvelle religion. Mais la majorité du clergé servait-il dabord Dieu ou dabord lEmpire ?
Dans lÉglise dOccident, le péché qui semble à lorigine de tout est du même ordre, celui dune relativisation de la charité. Concrètement, cette décadence commence alors que lÉglise entre dans une ère de gloire. A partir du XIIème siècle, elle règne en maître. Seule la communauté juive a été dispersée dans son sein pour lui rappeler quelle na pas le pouvoir jusquaux recoins de lhumanité. Insensiblement, les chrétiens de cette époque se persuadent de leur perfection et sainteté. Ils senorgueillissent et étalent leur puissance. Alors que la ferveur de la foi construit les cathédrales, en même temps, elle réduit les Juifs en esclavage[135]. Cest un signe mauvais. Il révèle un recoin sombre au cur de la chrétienté.
On constate les plus violents effets extérieurs de cet orgueil trois siècles plus tard quand le clergé catholique perd une partie de sa puissance. Luther et la réforme produisent un schisme. Une partie des nations* chrétiennes le suivent. Alors certains membres des deux Églises sont pris pour un siècle de folie fanatique. Au cours des guerres de religions, qui sont des luttes farouches et sans pitié allant jusquau bûcher, ils tentent mutuellement dimposer la Vraie Doctrine. Ce péché, commun aux réformés et aux catholiques reste jusquà aujourdhui une dette qui, malgré les actes de repentir du pape Jean-Paul II, na pas fini dêtre payée.
La racine de ce mal était donc bien antérieure à ces guerres. Elle était née de lépoque du succès, de la négligence pour lamour de Dieu et du prochain. La foi sans la charité conduit au fanatisme. Que na-t-on pas imité saint François de Sales et sa douceur envers tous!
Toujours est-il que ces excès, obstinément maintenus par les chrétiens pendant ces siècles, pesèrent comme un joug sur lOccident. Voltaire en a fait, par ses dénonciations cinglantes, souvent caricaturales (car oublieuses de toute la sainteté, des milliers dâmes simples et dévouées au bien), une arme terrible contre lÉglise jusquà la fin du monde. Jusquà aujourdhui, les sectaires de lantichristianisme nont que trois concepts pour décrire la totalité de son histoire : guerres de religion, inquisition, Galilée.
Laffaire Galilée est lun des étendards les plus agités[136]. Il est vrai que lun des plus grands péchés du personnel de lÉglise de jadis fut la tyrannie sur les intelligences. Par peur de lhérésie, on empêcha les hommes de penser. On soupçonna son frère dès que sa parole sembla un peu différente. Un tel carcan posé sur les intelligences se devait dexploser. Tout excès finit par être rejeté et Voltaire fut reçu comme un libérateur. Dans la même période, dautres penseurs se levèrent, ne trouvant plus dans leur Église rigidifiée par la peur, un lieu pour sépanouir. On rêva dune société plus libre où Dieu serait adoré sans contraintes, sans dogmes imposés mais comme un Père (Rousseau) et un grand horloger de lunivers (Voltaire encore). Pour quapparaissent de telles idées, cest que déjà lÉvangile et sa liberté nétaient plus beaucoup compris. Les idées des Lumières, somme toutes innocentes, auraient pu sévaporer devant le vrai visage de Jésus.
Malheureusement, lÉglise fut atteinte par bien dautres maladies, durables et sans cesse réapparues. Il faut citer en particulier ici le pharisaïsme: «Si tu veux être sauvé, si tu veux communier à la messe et être sauvé, sois parfait ». On entendait par là une parfaite obéissance à Dieu et à son Église à travers un comportement vertueux. Tout cela semble très bon et même très chrétien. Cest pourtant une terrible erreur et dautant plus dangereuse quelle ressemble à la vérité. En effet, la vertu morale et lobéissance nont de raison que lhumilité et la charité. Cest une simple question dordre dans limportance des vertus mais tout en est bouleversé. Innombrables sont les chrétiens parfaits qui doivent se purifier longuement au purgatoire après leur mort tant leur âme est malade. Le jansénisme ne reçut le coup qui devait définitivement le mettre à mort quen 1900, grâce à une toute jeune fille, qui chantait au Seigneur dans son Carmel de Lisieux[137]: «Moi si javais commis tous les crimes possibles, je garderais encore la même confiance, car je sais bien que tout cela nest quune goutte deau dans un brasier ardent ». Le mal était malheureusement durable et profond au point que, jusquà aujourdhui, lÉglise est considérée non comme une Vierge au cur denfant (ce quelle est réellement en raison de lEsprit qui la rend sainte) mais comme une femme rigide et moralisatrice.
Saint Paul exprime ce fait dans sa deuxième lettre aux Thessaloniciens[138]:
«Vous savez ce qui retient aujourdhui lapostasie* et lHomme impie, de façon quil ne se révèle quà son moment. Dès maintenant oui, le mystère de limpiété est à luvre. Mais que seulement celui qui le retient soit dabord écarté. Alors limpie se révélera ».
De quoi parle saint Paul ? Quelle est cette réalité qui « retient lapparition de lapostasie et de lHomme impie ? » C'est, répond saint Thomas DAquin[139], l'union et la soumission à l'Église Romaine, siège et centre de la foi catholique. Tant que la société demeurera fidèle et soumise à l'empire spirituel romain, transformation de l'ancien empire temporel romain, l'Antéchrist ne pourra point paraître. Telle est la barrière, tel est l'obstacle à lAntéchrist politique ici-bas, sur terre.
Précisons sa pensée. Au Ciel, lobstacle qui empêche la deuxième étape de lapostasie, la prédication dun nouvel Évangile capable de séduire le monde entier, est le Christ. Cest lui qui retient là-haut les démons ou les laisse agir. Rien ne se fait sans sa permission[140]. Lorsque, selon lApocalypse 13, 7, un mauvais esprit est libéré de lenfer pour un temps, le christ ne vise quune chose : la formation dune génération à lhumilité, par là même où elle pèche. Le démon, quant à lui, vise la perdition des hommes et ne se réjouit pas que Dieu sache transformer en bien son action criminelle.
Mais au plan terrestre, cette réalité qui « retient » nest autre que toute communauté religieuse ou tout homme qui « qui porte le nom de Dieu »[141]. Mais, par dessus tout, à côté de cet obstacle, il y aussi un gardien, chargé de veiller, chargé de le maintenir ; et ce Gardien, c'est le Pape, Vicaire de Jésus-Christ. Tant que le Gardien sera reconnu, respecté, obéi, l'obstacle subsistera, la société demeurera fidèle à l'empire spirituel romain et à la fois catholique. Mais si ce Gardien, le Pape, vient à être méconnu, mis de côté, rejeté, l'obstacle disparaissant bientôt avec lui, l'Antéchrist sera libre de paraître[142].
Pour expliquer la réalité de ce rôle protecteur de lEglise, il suffit dêtre très concret et dobserver les réalités politiques. A chaque époque, les peuples ont une envie terrible de suivre le courant dominant de lidéologie à la mode. Les adultes de 1550 avaient en majorité envie de tuer ou de convertir les hérétiques car le « démon » de lair du temps, libéré de lenfer, était le culte idolâtrique de la puissance dune société unifiée autour dune religion. Il sagissait dun démon de lorgueil politique. Aujourdhui, ce démon a été attaché en enfer et un autre la remplacé : le goût du plaisir, poussé jusquaux pires actes dirresponsabilité. Cest un démon dégoïsme.
Qui a pu, historiquement, mettre un certain frein aux conséquences de ces idéologies dominantes sinon une parole, toujours méprisée mais terriblement insécurisante pour les serviteurs du mal ? Au temps des guerres de religion, les papes furent souvent au-dessous de tout. Alors Dieu suscitait des saints qui dévoilaient aux violents létat de leur âme (François de Sales, Pierre Canisius etc.). De nos jours, pourquoi la voix du vieux pape Jean-Paul II fut-elle haïe, surtout quand il parlait de la fidélité conjugale et de respect de lenfant à naître ? Navait-elle pas le pouvoir terrible de brûler les âmes à lendroit exact du péché ? On peut dire que, dans les années-luxure, cet homme eut un grand pouvoir pour retenir certains excès de lHomme impie. Mais il ne fut pas seul. Il y eut aussi lÉglise orthodoxe, certains fidèles et pasteurs protestants de sensibilité spirituelle, les nations musulmanes et, partout, des hommes de bonne volonté.
Ainsi, au cours de lhistoire, toute voix qui rappelle quil y aura un jugement où chacun sera pesé selon la droiture du cur, porte le nom de Dieu. Au sommet de tout, il convient de mettre lÉglise en tant quelle est sainte, cest-à-dire en tant quelle rappelle la primauté des deux commandements de lamour (Dieu et le prochain) et leur fondement spirituel, lhumilité. Quand ses fidèles et ses autorités sont ce quils doivent être, lÉglise est le plus puissant des obstacles mondiaux à lapparition de lantichristianisme car cest elle qui possède la plus profonde révélation sur la nature exacte du bien pour lequel lâme humaine a été créée. Mais dautres religions sen approchent et constituent, dans leur partie lumineuse, un objet de la haine de Satan. Lislam réalise ce travail par la présence de fidèles qui gardent dans leur pratique lordre voulu par leur Prophète, à savoir 1- la prière soumise à Dieu, 2- la miséricorde envers le prochain et 3- lhumilité. Il en est de même, affirme le Concile Vatican II, pour toute tradition religieuse dans la mesure où ses membres cherchent dans les ombres et sous des images un Dieu quils ignorent. « En effet, tout ce qui, chez eux, peut se trouver de bon et de vrai, lEglise le considère comme une préparation évangélique et comme un don de Celui qui illumine tout homme pour que, finalement, il reçoive la vie.[143] »
Voilà ce que saint Paul entend quand il parle dun obstacle qui retient le mystère de liniquité. Tant quil subsistera de manière visible dans le monde de la politique ou des médias une voix crédible capable de dénoncer au nom du vrai Dieu lidéologie dominante du temps, rien de ce que rêve Satan ne pourra se faire de manière totale. Cest pourquoi, dans cette première étape de son travail de sape, Satan vise à discréditer toute parole qui porte le nom de Dieu et, par-dessus tout, celle de lÉglise catholique. Voilà pourquoi, sans cesse, les péchés, les compromissions des chrétiens du passé sont rappelés, grossis par les ennemis de lhumilité et de lamour. LÉglise doit en ressortir défigurée, caricaturée sous cet unique point de vue. Le jour où elle ne pourra plus parler sans être grotesque, 80% du travail aura été fait. Mais, je le montrerai, 100% du travail sera accompli lorsque toute parole venant de Dieu aura été empêchée. En effet, même haïes publiquement et combattues, ces voix gardent un pouvoir puissant sur la conscience humaine. Les médias actuels ont beau déformer les paroles de Jean-Paul II, ce qui parvient de lumière aux braves gens suffit à jeter le doute. Le cur de lhomme a été fait pour Dieu. Il porte la marque profonde de tout ce qui est humble et amour. Cest le visage du Christ et de son Évangile.
Après la faute des guerres de religions, lÉvangile et ce qui le porte, le christianisme, furent en partie discrédités. Un vide fut alors ouvert dans les élites des nations occidentales, un vide portant sur le sens ultime de la vie, sur lespoir dun bonheur à venir. La nature humaine a horreur de ce genre de vide. Ainsi, une place put être comblée par une nouvelle espérance. Cest lobjet de cette deuxième étape. Nous verrons que Satan, qui est caché sous cette histoire, sest joué du cur de lhomme quil connaît bien. Il la fait en plusieurs générations, jusquà nos jours, et son travail nest pas terminé. Historiquement, il a dabord fait miroiter à lhumanité ce quil sait être sa plus profonde aspiration (après, bien sûr, sa soif du vrai Dieu damour et dhumilité) : la liberté. Ce fut lépoque des lumières et des quelques années-lumières de la Révolution française. Mais tout cela na duré que le temps dun rêve. Cest pourquoi, dans un second temps, lesprit mauvais a ballotté les générations humaines despoir en espoir à travers le culte successif des sept péchés capitaux (à partir de 1830).
Lorsquelles apparurent, les idées des Lumières furent ressenties par les élites bourgeoises comme un nouvel Évangile, cest-à-dire une bonne nouvelle annonçant un bonheur futur et possible. On y parle de lhomme et de sa dignité dont lorigine na pas de rapport avec le dogme. On y annonce la possibilité dun monde équilibré et heureux, quoique séparé de lobscurantisme ancien. Ces idées avaient été déjà largement inventées par les philosophes grecs de lAntiquité. Elles ne trouvèrent aucune prise dans les hommes du Moyen-Age parce quils trouvaient leur dignité et liberté dans le vrai Évangile damour. Après le siècle des guerres de religion, le message du Christ navait plus ce pouvoir. Voilà pourquoi linfluence des philosophes fut réelle. Leurs idées aboutirent à la fin du monde ancien.
La Révolution française fut leur première conséquence dans le monde concret. Elle fut la première tentative pour établir un monde sans christianisme. Elle ne fut pas une révolution athée ou dirigée directement contre Dieu (voir les étapes suivantes) mais plutôt contre lÉglise et ses dogmes imposés. Ce qui était reproché à lÉglise, cétait de prêcher un Dieu comme on prêche une prison, où les mots dobéissance et de soumission devenaient obsessionnels. La Révolution voulut donner au peuple le Dieu unique, libéré du dogme liberticide, car découvert par les forces naturelles de la pensée. Robespierre tenta dinstaurer un culte de liberté à lÊtre suprême. Le 20 Prairial an II, il prononça le discours suivant: LÊtre suprême a créé lunivers pour publier sa puissance. Il a créé les hommes pour saider et saimer mutuellement, et pour arriver au bonheur par la route de la vertu. Lauteur de la nature avait lié tous les mortels par une chaîne immense damour et de félicité. Périssent les tyrans qui ont osé la briser ». Lune de ses premières actions fut de supprimer les vux de religion. Il prêcha bien un autre Évangile, déiste et ouvert au bien de lhomme. Le culte de Dieu à travers la nature fut lidée dun Robespierre convaincu de bien agir pour le bonheur du peuple.
Mais, dans un regard de sagesse chrétienne, on peut dire que cet homme fut aussi un instrument vite dépassé par Satan qui dirigeait patiemment et intelligemment la lutte contre lÉvangile de Jésus. Ainsi, celui qui avait supprimé la peine de mort fit-il faire voter, au nom de la liberté, les années-terreur.
« L'ange me dit : Les sept têtes sont sept montagnes sur lesquelles la femme est assise : ce sont aussi sept rois (ou sept empires), dont cinq sont tombés ; l'un existe encore, et l'autre n'est pas encore venu ; et, quand il sera venu, il faut qu'il demeure peu.[144] »
Pour Satan, les hommes et les idéologies ne sont que des instruments et il nhésite pas à susciter des systèmes contradictoires entre eux du moment quils séloignent de plus en plus du christianisme humble et charitable. Tous les anti-christianismes lui servent, depuis le puritanisme qui en durcissant les chrétiens, rend laid le visage de lÉglise, jusquau capitalisme libéral dont il ne fut même pas à lorigine, la convoitise des hommes daffaire suffisant à lexpliquer. La Révolution française est une étape importante. « Peu importe léchec de Robespierre, pensaient les jeunes générations qui naquirent après laventure napoléonienne. Il revient aux générations suivantes de réussir son idéal. »
Alors les élites intellectuelles se mirent à repenser le nouveau monde libéré de lobscurantisme. Il fallait un but concret à lhumanité, apte à lui donner le bonheur. La première trouvaille fut la gloire militaire (épopée napoléonienne), puis juste après sa chute, la première dune longue série didoles, largent.
Lhumanité sest alors donnée successivement, lune après lautre, aux plus stupides tentatives visant à établir le bonheur sur terre. Chaque génération, portée par ses élites les plus remuantes, sest sacrifiée corps et âme à son idole dominante, allant jusquà persécuter toute personnes qui osait parler de ses excès. A partir de 1830, vont être adorés, jusquà la folie, six des sept péchés capitaux : largent (1830-1870), lorgueil national (1870-1918), lenvie (1917-1989), la colère nationale (1918-1945), la gourmandise (1945-1968), la luxure (1968-)[145]. Il manque au moment où jécris la paresse pour que la liste soit complète.
Nous allons montrer à quel point cette histoire fut horrible. Elle surclassa en nombre de victimes tout ce quon peut imaginer. Cest dailleurs vers cette époque (1830) que la Vierge Marie se mit à apparaître en un cycle qui semble ne pas être achevé. A Paris, rue du Bac[146], une petite religieuse qui devint par la suite sainte Catherine Labouré reçut la révélation pour les chrétiens dune médaille. La Vierge promit de protéger celui qui la porterait avec foi. Sur son recto, une femme y était représentée, sur son verso, douze étoiles Ce jour-là se réalisa matériellement une prophétie donnée au chapitre 12 de lApocalypse:
«Un signe grandiose apparut au ciel: une Femme! le soleil lenveloppe, la lune est sous ses pieds et douze étoiles couronnent sa tête. Elle est enceinte et crie dans les douleurs et le travail de lenfantement. Puis un second signe apparut au ciel: un énorme Dragon rouge-feu, à sept têtes et dix cornes, chaque tête surmontée dun diadème».
Lhumanité et lÉglise, symbolisées par la femme, entraient en effet dans une ère unique de folie, celle dune série de « philosophies » toutes plus primaires les unes que les autres et qui allaient conduire les intellectuels déboussolés à tuer des centaines de millions de leurs frères. Je montrerai comment, malgré la splendide dignité des papes, à cause de la compromission dune partie des chrétiens, lÉglise en est sortie encore davantage discréditée.
Pour cela, rappelons en quelques traits cette triste énumération. Elle peut être décrite à travers trois dieux sanguinaires, trois Molochs, largent la gloire et les plaisirs.
1- Le premier Moloch fut largent et ses deux serviteurs, lavarice et lenvie. Vers 1830, le monde occidental entrait dans la révolution industrielle. Aussitôt, il parut évident dans les délibérations des loges humanistes, plutôt composées dhommes influents et dentrepreneurs, que la richesse était le secret du bonheur. « Ne peut-on pas, avec de largent, supprimer toute misère matérielle sur terre ? » Lidée se répandit donc en Europe que la liberté de créer des industries, puisquelle enrichirait les capitalistes, finirait par enrichir le peuple. Il y a une certaine vérité dans cette conception. Mais là où tout devint fou, cest que cette vérité devint lunique dogme, la résumé de toute sagesse. On se donna corps et âme à elle, sans aucune limite, jusquà linimaginable. Le libéralisme pur était né. Il est aujourdhui totalement mort en Occident. Il est modéré comme il se doit par des lois sociales. De fait, cest lavarice qui portait cette pensée. La logique des lois du marché que rien ne vient tempérer provoqua une misère incroyable dans le monde ouvrier transformé en horde desclaves. Malheureusement, beaucoup parmi les membres du clergé bénirent cette nouvelle philosophie. On la canonisa même en disant aux ouvriers: «Vous souffrez maintenant mais vous serez heureux dans lau-delà ». Cette première compromission ne sera pas la dernière. A chaque fois, nous le verrons, sans doute par ce « quil convient de sincarner dans son époque », certains pasteurs de terrain renonceront à être prophète. Leur erreur sexplique-t-elle par une peur de se mettre à dos les puissants de ce monde, donc dêtre persécutés ? Pourtant, Jésus avait prévenu[147]: « Heureux êtes-vous, quand les hommes vous haïront, quand ils vous frapperont dexclusion et quils insulteront et proscriront votre nom comme infâme, à cause du Fils de lhomme. Réjouissez-vous ce jour-là et tressaillez dallégresse, car voici que votre récompense sera grande dans le ciel. Cest de cette manière, en effet, que leurs pères traitaient les prophètes. Malheur, lorsque tous les hommes diront du bien de vous! Cest de cette manière, en effet, que leurs pères traitaient les faux prophètes. »
Karl Marx réagit violemment à cette injustice en proclamant la haine obligatoire du patron. Il fit de lenvie un devoir révolutionnaire, pour combattre et éliminer cette race dexploiteurs. Il dénonça la religion comme complice, opium du peuple. Il prêcha la révolution violente et fit miroiter un futur paradis sur terre dans légalité des revenus. Après la seconde guerre mondiale, le marxisme devint une mode. Les intellectuels, la jeunesse estudiantine, beaucoup dévêques adhérèrent. « Comment peut-il sortir du mal dun projet généreux et combatif de justice sociale, dégalité et de partage? ». Le plus grand cerveau quait connu lhumanité sappelait Staline, puis Mao.
Heureusement, à partir de cette époque, les papes sauveront tous lhonneur. Quelques voix individuelles commencèrent à sentir la monstruosité de ces deux pensées. Mais elles furent souvent dénoncées comme archaïques et Moyenâgeuses. Lexemple des divers papes qui se succédèrent à Rome est significatif. Dès 1880, le Pape Léon XIII proclama linjustice du capitalisme pur et le danger mortel que représentait la réaction marxiste. Il accepta lénergie du capitalisme, à condition quelle soit tempérée par deux contre-forces. Il demanda la création de syndicats ouvriers. Il demanda aux États de tempérer par des lois les abus du marché. Son encyclique « Rerum Novarum » enthousiasma une partie du clergé. Mais les milieux catholiques bourgeois parlèrent dun Pape rouge. « Il nest pas moderne. Il ne comprend rien à léconomie. Quil soccupe de religion et non de politique ». A sa suite, lun de ses successeurs, Pie XII, montra que, malgré son apparence généreuse, le communisme est « intrinsèquement pervers et criminel ». Une partie du clergé le traita de pape fascisant. Cette accusation est restée collée à sa mémoire.
On ne connaît pas le nombre des millions de morts quusa lesclavage capitaliste (sans doute plus de cent millions). En ce début de XXIème siècle, on sait que le communisme fit cent millions de morts. On ne peut pas penser la somme des souffrances dont elles ont été la cause. Pourtant, chacune de ces deux pensées, fut présentée à leur époque comme ce que lhomme avait fait de plus beau et de plus moderne. Ceux qui affirmèrent cela du stalinisme, du Maoïsme sont encore vivants. Ils sont souvent âgés mais mourront sans lucidité: «Ce nest pas le marxisme qui a tué. Cétait une idée généreuse. Ce sont les dirigeant marxistes qui étaient mauvais ». Pour le tribunal de lhistoire, ces deux pensées apparaissent dans leur monstruosité. Elles nont rien de moderne. Elles sentent la mort comme les deux « péchés capitaux » qui les portèrent, avarice et envie.
Ces deux idéologies, fondées sur la divinisation de la richesse matérielle, furent le premier Moloch imaginé pour remplacer le sens religieux du monde. Le Ciel est intervenu pour annoncer les crimes marxistes. Le deuxième secret de Fatima*[148], révélé par la Vierge Marie au Portugal en 1917, annonce cette période et donne le sens profond de la guerre froide (1945-1989). La recette que propose la Vierge à lhumanité pour sauver le monde semble sans rapport avec lénormité des crimes commis. Elle demande simplement une consécration
Pour empêcher cette guerre, je viendrais demander la consécration de la Russie à mon cur immaculé et la communion expiatrice tous les premiers samedis du mois. Si ma demande est exaucée, la Russie se convertira et il y aura la paix. Sinon, elle diffusera dans le monde ses erreurs, provoquant des guerres et entraînant la persécution contre lÉglise. Les bons seront martyrisés, le Saint-Père souffrira beaucoup et plusieurs nations seront anéanties. A la fin, mon cur immaculé triomphera. Le Saint-Père me consacrera la Russie qui se convertira et une période de paix sera accordée au monde. Le Portugal conservera toujours le dogme de la foi. »
b) Le deuxième Moloch est le culte de la patrie et ses deux serviteurs, orgueil et colère.
Le premier secret de Fatima*, révélés par la Vierge Marie au Portugal en 1917, annonce la seconde guerre mondiale. La Vierge dit aux enfants:
« Vous avez vu lenfer, où vont les âmes des pauvres pécheurs. Pour les sauver, Dieu veut instaurer dans le monde la dévotion à mon cur Immaculé. Si elles font comme je vous dis, beaucoup dâmes seront sauvées et la paix règnera. La guerre prendra fin[149]. Mais si lon ne cesse pas doffenser Dieu, une autre, bien pire, se déclenchera sous le règne de Pie XI. Lorsque vous verrez une nuit éclairée dune lumière inconnue, sachez que cest le signe suprême que Dieu vous donnera pour vous faire savoir quil va punir le monde pour les crimes quil a commis[150]. Cette punition sera la guerre, la faim et la persécution contre lÉglise et le Saint-Père. »
Dès les années 1870, les loges humanistes changèrent dorientation. On prit conscience que le peuple a besoin dun idéal supérieur à largent, apte à rivaliser avec les religions pour le tenir dans la vertu. Ce nouveau dieu sappellera Patrie. A cette époque, les livres des écoles catholiques comme des écoles libres exaltent lamour du pays. En France, lAllemagne est stigmatisée (perte de lAlsace-Lorraine). En Allemagne, on chante déjà « Deutschland über Alles ». La première guerre mondiale éclate dans ce climat dhéroïsme. Peu de jeunes contestèrent le sens du devoir, du sacrifice de soi et de lhonneur que permet cette guerre. Ils partirent avec lorgueil de la patrie sur le front. La boue des tranchées, les morts par millions briseront une première fois cet élan. En 1914, une seule voix discordante osa sélever. Jean Jaurès nacheva pas sa prophétie de mort. Il fut assassiné. En 1917, le pape Benoît XV se fit à son tour prophète, dès le début du conflit. Quand lempereur François-Joseph lui demanda de bénir ses armées, il répondit : « Je bénis la paix ! » En août 1914, il se déclare « frappé dhorreur devant le spectacle de cette guerre où ruisselle le sang chrétien Qui dirait que ces peuples descendent des mêmes ancêtres et font partie de la même société humaine ? Qui les imaginerait frères, fils dun Père unique qui est aux cieux ? ». Tout au long du conflit, il parle de « lhorrible boucherie ». il répète, suscitant lirritation de la majorité (donc aussi des catholiques) : « LEurope se suicide , lEurope se déshonore » Après son initiative de paix négociée du 1er août 1917 (aujourdhui, les principes énoncés sont ceux de lO.N.U.), il est violemment critiqué par les deux partis. Monseigneur Tissier, évêque de Châlons-sur-Marne, se fait porte-parole de la majorité : « Le triomphe coûtera encore bien du sang, mais chaque goutte qui tombe lave davantage la France, chaque flot qui coule la pousse vers Dieu ». A Cologne, le cardinal von Hartmann va dans le même sens : « Dieu a été, il est avec nos héroïques soldats Cest avec Dieu quils sont partis pour la guerre. » En chaire de Notre Dame de Paris, le père dominicain Sertilanges répondit: « Très Saint-Père, nous ne pouvons pas pour linstant retenir vos paroles de paix. Nos ennemis sont demeurés puissants. Vos reproches les on fait renoncer aux principes anti-chrétiens qui les guidaient. Nous les vaincrons. » Il nétait pas moderne à cette époque daffirmer que la patrie ne vaut pas le massacre dune génération. Cest moderne de nos jours. Le pape Benoît XV mourut incompris. Il sauva lhonneur de lÉglise. Il nest pourtant toujours pas reconnu pour cela.
Avec la deuxième guerre mondiale, cest la colère qui entraîna les peuples germaniques humiliés. Hitler vociféra vengeance. Comment était-on moderne en 1941? La Wehrmacht et son matériel flambant neuf, la jeunesse sportive de ses soldats représentaient la modernité.
Le culte divinisé des patries, ce faux Dieu, a réussi à faire 70 millions de morts en deux guerres mondiales. A cette époque de grande confusion, il fallait être doté dun fort jugement pour discerner le bien du mal. Face au nazisme, lattitude des fidèles chrétiens fut en majorité faite dexpectative méfiante et de résistance discrète mais efficace. On ne fit pas exploser des trains. On cacha des enfants juifs poursuivis. Le Magistère de Rome donna dès 1938 tout ce quil faut pour discerner. Pie XI publia la seule encyclique en langue allemande « mit brennender Sorge ». Rédigée par son successeur, le futur Pie XII, elle y dénonce le Nazisme, les persécutions des chrétiens résistants, leur déportation en camp de concentration. Ailleurs, lantisémitisme est de nouveau condamné puisque tous les chrétiens sont « spirituellement des Juifs ». En même temps, il publia une autre encyclique contre le communisme. Ces deux idéologies y apparaissent comme ce quelles sont, deux monstres prêts à dévorer les hommes. Lattitude des clergés catholiques, protestants et orthodoxes fut en général faite de dignité et daide très concrète aux persécutés. Des milliers darbres des justes poussent dans le mémorial de Yad Vachem à Jérusalem. Golda Meir, Premier Ministre israélienne en 1948, remercia le pape : « De toutes les institutions européennes durant la seconde guerre mondiale, une seule sauva efficacement les Juifs : lÉglise catholique ». La personne de Pie XII en particulier et le clergé catholique dans son ensemble fut remercié. En France, les petites familles catholiques ou protestantes arrivèrent par leur action discrète à sauver 80% des enfants juifs. Pourtant, à lépoque où jécris, la pensée dominante a réécris lhistoire en identifiant laction des chrétiens à celle de lÉtat français de Vichy. LÉglise, paraît-il, aurait livré en masse les Juifs aux Nazis: « Que seulement celui qui le retient soit dabord écarté. Alors limpie se révélera » [151].
c) Le troisième Moloch, les plaisirs et ses trois serviteurs, gourmandise, luxure et paresse. Après la seconde guerre mondiale, le monde prit conscience de la monstruosité de la pensée qui venait de sécrouler avec la découverte dAuschwitz. Nul ne pouvait imaginer jusquoù était allée lhorreur. Les loges humanistes cherchèrent une nouvelle finalité capable daboutir au monde parfait rêvé. Unanimement, les peuples sortis de la guerre la trouvèrent dans une valeur cette fois apparemment infaillible: «le bonheur se trouve dans la prospérité retrouvée, par le fruit de son travail et la consommation ». Peut-il sortir du mal dun tel bonheur librement recherché ? La génération qui eut vingt ans en 1945 raisonna de la manière suivante: «Nous avons manqué de tout. Nous nimposerons pas cela à nos enfants ». Lalpha et lOméga de léducation devint souvent : « Que mes enfants ne manquent de rien. » Cette génération inventa la société de consommation. Elle se délecta dans la gourmandise enfin retrouvée. La croissance économique était là. Lidéologie de la société de consommation anesthésia toute résistance spirituelle. Elle plongea une génération et leurs enfants dans un culte de la matière dont il est très difficile de se désengluer. Les premiers suicides de jeunes, « parce que la vie na pas de sens » apparaissent après cette époque.
Leurs enfants eurent 20 ans en 1968. Cétait une génération qui avait été matériellement gâtée, tout en étant maintenue dans une discipline éducative. Elle avait fréquenté par habitude culturelle les leçons de catéchisme où elle avait reçu des restes moraux du christianisme. Après les traumatismes des deux guerres mondiales dont elle portait la conscience médiatisée, dans une réaction adolescente, une minorité remuante de la jeunesse sempara en mai 68 dun nouvel idéal de bonheur avec fougue. Cette minorité entraîna la majorité et créa pour quarante ans une nouvelle pensée dominante. Elle exalta sans nuance des valeurs opposées à celles qui provoquèrent les deux guerres, liberté au lieu « dObéissance », plaisirs au lieu de « sacrifice », droits au lieu de « Devoir », individu et mondialisme au lieu de « Patrie », sexe au lieu de mariage etc. Des slogans devinrent sagesse: «Il est interdit dinterdire », « Jouir sans entraves ». La religion chrétienne fut rejetée avec tout le fatras dune éducation bourgeoise et aliénante. Le comportement du pape Pie XII pendant la guerre fut réinterprété. On sinterrogea sur son silence. On compta comme négligeable ses actions concrètes pour le salut des Juifs. Partout, on entendait : « Si javais été le pape, je serais sorti du Vatican en portant létoile jaune. Jaurais fait un discours solennel. Les Nazis auraient eu peur de se mettre à dos des millions de catholiques. Pie XII se fit nazi par haine du communisme. »
Six péchés capitaux ont été successivement adorés de 1830 à aujourdhui. Celui qui est contemporain sappelle la luxure[152]. Il ne sagit pas dune luxure au sens exclusivement sexuel, même si elle obsède la génération-préservatif. Il sagit plutôt de cette luxure symbolique qui consiste à tout sacrifier à son bonheur individuel. « Il ny a pas de troisième Moloch », affirme-ton avec satisfaction en ce début de XXIème siècle. Et si ce troisième Moloch sappelait jouissance ? Au nom de quoi en effet voit-on de nos jours une immense épidémie de destruction de ce qui est le plus sacré, la famille ? Nest-ce pas au nom du bonheur individuel devenu Dieu, au nom de léquilibre de sa vie, de son plan de carrière ou de ses loisirs? Le dernier prophète de la Bible serait très actuel sil criait de nouveau : « Yahvé est témoin entre toi et la femme de ta jeunesse que tu as trahie, bien quelle fût ta compagne et la femme de ton alliance. Respect donc à tes enfants, et la femme de ta jeunesse, ne la trahis point![153]»
Comment juger la génération qui à partir des années 60, fit le prêt à penser ? Jamais on ne vit se lever génération plus contradictoire. Mais le sommet de ses crimes nest pas intellectuel. Il est bien réel, au moins pour celui qui croit en la vie après la mort. Cette génération poussa son culte du bonheur immédiat jusquà sattaquer au plus innocent des êtres, lenfant à naître. Par ses lois sur lavortement, quelle justifia par la recherche de la liberté et du bonheur des femmes, elle prit le risque insensé de parier sur la non-existence de lâme humaine, envoyant à la mort plus de cent millions dinnocents. Faut-il citer pour elle ce passage peu connu de Jésus de Nazareth: « Cette génération est mauvaise. Elle proclame :Si nous avions vécu à la place de nos pères, jamais nous naurions tué les résistants. Et elle leur construit des magnifiques tombeaux. Génération pervertie ! En agissant ainsi, elle se condamne elle-même. Elle dépasse la mesure de ses pères. »
Cet antichristianisme de la luxure disparaîtra comme les autres. A lheure où jécris, des voix sélèvent pour remettre en question sa folie et ses excès. On ne peut affirmer plus de 50 ans de suite sans finir par être critiqué que le summum de la libération de la femme, cest son choix davorter. Limage qui restera de la société du XXème siècle finissant est sans doute le préservatif géant et rose dressé sur lobélisque de la place de la concorde à Paris... Pour les Égyptiens anciens, un obélisque était un rayon pétrifié de la Lumière divine ! Par ses excès, lidéologie grossière de la luxure est dans la lignée des autres et, comme les autres, elle durera un temps avant de révéler sa perversité.
En 1846, à la Salette[154], Mélanie reçut de la Vierge un étrange secret quelle ne révéla que bien plus tard au pape Pie IX. Le 19 septembre 1846, la Vierge lui dit, et cest le début de son secret:
« Mélanie, ce que je vais vous dire maintenant ne sera pas toujours secret. Vous pourrez le publier en 1858.
Les prêtres, ministres de mon Fils, les prêtres par leur mauvaise vie, par leurs irrévérences et leur impiété à célébrer les saints mystères, par lamour de largent, lamour des honneurs et des plaisirs, les prêtres sont devenus des cloaques dimpureté. Oui, les prêtres demandent vengeance et la vengeance est suspendue sur leur tête. Malheur aux prêtres, et aux personnes consacrées à Dieu, lesquelles par leurs infidélités et leur mauvaise vie, crucifient de nouveau mon Fils. Les péchés des personnes consacrées à Dieu crient vers le ciel et appellent la vengeance, et voilà que la vengeance est à leurs portes, car il ne se trouve plus personne pour implorer miséricorde et pardon pour le peuple. Il ny a plus dâmes généreuses, il ny a plus personne digne doffrir la Victime sans tâche à lEternel en faveur du monde. Dieu va frapper dune manière sans exemple. Dieu va épuiser sa colère, et personne ne pourra se soustraire à tant de maux réunis. Les chefs, conducteurs du peuple de Dieu ont négligé la prière et la pénitence, et le démon a obscurci leurs intelligences. Ils sont devenus ces étoiles errantes que le vieux diable traînera avec sa queue pour les faire périr. Dieu permettra au vieux serpent de mettre les divisions parmi les régnants, dans toutes les sociétés et dans toutes les familles. »
Ce secret fut longtemps déclaré suspect et rejeté à cause de la dureté des prophéties quil contient. Il est vrai quen 1850, la majorité du clergé était de bonne qualité. Pourtant, létude de ces époques jusquà aujourdhui montre un étrange défaut. A lexception du magistère romain, la majorité du clergé semble émoussé. Son jugement évangélique sur le péché dominant de lépoque semble perpétuellement anesthésié. A chaque fois, on constate une complicité intellectuelle avec lidéologie qui de la pensée unique. Au pire, elle est approuvée en chaire, au mieux, un silence pesant règne. Les pasteurs de terrain ont-ils du mal à affronter la réaction scandalisée de la majorité de leurs fidèles, eux-mêmes fils de leur temps ? Est-ce une bonne façon dêtre pasteur selon Jésus[155] : « Car celui qui aura rougi de moi et de mes paroles dans cette génération adultère et pécheresse, le Fils de l'homme aussi rougira de lui, quand il viendra dans la gloire de son Père avec les saints anges. »
Pour comprendre ce fait, sans bien sûr accuser tous les prêtres, il suffit de se pencher sur notre époque. Être prophète, nest-ce pas agir selon cette parole de Jésus[156]: « Heureux êtes-vous quand on vous insultera à cause de moi. Cest bien ainsi quon a persécuté les prophètes, vos devanciers. » Pour être prophète en notre époque, pour mettre en danger son ministère sacerdotal, que faut-il dénoncer ? Un prêtre qui dénonce en chaire le nazisme risque-t-il sa vie ? Ceux qui lont fait en 1942 furent prophètes. Que risque-t-on si lon dénonce aujourdhui en chaire les crimes de Lénine ? En 1970, on risquait de perdre son ministère. Aujourdhui, le grand drame de lOccident est lavortement. Jean-Paul II parle dun génocide[157]. On ne peut pas dire quil existe une complicité active dans le clergé pour encourager lavortement. Le problème se situe ailleurs. Il sagit dun silence. Pour mieux comprendre le scandale évangélique que constitue labsence dune simple explication théologique, sans passion, de ce drame qui concerne Dieu, il peut être utile de se référer aux années 1940 en France. Nul ne pourra trouver une quelconque complicité, dans la hiérarchie catholique, face aux lois de Vichy. Mais, visiblement, sans anachronisme, dans une simple confrontation à lÉvangile, labsence de réaction du clergé face à ces lois jusquen 1942, gêne. Ny a-t-il pas une certaine faute quand celui qui a mission de parler se tait ? Tout cela est-il vraiment justifié par lévocation des règles de paix civile, par un doute sur lefficacité de la parole ?
A partir des années 1960, et dune manière sourde aujourdhui, la révolte sest mise au grand jour contre les mises en gardes des papes successifs. Cest lépoque de la tolérance et de la libération sexuelle (âge de la luxure). On na à la bouche que les mots de liberté, dépanouissement personnel. La contraception artificielle permet pour la première fois de séparer totalement le plaisir sexuel de la fécondité et même de lamour. Le pape Paul VI, seul contre la majorité des catholiques, mit en garde: «Une telle séparation nest pas voulue par Dieu. Attention à cette nouvelle forme dégoïsme. »[158] Ses paroles furent ouvertement brocardées ou simplement relativisées par une majorité du clergé et même des fidèles. A partir de cette époque, la position de Paul VI ou de Jean-Paul II en matière damour et de fidélité conjugale est déformée publiquement, présentée comme odieuse, liberticide et ouvertement rejetée. Des supérieurs de Séminaires renvoient des séminaristes surpris à prier le chapelet. Le prêtre est formé à être un animateur social. Cest aussi lâge du grand espoir marxiste auquel adhèrent beaucoup dévêques de manière plus ou moins explicite. Après le Concile Vatican II, des bataillons de prêtres et de religieux défroquent. On se libère du poids opprimant des vux. Le secret de la Salette prend alors tout son sens. Il suffit de changer 1865 par 1965: « Dans lannée 1865, on verra labomination de la désolation dans les lieux saints. Dans les couvents, les fleurs de lÉglise seront putréfiées et le démon se rendra comme le roi des curs. Que ceux qui sont à la tête des communautés religieuses se tiennent en garde pour les personnes quils doivent recevoir, parce que le démon usera de toute sa malice pour introduire dans les ordres religieux des personnes adonnées au péché, car les désordres et lamour des plaisirs charnels seront répandus par toute la terre. »
Au contraire, les papes successifs furent à la hauteur. Ils parlèrent, sans soucis dêtre politiquement correct. Ils ne cessèrent, à partir de Pie IX, de mettre en garde contre le danger du temps. Ils le faisaient au moment où le danger était là et non cinquante ans plus tard. Ce fait incontestable est la réalisation dun rêve fait vers 1880 par saint Jean Bosco: « Je vis la barque de lÉglise qui était agitée par un ouragan inouï. Elle allait sombrer mais celui qui sagrippait à la robe de saint Pierre était sauvé » A chaque fois, en chaire, bien des prêtres ignorèrent ou relativisèrent ces avis. Capitalisme, marxisme, nationalisme, hédonisme, libération sexuelle ont été tour à tour la philosophie dune partie visible du clergé qui prêche[159]. A chaque fois, la parole de Pierre fit grincer lintelligence de cette majorité. Cinquante ans plus tard, ce qui avait été source de tant de scandale devenait une évidence, sans quune reconnaissance publique soit rendue au prophète. A chaque fois au contraire, le Magistère de Rome et lÉglise tout entière en ressortaient plus critiqués. Au moment où jécris, des voix se font entendre, y compris dans le clergé catholique, pour remplacer linsupportable Magistère de Rome par une assemblée élue. On supporte de moins en moins sa parole à contretemps. Par le remplacement du gouvernement théocratique de lÉglise par une démocratie populaire, on pense pouvoir enfin la moderniser et ladapter à son époque. Il sagit des premiers signes dune nouvelle étape de la lente marche de lapostasie* de la foi chrétienne. « jusquà ce que soit achevé lécrasement de la force du Peuple Saint »[160]
A partir dici, je suis contraint détudier des événements qui ne se sont pas tous encore produits. Un aspect nécessairement hypothétique entre en ligne de compte. Cependant, à la lumière des prophéties déjà citées, sachant quelles se réaliseront avec certitude, à la lumière aussi dune connaissance des lois sociologiques qui prévalent dans les nations, il est possible déviter lerreur. Si le détail des événements futurs ne peut être défini, leurs lignes générales sont plus que probables.
(Chose probable)
Tous, petits et grands, se feront marquer sur la main droite ou sur le front du nom de la bête ou du chiffre de son nom. Cest ici quil faut avoir de la finesse! Que lhomme doué desprit calcule le chiffre de la bête, cest un chiffre dhomme: Son chiffre est 666.[161]
Quel sera létape suivante, à savoir le nouvel Évangile proposé aux peuples pour le XXIème siècle ? Quest-ce qui se profile pour remplacer le culte désuet et grossier des sept péchés capitaux? En regardant les signes de notre temps, essayons den déterminer la nature. Les peuples sont plus cultivés. Ils ont besoin dun sens philosophique à leur vie. Il ne peut sagir des idéologies comme le marxisme ou le nazisme. Il en est de même pour le culte du phallus et des jouissances charnelles. Jai montré que ces antichristianismes sont trop épais et contre nature pour durer. Ils ne résistent pas au temps. La conscience des jeunes de notre époque est déjà plus que dubitative face à cette propension de leurs aînés à tout sacrifier à leur liberté sexuelle[162]. Si lon se réfère aux prophéties, à lapproche de la fin, les derniers antichristianismes seront au contraire des réussites capables de durer et emplies de réelles valeurs aptes « à séduire les élus eux-mêmes ». Il sagit, dirions-nous, dun Évangile, cest-à-dire de la Bonne Nouvelle dune voie vers le bonheur.
LApocalypse décrit la puissance de chaque antichristianisme sous le symbole du chiffre 666[163]. Ce chiffre na cessé depuis des siècles de faire couler de lencre. Des savants se sont attelés à en calculer les propriétés arithmétiques et ils ont fait des découvertes. Cependant, la parole de Dieu est donnée à tous les hommes, même aux simples, de telle façon que son sens néchappe pas complètement à ceux qui la lisent et sen imprègnent. Il est donc impossible que son premier sens appartienne aux savants calculateurs. Il doit exister une signification simple du chiffre 666.
Dans lÉcriture, on voit que certains chiffres sont donnés avec une même signification symbolique. Ainsi, le chiffre 3 signifie la plénitude de la divinité puisque Dieu est en trois personnes. De même, le chiffre 7 signifie la perfection de la création puisque le monde fut achevé le septième jour par le repos de Dieu qui dit que tout était très bon [164]. Cest de cette manière quil faut regarder le chiffre de la bête. Plusieurs interprétations peuvent être données qui se rejoignent en une seule. Dieu affirme sans cesse à lhomme quil lui a donné six jours pour travailler Pendant six jours, tu travailleras et tu feras ton ouvrage. Mais le septième jour est un sabbat pour Yahvé ton Dieu[165]. Ainsi, si lhomme oublie le septième jour qui est consacré à Dieu, il se marque lui-même du chiffre 6 qui signifie quil vit sans Dieu. Il existe bien dautres textes bibliques qui confirment cette interprétation. Dans la Loi, Dieu commande aux maîtres qui achètent la main-duvre dun esclave hébreu, de le garder six années puis de le libérer sans quil ne doive rien payer. Si le maître nagit pas ainsi la septième année, il se marque lui-même du chiffre 6. On trouve ce chiffre 6 (sept moins un) en dehors de la Bible. En philosophie, létude de lhomme se fait autours de ses sept dimensions : 1- Il existe (métaphysique), 2- Il est vivant, 3- il possède un corps physique, 4- il travaille, 5- il aime, 6- il vit en communauté, 7- il est fait par et pour un Créateur. Si la dernière dimension disparaît, il reste le chiffre 6. En conséquence, le chiffre de la Bête, qui est le symbole des Antéchrists* ne signifie pas autre chose que lhomme sans Dieu. Cest pourquoi lApocalypse lappelle un chiffre dhomme. Tout au long de lhistoire et de plus en plus en ces siècles de sécularisation, lhumanité se marque du chiffre 6. Si le chiffre est répété trois fois, cest pour signifier que les Antéchrists et en particulier le dernier dentre eux réalisera un monde séparé de Dieu doté dune certaine perfection divine. Extérieurement, la paix enfin réalisée prouvera la possibilité dune humanité sans Dieu. Si lApocalypse et les autres textes de lÉcriture décrivent ce temps comme un malheur inimaginable, cest quelles regardent les choses intérieurement, à la manière de Dieu. Pour le salut, une paix et une réussite extérieure peuvent être signes de ruine de lâme.
En ce début du XXIème siècle, il est facile de discerner létape suivante puisquil ne subsiste et prospère après la chute du communisme (1989), quun seul antichristianisme. Il sagit de lhumanisme sans Dieu, tel quil fut pensé dans sa forme modérée à lépoque des lumières. Cette philosophie semble simposer non seulement en Occident mais sexporter dans le monde entier, en raison de laction militante des organisations gouvernementales et non gouvernementales.
Il ne faut pas qualifier lhumanisme déjà diffus actuellement dathée. Lathéisme militant, quil soit communiste, positiviste ou autre, agissait tout autrement en sefforçant de supprimer activement la religion par le prosélytisme. Il se comportait de manière sectaire et non tolérante (Staline par exemple). Or lhumanisme qui prévaut actuellement ne se proclame pas tel. Il ne se pose pas la question de savoir si Dieu existe ou non. Il préfère reléguer cette question au seul domaine privé, dans le respect de la conscience de chacun. Il en résulte un athéisme pratique. Lhomme et la société vivent comme si Dieu nexistait pas. Il se contente dentretenir de manière calme lacquis suivant : lhypothèse Dieu est simplement périmée puisque lhomme descend de la vie animale, par hasard. Lévolution des espèces par les seules lois du hasard est médiatiquement plus quune théorie. Cest devenu une métaphysique fondatrice dune société, un nouveau livre de la Genèse.
« Puisque Dieu nexiste pas, puisquil ny a pas de vie après la mort » tel est le présupposé du projet. Il est rarement formulé dune façon aussi claire. Pourtant, il est le fondement de tout. Cet athéisme est concret, labsence de Dieu étant lexpérience majeure de la vie de tous les jours en Occident. Puisque demain nous mourrons, que pouvons nous faire pour construire le monde le moins mauvais possible? La question nest ni idiote ni condamnable. Elle relève au contraire du bon sens dans un monde sans espérance après la mort. Saint Paul lui-même se lest posée et y a répondu: Si le Christ nest pas ressuscité, mangeons et buvons car demain nous mourrons.[167] La réponse proposée aujourdhui est analogue à la différence près quelle est élaborée pour fonctionner. Lexpérience des erreurs du passé telle que nous lavons rapportée[168], permet déviter les excès en modérant les lois de largent, les lois de lappétit de la gloire et des jouissances. Tout est dans le juste milieu.
Essayons de nous placer concrètement dans la pensée dun homme politique athée. Imaginons avec toute la sincérité possible que Dieu nexiste pas mais quil nous faut construire le meilleur monde possible, voilà à quoi il ressemblerait.
Cet humanisme est généreux. Il recherche activement, que ce soit par la réflexion ou par laction politique, comment donner à lhomme toutes les conditions du bonheur. Après avoir tâtonné durant deux siècles, depuis la Révolution française[169], il en est arrivé à la conclusion suivante. Ce qui est le plus important dans lhomme, ce qui fait de lui une personne humaine, cest sa capacité à agir librement en vue du bonheur, dans le respect de la liberté dautrui. Tous les mots de cette phrase sont importants et pesés. Tout doit être fait en conséquence pour favoriser cette liberté modérée, tant au plan matériel (recherche de la paix, de la richesse, du bien être, lutte contre la guerre, la famine, la maladie, les inégalités), quau plan spirituel (éducation des hommes à la tolérance, à la fraternité, au respect dautrui surtout dans le domaine de sa liberté). De telles valeurs, en raison de leur richesse de paix, semblent devoir conduire à moyen terme à la construction dun monde équilibré offrant à chacun les conditions fondamentales du bonheur. A chacun de le construire dans sa vie personnelle.
Jai réalisé en minspirant de textes officiels de lONU et de lUNESCO une charte du projet dhumanité que ces organisations rêvent de créer. Lintention de leurs membres est réellement positive et humaniste. Il ne sagit pas de la lire avec un regard excessivement négatif puisquon ne peut rien trouver à redire sur le plan humain. Seul un regard de sagesse chrétienne, regard paisible sil en est mais très contemplatif, peut y discerner le chiffre de lhomme, 666*.
CHARTE DU MEILLEUR MONDE POSSIBLE[170]
1- BUT: Que chacun puisse profiter du bonheur et des joies de la vie car ils sont ce quil y a de plus précieux sur la terre. La vie est courte.
2- MOYENS: Il convient de donner à tous les hommes la possibilité dobtenir ces plaisirs et ces joies. En premier lieu, il faut mettre au ban de la société toutes les idéologies qui, au cours des siècles passés se sont rendues coupables de fanatismes et de violences. Toute guerre doit être définitivement bannie puisquelle est source de malheur. Ces idéologies sont principalement politiques (marxisme, nazisme, fascisme patriotique) et religieuses (en particulier les religions prosélytes)[171].
En second lieu, il convient de montrer aux peuples que le bonheur décrit a pour fondement la liberté et son corollaire le respect de la liberté dautrui. Elle implique certes des droits mais aussi des devoirs.
3- LOIS: Établir des lois civiles favorisant la liberté dans le respect dautrui. Liberté daimer celui qui veut bien de cet amour (lamour nétant pas seulement la pulsion sexuelle mais aussi le sentiment, et lengagement mutuel pour un temps); Liberté de penser et de sexprimer (dans la mesure où les idées soutenues respectent la dignité de tous les hommes (articles 1 et 2) ; Favoriser la liberté de donner la vie au moment choisi, à condition que le nouveau-né soit un enfant normal, doté de toutes les facultés pour trouver dans les meilleures conditions le bonheur et quil ne soit pas surnuméraire par rapport aux possibilités de la planète; Liberté de choisir lheure de sa mort, surtout lorsque celle-ci approche et supprime la possibilité du bonheur proposé dans larticle 1; Bref, toute liberté apte à favoriser le bonheur dans le respect de la liberté dautrui.
4- Établir des lois civiles favorisant le respect de la liberté dautrui: Respect de celui qui néprouve plus de sentiment et veut quitter son conjoint (possibilité de divorce); Tolérance des actions dautrui dans la mesure où elles ne détruisent pas la liberté dautrui; Liberté darrêter une grossesse non désirée, tant que lembryon nest pas un être humain (=doté de liberté), tout en dénonçant et prévenant (contraception) ses abus qui détruisent la psychologie féminine; Devoir envers les enfants qui, nétant pas des êtres totalement éduqués dans la liberté, ont besoin dune éducation réaliste, avec un pôle damour et un pôle dautorité; Établir une justice et des peines adaptées contre ceux qui commettent des délits et des crimes contre autrui, selon quil a été défini libre et digne de respect aux articles 3 et 4. La peine de mort doit être supprimée mais elle doit être remplacée, dans les cas les plus graves, par une vraie prison à vie.
5- Favoriser les sciences et les techniques capables daider aux conditions matérielles du bonheur du plus grand nombre. Nourriture pour tous, santé, richesse, temps pour les loisirs, protection de la nature, prolongation de la durée de vie, accès à la culture etc. Favoriser la recherche génétique dans la mesure du respect de la nature humaine. Il ne sagit pas, sauf en matière de maladie et de prolongement de la durée de vie, de changer lA.D.N. humain.
6- développer avec souplesse ces lois en fonction de lévolution des mentalités. A terme, les imposer de manière mondiale. Établir un gouvernement mondial remplaçant le coûteux et dangereux système des nations. Unifier le monde et supprimer à jamais les armes de destruction massive, les systèmes de la tyrannie et ses conséquences.
Un tel projet de société nest certes pas parfait. Il reconnaît avec réalisme son défaut structurel, la nécessité pour lhomme de mourir alors quil désirerait vivre toujours. Mais reconnaissons-le avec honnêteté. Si Dieu nexistait pas, ne serions nous pas les premiers à y adhérer et à y travailler? Existe-t-il meilleure façon de vivre sur la terre les quelques années où le hasard de lévolution nous a placés? Ce projet est si bon (le moins mauvais quon puisse imaginer compte tenu de ce que nous sommes), quil est difficile den inventer un meilleur. Lacceptation du divorce et du vagabondage des amitiés est logique. Pourquoi simposer à vie le joug dune vie commune alors que le bonheur passager se trouve plus rapidement dans la liberté et la spontanéité? Ny a-t-il pas plus de joie à se revoir quà se supporter? Rien nempêche bien sûr à ceux qui veulent se marier de le faire, sils y trouvent le bonheur. Il en est de même pour lacceptation de lavortement. Lembryon nayant ni âme immortelle ni liberté, pourquoi lui imposer la vie sil ne vient pas au bon moment? Il ne sagit certes pas dencourager lavortement pour convenance personnelle mais de le prévenir par une contraception efficace. De même, pourquoi vivre dans la maladie et la vieillesse puisque tout se termine dans le néant?
Cette conception du monde ressemble par beaucoup de ses principes au christianisme. On y parle de droits de lhommes, de respect de sa liberté, de respect dautrui, recherche du bonheur de lautre. Beaucoup de chrétiens ne savent plus en discerner les différences. Pourtant, si les conséquences pratiques sont si différentes (divorce, avortement, contraception artificielle, euthanasie, recherche génétique sur la durée de vie) cest à cause de différences absolues qui touchent la source même, le sens de la vie.
- Lune croit en une vie après la mort, lautre ne sy intéresse pas.
- Lune exalte lamour du prochain, jusquau sacrifice de son propre bonheur, lautre exalte la liberté en vue de la recherche du bonheur personnel;
- Lune affirme que seul compte ce qui est construit pour durer jusque dans la vision face à face avec Dieu, à savoir lhumilité et lamour qui se donne. Lautre affirme que seul compte le bonheur personnel car il est urgent dêtre heureux, dans un égoïsme modéré, avant que narrive la mort.
Il est bien évident que lhumanisme sans Dieu* nest pas contre lamour oblatif. Il ladmire de loin. Mais il le place comme lune des manières, irréaliste mais respectable, dont un homme libre peut donner un sens héroïque à une vie de toute façon vouée au néant. Pour illustrer ce respect, on peut citer en France la reconnaissance en 1905, sous le gouvernement Émile Combe, des surs de la charité de saint Vincent de Paul comme association dutilité publique. Au même moment, tous les autres ordres religieux étaient chassés. On peut aussi citer ladmiration portée de nos jours à labbé Pierre ou à mère Thérésa, considérés cependant exclusivement sous laspect de leur générosité sociale.
Doit-on affirmer que lhumanisme sans Dieu* prêche lamour de soi tandis que le christianisme prêche lamour de lautre? Ce serait exagéré. Lintention des humanistes nest pas là mais, dans ses conséquences, lhumanisme sans Dieu semble conduire plus de gens vers lindividualisme que vers lamour qui se sacrifie. Ainsi, lorsquon étudie les conséquences concrètes de ces deux conceptions du monde, il est plus aisé de manifester leurs différences. Elles changent radicalement le sens de la vie. Il est possible de les étudier dans tous les domaines soulevés par léthique moderne face à la pensée des Papes.
Et le cinquième ange répandit sa coupe sur le trône de la Bête, alors, son royaume devint ténèbres, et lon se mordait la langue de douleur. Mais, loin de se repentir de leurs agissements, les hommes blasphémèrent le Dieu du ciel sous le coup des douleurs et des plaies.[172]
Ce texte peut signifier beaucoup de choses. Lhumanisme sans Dieu tel que décrit dans la charte, révèle une tare incorrigible. Le bonheur quil propose est parfait à lexception dune chose. Il oublie que lhomme ne vit pas seulement de pain, cest-à-dire de nourriture temporaire. Un tel projet comblerait un monde peuplé de mammifères supérieurs. Mais lhomme porte en lui une angoisse qui explose quand tout va bien. Il a soif de toutes les paroles qui sortent de la bouche de Dieu[173]. Il désire léternité. Or cette dernière tentative ne propose pas despérance pour lautre monde. Elle butera, tôt ou tard sur cet écueil. Dans les pays qui lont déjà réalisé, il existe une incompréhension des hommes politiques devant lattitude de peuples qui, ayant tout, se plaignent que tout va mal. « On se mordait la langue de douleur ». Cela se traduira par des épidémies de suicides de jeunes et de vieux. Il y aura nécessairement une mystérieuse propension pour lalcool ou les drogues, pour le psychologue et lanxiolytique. Une prise de conscience des élites ne manquera pas de se faire, tôt ou tard : ces peuples unifiés sont malades. Ils manquent de religion
Pour cette raison, même à un plan strictement sociologique, il est certain que cette belle construction ne pourra être que passagère. Elle ne pourra être le dernier des antichristianismes.
Une deuxième question se pose. Peut-on affirmer, au plan dun regard de sagesse chrétienne, que lhumanisme sans Dieu tel que je viens de le décrire sera plus terrible pour le salut éternel que les antichristianismes des XIXème et XXème siècles ? Ny a-t-il pas là une exagération, un blasphème contre lhumanité? Que peut-il y avoir de pire que le nazisme ou le communisme, comme le dit jadis le pape Pie XI (Encyclique Mit brennender Sorge[175]).
Je ne parle pas ici du meurtre des corps. Dans ce domaine, le nazisme et le communisme sont au-dessus de tout. Il sagit du meurtre des âmes, selon la parole de Jésus : «Je vous le dis à vous, mes amis: Ne craignez rien de ceux qui tuent le corps et après cela ne peuvent rien faire de plus. Je vais vous montrer qui vous devez craindre. Craignez Celui qui, après avoir tué, a le pouvoir de jeter dans la géhenne; oui, je vous le dis, Celui-là, craignez-le[176] ».
En effet, loin de provoquer des massacres, cette philosophie voudra les éviter et les interdire. Mais plus lhumanité approchera de sa fin, plus le sens des textes guerriers et sanglants de lApocalypse prendront leur vrai sens, à savoir celui de Dieu, un sens théologal. Il faut toujours se souvenir en les lisant, que ces paroles sont dabord esprit et vie avant dêtre lannonce dévénements matériels. Nul naurait eu la vie sauve , cest-à-dire, pour Jésus, nul naurait eu la charité sauve. La grande tribulation dont parle le Christ est celle qui sattaque à la foi, à lespérance et bien sûr à la charité.
Pris dans ce sens, il est facile de comprendre pourquoi cet antichristianisme-là est le plus dangereux qui ait jamais existé pour les âmes, quoique pas nécessairement le pire à venir. On pourrait multiplier les analyses pour manifester que la voie proposée par lhumanisme sans Dieu consiste en un égoïsme intelligemment géré. Chacun respecte autrui non par souci dautrui mais parce que cest en définitive la meilleure solution pour atteindre un bonheur individuel élevé au rang dabsolu. Mieux quune analyse, quelques exemples actuels peuvent être éclairants.
1- Il produit de manière maximale de lindividualisme et de légoïsme[177]. LEurope occidentale en donne depuis quelques décennies un modèle à grande échelle. Ce qui caractérise ces sociétés, cest une augmentation du souci pour la justice sociale. La misère matérielle nest plus tolérée. Parallèlement, se manifeste une augmentation frappante de lindividualisme. Chacun cherche à construire son bonheur comme il lentend, en évitant leffort et la souffrance. Ainsi, lamour est la chose dont on parle le plus. Lorsquil est source de joie sentimentale et de plaisir sexuel, il est aimé. Mais dès quil implique effort sur soi-même ou souffrance en vue du bonheur de lautre, il nest plus appelé amour. On na jamais vu autant de divorces et de ruptures quà notre époque. Il en est de même de la maternité et les jeunes filles rêvent de sépanouir dans leur profession et leur vie de femme. Mais cet enfant ne doit venir que lorsque lon veut (parfois même et de plus en plus selon un pedigree de perfection). Le XXème siècle finissant naura jamais vu autant davortements ou denfants mal-aimés. On aime également ses parents et on reconnaît leur devoir la vie. Mais lorsquils sont âgés, sans méchanceté, mais parce que la vie est si prenante, on les confie à des centres spécialisés où ils ont tout ce quil faut matériellement mais où ils meurent de solitude et dabandon. Ces trois exemples pris dans ce qui fait la plus grande richesse de lhomme, (ses relations familiales), manifestent à quel point cet humanisme sans Dieu* est très concrètement source dégoïsme et donc dune grande clameur de tristesse au Ciel[178]. Le pire semble être quune telle société peut tenir des siècles, les soubresauts de la souffrance spirituelle quelle porte en elle pouvant être anesthésiés chez les jeunes dans un étourdissement doccupations, et camouflés chez les personnes âgées qui deviennent des citoyens marginaux. Elle sombre dans légoïsme mais pas dans linefficacité car les plaisirs ne sont pas lunique but. On aspire aussi aux carrières, aux honneurs, aux succès techniques, le tout canalisé par des lois bien faites et aptes à contenir les corruptions. Une telle société sécrète du fait de son succès beaucoup dorgueil.
Il est donc probable que lhumanisme sans Dieu, lorsquil se manifestera, ne proposera pas autre chose au monde (tout en corrigeant les excès soixante-huitard actuels).
2- Il produit de manière maximale de lorgueil et du refus de Dieu. Étourdie par un bonheur matériel réel, lhumanité sexalte déjà. La « sagesse » proposée par lhumanisme sans Dieu, est en Occident une réussite au plan matériel. Elle est souvent explicitement jetée à la face de Dieu. « Nous sommes heureux sans lui. Lhypothèse Dieu est devenue inutile. » Il sagit non seulement dêtre libre pour jouir de son pouvoir, mais de se prétendre plus « intelligent » que le Créateur lui-même. On voit des signes de cet orgueil dans la tentation perpétuelle de maîtriser la vie. A une époque où des millions denfants sont avortés, on nhésite pas à en concevoir par tous les moyens possibles. Le clonage reproductif est létape recherchée au moment où jécris ces pages. Lhomme rêve dêtre bientôt créateur lui-même de la vie. Ce rêve sera plus vite quon le croit une réalité.
Après avoir manifesté que la Vie éternelle nest pas donnée à légoïsme, il est aisé de comprendre pourquoi cet humanisme sans Dieu est, au plan théologal, le pire quon ait jamais vu. En nourrissant légoïsme dune manière très profonde, en le rendant viable à travers une apparence de bonheur individuel, il façonne efficacement chacun dans la recherche de soi. Étant très séducteur et capable danesthésier jusquà la conscience de vivre dans légoïsme, il est capable plus que tout autre antichristianisme terrestre dentraîner le refus de lamour au moment de la mort. Quand un nazi tue puis est tué au nom de sa croyance raciale, il commet un crime contre lhumanité, mais sa propre vie lui paraît souvent moins importante que son idole patriotique[179]. Il y a donc en lui un certain sens du sacrifice individuel. Il en est de même pour un communiste et sa passion haineuse du bonheur social des pauvres. Quand un humaniste moderne, se regarde, il ne voit pas quil est égoïste. Il peut se croire longtemps généreux puisquil respecte, dans sa recherche de bonheur, la recherche dautrui. Pourtant, son seul centre dintérêt est lui-même. Ainsi, cette forme de pensée est capable de disposer plus que tout autre système politique un peuple entier à se plonger en enfer lorsque le vrai Évangile, celui de lamour jusquau mépris de soi, est proposé. Quelle difficulté en effet pour un homme habitué à ne penser quà son plaisir, de choisir dans une conversion totale lamour fidèle jusquau mépris de soi-même.[180]
(Chose certaine)
« Nous savons que nous sommes de Dieu et que le monde entier gît au pouvoir du Mauvais.[181] »
La question qui se pose maintenant est de savoir pourquoi Dieu permettra à cet antichristianisme de sétendre dans le monde entier à lapproche de la fin du monde. Au long du chapitre précédent, nous avons pu trouver aux malheurs matériels et politiques quil a permis jusquà aujourdhui quelques explications dans son projet de salut universel. Mais il sagit ici de malheurs spirituels qui, en développant de manière grave légoïsme et lorgueil, semblent mettre en danger le salut éternel de toute une génération.
Quel bien peut-il sortir de cela? Un bien immense en vérité puisque le Seigneur va jusquà affirmer à propos de ces événements: «Lorsque vous verrez tout cela, soyez dans la joie et redressez la tête car votre Rédemption est proche. » Dieu ne se contente pas de regarder les réalités extérieures et politiques. Il lit au fond des curs. Et que discerne-t-il dans les peuples dOccident qui vivent déjà dans un tel humanisme sans Dieu* ? Un grand égoïsme vécu dans le bien-être matériel, mais aussi beaucoup de souffrances spirituelles. Le livre de la Sagesse les décrit de manière saisissante[182]: « Oui, les jugements de Dieu sont grands et inexplicables, cest pourquoi il a permis que des âmes sans instruction ségarent. Ils gisaient enfermés sous leurs toits, bannis de la providence éternelle. Ils furent dispersés, en proie à de terribles frayeurs, épouvantés par des fantômes. Car le réduit qui les abritait ne les préservait pas de la peur; des bruits effrayants retentissaient autour deux, et des spectres lugubres, au visage morne, leur apparaissaient. Aucun feu navait assez de force pour les éclairer, et léclat étincelant des étoiles ne parvenait pas à illuminer cette horrible nuit. » Lhumanisme athée narrive en effet quà anesthésier les plaies vives de labsence de Dieu. Il ne peut entièrement retirer du cur des hommes la soif de plus quun vague bonheur humain et passager. Pour exprimer cette douleur terrible de ceux qui nont plus de foi en lamour, Jésus sexprime ainsi:[183] Malheur à celles qui seront enceintes ce jour là et à celles qui allaiteront. Cette image symbolise tout le malheur de ceux qui, attachés à la terre comme unique possibilité de bonheur, voient à lheure de leur fin que même ce bonheur est vain.
On pourrait multiplier dans lÉcriture les exemples de descriptions de la douleur spirituelle. Le désespoir est en fait plus terrible que la souffrance matérielle accompagnée despérance. Limage du monde actuel et de tout humanisme sans Dieu est à rechercher dans les maisons de retraite. On y vit bien, on y est nourri et lavé et même parfois aimé. Pourtant, lâme des personnes âgées se meurt de solitude. Dieu connaît cette souffrance. Il discerne les abîmes infinis de pauvreté qui sy creusent. Il sait quen définitive le monde de lantichristianisme, à cause de ces souffrances, dispose les âmes à la Vie éternelle. Nul ne peut soupçonner lallégresse des ces pauvres gens. A lheure de la mort et de lapparition du Christ, lorsquils découvrent que tout cela nétait que mensonge, la plus grande partie des hommes, se précipitera vers lamour, incapable de sobstiner dans légoïsme dont ils connaissent les fruits amers. Rappelons que seul le blasphème obstiné contre lamour, maintenu fermement à lheure de la mort conduit en enfer.
(Chose probable)
Lhumanisme sans Dieu semble être, si lon suit la lettre des prophéties, une simple étape. Si lon suit la lettre des Écritures saintes, plusieurs passages montrent quil y a une place pour quelque chose de plus profond. Saint Paul parle explicitement[184] daspect bien plus terrible: «Avant la fin, il doit se révéler lHomme impie, lEtre perdu, lAdversaire, celui qui sélève au-dessus de tout ce qui porte le nom de Dieu ou reçoit un culte, allant jusquà sasseoir en personne dans le sanctuaire de Dieu, se produisant lui-même comme Dieu ». Nous verrons dans la section suivante de quoi il sagit.
(Chose certaine pour le fait, probable quant à lidéologie)[185]
« Alors lImpie se révélera, et le Seigneur le fera disparaître par le souffle de sa bouche, lanéantira par la manifestation de sa Venue.[186] »
On peut citer à titre dapplication de ce texte un extrait du secret de La Salette[187]:
« En lannée 1864, Lucifer* et un grand nombre de démons seront détachés de lenfer. Ils aboliront la foi peu à peu et même dans les personnes consacrées à Dieu. Ils les aveugleront de telle manière, quà moins dune grâce particulière ces personnes prendront lesprit de ces mauvais anges. Plusieurs maisons religieuses perdront entièrement la foi et perdront beaucoup dâmes. Les mauvais livres abonderont sur la terre et les esprits des ténèbres répandront partout un relâchement universel pour tout ce qui regarde le service de Dieu. Ils auront un très grand pouvoir sur la nature. Il y aura des Églises pour servir ces esprits. Des personnes seront transportées dun lieu à un autre par ces esprits mauvais, et même des prêtres, parce quils ne se seront pas conduits par le bon esprit de lÉvangile, qui est un esprit dhumilité, de charité et de zèle pour la gloire de Dieu. On ferra ressusciter en apparence des morts et des justes. Il y aura en tous lieux des prodiges extraordinaires, parce que la vraie foi sest éteinte et que la fausse lumière éclaire le monde. »
Lexistence de Dieu étant explicitement reconnue, verra-t-on lhumanité entière se révolter consciemment contre lui, contre son désir de lhumilité et de lamour ? Cest de cela quil sagit ici.
Saint Paul[188] affirme quavant le retour du Christ, une dernière étape dans la voie lapostasie* doit se réaliser. Il est très difficile de la décrire et den parler tant elle paraît de nos jours improbable et inimaginable. Nous nen sommes visiblement pas rendus là. Pourtant, il convient de faire effort. Ce qui est incroyable aujourdhui peut être normal demain. Aucun homme du XVIIème siècle, aussi lucide soit-il, ne pourrait croire à un livre parlant du XXème siècle et de ses divers Antéchrists aux centaines de millions de morts. Lapparition de la Salette fut dailleurs tenue en suspicion par le clergé malgré la reconnaissance officielle de lÉglise parce quelle décrivait de telles horreurs.
Les paroles de saint Paul ne se réaliseront pas seulement de manière imagée: «Le ciel et la terre passeront, mais mes paroles ne passeront point.[189]» Les divers égoïsmes et les orgueils de tous les temps nen sont que des préfigurations. Ces prophéties se réaliseront historiquement et à la lettre. Saint Paul précise sa pensée. Pour lui, à la fin du monde, ce qui est caché sous liniquité actuellement en chemin se révèlera à tous en plein jour.
Or qui est le maître duvre de tout si ce nest Satan, lange révolté? Cest lui qui organise lhistoire au-delà de son apparente anarchie. Lordre quil y cache sunifie dans un principe, une haine pour lhumilité et lamour. Logiquement, on peut affirmer que le péché ultime de la fin du monde consistera en une reconnaissance mondiale de Lucifer* dans sa révolte contre Dieu. Il ne peut y avoir pire péché dans lhumanité puisque, pour la première fois, il est lucide. Lorsque lheure sera venue, lorsque les religions anciennes auront disparu laissant un vide et une soif spirituels dans le cur des hommes, un dernier Antéchrist proposera au monde une religion nouvelle parlant de Vie éternelle. Il sagira de la religion de lAnge de Lumière, Lucifer.
(Chose certaine)
Il faut dabord se souvenir avec précision de lhistoire des anges et de lorigine des démons, ces anges devenus mauvais. Leur révolte constitue ce que saint Paul appelle « le mystère de liniquité », à la racine de tout mal. Cest elle, nous le verrons, qui doit se révéler et être proposée de manière explicite à lhumanité vers la fin du monde. Je le raconte ici de manière imagée, en utilisant à la façon humaine lartifice dun dialogue entre Dieu et les anges. Il sagit bien sûr dune façon simple dexposer les choses. Que le lecteur ne se trompe pas. Le monde des purs esprits nutilise pas de mots. Les anges nont jamais eu de corps. Ils sont de purs esprits. Il est très difficile de comprendre vraiment ce que peut être, et comment peut vivre une personne qui na pas de corps[190].
Au premier instant de leur création, création qui précéda celle des hommes, tous les anges étaient bons. Le plus grand dentre eux, Lucifer par la beauté de son être était le chef-duvre de Dieu. Les autres anges nen éprouvaient pas de jalousie. Bien au contraire, en contemplant sa perfection, ils se faisaient une idée de linfinie grandeur du Dieu caché qui venait de les créer. Tous les anges aimaient Dieu, affirme saint Thomas dAquin. Ils navaient que reconnaissance pour ce quils venaient de recevoir de sa main, lexistence, la vie, la beauté. Ce spectacle de la création leur faisait crier dune seule voix: Gloire à Dieu au plus haut des Cieux .
Sils laimaient, ils ne pouvaient par contre le connaître, sinon de loin. Même pour le plus intelligent des anges, Dieu reste le Mystère par excellence. Lintelligence des esprits célestes a beau être de loin supérieure à la nôtre, elle reste limitée. Comment un vase fini (lange) pourrait-il contenir lInfini (Dieu)? Ils se contentaient donc de connaître Dieu à travers les effets de sa puissance. En se regardant eux-mêmes, en regardant les autres anges, ils voyaient comme dans un miroir le reflet lointain du Créateur. Cette vie paisible et contemplative leur plaisait. Le monde aurait pu rester ainsi pour léternité.
Pourtant, alors que la création était encore toute nouvelle, Dieu « parla ». Il sagit dune pensée, dune révélation transmise directement dans lintelligence de chaque ange. Pour mieux manifester la Bonne Nouvelle quil annonça aux anges, on peut la décomposer en trois paroles distinctes.
1- Dieu dit: « Je vous ai créés pour que vous me voyiez face à face ». Cette première révélation est bouleversante pour un ange, bien plus que pour un homme car lange a la capacité den saisir immédiatement toute la portée. Voir Dieu face à face signifie pour eux limpensable. Il leur était impossible despérer par eux-mêmes un tel bonheur. Ils savaient bien plus que nous linfinie profondeur du mystère divin et la limite de leurs capacités intellectuelles. Voir Dieu face à face, cela signifie comprendre son Mystère avec le regard même dont Dieu se comprend. Or une telle chose est impossible. Pourtant, les multitudes danges avaient bien entendu. Ils crurent donc, ils adhérèrent à cette parole de Dieu, malgré son caractère impensable, sachant que rien nest impossible à Dieu. Lucifer le premier crut. Avec lui, les chérubins, les séraphins et tous les ordres célestes désirèrent voir se réaliser cette promesse. Cette adhésion sappelle la foi. Mais déjà, en ce premier instant, Dieu savait que Lucifer croyait pour un autre motif que le petit archange Michel.
2- Dieu parla encore: «Je suis doux et humble de cur. Nul ne peut me voir face à face sil nest tout amour et toute humilité. » Les anges savaient, par leur contemplation naturelle, que Dieu ne pouvait les avoir créés que par amour. Mais ils découvrent avec stupeur en cet instant que Dieu est amour. Leur contemplation naturelle les invitait plutôt à admirer en premier lieu lintelligence du Créateur, sa lumière. Le monde angélique leur paraissait davantage beauté que bonté. Par sa parole, Dieu les invita à bouleverser entièrement leurs conceptions habituelles. Quand Dieu affirme quil est amour avant tout, quand le Tout-puissant révèle quil se considère comme le serviteur de tous (humilité), il manifeste que la perfection naturelle des Chérubins nest rien à ses yeux comparée à lamour. Son ordre de préférence nest pas celui que donne la noblesse mais celui que donne le cur. Il leur demande une conversion totale. Devenir amour est la condition nécessaire pour toute entrée dans la vision béatifique.
Là se situe lépreuve terrible pour les anges: renoncer à eux-mêmes. Cest déjà difficile pour un être humain qui est chaque jour confronté à ses imperfections. Cela lest beaucoup plus pour un pur esprit, image parfaite de la perfection de Dieu. Lorgueil est un défaut plus proche des anges que des hommes. Cette abnégation, nous lavons dit, est indispensable car la vie proposée est surnaturelle.
3- Une troisième parole fut prononcée : «Après vous, je vais créer de petits êtres liés à un corps de chair. Homme et femme, je les ferais. Ils auront des enfants. Vous deviendrez pour eux anges gardiens. Conduisez-les à moi.[191] » Cette révélation était extrêmement concrète, si concrète quelle avait le pouvoir de discerner qui parmi les anges était humble de qui ne létait pas. La Bible dit[192]: « Dieu sépara la lumière des ténèbres ». Cette simple phrase nous montre quil se produisit une rupture entre la présomption des uns et lamour des autres. Cest le contenu de cette révélation première qui provoqua ce premier drame de la création, le mystère premier de liniquité. En effet, dans linstant qui suivit, un de ces instants célestes qui mesure la pensée des anges, une voix cria je ne servirai pas [193]. Le plus beau de tous, Lucifer, avait parlé, devenant pour toujours le Satan. Lucifer est le plus grand des anges, cest-à-dire le plus puissant au point de vue intellectuel, le plus proche de Dieu par sa perfection spirituelle. Lucifer respecte Dieu. Il serait aberrant daffirmer que les anges veulent du mal à leur Créateur à qui savent tout devoir. Le problème de Lucifer est quil voyait en lui le sommet de tout lunivers devant qui tout genou fléchit. Il avait surtout dès cet instant premier le sens de sa dignité à lui, Lucifer, de sa place de chef de tous les anges. Lordre premier, instauré par Dieu au début de la création et fondé sur la puissance spirituelle, lui donnait la première place, qui lui convenait tout à fait. Lucifer nétait pas contre la création des êtres humains, ces esprits limités et chétifs liés à des corps matériels à condition, toutefois, quils soient dans la hiérarchie des êtres de lunivers, cest-à-dire au-dessous des anges, juste au-dessus des animaux.
Mais il comprenait quil en serait autrement. Lordre qui plaisait à Dieu nétait pas en fin de compte celui que confèrent les titres de noblesse intellectuelle, mais celui que confère lhumilité, la petitesse et surtout la capacité daimer. Or, dans cet ordre là, lhomme et la femme étaient des créatures mieux bâties pour triompher. Un ange qui est une intelligence pure, aime dans la mesure où il a compris que quelque chose est digne dêtre aimé. Aimer, pour lui, signifie « vouloir sunir à ce quil a compris être un bien ». Lhomme, au contraire, avec son intelligence limitée, a la capacité daimer sans même comprendre. Il peut aimer son Dieu dans une foi et une confiance aveugle. Dans ce quil a de meilleur en lui, lhomme peut aimer un ami jusquà donner sa vie pour lui, donc au-delà de ce qui est logique. Cest cette manière daimer qui plaît au Tout-puissant au point que, plus il trouve en face de lui un être semblable, plus il se donne à lui et létablit haut dans la hiérarchie des êtres.
Lucifer scrutait, en pensée, la nature humaine. Il y discernait lhomme avec sa psychologie portée à comprendre le monde, à le transformer, et la femme avec sa psychologie davantage portée à comprendre avec son cur. Plus que lhomme, la femme lobsédait. Le projet de Dieu lui apparut alors en pleine lumière, avec ses conséquences terribles pour son orgueil. Lui, Lucifer, et tous les esprits célestes avec lui, les Chérubins, les Séraphins et les Trônes, les Dominations, les Vertus, les Puissances, les Principautés, les Archanges et les Anges, étaient appelés par Dieu à sabaisser à servir ces êtres de boue et dos, à les protéger et les conduire durant un séjour terrestre, pour quils deviennent, en fin de compte, plus grands queux. Alors, Lucifer fut saisi denvie. Plus que pour lhomme, il fut pris dune hostilité pour la femme et il proclama à la face du ciel: Je ne servirai pas. Il devint, en un instant, dune manière parfaitement lucide, le héraut de la défense des "droits" de Dieu et de la défense de la place hiérarchique des anges. Il proclama sa révolte.
Lucifer étant le plus spirituel des anges, il eut par ses arguments une influence terrible sur le reste du Ciel. La Bible dit que le dragon rouge feu (couleur symbolisant la colère) balaya le tiers des étoiles du ciel[194]. Ce nombre nest pas à prendre nécessairement au sens propre mais il manifeste tout de même que les démons sont nombreux (le tiers des anges). Son influence vint sans doute de la noblesse de ses arguments. Il prétendit nagir ainsi que pour le bien de Dieu. Son argument aurait eu encore plus de poids si, comme le pensent certains théologiens, les anges avaient connu dès le début le projet de lincarnation du Fils de Dieu en Jésus Christ. Un tel projet ne peut être que scandaleux aux yeux des esprits purs.
Lucifer était-il vraiment le défenseur des droits de Dieu? Son amour pour lui était-il la vraie raison de sa révolte? Beaucoup danges ne sy laissèrent pas prendre (les deux tiers si lon prend les textes à la lettre). LApocalypse parle ainsi: Alors une bataille sengagea dans le ciel: Michel et ses anges combattirent le dragon. Et le dragon riposta, appuyé par ses anges, mais ils eurent le dessous et furent chassés du Ciel[195]. Ce combat ne se fit pas avec des épées dacier mais avec le glaive de la vérité. Un simple archange, cest-à-dire un esprit des hiérarchies inférieures fut le premier à dénoncer le mensonge de Satan: Ce nest pas pour Dieu que tu luttes mais pour toi. Si tu aimais vraiment Dieu tu obéirais à sa volonté. Ce qui timporte, cest de rester le premier. Cest lorgueil qui ta aveuglé. Mais qui est comme Dieu[196]! Michel, par cette parole de vérité entraîna à sa suite ceux que Lucifer ne put séduire.
La Bible ne cesse de confirmer cet orgueil primitif de Lucifer, quil sut si bien camoufler en grandeur de sentiment. Isaïe, parlant de lui, déclare: Comment es-tu tombé du ciel, étoile du matin, fils de laurore? Comment as-tu été jeté sur la terre, vainqueur des nations? Toi qui avais dit en ton cur: jescaladerai les Cieux, au-dessus des étoiles de Dieu jélèverai mon trône. Je mégalerai au très haut.[197] Quant à Jésus, il nhésite pas à affirmer que Satan fut menteur dès lorigine[198]. Il fut le prince du mensonge. En effet, il ny a pas de plus grand mensonge que dappeler bien ce qui est mal.
Que sont devenus les anges depuis léclat de leur création et la chute de certains dentre eux? Ils furent divisés en deux groupes selon le choix quils firent de servir ou de lutter contre le projet de Dieu. Les anges bons furent immédiatement introduits dans la vision de Dieu et, depuis ce jour comme aujourdhui, ils ne la quittent jamais. Les anges mauvais se séparèrent de Dieu et Jésus affirma que leur rupture ne cesserait jamais. Lucifer et ses anges sont damnés pour léternité. Certains chrétiens pensent que léternité de lenfer est contradictoire avec la bonté de Dieu. Ils pensent que Dieu pardonnera un jour son péché à Lucifer et le prendra auprès de lui. Ils parlent ainsi car ils comprennent mal le mystère de leur choix, à savoir dune manière terrestre et trop humaine. Lhomme tant quil est sur la terre peut toujours revenir sur ses fautes. Dieu le reçoit alors et lui pardonne. Lange, quant à lui, est trop intelligent pour être soumis à ces revirements. Quand un ange choisit, il sait ce quil choisit. En un instant, il pèse le pour et le contre et son intelligence, comme une lame tranchante, ne laisse rien dans le vague. Lucifer et ses anges savaient ce quétait lenfer, ce vide de Dieu. Lenfer ne leur a pas paru un mal si terrible face à la perte de cet autre bien quils mirent à la place suprême dans leur cur: la première place. Dieu aurait beau pardonner infiniment à Lucifer, celui ci répondrait indéfiniment jai raison.
Voici le combat qui est caché sous la dénomination « mystère de liniquité ». Ses conséquences sur notre humanité sont aisées à déduire.
Que font les démons maintenant? La Bible affirme quils furent précipités sur la terre [199]. Cette phrase mystérieuse signifie que leur unique obsession, lobjet de toute leur activité, cest lhumanité. Les démons, logiques avec leur choix originel, désirent détruire lhomme, surtout au plan spirituel. Leur ennemi premier est tout ce qui rappelle, de près ou de loin lhumilité ou lamour généreux (doù sa haine particulière pour la nature féminine orientée par la maternité). Sils pouvaient arriver à faire que lhomme, ce soit disant chef duvre, se joigne lucidement à leur révolte, leur victoire leur semblerait complète[200]. Ils espèrent, de cette manière, démontrer à Dieu son erreur grossière, la stupidité de ses plans. Ils souhaiteraient obtenir le rétablissement de lancien ordre qui leur plaisait, lordre de la noblesse fondée sur des droits de nature. Ils croient pouvoir arriver à faire fléchir Dieu, à le faire revenir sur son histoire dhumilité et damour.
Dieu laissa à Lucifer devenu Satan (celui qui divise et tente lhomme) et à ses démons une certaine latitude pour agir de manière parfois très concrète auprès des hommes. Dans sa limpidité, Dieu savait que les propositions fallacieuses, les tentations, permettraient à ceux qui laiment de le choisir plus librement. Les démons et leurs roueries devinrent donc, sans même le soupçonner, les serviteurs du plan de Dieu pour la vie éternelle des hommes.
Dès le commencement, dès la création dAdam et Ève, ils agirent dans ce but. A cette époque, Satan apparut de manière visible et proposa de manière claire le mystère de liniquité : « Choisissez vous-mêmes ce qui est le bien et le mal. Vous ne mourrez pas mais vos yeux souvriront et vous deviendrez comme des dieux. Cest de cela que Dieu a peur ! [201] »
Depuis le péché originel et jusquà nos jours, les démons se sont fait en apparence plus discrets. Ils passent leur temps à tenter les hommes, se cachant dans leur psychologie, se fondant avec leur cerveau. Ils le tentent par ses pulsions charnelles (vanités, richesses et plaisirs), car ils comprennent que la voie qui conduit au rejet de lhumilité et de lamour commence par des péchés moins graves mais plus immédiats pour les humains. Comme ils passent leur temps à soccuper de péchés charnels, les démons qui sont des créatures spirituelles, sont dits par la Bible rampants sur la terre[202].
Mais il semble être annoncé que vers la fin du monde, Satan redeviendra devant les hommes ce quil est, à savoir Lucifer, un être spirituel que seul intéresse le péché spirituel Toute cette histoire devient essentielle si on le comprend. Vers la fin du monde, il est annoncé que ce qui était clair aux temps dAdam et Ève sera de nouveau visible dans lhumanité. Selon saint Paul[203], Lucifer lAdversaire se révèlera, se produisant lui-même comme Dieu, à travers laction dun dernier Antéchrist, pour que lhumanité le suive lucidement. La Genèse rejoindra lApocalypse, de manière visible pour tous.
Cela est-il imaginable ? Pour répondre à cette question, il convient de se souvenir quun culte explicite de Lucifer existe depuis toujours. De nos jours, il est certes marginal mais il prend deux formes intéressantes à décrire. Les grandes religions nont cessé de lutter contre lui sans jamais aboutir tout à fait.
Les satanistes sont, à la différence des Lucifériens, des philosophes et non des croyants. Leur culte est purement symbolique[204]. Ils ne croient pas en lexistence réelle des démons mais admirent la mythologie chrétienne de leur révolte. En fait, tout cela est pour eux un instrument provocateur pour inciter au culte de lHomme (666*). Cest une philosophie de la chair et de lesprit humain. Lindividualisme et lintelligence y sont prédominants. Le satanisme a été formalisé et structuré. Le Docteur Anton Szandor Lavey créa aux États Unis The Church of Satan. Il déclara lannée 1966 an 1 de lère satanique. En 1969 parut la Bible satanique qui aujourdhui se vend à des milliers dexemplaires à travers le monde et ce dans différentes traductions.
Les Lucifériens sont au contraire de véritables croyants. Il ne sagit plus chez eux de simple philosophie mais dune religion de Satan. Les lucifériens sont très spirituels puisquils prétendent connaître et adhérer explicitement à la révolte de lAnge déchu. Ils croient en son existence et le vénèrent comme leur Dieu.
Selon eux, Dieu existe. Il est le créateur du Ciel et de la terre, des anges et des hommes.
Le paradis consiste à voir Dieu face à face et, par là même, à posséder la plénitude de la connaissance et de la puissance divine.
Mais Dieu se rendit responsable dune faute impardonnable. Originellement, il avait créé le monde selon un ordre parfait. Lesprit le plus intelligent régnait sur les autres. Le paradis était dû par nature aux anges en premier, puis aux hommes en fonction de leur intelligence puisquils avaient été créés pour cela.
Or Dieu se repentit de son uvre et décida de mesurer le don de sa gloire et de sa puissance à lhumilité et à la capacité daimer. Lucifer fut le premier à protester et à manifester à Dieu, lucidement, à quel point il se fourvoyait. Il le fit pour lhonneur du Créateur Tout-Puissant, ne voulant pas se résoudre à lauto mutilation de sa toute-Puissance.
Les lucifériens vénèrent Lucifer, comme un maître spirituel. Ils font de son combat le leur. Ils espèrent participer à sa puissance en laidant dans sa révolte.
Les rituels qui accompagnent cette religion sont pacifiques (pas de sorcellerie ni de sacrifices). Ils sont le fait dhommes libres et fiers, de collaborateurs de lAnge révolté, conscients de la justesse de leur exigence.
Le signe le plus répandu chez les lucifériens est sans contredit le symbole de Baphomet (bouc) et le Pentagramme inversé. Ils renversent les symboles chrétiens car ils croient en la possibilité dun antichristianisme parfait. Ils se donnent comme métaphysique et comme valeurs morales linverse même de ce quenseigne cette religion.
Au plan moral, leurs convictions sont celles de Lucifer au jardin dEden.
Être maître de sa connaissance et son choix personnel de ce qui est bien et mal, pour être comme Dieu.
Mettre en premier dans sa vie le développement de ses capacités de connaissance et de maîtrise de soi, afin de vaincre les faiblesses imposées à la nature humaine après le péché originel.
Accéder à la maîtrise de larbre de vie (par la science biologique), pour vaincre le dernier ennemi imposé par Dieu, la nécessité de mourir.
Se tenir droit devant les adversités et la mort. Ne jamais baisser sa garde dans une demande de pardon ou de pitié, même face à la séduction du Christ à lheure de la mort.
Uni à Lucifer à lheure de la mort, exiger de Dieu le don de la Vision béatifique comme un droit et un mérite de nature pour tout esprit.
En attendant lentrée dans la vie éternelle, les lucifériens encouragent leurs adeptes à la recherche du bien-être individuel, intelligemment géré.
Profiter de la vie, ne se priver de rien. Faire ce dont on a envie, suivre ses instincts, sans en abuser. Ils napprécient pas lhomme esclave de ses pulsions car sa libre révolte sen trouve diminuée.
Vivre dans la liberté. Explorer avec enthousiasme les plaisirs de la vie.
Le suicide est désapprouvé car la vie est passagère, donc précieuse.
Le luciférisme rappelle les premiers chapitres de lhumanité dans le livre de la Genèse. A la fin du monde, il est probable que le dernier antichristianisme ressemblera à cela, mais de manière universelle et mondiale. Au plan théologique, il sagira donc du plus grand antichristianisme imaginable. En effet, il ajoutera aux autres une parfaite lucidité de lenjeu. Il ny aura plus lexcuse de lignorance (athéisme). Lhumanité le suivra en sachant que Dieu existe. Les hommes spirituels comprendront alors à quel point les divers antichristianismes précédents nétaient que des étapes, nécessaires car préparatoires et ordonnées vers cette religion ultime. Il y a en effet une lecture luciférienne du sens de lhistoire qui tend, dorgueil en orgueil, vers cet orgueil de plus en plus mûr et responsable.
(Chose probable)
Lhumanité dans son ensemble peut-elle aller jusque là? Au plan des prophéties, il semble ne pas y avoir de doute. Nous lavons vu, lÉcriture parle souvent, de manière explicite, dune telle unanimité dans le rejet de Dieu. Elle ne parle pas seulement dun rejet de Dieu compte tenu des effets de son action (ou de son inaction). Elle parle dun rejet de Dieu en lui-même. Faut-il voir dans un texte comme celui de saint Paul une exagération apocalyptique? Ce serait une exception. La réalité a plutôt tendance à dépasser en gravité les écrits prophétiques.
Au plan dune connaissance philosophique des sociétés humaines, rien ne soppose à une telle extrémité, à condition de préciser ceci. Chaque être humain est capable de liberté. Mais les conditionnements sociologiques limitent cette liberté. Il nexiste pas sur terre dunanimité totale ni pour le mal ni pour le bien. Il est inimaginable que tous les membres dune communauté humaine choisissent comme un seul homme telle ou telle philosophie. Le Nazisme, même après sa grandiose réussite contre la France (1940), eut toujours des opposants cachés mais lucides. De même, le fait de lutter contre Dieu de manière libre et consciente, cest-à-dire en sachant quil existe et ce quil veut, ne peut manquer de paraître à quelques-uns comme ce que cest, une folie vertigineuse.
Lhumanité dans son ensemble constitue une structure où chaque individu peut être conditionné et entraîné vers des actions quil ne ferait pas seul. Dans certaines conditions, comme prise de folie, une communauté peut prendre un tel ascendant sur les individus, quelle semble les entraîner inéluctablement dans la direction de lensemble. Jean-Paul II appelait ce mécanisme « une structure du péché ». Il employait cette expression dans lanalyse sociologique du nazisme en Allemagne. Chaque allemand, pris individuellement se serait sans doute révolté à lidée de lextermination par la guerre de millions dhommes innocents. Pourtant, le peuple tout entier (apparemment en tout cas), parut entraîné dans un enthousiasme communicatif (désir de revanche nationale, misère matérielle et morale, charisme de son guide, applaudit lidée dune guerre.
Il semble que ce même mécanisme permette dexpliquer certains comportements ultimes et limites de lhumanité tels quils sont annoncés pour la fin du monde. Ces événements sont terribles au plan spirituel. Le culte explicite de Lucifer dans sa révolte première peut ressembler fortement au blasphème contre lEsprit Saint tel que nous lavons défini[205].
Pourtant, il ne faut pas confondre. Une apparence de blasphème contre lEsprit nest pas nécessairement sa réalité. Il peut arriver quun groupe dhomme se mette à rejeter Dieu tout en sachant quil existe, mais sans savoir, à cause de lentraînement dune folie collective, ce quil fait vraiment. Père, pardonne leur, ils ne savent pas ce quils font[206] , disait Jésus à propos de ce peuple qui avait vu ses miracles, lacclamait avant de rire devant sa mort.
Lobservation des comportements humains dans les sociétés occidentales donne une certaine idée de ce que sera lorgueil collectif de la fin. Je voudrais donner quelques exemples capables dillustrer la possibilité dune révolte contre le bien et le vrai, même explicitement connus. Une humanité peut être tellement attachée à sa liberté quelle rejette lidée même de Dieu, pour ne pas subir ses règles morales.
A Fatima[207]* en 1917, la Vierge apparut. Quelques enfants prétendirent la voir. Elle leur parla ainsi: «Mon fils va donner à lhumanité un signe grandiose qui sera visible pour tous.[208] » Pour celui qui sait interpréter ce genre de textes apocalyptiques, le sens premier est facile à découvrir. Le ciel symbolise lintelligence et le cur humain. Ce qui est annoncé nest autre quune série de signes donnés à lintelligence, des signes évidents, des preuves[209] de lexistence de Dieu et de sa révélation.
Or, durant lété 1917, ce signe se produisit matériellement. A grand renfort de publicité journalistique, une nouvelle parvint au monde entier depuis le Portugal. Devant cent mille personnes dont beaucoup, dignitaires notoires de la Franc-maçonnerie*, étaient venues pour se moquer, le soleil sétait mis à danser. Le miracle avait duré plus dun quart dheure. On comprend limportance de cette annonce. Une hallucination collective peut frapper un peuple de croyants fanatisés. Mais les observateurs rationalistes et avertis y échappent toujours. Un tel signe prouvait alors en un certain sens lexistence dune présence mystique à Fatima.
Mais, dans cette histoire et pour ce qui concerne notre sujet, lessentiel nest pas là. En effet, on aurait pu espérer, de la part dune humanité en quête du sens de la vie, un début de questionnement intéressé. Cela est-il vrai? Y a-t-il eu contre enquête de la part déquipes scientifiques différentes? Au lieu de cela, la réaction de ceux qui font lopinion du monde fut un black out total. Aucune revue scientifique ne prit la peine de publier une étude critique du phénomène ou sa contre vérification. Tout cela passa par pertes et profits. Une sorte de consensus sembla régner dans les organes officiels de recherche: «Cela ne mérite même pas vérification. Cela na pas eu lieu parce que cela nest pas possible».
Pas possible? Parce que Dieu nexiste évidemment pas? Jésus disait: «Même si un mort ressuscitait, ils ne croiraient pas[210] ». Ils ne croient pas parce quil leur est pénible de croire et den tirer les conséquences. Mieux vaut ne pas se poser de questions plutôt que de perdre la liberté de faire sa volonté. En loccurrence, la volonté du monde occidental de lépoque était de gagner une guerre dérisoire, quitte à massacrer toute une génération.
Un autre exemple de black out volontaire de ceux qui font lopinion mérite dêtre cité. Il concerne la question de lorigine du monde et les apports de la science à cette question philosophique. Le pape Paul VI était un excellent philosophe. Il sintéressait beaucoup aux progrès des sciences de la vie. Il était admiratif devant la structure intelligente et extrêmement complexe du monde minéral et vivant. Il se rendait compte que chaque découverte nouvelle manifestait avec davantage de force laction organisatrice dune Intelligence supérieure. En 1968, il prononça le discours suivant[211] : « La science ramènera lhomme à Dieu. Un célèbre savant a dit: plus jétudie la matière, plus je découvre lesprit. Celui qui scrute la matière voit quil existe des lois. Ce monde qui semblait opaque et inerte est une merveille et le pape pense que ce sera précisément la science qui ramènera à Dieu les masses, les hommes modernes, la jeunesse, elle qui semblait les en éloigner. Lorsquil sera devenu sage et vraiment intelligent, le monde dira « je dois tirer la leçon de ce que je vois. Ce nest pas moi qui ai créé tout cela. Le monde a été créé par quelquun qui a répandu sa sagesse sur toute chose». Cest donc la science elle-même qui oblige à être religieux et celui qui est intelligent doit se mettre à genoux et dire: Dieu est là». Le scientifique Einstein avait déjà fait ce cheminement[212] : «Je désire savoir comment Dieu a créé le monde. Je mintéresse à la pensée de Dieu, le reste, tel ou tel phénomène, est détail. »
Lorsquon fait beaucoup de science, on se rend compte que lhypothèse philosophique de lexistence dun Créateur est loin dêtre inintelligente. Plus que cela, la probabilité pour quun simple vivant unicellulaire apparaisse par hasard est calculable[213]. Elle ne laisse aucun doute. Que le hasard seul soit à lorigine de la vie est une théorie aussi aberrante que lapparition, par un phénomène dentassement dû au hasard datomes et de molécules, dun super-ordinateur moderne. Une Intelligence est nécessairement intervenue. Il est certain, pour toute personne qui réfléchi à ce quest lA.D.N., que la génétique va permettre dans les années à venir de résoudre le problème de lévolution. Cest la lecture et la comparaison de lA.D.N. des espèces proches qui dévoilera que, loin dêtre due au hasard, il y a là-dessous lingénierie dune formidable intelligence. En France, une telle hypothèse philosophique ne mérite même pas dêtre seulement évoquée. Elle est politiquement exclue car incorrecte. Nous avons là limage, à léchelle dun pays, du mécanisme sociologique qui sera peut-être pratiqué de manière universelle vers la fin du monde. En tout état de cause, la France montre que la voie dun aveuglement volontaire entretenu par ses élites est un phénomène sociologique possible.
Lhumanité est donc capable de tout parce quelle est un troupeau qui suit majoritairement le berger qui domine son époque. Il suffit que les conditions sociologiques soit favorables et la pire aberration peu être majoritairement crûe avec enthousiasme. Il nest donc absolument pas exclu que, lorsque le christianisme et les religions auront été suffisamment affaiblis, un prédicateur sadresse au monde et lui révèle lexistence dune révolte initiale, celle de Lucifer* et de ses anges. Au moment où jécris, une paix mondiale explicitement luciférienne nest pas prête de simposer au monde. Les grandes religions sont encore trop présentes. En sera-t-il de même dans cent ou deux cents ans?
Jésus disait à la foule: Quand vous voyez un nuage monter au couchant, vous dites aussitôt quil va pleuvoir, et cest ce qui arrive. Et quand vous voyez souffler le vent du sud, vous dites quil fera très chaud, et cela arrive. Esprits faux! laspect de la terre et du ciel, vous savez le juger, mais le temps où nous sommes, pourquoi ne savez-vous pas le juger?[214]
Avant de rapporter qui sera le dernier Antéchrist* et quelle sera son oeuvre, il convient de regarder les signes qui précéderont sa venue. Il sera lépreuve ultime de lÉglise. Il sera aussi lépreuve ultime de toutes les religions: « il sélèvera au-dessus de tout ce qui porte le nom de Dieu »[215]. Dieu nabandonnera pas par surprise lhumanité à une telle lutte. Des avertissements puissants seront donnés au monde entier pour quil se prépare à ne pas succomber aux tentations.
Quand viendra lAntéchrist de la fin du monde? En premier lieu, on doit affirmer que lAntéchrist ne viendra pas avant que le monde ne soit parfaitement disposé à le recevoir. Il est évident que, sil était né au XIIème siècle, il naurait pu avoir que peu dinfluence sur une société imprégnée de religion. Cest donc quune longue préparation sera opérée par le maître de ces oeuvres, Satan lui-même. Ainsi, pour que puisse apparaître avec succès une civilisation mondiale explicitement ennemie de Dieu, il faudra dabord quait existé une humanité sans Dieu. Cest ce quon appelle lapostasie*. Cela ne se fera ni plus vite ni plus lentement que ne le permettent les lois sociologiques qui gouvernent lévolution des mentalités. Lucifer sait patienter, telle livraie qui pousse à son rythme dans les champs. En ce début du troisième millénaire, quoiquen disent les prophètes alarmistes, le monde nest pas encore prêt. Certes lOccident a rejeté en grande partie le christianisme pour vivre dhumanisme mais lOccident nest pas le monde. De grandes nations africaines restent profondément chrétiennes ou musulmanes. LAmérique du Sud aime le Christ. LInde est presque restée imperméable aux athéismes et demeure profondément religieuse. Tous ces pays et bien dautres sont puissamment spirituels, selon leurs formes diverses de croyance et ne sont pas prêts à se soumettre au diktat mondial dune philosophie humaniste sans Dieu. Un long travail de sape reste à accomplir. Cest dailleurs ce travail dapostasie qui sera lun des signes les plus sûrs de la proximité de la venue du règne de lAntéchrist.
Nous avons raconté au chapitre précédant comment le christianisme avait été attaqué à la fois de lintérieur et de lextérieur depuis plusieurs siècles. Ce fut même la première religion à subir ces assauts car seule sa spiritualité et sa maturité extrêmes pouvaient produire par réaction des philosophies sans Dieu. Lislam*, quant à lui, sera attaqué dune autre manière quil nous faut essayer de découvrir. La crise de cette religion semble en effet être linstrument qui conduira au rejet des religions dans leur ensemble.
(Selon la tradition musulmane Au lecteur den juger)
Jai montré au chapitre 3 lorigine mystérieuse de lislam. Cette religion, non voulue explicitement par Dieu mais plutôt par la volonté des hommes, fut bénie* après sa naissance au point de devenir la deuxième en nombre. Ainsi se réalisait la promesse faite à Abraham que son fils Ismaël donnerait un peuple nombreux[217]. Lislam est une religion dont les deux valeurs morales fondamentales, prêchées à Médine, sont lhumilité et la miséricorde. Mais lislam eut des défauts de jeunesse dailleurs prophétisés par Dieu, à savoir une farouche autonomie (il sera un onagre dhomme!), une grande agressivité guerrière (il aura un arc[218]), son sans-gêne (il sétablira à la face de tous ses frères, cest-à-dire à la place même des autres religions), sa capacité à exaspérer tous les hommes (sa main sera contre tous, la main de tous contre lui). Celui qui fréquente lislam de lextérieur se rend compte très vite de la réalité de ces défauts. Or ces défauts humains sont quasi inséparables de lislam en tant que religion. Mahomet a fondé lislam de telle manière quil est non seulement une manière dadorer avec humilité le Dieu dAbraham, mais aussi un système politique guerrier[219]. Cest une réalité qui ne manquera pas dêtre utilisée à lapproche de la fin du monde par le démon tentateur. En effet, Satan tente les communautés humaines par là où il le peut. Il ne fait souvent quexagérer une qualité, la transformant en défaut. Ainsi, tenté par Satan, le christianisme de la liberté des enfants de Dieu devient, on la vu plusieurs fois au cours de lhistoire, le culte du libertinage individuel. De même, sil faut corrompre lislam et sa guerre aux règles chevaleresques, ce ne pourra être quen le transformant en un hideux massacreur de veuves et dorphelins.
Comment se produira la lutte de lAntichristianisme contre lislam? Avant de se pencher au plan sociologique sur ce sujet pour discerner ce qui se réalisera probablement dans lavenir, il est intéressant de lire ce que croient les musulmans eux-mêmes. Rappelons que très souvent, lhistoire a montré que les religions ou les peuples recevaient de la part de Dieu la révélation prophétique véridique de leur avenir[220].
Explicitement, dans le Coran, le Prophète Mahomet annonce, de manière semblable aux chrétiens, la venue de lAntéchrist et sa lutte contre les musulmans. Les signes de lHeure dans la théologie musulmane sont les suivants[221]: «Nous croyons aux signes de lHeure (qui sont): la sortie de lAntéchrist, la descente de Jésus fils de Marie du ciel, nous croyons au lever du soleil du côté de loccident (lieu habituel de son coucher), à la sortie de la bête du lieu (de son refuge) ».
Parmi les signes majeurs de lHeure, on peut retenir[222].
- Le lever du soleil du côté de loccident (lorsque la puissance et le pouvoir appartiendront à lOccident)
- La fumée (lorsque la confusion se fera dans les esprits musulmans entre le vrai et le faux)
- Le Mahdi* (venue dun grand prophète islamique) ;
- Lapparition de la bête (qui sera un piège pour les croyants, séduisant les mauvais musulmans en prêchant le faux) ;
- LAntéchrist (celui qui sexaltera contre la religion. Le prophète pleurait quand il évoquait sa venue) ;
- La grande guerre contre lislam (Gog et Magog) ;
- Lapostasie des foules musulmanes ;
- Le retour de Jésus fils de Marie*, et la restauration de lislam pour léternité.
Une dernière prophétie de Mahomet est importante à citer. Elle semble donner la clef des autres: Lislam a commencé étranger. Il finira étranger. Le sens en paraît évident. Il sagit de lannonce explicite dune diminution de puissance, dun cheminement de la religion islamique vers la pauvreté, la petitesse et la faiblesse. Cette prophétie ressemble fort à celle qui sapplique au christianisme[223]. Comment est-il possible que lislam, si puissant aujourdhui, connaisse une telle diminution?
En islam, il nexiste pas de magistère papal, apte à donner, comme dans le catholicisme, linterprétation authentique des textes de lÉcriture Sainte. Cest pourquoi, un peu à la manière des protestants, chaque musulman est invité à interpréter les textes. Lorsquil sagit de textes apocalyptiques, on trouve donc à peu près la même diversité de conception, depuis la plus féroce à la plus mystique. Pourtant, parmi toutes les interprétions, deux principales sopposent de nos jours, celle des guerriers fanatiques et celle (trop rares) des musulmans spirituels pour qui la miséricorde et lhumilité plaisent à Dieu. Cette interprétation des spirituels semble la plus authentique. Il convient den rapporter le scénario.
« Tout commencera par la venue du Mahdi. Dieu enverra un grand imam dont la mission consistera à préparer le peuple musulman à lépreuve. Au sens étymologique, le Mahdi signifie « celui qui est bien guidé ». Le mot dérive dun verbe "Hada" qui signifie guider. Le prophète Mahomet sest servi de ce mot dans son sens littéral quand il dit: "je vous recommande ma tradition et la tradition de mes califes orthodoxes et bien guidés après moi." En pratique, dans le vocabulaire religieux, le Mahdi désigne «un homme de la famille du Prophète[224] qui viendra à la fin des temps, remplira la terre de justice et déquité après quelle eût été remplie dinjustice et diniquité. Mais la prédication du Mahdi sera accompagnée de celle dune bête qui sera un piège. Elle sera suscitée par Dieu pour éprouver la foi de ceux qui sont réellement fidèles, afin de les distinguer de ceux qui naiment Dieu que pour un motif de gloire politique terrestre. En effet, celui qui suivra la bête séduisante, loin de suivre la voie de Dieu, sen éloignera. »
Aussi les musulmans spirituels pensent-ils de plus en plus que la Bête est déjà venue. Elle est pour eux Ibn Abdul Wahhab (1703-1792), le fondateur du totalitarisme islamique. Il est né à Uyaynah, dans la région de lArabie appelée Nejd, où est actuellement située la ville de Ryad, dont le prophète lui-même avait prédit que de ce lieu pourrait naître désordre et corruption[225]. Depuis les commencements de lenseignement de Wahhab, vers la fin du XVIIIème siècle, son culte est associé aux massacres de tous ceux qui sopposaient à lui. Layatollah Khomeney est probablement son alter ego puisquil réalisa pour la première fois de manière puissante et politique, dans le sang de ses ennemis, ce que rêvait Wahhab.
« Vers cette même époque paraîtra lAntéchrist (en arabe, le Djalal). Par ses mensonges, cest lui qui rendra conscient le monde non musulman du danger mortel que représente tout lislam pour le monde entier. Il sera juif. Il aura la caractéristique physique dêtre borgne. Il attirera beaucoup de musulmans à lui car il donnera à boire et à manger. Les musulmans seront tentés de le suivre et de renoncer à leur foi. Ses critiques contre lislam seront écoutées dans le monde. Il ne fera pas dans la nuance. Il ne distinguera pas le bon musulman du mauvais. La raison de cette confusion sera laction violente, les assassinats perpétrés par des membres pervertis parmi les musulmans. Le Prophète Mahomet dit que ces pervers seront de nationalité arabe. Quatre femmes qui fréquentaient le Mahomet rapportent quil a dit: "Malheur aux Arabes[226]!" Les compagnons questionnèrent alors: "Dieu nous détruira-t-il, alors que parmi nous il y aura des bienfaisants?" - Oui, cest parce quen vous se multiplieront les péchés (fornication, violence et autres)"»
Léminent Cheikh Al Qardaoui pense que nous sommes en période de Djalal, car lêtre humain ne regarde plus que dun il. Cest la vision matérialiste du monde qui, effectivement, séduit et conduit au rejet de la religion une part de la jeunesse musulmane. LAntéchrist serait déjà né. Dautre part, le monde actuel a tendance à distinguer de moins en moins les musulmans fidèles de leur caricature fanatique. La confusion est en marche et la méfiance monte. A lapproche de lan 2000 de lère chrétienne, banale année 1421 de lère musulmane, une inquiétude sourde envahit la communauté musulmane. En effet, les prophéties se mettent en place, une à une. La situation de la jeunesse est inquiétante. Partout dans le monde, lArabie Saoudite paye la construction de mosquées et installe des imams qui prêchent lislam violent et fanatique du Wahhabisme. Lécrivain Bengalais Zeeshan Ali a décrit la situation de manière touchante: «Les Musulmans du Bangladesh vivant aux U.S.A., sont de bons musulmans. Mais, du fait dun manque dinstruction, ils ne se rendent pas compte lorsque leurs croyances sont détournées par les imams Wahhabites*. Or, aux U.S.A., 80% des mosquées sont financées et animées par lArabie Saoudite[227]. Ces mosquées sont sous le contrôle des imams Wahhabites, qui prêchent lextrémisme aux jeunes. Ils les poussent à accuser leurs propres pères dhérésie, de péchés et dincroyance. » "Malheur aux Arabes ! [228]"
« Après un temps où la violence se radicalisera de part et dautre commencera la grande guerre contre lislam, la bataille finale que le Prophète appelle Gog et Magog*. Le monde entier, accompagné des démons, se liguera contre le peuple musulman, mené par lAntéchrist. Le passage coranique parlant de la guerre se réfère à un épisode biblique, lié à une prophétie dÉzéchiel[229]. LApocalypse 20, 7-9 en fait le symbole de la guerre finale: " Les mille ans écoulés, Satan, relâché de sa prison, sen ira séduire les nations des quatre coins de la terre, Gog et Magog, et les rassembler pour la guerre, aussi nombreux que le sable de la mer; ils monteront sur toute létendue du pays, puis ils investiront le camp des saints, la Cité bien-aimée. Mais un feu descendra du ciel et les dévorera. " Le premier signe de sa venue sera le suivant. Il réussira à susciter une réunion des armées du monde entier sur le territoire même de la terre sainte, lArabie. »
On comprend le tremblement apocalyptique qui saisit en 1991 (guerre du Golfe), les musulmans du monde entier, quelle que soit leur confession, lorsque ce signe se réalisa à lappel même dun Arabe, le roi dArabie Saoudite. Selon certains théologiens musulmans, dont AchaRaoui, cette guerre sera menée par lOccident matérialiste et dominateur. Sa puissance sera inouïe.
« La guerre se terminera mal pour lislam, au moins dans sa dimension politique. Le Prophète Mahomet annonce explicitement quun feu naîtra à Aden (au Yémen), qui chassera les habitants. Les royaumes musulmans seront détruits. Pire, la destruction ira jusquà linouï. Tous les lieux saints de lislam seront anéantis : la Kaaba de La Mecque*, la ville sainte de Médine seront détruites. La ville de Jérusalem*, troisième lieu saint, sera perdue. Devant une telle ruine politique, un tremblement saisira la communauté musulmane dans son ensemble. Les foules traumatisées par ce qui leur paraîtra être un abandon de Dieu, renonceront en masse à la religion. Le Prophète annonce pour la fin du monde ce grand mouvement dapostasie. Le vice se répandra partout. »
Cette destruction de lislam politique, cet appauvrissement de lislam religieux provoquera la réalisation de la prophétie de Mahomet citée plus haut : Lislam a commencé étranger. Il finira étranger. Un Hadith (une confidence reçue de Mahomet lui-même) de Muslim rapporte que malgré ces épreuves, il subsistera toujours, jusquà la fin du monde un petit reste de croyants. Ils seront de fidèles musulmans comme au temps béni* de Médine. « Il y aura toujours une partie de ma communauté qui combattra ouvertement dans la voie de la vérité jusquà la fin des temps. »
« Ainsi taillée par Dieu, la communauté musulmane, loin de disparaître, connaîtra un renouveau intérieur unique. Elle sera faible en nombre mais les quelques musulmans qui resteront seront fidèles, humbles et priants. Selon le Prophète, les musulmans fidèles mangeront (seront nourri) par le dikrh, le Rappel dAllah, la prière récitée cinq fois par jour. « Soubhannallah! Hamdoulillah! Allahouakbar! » Aux yeux de Dieu, ce sera la victoire réelle de lislam car lage dor du commencement réapparaîtra. Rendus politiquement minoritaires, les musulmans seront semblables à ceux de Médine. A cette époque, la seule épée était la foi en Dieu. »
Alors viendra la fin du monde. Issa (Jésus) le fils Maryama (Marie) descendra du Ciel. Daprès Abou-Horaïra, le Prophète a dit: "Lheure dernière ne viendra pas tant que le fils de Marie* ne sera pas descendu parmi vous en qualité darbitre équitable. Il brisera la croix, il mettra à mort le porc, il supprimera le tribut. Alors largent sera si abondant que personne ne voudra plus laccepter». Hadith*.
Ainsi est annoncé explicitement le retour de Issa-Jésus, fils de Marie. Face à sa venue, tous les êtres humains seront croyants et une prosternation vaudra mieux que le monde et ce quil contient. Issa (Jésus), apparaîtra au minaret blanc de la Mosquée de Omeyyades à Damas, et tuera Djalal*, lAntéchrist, près de Ramallah, aujourdhui, en Palestine. Les négateurs qui sentiront lodeur de Jésus mourront. « Le Commandeur des croyants lui dira: vient diriger notre prière et Issa répondra: non continue à diriger la prière car vous êtes de la communauté de Mahomet chacun peut présider la prière de lautre. »
Ces évènements peuvent-ils vraiment se produire ? Quon me permette de donner ici mon avis personnel, à travers lobservation sociologique de lislam actuel et lobservation du passé. Les mêmes causes produisant souvent les mêmes effets, il est en effet possible de se servir de lhistoire des Juifs contre les Romains pour deviner lavenir.
Sur le mémorial des martyrs de la résistance contre le nazisme, à Lyon, une épitaphe proclame: « Lhomme qui ne se souvient pas de lhistoire se condamne à la revivre. » Si les hommes pouvaient se souvenir de toute lhistoire, cette phrase prendrait sens[230]. En effet, une guerre sest jadis produite dont on ne peut manquer de remarquer quelle ressemble fort à ce qui est en train de se préparer pour lislam. Il sagit de la guerre religieuse des Juifs contre les Romains au premier siècle de notre ère. Flavius Josèphe était général de larmée juive. Après sa capture par les Romains, il mit par écrit ses souvenirs, avec la précision dun témoin de lintérieur. Son livre sintitule La guerre des Juifs. Le premier intérêt de son ouvrage est quen le lisant, hormis les armes utilisées, on se croirait dans lactualité. Rien ne semble avoir changé. Les mentalités sont les mêmes. Les années qui précédèrent la guerre des Juifs contre les Romains, ressemblent aux nôtres depuis 1979. Un phénomène semblable se produit dans lislam. Une secte musulmane, appelée Wahhabite* et dont le siège est lArabie Saoudite reproduit lerreur des Juifs en lappliquant aux prophéties reçues de Mahomet.
Les révoltes juives contre Rome furent sporadiques dès la fin du premier siècle avant Jésus-Christ. La guerre elle-même ne commença quen 66 après Jésus Christ et aboutit en lan 70 à la ruine totale de toute vie nationale et politique juive. Cette guerre couva donc un siècle avant déclater. Le général romain Titus prit Jérusalem* et fit raser ce qui restait du Temple. Un tiers, exactement un tiers des Juifs présents dans le monde à cette époque périt durant le conflit (un million cent mille victimes). Ce fut la plus terrible bataille de lAntiquité et elle réalisa pour la seconde fois après la guerre Babylonienne de Nabuchodonosor (début du VIème siècle av. J.C.) une prophétie de Moïse [231]: « Lorsque tu nauras pas servi Yahvé ton Dieu dans la joie et le bonheur que donne labondance de toutes choses, Yahvé suscitera contre toi une nation lointaine, comme laigle qui prend son essor. Ce sera une nation au visage dur. Elle tassiégera dans toutes tes villes, jusquà ce que soient tombées tes murailles les mieux fortifiées. Tu mangeras la chair de tes fils et de tes filles dans cette détresse où ton ennemi te réduira. Vous ne resterez que peu dhommes, vous qui étiez aussi nombreux que les étoiles du ciel. Parce que tu nauras pas obéi à la voix de Yahvé ton Dieu, Yahvé te dispersera parmi tous les peuples, dun bout du monde à lautre; Parmi ces nations, il ny aura pas de repos pour la plante de tes pieds, mais là Yahvé te donnera un cur tremblant, des yeux éteints, un souffle court. »
La cause de cette guerre fut, selon Flavius Josèphe, une prophétie mal comprise. Les Juifs avaient en effet reçu dans la Bible des textes concernant la venue du Messie et la fin du monde. Mais ils pouvaient signifier deux choses. Certains juifs appelés zélotes, minoritaires en nombre mais très actifs, croyaient fermement que le Messie serait un militaire puissant qui imposerait sa loi au monde entier: « En ce jour-là, Israël* triomphera. Les rois des nations serviront Israël! Ils lui apporteront leurs richesses. La nation qui ne te servira pas périra. Les richesses du Liban viendront chez toi. Ils sapprocheront de toi, humblement, les fils de tes oppresseurs, ils se prosterneront à tes pieds, tous ceux qui te méprisaient. [232] »
Dautres juifs, les anawims, pensaient que le Messie serait un homme humble et pauvre qui prendrait sur lui les péchés du monde entier pour ouvrir aux hommes le paradis de Dieu: «Sur lui reposera lEsprit de Yahvé. Son inspiration est dans la crainte de Yahvé. Il jugera mais non sur lapparence. Il nélèvera pas la voie. Il sera humble, monté sur un ânon, le petit dune ânesse. Il jugera les faibles avec justice, il rendra une sentence équitable pour les humbles du pays. [233]»
Or, lhistoire la montré par la suite, ce sont les Juifs spirituels qui avaient raison. Pourtant, Dieu laissa agir les zélotes. Leur révolte contre les Romains couva pendant près dun siècle. Au début, dans les vingt années qui précédèrent lère chrétienne, ils étaient peu nombreux. Ils passaient de maison en maison, les yeux exorbités, répandant leur message de folie : « Il faut commencer la guerre contre les envahisseurs romains, par tous les moyens. Dieu sera avec nous. Cest écrit dans les prophéties. Ils ne peuvent gagner. Au moment voulu, si nous croyons en lui, il nous les livrera. Il combattra pour nous. Notre peuple est appelé à régner sur le monde entier ! » Le peuple dans sa majorité se méfiait de ces fous. Mais il ne fut pas assez spirituel pour lutter fermement contre eux. Leurs paroles trouvaient un écho dans leur orgueil national humilié par loccupation. Les zélotes voulaient à tout prix une guerre. Pour lobtenir, étant faibles, ils commencèrent par la pratique de lassassinat terroriste. Les sicaires se mêlaient à la foule pour poignarder dans le dos des sentinelles romaines, pour tuer les Juifs collaborateurs. Lun deux a laissé son nom. Il sappelait Barrabas.
En 66 après Jésus-Christ, une dernière provocation réussit. Les zélotes du Temple de Jérusalem* refusèrent doffrir de lencens pour lempereur de Rome. Cette provocation ne fut pas tolérée par Néron qui envoya son meilleur général, Vespasien, à la tête des légions. La foi des zélotes était totale et rien ne réussit à lébranler. Attendant chaque jour le miracle de Dieu, ils réussirent à enfermer une foule immense dans Jérusalem* afin quelle participe au combat final. Ils montrèrent alors leur perversité en transformant le Temple saint en coupe-gorge, y assassinant sans vergogne ceux parmi le peuple qui leur paraissait manquer de ferveur fanatique. Lorsque le peuple fut exterminé, le Temple rasé, leur foi ne faiblit pas. Là où ils purent se réfugier, ils continuèrent dorganiser des embuscades, jusquau suicide. Plus la situation était désespérée, plus leur certitude de la proximité de lintervention divine augmentait. En fin de compte, tout ceci aboutit à la ruine totale pour 1900 ans de tout judaïsme politique. LEmpire romain interdit cette religion rebelle et dispersa le peuple hors de Palestine. Les Juifs devinrent errants à travers le monde, persécutés et faibles. Leur État ne fut recréé quen 1948.
Flavius Josèphe donne une explication théologique de cette folie des fanatiques. Ils furent aveuglés par un esprit venant de Dieu, dit-il. Ils crurent en une série de prophéties messianiques que Dieu rendit volontairement ambiguës[234]. Dieu voulut en un certain sens cet aveuglement, afin de les sauver dans la vie éternelle. Pourtant, raconte Josèphe, il les avertit par des signes nombreux[235]. Son moyen est toujours le même, comme pour toutes les puissances terrestres. Il livre lhomme à son orgueil. Laveuglement produit léchec ; Léchec conduit à lhumiliation puis à la réflexion ; Enfin naît un commencement dhumilité. La sagesse de Dieu sur tout ce qui vit en ce monde est résumée par la Vierge Marie* : « Dieu renverse les puissants de leur trône, il élève les humbles».
Celui qui connaît lislam de lintérieur est frappé de voir à quel point un scénario semblable se profile. A lheure où jécris ces lignes, les acteurs semblent être en place. Cette fois, ce nest pas un peuple de trois millions dâmes qui est en jeu mais le sort dun milliard de musulmans face au reste du monde. Les musulmans spirituels sont tout aussi rares quau temps de Jésus étaient rares les pauvres de Yahvé (les Anawims). Les zélotes juifs trouvent leur équivalent actuel chez les Wahhabites* arabes, les gardiens de la Révolution iranienne, les Talibans afghans, les G.I.A. algériens etc. Ces gens sont minoritaires mais violents et actifs. Ils blasphèment sans cesse lislam par leurs crimes horribles mais sont persuadés que tuer certaines femmes et certains enfants, même musulmans, sert la cause dAllah. La grande majorité des musulmans est, comme à lépoque de la guerre des Juifs, dans lexpectative, balançant entre une haine revancharde envers lOccident impérialiste et la crainte de lévidente folie fanatique des islamistes. Ils ne sont donc pas réellement aptes à saisir le danger mortel que représente pour eux la minorité fanatique.
Enfin, il semble que tout cela vienne de Dieu car les prophéties reçues à travers Mahomet sur la fin du monde ressemblent à celles des Juifs au temps de Néron. Elles sont tout autant ambiguës. On peut les interpréter de deux façons opposées et nul pape musulman ne viendra dire quelle est la vraie.
Pour les rares musulmans spirituels, lislam va bientôt régner sur le monde car, par laction purificatrice de Dieu, il va être rendu humble, pauvre et fervent. Au nom dAllah le miséricordieux, Dieu se plaît à ce qui est humble et miséricordieux. Au contraire, pour les musulmans islamistes, voici venir la grande guerre de lislam. Elle aboutira à la soumission de la terre entière au pouvoir politique de lislam (de leur islam sinistre). Voici le scénario de la fin du monde tel que lont reconstruit les islamistes fanatiques, en prenant ici et là ce qui les arrangeait dans les prophéties de Mahomet. « Tout commencera effectivement par la venue du Mahdi*. Vers la fin des temps, Allah suscitera la venue dun grand imam, couramment appelé Mahdi par le Prophète Mahomet. Par sa prédication, il renouvellera de lintérieur le zèle des musulmans. Ils retourneront à la Mosquée et reprendront leur zèle pour la guerre sainte. »
Selon eux, il est évident que le Mahdi est déjà venu. Il ne peut être que de Ibn Abdul Wahhab (1703-1792)[236], le fondateur de la spiritualité de la guerre sainte en Arabie Saoudite. Au XIXème siècle, le fondateur du royaume Saoudien, Ibn Saoud, institua le Wahhabisme comme croyance officielle. Il peut aussi sagir de layatollah chiite Khomeney qui prit le pouvoir en Iran chiite en 1979. Il suscita un espoir immense. Il humilia les deux Satans, U.S.A. et France. Il stimula par son exemple dans lislam du monde entier le zèle pour la guerre sainte.
« Après la venue du Mahdi apparaîtra lAntéchrist (le Djalal). Il sera juif et haïra lislam. Par ses paroles menteuses, il réussira à réunir une coalition militaire du monde entier contre lUmma (la communauté musulmane). Le signe du début de la grande guerre contre lislam sera visible par tous. Les armées de lAntéchrist se réuniront sur la terre sainte elle-même, la terre de lArabie. Des Arabes pervers, des traîtres, coopéreront à ce blasphème. Ce sera une armée immense. Face à elle, les forces musulmanes seront faibles. On ne leur donnera aucune chance de gagner. Mais Allah sera avec les musulmans. Alors, au dernier moment, quand tout semblera perdu, Il interviendra lui-même au cours du massacre quon appellera Gog et Magog*. Les textes saints le disent explicitement, la défaite de loccident sera totale [237]: Et toi, fils dhomme, prophétise contre Gog. Tu diras: Ainsi parle le Seigneur Yahvé. Je me déclare contre toi, Gog, prince, chef de Méshek et de Tubal. Je te ferai faire demi-tour, je te conduirai, je te ferai monter de lextrême Nord et je tamènerai contre les montagnes saintes de mon peuple. Je briserai ton arc dans ta main gauche et je ferai tomber tes flèches de ta main droite. Tu tomberas sur les montagnes dIsraël, toi, toutes tes troupes et les peuples qui sont avec toi. Je te donne en pâture aux oiseaux de proie de toute espèce et aux bêtes sauvages: Tu tomberas en plein champ, car moi, jai parlé, oracle du Seigneur. On mettra sept mois à enterrer leurs cadavres[238]. Alors commencera le règne de lislam sur le monde entier. Jésus, le Messie apparaîtra. Il brisera le christianisme. Les non-croyants seront soumis à Allah. Ceux qui refuseront seront retranchés de la terre.»
A la lecture de ces prophéties, on comprend la grande colère et lespoir eschatologique de musulmans arabes fervents comme Oussama Bin Laden quand ils virent, pendant la guerre du golfe de 1991, les armées Occidentales sinstaller en Arabie Saoudite, à la demande du roi lui-même. Ils comprirent que lheure de la grande guerre était arrivée. Ils y virent la réalisation du signe des temps. Ils déclarèrent une Fatwa[239] de malédiction sans merci à la royauté arabe saoudienne qui sétait rendue coupable du blasphème suprême en appelant les armées chrétiennes sur le territoire saint: « Malheur aux arabes!» dirent-ils en se référant à une prophétie de Mahomet pour la fin du monde. Depuis cette époque, de la même manière que les zélotes juifs au temps de lEmpire romain, les islamistes fanatiques ont décidé quils obtiendraient par tous les moyens leur guerre contre lOccident. Ils sont prêts, sil le faut, à multiplier les attentats et les provocations pendant un siècle. Ils auront leur guerre puisquelle leur paraît nécessaire. Sans elle, lislam ne pourra obtenir dAllah la domination sur le monde entier.
A notre époque, les prémices de cette guerre sont tous là. On se demande qui pourra empêcher les évènements de se produire. La haine sest trop répandue pour être arrêtée sans que le sang soit versé. Depuis les années 1980, une partie de lislam est tentée par le fanatisme[240]. Toute une jeunesse musulmane croit servir Dieu en entraînant le maximum de gens dans un désir de revanche, dans une guerre sainte et sans pitié contre tout ce qui nest pas cette forme exaltée et politique de la religion. La haine et le désir de vengeance ne sont pas seulement affaire de zèle religieux. Lislam est blessé dans son orgueil politique et cherche revanche. LOccident la colonisé pendant deux siècles. La science des pays chrétiens et la puissance financière qui en sort sont une constante provocation à lislam réduit au sous-développement. La perte de la Palestine, terre considérée comme à jamais musulmane, ne passe pas. Tout cela exacerbe la haine, de manière finalement assez semblable à celle de la jeunesse allemande de 1933. Une partie visible et remuante de lislam veut la guerre. Incapable de sarmer, elle médite des plans dattentats. Le rêve le plus grand de milliers de jeunes consiste à mourir martyre en tuant des Juifs ou des occidentaux. Dans certains pays, on sattaque aux chrétiens, aux juifs aux musulmans modérés. On tue, au hasard dune rencontre en confessant le nom dAllah. Le sang est désiré. Des rêves dattentats nucléaires hantent les nuits fiévreuses des fanatiques.
(Chose indécise)
De deux choses lune.
Soit la violence éclate et produit une grande guerre pour les Occidentaux, juifs et chrétiens. Dans cette hypothèse, la partie combattante de lislam risque bien de périr écrasée par la guerre quelle aura elle-même voulue[241]. « Qui prend lépée périt par lépée [242] ». Il se peut que le rêve de la bombe atomique islamiste soit un jour réalisé. Si elle est utilisée comme ils en rêvent, contre Tell Aviv, New York ou Paris, il est certain que les armes occidentales seront plus fortes. Une réplique rapide et déterminée écrasera toute cette haine accumulée, comme cela se produisit à Hiroshima pour les kamikazes shintoïstes japonais.
Soit le monde et les musulmans modérés, dans un éclair de lucidité, arrivent à contenir la haine des islamistes. Dans les deux cas, comme tout ce qui est démesuré, le fanatisme déjà visible provoquera dans les générations musulmanes à venir et dans le monde entier un rejet dégoûté de tout ce qui porte le nom dAllah. Cest une loi universelle de la sociologie. Tout ce qui est excessif provoque lexcès inverse, tôt ou tard. Quon se rappelle le phénomène somme toute analogue connu par lAllemagne dans la première moitié du XXème siècle. Les excès revanchards et fanatiques des nazis eurent leffet suivant dans la génération de leur fils: gauchisme, écologisme et pacifisme. De même, il est probable que les ruminations haineuses et obsessionnelles des pères islamistes finiront par produire dans les fils un désir avide de plaisirs et de richesses à lOccidentale... loin de cet Allah aux mains rouges de sang. A ce moment-là, lislam ne résistera ni à ses fautes passées ni surtout à la fragilité de ses bases théologiques: «Le Coran est, paraît-il, dicté mot à mot par Dieu, dira-t-on de toute part; Dieu nest-il pas bien ignorant pour faire de telles erreurs scientifiques ?» Le christianisme fit à la Renaissance sa révolution exégétique. Il le put car il ne considéra jamais la Bible comme dictée par Dieu. Lislam ne pourra suivre, semble-t-il un tel chemin. Lislam ayant été considérablement affaibli[243], il sera possible à lAntéchrist de sattaquer à sa survie même.
Mais lhistoire particulière de la crise de lislam aura à coup sûr, dans les deux cas, une répercussion sur les religions dans leur ensemble. Toutes les religions auront à en subir le contrecoup, «tout ce qui porte le nom de Dieu.[244]» Il est probable que la loi du balancier décrite dans lhistoire par Hegel se produira.
Il est possible dimaginer, sans trop de risque derreur, pour de simples raisons sociologiques, un scénario tel que celui-ci, en trois âges :
1- Après ces trop prévisibles malheurs à venir du fait dune partie de lislam en crise fanatique, le monde occidental réfléchira sur ses erreurs. Il est possible quil fasse lautocritique de son matérialisme grossier, la grossièreté de son culte du phallus au temps des années SIDA. Il y aura probablement un retour au religieux dans le sens noble du terme. Nos verrons que dautres conséquences plus politiques pourraient sortir de ces malheurs comme la fin de lorganisation du monde sous forme de nations[245], une Jérusalem entièrement juive, selon la fameuse prophétie de Jésus[246].
2- Quelques décennies plus tard, se lèvera une nouvelle génération à qui on aura raconté les grands malheurs dus à cette guerre religieuse. Par réaction aux récits de ces horreurs, il se pourrait quelle réagisse à la manière dun nouveau mai 68, semblable au plan religieux à celui qui fit rejeter avec violence la notion de patrie[247]. On ne voudra plus entendre parler daucune religion. On sera allergique à tout ce qui évoque la vie après la mort, le paradis. On se souviendra que cest au nom de tels concepts que les martyrs dAllah se faisaient sauter avec leurs victimes au temps des kamikazes. Ainsi pourrait se réaliser la prophétie de saint Paul : « Auparavant doit venir lapostasie »
3- Sera-ce la fin de lhistoire ? Une telle affirmation méconnaît lâme humaine. Elle est fondamentalement religieuse en ce sens quelle ne peut, à limage des animaux, se passer des réponses aux pourquoi. Cest pourquoi on peut prévoir que, deux ou trois générations plus tard, il se lèvera encore une autre jeunesse. Elle naura pas connu la guerre de religion. Elle aura été élevée dans le rejet de toute religion qualifiée de fanatisme. Elle aura des questions sur le sens de la vie, des angoisses. Il ny aura plus de réponses possibles, les grandes traditions spirituelles ayant disparu. Alors, il est probable que tous les obstacles auront disparu pour quapparaissent des sectes religieuses nouvelles, inconnues jusqualors. Tous les avertissements auront disparu devant celui qui tire les décors du monde. Lange déchu pourra enfin révéler au monde sa religion de la liberté. Ainsi pourrait se réaliser la suite de la prophétie de saint Paul : « Il doit se révéler, lHomme impie, lêtre perdu, lAdversaire, celui qui sélève au-dessus de tout ce qui porte le nom de Dieu ou reçoit un culte, allant jusquà sasseoir en personne dans le sanctuaire de Dieu, se produisant lui-même comme Dieu. Vous vous rappelez, nest-ce pas, que quand jétais encore auprès de vous je vous disais cela(...). » Loin dêtre la fin de lhistoire, tout cela annonce dautres errances, dautres malheurs et tâtonnements.
(Chose certaine)
Le peuple juif est à mettre à part. Il mériterait à lui seul tout un chapitre tant son destin est particulier. Choisi par Dieu depuis 4000 ans, il reste signe jusquà aujourdhui pour toutes les nations*. Cest une charge bien lourde à porter qui lui a valu au cours de son histoire les plus grandes grâces et les plus grands malheurs. Daprès saint Paul, Dieu voulut la subsistance dIsraël* par une de ses volontés mystérieuses. « Il fait miséricorde à qui il veut et il endurcit qui il veut». Saint Paul aurait pu ajouter jusquau moment quil veut car il est certain que les Juifs voient[248] qui est Jésus et le reconnaissent comme Messie au moment de la mort individuelle de chacun. Au Ciel, il ny a plus un seul juif (cest-à-dire un homme qui attend la venue du Messie). Il ny a plus que des hommes face au Messie.
Il fallait que le judaïsme subsiste sur la terre. Israël* devait demeurer pour les nations un signe grandiose annonçant le retour du Christ et la fin du monde. Cest ce que veut signifier saint Paul en écrivant: Que sera la conversion dIsraël (au Christ) sinon une résurrection dentre les morts?[249]. On peut même dire quIsraël est et sera lun des signes les plus importants donnés au monde de la fin de toutes choses et de la signification de cette fin.
Le Seigneur, dans les Évangiles et dans lépître de saint Paul aux Romains, donne cinq prophéties concernant lavenir de ce peuple et le retour du Christ:
1- Il annonce que le Temple de Jérusalem* sera détruit[250]: En vérité, je vous le dis, il ne restera pas ici pierre sur pierre qui ne soit jetée». Et le Temple sera remplacé par un temple consacré aux idoles: Vous verrez lAbomination de la désolation installée dans le Temple saint.
2- En second lieu, le Seigneur annonce que le peuple juif sera déporté parmi toutes les nations[251]: «Il y aura une grande détresse sur la terre et colère contre ce peuple. Ils tomberont sous le tranchant du glaive et ils seront emmenés captifs dans toutes les nations.
3- En troisième lieu, il y aura des malheurs et des massacres perpétrés contre ce peuple[252]: Filles de Jérusalem, ne pleurez pas sur moi. Pleurez plutôt sur vous et sur vos enfants! Car voici venir des jours où lon dira: Heureuses les femmes stériles, les entrailles qui nont pas enfanté, et les seins qui nont pas nourri! Alors, on se mettra à dire aux montagnes: Tombez sur nous! Et aux collines, couvrez-nous.
4- En quatrième lieu, ce peuple reviendra dans la terre dIsraël et prendra de nouveau possession de la ville sainte[253]: « Jérusalem sera foulée par les païens jusquà ce que soit accompli le temps des nations ». Le retour du peuple dIsraël dans sa terre marquera donc la fin du temps accordé aux païens pour inaugurer un temps de grâce accordé à Israël[254].
5- Enfin Jésus annonce[255]: Vous ne me verrez plus jusquà ce quarrive le jour où vous direz: Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur. Saint Paul confirme la réalité de ce dernier signe qui accompagnera immédiatement le retour du Christ dans sa gloire: Israël se convertira et reconnaîtra Jésus comme étant le Messie[256]. Leur mise à lécart de lAlliance fut une réconciliation pour le monde. Que sera leur admission sinon une résurrection dentre ses morts ». Ces deux textes semblent lier intimement le retour du Christ et la conversion dIsraël. Cela signifie-t-il que le jour où ils accepteront le Messie, celui-ci se montrera à eux de nouveau ou linverse? Toute la question, au plan du signe des temps, est ici.
Une chose peut par contre être affirmée sans risque. Ces cinq prophéties seront, dune façon grandiose, signes du retour du Christ car elles ne se réaliseront pas seulement dune manière perpétuelle comme on la dit des guerres et des tremblements de terre mais dune manière matérielle, historique, à une date fixée par Dieu, de la même façon que celles qui sont déjà réalisées. Pour sen convaincre, il suffit de regarder les trois prophéties déjà réalisées. Elles seront donc tout à fait adaptées au regard de tous les hommes, même des non spirituels.
1- Ainsi, vit-on en 70 après Jésus Christ le général romain Titus raser complètement le Temple de Jérusalem*. Il réalisa sans le savoir la première des prophéties, 40 ans (chiffre bilique de lépreuve) après la mort de Jésus.
2- Puis, en 135, à la suite dune deuxième révolte juive, le reste de la population fut déporté. LEmpereur romain fonda une nouvelle ville à la place des ruines de Jérusalem, Aelia Capitolina. Sur le lieu du Temple, il construisit un temple dédié à Jupiter. Pour les Juifs, lAbomination de la désolation dont parle le prophète Daniel 9, 27 était dans le Temple saint.
3- Les malheurs et les persécutions ne cessèrent de sabattre sur les communautés juives dispersées, jusquaux massacres de millions de juifs à Auschwitz. Là, un tiers des Juifs furent exterminé (6 millions sur 18 millions). Ce chiffre navait donc pas un sens uniquement symbolique dans la Bible[257].
4- Enfin, en 1948, la création du nouvel État dIsraël en Palestine marque une nouvelle étape, celle de la quatrième prophétie. Elle nest pas encore pleinement réalisée puisque Jérusalem nest pas redevenue une ville entièrement juive. Si on en suit la lettre, il est certain quun jour, Jérusalem sera entièrement juive. Jérusalem sera foulée par les païens jusquà ce que soit accompli le temps des nations.
Ce retour dans la terre de Palestine, réalisé il y a à peine cinquante ans, est un avertissement très explicite de la proximité des événements de la fin. Jérusalem est encore divisé. Des nations (musulmanes et chrétiennes) foulent le sol de Jérusalem-Est. Les musulmans entrent dans une haine exaltée dIsraël. Ils se promettent de les détruire et de les jeter à la mer. Un tel combat est dramatique car, semble-t-il, perdu davance. Gamaliel[258] disait en effet aux juifs de son temps à propos de la jeune Église chrétienne: « Laissez ces gens tranquilles. Si leur succès vient de Dieu, vous ne pourrez rien contre eux. Si ils viennent des hommes, ils disparaîtront deux-mêmes ». Les musulmans devraient tenir compte de ce conseil en ce qui concerne le jeune État juif. Après la ruine et les défaites successives qui marquent leur histoire depuis 1948, ils devraient imiter la sagesse du président égyptien Sadate qui fit la paix avec Israël.
De fait, il semble que cest impossible. Sadate est qualifié de « Traître » et il fut assassiné. Ils ne peuvent comprendre car leur foi leur dicte que la Palestine est à jamais terre dislam*. Cet aveuglement leur vient de Dieu. Il les égare[259] ici-bas pour mieux les sauver dans lau-delà. Il faut que leur orgueil soit abaissé, comme il la été pour les chrétiens et les Juifs. Si lon suit leurs propres prophéties telles que nous les avons rapportées précédemment, cette obstination aboutira probablement à leur ruine politique totale et, par là, à la profonde découverte de leurs propres limites. Ce sera un douloureux chemin dhumilité. Ils perdront définitivement leur gloire politique mondiale. Ils perdront certainement Jérusalem*.
Le jour où Jérusalem deviendra entièrement juive, où lesplanade des Mosquées deviendra le mont du Temple, alors sera réalisée la quatrième prophétie. Si lon suit la lettre de la prophétie de Jésus, il est probable que de manière concomitante se terminera lorganisation nationale du monde. On instaurera un gouvernement mondial « pour que jamais plus il ne puisse y avoir de guerre ». Au départ, ce mondialisme se fondera sur des valeurs de tolérance et de respect du spirituel. Nous verrons plus en détail[260] comment il tournera en quelques décennies en un humanisme explicitement antireligieux.
A propos de la Jérusalem redevenue juive, il convient daborder un dernier signe, celui du cur de cette ville, le Mont du Temple, appelé par les musulmans « esplanade des mosquées. Une prophétie du deuxième livre des Maccabées[261], mérite dêtre ici rapportée. « Il y avait dans cet écrit que, juste avant lattaque des babyloniens contre Jérusalem, averti par un oracle, le prophète Jérémie se fit accompagner par la tente et larche dAlliance de Dieu. Il se rendit à la montagne où Moïse, étant monté, contempla lhéritage de Dieu. Arrivé là, Jérémie trouva une habitation en forme de grotte et il y introduisit la tente, larche, lautel des parfums, puis il en obstrua lentrée. Quelques-uns de ses compagnons, étant venus ensuite pour marquer le chemin par des signes, ne purent le retrouver. Ce quapprenant, Jérémie leur fit des reproches: "Ce lieu sera inconnu, dit-il, jusquà ce que Dieu ait opéré le rassemblement de son peuple et lui ait fait miséricorde. Alors le Seigneur manifestera de nouveau ces objets, la gloire du Seigneur apparaîtra ainsi que la Nuée, comme elle se montra au temps de Moïse et quand Salomon pria pour que le saint lieu fût glorieusement consacré." » Depuis cette époque, on le comprend, une tradition court dans le peuple juif : Avant la manifestation du Messie, le Temple sera rebâti, plus beau que jadis, pour recevoir le Tabernacle saint et son contenu : le bâton du grand prêtre Aaron, la manne et les tables de la loi. Lorsque les chrétiens les entendaient parler de leur espérance, ils linterprétaient en pensant à leur future conversion. Ils se disaient que le troisième Temple ne serait pas fait de main dhomme mais quil annonçait le jour où ils adoreraient Dieu en esprit et vérité. Cette interprétation ne semble pas, tout en nétant pas exclue, être la plus judicieuse[262]. Le texte du livre des Maccabées ne parle pas dun temple spirituel mais de larche dalliance que Moïse avait fait façonner. Il convient donc dêtre attentif. Lorsque larche dalliance reparaîtra, ce sera un grand signe donné à lhumanité de la proximité de la venue du Messie.
Seule une prophétie restera à réaliser, celle de la conversion dIsraël au Christ. Nous en parlerons plus loin, en traitant des moments qui précéderont juste la fin.
Ce début du XXIème siècle voit saccumuler la réalisation de prophéties de lÉcriture: les temps se rapprochent...
(Chose certaine)
Cette histoire terrible et future de lAntéchrist, est dans les mains de Dieu. Il sait ce qui est le mieux pour notre salut et pour celui du monde entier. Cest un scénario de gloire en vue de la révélation lumineuse de son amour. Toutes les communautés humaines, toutes les religions sont passées une à une au crible de la souffrance, pour lhumilité des hommes.
LÉglise catholique ny échappera pas. Nous allons décrire plus loin jusquoù doit aller son abaissement, à limage de son Seigneur. Mais, avant cela, elle y sera préparée. Cette mission terrestre sera confiée à Marie, la mère de Jésus. Au pied de la croix, seule une femme croyait et vivait de lintérieur, debout, la mort de son Dieu. Elle ne douta pas un seul instant que Dieu son Fils était en train de sauver le monde. Jésus lavait dit et cela lui suffisait. Cette confiance unique ne se retrouve même pas chez saint Jean* pourtant présent à la croix, pourtant appelé « le disciple que Jésus aimait ». Il y est par amitié mais pense que tout est fini. La preuve nous en est donnée dans son Évangile. Ce nest quen voyant le tombeau vide et le linceul à sa place, comme affaissé, quil crut. Tous les autres disciples se sauvèrent. Mais, ce qui est le plus étonnant, cest que la plénitude des grâces reçues permettaient à Marie de vivre la passion en comprenant. Elle nétait pas une simple spectatrice confiante mais aveugle. Elle était une collaboratrice, une co- rédemptrice.
Il en sera de même à la fin du monde lorsque lAntéchrist triomphera. LÉglise visible (symbolisée dans lÉvangile par la vie de saint Pierre) sera si petite, tellement réduite aux seuls domaines des curs et sans vie extérieure et politique quon la croira morte pour toujours. «Les portes de lenfer ne lemporteront pas sur elle! » ricanera-t-on de tout côté en reprenant la promesse visiblement manquée de Jésus. Qui pourra songer quau moment même où les portes de lenfer sembleront avoir extérieurement tout détruit, Dieu triomphe comme à trois heures le jour de la mort de Jésus ? Qui croira que cest absolument linverse aux yeux de Dieu, que tout est accompli et que le retour glorieux du Christ est tout proche ? Personne ne pourra imaginer cela sauf ceux qui auront la même foi que Marie*. Seule une foi invincible, digne de la mère de Dieu, tiendra en ces heures dernières. Tous les autres faibliront aussi sûrement que Pierre* face à ce quil ne comprit pas. Voilà pourquoi, avant la fin du monde, Dieu a confié à sa mère la mission de lui préparer une Église faite de petites gens semblables à elle (symbolisée par la vie de saint Jean, Jean 21, 22). Il est essentiel que leur intelligence possède la même lucidité que Marie. Ils comprendront parfaitement le mystère de lespérance tel quil est décrit ici. Ils pourront alors accomplir la mission de Marie à la croix, offrir au nom de tous les hommes le « oui » définitif de lhumanité à Dieu. Ils baptiseront lhumanité dans leau et lesprit (dans leau de leur humilité et le feu de leur amour). Tout sera alors accomplit. On le voit, leur mission sera le Mystère (au sens le plus théologal du terme) ultime de lhistoire. Saint Bernard, parlant de ce fait des derniers temps, annonce:
Cest par Marie que le salut du monde a commencé, et cest par Marie quil doit être consommé (...) Mais dans le second avènement de Jésus Christ, Marie doit être connue et révélée par le Saint Esprit afin de faire par elle connaître, aimer et servir Jésus Christ. Les raisons qui ont conduit le Saint Esprit à cacher son épouse pendant sa vie, et à ne la révéler que bien peu depuis la prédication de lÉvangile, ne subsisteront plus.[263]
Saint Louis Marie de Montfort[264]* est intarissable sur ce thème[265]:
«Dieu veut donc révéler et découvrir Marie, le chef-duvre de ses mains dans ces derniers temps. Comme elle est laurore qui précède et découvre le Soleil de justice, qui est Jésus Christ, elle doit être connue et aperçue, afin que Jésus Christ le soit. Etant la voie par laquelle Jésus Christ est venu à nous la première fois, elle le sera encore lorsquil viendra la seconde, quoique non pas de la même manière.
Enfin Marie doit être terrible au diable et à ses suppôts comme une armée rangée en bataille, principalement dans ces derniers temps, parce que le diable, sachant bien quil a peu de temps, et beaucoup moins que jamais pour perdre les âmes, il redouble tous les jours ses efforts et ses combats; il suscitera bientôt de cruelles persécutions, et mettra de terribles embûches aux serviteurs fidèles et aux vrais enfants de Marie, quil a plus de peine à surmonter que les autres.
Cest principalement de ces dernières et cruelles persécutions du diable qui augmenteront tous les jours jusquau règne de lAntéchrist, quon doit entendre cette première et célèbre prédiction et malédiction de Dieu, portée dans le paradis terrestre contre le serpent. Je mettrai une hostilité entre toi et la femme, entre ta descendance et sa descendance. Elle-même técrasera la tête, et tu mettras des embûches à son talon.
Jamais Dieu na fait et formé quune inimitié, mais irréconciliable, qui durera et augmentera même jusquà la fin: cest entre Marie, sa digne Mère, et le diable, entre les enfants et serviteurs de la Sainte Vierge, et les enfants et suppôts de Lucifer*; en sorte que la plus terrible des ennemies que Dieu ait faite contre le diable est Marie*, sa sainte Mère. (...) Cest premièrement parce que Satan étant orgueilleux, souffre infiniment plus dêtre vaincu et puni par une petite et humble servante de Dieu, et son humilité lhumilie plus que le pouvoir divin. (...) Ce que Lucifer a perdu par orgueil, Marie la gagné par son humilité; (...) Non seulement Dieu a mis une inimitié, mais des inimitiés, non seulement entre Marie et le démon, mais entre la race de la Sainte Vierge et la race du démon; Cest‑à‑dire que Dieu a mis des inimitiés, des antipathies et haines secrètes entre les vrais enfants et serviteurs de la Sainte Vierge et les enfants et esclaves du diable; ils ne saiment point mutuellement, ils nont point de correspondance intérieure les uns avec les autres. Les enfants de Bélial, les esclaves de Satan, les amis du monde (car cest la même chose), ont toujours persécuté jusquici et persécuteront plus que jamais ceux et celles qui appartiennent à la Très Sainte Vierge, comme autrefois Caïn persécuta son frère Abel, et Esaü son frère Jacob, qui sont les figures des réprouvés et des prédestinés. Mais lhumble Marie aura toujours la victoire sur cet orgueilleux, et si grande quelle ira jusquà lui écraser la tête où réside son orgueil; elle découvrira toujours sa malice de serpent; elle éventera ses mines infernales, elle dissipera ses conseils diaboliques, et garantira jusquà la fin des temps ses fidèles serviteurs de sa patte cruelle.
Nous verrons plus loin que cest la prière de ces chrétiens des derniers temps qui provoquera le retour de Jésus. Concrètement, il faudrait être aveugle pour ne pas voir que Marie* a déjà commencé son travail de préparation. La première de ses apparitions[266] (car son travail de préparation consiste en une prédication aussi concrète et directe que le sera le retour du Christ à la fin), date de 1830. Elle donne à sainte Catherine Labouré une médaille[267]. Elle la rend même miraculeuse tant elle espère que ceux qui la porteront méditeront son message. Sur son verso, Marie fait représenter un M qui porte une croix. Larchevêque de Paris, à qui lon soumis la médaille en vue de limprimatur se demandait sil naurait pas mieux fallu un M au pied dune croix. De fait, il y avait là un symbole surprenant, à faire frémir les protestants. Il signifie plusieurs choses très profondes concernant le rôle de Marie comme co-rédemptrice[268]. Mais pour ce qui concerne la fin du monde, sa signification est éloquente. M signifie ceux qui vivent de la spiritualité de Marie. La croix symbolise leur fidélité au Christ. Tout cela annonce que, vers la fin du monde, la vie du Christ ne pourra plus subsister dans les curs sauf chez ceux auront la même foi quelle. Au-dessous de ce M, les deux curs de Jésus et Marie sont présents pour que nul ne doute, quoiquil arrive, que cest leur amour qui permet tout[269]. Depuis cette première apparition, Marie ne cesse dinsister, de revenir, déduquer. A La Salette[270] (1848), elle prononça lavertissement solennel de se tenir prêt: «Voici le temps des temps, la fin des fins ». Dans lÉglise catholique dOccident, minée depuis les années 70 par une crise de perte de la foi, on constate que tout le renouveau, quel quil soit, a un rapport étroit avec Marie. Est-ce un signe grandiose du temps où nous nous trouvons[271]?
Ce paragraphe peut surprendre. Il est motivé par des faits. Sainte Thérèse est avec Marie* lun des grands signes annoncés pour que nous nous préparions à la venue de lAntéchrist. Le pape Pie X la considérait comme la plus grande sainte des temps modernes. En voici la raison. Cette jeune fille na vécu que 24 ans et est morte en 1897 usée par la tuberculose au Carmel de Lisieux. Elle raconte elle-même sa vie dans trois petits cahiers adressés à sa prieure. Son message na rien de nouveau. Il est lÉvangile, vécu comme Jésus le veut. Elle aime Jésus et, brisée par la maladie et par de terribles tentations, laime encore avec confiance. Mais, chose encore plus remarquable, elle vit et meurt au moment même où se manifestent en France de graves persécutions contre lÉglise. Quelques années après sa mort, des milliers de religieux seront expulsés de leur couvent par les baïonnettes de larmée. Elle nignore rien de tout cela mais nen parle pas une seule fois. Elle ne parle que de son amour pour Dieu. On pourrait lexpulser, elle fixerait avec confiance Jésus. Cette attitude paisible nous est donnée comme un grandiose signe des temps. Elle doit être imitée sous peine de se rendre incapable de vivre les mystères de la fin du monde comme Jésus le souhaite. Concrètement, lattitude angoissée de certains chrétiens daujourdhui, nourris de textes dapparitions quils interprètent matériellement, est à bannir. Sainte Thérèse est témoin de la vraie attitude chrétienne, la confiance. Quand bien même il (Jésus) me tuerait, je laimerais encore dit-elle quelques jours avant sa mort. Il doit en être de même face aux signes de plus en plus précis de la venue de lAntéchrist. Quand bien même nous serions le dernier à le connaître en ce monde, nous savons quil reviendra! De même, lexemple de Thérèse condamne le fait de regarder trop souvent le démon et son action, la politique et son caractère désespérant, les pécheurs et leur haine de lÉvangile. Nous savons que ces mystères existent mais pourquoi en être troublé puisque Jésus est Dieu? Sainte Thérèse de lEnfant-Jésus nest autre que cet Énoch et cet Élie* qui doivent revenir à la fin du monde. Cest ce que nous allons expliquer dans le paragraphe suivant.
(Chose indécise à cause des multiples sens possibles)
LApocalypse de saint Jean* annonce la venue de deux témoins qui prophétiseront avant dêtre mis à mort[272]:
Mais je donnais à mes deux témoins de prophétiser pendant 1 260 jours, vêtus de sacs. Ce sont les deux oliviers et les deux flambeaux qui se tiennent devant le maître de la terre. Si on savisait de les malmener, un feu jaillirait de leur bouche pour dévorer leurs ennemis (...) Mais quand ils auront fini leur témoignage, la Bête qui surgit de labîme viendra guerroyer contre eux, les vaincre et les tuer. Et leurs cadavres, sur la place de la grande cité, Sodome ou Égypte comme on lappelle symboliquement, là où leur Seigneur fut crucifié, leurs cadavres demeurent exposés aux regards des peuples, des races, des langues et des nations, durant trois jours et demi, sans quil soit permis de les mettre au tombeau. Les habitants de la terre sen réjouissent et sen félicitent car ces deux prophètes leur avaient causé bien des tourments. Mais passés trois jours et demi, Dieu les ressuscita et les remit sur pied, au grand effroi de ceux qui les regardaient.
Ce texte est une allégorie dont les sens, volontairement multiples, concernent les chrétiens de tous les temps. Mais, vers la fin du monde, il prendra une signification encore plus forte.
Traditionnellement, on considère que les deux témoins qui doivent venir à la fin des temps sont Énoch et Élie*, les deux hommes justes dont lÉcriture raconte quils ne moururent pas mais furent enlevés au ciel. Énoch fut le septième patriarche après Adam. La Bible le caractérise dune seule phrase[273]: « Énoch marcha avec Dieu, puis il disparut car Dieu lenleva». Quant à Élie, il disparut dans un char de feu sous les yeux du prophète Elisée[274]. Certains théologiens juifs et chrétiens pensèrent donc que ces deux prophètes attendaient au paradis terrestre et devaient venir physiquement à la fin du monde annoncer la venue puis le retour du Christ. Cependant, si lon regarde de près les Écritures, on doit parler autrement. En effet, le Seigneur affirme que le prophète Élie* qui devait revenir nétait autre que Jean-Baptiste, le fils dElisabeth[275]: « Et lui, si vous voulez men croire, il est cet Élie* qui doit revenir. Que celui qui a des oreilles entende! » Il ne peut donc sagir matériellement de cet Élie qui a vécu au temps de la reine Jézabel, mais plutôt dun homme revêtu de lesprit dÉlie, cest-à-dire de sa spiritualité.
Il en sera de même à la fin du monde. Et pour connaître ce que peuvent représenter les spiritualités dÉnoch et dÉlie, il suffit de regarder leur vie. Ainsi, Énoch représente la fidélité intérieure puisquil est seulement dit de lui quil marcha avec Dieu. Quant à Élie, il est remarquable par le zèle qui le brûlait à légard du Seigneur. Ce zèle était exercé à travers des actes violents mais très efficaces. Il nhésita pas à faire cesser toute pluie durant son ministère pour conduire les hommes à la conversion. Il commence son ministère ponctué de fléaux de la manière suivante[276]: « Élie le Tishbite, de Tishbé en Galaad, dit à Achab: « Par Yahvé vivant, le Dieu dIsraël que je sers, il ny aura ces années-ci ni rosée ni pluie sauf à mon commandement. » De même, il leur prouva la vanité du dieu Baal en ridiculisant ses prophètes par un défi où le vrai Dieu devait répondre. Il fit mettre à mort les serviteurs de Baal. Lesprit dÉlie est donc celui de lintransigeance de la foi, celui de la fidélité extérieure et manifestée au Seigneur. De même, Jean-Baptiste nhésita pas à reprocher publiquement, au risque de sa vie, son péché dadultère à Hérode. Il fut réellement rempli de ce zèle de lhonneur de Dieu.
Jean baptiste était effectivement revêtu de lesprit dÉlie, de son zèle pour la foi et le comportement juste. Au mépris de sa vie, il nhésita jamais à dire la vérité. Face à face, il reprocha à Hérode son fait[277]: « Il ne test pas permis davoir la femme de ton frère. »
Les deux témoins qui doivent revenir avant la fin du monde ne sont donc pas physiquement Énoch et Élie. Cette prophétie désigne que tout au long de lhistoire et surtout à la fin du monde, deux témoignages complémentaires rappelleront aux pécheurs la vanité de leur vie. Lun sera plus féminin et doux (Énoch), lautre viril et source de fléaux (Élie). Ils seront complémentaires, à limage de Dieu qui est père et mère. Cest toujours de cette manière symbolique quoique bien réelle quil faut interpréter le premier sens du livre de lApocalypse, avant de rechercher ses réalisations historiques. Ainsi, les 1260 jours de la vie des deux témoins, cest-à-dire trois ans et demi, signifient que les deux témoins ont la même mission que le Christ dont la prédication dura trois ans et demi. De même, leurs cadavres qui doivent rester sans vie trois jours et demi signifie quils vivront la même passion que le Christ puis ressusciteront comme lui.
Ainsi, les deux témoins qui doivent venir à la fin du monde pour témoigner de Dieu peuvent représenter, dans leur premier sens qui est spirituel, la vie contemplative qui est lesprit dÉnoch et la vie apostolique qui vit du zèle dÉlie. Énoch et Élie doivent être considérés comme présents à chaque époque à travers les moines dune part (Énoch) et dautre part les nombreux apôtres (Élie), à travers surtout tous les chrétiens contemplatifs ou apostoliques qui vivent de la sainteté de leur vocation.
Dans un autre sens, spirituel aussi mais davantage politique, les deux témoins représentent lÉglise chrétienne et Israël*. Cest ainsi que durant des siècles, avant la naissance de lislam, seule ces deux religions témoignaient aux yeux du monde du Dieu dAbraham.
Cependant, à la fin du monde, lorsque Israël commencera de se rapprocher du Christ et du christianisme, le monde naura plus que deux religions issues dAbraham et témoignant devant lAntéchrist, le christianisme et lislam. Selon cette interprétation, si lon suit le texte de lApocalypse, elles sont les deux oliviers, cest-à-dire, selon saint Paul[278], les deux témoins de Dieu. Chacune avec sa grâce, ces religions témoignent de Dieu qui agit toujours de deux manières : force et douceur. Le christianisme exalte lamour de Dieu comme Énoch, lislam est le témoin de lintransigeance de la pureté de la foi au Dieu unique (comme Élie*). Leur témoignage uni deviendra, pour le monde, insupportable. Cest pourquoi lApocalypse parle de la guerre que leur fera le démon, jusquà les détruire. Vers la fin du monde, lorsque lAntéchrist commencera ses attaques contre Dieu, les divisions et les oppositions entre le christianisme et lislam paraîtront moins importantes devant la gravité du danger. Ainsi, il est probable que le rapprochement commencé par le pape Jean-Paul II à Assise en 1988[279] est prophétique dune unité bien plus intense, la foi de chacun étant respectée. Ces deux religions ne périront cependant pas de la même façon. Chacune sera attaquée par ce qui fait sa faiblesse. Le christianisme le sera par sa tendance à la naïveté et à linnocence qui fait que, de lintérieur, il est aisément corrompu; Lislam par son épée, qui tente certains de ses membres au fanatisme et lui attire des réponses armées efficaces.
Une troisième interprétation nest pas exclue[280]. Dieu aime à multiplier les modes de réalisation de ses prophéties. Il sagit de celle qui pense que les deux témoins seront des prophètes suscités par Dieu à la fin du monde et dont lefficacité apostolique sera immense. Labbé Augustin Lemann commente[281] : « Le second champion de la vérité chrétienne contre l'Antéchrist sera une phalange de Docteurs, suscitée par Dieu pour ces temps d'épreuve. Jamais les docteurs, astres bienfaisants, n'ont manqué à l'Église. Mais ce qu'il y aura alors de particulier, c'est que cette phalange de docteurs recevra, pour le soutien et la consolation des bons, une plus grande intelligence de nos Saintes Écritures. Le prophète Daniel en a fait l'annonce dans un autre passage de son livre, également consacré à la persécution de l'Antéchrist : « Les impies, dit-il, agiront avec impiété, et tous ces impies n'auront pas l'intelligence, mais ceux qui auront la science de Dieu comprendront[282]». Ce qui signifie que tandis que les impies, frappés d'aveuglement, accompliront les dernières prophéties, comme autrefois les Juifs, sans les comprendre, les docteurs de l'Église, inondés de nouvelles lumières et pénétrant les passages les plus obscurs de ces prophéties, y trouveront l'explication des événements de cette époque, et, prémunissant les fidèles contre les artifices de l'Antéchrist, ils les maintiendront dans la fermeté et la confiance, dans l'attachement à l'Église et à ses divins enseignements, au prix même de la vie. La prophétie de Daniel ajoute : « Et les docteurs du peuple en instruiront beaucoup, et ils tomberont sous le glaive, par la flamme, par la captivité, et par des brigandages prolongés [283]. » Remarquable est cette expression : les docteurs du peuple ! Mais quoi ! ce titre de « docteurs » que décerne le prophète, n'est-il pas réservé dans l'Église ? Ne demeure-t-il pas l'apanage des intelligences d'élite qui ont consumé leurs veilles à l'acquisition, souvent ardue, de la vérité ? On dit : les docteurs de l'Église, mais les docteurs du peuple ?... Admirons les délicatesses divines : Ce titre de docteur, juste récompense du talent uni au travail, l'Esprit Saint l'attribue également, et avec infiniment de justesse, à des petits parmi le peuple que la grandeur de leur foi a transformés en apôtres. Qui n'en a rencontré sur son chemin de ces docteurs du peuple ? Quelque obscur ouvrier, une humble servante, des enfants même. Il tombait de leurs lèvres comme des jets de lumière : c'est l'amour qui les faisait jaillir, l'amour qui voit aussi loin, souvent plus loin que l'intelligence.»
Ces apôtres vivront de la confiance aimante dÉnoch et du zèle dÉlie et ramèneront à Dieu beaucoup dhommes. Cette interprétation est même, si lon considère la façon dont Dieu nous sauve, aussi certaine que les autres. Dieu ne peut laisser les hommes affronter lépoque de lAntéchrist* sans proposer à ceux qui seront attentifs, toutes les armes de la survie spirituelle. Sil envoie sa mère dans de nombreuses apparitions, cest quelle est la plus capable de former des âmes contemplatives. Mais il lui adjoint de nombreux témoins afin que toutes les sensibilités entendent le message. Certains sont déjà venus et, unique parmi tous les autres, sainte Thérèse de lEnfant Jésus brille au cur de lapostasie* en marche. Son témoignage est le même que celui dÉnoch: «Elle marcha avec Dieu, puis elle disparut car Dieu lenleva! » A la fin du monde, lorsque lAntéchrist viendra, les hommes croyants nauront quà limiter, marcher avec Dieu dans le secret de la charité. Alors Jésus reviendra et les enlèvera.
Vers la fin du monde, avant que le règne de lAntéchrist* ne rende toute prédication impossible, il est probable que le Seigneur suscitera de nouveaux « Élie » qui prêcheront dans le monde entier lÉvangile. Cest ce que Jésus semble annoncer (« semble » car ces textes ont plusieurs niveaux de sens): «Cette bonne nouvelle sera annoncée dans le monde entier, en témoignage à la face de toutes les nations. Et alors viendra la fin.[284] ». Saint Marie Grignon de Montfort[285]* décrit les apôtres des derniers temps de la façon suivante[286]:
Ces grandes âmes, pleines de grâce et de zèle, seront choisies pour sopposer aux ennemis de Dieu, qui frémiront de tous côtés, et elles seront singulièrement dévotes à la Très Sainte Vierge, éclairées par sa lumière, nourries de son lait, conduites par son esprit, soutenues par son bras et gardées sous sa protection, en sorte quelles combattront dune main et édifieront de lautre. Dune main, elles combattront, renverseront, écraseront les hérétiques avec leurs hérésies, les schismatiques et leurs schismes, les idolâtres avec leur idolâtrie, et les pécheurs avec leurs impiétés; et, de lautre main, elles édifieront le temple du vrai Salomon et la mystique cité de Dieu». Mais qui seront ces serviteurs, esclaves et enfants de Marie? Ce seront un feu brûlant, ministres du Seigneur qui mettront le feu de lamour divin partout. Ce seront comme des flèches dans la main du puissant[287], dans la main de la puissante Marie pour percer ses ennemis. Ce seront des enfants de Lévi, bien purifiés par le feu de grandes tribulations et bien collés à Dieu, qui porteront lor de lamour dans le cur, lencens de loraison dans lesprit et la myrrhe de la mortification dans le corps, et qui seront partout la bonne odeur de Jésus Christ aux pauvres et aux petits, tandis quils seront une odeur de mort aux grands, aux riches et aux orgueilleux mondains.
Ce seront des nuées tonnantes et volantes par les airs au moindre souffle de lEsprit Saint, qui, sans sattacher à rien ni sétonner de rien, ni se mettre en peine de rien, répandront la pluie de la parole de Dieu et de la vie éternelle; ils tonneront contre le péché, ils gronderont contre le monde, ils frapperont le diable et ses suppôts, et ils perceront doutre en outre, pour la vie ou pour la mort, avec leur glaive à deux tranchants de la parole de Dieu, tous ceux auxquels ils seront envoyés de la part du Très‑Haut.
Ce seront des apôtres véritables des derniers temps, à qui le Seigneur des vertus donnera la parole et la force pour opérer des merveilles et remporter des dépouilles glorieuses sur ses ennemis; ils dormiront sans or ni argent et, qui plus est, sans soin, au milieu des autres prêtres, et ecclésiastiques et clercs; et cependant ils auront les ailes argentées de la colombe, pour aller avec la pure intention de la gloire de Dieu et du salut des âmes, où le Saint Esprit les appellera, et ils ne laisseront après eux, dans les lieux où ils auront prêché, que lor de la charité qui est laccomplissement de toute la loi.
Enfin, nous savons que ce seront de vrais disciples de Jésus Christ, qui marcheront sur les traces de sa pauvreté, humilité, mépris du monde et charité, enseignant la voie droite de Dieu dans la pure vérité, selon le saint Évangile, et non selon les maximes du monde, sans se mettre en peine ni faire acception de personne, sans épargner, écouter ni craindre aucun mortel, quelque puissant quil soit. Ils auront dans leur bouche le glaive à deux tranchants de la parole de Dieu; Ils porteront sur leurs épaules létendard ensanglanté de la Croix, le crucifix dans la main droite, le chapelet dans la gauche, les sacrés noms de Jésus et de Marie sur leur cur, et la modestie et mortification de Jésus Christ dans toute leur conduite.
Voilà de grands hommes qui viendront, mais que Marie fera par ordre du Très-Haut pour étendre son empire sur celui des impies, idolâtres et Mahométans. Mais quand cela sera-t-il? Dieu seul le sait: cest à nous de nous taire, de prier, soupirer et attendre: Expectans expectavi.
Ils seront des hommes humbles, bons, emplis de lesprit de Marie qui les aura formés pour ainsi dire sur ses genoux. Ils prêcheront lÉvangile comme jamais on ne la fait depuis lépoque apostolique. Ce sera un témoignage conforme au cur de Jésus. Ils néteindront pas la mèche qui fume dans les curs comme le font ceux qui enseignent avec violence. Ils ne piétineront pas les âmes mais témoigneront par la douceur, toucheront les curs[288]. Mais cela ne signifie pas que leffet sera durable. Lorsque Jésus entra à Jérusalem, il fut acclamé par le peuple tout entier. Les gens le voyaient monté sur un ânon et vivaient la Parole du prophète Zacharie[289]: «Sois sans crainte, fille de Sion! Voici que ton roi vient, monté sur un petit dânesse ». Quelques jours plus tard, cette même foule réclamait la mort de Jésus. Il en sera de même pour lÉglise à la fin du monde. Le martyre vécu par les hommes de Dieu en ce temps là, martyre sans doute plus intérieur que physique à cause des progrès de la spiritualisation du monde, ressemblera point par point à celui de Jésus. La vie de lÉglise des derniers temps sera dailleurs à son limage. Mais quelle différence y a-t-il entre martyre spirituel et martyre sanglant? Pourquoi pas la délation, la déformation caricaturale du message, linterdiction de parler et toutes les formes modernes de la désinformation dont lÉglise est déjà victime de nos jours.
(Chose certaine pour le fait, indécise pour le comment)
LÉglise est une communauté dhommes et de femmes que lEsprit Saint considère dès cette terre, malgré les péchés, comme son épouse. A la différence des autres religions, le christianisme a reçu de Dieu, dès ici-bas la révélation quil est possible de laimer comme un ami intime. Il ne sagit pas seulement de lamour du serviteur (islam), de lamour confiant dune épouse soumise et incapable (Réforme protestante) mais du cur à cur réciproque le plus intime et réactif. En ce sens, lÉglise est sainte.
Mais, si lon se penche sur la vie concrète des chrétiens, lhumilité et lamour pour Dieu et le prochain sont rares. En ce sens là, lÉglise est loin dêtre sainte. Alors Dieu a décidé de se la préparer. Jusquà la fin du monde, en vue de sa venue, il va la rendre limpide et aimante. Il agit à sa manière, de cette manière qui lui est propre, la croix.
(Chose probable)
Il la déjà utilisée pour Jésus durant sa vie terrestre. Dieu avait voulu que la mission de Jésus ne sarrête pas à la seule prédication de lÉvangile mais aille jusquau don personnel et volontaire de sa vie sur la croix. De même, lÉglise qui est son épouse, après avoir prêché lÉvangile à toutes les nations*, sera conduite intérieurement à se préparer à un martyre mystérieux, identique dans son esprit. Avant cela, il y aura une lente préparation, à travers des générations de croyants. Ce changement progressif de mentalité sera visible pour ceux qui sauront regarder. Ce sera un grand signe de la proximité du retour du Christ. Pour discerner à lavance ces signes, il suffit de se souvenir que le modèle de la fin de lÉglise nest autre que la fin de Jésus, passion, sépulcre, résurrection se déclinent pour lÉglise en victoire de lAntéchrist, silence, retour du Christ. Mais bien avant que ne viennent ces moments, lÉglise ressemblera dans son histoire à la vie de Jésus. Déjà nous pouvons discerner cette ressemblance. Essayons de la suivre pas à pas.
Ceux qui ont connu lÉglise avant le Concile Vatican II savent à quel point elle était différente de celle daujourdhui. Ce nest pas un phénomène français mais universel. Auparavant lÉglise, sûre delle-même à travers son clergé à cause de la vérité dont elle se savait détentrice, ne sadressait jamais aux autres religions. Il eut été inimaginable au temps de Pie IX (fin du XIXème siècle) ou de Pie XII (milieu du XXème) quun pape sabaisse à recevoir les délégués des autres religions pour prier ensemble. Cest pourtant ce qua réalisé Jean-Paul II. Dautres faits significatifs de ce changement radical de mentalité sont à citer. Paul VI renonce après le Concile Vatican II à se faire porter dans un fauteuil surélevé puis il vend pour les pauvres sa triple couronne pontificale. Jean-Paul II est allé plus loin, allant jusquà embrasser la terre des nations quil visitait. Ces signes dhumilité suscitèrent le courroux des intégristes, outrés de voir la Sainte Église sabaisser ainsi.
Pourtant, si lon regarde la vie de Jésus, on discerne dans les mois qui précédèrent sa passion le même changement dattitude. Alors quil ne sadressait quaux juifs, allant jusquà dire à une pauvre femme étrangère qui lui demandait la guérison de sa fille: Les petits chiens ne doivent pas manger le pain des enfants[290], il se met soudain à parler à des païens, à des grecs. Il ne leur dit pas quelque chose de banal mais leur annonce sa passion ! Si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il reste seul mais sil meurt, il porte beaucoup de fruits.[291]. Nous avons dans la pauvreté actuelle de lÉglise, si ressemblante à celle de Jésus, un grandiose signe des temps. En effet, lhumilité et la charité sont les conditions de lentrée dans la gloire. Plus nous voyons lÉglise humble et aimante, plus nous pouvons être certain du travail accompli par lEsprit Saint et de la proximité du retour du Christ. Mais nous pouvons aussi être sûrs que le Christ ne reviendra pas avant que cette pauvreté ne soit devenue totale, semblable à celles de Jésus et Marie à la croix. Saint Paul laffirme: «Avant sa Venue (la Parousie* du Christ) doit venir lHomme Impie...[292] »
Sans trop forcer lanalogie entre la vie de Jésus et celle de lÉglise, nous voudrions établir quelques parallèles très visibles qui peuvent démontrer un peu plus la proximité de lHeure Sainte de lÉglise[293]. Ils peuvent aussi aider les chrétiens qui vivent mal les temps actuels à mieux les comprendre. Les abaissements de Jésus vers la fin de sa vie furent précédés par des oppositions de plus en plus fortes. Il vit un nombre important de disciples le quitter[294], ses paroles furent passées au crible et déformées par les chefs du peuple et certains désirèrent le tuer[295]. Jusquà la fin, ces oppositions se durcirent au point que ses grands miracles eux-mêmes devinrent des motifs de mort[296]. LEsprit Saint permit que ces luttes se produisent pour que le cur humain de Jésus, frappé de souffrances, sappauvrisse. Certes, Jésus nétait pas orgueilleux, lui en qui on na jamais pu trouver de péché! Mais la souffrance eut en lui pour effet de créer des abîmes de pauvreté. Cest une propriété de la souffrance. Rien ne peut produire plus de pauvreté quelle : Par sa passion, Jésus a appris lobéissance[297].
Depuis que lapostasie* est en marche en Occident, il en est de même pour lÉglise. Il y eut même de grands saints pour lannoncer aux papes. Lorsque les États du Vatican furent envahis par les armées italiennes (1870) à loccasion de sa réunification, le pape Pie IX prononça une sentence dexcommunication contre tous les auteurs de cette injustice. Il senferma au Vatican et se considéra dès lors comme prisonnier. Saint Jean Bosco vint le trouver pour lui dire en substance: «Cela vient de Dieu! Ne vous y opposez pas. Souvenez-vous de la prophétie donnée à saint Pierre* par notre Seigneur: Quand tu seras devenu vieux, tu étendras les mains et un autre te mettra ta ceinture pour temmener où tu ne voudrais pas aller[298]. Cette parole se réalise aujourdhui ». Le pape nexcommunia pas Jean Bosco car il laimait mais il ne put comprendre la portée de ses paroles. Le cheminement se fit à travers ses successeurs.
(Chose indécise)
Il est possible de décrire les souffrances et les appauvrissements subis par lÉglise romaine depuis cette époque. La première dentre elles fut la perte de la foi dans des couches de plus en plus nombreuses de la société. En contemplant la vie de Jésus, on saperçoit que, plus encore que des luttes extérieures, il eut à souffrir doppositions sourdes à lintérieur du cercle de ses amis. La plus terrible dentre elles fut le fait de son apôtre Judas. Sa révolte éclate[299] après quune femme pleurant ses péchés et pleine de reconnaissance pour la douceur de Jésus à son égard eût versé sur ses pieds un parfum de grand prix: «Pourquoi ce parfum na-t-il pas été vendu trois cents deniers quon aurait donnés à des pauvres? Jésus lui répondit: Laissez-la. Cest pour le jour de ma sépulture quelle devait garder ce parfum. Les pauvres en effet, vous les aurez toujours avec vous; mais moi, vous ne maurez pas toujours ». Lattitude de Judas est compréhensible. Trois cents deniers représentent un salaire ouvrier dune année. Le geste damour gratuit de la femme lui parut une perte considérable par rapport à lannonce de lÉvangile, qui est un message dattention aux plus pauvres. Judas ne saisissait pas lunité totale entre les deux commandements de lamour, entre lamour de Dieu et lamour des pauvres.
Il sagit là sans aucun doute dun signe des temps qui apparaîtra dans lÉglise vers la fin du monde. Comment pourrait-il en être autrement? Jai montré que le dernier antichristianisme séduirait le monde entier en raison des riches valeurs dhumanisme (sans Dieu...) quil intégrera. Il y eut jadis des chrétiens généreux mais peu clairvoyants pour se laisser séduire au nom de lamour de Dieu, par le fanatisme religieux ou encore par le nationalisme et le marxisme. Comment pourrait-il en être autrement de lhumanisme sans Dieu* qui ressemble beaucoup plus à lÉvangile du Christ? Lhumanisme fait même partie du christianisme mais celui-ci sait le consacrer au Dieu aimé. De nos jours, nous avons vu apparaître dans lÉglise un courant de pensée très puissant qui réduit lÉvangile à la lutte pour le bien social. Ses membres sont familièrement qualifiés sous létiquette de progressistes ou de libéraux parce quils semblent en harmonie avec le progrès du monde. Ils se caractérisent par une sourde opposition aux décisions des papes jugées en décalage par rapport à notre temps. Ils critiquent en particulier ses positions en matière de comportement sexuel. De quoi se mêle-t-il? Chacun est libre de mener sa vie privée selon sa conscience . La liberté, telle est sans doute aux yeux de ce courant le qualificatif le mieux choisi pour résumer lÉvangile. Il est lÉvangile de la liberté . Il est surprenant de constater comme une petite variation dinterprétation peut avoir de conséquences. Nous disions précédemment que lÉvangile se spécifie dabord dans lamour de Dieu et du prochain... Lamour de Dieu et du prochain est premier, la liberté conséquence.
Ainsi, pour le courant progressiste, lencouragement de lÉglise pour la vie consacrée, la prière, paraît être une perte de temps et dénergie pour laction sociale. Il ressent ces dons comme Judas ressentit le gaspillage dun parfum de grand prix. Lamour gratuit de Jésus aimé et servi comme un époux au jour le jour paraît nêtre le fruit que dune fuite du monde. Ce courant de pensée ne se séparera jamais de lÉglise par un schisme bien quil le soit par le cur.
Ne constituera-t-il pas un signe des temps très significatif car analogue à ce quon voit dans la vie de Jésus? Vers la fin du monde, il est probable que le progressisme* humaniste ira en sapprofondissant. Il supportera de moins en moins linfaillible fidélité intellectuelle des papes à lÉvangile. A limage de Judas au moment de sa tentation, il aura sans doute un rôle de coopération dans luvre qui aboutira à la fin de lÉglise visible[300]. Il livrera lÉglise pour sa perte à lAntichristianisme final[301]. Nous ne faisons pas oeuvre de prophète mais seulement dobservateur des idées et de leurs conséquences probables.
(Chose indécise)
Un autre signe des temps, tout aussi significatif, mérite dêtre rapporté. Quelques jours avant sa mort, Jésus eut un geste incompréhensible pour les apôtres. Il voulut se comporter avec eux comme sil était leur esclave. Il se mit à laver les pieds de ceux qui étaient à table. Par ce geste, Jésus fit une révélation que jamais aucune autre religion, pas même le judaïsme, na soupçonné : Dieu, le Tout-Puissant, maître et Seigneur de lunivers, est humble[302]. Mais Pierre* ne voulut pas se laisser faire: «Seigneur toi, me laver les pieds? Jésus lui répondit: Ce que je fais, tu ne le sais pas à présent; par la suite tu comprendras. Pierre lui dit : - Non, tu ne me laveras pas les pieds, jamais! Jésus lui répondit: - Si je ne te lave pas, tu nas pas de part avec moi »[303]. Pierre nagit ainsi quà cause de son amour de Jésus, mais dun amour mal éclairé. Il eut le sens de sa dignité de Maître et Seigneur. Son cur était généreux mais absolument incapable de pensées divines. Pour lui, un Messie est fait pour devenir un roi politique ou spirituel. Un maître de vérité est fait pour avoir raison. Mais pour Jésus, un Messie est fait pour être le serviteur de tous jusquà en mourir.
Là encore il convient dêtre attentif car lÉglise, conduite sur le même chemin dabaissement que Jésus, connaîtra nécessairement de la part de certains de ses membres la même réaction. Il existe dailleurs depuis le Concile Vatican II un courant de pensée qui ressemble à sy méprendre à saint Pierre le jour du lavement des pieds. Familièrement, il est qualifié de mouvement intégriste* car il rêve de voir lÉglise avec lintégrité des traditions qui firent sa force au temps passé. Ces croyants sincères rêvent dune Église sûre de sa Vérité, ne sabaissant pas à sadresser aux autres religions en courant le risque quils considèrent comme actuel, dêtre mis au même niveau quelles. Ils voudraient une liturgie de gloire, comme au temps des fastes, et non celle instaurée par les papes après le Concile. Ils narrivent pas à se rendre compte que le monde a changé, quil nest plus chrétien en Occident. Aussi, la défense de la liberté religieuse, selon la conscience de chacun, leur parait sopposer aux décrets faisant du christianisme la religion des États du temps où ceux-ci étaient catholiques. Alors, tel saint Pierre* devant Jésus ceint dun tablier, ils ne reconnaissent plus leur Église en tenue de servante. Ils vont jusquà enseigner: «Les papes depuis Jean XXIII et le Concile Vatican II sont peut-être des antipapes. Labomination de la désolation[304] est dans le Temple Saint, cest-à-dire aux sommets de lÉglise atteints par lapostasie*». Ils oublient quil est impossible que ce texte des Évangiles se réalise de cette manière à cause de la promesse solennelle de Jésus faite aux papes: «Jai prié pour que ta foi ne défaille pas.[305]» Ils interprètent mal des textes quils savent pourtant adressés à tous les papes légitimement élus, jusquà la fin du monde. Cette contradiction torture leur esprit.
Mais, si lon compare leurs agissements au comportement de saint Pierre qui les prophétise, on ne peut nier que leur révolte est liée à leur bonne volonté et à leur amour (mal éclairé) du Seigneur. Saint Pierre se laissa finalement laver les pieds. Mais force est de le constater, parce quil ne changea pas vraiment, sa confiance ne fut pas assez forte. Il senfuit. Il ne put dire : « jétais avec mon Dieu au pied de sa croix. » Il en sera de même à la fin du monde pour ceux parmi les chrétiens qui rêveront encore dune Église intègre et glorieuse. Ils ne tiendront pas. Ils senfuiront à la vue de la destruction spirituelle à venir. Ils nauront pas, comme ceux parmi les chrétiens qui se seront laissés formés par Marie, la capacité de vivre de lintérieur dans lespérance la victoire finale de lÉglise enfin devenue grande aux yeux de Dieu. Ils se diront plutôt, relisant fiévreusement les promesses de Jésus: «Les portes de lenfer ne lemporteront pas sur elle! [306]» que tout cela nétait peut-être que vanité... Ils passeront par les mêmes doutes que Pierre après larrestation et la mort de Jésus, doutes qui lamenèrent à renier trois fois. Il y aura dans leur souffrance un signe des temps important.
On pourrait multiplier la description de ces signes dans lÉglise. Nous ne voudrions en rapporter que deux autres qui me paraissent importants en ce début de XXIème siècle, alors que les chrétiens sont encore secoués par les effets du Concile Vatican II. Le premier concerne la liturgie et le second la papauté*.
(Chose probable)
La liturgie est un objet de conflit si important en Occident depuis le Concile Vatican II quil convient de montrer quelle est aussi signe de notre époque et de la proximité du retour du Christ. Lart a de tout temps été signe de la mentalité des époques. Ainsi, le XIIIème siècle, époque de la civilisation chrétienne où tout sunifie autour du Christ, brille par lharmonie des cathédrales gothiques qui ressemblent à des vaisseaux en marche vers la lumière. En ce temps, il nexiste pas dart profane et tout, peinture, sculpture, musique, sert Dieu. La Renaissance qui est le siècle de la redécouverte de valeurs humaines autonomes du christianisme, se caractérise par ses oeuvres profanes aux lignes classiques. Lépoque moderne et contemporaine qui se caractérisent par loubli progressif de Dieu a été source dun art de plus en plus profane et aujourdhui torturé, non figuratif et parfois même sans vie apparente, marqué du même désespoir que le monde qui ne croit plus devoir espérer un salut après la mort. Lart est donc un signe philosophique de chaque époque.
Il en est de même au plan théologique mais lart sappelle liturgie. Le temps de lÉglise a un sens plus profond puisquil annonce le retour du Christ. Or la liturgie de lÉglise suit le même cheminement par étape que celle quon peut discerner dans les Évangiles autour du Christ jusquà sa mort. Durant sa vie terrestre, Jésus reçut de la part de ceux qui lentouraient des marques qui étaient des signes de leur attachement à son égard. Il fut honoré diversement au cours de sa vie apostolique. Il y eut un temps caché de persécution et de fuite en Égypte. Cest le temps de la petite enfance. Il correspond pour lÉglise aux 300 ans des persécutions romaines. Les églises sont alors des caves et des catacombes. La liturgie est pauvre et confidentielle.
Les trois ans de vie apostolique du Christ peuvent se diviser en trois temps. Il y eut un temps plus caché au moment où les Juifs commencèrent à entendre parler de lui. De même, lÉglise, au commencement de sa reconnaissance dans lEmpire romain dOccident, au temps des invasions barbares, est encore peu puissante au milieu des peuples païens. Elle se réunissait dans des églises intimistes et, ne célébrait que derrière un voile le mystère de leucharistie. En Occident, lart roman est lempreinte de cette époque.
Au cours de sa vie, Jésus connut ensuite un moment de gloire extérieure. Les gens venaient de tout Israël* pour écouter sa parole et voir ses miracles. On voulait le toucher, le faire roi. De même, lÉglise connut une époque de gloire. Elle dominait le monde, pouvant excommunier les rois et leur enlever leur trône. Au Moyen Age et jusquà la Révolution française, sa liturgie devint somptueuse, riche et solennelle, à limage du pouvoir spirituel (et matériel) quelle possédait. Cest le temps du gothique, de lart flamboyant qui sélève en flèches vers le ciel.
Dans une troisième phase de sa vie apostolique, Jésus connut de plus en plus la lutte et les abandons. On vint moins lécouter. Il fut souvent de plus en plus seul. Il en est de même pour lÉglise depuis le siècle des Lumières et de plus en plus actuellement. Alors, poussée par lEsprit Saint, lÉglise changea de liturgie. Après le Concile Vatican II, elle lappauvrit, la rendit plus familiale en insistant davantage durant la Messe sur laspect repas intime de la Cène de Jésus et moins sur la gloire du Sacrifice universel de la croix. LÉglise avait bien sûr le droit dagir ainsi, puisant dans limmense richesse des trésors de lÉvangile. Mais elle fut contestée. Pourtant, elle donnait aux chrétiens lun des plus grands signes des temps de la fin.
Nous pouvons être sûrs que dautres signes seront donnés par la liturgie dans le futur, à mesure que sapprochera lHeure Sainte du martyre de lÉglise. Les chrétiens de ces époques futures devront y être attentifs et, chaque fois que les signes de petitesse sapprofondiront, se réjouir et redresser la tête car leur Rédemption sapproche[307]. Cette liturgie de pauvreté sera poussée très loin, à limage de Jésus. Sa dernière liturgie, celle de son sépulcre, fut accomplie par des laïcs qui nétaient même pas ses compagnons de route mais de simples admirateurs[308]. Il neut pas droit au parfum de lembaumement. Il en sera de même pour lÉglise...
(Chose probable)
Verra-t-on, vers la fin, avant la venue de lAntéchrist, des papes annoncer explicitement la proximité de lépreuve? Cest une question difficile qui appelle deux réponses car le pape a deux rôles principaux dans lÉglise.
1-Il est le Maître de la Vérité délégué par Jésus pour que notre connaissance de Dieu ne se fourvoie pas: Affermis tes frères .
2- Il est aussi le Berger suprême délégué pour conduire lÉglise vers la Venue du Christ: Sois le berger de mes brebis.[309].
1- Elle sera explicitement annoncée par Pierre en tant quil est le Magistère
Le fait que lÉglise doive subir un martyre relève, en tant que doctrine théologique, du ministère du pape comme Maître de vérité (Magistère). Il est donc probable que vers la fin des temps les papes annonceront ce martyre ou sa possibilité, de la même façon que Jésus la annoncé à ses disciples. Curieusement, la chose est devenue réalité depuis quelques années. Quon se réfère à lenseignement rapporté précédemment et tiré du Catéchisme de lÉglise catholique[310]. Cest la première fois que, historiquement, le Magistère rappelle en usant de son infaillibilité habituelle, un tel enseignement de lÉcriture.
Quoiquil arrive dans le futur et quoiquen disent aujourdhui des membres de la mouvance intégriste, il est impossible quun pape élu légitimement se mette à prêcher en tant que pape, autre chose que lÉvangile de Jésus. Toute lhistoire de lÉglise le montre. Nous avons eu des papes assassins, adultères, polygames même, mais jamais de pape hérétique[311]. A linverse, tous les autres sièges apostoliques, sans exception, ont connu des évêques douteux et même hérétiques. Un seul échappe à cette règle, celui du successeur de Pierre*. La raison en est simple. Jésus a promis. Il est Dieu et il a la puissance de tenir sa promesse. Il est donc certain que, quelles que seront les décisions solennelles des papes futurs au plan de la foi et de la morale, elles viendront de Dieu.
Un récit romancé récent, passé presque inaperçu, semble indiquer une prise de conscience de plus en plus forte dune partie des chrétiens à légard de la proximité de la passion de lÉglise. Dans son roman Lanneau du pécheur, Jean Raspail[312] rapporte une parabole quil faut lire pour comprendre ce que pourrait être le témoignage final des papes. Il raconte quà Rome, dans la crypte souterraine du Vatican où reposent la plupart des papes de lhistoire, près du tombeau de Jean XXIII, une pierre tombale sans date porte sur le côté linscription Benedictus. Elle est très récente puisquelle fut posée en 1994. Elle contient les restes dun homme pauvre, décédé dans le sud de la France. Son corps fut ramené par un évêque au service de lÉtat du Vatican. Or cet homme était pape, un vrai pape de lÉglise catholique romaine, dont la lignée apostolique remonte à la fin du XIVème siècle. A cette époque, un grand schisme eût raison de la papauté dOccident et la divisa en deux puis bientôt en trois papes. Or, lun deux, Clément VII, fut élu en Avignon selon les règles canoniques. En fin de compte et pour mettre fin au schisme, les trois papes furent déposés par un Concile (Constance, 1417). Un quatrième pape fut élu, à lorigine des actuels papes de Rome. Loin de renoncer, le successeur de Clément VII, nommé Benoît XIII (Benedictus PP. XIII), résista dans le sud de la France et en Espagne. Il eut un successeur, puis un autre et, les uns après les autres, de moins en moins connus, de plus en plus pauvres, la lignée des papes prénommés Benoît perdura jusquà aujourdhui. Devenus mendiants, ils ne gardaient plus sur eux que trois objets témoins de leur gloire passée, lanneau papal ou anneau du pécheur donné au pape Benoît XIV, un calice pour leur office de prêtre, et une étole rouge, couleur du martyre. Ils trouvaient toujours quelques jeunes vocations pour adhérer à leur Église parallèle et la faire durer, jusquau dernier dentre eux qui se trouva seul et incapable de sassurer un successeur. Il fut rejoint par la crise religieuse de lOccident. Il mourut en 1994 auprès dun prêtre envoyé par Rome, alors quil sétait mis en marche vers cette ville. On trouva dans ses papiers, outre le récit dune aventure de sept siècles, la prophétie suivante:
«Jai vécu longtemps et jai vu le monde changer. II y a des choses que je sais. Je dirai de quelle façon. Cest pourquoi je dois aller à Rome. Avant cinquante ans, plus tôt peut-être, deux forces sy opposeront et le pape se souviendra du destin du pape Pedro de Luna et de ses trente-deux successeurs qui ne laissèrent aucune trace sur cette terre.
Le pape Jean-Paul II, raconte Jean Raspail, fut frappé par cette histoire. Il fit transférer les restes de Benoît à Rome. Le fait que cette succession de papes ait duré jusquà aujourdhui, sous le nom de Benoît (Bénis*) et quelle ait émaillé son histoire par des miracles réalisés ici ou là lui parut une marque de laction de Dieu. Ces papes ne sont-ils pas une prophétie vivante, une image de lavenir de la papauté de Rome? Daprès le roman de Jean Raspail, le commentaire de Jean-Paul II fut le suivant[313]:
«La simplicité de Benoît, son humilité, son dénuement, sa naïveté, sa solitude, sa fonction pontificale réduite à celle des premiers âges, quand lapôtre Pierre*, tout aussi seul, errait sur les routes de lEmpire sans grand espoir dêtre écouté... Pierre était le commencement. Benoît ressemble à une fin qui aurait été anticipée. Tout cela a profondément ému le Saint-Père. À ses proches il a dit que viendrait un jour où lenseignement de lÉglise serait unanimement rejeté parce que devenu inapplicable au regard de la morale admise et de la religion du progrès. Il a dit que lÉglise catholique serait déchirée, ses gros bataillons prêts à sincliner. Il a dit que la conscience internationale contre laquelle il sest déjà élevé sans succès enjoindrait au pape de se soumettre, lui-même ou lun de ses proches successeurs, quun concile limposerait à la lumière dune nouvelle lecture de lÉvangile, et quil ne resterait plus au pape quà quitter Rome et disparaître, comme Benoît. Pour traverser encore dautres siècles, comme Benoît. Lun et lautre sont des fugitifs »[314].
Quelle est la vérité de ce récit? Peu importe. Il est prophétiquement vrai. Il raconte, mieux encore quun long traité de théologie, ce que jentends par « témoignage final de la papauté ».
2- En tant quil est le « pasteur universel », il semble que Pierre essayera de fuir sa passion et den dispenser ses frères
Si lon suit les Écritures, il semble que le dernier pape et ses prédécesseurs immédiats seront signes de la proximité du retour du Christ sans le vouloir. La papauté essayera dy échapper. Cest ce que signifie un texte de lÉvangile qui exprime allégoriquement ses dernières heures. Jésus venait de ressusciter. Pierre, repentant de ses reniements, était venu à lui. Jésus le confirma dans son rôle de premier parmi les apôtres et lui dit solennellement les paroles suivantes:
En vérité, en vérité, je te le dis. Quand tu étais jeune, tu mettais toi-même ta ceinture et tu allais où tu voulais. Quand tu auras vieilli, tu étendras les mains et un autre te ceindra et te mènera où tu ne voudras pas. Il signifiait en parlant ainsi le genre de mort par laquelle Pierre devait glorifier Dieu[315]
Ce texte est évidemment une allégorie. Il sadresse à la personne de Simon-Pierre*, mais aussi, profondément, à ce quelle représente. Appliquée à la personne de Pierre, la prophétie sest réalisée de manière très forte. Lhagiographie ancienne raconte que, lors de la persécution inaugurée par lEmpereur Néron après lincendie de Rome, Pierre se sauva seul hors de la ville, laissant les fidèles en proie au martyre. Ce fut sans doute un effet de son tempérament à la fois héroïque sil sagit de mourir vite et faible quand il faut durer dans lépreuve. En route, il rencontra le Christ qui se dirigeait vers Rome. Pierre lui dit: «Où vas-tu, Seigneur? » Quo vadis ? Il lui fut répondu: «Je vais à Rome pour y mourir à ta place ». Alors Pierre, contrit, retourna à Rome où il fut crucifié. Il demanda à lêtre la tête en bas, conscient de son indignité à subir la même passion que son maître. Tout cela est visiblement une prophétie. Elle annonce symboliquement la manière dont la papauté sera conduite elle-même vers son Heure.
Il peut arriver quun homme soit prophète sans le vouloir. Ainsi Caïphe qui était grand prêtre à lépoque de la vie apostolique de Jésus, dit-il à ses confrères: «Vous ne voyez même pas quil est de votre intérêt quun seul homme meure pour le peuple et que la nation ne périsse pas tout entière[316] ». Et lévangéliste comprend cette parole en disant: «Il ne dit pas cela de lui-même mais, étant grand prêtre cette année là, il prophétisa que Jésus allait mourir pour la nation ». De même, à la fin des temps, la papauté sera certainement conduite par lEsprit Saint à prononcer des paroles et à subir des événements qui seront signes de la fin prochaine. Elle le fera en résistant. Mais elle le fera. Avec difficulté sans doute, elle imitera Jésus dans un comportement significatif de sa dernière heure. En cela, elle sera signe des temps[317].
Le martyre de lÉglise, qui sera un événement historique, et qui se réalisera à lheure voulue par Dieu, concerne donc le rôle du pape en tant que berger qui conduit le troupeau de Dieu vers son sacrifice et sa glorification. Il conviendra donc de scruter les décisions de fond concernant la Pastorale de lÉglise (la manière utilisée par Pierre* en tant que Pasteur des brebis pour conduire lÉglise vers le retour du Christ), avec lil de lespérance théologale. Il est certain quelles seront invisiblement dirigées par lEsprit vers le Golgotha et la gloire.
Saint Jean Bosco fit un rêve[318] concernant les épreuves à venir de lÉglise. Il voyait que seuls survivaient au naufrage ceux qui sappuyaient sur trois blancheurs: Marie, Jésus dans son eucharistie et le pape pour sa foi toujours vraie. Ce rêve est non seulement prophétique mais aussi théologique[319].
(Chose probable)
« Les disciples amenèrent lânesse et lânon. Puis ils disposèrent sur eux leurs manteaux et Jésus sassit dessus. Alors les gens, en très nombreuse foule, étendirent leurs manteaux sur le chemin; dautres coupaient des branches aux arbres et en jonchaient le chemin. Les foules qui marchaient devant lui et celles qui suivaient criaient: "Hosanna au fils de David! Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur! Hosanna au plus haut des cieux!" Quand il entra dans Jérusalem, toute la ville fut agitée. "Qui est-ce?" Disait-on, et les foules disaient: "Cest le prophète Jésus, de Nazareth en Galilée."[320] »
Tout au long de cet ouvrage, jai montré que la vie de Jésus dans son ensemble est licône de celle de lÉglise. Cest le même Esprit Saint qui les dirige dans une même direction et selon une même méthode.
Cette identification entre lÉglise et son époux sera poussée très loin. Les contemplatifs, ceux qui lisent de lintérieur lhistoire, y trouveront au moment voulu les signes pour discerner les temps. Ils pressentiront où en est lhumanité en observant lattitude de lÉglise, en la comparant à celle de Jésus.
Avant sa semaine Sainte, Jésus connut un dernier moment de gloire terrestre. Cela fut inattendu tant les luttes le pressaient de partout. Alors quil entrait dans Jérusalem*, les foules vinrent à lui et lacclamèrent. Il ne faut pas sillusionner sur la qualité spirituelle de ces acclamations. La plupart des personnes ne savaient pas pourquoi elles agitaient des palmes et criaient «Hosanna au Fils de David !» Elles suivaient le mouvement de masse. Elles se laissaient entraîner. La preuve en est que la même foule, quelques jours plus tard, demanda quon crucifie Jésus et quon délivre Barabbas[321]. Sans le savoir, en agissant ainsi, la foule réalisait une prophétie ancienne. Ainsi, tout dans lÉcritures, jusquau dernier iota devait être accompli. «Exulte avec force, fille de Sion! Crie de joie, fille de Jérusalem! Voici que ton roi vient à toi. Il est juste et victorieux, humble, monté sur un âne, sur un ânon, le petit dune ânesse. Il retranchera dEphraïm la charrerie et de Jérusalem les chevaux; larc de guerre sera retranché. Il annoncera la paix aux nations. Son empire ira de la mer à la mer et du Fleuve aux extrémités de la terre[322]. »
De même, avant la semaine Sainte de lÉglise, il y aura une dernière acclamation, faite denthousiasme communicatif. Ce sera lHosanna de lhistoire de lÉglise[323]. Il sagira dun événement visible. Il ne sagira pas de cette gloire intérieure de lheure du sépulcre. Nous parlons ici dune gloire terrestre. Les foules humaines reconnaîtront à lÉglise devenue humble la riche valeur de civilisation quelle apporte à lhumanité. Médiatiquement, lÉglise catholique sera considérée et admirée. Elle recevra de Dieu, pendant quelques années, lautorisation denseigner son message sans quil soit déformé par les médias. A cette occasion, il est probable que lÉvangile sera une fois de plus annoncé à toutes les nations. Sa parole de vie sera proposée une dernière fois au monde. Il sera entendu, quoique de manière éphémère.
La Vierge Marie semble décrire ce moment dans le secret de La Salette[324]: « Au premier coup de son épée foudroyante, les montagnes et la nature trembleront dépouvante, parce que les désordres et les crimes des hommes percent la voûte des cieux. Paris sera brûlé et Marseille englouti[325]; plusieurs villes seront ébranlées et englouties par des tremblements de terre; On croira que tout est perdu; On ne verra quhomicides, on nentendra que bruits darmes et que blasphèmes. Les justes souffriront beaucoup; Leurs pénitences et leurs larmes monteront jusquau Ciel, et tout le peuple de Dieu demandera pardon et miséricorde, et demandera mon aide et mon intercession. Alors Jésus-Christ, par un acte de sa justice et de sa grande miséricorde pour les justes, commandera à ses anges que tous ses ennemis soient mis à mort. Tout à coup les persécuteurs de lÉglise de Jésus-Christ et tous les hommes donnés au péché périront, et la terre deviendra un désert[326]. Alors se fera la paix, la réconciliation de Dieu avec les hommes; Jésus-Christ sera servi, adoré et glorifié; La charité fleurira partout. Les nouveaux rois seront le bras droit de la sainte Église, qui sera forte, humble, pieuse, pauvre, zélée et imitatrice des vertus de Jésus-Christ. LÉvangile sera prêché partout, et les hommes feront de grands progrès dans la foi, parce quil y aura unité parmi les ouvriers de Jésus-Christ et que les hommes vivront dans la crainte de Dieu. Cette paix parmi les hommes ne sera pas longue. Vingt-cinq ans dabondantes récoltes leur feront oublier que les péchés des hommes sont cause de toutes les peines qui arrivent sur terre ».
Beaucoup de révélations privées[327]* annoncent la dernière Pentecôte damour de lÉglise. Le message de la Salette décrit 25 ans dabondantes récoltes[328]. Actuellement, le message du Christ nest pas médiatiquement audible. La génération qui tient les médias le déforme par peur que sa vérité nenflamme les curs. Mais lhistoire provoquera un retournement. La génération de mai 68 passe et la génération suivante vit dans un désert spirituel. Suite à un fléau dont nous ne pouvons que supputer la nature[329], les peuples chrétiens souvriront un temps à la foi. Il conviendra de profiter de ce temps de grâce et denseigner lÉvangile[330].
Ainsi se réalisera une dernière fois de manière visible, médiatique et selon sa lettre, la prophétie fameuse de Jésus: « LÉvangile sera prêché à toutes les nations. Puis viendra la fin. » Toutes les nations, sans en exclure aucune (les nations chrétiennes, musulmanes, bouddhistes, hindouistes, animistes, humanistes), entendront le message de Jésus. Ce sera le dernier signe donné avant le temps de lAntéchrist* final.
Que lÉglise puisse une dernière fois faire entendre la vérité ne signifie pas quelle sera reçue. Tout cela sera éphémère. Les forces du mal auront trop pris les âmes. Les conditionnements sociologiques de lhistoire rendront possible la dernière prédication et ces mêmes conditionnements la rejetteront ensuite. Le balancier de lhistoire se retournera vite. Une génération plus tard, des jeunes se lèveront et diront: « la religion napporte que des malheurs et de la domination. Elle opprime la liberté des hommes ». De fait, cette génération sera mue par une puissante soif de liberté et de plaisirs. Elle ne supportera pas les contraintes de lamour vrai. Elle étayera son discours sur les faits de lhistoire lointaine ou récente. LInquisition ecclésiastique et la crise violente de lislam* seront évoqués, pêle-mêle. On libérera de nouveau le « bandit Barabbas » que dénonçait lÉglise[331]. Alors nulle parole de Dieu ne sera plus écoutée. Il ne sera plus temps de parler mais de prier[332].
(Chose fantaisiste ?)
Quon me permette de donner ici mon opinion. Ce temps de gloire de lÉglise me semble proche. Il me semble que lÉglise arrive à ce moment de son histoire où il lui faut monter vers Jérusalem. Comme le Christ persécuté, elle a été contrainte de prendre depuis 200 ans un ton plus humble. Depuis le Concile Vatican II, elle sest mise à parler aux païens[333]. Elle ne cesse de ressembler à Jésus dans sa dernière année dapostolat. Depuis quelques temps, à travers la voix du grand pape de Marie*, Jean-Paul II, elle commence à annoncer son Heure future. En cela aussi elle imite Jésus[334]. Tout cela constitue sans aucun doute une série de signes des temps. Si cet instinct spirituel est juste, il semble que lÉglise va devoir bientôt monter sur un ânon dhumilité et parler, peut-être une dernière fois. Ensuite, son message ne sera plus oral. Il sera le témoignage dun sacrifice ultime.
Deux textes de lÉcriture sont importants pour la connaissance de la venue et de luvre du dernier Antéchrist[335].
Lorsque vous verrez labomination de la désolation dont a parlé le prophète Daniel, installée dans le lieu saint (que le lecteur comprenne !), alors que ceux qui sont en Judée senfuient dans les montagnes...[336]
Nous vous le demandons, frères, à propos de la Venue de notre Seigneur Jésus Christ et de notre rassemblement auprès de lui, ne vous laissez pas trop vite mettre hors de sens ni alarmer par des manifestations de lEsprit, des paroles ou des lettres données comme venant de nous, et qui vous feraient penser que le jour du Seigneur est déjà là. Que personne ne vous abuse daucune manière. Auparavant doit venir lapostasie et se révéler lHomme impie, lêtre perdu, lAdversaire, celui qui sélève au-dessus de tout ce qui porte le nom de Dieu ou reçoit un culte, allant jusquà sasseoir en personne dans le sanctuaire de Dieu, se produisant lui-même comme Dieu. Vous vous rappelez, nest-ce pas, que quand jétais encore auprès de vous je vous disais cela(...). Sa venue à lui, lImpie, aura été marquée, par linfluence de Satan, de toutes espèces duvres de puissance, de signes et de prodiges mensongers, comme de toutes les tromperies du mal, à ladresse de ceux qui sont voués à la perdition pour navoir pas accueilli lamour de la vérité qui leur aurait valu dêtre sauvés. Voilà pourquoi Dieu leur envoie une influence qui les égare, qui les pousse à croire au mensonge en sorte que soient condamnés tous ceux qui auront refusé de croire la vérité et pris parti pour le mal [337]
Avant tout, si lon suit la lettre des Ecritures Saintes, on peut dire sans hésiter que la foi des chrétiens tient pour certaine onze affirmations concernant lAntéchrist de la fin du monde [338]:
1- Première certitude : L'Antéchrist sera une épreuve pour les bons, un châtiment éducatif pour les pauvres pécheurs, une voie de perdition pour les pervers.
2- L'Antéchrist sera un homme, un individu.
3- L'Antéchrist ne sera pas Satan incarné, ni un démon sous une apparence humaine, mais un membre de la famille humaine, un homme, rien qu'un homme.
4- L'Antéchrist sera séducteur par certaines qualités de sa personne.
5- Les débuts de l'Antéchrist seront humbles et peu remarqués.
6- L'Antéchrist grandira et fera des conquêtes.
7- L'empire de l'Antéchrist deviendra universel.
8- L'Antéchrist fera une guerre acharnée à Dieu et à l'Église.
9- L'Antéchrist se fera lui-même passer pour Dieu, il voudra être adoré lui seul.
10- C'est au moyen de prodiges diaboliques que l'Antéchrist prétendra démontrer qu'il est Dieu.
11- La domination et la persécution de l'Antéchrist seront passagères. L'homme de péché sera détruit.
La première question qui se pose est la suivante. Qui est lAntéchrist? Est-il un homme fait de chair et de sang ou le symbole personnifié dune idéologie, dun anti-Évangile? Les deux thèses ont été soutenues par les théologiens. Pourtant, si lon regarde les textes de lÉcriture Sainte qui nous annoncent sa venue, ils semblent trancher sans ambiguïté pour un Antéchrist homme, fait de chair et de sang. Saint Jean, dans sa première épître ne cesse de distinguer «lesprit de lAntéchrist» et « lAntéchrist ». Le premier est une forme de pensée: «Tout esprit qui ne confesse pas Jésus nest pas de Dieu. Cest là lesprit de lAntéchrist[339] ». Au contraire, lAntéchrist doit, selon lui, venir à une époque bien précise comme vient un faux prophète: «Petits enfants, voici venue la dernière heure. Vous avez entendu dire que lAntéchrist doit venir; et déjà maintenant beaucoup dAntéchrists sont venus, à quoi nous reconnaissons que la dernière heure est là[340] ». Son enseignement concorde en tout point avec celui de saint Paul cité ci-dessus. Il semble que la prédication unanime des apôtres a consisté à rappeler que le Christ ne reviendrait pas dans sa gloire avant que ne vienne lAntéchrist. Chaque génération de chrétiens eut son Antéchrist dont la venue fut permise par Dieu pour approfondir la fidélité de ses disciples et leur pauvreté dans la lutte. Pour eux, cet Antéchrist fut donné comme le signe de la fin de leur monde. Cela se réalisa très concrètement puisque, depuis que le monde est monde, il nexiste pas de génération qui nait eu sa part de malheurs politiques, guerres, famines etc.
Cependant, la fin des fins, celle qui précède la résurrection des morts, est aussi lère dun Antéchrist particulier dont les autres ne sont que des préfigurations. Ainsi, à moins de forcer les textes de lÉcriture, il semble certain que lAntéchrist est un homme qui prêche avec succès une forme dAntichristianisme. Cela concorde dailleurs avec tout ce que lhistoire nous montre des antichristianismes. Une idée, quelle quelle soit, ne brille puissamment que si elle est incarnée par un homme talentueux qui sait enthousiasmer les foules. Lexemple le plus typique de cette nécessité dune incarnation est lhistoire du nazisme. Cet antichristianisme est épais dans ses principes. Établir la valeur des hommes sur une base strictement raciale, est indigne dun siècle cultivé et du peuple de Goethe. Quun barbare du XVème siècle avant notre ère[341] ait pu élaborer une telle doctrine pour défendre sa tribu contre les menaces dune autre, cela peut se comprendre. Mais quune nation chrétienne y sombre presque tout entière et avec émotion, cela dépasse la raison. Hitler est un Antéchrist, lun des plus puissants que lhumanité ait connu. A ce propos, citons la prophétie étonnante de sainte Odile*[342], morte en 720 et patronne de lAlsace. Dans lune de ses visions, elle attribue à Hitler le qualificatif dAntéchrist.
Ecoute, écoute, ô mon frère. Jai vu la terreur des forêts et des montagnes. Lépouvante a glacé les peuples. Il est venu le temps où la Germanie sera appelée la plus belliqueuse des nations de la terre. Elle est arrivée lépoque où surgira de son sein le guerrier terrible qui entreprendra la guerre du monde et que les peuples en armes appelleront lAntéchrist, celui qui sera maudit par les mères pleurant, comme Rachel, leurs enfants et ne voulant pas être consolées. Vingt peuples combattront dans cette guerre. Le conquérant partira des rives du Danube. La guerre quil entreprendra sera la plus effroyable que les humains aient jamais subie. Ses armées seront flamboyantes et les casques de ses soldats seront hérissées de pointes qui lanceront des éclairs pendant que leurs mains brandiront des torches enflammées. Il remportera des victoires sur terre, sur mer et jusque dans les airs, car on verra ses guerriers ailés, dans des chevauchées inimaginables, sélever dans le firmament pour y saisir les étoiles et les projeter sur les villes et y allumer des grands incendies. Les nations seront dans létonnement et sécrieront: «Doù vient sa force? La terre sera bouleversée par le choc des combats; Les fleuves seront rougis de sang, et les monstres marins eux-mêmes senfuiront épouvantés jusquau fond des océans. Les générations futures sétonneront que ses adversaires naient pu entraver la marche de ses victoires. Des torrents de sang humain couleront autour de la montagne, ce sera la dernière bataille «Ultima pugna ». Cependant, le conquérant aura atteint lapogée de ses triomphes vers le milieu du sixième mois de la deuxième année des hostilités, ce sera la fin de la première période, dite de victoire sanglante. II croira alors pouvoir dicter ses conditions La seconde partie de la guerre égalera en longueur la moitié de la première; Elle sera appelée « tempus diuitionis », la période de la diminution. Elle sera féconde en surprises qui feront frémir les peuples. Dans la troisième période, tous les peuples spoliés recouvreront ce quils ont perdu et quelque chose de plus. La région de Lutèce sera sauvée elle-même à cause de ses montagnes bénies et de ses femmes dévotes. Pourtant, tous auront cru à sa perte, mais les peuples se rendront sur la montagne et rendront grâce au Seigneur. Car les hommes auront vu de telles abominations dans cette guerre que leurs générations nen voudront plus jamais. Malheur pourtant encore à ceux qui ne craignent pas lAntéchrist, car il suscitera de nouveaux meurtres. Mais lère de la paix sous le feu sera arrivée et lon verra les deux cornes de la lune se réunir à la croix, car en ces jours, les hommes effrayés adoreront Dieu en vérité, et le soleil brillera dun éclat inaccoutumé.[343]
Mais Hitler nest pas le dernier Antéchrist. Les Écritures nous décrivent son uvre avec suffisamment de précision pour que nous puissions le reconnaître au moment de sa venue. Hitler fut avec Lénine, Staline, Pol Pot, Mao, lun de ces terribles Antéchrist en matière de persécutions extérieures: Celui qui tue le corps [344], dirait Jésus, mais dont lâme reconnaît assez facilement la perversité. LAntéchrist final sera plus terrible au plan de la vie divine. Il sera celui qui, après avoir tué le corps, a le pouvoir de jeter dans la géhenne lâme et le corps.[345]
(Chose probable)
Quatre royaumes viendront qui nauront pas la force du précédent. Et, au terme de leur règne, au temps de la plénitude de leurs péchés, se lèvera un roi au visage fier, sachant pénétrer les énigmes. Sa puissance croîtra en force (non en raison de sa propre puissance), il tramera des choses inouïes, il prospérera dans ses entreprises, il détruira des puissants et le peuple des saints. Et, par son intelligence, la trahison réussira entre ses mains. Il sexaltera en son cur et détruira un grand nombre par surprise. Il sopposera au Prince des princes (le Christ) mais, sans acte de main, il sera brisé. Elle est vraie la vision qui a été dite.[346]
Le dernier Antéchrist naîtra, confie la Vierge Marie aux enfants de la Salette, dune fausse vierge hébraïque et dun évêque[347]. Pour celui qui sait lire le genre apocalyptique utilisé, la traduction est simple. Il sera le fruit, en raison de toutes ses pensées, dun judéo-christianisme mal orienté. La fausse vierge symbolise la foi dIsraël et lévêque la foi chrétienne qui, loin de se tourner vers Dieu, cherche une réussite terrestre. Des prophéties de lÉcriture, nous pouvons déduire quil sera un homme brillant intellectuellement. Il analysera les réalités de son époque de manière perspicace et il sen fera une idée précise à partir de la connaissance de lhomme selon toutes ses dimensions. Si lon suit saint Paul, ces brillantes capacités ne seront pas seulement naturelles. Elles seront aidées et surélevées par une influence satanique[348]. Faut-il en conclure quil aura fait un pacte lucide avec Lucifer*? Certains théologiens ont cru pouvoir déduire cela du texte de saint Paul cité au début du chapitre. De fait, le texte[349] suggère une telle interprétation mais ne le prouve pas vraiment. Je penche personnellement pour cette thèse. Mon opinion est fondée sur plusieurs observations et déductions[350]. Ceci étant dit, il sagit dhypothèses. De plus, elles ne préjugent pas du fond dune âme.
Lessentiel nest pas là. Le dernier Antéchrist, par blasphème direct contre lEsprit Saint (ce que nous appelions un culte Luciférien) ou par humanisme convaincu et sincère (implicitement sataniste[351]), servira sans le savoir ou en le sachant, le démon. Satan, quant à lui, sait ce quil fait. Sa lutte à lui est théologale, explicitement et consciemment orientée contre la charité.
La deuxième qualité de lAntéchrist sera son exceptionnel talent pour la parole. Non seulement ce quil dira sera intelligent, mais il saura grâce à un grand charisme pédagogique lexposer à tous. Il ne fera pas que convaincre, il enthousiasmera. Il aura cette qualité qui fait les grands hommes politiques et leur permet dentraîner les peuples dans de grandes réalisations.
Enfin, et cest la troisième qualité quil est possible de déduire des textes prophétiques, lAntéchrist saura prouver la vérité de ses dires par des réalisations efficaces. Il produira vraiment du bien, de grandes oeuvres humaines dont nous essayerons de définir la nature. Les trois qualités, intelligence, parole et efficacité font aussi les grands apôtres chrétiens mais eux savent mettre les qualités humaines et charismatiques que Dieu leur donne au service de lÉvangile.
Peut-on savoir ce que le dernier Antéchrist proposera aux nations pour les séduire et réussir dans ses entreprises? Quelle est la nature de lantichristianisme de la fin? A partir de lÉcriture, nous savons quil sera pour les hommes la meilleure chose qui puisse exister en vue du bonheur terrestre. Mais, au regard de Dieu, il sera la pire car il produira efficacement dans lesprit des peuples de légoïsme et de lorgueil.
Quelle est donc lidéologie, le projet de société le plus capable de produire égoïsme et orgueil? Je pense que le dernier antichristianisme sera une forme politique du blasphème contre lEsprit saint. Le monde entier, sachant que Dieu existe et connaissant ses projets, se décidera à construire lucidement un monde dont il est absent. Il sagit, nous lavons montré, dun péché explicitement et consciemment tourné contre la charité.
(Chose certaine pour le sens général, indécise pour le comment concret)
Pour comprendre son oeuvre, Jésus[352] invite à se référer aux prophéties du prophète Daniel. Voici les deux principales.
(...) et après soixante-deux semaines, un messie sera supprimé, et il ny a plus pour lui (de place). La ville et le sanctuaire seront détruits par un prince qui viendra. Sa fin sera dans le cataclysme et, jusquà la fin, la guerre et les désastres décrétés. Et il consolidera une alliance avec un grand nombre. Le temps dune semaine; Et le temps dune demi-semaine, il fera cesser le sacrifice perpétuel et loblation et sur laile du temple sera labomination de la désolation jusquà la fin, jusquau terme assigné pour le désolateur.[353]
Je regardais, moi Daniel, et voici: deux anges se tenaient debout, de part et dautre du fleuve. Lun dit à lhomme vêtu de lin (le Christ) qui était en amont du fleuve. Quand se produiront ces choses inouïes? Jentendis lhomme vêtu de lin, qui se tenait en amont du fleuve. Il leva la main droite et la main gauche vers le ciel et attesta par lEternel Vivant: pour un temps, des temps et un demi-temps, et toutes ces choses sachèveront quand sera achevé lécrasement de la force du Peuple Saint. Jécoutais sans comprendre; puis je dis: Mon Seigneur, quel sera cet achèvement? Il dit: Va, Daniel; ces paroles sont écrites et scellées jusquau temps de la Fin; Beaucoup seront lavés, blanchis et purifiés; les méchants feront le mal, les méchants ne comprendront point; les savants comprendront. A compter du moment où sera aboli le sacrifice perpétuel et posée labomination de la désolation, 1290 jours. Heureux qui tiendra et atteindra 1335 jours. Pour toi, va, prend ton repos; et tu lèveras pour ta part à la fin des jours.[354]
Ces deux prophéties nous sont données selon un genre littéraire apocalyptique. Le Seigneur utilise cette manière symbolique de sexprimer lorsquil veut nous amener à comprendre des événements qui à ses yeux se ressemblent mais peuvent se produire plusieurs fois au cours des époques. Leur première réalisation est racontée dans le livre des martyrs dIsraël*[355]. Sur ordre des princes grecs, on interdit le culte de Dieu. On transforma le temple de Jérusalem* en un sanctuaire dédié à Zeus Olympien (lAbomination de la désolation dans le lieu saint![356]). On punit de mort ceux qui sobstinaient à garder la religion du Dieu unique. Ces événements du passé sont limage de ce qui se produira à la fin du monde, en raison de lAntéchrist, non pas seulement à léchelle du culte extérieur en Israël mais dans le temple des curs humains sur toute la terre. En sappuyant sur ces textes et sur ce qui est discernable dans lévolution du monde post-chrétien, essayons de nous faire une idée de luvre de lAntéchrist.
Lorsque, par suite de lapostasie* grandissante dans le monde entier, les forces spirituelles de ceux qui adorent Dieu auront suffisamment diminué, Satan jugera que lheure est venue. Les quatre royaumes annoncés à Daniel[357] symbolisent toutes les guerres, les idéologies, les forces de destruction qui ne cessent daffaiblir lÉglise et les religions[358]. Alors, Satan inspirera à un homme de commencer à agir. LAntéchrist, car cest de lui quil sagit, entreprendra de parler à quelques personnes puis, très vite, à cause de la force de conviction de ses arguments, on viendra plus nombreux lécouter. « Sa puissance croîtra en force, affirme Daniel[359], non par sa propre puissance ». Cest que, caché derrière lui, inspirant son discours et lélectrisant, Satan sera présent. Il lui communiquera en raison de ses pouvoirs angéliques un extraordinaire charisme pour convaincre et les hommes sortiront après lavoir écouté le cur brûlant. La teneur de ses paroles semble pouvoir être résumée en deux parties. Dabord une lecture satanique de lhistoire de lhumanité; ensuite la proposition dune nouvelle religion de lHomme. Ses propos, comme ceux du serpent originel, mêleront vérité, interprétations tendancieuses et mensonges cyniques.
1- Lecture satanique de lhistoire
(Chose indécise)
Parmi les charmes séducteurs, Daniel et l'Apocalypse s'accordent à signaler, comme devant certainement présenter plus de dangers, le charme de la voix et de l'éloquence : Et il fut donné à la bête une bouche qui proférait de grandes choses[360]. De grandes choses !
Depuis que le monde existe, les hommes se sont divisés et entretués. Ces guerres plaisaient aux Puissances mauvaises de lau-delà dans la mesure où, divisant les hommes, elles pouvaient les maintenir dans lhumiliation et lhumilité[361]. Mais, malgré les fléaux que ces esprits mauvais ne cessait denvoyer ou de permettre[362], lhumanité mûrit.
Lâge des convoitises : Au début de lhumanité, on se battait pour conquérir la terre. On était animé par les trois convoitises bassement charnelles.
Lâge des religions : En évoluant culturellement, les hommes ne perdirent pas leur zèle pour le pouvoir, les richesses et les plaisirs. Ils les mirent au service des religions. Les plus primitives soumettaient lhomme à des idoles de bois. Les plus élaborées eurent en commun de prêcher lhumilité, la négation de soi au profit dun Dieu. De fait, elles ne visaient quà maintenir lhomme dans sa condition desclave. Sous le masque de lagneau, elles servaient dopium du peuple.
Lâge des idéologies politiques : Pour se libérer, avec les siècles, lhumanité sefforça de les rejeter. Croyant devenir plus libre, elle se donna à des utopies politiques. Elles furent nombreuses et insensées. Il en sortit des guerres encore plus terribles car on tuait tout homme qui pensait autrement, sans aucune limite, lidole pouvant tout permettre.
Lâge de lhumanisme sans Dieu : Dans une étape suivante, calmée par la vision des crimes, on inventa lhumanisme athée et le devoir de tolérance. On parla de lurgence dêtre heureux avant le vide du néant. On parla de paix, de respect dautrui et on tenta de limposer à travers une autorité mondiale. Mais cet humanisme matérialiste finit par être partout rejeté car ils étaient sans espérance. Cest que « lhomme ne vit pas seulement de pain[363] ». Il a soif de vie éternelle. Il est un animal religieux.
Parallèlement, la connaissance scientifique de la nature ne cessait de progresser. Devant sa complexité, on finit par comprendre que lexistence dun créateur nétait pas un mythe. On découvrit la source profonde de léternel mal-être de lhomme. Lâme de lhomme, faite pour vivre libre et ne pas mourir, mourait du faux espoir où lavaient plongée[364] les religions de la soumission et les idéologies anciennes. »
2- La proposition dune nouvelle religion de lHomme
(Chose indécise)
L'ange déchu ayant choisi l'Antéchrist comme chef visible de la suprême bataille à livrer contre le Christ et son Église, il lui communiquera quelque chose des charmes naturels et incomparables que l'Éden contempla autrefois avec étonnement dans Lucifer, charmes qui ne lui ont pas été retirés, mais dont il abuse pour faire le mal. Sous cette influence occulte, le sublime, dans la bouche du fils de perdition, s'unira au blasphème ; et cette tentation du sublime sera si attrayante, que les élus seraient séduits, si les élus pouvaient l'être[365].
« Arrivée à la plénitude du savoir et de lexpérience, lheure est venue pour lhumanité dadhérer à la sagesse qui peut la combler tout entière. Après des siècles derrance, le monde est mûr pour se donner à la vraie religion, lÉvangile éternel voulu par le Créateur, celui qui libère lhomme de toutes ses peurs.
Les faux Évangiles affirmaient que lhomme devait être un serviteur. Le vrai affirme quil a été créé pour être un dieu. Il a été fait pour la liberté et la puissance, pas pour la dépendance. Il le peut dès ici-bas.
Lhumanisme sans Dieu disait que la vie sarrête avec la mort, plongeant lhumanité dans lexclusive recherche du bonheur immédiat et dans la désespérance[366]. Au contraire, cette vie nest quun commencement. Après la mort, lhomme vit[367]. De lautre côté du voile, il lui est proposé, pour léternité, liberté et dignité. Cela se réalise très concrètement par lapparition du dieu suprême, « celui qui porte toute vraie lumière »[368]. Lhomme qui choisit la liberté, qui refuse librement la dépendance que lui propose le faux dieu[369], prolongera sa puissance[370] dans lautre monde pour léternité, dans la communion intellectuelle avec le projet grandiose de lAnge de Lumière.
Ainsi pacifiée et maîtresse delle-même, lhumanité va enfin sappartenir. Elle va se mettre debout. Libérée de langoisse du néant, en contact spirite avec lautre monde, elle va connaître la pleine possession delle-même[371]. Rien ne lui sera plus impossible. Lhumanité deviendra maîtresse de son destin, décidant elle-même ce qui est bien ou mal.»
Ce discours ressemble beaucoup à lÉvangile du Christ. On y parle même dun Dieu, dune vie après la mort. Il ny a plus dathéisme. Il est aisé de se laisser abuser, même en étant chrétien.
Le message de lAntéchrist plaira. Rappelons quil sadressera à une génération du futur, une génération qui naura plus de religion[372]. Lhumanité le recevra avec enthousiasme car elle aura bu jusquà la lie le désespoir de lhumanisme athée. Il sera ressenti par la majorité des hommes comme vrai. Il enthousiasmera les nations* avides de bonheur, de liberté et surtout dune espérance éternelle. Plus encore que les autres, une partie des chrétiens de cette époque se mettra au service de ce grand projet. Leur sens de lamour du prochain les y poussera. « Cest lÉvangile de Jésus, les entendra-t-on proclamer partout. Jésus na pas voulu autre chose que cela. La gloire de Dieu, cest lhomme debout ».[373]
Le texte de Daniel décrit cette séduction exercée sur le peuple de Dieu en ces termes: Il détruira des puissants et le peuple des saints. Et, par son intelligence, la trahison réussira entre ses mains.[374]. Car il sagit dune trahison, dune apparence du christianisme dont jai montré la fausse ressemblance[375]. Très vite, poussé par lenthousiasme des peuples séduits, lAntéchrist progressera en popularité.
Labbé Augustin Lemann[376] affirme comme une certitude que cest au moyen de prodiges diaboliques que l'Antéchrist prétendra démontrer que sa religion est celle de Dieu. « L'avènement de cet impie aura lieu selon la puissance de Satan, avec toutes sortes de miracles, de signes et de prodiges trompeurs. [377]» « C'est par des miracles, dit-il, aussi nombreux qu'éclatants, que Jésus-Christ avait prouvé sa filiation et sa mission divines. « Les oeuvres que mon Père m'a données d'accomplir, ces oeuvres que j'opère, rendent témoignage de moi, et prouvent que c'est le Père céleste qui m'a envoyé » ; l'Antéchrist aura la prétention d'établir également sa fausse divinité sur des prodiges extérieurs. C'est avec l'aide de Satan, par sa puissance, qu'il les accomplira. Mais ces miracles seront-ils réels?
« On demande souvent, dit saint Augustin, si ces expressions de « signes ou prodiges trompeurs » veulent faire entendre l'inanité des prodiges dont l'Antéchrist abusera les sens de l'homme, toutes ces oeuvres n'étant qu'apparentes; ou bien est-ce à dire que la vérité même de ces miracles entraînera au mensonge ceux qui croiront y voir la présence de la force divine ? » Et l'illustre docteur répond : « on le saura plus tard[378] ».
Cet embarras a déterminé deux courants d'opinions. Les uns pensent que les miracles, accomplis par l'Antéchrist avec la puissance de Satan, seront réels, de vrais miracles et qu'ils entraîneront au mensonge, c'est-à-dire à la croyance de la divinité de l'Antéchrist. Les autres estiment que tous les miracles de l'Antéchrist seront mensongers, le démon illusionnant les sens de ses adeptes. Quel que soit le sentiment que l'on adopte, ce qu'il y a de certain, c'est que les prodiges accomplis par l'homme de péché, seront considérables, les mots accumulés de « miracles, signes, prodiges » marquant une multiplicité étonnante. »
Pourtant, une dernière fois, Dieu permettra que des voix sélèvent pour manifester aux hommes la vraie nature de cet homme. Avec netteté et précision, ils profiteront des derniers moments de liberté pour prêcher. Lapocalypse de saint Jean* présente symboliquement ces voix sous la figure de deux témoins[379]. Ils ne sont pas autre chose que tous ceux qui, à cette époque avancée en apostasie*, auront gardé un sens suffisamment profond du projet de Dieu sur le monde pour lexpliquer. Ils sont, selon une expression de saint Paul[380] Tout ce qui porte le nom de Dieu , cest-à-dire selon le Concile Vatican II[381], toute religion qui dispose lhomme à attendre le salut non de ses propres force mais de la grâce que Dieu donne aux humbles et aux assoiffés damour. La première dentre toutes est évidemment la religion de Jésus puisquelle ne fait pas que disposer au salut mais le donne déjà à travers la prière du cur et les sacrements de la charité. Ainsi, il est probable et même certain que Dieu suscitera un pape ou des apôtres qui diront: « Le salut oui! Mais avec le vrai Dieu! Ne confondez pas avec ce faux Dieu. Rappelez-vous lavertissement de saint Paul: Si un ange venu du ciel vous annonçait un évangile différent de celui que nous avons prêché, quil soit anathème![382] Dieu est humilité, amour jusquà mourir. Il nest pas le Dieu du pouvoir et de la liberté orgueilleuse![383] »
Le vrai Évangile de Jésus sera prêché à tous. Chacun lentendra (sans doute grâce aux moyens de communication encore plus développés que ceux daujourdhui). Ainsi se réalisera une dernière fois la parole. « Il faut dabord que lÉvangile soit prêché à toutes les nations.[384]» Pourtant, il ne sera pas reçu. Les hommes seront trop attachés à eux-mêmes pour se soucier ou désirer le vrai paradis céleste, celui de lamour crucifié et ressuscité. Le message de lAntéchrist correspondra beaucoup plus à leurs désirs. LÉglise et le pape de cette époque seront pauvres et humbles de cur comme jamais ils ne lauront été au cours de lhistoire. Une si profonde qualité aura été préparée par les décennies précédentes et les humiliations de la progression de lapostasie*. LÉglise sera revêtue de lesprit de douceur dÉnoch* et de la force dÉlie*. Mais lÉglise ne sera pas seule. Les religions seront alors si faibles et si peu nombreuses en fidèles quelles ne songeront plus à se faire la guerre. Le vrai oecuménisme sortira des souffrances spirituelles de la fin. Les hindouistes prieront avec les chrétiens, les musulmans croyants avec les Juifs, chacun dans le respect des convictions de lautre, unis dans la confession commune. «Le paradis nest pas donné à lorgueil. Il lest à lhumilité ».
Le témoignage de lislam sera devenu assez semblable à celui de lÉglise, selon ce que jai cru pouvoir dire de ses épreuves futures[385]. Il aura appris la pauvreté et pureté de sa foi, à cause de lapostasie de ses masses dégoûtées des crimes et des guerres du passé. Les derniers musulmans fidèles, rendus humbles par les malheurs subis dans leurs défaites militaires, diront: « Des membres de notre religion se sont conduits en fanatiques par le passé. Ils ont, par leur crime et les atrocités commises au nom dAllah, précipité le rejet par les générations suivantes du nom de Dieu. Pardon pour leurs crimes. Dieu nen fut pas responsable mais les hommes et leur orgueil. Le Dieu dAbraham nest pas ce Dieu du culte de lhomme. Il aime lhomme quand il est humble et miséricordieux. Il a créé lhomme et attend de lui adoration et soumission. Il nous donnera dans lautre monde le bonheur éternel auprès de lui. »
A cette époque de la fin, Israël* sera en paix. Daprès les prophéties, il sera revenu dans sa terre de Palestine, installé de nouveau dans Jérusalem unifié. Lattitude du peuple juif devant lAntéchrist sera analogue à celle du reste du monde. La plus grande partie sera séduite par son message. Ils y verront même le Messie de la gloire annoncé par la Bible et qui doit venir pour régner sur toutes les nations, pour instaurer la paix. Quelques-uns, peu nombreux, resteront fidèles à la foi dAbraham et des prophètes, dénonçant conjointement aux chrétiens et aux musulmans le faux messianisme, le « messianisme luciférien » de lHomme impie.
Ce dernier combat spirituel sera terrible et sans merci. Il ne se fera pas dabord avec des armes dacier mais dans les curs. Aux yeux de Dieu, tout échec en ce domaine de la part du peuple de ses saints serait bien plus terrible que le meurtre car cest de la vie éternelle quil sagit. Cest pourquoi lApocalypse et les diverses prophéties de lÉcriture décrivent ces combats de lAntéchrist comme des guerres et des meurtres abominables, inimaginables. De fait, il est probable que lAntéchrist ne triomphera que par des armes spirituelles, celles de ses idées, de son intelligence, de ses ruses[386]. Cest ainsi. Plus lhumanité approchera de son terme et se spiritualisera, plus ses guerres seront celles de lHomme sans Dieu contre lHomme au service de Dieu. Ce sont les deux conceptions opposées du monde, celles de Dieu et celle de Lucifer. Elles sont, révélées à la face du monde de manière explicite, le combat sous-jacent, depuis la création du monde, toutes les tribulations de lhumanité. Alors sera réalisée la prophétie de saint Paul[387] : « Auparavant doit se révéler lHomme impie, lÊtre perdu, lAdversaire, celui qui sélève au-dessus de tout ce qui porte le nom de Dieu ou reçoit un culte, allant jusquà sasseoir en personne dans le sanctuaire de Dieu, se produisant lui-même comme Dieu. »
(Chose certaine pour laspect général, indécise pour le particulier)
« Et la puissance fut donnée à la Bête sur toute tribu, sur tout peuple, sur toute langue, sur toute nation. » (Apoc., XIII, 7.)
Cette accumulation d'expressions ne laisse aucun doute sur l'universalité de l'empire de l'Antéchrist. Il deviendra, soit par lui-même, soit par ses lieutenants, maître du monde.
LHistoire et le démon qui la manipule auront puissamment préparé les peuples au nouvel évangile de lHomme libéré. Très vite, porté par lenthousiasme des nations* devant son projet politique, lAntéchrist étendra son pouvoir sur le monde entier: Il consolidera une alliance avec le grand nombre[389]. Il naura dailleurs que lopposition de quelques groupes spirituels isolés à son action puisque le monde entier, disposé par des années dapostasie*, sera en communion avec lui, selon saint Paul [390]: « Mais que seulement celui qui le retient soit dabord écarté. Alors limpie se révélera ».
Il sera très efficace. Soit lui personnellement, soit le courant de lhistoire qui laura précédé de peu, établira un gouvernement mondial. LÉvangile fait même de la disparition des nations lun des signes important du temps de la fin. « Jérusalem sera foulée aux pieds par des païens jusquà ce que soient accomplis les temps des nations[391]. » Il semble que cet événement sera politiquement visible et quil saccomplira parallèlement à la récupération par lÉtat dIsraël de la totalité de Jérusalem[392]. Intelligemment et avec respect des différentes mentalités humaines, le dernier Antéchrist centralisera le gouvernement du monde en un seul endroit. Il fera des nations (France, Belgique etc.) de simples provinces. Le but de cette uvre sautera aux yeux de tous, bannir à jamais les guerres nationales ou religieuses. Les armées nationales seront dissoutes au profit dun corps darmée mondial chargé de bannir toute guerre locale. Ce sera une réussite. Quand les hommes diront paix et sécurité (...), commente saint Paul[393]. Il saura mettre les sciences et les techniques au service de tous. Il supprimera définitivement la famine. De même, la médecine fera reculer la maladie de manière unique et universelle. LAntéchrist multipliera les lois de ce genre et il réussira. Il établira pour la première fois dans toute lhistoire de lhumanité une paix universelle. Chacun pourra le constater.
Ce sera bien sûr aux yeux de Dieu une fausse paix, cest-à-dire non fondée sur la charité mais sur lintérêt commun. Mais elle sera réelle, palpable. Le commerce mondial en sera dopé, le capital des anciennes nations croîtra sans effets pervers trop visibles, étant encadré par des lois sociales justes. Chacun sera obligé de constater la réalisation des promesses. On se réjouira en disant: « Maintenant que la paix est acquise sur le monde, rien ne sera plus impossible à lhomme, prolonger la durée de la vie, conquérir de nouveaux espaces habitables, vivre de loisirs dans le travail et de travail dans le loisir, profiter des joies les plus douces ou les plus fortes. Ce sera un véritable paradis sur terre. » La puissance de lAntéchrist semblera alors définitivement consolidée devant les nations.
(Chose certaine pour le fait, indécise pour la manière)
Sûr de sa force, il sexaltera dans son cur et détruira un grand nombre par surprise[394]. En effet, il saura discerner le risque considérable que représentent les restes des religions pour la durée de son oeuvre. Il sera intelligent et ne négligera pas la puissance des idées. Il connaîtra la faille de son système dhumanité coupée du vrai Dieu, cette soif insatiable du cur de lhomme vers lamour absolu, la Lumière infinie, en un mot vers le Dieu damour, le Dieu de Jésus-Christ. Sans doute ce danger lui paraîtra-t-il dautant plus réel que lÉglise, dans un dernier sursaut (les deux témoins), aura su prêcher avec un certain succès les failles présentes dans son humanisme en adoration devant le faux dieu froid du pouvoir et de la liberté solitaire. Aussi, appuyé sur ses premiers succès, il proposera aux peuples la loi suivante.
Être debout, digne et maître de soi devant son éternité, voilà le bien le plus précieux de lhomme, celui qui lui permet de se réaliser en plénitude. Or, depuis des siècles les dirigeants religieux ou politiques ont abusé de la faiblesse des plus petits, de leurs angoisses, et leur ont proposé des systèmes de pensée qui les tenaient dans la dépendance. Souvenons-nous de lHistoire. Nous devons protéger la liberté de nos enfants et leur éviter de se laisser séduire par les derniers adeptes de ces idéologies ou de ces sectes religieuses. En conséquence, et pour le bien de tous, il est temps détablir une loi interdisant toute prédication publique ou privée des idéologies politiques et des sectes religieuses du passé.
Quelle sera la réaction des hommes devant une telle proposition? Elle sera sans doute empreinte dune certaine gêne, à cause de la liberté dexpression qui apparaîtra diminuée, et de cette nostalgie du vrai Dieu qui ne saurait être entièrement effacée de la nature humaine. Mais lÉcriture Sainte est formelle sur ce point. LAntéchrist entreprendra une lutte contre le peuple de Dieu[395] et réussira. Cest même, si lon suit saint Paul et Daniel, le signe majeur qui devra précéder le retour du Christ: «Toutes ces choses sachèveront quand sera achevé lécrasement du Peuple Saint.[396] » En agissant ainsi, lAntéchrist réalisera en plénitude les nombreuses prophéties de lÉcriture: « Il sélève au-dessus de tout ce qui porte le nom de Dieu, il sassoit en personne dans le sanctuaire de Dieu, il se produit lui-même comme Dieu.[397] » puisquil se juge digne détablir sur lunivers les lois décidant de toutes choses, le bien et le mal, lorigine de la vie, son but et la manière de la vivre, le sens de la vie éternelle. Lorsque lÉcriture affirme quil établira son siège dans le sanctuaire de Dieu, elle ne veut pas signifier autre chose. Peut-être ira-t-il jusquà installer le siège de son gouvernement dans un lieu symbolique de ce pouvoir suprême (Jérusalem*, Rome) ? Lessentiel nest pas là. Lessentiel est quil se produira comme le Maître suprême de la vérité (Magister), comme le berger de tous (Pastor Oves) et même comme lorganisateur de toutes les fêtes et réjouissance de lhumanité nouvelle (Pontifex maximus). Ces trois titres, attribués traditionnellement aux papes de lÉglise catholique, sont une délégation des titres de Dieu. En ce sens là, lAntéchrist* sera le serviteur de lAntidieu des derniers temps. On voit que celui qui, à cette époque, vivra profondément de sa foi chrétienne naura aucun risque de le confondre avec un vrai pape. Cest aussi en ce sens quil faut interpréter les prophéties de Jésus annonçant « lAbomination de la désolation dans le temple saint »[398]. Ce serait un contresens dimaginer la présence dun Antipape légitimement élu par lÉglise.
(Chose certaine pour le fait, indécise pour la manière)
LAntéchrist final installera sa royauté dans les curs humains et sur les nations. Sa religion sera de manière ultime celle du « 666* » puisque lhomme devenu Dieu adorera dans la paix la puissance de lange révolté. Ses méthodes ne laisseront place à aucune ambiguïté. Au contraire, le vrai pape et la vraie Église de cette époque auront à subir un martyre, très souvent annoncé par lÉcriture et quil faut contempler maintenant.
« Quand tu étais jeune, dit Jésus au pape Pierre[400], tu mettais toi-même ta ceinture et tu allais où tu voulais; quand tu seras devenu vieux, tu étendras les mains et un autre te ceindra et te mènera où tu ne voudras pas. Il indiquait ainsi, commente saint Jean, par quel genre de mort Pierre devait glorifier Dieu. Ayant dit cela, il lui dit: suis-moi. Se retournant, Pierre aperçoit, marchant à leur suite, le disciple que Jésus aimait, celui-là même qui, durant le repas, sétait penché sur sa poitrine et avait dit: «Seigneur, qui est-ce qui te livre? Le voyant donc, Pierre* dit à Jésus: Seigneur, et lui? Jésus lui dit: Sil me plaît quil demeure jusquà ce que je vienne, que timporte? Toi, suis-moi. Le bruit se répandit parmi les frères que ce disciple ne mourrait pas. Or Jésus avait dit à Pierre: «si Je veux quil demeure jusquà ce que je vienne. et non: il ne mourra pas. »
Je lai dit, ce texte est lannonce, sous forme symbolique, de la fin de lÉglise. Il sagit dun exemple typique du style des prophéties de Jésus. Pierre* est vraiment mort martyrisé et Jean de vieillesse, le jour où le Seigneur est venu le chercher par son apparition à lheure de sa mort. Pierre y figure comme le symbole de lÉglise visible, hiérarchique. Cette partie de lÉglise est composée de tous ceux qui ont reçu une mission officielle dévangélisation dans le monde (pape, prêtres, évêques, personnes consacrées). Elle ne cesse de paraître aux yeux de tous par ses interventions extérieures, ses prédications. Jean symbolise pour sa part cette partie de lÉglise qui se laisse moins voir car elle siège au fond du cur des chrétiens par la prière. Jean ne fut-il pas le contemplatif par excellence, celui qui prit Marie* chez lui? Dans un autre sens et pour montrer la correspondance de toute lÉcriture, Pierre et lÉglise hiérarchique sont Élie*, puisquils doivent témoigner comme lui de la vérité devant les peuples. LÉglise dans son intériorité est symbolisée par Jean est Énoch puisque, comme lui elle « marche avec Dieu[401] ». Ainsi, le texte de saint Jean raconte comment se produira le martyre final de lÉglise.
Appuyé sur ses succès antérieurs, lAntéchrist rendra les religions illégales dans le monde entier. Il fera adopter par toutes les nations « une interdiction définitive de prêcher ou de rendre un culte même privé à travers les anciennes religions liées à lhumilité ou à nimporte quelle divinité inventée par le passé. Seule la religion du Dieu de lhomme libéré de toute soumission sera tolérée ». Chacun sera invité à consacrer son temps à la construction du monde dici-bas, au-delà des superstitions que la peur suscite. Le culte de Dieu ne pourra donc subsister quau fond de la conscience individuelle, domaine incontrôlable par définition aux autorités politiques. Les enfants devront être protégés des superstitions religieuses en foi de quoi il ne sera pas autorisé aux parents de les influencer par leurs propres croyances. Il nest pas sûr que, dans le domaine privé, la contrainte de cette loi aille plus loin. Le monde de lAntéchrist respectera les libertés privées. Ce sera même une de ses forces, accompagnée dun réel bien-être matériel. Il ne sera dailleurs pas nécessaire de faire davantage. Lhomme ne recherche pas le vrai Dieu quand il na pas besoin de lui pour être heureux. Par contre, au niveau politique, la loi sera sévère.
LÉcriture est nette sur ce point[402]: « La corne (la puissance de lAntéchrist) grandit et sétendit en direction du pays de la Splendeur (le pays où lon adore Dieu, à savoir les religions et en premier celle du Christ). Elle grandit jusquaux armées du ciel (ceux qui servent Dieu), précipita à terre des armées (les apôtres qui luttent pour lÉvangile) et des étoiles (des docteurs qui enseignent la bonne direction à suivre) et les foula aux pieds. Elle sexalta même contre le Prince de larmée (le Christ), elle abolit le sacrifice perpétuel (pour les Juifs, il sagit de lholocauste du Temple et, pour les chrétiens, la messe et tous les sacrements de lÉglise), et renversa le fondement de son autel (le pape sur qui lÉglise est bâtie) et larmée (les serviteurs de Dieu). Sur le sacrifice elle posa liniquité (cest-à-dire quelle déclara mauvais tout culte divin) et renversa à terre la vérité. Elle agit et elle réussit ».
Ce texte comme tous les autres traitant du même sujet ne laisse aucun doute sur lampleur de la destruction opérée par lAntéchrist. Il ne laissera rien subsister de lÉglise vivante, surtout pas le sacerdoce. Il ne subsistera que les cadavres du passé (bâtiments du culte transformés à dautres usages, écrits anciens transformés en pièces archéologiques). Lapocalypse décrit symboliquement ce fait. «Leurs cadavres demeurent exposés aux regards des peuples, des races, des langues et des nations, durant trois jours et demi, sans quil soit permis de les mettre au tombeau. Les habitants de la terre sen réjouissent et sen félicitent; ils échangent des présents, car ces deux prophètes leur avaient causé bien des tourments.[403]»
Rien ne permet dêtre définitif sur les méthodes quil emploiera. Beaucoup de théologiens du passé affirmèrent à partir de ces textes et de la vie de saint Pierre quil sagirait dun martyre sanglant, dune mise à mort physique des quelques milliers dhommes que sont dans le monde le pape, les évêques et les prêtres. Cest une chose en définitive assez facile à réaliser dans un monde confiant devant sa liberté. Mais ce sens littéral du martyre nest pas une certitude. Pour faire disparaître le sacerdoce de la vie des peuples, il suffit, après lavoir vu saffaiblir durant des siècles, de lempêcher de sexercer: convocation dun faux concile oecuménique le ridiculisant, surveillance, emprisonnement, déportation, toutes méthodes policières dans un monde où rien nest laissé au hasard[404]. Je ne peux affirmer quune chose de manière certaine. Vers la fin du monde, de par laction de lAntéchrist, le dernier pape vivra un sacrifice total dans son ministère désormais banni de la terre. Il sera crucifié comme saint Pierre dans son âme de pasteur (et peut-être aussi dans son corps). Afin que le caractère qui fait le prêtre ne subsiste en personne, il est possible que son martyre saccompagne de celui des prêtres.
Pour se faire une opinion définitive, il convient ici de citer le texte dune apparition privée officiellement reconnue par lÉglise. Le troisième secret de Fatima[405]* est rapporté ainsi par Lucie[406].
« Après les deux parties que jai déjà exposées, nous avons vu sur le côté gauche de Notre Dame, un peu plus en hauteur, un ange avec une épée de feu dans la main gauche. Elle scintillait et émettait des flammes qui devaient, semblait-il, incendier le monde. Mais elles séteignaient au contact de la splendeur qui émanait de la main droite de Notre Dame en direction de lui. (Ceci semble signifier une intervention maternelle de la Vierge. Elle empêche la paternité de Dieu damender lhumanité en la frappant. Elle obtient de laisser agir patiemment la loi des conséquences du péché). Lange, indiquant la terre avec sa main droite dit: Pénitence! Pénitence! Pénitence! Et nous vîmes, dans une lumière immense qui est Dieu quelque chose de semblable à la manière dont se voient les personnes dans un miroir, un évêque vêtu de blanc, nous avons eu le pressentiment que cétait le Saint-Père.
Nous vîmes divers autres évêques, prêtres, religieux et religieuses monter sur une montagne escarpée, au sommet de laquelle il y avait une grande croix en troncs bruts, comme sils étaient en chêne liège avec leur écorce. Avant dy arriver, le Saint-Père traversa une grande ville à moitié en ruine et, à moitié tremblant, dun pas vacillant, affligé de souffrance et de peine, il priait pour les âmes des cadavres quil trouvait sur son chemin. Parvenu au sommet de la montagne, prosterné à genoux au pied de la grande croix, il fut tué par un groupe de soldats qui tirèrent plusieurs coup avec une arme à feu et des flèches. Et de la même manière moururent les uns après les autres les évêques, les prêtres, les religieux et religieuses et divers laïcs, hommes et femmes de classe et de catégories sociales différentes. Sous les deux bras de la croix, il y avait deux anges, chacun avec un arrosoir de cristal à la main, dans lequel ils recueillaient le sang des martyrs et avec lequel ils irriguaient les âmes qui sapprochaient de Dieu. »
Une objection importante doit être faite ici. Parler dun martyre de lÉglise visible ne soppose-t-il pas à la promesse de Jésus faite à Pierre*: « Pierre, tu es pierre et sur cette pierre je bâtirai mon Église et les portes de lenfer ne lemporteront pas sur elle.[407] » Appuyé sur une telle parole, ne doit-on pas affirmer quil y aura toujours dans le monde un sacerdoce ministériel et donc un pape?
Pour répondre à cette objection, il convient de rappeler une autre promesse du même type faite à Marie au jour de lAnnonciation: « Il sera grand et sera appelé fils du Très-Haut. Le Seigneur lui donnera le trône de David son père, il régnera sur la maison de Jacob et son règne naura pas de fin ». Il convient de relire cette prophétie divine en regardant la croix de Jésus. Il existe une distance entre ce texte pris à la lettre et sa réalisation. Jésus est-il grand à la croix? Certainement pas extérieurement mais spirituellement. Pourtant, Marie eut le cur assez dilaté pour croire que les prophéties de gloire étaient accomplies ici et maintenant. A la fin du monde, il existera quelques chrétiens semblables à Marie qui comprendront, en contemplant le sacrifice final de Pierre, que les portes de lenfer sont vaincues.
Il ne faut pas se tromper sur le sens réel des paroles de Dieu. Quon se souvienne du trouble analogue qui saisit la réflexion juive de lAncien Testament dans la tension dune foi enseignant sans ambiguïté que Dieu comble de biens les hommes droits et renvoie les riches les mains vides et la constatation quotidienne de linverse. Cette dramatique expérience fut source dune mutation spirituelle majeure depuis le livre de Job vers celui de la Sagesse, en préparation de la venue de Jésus. Au temps de leur gloire, les Juifs tuaient comme hérétiques les prophètes qui osaient annoncer, chose impossible en raison de la présence réelle de Dieu, la destruction du Temple de Jérusalem. Il fallut plusieurs ruines et déportations dIsraël* pour que certains comprennent que ce qui importe à Dieu, cest le temple spirituel du cur de chaque homme.
Il faut remarquer que Dieu se plaît dans dapparentes contradictions. On en est frappé à lévocation des nombreux exemples qui jalonnent lÉcriture ou la vie des saints. Jeanne dArc, demandant à ses voix si elle serait sauvée sentendit répondre: « oui, par grande victoire! » Elle se réjouit fort, et se prépara à la venue de Charles VII, son roi. Le lendemain, elle était brûlée vive. Ses voix lui avaient-elles menties? Jeanne, dans un grand sanglot, le crut dabord. Juste après sa mort, elle comprit à quel point ses voix avaient dit vrai, plus vrai quelle ne limaginait.
Pour le théologien, lopposition apparente entre foi et réalité, loin dêtre une torture, constitue le lieu théologique par excellence, le lieu des découvertes. Deux vérités apparemment contradictoires, dont lune procède de la foi (les portes de lenfer ne lemporteront pas sur lÉglise) et lautre de lexpérience (lÉglise disparaîtra de façon visible de la surface du monde) et qui sont comparables à deux silex durs quon frotte. La lumière en jaillit. Quand nous voyons horreur, martyre sanglant ou échec politique, Dieu voit victoire, règne éternel et gloire. Pour lui, la victoire réelle est celle qui se termine en Vie éternelle (donc, encore et toujours humilité et charité). Elles le seront de fait car le pape et le clergé de cette époque seront disposés à faire de leur sacerdoce et de leur vie une offrande damour, une dernière messe unie à la Messe éternelle de Jésus. Le Ciel entier sera ébranlé devant leur sainteté et le retour du Christ ne sera plus lointain. Tel est lobjet du chapitre suivant.
« Cette génération est une génération mauvaise. Elle demande un signe et de signe, il ne lui sera donné que le signe de Jonas. Car, tout comme Jonas fut dans le ventre du monstre marin durant trois jours et trois nuits, de même le Fils de lhomme sera dans le sein de la terre durant trois jours et trois nuits. »[408]
« Le soir venu, il vint un homme riche dArimathie, du nom de Joseph, qui sétait fait lui aussi disciple de Jésus. Il alla trouver Pilate et réclama le corps de Jésus. Alors Pilate ordonna quon le lui remette. Joseph prit donc le corps, le roula dans un linceul neuf et le mit dans un tombeau neuf quil sétait fait tailler dans le roc. »[409]
La disparition de lÉglise catholique et de tout ce qui porte le nom de Dieu (les autres religions prêchant lhumilité) sera un signe des temps semblable à celui donné au juifs par la mise au tombeau de Jésus. Il existera des hommes justes, qui ne seront pas nécessairement des chrétiens de lintimité, pour sentir la gravité de lévénement. Il sagira en effet dun acte irréparable. Au plan de sa signification symbolique, en effaçant politiquement le nom de Dieu de la terre, en le remplaçant par son propre nom ou par celui de son maître Lucifer, lAntéchrist* dépassera la mesure de tous les péchés commis dans le monde. Caché derrière cet acte, Satan paraîtra au conseil de Dieu[410] et pourra dire: « Regarde lhumanité. En ce jour, elle se révolte tout entière contre toi. Respecte donc la volonté de tes créatures réunies et donne la béatitude à ceux qui refusent de sabaisser. Ce sera justice »[411].
(Chose certaine)
(Chose probable)
Lorsque ce sera réalisé, il semblera ne plus y avoir sur la terre ni dÉglise du Christ ni de religion autre que celle de Lucifer. Mais Dieu ne voit pas les réalités comme les hommes. Il discernera une véritable Église. Ce ne sera pas une Église visible de lextérieur comme le sont les communautés qui peuvent se réunir dans des temples de pierres. Ce sera une Église composée dun petit nombre de chrétiens isolés, ne se connaissant pas les uns les autres, mais au cur saint. Ils nauront plus de pape pour les maintenir dans la vraie foi, ils nauront plus deucharistie pour les nourrir de la présence de Jésus. Saint Paul, pressentant la pauvreté des chrétiens de cette époque, lance en une phrase toute la spiritualité qui sera la leur: Dès lors, frères, tenez bon, gardez fermement les traditions que vous avez apprises de nous (cest-à-dire de toute la succession des papes et des saints), de vive voix ou par écrit. Que Jésus lui-même, ainsi que son Père qui nous a aimé console vos curs et les soutiennent.[412]
Des papes, il ne leur restera plus que le souvenir et la possibilité dêtre fidèles aux enseignements de jadis. Le pape de cette époque sera probablement devenu un homme solitaire et errant. Poussé par lEsprit et méditant sur le mystère en train de se réaliser, il se mettra en chemin vers Jérusalem, à limage du Christ. Le Christ disait lui-même: «Mais aujourdhui, demain et le jour suivant, je dois poursuivre ma route, car il ne convient pas quun prophète périsse hors de Jérusalem.[413] »
(Chose probable)
La disparition de leucharistie pose problème[414]. Peut-il y avoir Église sans la présence réelle de Jésus dans leucharistie?
Depuis quatre siècles, dans lÉglise catholique, les prêtres ont eu tendance à identifier le chemin de la grâce de Dieu à la seule pratique des quatre sacrements suivants, baptême, confirmation, pénitence, eucharistie. Cette tradition est un effet de la formation au sacerdoce[415]. Cest une excellente spiritualité... pour les prêtres. Mais le fait quelle ait remplacé les grandes théologies mystiques canonisées par lÉglise fut une erreur. Les grands Docteurs mystiques comme sainte Thérèse dAvila, saint Jean de la Croix, saint Thomas dAquin disaient que leucharistie était une des voies de la grâce. Cest une nuance essentielle. Pour eux, leucharistie est « le mode le plus inouï, le plus extraordinaire, par lequel Dieu a inventé de se donner ». Mais lorigine de toute grâce nest pas Jésus-eucharistie, cest Jésus « tout court ». Jésus peut obtenir lintimité quil désire avec lhomme par bien dautres moyens, la contemplation de la nature, la musique, le silence, le désert et, par-dessus de tout car source de tout, le cur à cur de loraison. Marthe Robin[416] disait à propos de lEucharistie:
« Dans la communion eucharistique, Dieu se donne dans un acte extérieur qui est en lui-même un plaisir, une consolation, une joie pour lâme... La communion ne suppose pas toujours la vertu. On peut communier et se rendre coupable du corps et du sang du Christ. Quelquun a dit: on trouve des chrétiens qui communient tous les jours et sont en état de péché mortel... Mais, on ne trouvera jamais une âme qui fasse oraison tous les jours et demeure dans le péché. Si on me proposait de choisir la rencontre avec le Christ dans leucharistie ou dans loraison, je choisirai sans hésiter loraison car cest elle qui donne tout son sens à la communion. Ladoration est le but de la communion et cest elle qui lui donne sa valeur. »
Une ermite commentait: « Jésus eucharistie ne vient sous les espèces du pain que dans le but de nous mendier quelques secondes de présence et de les transformer, dès que nous le comprenons, en une perpétuelle présence que nous ne quittons jamais, qui demeure indépendamment des espèces du pain et du vin et que nous pouvons retrouver à chaque moment, à volonté, en nous tournant vers notre intériorité.[417]»
La vie mystique est infiniment plus riche que le mode sacramentel. La vie mystique (= la charité (Agape) pour Dieu et le prochain) intègre toutes les différentes manières de la vivre (= les spiritualités) mais ne peut être réduite à une seule de ces spiritualités. Jésus veut venir habiter le cur des hommes. Si une voie lui est fermée, il passera par une autre.
Vers la fin du monde, des évènements semblables à ceux vécus par lÉglise russe au temps des soviétiques se produiront. Privés de prêtres et de messe, les fidèles apprendront à vivre du Christ comme Marie au temps du sépulcre, par la prière du cur à cur. Et, en cette époque, lÉglise catholique sera bien vivante, plus que jamais.
(Chose probable)
Des trois blancheurs citées par saint Jean Bosco, il ne leur restera plus que Marie*[418]. Les chrétiens de cette époque sauront vivre de son esprit. Ils méditeront à son école la parole de Dieu écrite dans les Évangiles. Le sacrifice final de lÉglise visible sera vécu par eux avec une charité proche de celle de Marie à la croix. Elle provoquera le retour du Christ. Il ne résistera pas à la supplication humble et aimante de ceux qui vivront ces derniers moments[419].
Les chrétiens de la fin du monde auront surtout pour nourriture le cur à cur de la prière. Jésus les comblera de sa présence. « Là où lépreuve abonde, la grâce surabonde »[420]. Jamais on naura vu fleurir une sainteté aussi grande quen ce temps de sépulcre. LAntéchrist croira avoir détruit définitivement tout christianisme de la terre. Or il fleurira aussi beau quà la croix et au tombeau dans le cur de Marie. Ce sera une foi humble car coupée de toute possibilité de triomphe extérieur. Elle sera confiante car sûre de la proximité du retour du Christ. Elle sera amoureuse car elle jaillira en contemplation pour Jésus vu à lintérieur de la prière. Elle sera attentive aux autres puisquon priera beaucoup en cette époque pour les pauvres tenus loin de Dieu par lAntéchrist.
(Chose probable)
Saint Louis-Marie Grignon de Montfort[421]* décrit lÉglise des derniers temps de la façon suivante:
« Les plus grands saints, les âmes les plus riches en grâce et en vertus, seront les plus assidus à prier la Très Sainte Vierge et à lavoir toujours présente comme leur parfait modèle pour limiter, et leur aide puissante pour les secourir.
Jai dit que cela arriverait particulièrement à la fin du monde, et bientôt, parce que le Très-Haut et sa très sainte mère doivent former de grands saints qui surpasseront en sainteté la plupart des autres saints, que les cèdres du Liban surpassent les petits arbrisseaux, comme il a été révélé à une sainte âme, dont la vie a été écrite par Mr. de Renty. »
« Le pouvoir de Marie sur tous les diables éclatera particulièrement dans les derniers temps, où Satan mettra des embûches à son talon, cest‑à‑dire à ses humbles esclaves et à ses pauvres enfants quelle suscitera pour lui faire la guerre. Ils seront petits et pauvres selon le monde, et abaissés devant tous comme le talon, foulés et persécutés comme le talon lest à légard des autres membres du corps; mais, en échange, ils seront riches en grâce de Dieu, que Marie leur distribuera abondamment, grands et relevés en sainteté devant Dieu, supérieurs à toute créature par leur zèle animé, et si fortement appuyés du secours divin, quavec lhumilité de leur talon, en union avec Marie, ils écraseront la tête du diable et feront triompher Jésus Christ. »
(Chose certaine)
Cest ce que se demande Jésus avant de mourir en croix. La réponse est oui, sans aucun doute, selon une autre de ses paroles: A cause des élus, ils seront abrégés, ces jours-là.[423] Ils seront abrégés non seulement pour quil y ait toujours présent sur la terre quelques disciples du Christ qui prient pour leurs frères, mais surtout parce que la ferveur de leur désir bouleversera le Ciel. A cet égard, le peuple russe livre une analogie intéressante. Après 70 ans de communisme, le sacrifice de la messe avait entièrement disparu de certaines régions. Pourtant, la foi était gardée, fidèlement, par la prière et laction de quelques femmes. Brutalement, sans que personne nait pu le prévoir, le communisme sécroula, « comme par le souffle du Christ ». Mais la foi était restée intacte durant toutes ces années.
(Selon moi Au lecteur de juger)
Dieu ne discernera pas que des chrétiens. Il verra, ici ou là, des musulmans fidèles dont la prière ressemblera à celle de Job dans son épreuve: Je sais moi que mon Rédempteur est vivant et quil se lèvera le dernier dans la poussière. Et moi, après mon éveil, de ma chair, je verrai Dieu[424]. Ils auront été appauvris par lépreuve, détachés par la vision de lapostasie* de leurs coreligionnaires, de leurs rêves passés dun islam* mondial[425]. Il ne leur restera plus quAllah et la confiance quils lui portent. Ceux qui nauront pas réalisé cette oeuvre de purification ne tiendront pas. Ils sécrouleront devant la constatation de la victoire de lAntéchrist. En ces jours, le petit reste des musulmans fidèles naura plus pour les soutenir lappel à la prière du muezzin, le Ramadan public, le pèlerinage dans les lieux saints. Il ne leur restera plus que laumône quon peut camoufler en action sociale, le Coran qui nourrit lâme de sa beauté venant du Très-Haut et la prière dadoration secrète, au fond dune chambre secrète. Nourris de leurs propres prophéties, ils prieront Dieu denvoyer le Messie Jésus, lui qui doit revenir à la fin du monde. Ils supplieront Mariam, sa mère immaculée, dintercéder pour cela auprès dAllah. Et leur prière sera reçue du Ciel. On se réjouira de voir des serviteurs si fidèles et on saura, en voyant les abîmes de pauvreté de leur cur, quils seront grands au Ciel lorsquils sauront qui est vraiment Jésus.
Il existera des justes dans toutes les religions. Ici et là, des curs chercheront Dieu, gardant fidèlement les traditions reçues des pères, les semences de lEsprit Saint[426] qui les dispose au salut.
(Chose certaine pour le fait. Pour la manière, au lecteur de juger)
« La venue du Messie glorieux est suspendue à tout moment de lhistoire à sa reconnaissance par "tout Israël" dont "une partie sest endurcie" dans "lincrédulité" envers Jésus. Saint Pierre le dit aux juifs de Jérusalem après la Pentecôte: "Repentez-vous et convertissez-vous, afin que vos péchés soient effacés et quainsi le Seigneur fasse venir le temps de répit. Il enverra alors le Christ qui vous est destiné, Jésus, celui que le Ciel doit garder jusquau temps de la restauration universelle dont Dieu a parlé dans la bouche de ses saints prophètes". Et S. Paul lui fait écho: "Si leur mise à lécart fut une réconciliation pour le monde, que sera leur assomption, sinon la vie sortant des morts?". Lentrée de "la plénitude des Juifs" dans le salut messianique, à la suite de "la plénitude des païens", donnera au Peuple de Dieu de "réaliser la plénitude du Christ" dans laquelle "Dieu sera tout en tous"[427]. »
Quen sera-t-il du peuple juif? Jai rappelé[428] que saint Paul annonce explicitement leur conversion au Christ à la fin du monde. Il le fait en une phrase brève, lapidaire: «Que sera leur admission sinon une résurrection dentre les morts ?» Saint Paul lie donc la conversion dIsraël à la résurrection. Or lÉglise sait que cette résurrection se produira après le retour du Christ.
Faut-il donc en conclure que le peuple juif ne reconnaîtra le Messie que lorsquil se montrera à lui, cest-à-dire au moment même de son retour? Cela paraît être une interprétation possible. Si des siècles de christianisme nont pu les amener à Jésus, cest que Jésus se réserve de se révéler lui-même. Jusquà aujourdhui, chaque juif découvre le Messie au moment où il lui apparaît, cest-à-dire à lheure de sa mort. Lorsque son cur est bien disposé, il le reconnaît, laime et le suit dans la Vie éternelle. Il est possible quil en soit de même pour la dernière génération de juifs.
Mais ce nest pas linterprétation la plus sûre. Le peuple juif est depuis toujours un signe donné visiblement, ici-bas, dans les réalités politiques. Je lai montré, Israël* a reçu la mission dêtre un peuple particulier. Cest son histoire politique, datée qui réalise successivement des textes de lÉcriture, dont le sens spirituel est valable pour tous les peuples. Tout semble donc indiquer une véritable conversion historique et nationale se produisant peu avant le retour du Christ, selon la lettre de la prophétie de Jésus[429]: Vous ne me verrez plus jusquà ce quarrive le jour où vous direz: Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur. Rien nexclut que ce peuple dabord exclu de lAlliance par la faute de ses théologiens, deviennent vers la fin du monde, lorsque les nations chrétiennes auront apostasié, « lÉglise Catholique ».
Peut-on savoir de quelle manière Dieu les disposera à la conversion? Fera-t-il quelque chose de spécial pour eux qui se sont séparés de lui à travers laction de leurs ancêtres? Lorsquon se trouve devant une telle question, il faut chercher sil nexiste pas une allégorie biblique où Dieu manifeste comment il se réconcilie un ancien ami[430]. Or il en existe au moins deux dont le récit peut éclairer ce mystère. Le premier est une parabole de Jésus racontant lhistoire dun homme qui avait deux fils[431]. Le deuxième concerne ce chapitre puisquil raconte la manière dont Dieu peut préparer, longtemps à lavance une réconciliation. Il sagit de lhistoire de Joseph[432].
Joseph était le fils préféré de son père Jacob car il était le seul enfant de lépouse quil aimait, Rachel. Pour le lui prouver, Jacob lui avait fait faire une tunique bariolée, signe extérieur de sa préférence. Or ses dix frères se mirent à le jalouser. Ils ne cessaient de limportuner, se moquant des rêves prémonitoires quil faisait et leur racontait. Un jour, son père lenvoya porter de la nourriture aux champs pour ses frères qui y gardaient les troupeaux. Ceux-ci le virent venir de loin et décidèrent de le tuer. Ils se saisirent de lui, le jetèrent dans un puits et, avisant une caravane de marchands qui passait, le vendirent pour la somme de vingt pièces dargent. Ils égorgèrent un agneau, mirent le sang sur sa tunique, et la montrèrent au père en disant: « Certainement, un fauve laura dévoré ». Jacob fut inconsolable. Il reporta son affection sur un second fils de Rachel, né pendant sa vieillesse. Benjamin naquit et sa mère mourut en le mettant au monde. Joseph fut vendu comme esclave en Égypte. Le pharaon remarqua ses talents. Il léleva et en fit le premier de ses serviteurs. Il lui confia la responsabilité de nourrir le pays tout entier.
Cette histoire, au-delà de sa lettre, est une allégorie. Joseph vendu par ses frères puis établi comme maître du pain de toute la terre dÉgypte nest autre que la figure de Jésus qui, après sa mort douloureuse, put donner le pain du Ciel à toutes les nations païennes. Rachel sa mère, préférée de Jacob et morte en mettant au monde le petit Benjamin symbolise et annonce Marie, la mère de Jésus, morte dans son cur de mère au pied de la croix en mettant au monde lÉglise. Il suffit de lire le texte pour sapercevoir des correspondances étonnantes.
En gardant la même méthode et en remplaçant le personnage de Joseph par Jésus, celui de Pharaon par Dieu le Père, de lÉgypte par les nations chrétiennes, de Rachel par Marie, de Benjamin par lÉglise, des dix frères pécheurs par le peuple juif, on assiste comme dans une pièce de théâtre à la suite des temps. En effet, le récit raconte ensuite comment Joseph, devenu maître du pays dÉgypte, se réconcilia avec ses dix frères criminels. «Puis il advint une grande famine sur toute la terre. LÉgypte (lÉglise contenant les païens), gardée par lintelligence de Joseph ne manquait de rien. Jacob et ses fils (le peuple dIsraël) neurent bientôt plus rien et, apprenant que lÉgypte vivait dans labondance, ils décidèrent de sy rendre et dacheter à prix dor du pain. Mais Jacob ne voulut pas que son fils Benjamin (lÉglise chrétienne) accompagne les dix autres frères, redoutant quelque chose pour sa vie. Arrivés en Égypte, il furent reçus par Joseph qui les reconnut. Mais eux ne le reconnurent pas car il était vêtu en Egyptien (le visage du Christ est aujourdhui caché pour les Juifs sous les traits dun persécuteur du passé).
Alors, volontairement, Joseph leur parla mal et dit les soupçonner dêtre des espions venus observer la faiblesse du pays. Eux nièrent et se proclamèrent onze frères fils dun même père et poussés par la famine vers lÉgypte pour y acheter du pain. Joseph fit semblant de ne pas les croire. Il garda Siméon en otage exigeant deux quils reviennent avec leur plus jeune frère Benjamin pour prouver leur bonne foi. Ils partirent donc, inquiets et mortifiés, se demandant si Dieu ne leur faisait pas ainsi payer leurs crimes envers Joseph. Arrivés devant Jacob, ils lui racontèrent les exigences du maître de lÉgypte mais lui ne voulut pas laisser partir Benjamin, effrayé pour sa vie.
La famine se fit plus dure sur le pays. Il fallut, sous peine de mort, retourner en Égypte. Alors Jacob (que Dieu appelle aussi Israël) laissa partir son fils Benjamin avec eux. Les fils dIsraël arrivèrent donc devant Joseph qui les reçut bien, fit libérer Siméon et les invita à sa table. Ils ne le reconnurent toujours pas. Alors quils sapprêtaient à partir, Joseph dit à son intendant: Tu cacheras la coupe en argent, celle dont je me sers pour lire lavenir, dans le sac du plus jeune . Les fils dIsraël étaient partis depuis peu, lorsque Joseph dit à son intendant: Rattrape-les, reproche-leur le vol . Lintendant le fit. Mais eux nièrent en disant: Fouille nos sacs. Celui chez qui on trouvera la coupe, mourra et nous, nous serons tes esclaves . Soit, répondit lintendant, celui chez qui on trouvera la coupe sera mon esclave et les autres seront libres de partir . On fouilla les sacs et on trouva la coupe chez Benjamin. Alors les fils dIsraël déchirèrent leurs vêtements et revinrent vers la ville. Ils entrèrent dans la maison de Joseph. Judas, celui-là même qui avait pris la décision de le vendre aux marchands[433] lui dit en substance: Benjamin est le seul fils qui reste à notre père depuis que Joseph a disparu. Sil ne revient pas, notre père mourra et je porterai la culpabilité de sa mort. Alors laisse partir lenfant et prends-moi comme esclave à sa place.
Devant cette attitude noble de ses frères, Joseph ne put se contenir plus longtemps. Il fit sortir tous les Égyptiens présents et éclata en sanglots. Il leur dit: Je suis Joseph, mon père vit-il encore? et ses frères ne purent lui répondre car ils étaient bouleversés de le voir. Alors Joseph dit à ses frères: approchez-vous de moi. Ne soyez pas triste de mavoir vendu ici en Égypte car cest pour préserver vos vies que Dieu ma envoyé devant vous. »
Tel est le résumé des épreuves que Joseph imposa à ses frères avant de se révéler à eux. Il voulut voir de ses yeux sils avaient changé, sils se comporteraient avec Benjamin comme ils sétaient comportés avec lui. Or les frères ne voulurent pas livrer Benjamin, ni à la mort, ni à lesclavage. Au contraire, Judas lun des coupables se proposa pour être esclave à sa place.
De même, vers la fin du monde, il est probable que Jésus mettra à lépreuve ses frères juifs. Benjamin semble symboliser lÉglise, du moins ses restes à la fin du monde. Jésus voudra vérifier si les Juifs se comportent mieux avec lÉglise quavec lui jadis. Les derniers papes seront-ils contraints par les évènements de se réfugier en Israël ? Seront-t-ils protégés par les chefs et le peuple juif ? Prendront-ils la décision dempêcher sa destruction totale par les forces de lAntéchrist*? Refuseront-ils avec héroïsme, risquant leur propre vie, que lÉglise de la fin soit tuée ou réduite en esclavage? Il semble en tout cas, si lon suit cette allégorie prophétique, quils ne se comporteront plus de la même manière quau temps de Jésus[434]. Certains théologiens de jadis affirmèrent que le dernier pape reviendrait mourir à Jérusalem: «Il ne convient pas quun prophète meure en dehors de Jérusalem*. »[435] Dieu se plaît en effet à réaliser de manière historique ce quil veut signifier au sens le plus spirituel.
Alors, bouleversé par le changement des Juifs, Jésus se révélera à eux dans toute sa gloire de Roi de la Terre. Ainsi se réalisera dans la plus grande vérité la parole du prophète : « La gloire à venir de ce Temple rebâti dépassera lancienne, dit Yahvé Sabaot, et dans ce lieu je donnerai la paix, oracle de Yahvé Sabaot.[436] »
(Chose certaine)
La question du salut des foules qui auront été séduites par lAntéchrist et se seront éloignées de Dieu est essentielle. Dieu lui-même, par son silence, aura permis une telle victoire du culte de lhomme, probablement accompagné du culte spirituel de lAnge révolté*. Comment expliquer quil pousse si loin sa permission du mal? Comme le disaient les membres de la secte du Temple solaire, se serait-t-il dégoûté de ce monde au point dabandonner les hommes au démon et à son entreprise de damnation de lhumanité? Désespérés de ce monde, les membres de cette secte ne cessèrent de se suicider dans les années 1995 pour rejoindre le Christ. Il ne saurait bien sûr en être ainsi et leur action relève dun manque de connaissance de Dieu. Dieu ne permet rien qui ne serve en définitive au salut des hommes.
LÉcriture Sainte livre de nombreux textes éclairants. Rappelons quelle sera la vie des hommes qui auront suivi lAntéchrist dans son projet de monde sans Dieu. Le monde dans son ensemble, cest-à-dire la très grande majorité des hommes, se retrouvera sur une terre habitable et correctement gérée. On ny manquera de rien au plan matériel mais il ny aura plus de vraie nourriture pour les âmes. La religion de lAntéchrist ne proposera pas le vrai Dieu, mais un dieu digne, solitaire et froid, Lucifer.
Or lhomme ne vit pas seulement de pain mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu[438]. Il y aura donc une grande famine spirituelle, si terrible dit Jésus, que si ces jours navaient été abrégés, nul naurait eu la vie (spirituelle) sauve[439].
Devant cette soif du vrai Dieu et de son amour, il y aura deux réactions. Certains, les plus faibles, souffriront sans comprendre que cest labsence du vrai Dieu qui les consume. Comment pourra-t-il en être autrement puisque nul prophète ne sera là pour le leur révéler. Il y aura en ce temps une multiplication des angoisses, des névroses et des suicides. On cherchera la lumière mais on ne la trouvera pas car, ajoute saint Mathieu[440] « Aussitôt après la tribulation, le soleil sobscurcira, la lune ne donnera plus sa lumière, les étoiles tomberont du ciel et les puissances des cieux seront ébranlées ». Ce texte na pas en premier lieu, comme toujours en matière apocalyptique, une signification matérielle. Il signifie que, du fait de la disparition de lÉglise et des grandes religions qui parlent dhumilité ou damour, le soleil de la Vie éternelle aura disparu. Aucun homme ne sera là pour révéler Jésus, le Prince de cette Sagesse, aux âmes. La lune (qui reflète les rayons du soleil et les adoucit) nest autre que tout ce qui reflète Dieu comme dans une image pour le monde. Jésus dans son humanité, Marie, les saints vivants ou morts, les religions qui portent quelque reflet du vrai Dieu... Le fait que la lune ne donne plus sa lumière signifie donc une disparition de tout ce qui peut être signe de la présence du Dieu dhumilité et damour pour lhomme. Les étoiles qui tombent du ciel représentent les prédicateurs qui, avant la venue de lAntéchrist, indiquaient la route du Ciel mais, après, ne montreront plus que la terre à bâtir.
Faut-il ajouter à ces terribles épreuves des derniers temps un ébranlement soudain et effrayant de la nature? Faut-il admettre que la mer mugira matériellement, poussée par un grave dérèglement du climat? Certains théologiens laffirmèrent jadis, en donnant un sens matériel aux textes. Ils annoncèrent même une pluie matérielle détoiles filantes et, pour les semaines qui précéderont le retour du Christ, la menace dun astre errant qui se dirigera vers la terre, jetant dans leffroi le monde de lAntéchrist.
Ces interprétations ne sont pas à mépriser totalement[441] mais elles ne sont pas nécessaires. Plus la fin du monde approchera, plus leur signification sera spirituelle. Dieu naura pas besoin, dans le monde de lAntéchrist, de frayeurs matérielles pour disposer les hommes au salut. Le monde se sera considérablement spiritualisé et les hommes seront beaucoup plus fragiles psychologiquement que par le passé. Si lon veut détacher un solide cultivateur mérovingien de sa terre, il faut lui en montrer le peu de valeur par la rigueur des saisons et diverses épreuves matérielles (grêles, famine, pillage). Si lon veut accomplir un travail de purification sur un jeune citadin attendri par le confort dune vie facile, il suffit bien souvent de le laisser face à ses propres réflexions sur le sens de sa vie. Lhumanité sera comblée dans son corps par toutes les richesses et sécurités mais, dans son âme, elle subira la souffrance. Dieu verra du Ciel cette souffrance. Il verra aussi à quel point elle creusera chez les hommes de bonne volonté une soif du vrai salut celui qui est fondé non sur la puissance mais sur lamour. Il en sera heureux. Ainsi, le monde de lAntéchrist, bien que prévu pour une toute autre finalité, disposera les peuples au salut dune manière unique. Beaucoup seront purifiés.
Légoïsme quil produira sera accompagné dun tel désespoir spirituel quil provoquera plus de soif de Dieu que de soif de cette liberté vaine et sans signification donnée par la religion du dernier Antéchrist[442].
De même, lapparition dans le ciel du signe du fils de lhomme nest pas à prendre nécessairement (quoique, dans un second sens, pourquoi pas) au sens le plus matériel, comme si une croix devait se dessiner matériellement dans le ciel. Cette prophétie se réalisera très concrètement dans lhistoire, selon les multiples niveaux de sens que jai décrit tout au long de ce livre. Mais seuls les vautours[443] , cest-à-dire les contemplatifs, comprendront quil sagit du martyr des croyants fidèles: Mes paroles, dit Jésus, sont esprit et elles sont vie. [444]Cest lEsprit qui vivifie, la chair ne sert de rien. Ainsi, dans le monde dominé par lAntéchrist*, tout sera prêt pour le grand spectacle final. Le cur des peuples séparés de Dieu mourra de soif spirituelle. Les derniers croyants mourront despérance et dattente. Ainsi, il devient possible de comprendre pourquoi Dieu permettra lapparition et la réussite de lAntéchrist.
Le secret de La Salette[445] confirme ces dires, en appelant pour cette époque les contemplatifs à discerner les signes du dernier des temps.
« Combattez, enfants de lumière, vous, petit nombre qui y voyez. Car voici le temps des temps, la fin des fins.»
« Voici le temps. Labîme souvre. Voici le roi des rois des ténèbres. Voici la bête avec ses sujets, se disant le sauveur du monde. Il sélèvera avec orgueil dans les airs pour aller jusquau Ciel. Il sera étouffé par le souffle de saint Michel Archange. Il tombera »
(Chose indécise)
« Aussitôt après la tribulation de ces jours-là, le soleil s'obscurcira, la lune ne donnera plus sa lumière, les étoiles tomberont du ciel, et les puissances des cieux seront ébranlées. Et alors apparaîtra dans le ciel le signe du Fils de l'homme; et alors toutes les races de la terre se frapperont la poitrine; et l'on verra le Fils de l'homme venant sur les nuées du ciel avec puissance et grande gloire. [446]»
Certains textes des Ecritures et en particulier la lettre de lApocalypse ne cessent de décrire sous forme physique (tremblement de terre, chute détoiles etc.) les épreuves de la fin. Tout au long de cet ouvrage, jai voulu montrer à quel point le sens de ces fléaux se spiritualiserait de plus en plus jusquà la fin. Cependant, il convient de nuancer ce point de vue. Le Christ nous y invite : « Car je vous le dis, en vérité: avant que ne passent le ciel et la terre, pas un i, pas un point sur l'i, ne passera de la Loi, que tout ne soit réalisé.[447]» Rien nempêche donc (et cest lopinion de saint Thomas dAquin), que des terreurs physiques reviennent vers la fin. Lhumanité simaginera avoir définitivement vaincu la plupart des aléas de la nature. Elle se sera beaucoup ramollie. Lapparition dastéroïdes menaçants, de signes climatiques inédits pourrait remettre les coeurs dans la voie dune certaine humilité
(Chose indécise)
LAntéchrist et ceux qui le suivront avec lenthousiasme des débuts sefforceront de nier la réalité du feu de lâme assoiffée du vrai Dieu. Ils auront essayé de le faire disparaître en donnant aux hommes une religion et une espérance après la mort. LAntéchrist fera tout pour supprimer le feu par sa nouvelle religion, ouverte à léternité, du culte de lHomme divinisé. Mais son succès, étant mensonger, ne durera que le temps dun enthousiasme passager. Son nouveau monde craquera de tous côtés, miné par un mal invisible.
En réalité, le feu qui brûlera son nouveau monde viendra du plus profond de lâme humaine. Lâme de lhomme ne souffre pas seulement de la peur de mourir. Elle se désespère inconsciemment tant quelle ne trouve pas celui qui nest que Lumière infinie, Amour total, humilité parfaite[448]. Elle a été créée par le vrai Dieu dans son mystère Trinitaire, Père, Fils et Saint Esprit. Elle est faite pour lui correspondre comme dans un mystère dépousailles parfaites. Le cur de lhomme est comme un creux fait pour le plein quest Dieu. Lucifer*, malgré la noblesse de sa nature, sa puissance intellectuelle, son immortalité, nest quun succédané de Dieu, une pâle imitation. Ladorer ne mène à rien de durable. Malgré tous ses succès matériels, il ny peut rien. Il ne peut combler le creux.
Ce problème se traduira très concrètement dans le monde de lAntéchrist par la subsistance des épidémies de désespoir et de suicide. Alors, il sefforcera de trouver une solution. Il sefforcera détourdir lhumanité dans la recherche dun nouveau défi pour lempêcher de trop penser. Il ne manquera plus quune uvre à réaliser, sattaquer à la mort[449].
La mort fut imposée par Dieu aux hommes après le péché originel. Elle devint pour Lui une alliée car, de manière puissante et égalitaire, elle remettait les riches et les pauvres devant leur vraie condition. Il est difficile à un homme de mourir et de rester orgueilleux. Par ce mode, bien des hommes se réformèrent et furent sauvés.
Or, il convient de remarquer que le livre de la Genèse traite en deux temps la question de la mort. Juste après le péché originel, Dieu commença par rendre impossible toute forme dimmortalité sur la terre[450]: «Yahvé Dieu dit: Voilà que lhomme est devenu comme lun de nous, pour connaître le bien et le mal! Quil nétende pas maintenant la main, ne cueille aussi de larbre de vie, nen mange et ne vive pour toujours! Et Yahvé Dieu le renvoya du jardin dEden pour cultiver le sol doù il avait été tiré. Il bannit lhomme et il posta devant le jardin dEden les chérubins et la flamme du glaive fulgurant pour garder le chemin de larbre de vie. »
Ce texte indique la limite ultime quassignera Dieu à la puissance et aux réalisations de lAntéchrist. Jamais Dieu ne permettra quil réussisse à supprimer la mort. Il sy efforcera, à force de science et de biologie. Mais la présence des Kérubims, lordre supérieur des Anges, portant le nom hébreu de « lumière de la connaissance » indique une volonté arrêtée de ne pas laisser faire.
Un autre texte de la Genèse parle de la mort[451]: « Lorsque les hommes commencèrent dêtre nombreux sur la face de la terre et que des filles leur furent nées, les fils de Dieu trouvèrent que les filles des hommes leur convenaient et ils prirent pour femmes toutes celles quil leur plut. Yahvé dit: Que mon esprit ne soit pas indéfiniment responsable de lhomme, puisquil est chair; sa vie ne sera que de 120 ans». Ainsi, daprès la Bible, alors que les hommes vivaient auparavant 500 ou 600 ans, à la suite dun péché mystérieux, Dieu raccourcit considérablement cette durée. Jai toujours cru à une interprétation symbolique de ce texte, jusquà ce que la génétique se mette à soupçonner la présence dans lA.D.N. dune simple programmation de la vieillesse par le ralentissement des divisions cellulaires. De nos jours déjà, la génétique essaye de prolonger chez lanimal les divisions cellulaires qui sont à la base de la conservation des vivants dans une longue jeunesse. Sil est impossible de supprimer la mort, il est possible par contre de rallonger considérablement la durée de la vie.
Dans les décennies qui précèderont et accompagneront la venue lAntéchrist*, lhumanité essayera probablement de forcer la porte de larbre de vie dont parle le livre de la Genèse[452]. Larbre de Vie voulu par Dieu pour les hommes est celui de la Vie éternelle dans la vision de Dieu[453]. Larbre de vie tel que lentendra lAntéchrist sera la vie éternelle et autonome sur terre. Cet arbre symbolise le paradis terrestre, objet des convoitises des hommes depuis la chute originelle. Il sefforcera den percer le secret génétique[454]. Le jour où le gouvernement mondial réussira à faire naître des enfants capables de vivre plusieurs siècles, le signe de lArbre de vie sera donné aux hommes. Lhumanité en sera changée. Si les hommes retrouvent la capacité à vivre longtemps sur terre, la procréation relèvera de lÉtat, ainsi que la contraception obligatoire. La fécondité et la naissance dun enfant deviendront davantage affaire de science que dunion amoureuse dun couple. Cela se fera contre les volontés les plus explicites de Dieu, lui qui lia jadis fécondité et amour conjugal, vie courte sur terre et humilité de lhomme. Ce signe est de grande importance puisquil rejoint le fondement même de la révélation biblique sur le sens de la vie terrestre.
La décision de prolonger la vie sur terre constituera le dernier tremblement apocalyptique. Ce sera aussi le dernier des signes sensibles donné à lhumanité. Toute lÉcriture sainte aura été accomplie. La Genèse et Apocalypse se rejoindront. « Les méchants feront le mal et les méchants ne comprendront pas ». Le jour où ce rêve sera tenté, ce jour-là, on pourra dire: «lÉcriture est accomplie ». Tout ce qui était annoncé est achevé. La coupe des iniquités est pleine. Le Messie revient[455].
Il est probable que les hommes sentiront confusément quils ont commis un blasphème direct contre les volontés de Dieu : « Les nations sur la terre seront dans langoisse, inquiètes du fracas des flots et de la mer. Des hommes défailliront de frayeur dans lattente de ce qui menace le monde habité car les puissances des cieux seront ébranlées.[456] »
« Aussitôt après cette tribulation, le soleil sobscurcira, la lune ne donnera plus sa lumière, les étoiles tomberont du ciel et les puissances des cieux seront ébranlées. Et alors apparaîtra dans le ciel le signe du Fils de lhomme. Et alors toutes les races de la terre se frapperont la poitrine. Et lon verra le Fils de lhomme venant sur les nuées du ciel, avec grande puissance et grande gloire. Et il enverra ses anges avec une trompette sonore, pour rassembler ses élus des quatre vents des extrémités des cieux à leur extrémité.[457] »
Daniel, en parlant de la fin de lAntéchrist, écrit: «Il sera brisé sans acte de main.[458] ». Saint Paul va dans son sens: «Le Seigneur fera disparaître lImpie par le souffle de sa bouche, lanéantira par la manifestation de sa Venue.[459] »
(Chose indécise)
On le voit, ces textes multiples ne laissent pas de doute. La venue du dernier Antéchrist précédera et annoncera le retour glorieux du Christ. Le Seigneur affirme avec netteté: Quand vous verrez cela, redressez-vous et relevez la tête car votre Rédemption est proche[460].
Toute la question est dinterpréter ce mot «proche ». Combien de temps durera le monde soumis au culte lHomme à travers le culte explicite de Lucifer*? Durera-t-il quelques années seulement? Lorsque la dernière prophétie sera réalisée, combien de temps faudra-t-il précisément attendre? Pour répondre à ces questions, seuls des principes généraux sont certains. Dieu laissera durer ce monde sans espérance suffisamment de temps pour quil puisse produire des fruits que lAntéchrist ne prévoira pas, à savoir de la souffrance donc de lhumilité et du désir pour le vrai Dieu. Mais il le fera cesser par son retour glorieux assez vite pour que des élus aient la vie sauve. « Et si ces jours-là navaient été abrégés, nul naurait eu la vie sauve; mais à cause des élus, ils seront abrégés, ces jours-là.[461]»
Daprès le prophète Daniel, la durée du règne de lAntéchrist sera courte: le temps dune semaine (temps symbolisant ce que vit une génération humaine), il consolidera une alliance avec un grand nombre et le temps dune demi-semaine, il fera cesser le sacrifice et loblation[462](donc, semble-t-il, quelques années).
Ailleurs[463], il parle de la manière suivante: A compter du moment où sera aboli le sacrifice perpétuel et posée labomination de la désolation, 1290 jours. Heureux celui qui atteindra 1335 jours ». 1290 jours représentent la durée du ministère public de Jésus (trois ans et demi). Ce chiffre signifie non un temps réel (du moins pas nécessairement) mais une mission. Appliqué à lÉglise, ils symbolisent les siècles de son existence sur terre. Les chrétiens qui ont gardé ou garderont la foi dans leur cur[464], ont été et seront appelés à la même mission que le Christ, sauver le monde. Ils seront les prêtres du monde, cest-à-dire quil leur appartiendra doffrir à Dieu des supplications pour lâme de leurs contemporains éloignés de la vraie Vie. Heureux donc ceux qui, tout au long de lhistoire de lÉglise (déjà près de 2000 ans), ont gardé et garderont intacte leur confiance en Dieu.
Quant aux 1335 jours (1290 jours + 45), ils symbolisent non seulement les trois années et demi de la vie apostolique de Jésus, mais aussi le temps très court du sépulcre (3 jours), jusquà la Pentecôte (40 jours). Heureux aussi ceux qui garderont la foi durant les trois jours du sépulcre de lÉglise (3 jours symboliques) et jusquau retour glorieux du Christ (après 40 jours symboliques). Ils seront lÉglise de la fin du monde de la même manière que Marie* fut à elle seule toute lÉglise pendant les trois jours du sépulcre et les 40 jours derrance et de doute avant la Pentecôte.
Concrètement, tous ces chiffres symboliques ne nous avancent pas beaucoup. Il est impossible de savoir avec certitude quelle sera la durée exacte du règne de lAntéchrist (et peut-être de ses successeurs). Une seule chose est certaine. Dieu nannonce plus aucun événement nouveau sur terre hormis la Venue du Christ qui « fera disparaître lImpie par le souffle de sa bouche, lanéantira par la manifestation de sa Venue[465] ». Il ny aura donc plus cette fois dautre temps.
Jai longtemps hésité à propos de cette durée. Je narrive pas à conclure. Jai essayé de comparer à ce qui sétait jadis passé, lors de la « fin de certains mondes particuliers ». Des prophéties anciennes, adressées à lÉgypte antique, parlaient déjà de « fin du monde ». On ma rapporté quune inscription hiéroglyphique du temple de Philae dit: «Les temples seront désertés. Les dieux seront oubliés. Les écrits deviendront obscurs et nul ne pourra plus les déchiffrer. La fin du monde approche ». La fin du monde, en ce qui concerne lÉgypte antique, ne fut que la fin dun monde. 1700 ans après lassassinat du dernier moine de Philae, lhumanité est toujours sur terre. Il y a ici une analogie avec la fin de lÉglise et des religions.
En conséquence, deux opinions peuvent être soutenues.
1- Première hypothèse. Sans trop savancer, il est probable que les hommes qui seront présents sur terre lorsque sera donné le dernier des signes (la tentative de conquête de larbre de vie), seront encore en majorité vivants lors du retour du Christ. Ce temps dattente ne durera pas plus que lespace dune génération, selon le sens littéral de cette parole de Jésus[466]: «En vérité je vous le dis, cette génération ne passera pas que tout cela ne soit arrivé. » Jusqualors réalisée de manière cachée, à travers la succession des morts individuelles, cette parole le sera dun coup par le retour glorieux du Christ. Plusieurs arguments étayent cette opinion. Les prophéties concerneront, cette fois, lÉglise universelle et la totalité des nations* de la terre. Elles seront toutes réalisées. Rien dautre ne sera annoncé. Les événements rapportés dans le livre de la Genèse se seront produits en sens inverse, au sens littéral du terme. Ainsi, lAlpha et lOméga, la Genèse et lApocalypse se seront rejoints. Déjà de nos jours, les tours de Babel[467] modernes se dressent dans presque tous les pays comme symbole de leur orgueil; Lunification des langues[468] est en voie de réalisation dans langlais; Les nations commencent à penser leur disparition au profit dun gouvernement mondial[469]; Le rêve dune prolongation de la vie humaine tente déjà les généticiens[470]. Il sagit donc bien du temps des temps, de la fin des fins[471], de même que le livre de la Genèse raconte le commencement du commencement.
Combien dannées ? Les exemples du passé montrent la diversité des temps accordés par Dieu aux impostures politiques. Parmi les divers antichristianismes apocalyptiques, on peut citer lexil à Babylone du peuple juif qui dura soixante-dix ans[472]; Le communisme athée en Russie dura soixante-douze ans; Lexode dans le désert dura quarante années[473]; Hitler tint lAllemagne durant douze ans et le monde en guerre durant six ans. Rarement, au cours de lhistoire, un régime politique monstrueux naura duré plus que le temps dune vie humaine. Or lAntéchrist, celui qui accomplira les dernières prophéties, sera un homme, pas un dieu.
2- Deuxième hypothèse. Mais il existe une autre hypothèse, peu probable et peu étayée quoique légitime. Rien nempêche que lAntéchrist ait des successeurs. Ce monde sans autre religion que celle de la collaboration avec Lucifer peut durer plusieurs siècles. Au risque de décevoir, lorsquon regarde dans lÉcriture sainte la façon dont Dieu utilise le mot « bientôt », on reste hésitant. Un texte de lapocalypse est à cet égard significatif[474]: «Ces paroles sont certaines et vraies; le Seigneur Dieu, qui inspire les prophètes, a envoyé son Ange pour montrer à ses serviteurs ce qui doit arriver bientôt. Voici que mon retour est proche! Heureux celui qui garde les paroles prophétiques de ce livre ». Ce texte est lu depuis 2000 ans par des générations de chrétiens qui sont invités à y croire. De fait, ces paroles se réalisent puisque les gens meurent vite, donc « bientôt ». Cest le bientôt de Dieu! Jai expliqué que le monde de lAntéchrist, quoique centré sur lHomme et le culte de la gloire, nest pas un monde où lon se damne davantage que dans les autres époques. La détresse spirituelle y est source de rédemption, comme au temps de lAncien Testament où Dieu se taisait. Il se peut donc que Dieu laisse faire, quil observe jusquoù peut aller la folie des habitants de la planète bleue.
Dans cette hypothèse, que feront-ils, perdus, seuls, comme une tête dépingle dans une galaxie de cent-mille années lumière, à la conquête de la gloire[475]? Et Yahvé dit: «Voici que tous font un seul peuple et parlent une seule langue, et tel est le début de leurs entreprises! Maintenant, aucun dessein ne sera irréalisable pour eux. » Il se peut donc que Dieu laisse tourner le monde et observe du Ciel sa folie, comme aux jours de Babel. Ils conquerront de nouvelles planètes. Ils sefforceront de sortir du système solaire. Ils lutteront pour vaincre la mort. Ils pratiqueront le spiritisme avec lautre monde. Tout cela se fera dans une perpétuelle et pitoyable guerre intérieure. Le dieu qui les illuminera sera sans amour Ce sera un monde de petits vieux, spirituellement usés, moralement désespérés, ossements desséchés. Mais, inconsciemment ou consciemment, ils seront assoiffés dun désir brûlant pour le vrai Dieu.
(Chose certaine)
Alors, finalement, le Christ apparaîtra. Ce ne sera pas une simple grâce spirituelle mais une apparition aussi réelle et visible que celle de Marie à Bernadette de Lourdes. Il se montrera dun seul coup aux yeux de chair, exactement de la même façon que le voient ceux qui meurent de nos jours. Il sagit du même mystère que celui que jai décrit en racontant la mort individuelle de chacun[477]. Le Christ ne viendra pas seul mais accompagné du Ciel entier (la Bible appelle cela les nuées du ciel), des milliers danges pour ce jour de fête et de terreur (Dies irae), des saints du passé et de tous les pays, enveloppés de lumière. Les anges auront revêtu, pour ce jour, une apparence corporelle qui dévoilera leur esprit aux mille lumières[478].
En tête, la Vierge Marie, dans son corps physique glorifié apparaîtra simple. Plus un être est saint, plus il est simple. On sécriera de toute part en la voyant, à limage des pauvres mots de sainte Bernadette: « Elle a les yeux bleus ». Ce sera une couleur dâme, qui ne se décrit pas avec des mots, une transparence de pureté intérieure où chacun lira quelle na jamais péché. Tout le monde verra ce grand spectacle en un seul regard. Quand Dieu veut faire grand, il en prend les moyens.
Chacun verra le Ciel lui apparaître comme sil était seul au monde. Comme léclair, en effet, part du levant et brille jusquau couchant, ainsi en sera-t-il de lavènement du fils de lhomme.[479] Chacun aura son apparition personnelle et, en même temps, chacun verra quil nest pas le seul. Les enfants sextasieront et diront à leurs parents: «Dieu est lumière et amour! Et nous ne le savions pas! »
Chaque homme réagira devant la Révélation de cette gloire selon les dispositions de son cur. Les quelques fidèles qui auront su rester fidèles à leur attente du retour du Christ seront debout, attitude que la Bible réserve à lami. Dans leur joie, ils ne pourront dire autre chose que merci. Leur sainteté leur sera révélée. Ils comprendront que cest leur prière qui provoque cette explosion de gloire. Semblables à Marie, ils en seront « troublés »[480].
A genoux, cest-à-dire repentants, les hommes de bonne volonté, jusque là soumis à lAntéchrist, pleureront en disant: « Nous ne savions pas que tu étais ainsi. Nous croyions, on nous lavait dit, que tu nétais quun mauvais esprit, un dieu jaloux de son pouvoir. Pardon pour nos péchés. Fais de nous ce quil te plaira ». Mais, dans lapparition de Jésus, ils ne discerneront ni jugement ni condamnation. Nous avons une image de laccueil quil réserve à tout homme quel quil soit à lheure ultime. Il en sera en ce jour-là comme de la parabole rapportée par Jésus dans son Évangile[481], comme dun homme qui avait deux fils. Le plus jeune dit à son père: Père, donne-moi la part dhéritage qui me revient. Et le père fit le partage de ses biens. Peu de jours après, le plus jeune partit pour un pays lointain où il gaspilla sa fortune en menant une vie de désordre. Quand il eut tout dépensé, il commença à se trouver dans la misère. Il eut faim et décida de retourner chez son père, voulant se présenter à lui comme le dernier de ses serviteurs. Le voyant arriver de loin, le père laperçut et fut saisi de pitié. Il courut se jeter à son cou et le couvrit de baisers. Le fils lui dit: Père, jai péché contre le ciel et contre toi. Je ne mérite plus dêtre appelé ton fils (...) Mais le Père dit à ses domestiques: vite apportez les plus beaux vêtements pour lhabiller et mettez-lui une bague au doigt et des sandales aux pieds. Allez chercher le veau gras, tuez-le, mangeons, festoyons car mon fils que voilà était mort et il est revenu à la vie, il était perdu et il est retrouvé. Il le prépare par la famine ressentie sur la terre. Il le fait revenir à lui par le désir quil a dêtre heureux. Puis il devance ses paroles, se montre à lui tel quil est, et au moindre signe de repentir, il lui promet la gloire des Noces éternelles. Comment douter de Dieu à la lecture de textes tels que celui-ci?
Les Juifs[482], face à la constatation des faits diront: « Jésus, Messie, gloire à toi au plus haut des cieux! » Ils réaliseront ce jour-là la prophétie de Jésus: «Vous ne me verrez plus jusquà ce que vous disiez: Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur! [483] » De même, les quelques musulmans fidèles diront avec un étonnement qui les laissera sans force: « Jésus, Fils de Marie, tu es Dieu. Tu es vraiment mort sur la croix pour nous! Tu nous proposes ton amitié et la vie éternelle dans la vision face à face! Nous ne le savions pas. Nous te choisissons tel que tu es, Jésus. Nous ne serons plus tes serviteurs mais, si tu le veux, nous serons tes amis ». Ce sera une immense clameur de joie et les peuples, ceux qui auront le cur pauvre, se précipiteront vers Jésus, vers les saints du Ciel. On sélancera vers lui à la mesure de la soif quon en avait éprouvée sans le savoir ou en le sachant. En un moment, chacune des vies qui peupleront la terre décidera de son destin pour léternité.
Mais, bien sûr, il ny aura pas que des pauvres de cur sur la terre en cette époque. Il y aura aussi beaucoup dorgueilleux et parmi eux, lAntéchrist. En un instant, en raison de la simple apparition du cur du Christ, ses constructions nauront plus de sens. Il en sera fini du monde créé par lui. Ladoration du dieu arrogant et présomptueux paraîtra vaine à tous les curs justes, cest-à-dire à la majorité des hommes. Chacun voudra le vrai Dieu de lhumilité et de lamour.
LAntéchrist ne sera pas rejeté, malgré tout le mal spirituel quil aura fait. Il sera visité, lui tout seul comme tous les autres hommes, par Jésus et il se verra proposer le salut. Il comprendra alors (sil ne lavait déjà compris...) que le Messie était mort pour lui aussi et quil serait mort tout de même pour lui sil avait été le seul habitant de la terre. Mais lAntéchrist, sera porté à refuser. Après sêtre battu toute une vie pour la dignité de lhomme libre, indépendant, debout, en un mot orgueilleux, comment pourra-t-il accepter la victoire de Jésus, lHomme humble et aimant (donc plus que jamais libre et debout) ? Voyant en un instant son oeuvre, son monde séparé du vrai Dieu détruit de lintérieur et vidé de ses sujets, il est évident quil sera tenté par son propre péché et par la présence de Satan.
Lucifer, le chef des anges révoltés, exactement comme à lheure de la mort individuelle de chacun, recevra lautorisation de se montrer, de sadresser aux hommes. Il leur tiendra ce langage, à tous, dans un dernier discours intérieur particulièrement séducteur: «Navez-vous pas été heureux et puissants sur la terre durant toutes ces années grâce à moi et à mes serviteurs? Allez-vous renoncer maintenant à ce bonheur, dun seul coup, parce quon vous en propose un autre? Mais ne comprenez-vous pas ce que veut ce Jésus? Il vous veut humbles et dépendants alors que vous êtes faits pour la liberté, le pouvoir, la décision autonome du bien et du mal. Il vous veut aimants alors que vous pouviez jusquici vivre sans dépendre de personne. Refusez avec moi ce pitoyable paradis! Restez ce que vous avez toujours été, des hommes debout! »
Ce discours ne séduira que peu dhommes, à sa grande fureur. Seuls les orgueilleux capables de maintenir leur choix devant la révélation dun si grand amour, le suivront. Le livre de lApocalypse commente[484]: «Mais la Bête (lidéologie de lorgueil) fut capturée, avec le faux prophète (lAntéchrist) -celui qui accomplit au service de la Bête des prodiges par lesquels il fourvoyait les gens ayant reçu la marque de la Bête et les adorateurs de son image,- on les jeta tous deux, vivants, dans létang de feu, de soufre embrasé ( ) Il maîtrisa le Dragon, lantique Serpent, -cest le Diable, Satan,- et lenchaîna pour mille années (ici, dans ce sens qui est le dernier, mille années signifient léternité). » Un autre texte de lApocalypse, du même genre, semble indiquer[485] que lAntéchrist suit Satan en enfer: « Alors le diable, leur séducteur, fut jeté dans létang de feu et de soufre, y rejoignant la Bête (cest-à-dire lidéologie dun monde sans vrai Dieu) et le faux prophète (lAntéchrist), et leur supplice durera jour et nuit, pour les siècles des siècles. Pour Judas, Hitler et dautres[486] que ces prophéties de damnation sous-entendent toujours: sil ne se convertit pas au dernier moment. Il nen demeure pas moins vrai, comme pour tous les hommes dont jai montré le choix décisif à lheure de la mort[487], que plus lorgueil et légoïsme sont importants, plus la conversion est difficile.
La plupart des hommes, après avoir été abreuvés pendant des années du vide spirituel créé par lAntéchrist, reconnaîtront navoir aimé queux-mêmes en recherchant les joies sensibles. Ils le reconnaîtront devant le Christ et devant tous les saints. Ils comprendront la gravité de légoïsme qui se déguise en amour tout en rejetant lépoux qui lasse, les parents âgés qui meurent seuls, les enfants malvenus. Ils comprendront à la vue du Christ ce quest le vrai amour et seront prêts à prendre tout le temps quil faut pour se purifier. Le livre de lApocalypse raconte, à travers les symboles dune bataille, ces conversions provoquées par la Venue du Christ[488]: «Tout le reste fut exterminé par lépée (la parole de vérité) du Cavalier, qui sort de sa bouche, et tous les oiseaux (les contemplatifs) se repurent de leurs chairs ». Il y aura en effet au Ciel une grande joie devant la foule immense du peuple qui se convertira. Ce sera la joie de la Victoire de lamour. On verra des prostituées, jusque là adonnées aux péchés, se convertir et, telle Marie-Madeleine, pleurer en essuyant les pieds de Jésus avec leurs cheveux[489]. On verra des hommes dargent renoncer à leur fortune et, tel le publicain Lévi, arriver les mains vides devant Jésus. Mais celui qui maintiendra son orgueil jusquau bout, celui là sera perdu.
Après le retour du Christ, le temps sera comme suspendu. Ceux qui auront choisi de laimer vivront ces heures en sa présence dans une extase perpétuelle. Ils ne pourront détacher leur âme de sa vue. Ils ne verront pas seulement sa beauté physique mais aussi celle de son cur. Tous les symboles utilisés jadis par le Seigneur auprès de sainte Marguerite-Marie prendront sens. Au même moment, ceux parmi les sauvés qui auront à purifier quelque chose seront éloignés de sa vue. Cela ne durera quun instant mais pourra leur paraître des heures, des années tant ils aimeront et ne supporteront pas son absence. Le purgatoire est fait ainsi. Il ne dure sans doute pas longtemps en temps objectif mais sa durée intérieure peut sembler aussi longue que des siècles. Avez-vous vu mon Bien-aimé?[490] Ceux qui auront refusé le Christ seront aussi sur la terre en ces instants mais ils fuiront. Ils ne se sauveront pas dans dautres lieux, le Christ étant présent partout à la fois devant leur regard. Ils fuiront en eux-mêmes en essayant de détourner leurs pensées de son regard insoutenable. Ils crieront: «Va-t-en. Ne vois-tu pas que nous ne voulons pas de toi ni daucun de ceux qui sont avec toi. Pourquoi restes-tu ainsi? Veux-tu donc nous torturer ? » Leur choix de la solitude sera, on le voit à travers ces mots, définitif.
Il est inutile dinsister davantage sur le retour du Christ car sa venue a déjà amplement été décrite[491]. La mort individuelle de chacun est exactement, point par point, le même mystère et, à une nuance près, tout le monde le verra en même temps.
Pour conclure ce chapitre, il faut se reposer la question fondamentale déjà formulée ci-dessus. Pourquoi Jésus permettra-t-il avant son retour, que lapostasie* sinstalle jusquà supprimer toute trace extérieure et visible de la présence de Dieu? Nous voyons maintenant comme dans un grand panorama le bien qui en sortira, beaucoup dhumilité pour la majorité des hommes, vivant sans espoir de vrai bonheur dans un monde où tout matériellement dispose au bonheur; une grande espérance pour ceux qui auront gardé la foi, mais toute pauvre devant labsence de tout signe extérieur du retour du Christ; une charité inégalée, enfin, pour les chrétiens de cette époque. Il en sortira une grande victoire. Avec saint Paul, devant la confusion du démon définitivement vaincu chacun sécriera: «La mort a été engloutie dans la victoire; où est-elle, ô mort, ta victoire? Où est-il, ô mort, ton aiguillon? Mais grâce soit à Dieu, qui nous donne la victoire par notre seigneur Jésus Christ.[492] »
LA PREUVE SUPRÊME QUE DIEU NOUS AIME,
CEST QUE LE CHRIST
REVIENDRA NOUS CHERCHER
ALORS QUE NOUS NE LATTENDRONS PLUS[493].
(Chose certaine)
A la fin des temps, le Royaume de Dieu arrivera à sa plénitude. Après le jugement universel, les justes règneront pour toujours avec le Christ, glorifiés en corps et en âme, et lunivers lui-même sera renouvelé: « Alors lÉglise sera "consommée dans la gloire céleste, lorsque, avec le genre humain, tout lunivers lui-même, intimement uni avec lhomme et atteignant par lui sa destinée, trouvera dans le Christ sa définitive perfection".» Cette rénovation mystérieuse, qui transformera lhumanité et le monde, la Sainte Ecriture lappelle "les cieux nouveaux et la terre nouvelle". Ce sera la réalisation définitive du dessein de Dieu de "ramener toutes choses sous un seul Chef, le Christ, les êtres célestes comme les terrestres".[494]
Le jour du Seigneur, son retour glorieux visible dun bout à lautre de la terre, mettra fin aux naissances et aux morts. La terre telle quelle est naura plus ni sens ni utilité, les hommes ayant tous sans exception fait leur choix pour léternité. Saint Paul raconte ainsi ce qui se produira alors[495]: Je vais vous dire un mystère. Nous ne mourrons pas tous, mais nous serons transformés. En un instant, en un clin dil, au son de la trompette finale, car elle sonnera, la trompette, et les morts ressusciteront incorruptibles, et nous, les vivants, nous serons transformés. Il faut en effet que cet être corruptible revête lincorruptibilité, que cet être mortel revête limmortalité.[496]
Les paroles de saint Paul sont claires. Si nous sommes présents sur la terre au jour du retour du Christ, nous ne mourrons pas. Nous serons tous, sans exception, dispensés de la mort et ce sera le premier cadeau de noces de la part de Dieu. Jai montré que les dernières générations de lhumanité seront extrêmement cultivées et intellectualisées, même si elles auront tendance à se donner à un culte antichristique. Leur sensibilité sera affinée, beaucoup plus sensible au vide spirituel. Cest pourquoi la mort naura plus vraiment dutilité. Le règne désespérant de lAntéchrist et le retour glorieux du Christ seront des événements si puissants quils suffiront à rendre tous les genoux chancelants. Les damnés eux-mêmes seront dispensés de mourir, leur choix final étant parfaitement lucide et définitif.
(Chose certaine)
Lunivers sera donc peuplé de deux sortes dhumains. Les anciens, ceux qui seront déjà passés par la mort, seront présents. Ils auront accompagné le Christ ou le démon le jour de la Parousie*. Mais ces personnes-là nauront pas leur corps de chair. Ils seront face à la dernière génération de lhumanité, bien en chair.
Avant la résurrection de la chair, lhomme est privé dune partie de son être. Il conserve bien sûr la partie essentielle de son être, son esprit, ses pensées et ses choix profonds. Mais tout semble indiquer quil conserve aussi la partie psychique de son être. Il voit, il entend. Il garde malgré la disparition de lorgane du cerveau, avec une acuité très grande, tous les souvenirs sensibles accumulés durant la vie terrestre et que la vieillesse fait parfois oublier. Cette découverte de la survie de la vie sensible est récente en Occident. On la doit aux études du Docteur Raymond Moody sur les personnes victimes dun arrêt cardiaque[497]. Par contre le corps charnel a disparu. Son absence ampute le mort des sens du toucher et du goût qui lui sont liés. Ce manque est très peu gênant. Ceux qui sont déjà au Ciel sont parfaitement heureux. Comment pourrait-il en être autrement puisquils voient Dieu?
Pourtant Dieu ne nous laissera pas éternellement amputés dune partie de nous-mêmes. En cet instant, la trompette sonnera[498], dit saint Paul. Cette trompette symbolise la voix du Christ. Tout pouvoir lui a été remis par Dieu. LEsprit Saint qui repose sur lui est décrit dans la Bible comme une trompette ou un tonnerre à cause de sa force[499]. Cest à lui quappartient, à travers son humanité, de donner un tel commandement.
Il donnera un ordre à ses anges. Eux, utilisant leur puissance naturelle sur cette matière quils façonnent depuis la création du monde, récolteront de la terre et, à partir de ses éléments, reconstitueront le corps physique complet, parfait et en pleine jeunesse de tous les morts, les saints comme les damnés. Ce sera leur corps à eux, reconstitué précisément mais débarrassé de ses défauts. Les handicapés renaîtront en pleine possession de tous leurs moyens, les trisomiques ne porteront les stigmates de leur handicap que comme une gloire de leur âme plus humble. Chaque mort, en un éclair, réintégrera son propre corps dont elle reconnaîtra chacune des fibres.
Je ne veux pas signifier par là que ce corps sera fait avec les mêmes éléments matériels qui ont déjà servi durant notre vie terrestre (atomes et molécules)[500]. LÉglise affirme que notre corps de ressuscités sera notre vrai corps physique, aussi palpable et capable de manger que celui de Jésus après sa résurrection.
La résurrection de la chair fait partie de la foi. A cela, on pourrait, semble-t-il, objecter le texte de saint Paul dans sa première lettre aux corinthiens[501]: « On est semé ici-bas corps psychique, on ressuscite corps spirituel. Sil y a un corps psychique, il y a aussi un corps spirituel. » Linterprétation de ce texte pourrait conduire à affirmer lapparition dun corps qui nest plus fait de matière mais qui, de fait, est celui dun pur esprit. Les anges eux-mêmes ne se façonnent-ils pas parfois des apparences de corps que lon peut voir et toucher?[502] Or les Évangiles ne cessent de le rappeler, saint Paul na pas voulu dire cela. Jésus prouve à Thomas dans son apparition quil a un vrai corps. Mets ton doigt dans mon côté, ne soit pas incrédule, soit croyant.[503] Avec son autorité infaillible, lÉglise a confirmé quil sagit bien dune résurrection de la chair, cest-à-dire des molécules palpables quun fantôme ne possède pas. Il sagira bien de notre corps physique mais il sera, aussi bien pour les saints du Ciel que pour les damnés, débarrassé de tous ses défauts. Ces défauts ne serviront plus à rien puisque notre choix aura été fait. Les damnés et les saints réintégreront la perfection de leur être, pour que chacun puisse vivre comme il le désire, loin de Dieu ou près de lui. Déjà au temps du prophète Daniel, les Juifs savaient que tous les morts sans aucune exception ressusciteraient un jour: Une multitude, ceux qui dorment au pays de la poussière séveilleront, les uns pour la vie éternelle, les autres pour la réprobation et lhorreur éternelle.[504] Dieu rendra à chacun son corps, respectant même chez les damnés la liberté qui les a conduits à choisir lhorreur éternelle dune vie sans amour[505]. Saint Paul, en parlant dun corps spirituel, voulait signifier que les saints comme les damnés réintégreront leur corps parfaitement soumis et adapté à leur esprit.
Notre corps sera spirituel en ce sens quil obéira tout entier à notre esprit. Les damnés eux-mêmes seront dotés de cette liberté à une nuance près. Leur esprit sera malade de labsence de Dieu. Il brûlera de lintérieur du feu de ce manque. Ainsi, malgré la présence dun corps doté dincorruptibilité et parfaitement soumis à leur volonté, ils nen profiteront pas. Que sert à lhomme davoir une santé physique parfaite et un contrôle de son psychisme sil nest pas heureux? Cela se répercutera dailleurs dans leur apparence. Leur corps sera doté dune grande vitalité mais leur visage sera sans cesse déformé par les effets de leur égoïsme choisi. Tout leur malheur viendra de leur esprit orienté vers un choix pervers. Ils ne penseront quà eux-mêmes, à leur obsession tendue vers leur propre réalisation, mais ils ne pourront réaliser ce but loin de Dieu qui seul aurait pu les combler. Ils écumeront de colère. Toutes les passions mauvaises seront leur lot quotidien puisquils chercheront le bonheur, cest-à-dire Dieu, tout en refusant la nature et les conditions de ce bonheur (lhumilité du repentir). Cest une contradiction interne, choix de leur liberté, que la Bible appelle «lhorreur».
Les humbles, quant à eux, recevront de la part de Dieu ce même corps, doté de la même perfection. Mais, pour eux, tout sera surélevé en gloire. Comment pourrait-il en être autrement puisquils verront Dieu? La Trinité emplira leur esprit, comblant en béatitude tous leurs désirs. En conséquence, leur sensibilité et leur corps seront plus que soumis totalement à leur esprit après le miracle de la résurrection. Ils sen trouveront glorifiés, cest-à-dire dotés de pouvoirs venant de Dieu. Des propriétés nouvelles et inimaginables apparaîtront[506]. Saint Thomas dAquin, regardant la façon dont se comportait Jésus après sa résurrection, les résume en quatre mots, impassibilité (il nest plus accessible à la souffrance, à la mort), subtilité (il passe à travers les portes closes), agilité (il se déplace instantanément) et clarté (son visage physique révèle parfaitement son esprit)[507].
(Chose certaine)
Lorsque le dernier homme aura achevé de purifier son amour à travers un purgatoire de solitude[508], tout sera consommé. Il ny aura plus que deux « demeures » dans lautre monde, cest-à-dire deux types dhommes. Ils sont symbolisés dans lÉcriture par le bon grain et livraie[509]. Il sagit des habitants du paradis et de lenfer. Il ne convient pas dimaginer cela comme deux mondes physiquement séparés. Lenfer étant un choix de liberté, respecté par Dieu, son lieu est le même que celui du paradis. Cest lunivers entier et ses merveilles. De fait, Dieu donnera aux damnés obstinés en cadeau tout ce quils désirent. Ils recevront la puissance à laquelle ils aspirent. Ils auront la possession de lunivers. Ils pourront y faire ce quils veulent selon le choix de leur liberté. Une seule chose leur sera refusée. La Vision sublime de Celui qui voulait les épouser. Faut-il donc affirmer que les paroles de lÉcriture qui les décrivent condamner à un étang de feu[510], sont de vaines images? Il sagit au contraire dune triste réalité, pire encore que la lettre du texte laisse imaginer. En effet, à cause de leur méchanceté intérieure, toute cette liberté et puissance se retournera contre eux. Ils ne profiteront de rien. La vue dune fleur ou de toutes les merveilles créées par Dieu sera source dallégresse pour les saints. Pour les damnés, elle sera une pointe de plus dans leur cur envieux. Mais la plus grande souffrance sera pour eux la vue dun élu. Ils ne supporteront pas la vue de lhumilité, de lamour généreux et de la gloire quelle mérite. Ce sera pour eux un objet de rage qui leur rappellera douloureusement la perte quil auront faite. Ils fuiront donc le plus loin possible, dans les recoins les plus sombres de lunivers. Ils se sépareront à jamais de toute présence vivante et habiteront les lieux déserts. Ils chercheront le centre des astres, lobscurité brûlante de ces étangs de feu[511] où nul saint ne saventure. Plutôt que de céder à lamour et de se repentir, ils rumineront la haine pour toujours.
(Chose certaine)
« Quant au cosmos, la Révélation affirme la profonde communauté de destin du monde matériel et de lhomme: Car la création en attente aspire à la révélation des fils de Dieu ... avec lespérance dêtre elle aussi libérée de la servitude de la corruption .... Nous le savons en effet, toute la création jusquà ce jour gémit en travail denfantement. Et non pas elle seule; nous-mêmes qui possédons les prémices de lEsprit, nous gémissons nous aussi intérieurement dans lattente de la rédemption de notre corps (Romains 8, 19-23).[512] »
Quest-ce que le paradis ?[513] «Voir Dieu face à face et ne posséder rien dautre vaut infiniment plus que posséder lunivers entier et avoir perdu Dieu[514]. » Pourtant, Dieu se prépare à offrir à ses amis, en plus de lui-même, un univers entier. Il ne sagit pas dune exagération littéraire. Saint Paul la dit, «selon quil est écrit, nous annonçons ce que lil na pas vu, ce que loreille na pas entendu, ce qui nest pas monté au cur de lhomme, tout ce que Dieu a préparé pour ceux qui laiment[515]. » A partir dici, jaborde les grâces supplémentaires que Dieu a préparées[516]. Cest un travail très difficile. Dincroyables surprises nous attendent. Nous ignorons encore presque tout des propriétés cachées de la lourde matière dont nous sommes faits mais qui se trouvera transfigurée. Parmi ces propriétés, quelques-unes sont certaines.
Après la résurrection de la chair, lhomme retrouve la plénitude des facultés physiques, le sens du toucher inclus. LÉglise na jamais souscrit à cette foi un peu fondamentaliste des Témoins de Jéhovah, comme si le lieu du paradis devait être la terre. Ce lieu est bien trop exigu pour une éternité selon le rêve de Dieu. En toute logique, la présence de ce corps doit saccompagner de la recréation dun univers physique qui lui corresponde. A lheure dite, immédiatement après le retour du Christ, conjointement à la résurrection des morts, il préparera la réalisation de bienfaits inimaginables jusque dans notre sensibilité et notre corps, jusque dans le monde physique quil transformera, pour que nous puissions admirer éternellement sa richesse et sa beauté[517].
Nous ne pouvons nous faire une idée de lénergie quil déploiera pour nous combler. Dieu ressemblera à un fiancé enfin réuni à sa bien-aimée. Il ne sait que faire pour elle. Il se donne à elle et cela suffit. Pourtant, il ajoute toutes les folies que lamour peut imaginer, des parures somptueuses, des royaumes, des amis, des fleurs, des animaux... Dieu se comportera de la même façon, comme un prince des contes, à la mesure de sa toute puissance. Il créera un univers grandiose de telle façon que léternité ne nous suffira pas pour le visiter. A vie éternelle de bonheur, Dieu fait correspondre un univers infini de beautés.
(Chose certaine)
Il commencera son oeuvre en détruisant. Saint Pierre* décrit son action: «Il viendra, le jour du Seigneur, comme un voleur. En ce jour, les cieux se dissiperont avec fracas, les éléments embrasés se dissoudront, la terre avec les oeuvres quelle renferme sera consumée[518]. Comme tous les textes apocalyptiques, ce texte parle en premier lieu de notre mort individuelle. Mais il décrit aussi la fin de notre planète. Dieu ne voudra pas la laisser subsister car elle est souillée tout entière des restes de nos péchés. Rien ne devra demeurer des immenses cités où lhomme a si rarement vécu pour son prochain. Personne ne regrettera les cathédrales gothiques[519], qui furent construites comme toute uvre humaine dans un mélange de sainteté et dorgueil, où lon priait si mal au temps où Dieu se cachait dans son eucharistie. Personne ne voudra garder les immenses bibliothèques puisquon lira les sciences à livre ouvert sur le visage de Dieu et dans la science des anges. Il ne devra rien subsister du monde ancien, pas pierre sur pierre[520], car le monde nouveau le remplacera. Même les oeuvres faites par Dieu pour cette terre disparaîtront. Les textes des Évangiles seront brûlés par le feu dont parle saint Pierre*[521]. Nous nen aurons plus besoin. Nous aurons le Christ lui-même, présent devant nos yeux. Les constructeurs des cathédrales seront à nos côtés, vivants et prêts à construire plus beau.
(Chose certaine mais inimaginable pour le concret)
Après la destruction de la terre, Dieu commencera à façonner un nouvel univers. Il sagira dun univers physique, tout autant que notre corps, mais adapté à sa nouvelle vie. Il sera donc comme lui éternel, délivré de toute corruption et génération, dispensé de cette loi de désagrégation (lentropie) qui nous tient actuellement. Cest Dieu lui-même qui, en le soutenant comme il soutiendra notre corps et le dispensera de se nourrir, le rendra incorruptible. Nous comprendrons à cette heure lutilité des milliards de mondes dont nous apercevons la lumière la nuit par temps clair. Il existe des milliards détoiles parce que ces mondes sont préparés pour nous après notre résurrection. Nous pourrons les visiter et qui sait ce que Dieu y aura préparé en beauté, nouveauté et féerie? Ces mondes sont-ils habités par des créatures spirituelles? Rien dans la révélation ne nous permet de laffirmer ou de le nier. De grands théologiens ont répondu non à cette question, affirmant que nous étions le centre du monde. La preuve de ce fait leur paraissait sauter aux yeux puisque le Verbe de Dieu sest fait homme « pour nous ». La réponse est solide au moins en apparence. Mais elle oublie un détail. Si le Verbe sest incarné[522], cest quil est capable de folies damour dont personne ne peut soupçonner la limite. Rien ne la empêché de créer des anges et de les conduire à la vision béatifique en un instant, dès le premier acte de leur amour pour lui. De même qui peut affirmer en son nom quil est certain quil na pas mis, en chacune des milliards de galaxies, des êtres dotés de vie spirituelle quil destine à être nos compagnons de bonheur pour toujours? Nous ne pouvons savoir avec certitude quune chose. Sil les a créés, cest quil veut se donner à eux comme à nous et aux anges, dans le bonheur de sa présence. Comme à nous et aux anges, il ne demandera quune condition, humilité et amour offert en retour.
(Chose certaine)
La résurrection de tous les morts, "des justes et des pécheurs" précèdera le Jugement dernier. ( ) Cest face au Christ qui est la Vérité que sera définitivement mise à nu la vérité sur la relation de chaque homme à Dieu. Le jugement dernier révèlera jusque dans ses ultimes conséquences ce que chacun aura fait de bien ou omis de faire durant sa vie terrestre. « Tout le mal que font les méchants est enregistré - et ils ne le savent pas. Le Jour où "Dieu ne se taira pas"[523]. »
Alors tout sera accompli. La vie éternelle, dans la Vision qui rend bienheureux sera un repos perpétuel et une activité de chaque instant. Les trésors de Dieu seront entièrement ouverts à ceux qui laimeront. En le voyant, ils verront dun seul regard toute son oeuvre. En même temps, ils visiteront le monde et chacun de leurs frères, lisant dans les curs comme dans un livre ouvert. Nous naurons pas honte dêtre compris de lintérieur, jusque dans nos secrets du passé puisque nous naurons plus dorgueil et les autres que de lamour. Nous serons manifestés aussi aux damnés mais ils ne comprendront pas car lhumilité est une aberration pour celui qui ne pense quà briller. Moïse ne cachera rien de sa vie, de ses grâces et de ses faiblesses passées. Il sera face à la petite sainte Thérèse et au nourrisson mort sans avoir connu la terre. De même, chacun au Ciel pourra voir les damnés, anges et hommes. On se réjouira de leur liberté et on respectera leur choix. Eux, pourtant, seront séparés du reste du monde en raison de leurs propres désirs car ils ne supporteront pas la présence des saints. Ils vivront entre eux ou seuls, se méprisant les uns les autres, brûlés par la soif damour présente au fond de leur être, mais fidèles à leur obstination. Eux aussi comprendront les raisons du monde et les oeuvres de Dieu et ils ne cesseront de les rejeter. Ce sera un Jugement général et éternel de tous sur tout. Il sera complet dès le premier instant de la vision béatifique, et pourtant renouvelé à chaque instant.
Le jugement général nest pas comme le jugement particulier. Il ne consiste pas en un choix du bien ou du mal, aboutissant à une bénédiction* ou une acceptation de la part de Dieu. Il est un jugement de discernement sur toutes choses, à la lumière de Dieu. Le passé obscur de la terre apparaîtra dans toute son unité. Pourquoi Dieu se cachait-il? Pourquoi laissait-il le mal se répandre sur terre? Pourquoi la mort des enfants, la souffrance des innocents et des coupables? Les mystères de lhistoire humaine, les interconnexions qui ont conduit aux guerres, le rôle occulte du démon qui manipulait les foules, de Dieu qui permettait bonheurs et malheurs, tout apparaîtra en une vision unifiée. Alors se réalisera la prophétie de Jésus.
«Heureux les affamés et assoiffés de la justice, car ils seront rassasiés.»[524]
Il suffit daimer
Le Christ enseigne quil ny aura plus de mariage dans lautre monde[525]. Cette parole pose parfois problème à ceux qui saiment. Ils peuvent se rassurer. Elle ne veut pas dire que la femme naimera plus son mari au Ciel ou la mère son enfant. Bien au contraire, ces amours et leur motif terrestre demeureront comme ils demeurent aujourdhui entre Marie*, Joseph et Jésus. Mais, dans la Vision béatifique, le cur de chacun souvrira à linfini au point que lamour qui unit chacun sera plus grand que le plus beau des mariages terrestres. On sera en fait infiniment marié avec tous, chacun étant aimé pour lui-même en Dieu. Loin de détruire lamour de la terre, cet amour divin le transfigurera dans des proportions infinies. Cette communauté parfaite, lÉglise du ciel, sera une véritable communion des saints.
Et ils verront sa Face,
Et son Nom sera inscrit sur leur front.
De nuit, il ny en aura plus.
On se passera de la lampe pour séclairer
Car le Seigneur Dieu répandra sa lumière,
Et ils seront Rois pour les siècles des siècles. [526]
Une telle précision sur le destin futur de lhumanité étonne. Doù lauteur tient-il cela? Aurait-il des entretiens secrets avec lautre monde? Dans ce chapitre, je voudrais expliquer à ceux qui se posent la question intellectuelle de mes sources, à quel point le théologien doit aussi être un philosophe, un sociologue, un historien. De plus, il se doit dêtre modeste et prêt à modifier ses vues car ses déductions sur lavenir intègrent beaucoup déléments dincertitude.
Trois sources permettent de dapprocher au mieux le évènements à venir. Dabord les enseignements de la foi; ensuite ceux des révélations privées* confirmées par lÉglise; enfin, ceux de la philosophie et de lobservation de lhumanité. La troisième source est indispensable. Elle est aussi la plus incertaine.
Les textes évangéliques qui parlent de la fin du monde sont complexes. Jésus ne cesse de mêler dans le discours eschatologique quatre perspectives: la ruine de Jérusalem*, la fin des civilisations, la mort individuelle de chacun et la fin du monde. Il procède ainsi pour faire comprendre que tout cela nest à ses yeux quun seul et même mystère. Ces différents niveaux de sens rendent linterprétation des textes bien aléatoire. Beaucoup de théologiens par le passé se sont laissés tromper et on reste parfois perplexe à la lecture de leurs interprétations. Lorsquon est ainsi dans lexpectative et que les textes de lÉcriture sont peu clairs et contradictoires, il convient davoir deux réflexes.
1- Passer beaucoup de temps, des années sil le faut, à fréquenter lEsprit Saint par la prière et la réflexion pour se familiariser à sa manière dagir. La prière rend sa présence intime. Elle fait sentir (sensus fidei) ce qui est vrai ou faux. La méditation, cest-à-dire lobservation à laide de lintelligence permet de comprendre le futur par le passé. Il faut observer en premier lieu ce quIl a fait pour Jésus car ce sera ce même Esprit Saint qui préparera et accomplira lhistoire de la fin du monde[527]. LEsprit Saint se résume à un esprit dhumilité en vue de lamour (Agape).
2- Avoir le sens de la croix : Tout ce que fait lEsprit Saint pour sauver lhomme individuel ou les communautés humaines est marqué du signe de la croix. La raison en est justement cette histoire dhumilité et damour. Qui connaît mieux lhumilité que celui qui a un jour souffert ? Qui est mieux disposer à aimer que celui qui est humble ? La croix est une sagesse de souffrance et de mort: En vérité, disait Jésus, si le grain de blé ne meurt pas, il reste seul mais sil meurt, il porte beaucoup de fruits [528]... en humilité, en soif de Dieu, parfois même en charité et donc en Vie éternelle. Elle est scandale pour les Juifs et folie pour les païens [529]. Elle est scandale, mais réalité. Il suffit de se pencher sur lhistoire du passé. Rien ne subsiste des réalités du passé, même celles que Dieu avait voulues lui-même comme le Temple de Jérusalem. Les plus belles jeunes filles sont déjà fanées. Jésus marque tout ce quil touche de cette sagesse de la croix. Doit-on appliquer cette sagesse à lhumanité entière pour la fin du monde? On serait effectivement tenté, en observant le passé disparu, dinterpréter la croix pour la fin du monde dans le sens le plus dur. Sous un texte dont la lettre annonce bataille et terreur, il peut signifier tout autre chose quune guerre extérieure.
En plus de cet aspect de connaissance affective, il existe la Révélation dun contenu intellectuel.
La seule autorité qui de manière absolue est certaine en cette matière, cest la parole du Dieu unique et éternel.
Lorsque Jésus, le Verbe de Dieu fait homme, eut accompli son oeuvre, il communiqua à ses disciples lEsprit Saint de manière telle que rien dessentiel ne leur fut caché de lavenir. Ils comprirent en plénitude lÉvangile et les projets de Dieu. Saint Thomas dAquin dit que cette compréhension totale ne reviendra sur terre que dans les temps de la fin. Les apôtres laissèrent des écrits. Leurs textes ne doivent cependant pas être lus nimporte comment. Ils sont écrits en mots humains. Traduire des vérités infinies par lanalogie de mots limités est évidemment réducteur. Cest pourtant le pari que Dieu a fait en sadressant aux hommes à travers les paroles de divers prophètes, puis en se faisant lui-même homme. Je me suis servi des textes explicites de la Bible à chaque fois que cela a été possible. Mais, il faut le reconnaître, je ne lai jamais fait de manière matérielle.
En effet, certains textes sont purement symboliques (ceci nexclut pas quils se réalisent parfois historiquement à telle ou telle époque).
Exemple: « Une bête apparut. Elle avait sept têtes et dix cornes »[530]. Le sens littéral de tels textes est multiple. Cest le propre des symboles. Il sapplique à chaque époque. Ainsi fonctionne dans son ensemble lapocalypse de saint Jean. Elle parle non seulement de la fin du monde, mais de la fin de chaque génération, de chaque humain individuel, de la fin des cités, des entreprises humaines etc. Inutile donc de vouloir appliquer les passages qui la composent à tel ou tel événement historiquement daté à lexclusion des autres. La bête, par exemple signifie aussi bien lEmpereur romain Néron, quHitler, nos propres péchés capitaux etc.
Dautres prophéties ont dabord un sens historique[531] (sans exclure cependant un sens symbolique)
Exemple: « De ce temple, il ne restera pas pierre sur pierre. »[532] Le Temple de Jérusalem fut physiquement détruit en 70 après Jésus-Christ comme Jésus lavait annoncé. Cest le premier sens. Pourtant, ce sens historique nexclut pas lautre, Jésus lui-même en informe ses disciples. Le vrai temple était son corps qui devait mourir et, trois jours plus tard, ressusciter. Toutes les prophéties de Jésus concernant le peuple juif sont de cette catégorie. Leur sens littéral est dabord historique. Elles sont du même ordre que la parole dIsaïe: « Voici, une vierge est enceinte![533] » On le voit, la théologie de lÉglise ne donne pas seulement une vision générale du projet éternel de Dieu. Elle parle aussi du concret. Elle annonce certains éléments du futur avec certitude.
Les textes de cette catégorie sont dispersés partout dans lÉcriture, depuis les évangiles aux épîtres. Certains font même référence à des prophéties de Daniel dans lAncien Testament. Il est possible de distinguer ces deux sortes de prophéties par leur style, leur contexte. Mais un tel travail exige une bonne connaissance des mentalités orientales. Lerreur est possible. Au cours de cet ouvrage, je me suis efforcé de ne pas en oublier un seul.
Un principe doit être retenu. Plus on sapproche du concret, plus lerreur est possible. Plus on reste dans des généralités, abordant par exemple les questions du projet de Dieu, de la croix quil maintient dans lhistoire pour sauver lhumanité, plus on est infaillible
Tout au long de cet ouvrage, je me suis efforcé de distinguer, soit en note dans le texte, ce qui était sûr de ce qui était probable. Mais, en ne perdant pas de vue le principe encadré ci-dessus, il est possible à chacun dentrer dans cette liberté de la recherche, incarnée dans une observation quotidienne des évènements de lactualité.
Exemple: Il est certain, de manière infaillible, quil est inutile dannoncer le retour final du Christ, celui qui se produira historiquement à la fin des générations, avant que ne soient réalisés un certain nombre de faits historiques: « LÉglise de la dernière génération subira dabord un sacrifice comparable à la passion du Christ. Son offrande damour et dhumilité provoquera le retour du Christ. A cette époque, un dernier Antéchrist* règnera. Il se distinguera des autres par le fait que son gouvernement politique sera mondial. Ce sera, humainement, une époque de paix et de gloire. Au Ciel, ce sera la plus grande détresse car, en cette époque, beaucoup risqueront de se perdre pour léternité. » Ceci constitue une vérité sûre car elle est non seulement explicitement rapportée par lÉcriture[534] mais elle fut confirmée à la fin du XXème siècle par le Magistère ordinaire de lÉglise[535].
Mais, si lon veut entrer dans les détails de cette prophétie, dans le concret de sa réalisation, le scénario devient simplement probable[536]. Il nest obtenu que par voie de déduction, compte tenu de la connaissance des méthodes habituelles de Dieu et de la psychologie des hommes.
Exemple de cette probabilité : Jaffirme à un moment que « le dernier Antéchrist, celui qui triomphera à la fin du monde, révèlera explicitement au monde Lucifer* et qui fut dès lorigine à la source des mensonges et des crimes. » Avec dautres théologiens, je lai sorti de la lettre des textes de lÉcriture. Cest très probable. Mais tant que lÉglise ne laura pas solennellement confirmé, ce nest que probable.
Pierre, évêque de Rome
LÉcriture Sainte comme les apparitions laissent beaucoup dincertitudes. Les textes sont parfois symboliques, parfois ils sont à prendre au sens littéral. Comment ne pas se tromper?
Un dernier moyen utile et pratique a été prévu par Jésus avant sa passion. Il sagit de la personne de Pierre. Il existe un charisme particulier, donné à un homme marqué du sceau de lautorité, pour confirmer leurs frères dans leurs interprétations laborieuses. Jésus laffirme à Pierre, le premier pape: «Jai prié pour que ta foi ne défaille pas. Quand tu seras revenu (de ton reniement), affermis tes frères[537]. ». Quon y croie ou non, on est obligé dadmettre que même les papes les plus corrompus sont restés infailliblement fidèles à la même foi. Ils ont établi fidèlement les dogmes de lÉglise, par centaines: «cette affirmation est vraie. Tu peux tappuyer sur elle sans crainte. »
Étant catholique, jai fait le pari découter lÉglise dans la voix de Pierre. Ce nest pas à la mode de nos jours. Pourtant, à lintersection de trois chemins (Écriture, Enseignement des saints, Confirmation de Pierre*), jai trouvé quelque chose dunique. Là, la Lumière et lAmour, qui sont les marques de Dieu, sunissaient.
Certains dogmes sont, il faut le reconnaître, difficiles à comprendre et à accepter. Ainsi, celui du martyre final de lÉglise. On nadmet pas sans tremblement que le Temple créé par Dieu finisse un jour lamentablement, à limage du Christ crucifié. LÉcriture semble nier cette affirmation: « Les portes de lenfer ne lemporteront pas sur mon Église.[538]» Cependant, et cest le propre de la foi, il faut avoir laudace en toute confiance dadhérer à la vérité de cet enseignement. Si Pierre a parlé, cest que lEsprit Saint a confirmé par sa bouche. Des contradictions apparentes sort toujours la lumière, comme de deux silex quon frotte.
Le Magistère de Pierre et de ses successeurs sest peu exprimé sur les mystères de la fin du monde. Au cours des 2000 ans dhistoire, il sest contenté de condamner deux erreurs: le millénarisme (comme si le Christ devait régner physiquement 1000 ans sur terre! LÉglise a sans cesse rappelé que ces 1000 ans[539] étaient le symbole de sa présence cachée jusquau cur des plus grands malheurs). Le messianisme temporel (comme si le paradis céleste était possible ici-bas, à travers un gouvernement humain!) a été condamné comme une utopie dangereuse car source des pires idéologies politiques (marxisme par exemple) ou religieuses (sectes apocalyptiques).
Cependant, en 1992, et sans doute pour la première fois, Pierre nous a donné un nouvel enseignement doté de son autorité ordinaire pour confirmer la foi[540]. Ce texte est essentiel car il donne en une page tout lesprit de la fin du monde et de la fin de toute chose. Il peut se résumer ainsi: « Tout passera par la mort, même lÉglise. Si le grain de blé ne meure pas, il reste seul. Mais sil meurt, ; il porte beaucoup de fruits[541]. Car toute créature spirituelle, toute communauté humaine se doit dapprendre, comme Jésus, lhumilité. Alors tout sera exalté dans la vie éternelle, même lÉglise et, avec elle, lhumanité. » Ce texte, déjà cité au cours du livre, mérite dêtre répété ici. Il est la clef de tout.
Avant lavènement du Christ, lÉglise doit passer par une épreuve finale qui ébranlera la foi de nombreux croyants.( )
LÉglise nentrera dans la gloire du Royaume quà travers cette ultime Pâque où elle suivra son Seigneur dans sa mort et sa Résurrection( )[542]
Il existe une seconde source, qui nous est commune avec les orthodoxes. Il sagit des saints canonisés et, en particulier, des docteurs de lÉglise. Il sagit aussi des apparitions officiellement reconnues par lautorité de lÉglise.
On a souvent dit que la canonisation des saints et la reconnaissance des apparitions nengageait pas la foi. Précisons les choses. Il est vrai quune canonisation ne constitue pas un nouveau dogme, un nouvel article de la foi ou de la morale. Tout avait été révélé à la mort du dernier des apôtres, saint Jean. Il nest donc pas question de croire en la sainteté de Vincent de Paul comme on croit à lexistence dun purgatoire après la mort. Appuyé sur cela, beaucoup de théologiens sefforcent de ramener à du secondaire les saints ou les apparitions reconnues de manière canonique. Ils ont tort et ce pour deux raisons.
- Dabord parce que, lorsque lÉglise canonise un saint ou reconnaît une apparition, elle engage son autorité. « Il sagit dune autorité ordinaire qui requiert de la part des croyants, la soumission religieuse de la volonté et de lintelligence »[543]. Le Cardinal Ratzinger le rappelait récemment, lorsquil expliquait les différents niveaux de linfaillibilité du Magistère[544]: « La canonisation des saints engage lÉglise eut égard aux vérités liées à la Révélation par nécessité historique. On doit les tenir pour définitive[545]. » Pire encore, la procédure de canonisation nécessitant un miracle reconnu comme dorigine divine, cest Dieu lui-même qui engage son autorité. Le mépris où est tenu une telle reconnaissance est plus quune erreur théologique, cest une folie. Il est donc abusif daffirmer que nul nest tenu de considérer avec confiance la vérité de la sainteté de tel homme ou à la réalité dune apparition reconnue de la Vierge Marie* (Lourdes par exemple). Nul nest tenu dy croire comme à un dogme de la foi. Il sagit dy croire comme à la manière dont, historiquement, Dieu a incarné cette vérité dans lhistoire dun homme ou dune époque.
- Ensuite parce que ces deux sources, si elles napportent rien de nouveau concernant le contenu de la foi, apportent vraiment du nouveau en ce qui concerne le contenu de lespérance. Elles sont essentielles quand il sagit de disserter sur le concret, sur laction de Dieu dans telle ou telle époque. Elles permettent de comprendre comment Dieu va appliquer ici et maintenant son plan général qui ne vise quau salut du plus grand nombre.
Aucune apparition nest reconnue, nul homme ne peut être canonisé si les trois critères suivants ne sont pas réalisés.
1- La conformité de ce qui est enseigné avec la foi catholique.
2- La sainteté intérieure de lapparition ou du saint, cest-à-dire dans lordre dimportance, le fait que transparaissent lamour de charité, lhumilité et la droiture des vertus morales.
3- La réalisation, concrète et vérifiable, après la mort du saint ou à la fin des apparitions, de quelque miracle remarquable. La définition du miracle est précise en théologie. Elle ne se confond pas avec le prodige parapsychologique. Il sagit dun phénomène qui dépasse les lois de la nature et qui vient nécessairement de Dieu[546]. Si Dieu manifeste quil bénit* de cette manière certains théologiens morts ou telle apparition, cest que lenseignement qui en ressort doit être plutôt bon et vrai.
Appuyée sur ces saints qui sont ce quil y a de meilleur dans la Tradition de lÉglise, la théologie na cessé de sapprofondir. A chaque fois que cela ma été possible, je me suis appuyé sur les saints : Saint Thomas dAquin pour lensemble de la théologie, saint Louis-Marie Grignon de Montfort* pour décrire les missionnaires des derniers temps, sainte Odile*, sainte Bernadette A partir de 1830 (avec sainte Catherine Labouré), la Vierge Marie na cessé de donner des messages à lhumanité. Plusieurs ont été officiellement reconnus et canoniquement authentifiés[547]. Ils donnent des indications précieuses sur le futur concret: « Voici dit la Vierge, comment la Parole de mon Fils va se réaliser pour votre génération. » Cest pourquoi, tout en sappuyant en premier lieu sur la foi, je nai pas hésité à citer les paroles de Marie quand jessayais dexpliquer lapplication concrète de cette foi pour telle ou telle époque.
«Foi et raison doivent, comme deux affectionnées, marcher ensemble. » Ainsi sexprimait saint François de Sales pour qualifier la théologie catholique. Un théologien est donc fondamentalement philosophe. Il sait que Dieu na pas créé son intelligence et son sens de lexpérience pour quil les bannisse de ses recherches.
Or lhistoire des hommes est dépendante de nombreuses influences.
1- Certaines échappent totalement au raisonnement. Elles sont contingentes et, à moins de recevoir une révélation de Dieu, inconnaissables. Ainsi en est-il de ce qui dépend, dune part, totalement de la liberté (celle de Dieu ou celle dun homme), et, dautre part, du hasard.
Deux exemples: Dieu avait annoncé explicitement dans lÉcriture la venue de pestes et de guerres, ainsi que de plusieurs Antéchrists[548]. Mais qui pouvait, en 1346, prévoir larrivée de la peste noire, soit un an avant son arrivée? Cette date était imprévisible pour deux raisons. Dans lapparition de la peste noire en 1347 sont intervenus deux critères échappant au raisonnement : le hasard dun navire contaminé ; une permission de la liberté de Dieu.
Autre exemple : Qui pouvait deviner que lun des plus grands Antéchrists serait allemand? Personne sauf par une révélation expresse de Dieu. Sainte Odile en reçut révélation dès le VIIIème siècle[549]. Mais qui pouvait prévoir quil sappellerait Adolf Hitler? Personne car Dieu sest réservé cette connaissance.
Il en est de même pour les passages de ce livre qui traitent du futur. Jai pu en décrire certains aspects généraux avec une bonne probabilité théologique. Jy ai été aidé par les écrits de ces saints ou à travers le message dune apparition reconnue. Nétant pas moi-même éclairé par le Ciel, je suis obligé dadmettre que je ne connais rien des aspects particuliers comme lépoque et le nom du dernier Antéchrist. Ce sont des futurs contingents que Dieu se garde.
2- Certaines influences qui font lhistoire sont par contre liées à des lois sociologiques connues. Exemple: que la génération des enfants des Nazis ait été influencée, par opposition à leurs pères, par le gauchisme pacifiste, antipatriotique, cela pouvait être déduit dès 1945 de la connaissance de « leffet balancier » (Tout excès provoque lexcès inverse).
Chaque fois que cest possible, en mappuyant sur des lois sociologiques semblables à celle-ci, jai pu annoncer avec une certaine sûreté des évènements du futur.
Déduction logique: « Il est probable que les religions seront un jour rejetées dans leur ensemble avec horreur par les hommes, à cause des erreurs et des violences de lune delles, lislam*. » Jai écrit cela en considérant avec inquiétude depuis 1979, la montée de la haine à un tel niveau quelle ne peut que provoquer son effet de violence. Il est probable que les meilleurs connaisseurs de lAllemagne le pressentaient aussi dès 1933. Quant au rejet des religions, par comparaison avec 1945-1968, jai écrit quil se produirait environ 25 ans après la fin des malheurs ou de la grande guerre de lislam, le temps quune nouvelle génération grandisse[550]. Ce travail na rien de prophétique. Il est essentiellement philosophique. Cest pourtant loin dêtre une science exacte car, je lai dit, lhistoire est aussi faite de hasards, de liberté. La survenue de telles réactions sociologiques est probable car la plupart des hommes, les foules humaines, suivent le courant dominant de leur époque. Mais je lai qualifiée dindécise car il se peut quun évènement inimaginable retourne lhistoire.
Allégorie : LÉcriture contient nombre dhistoires, anodines en apparences. En fait, sous leur lettre, se cache une prophétie souvent très précise et spirituelle de plusieurs événements futurs. Ces histoires sont des allégories. Exemple : « Dieu fit tomber Adam dans un sommeil mystérieux puis, de son côté, il tira la femme. » (Génèse 2, 21). >>>> « Dieu fit tomber le Christ dans le sommeil de la mort. De son côté percé par la lance jaillit la femme nouvelle : Marie, lEglise, mères de tous les vivants. » (Jean 19, 34). Utilisés avec prudence, les textes permettent donc souvent de connaître lavenir et ce avec grande précision.
Antéchrist: (du grec, avant le Christ). Il se distingue de son idéologie, appelée dans les Écritures lesprit de lAntéchrist. LAntéchrist est tout homme qui incarne à telle ou telle époque lidéologie anti-chrétienne (orgueil et égoïsme au lieu dhumilité et amour). A la fin du monde, le dernier Antéchrist poussera jusquau sublime le culte de lorgueil et de légoïsme humain. LAntichrist (celui qui lutte contre le Christ) est une expression semblable (Voir chapitre 6).
Anne-Catherine Emmerich (1774-1824) : Stigmatisée allemande, diocèse de Westphalie. Ses visions de la vie de Jésus et ses prophéties sur le destin et les épreuves de lÉglise sont célèbres. Elle nest pas encore canonisée. Elle est donc toujours citée en notes, à titre de témoignage. Voir Les visions dAnne-Catherine Emmerich, Téqui, 1965 (3 volumes) http://jesusmarie.free.fr/Indexxx.html.
Apocalypse de saint Jean : Dernier livre canonique de lÉcriture Sainte. Son style est celui du récit dun rêve fait par Jean. Il est rempli de significations symboliques. Ses métaphores nannoncent donc pas un seul événement de lhistoire mais sappliquent tout au long de lhistoire des individus ou des communautés humaines. Cest de cette manière quil est utilisé au long de cet ouvrage. Ce nest quen un dernier sens et avec grande prudence quun passage peut être appliqué spécifiquement à tel ou tel événement précis de lhistoire (méthode Témoins de Jéhovah).
Apostasie: Cest le fait de renier sa foi après en avoir vécu. Les chrétiens comme les musulmans ont reçu lannonce explicite dune apostasie de masse vers la fin du monde. Jésus affirme que cela se fera dans son Église à cause de la perte de lamour de Dieu et du prochain. Mahomet lannonce pour lislam du fait dun échec militaire gravissime vers la fin du monde, accompagné de la perversité de certains de ses descendants arabes et de la perte de toutes les constructions politiques de lislam (Voir chapitres 4 et 5).
Apparition et révélations privées: Elles napportent jamais rien en ce qui concerne le contenu de la foi. La Révélation a été close à la mort de saint Jean, vers 90 après Jésus-Christ. Lorsquelles sont canoniquement reconnues, elles sont importantes pour connaître lapplication du gouvernement de Dieu à telle ou telle génération (lespérance). Elles apportent alors des vérités du Ciel concrètes concernant le futur et sa signification (Voir deuxième partie, les saints canonisés et les apparitions reconnues).
Apparition et révélations publiques: Il sagit de lÉcriture Sainte (Ancien et Nouveau Testament). Elle a été clôturée à la mort du dernier apôtre, saint Jean vers 90 après J.C. Les textes eschatologiques utilisés sont principalement le prophète Daniel, les discours eschatologiques de Jésus, les prophéties de saint Paul et saint Jean sur lAntéchrist (lApocalypse de saint Jean, texte dont le sens premier littéral est symbolique, est à mettre à part, voir ci-dessus). Certains textes annoncent au sens premier littéral des évènements futurs. Bien que lautorité de ces textes est la plus haute qui soit, ils doivent être utilisés avec prudence car leur sens est souvent, de par la volonté de Dieu, multiple. Lexemple de la fameuse parole de Jésus : « Détruisez ce Temple, en trois jours je le rebâtirai » le prouve. Il parlait certes du Temple de Jérusalem, détruit de fond en comble 40 après sa mort et peut-être un jour rebâti Il parlait aussi de son corps, et peut-être aussi du nôtre face à la mort, et des cathédrales gothiques, des générations humaines, etc.
Bénir, bénédiction: Lexpression « bénédiction de Dieu » peut prendre deux sens selon quil est divin ou humain. Pour Dieu, une religion ou un homme est béni sil est humble, petit, prêt à se livrer à lamour. Cest du moins linterprétation catholique du mot. Lhomme béni par excellence est Jésus sur la croix. Dans le sens humain, habituel, mondain du terme, être béni par Dieu signifie souvent linverse: gloire humaine, réussite, pouvoir. Les Protestants américains comme les islamistes communient dans cette conception du mot bénédiction. Dieu se sert de cette ambiguïté des sens. Il en fait un instrument pour sanctifier les hommes. Il laisse à chacun un temps de pouvoir terrestre pour mieux, tôt ou tard, mettre un terme à cette gloire et plonger à travers une chute douloureuse dans lapprentissage de lhumilité. Cest lexplication du caractère mortel de toute réalité dici-bas.
Djalal (Antéchrist musulman): Puissance militaire de la fin du monde. Elle sera dirigée par un homme, le Djalal. Son idéologie sera anti-islamique. Il sopposera à lislam au cours dune grande guerre. Il réussira et détruira les possessions islamiques dans le monde. Le Djalal sera lui-même vaincu par lapparition du Messie Jésus, fils de Marie (Voir Les signes dans lislam, chapitre 5).
Djihad (guerre sainte musulmane): Commandée par Allah vers la fin de lexil à Médine pour reconquérir la ville païenne de La Mecque et rendre la Kaaba au culte unique dAllah. Lislam sunnite distingue quatre guerres saintes. 1- Contre les mécréants pour répandre la vraie foi, 2- Contre les pervers musulmans, 3- Contre Satan, 4- Contre ses propres vices. Pour lislam Wahhabite, la plus grande des guerres est non seulement militaire, mais elle na aucune autre règle que lefficacité. Pour le coran et les Hadith, le djihad est bien une guerre militaire mais elle doit être soumise à des règles légales précises: commandée par le seul Calife, respectant la vie des civils. Usant de la ruse, elle permet selon les circonstances lexécution des prisonniers de guerre, sans pourtant nier lhonneur et lhumanité. Elle ne vise pas à imposer mais à proposer lislam. Par contre, elle vise à imposer les lois humaines justes de Moïse : interdire le meurtre, lavortement, la trahison etc. (Voir Lorigine de lislam, chapitre 3).
Élie: Avec Énoch, ils sont les deux hommes dont la Bible affirme quils ne moururent pas. Énoch représente lamour de Dieu; Élie, le zèle apostolique (parfois intransigeant) pour la gloire de Dieu. A la fin du monde, ils doivent revenir et annoncer le retour du Messie. De fait, ils ne reviendront pas personnellement. Ils sont la figure de deux témoins (plusieurs sens sont donnés à ce mot) donnés à lhumanité pour quelle comprenne lamour de Dieu et sa propre vanité. (Voir Chapitre 5).
Énoch: (voir Élie)
Eschatologie: Cest la partie de la théologie qui étudie du mystère de la fin de toutes choses. Elle se divise en deux parties: 1- La mort individuelle et le destin de chacun dans lautre monde; 2- La mort des communautés humaine et la fin du monde. Pour un chrétien, leschatologie de lislam nest quun chapitre dune eschatologie plus grande, celle du monde entier. Voir à cet égard deux ouvrages du même auteur: Lheure de la mort, 2002; La fin du monde, 2002.
Fatima (Apparitions de la Vierge à): Cette apparition, reconnue officiellement par lÉglise, a eu lieu au Portugal en 1917. Pour ce qui concerne leschatologie, les trois secrets révélés aux enfants sont importants. Ils se réfèrent aux guerres mondiales (Voir les deux premiers secrets, chapitre 4, les sept athéismes) et au martyre final de lÉglise (le troisième secret est au chapitre 7, la fin de la papauté).
Franc-maçonnerie: Groupes philosophiques nés de lesprit des lumières. Organisés sous forme de loges secrètes, ils cherchèrent dès le XVIIIème siècle à réaliser le meilleur monde possible, en se libérant des dogmes chrétiens trop pesants. Doption humaniste, ils rejetèrent finalement toute référence à Dieu. Leur influence athée provoqua en France (GODF), puis dans le monde entier, une accélération de lapostasie* religieuse et ladoption dune nouvelle morale du type Carpe Diem (Voir Chapitre 4, deuxième étape).
Gog et Magog: Bataille militaire finale de lislam et de lAntéchrist* (Voir Apocalypse 20, 7-9). « LAntéchrist viendra et ira dans le voisinage de Médine. La ville éprouvera trois secousses et, après cela, les infidèles et les hypocrites iront trouver lAntéchrist». Hadith 92, 26 (Point 2). Il viendra de la région du Khorassan, en Asie, et 70 000 juifs armés le suivront. Les diables que le Prophète Soulaïman a enchaînés dans les mers le suivront. Les musulmans seront vaincus. Mais ce sera provisoire. La venue de Jésus dévorera lAntéchrist (Voir Deuxième partie, chapitre 2, 3).
Harmagedôn (la bataille d-) : Voir Apocalypse 16. Je nen traite pas explicitement car cet ouvrage ne fait que parler du sens profind de ce combat. Ce texte, dabord symbolique comme tous ceux de lapocalypse, ne signifie rien dautre que ce choix final quest amené à faire tout homme et toute communauté, tôt ou tard, entre lamour de soi et la conversion au Sauveur. Harmagedôn est situé près de Jérusalem car cette bataille réelle quoique dabord spirituelle porte justement sur le choix ou le rejet de Dieu. Elle se situe habituellement à lheure de la mort de chacun ou, pour la fin du monde, ace à lAntéchrist et dans le retour glorieux du Christ.
Humanisme sans Dieu: Philosophie issue de la Franc-maçonnerie*. Après les excès des idéologies athées puis de lislam guerrier, cette philosophie triomphera sans doute à travers sa forme matérialiste. Elle sera lune des étapes de lantichristianisme en marche vers la révélation ultime de Lucifer et sa révolte (Voir Chapitre 4, deuxième et troisième étape).
Intégrisme: Après le Concile Vatican II, ce courant se révéla puissamment dans lÉglise. Il refuse lattitude plus humble du catholicisme dans sa parole et sa liturgie. Il rêve du temps où elle pouvait diriger le monde. Pour ce qui concerne leschatologie, la figure de ce courant est Pierre lorsquil refusa de se faire laver les pieds par Jésus. Vers la fin du monde, ces chrétiens pourtant fervents ne tiendront pas et ne comprendront pas le martyre de lÉglise, à limage de Pierre à la croix de Jésus (Voir chapitre 5).
Islam: Religion non créée par Dieu mais bénie* par Dieu par la suite à cause de sa foi semblable à celle dAbraham. Fondée comme une religion de lépée, elle sest repandue par la guerre. Pour ce qui concerne leschatologie*, elle est sans doute lune des réalités symbolisées par Élie*, lun des deux témoins qui doit revenir. Cette religion prendra lépée et périra par lépée. A cause de ses excès, elle entraînera par réaction le monde dans une nouvelle étape dapostasie* (Voir chapitres 3, 5 et 7).
Israël: Pour ce qui concerne leschatologie*, le peuple élu est lune des figures les plus importantes. Son destin politique est signe, à chaque époque, de létat du monde. Les ennemis de Dieu se font ennemis dIsraël et versent son sang avant dêtre vaincus. Ce fait, quatre fois millénaire, vient de ce que ce peuple, toujours différent des autres, ne peut être supporté par lorgueil dune civilisation quand elle a réussi. Cinq prophéties politiques et datables doivent se réaliser avant le retour du Christ (Voir chapitres 5 et 7).
Jean: Pour ce qui concerne leschatologie*, Jean est la figure de lÉglise intérieure, celle des fidèles qui prient. Vers la fin du monde, cette Église sera préparée par la Vierge Marie à vivre les évènements de la fin. Elle subsistera toujours sur terre, jusquau retour du Christ.
Jérusalem: Pour ce qui concerne leschatologie*, Jérusalem est limage du séjour de Dieu en proie aux attaques incessantes du mal, du démon, pour la damnation de lâme. Pour les chrétiens qui sont appelés à prier dabord en esprit et vérité, cette ville na pas de valeur politique mais elle est un puissant symbole religieux et eschatologique. Vers la fin du monde, la papauté sy éteindra car « il ne convient pas quun prophète meurt hors de Jérusalem». Pour les musulmans, Jérusalem est le troisième lieu saint de lislam. Après sa conquête par les armées arabes, au IXème siècle, une mosquée au dôme doré fut construite à lemplacement du Temple ruiné des Juifs. Pour eux, ce Temple juif ne doit jamais être reconstruit. Les Juifs furent maudits de Dieu après avoir voulu tuer le Messie Jésus. Vers la fin du monde, Jérusalem sera perdu par lislam à cause de la guerre de lAntéchrist qui sera lui-même juif (Voir les signes dans lislam, chapitre 5). Pour les chrétiens au contraire, le retour des Juifs dans la totalité de Jérusalem est un signe explicitement rapporté par Jésus pour annoncer, vers la fin du monde, létape de la fin des structures politiques nationales. Ce signe précèdera leur réconciliation avec le Christ Jésus (Voir chapitres 6 et 7).
Jonas (le signe de): Jonas resta trois jours dans le ventre dune baleine. Le christ resta trois jours au sépulcre. De même, vers la fin du monde, ce signe sera donné au monde. LÉglise et les religions subiront un martyre et « trois jours » symboliques de disparition totale (Voir chapitre 7).
Joseph (fils de Jacob): Pour ce qui concerne leschatologie*, lhistoire de Joseph est une allégorie révélant la manière dont lÉglise et Israël se retrouveront à la fin du monde. Israël reconnaîtra le Christ comme son Messie (Voir chapitre 7, la conversion dIsraël).
Judas: Pour ce qui concerne leschatologie*, il est la figure de cette partie de lÉglise qui, vers la fin du monde, trahira lÉvangile et livrera la papauté restée fidèle pour quelle disparaisse (Voir progressisme, chapitre 5).
Kaaba: Le sanctuaire de La Mecque, la Kaaba, possède en son centre une pierre noire apportée par les anges. Il serait le premier temple élevé en lhonneur de Dieu par Abraham et son fils aîné Ismaël. A lépoque de Mahomet, lenceinte de la Kaaba était peuplée de plus de 300 idoles. Il la purifia et la rendit à Allah. Vers la fin du monde, la ville sera détruite par les armées de lAntéchrist. Ce choc déstabilisera lislam au point de créer un vaste mouvement dapostasie* (Voir Deuxième partie, chapitre 5).
La Mecque: La ville de La Mecque fut fondée, 2000 ans avant Jésus-Christ par Abraham et son fils Ismaël, père de tous les Arabes. Située en Arabie Saoudite, elle est le premier lieu saint de lislam. Elle est la ville natale du Prophète Mahomet, le siège de la Kaaba autours duquel tourne toute la prière des musulmans du monde entier. Mahomet la conquit militairement vers la fin de sa vie et établit le départ de toutes les conquêtes militaires arabes. Cest vers elle que se tournent tous les musulmans dans leurs cinq prières journalières. Ils sy rendent en pèlerinage une fois dans leur vie. Vers la fin du monde, la ville sera détruite par les armées de lAntéchrist* (Voir chapitre 5).
La Salette (Apparitions de la Vierge à): Cette apparition donne un secret apocalyptique important pour illustrer la complicité dune partie du clergé dans les grandes idéologies des XIXème et XXème siècle. Cette complicité objective, venue de lintérieur de lÉglise, a augmenté la confusion et la ruine de lÉglise (Voir chapitre 4, deuxième étape. Le secret de la Salette est rapporté in extenso en note).
Liturgie: Pour ce qui concerne leschatologie*, les évolutions de la liturgie au cours de lhistoire sont et seront signe de lheure de lÉglise jusquà sa dernière liturgie, comparable analogiquement à celle du Christ au sépulcre (Voir chapitre 5).
Louis-Marie Grignon de Montfort (saint): (1673-1713) Ce prédicateur populaire évangélisa lOuest de la France. Dans son ouvrage Le traité de la vraie dévotion à Marie, il donne une série de prophétie sur le rôle de Marie et des enfants de Marie vers la fin du monde (voir chapitre 5, ses textes sont cités parmi les signes de la fin du monde).
Lucifer: (du latin « Lucis ferro », je porte la lumière). Il est lun des Chérubins supérieurs. Il se révolta contre Dieu parce que la Vision béatifique était dabord promise aux humbles. Il proclama que sa révolte était motivée par le sens de lhonneur du Tout-Puissant. Mikaël (de lHébreux « qui est comme Dieu »), un simple archange fidèle, manifesta avec force son mensonge et son orgueil (Voir son histoire en note, chapitre 4, les prophéties).
Lucifériens: Religion de la dignité de lhomme. Ils rendent un culte et ils suivent la révolte de Lucifer, de manière très spirituelle. Voir aussi Satanisme (Voir chapitre 5, quatrième étape).
Mahdi: Le grand imam (chef et enseignant musulman) qui doit venir vers la fin du monde, avant la venue de lAntéchrist*. Il rétablira la pureté originelle de lislam et rendra la Communauté (lOumma) prête pour affronter lépreuve finale de la guerre (Gog et Magog*). Pour les musulmans plus spirituels, la prédication du Mahdi sera un piège. Son islam sera trop violent pour venir de Dieu. Il sera en fait une épreuve pour dévoiler la qualité des musulmans donnés à Dieu de ceux qui sont donnés à la gloire politique (Voir chapitre 5).
Médine: Deuxième lieu saint de lislam. La jeune communauté musulmane sy réfugia et sy fortifia après avoir été chassé de La Mecque. Lislam de Médine, humble, priant et non militaire, reviendra vers la fin du monde. Vers la fin du monde, la ville et sa mosquée sainte sera détruite par les armées de lAntéchrist* (Voir chapitre 5).
Marie: (voir Vierge Marie)
Medjugorje (Apparitions de la Vierge à): Cette apparition nétant pas terminée, elle ne peut recevoir une reconnaissance canonique de lautorité ecclésiastique. Cependant, elle constitue avec les apparitions du Rwanda et toutes les autres déjà reconnues, un des exemples puissants de la pédagogie de la Vierge Marie. Elle est envoyée par Dieu pour préparer, en vue des évènements de lheure de la fin, une Église semblable à elle et capable de croire contre tout réalisme.
Nations (fin du temps des): Les nations sont un des mystères de leschatologie. Elles sont purifiées comme le sont les individus (naissance, croissance, échecs et succès puis apprentissage de lhumilité jusquà la mort). Vers la fin du monde, les nations organisées politiquement seront remplacées par un gouvernement mondial. Cet événement est lié par le Christ à la récupération par les fils dIsraël de Jérusalem. Un scénario paraît aujourdhui se mettre à jour. Après sa révolte liée à la perte de Jérusalem, lislam voudra une guerre, la perdra et, à cause du traumatisme mondial, provoquera à la fois les changements dans lorganisation du monde et en Terre sainte (Voir chapitres 6 et 7).
Odile (sainte): (660-720) Elle est la patronne de lAlsace. On lui attribue plusieurs prophéties dont une, particulièrement nette, qui est une vision cinétique de la seconde guerre mondiale et de ses conséquences (voir le texte, in extenso, chapitre 6 concernent lAntéchrist).
Papauté: Pour ce qui concerne leschatologie*, la papauté et son histoire ont un rôle de signe important (voir Pierre). Vers la fin du monde, la papauté annoncera le martyre de lÉglise mais essayera de sy soustraire (voir chapitre 5, dernier paragraphe).
Parousie: Retour du Christ. Il reviendra, non plus avec son corps de douleur, mais avec son corps de gloire, accompagné des nuées du Ciel, cest-à-dire des anges et des saints (Voir chapitre 8). En le voyant, chacun comprendra tout ce qui est nécessaire au salut.
Pentecôte damour: Annoncée par Jean-Paul II et par beaucoup de mystiques, elle consiste en un dernier temps éphémère de gloire terrestre donnée à lÉglise chrétienne avant lapparition de lAntichristianisme final. Elle est annoncée dans lÉcriture sous limage de lentrée glorieuse de lÉglise à Jérusalem, avant sa passion. LÉglise, dont la vie politique et lhistoire sont semblables à celles du Christ, vivra ce temps dabondante récolte. La même foule exigera son interdiction quelques décennies plus tard (voir chapitre 5, dernier paragraphe).
Pierre: Pour ce qui concerne leschatologie*, il est limage de cette partie de lÉglise qui la rend politiquement visible dans le monde. Elle doit imiter la vie du Christ et donner au monde, de manière glorieuse, le signe de Jonas* (Voir chapitre 6, fin).
Progressisme: Ce courant chrétien, né après la seconde guerre mondiale, identifie lÉvangile du Christ avec la philanthropie. Il est aussi appelé christianisme libéral. Pour lui, seules comptent la réalisation du monde dici-bas et les actions sociales, souvent matérielles. La vie monastique lui paraît une perte de temps. Pour ce qui concerne leschatologie*, ce courant a pour figure évangélique celle de Judas liscariote. Vers la fin du monde, il hâtera volontairement la fin de la papauté (Voir chapitre 5, les signes dans lÉglise).
Prophétie des papes: Au cours de cet ouvrage, je ne me suis pas servi de cette prophétie, malgré ses étonnantes concordances pratiques avec les faits de lhistoire et les prophéties de la foi. En effet, elle na pas reçu de reconnaissance officielle de la part de lÉglise. Le patronage de saint Malachie est douteux.
Attribuée à saint Malachie (1143), un disciple de saint Bernard, elle est une liste prophétique des papes à venir, qualifiés par une devise latine. (Voir Raoul Auclair, la prophétie des papes, N.E.L., Paris, 1969). Elle ne donne plus après Jean-Paul II que deux devises:
1- De gloria Olivae, la gloire de lolivier. Elle semble indiquer pour le règne de ce pape un âge dor de vie spirituelle. Lolivier est le symbole de la paix, de lonction du Saint Esprit. Daprès le message de la Salette, il pourrait sagir des 25 ans dabondante récolte. Cette devise peut aussi concerner Israël* qui est lolivier franc et son destin, signe des temps: Jérusalem*, le Mont du Temple, lArche dAlliance sont-ils en jeu? Ces interprétations sont hypothétiques car la paix spirituelle nest pas toujours synonyme de paix civile.
2- Enfin vient le dernier pape de la prophétie, «Petrus Romanus», accompagné de la phrase: «Dans la dernière tribulation de lÉglise Romaine siègera Pierre* de Rome. Il paîtra ses brebis dans de nombreuses tribulations. Ces tribulations passées, la ville aux sept collines sera détruite, et le peuple sera jugé par le juge terrible ». Cette devise se réfère au martyre final de lÉglise. Mais le retour définitif du Christ ne vient quaprès un temps de sépulcre dont la durée est inconnue (Voir Chapitre 8, la durée du monde de lAntéchrist).
Protestantisme: A cause de ses fautes, lÉglise catholique fut divisée au XVIème siècle, comme elle le fut au cours de son histoire à chaque fois quelle se crut toute puissante. Pour ce qui concerne leschatologie*, cette division est préférée par Dieu à une unité orgueilleuse (Voir chapitre 3, fin).
Révélations privées (voir aussi apparitions): Il sagit de tous les messages venant du Ciel après la Révélation publique contenue dans les Écritures Saintes. Elles peuvent obtenir une reconnaissance canonique de lautorité de lÉglise. Dans ce cas, lÉglise y engage son autorité (Voir deuxième partie, les saints canonisés).
Satanisme: Mouvement philosophique athée centré sur le culte de lhomme (666). Sera-t-il, avec les courants lucifériens, le dernier antichristianisme avant la fin du monde? (Voir chapitre 4, quatrième étape).
666: Chiffre de la bête (daprès le chapitre 13, 17-18 du livre de lApocalypse). Ce chiffre symbolise le rêve éternel de lhomme de se créer un monde parfait, en paix comme sil était dieu. Cest le chiffre de lhomme sans Dieu (Voir chapitre 4, la troisième étape)
Témoins (les deux): Le livre de lApocalypse annonce vers la fin du monde la venue de deux témoins. Ils prêcheront Dieu et la vie éternelle avant dêtre provisoirement vaincus par lAntéchrist. Cette prophétie a un sens symbolique donné à toutes les époques du monde (voir Énoch et Élie). Concrètement, elle se réalise dans chaque génération. A la fin du monde, elle se réalisera une dernière fois de manière grandiose (islam et christianisme, peut-être aussi deux hommes) (Voir chapitre 5, Énoch et Élie).
Thérèse de lEnfant-Jésus (sainte): (1873-1897) Sa vie et son martyre silencieux, sa spiritualité faite de confiance est un signe puissant de la spiritualité voulue pour lÉglise vers la fin du monde (Voir chapitre 6, les signes des temps donnés par sainte Thérèse).
Vierge Marie: Elle fut fidèle, croyante, humble, aimante, jusquau pied de la croix de son fils. Elle crut quil sauvait le monde, alors que tout semblait perdu. Elle est la seule. Il sagit dune incroyable humilité, foi et amour tant lépreuve était intense. Vers la fin du monde, son rôle sera essentiel. Elle préparera lÉglise de la prière à devenir comme elle en vue du martyre de lÉglise visible. Seuls ceux qui auront une foi semblable à elle tiendront dans ces moments ultimes. Elle a donc reçu mission, par ses apparitions, de préparer cette Église de la fin du monde (Voir chapitres 5 et 7).
Wahhabite: Islamisme puritain né en Arabie au XVIIIème siècle. Il annonce une domination musulmane politique sur le monde entier. Pour ses membres, le fondateur Ibn Abdul Wahhab (1703-1792), est considéré comme le Mahdi, limam saint annoncé pour la fin du monde. Cette secte violente a son siège sur le trône de lArabie Saoudite. Par largent du pétrole, elle finance lenseignement de la jeunesse musulmane dans le monde entier, la construction des mosquées et le terrorisme islamiste mondial (Voir Les signes dans lislam, chapitre 5).
PREMIÈRE PARTIE: LA FIN DU MONDE 6
CHAPITRE 1: LE GRAND SPECTACLE DE LA FIN 6
Comment se produira la fin du monde? 7
CHAPITRE 2: LES SEPT « JOURS » DE LHISTOIRE DU MONDE 10
Lhistoire du monde peut être décrite comme une semaine de sept jours 10
Les trois premiers jours de lhumanité 10
Cest ce que lEsprit Saint veut 12
La vie de saint Pierre, une prophétie des quatre derniers temps de lÉglise 12
CHAPITRE 3: QUATRIÈME JOUR, LANNONCE DE LÉVANGILE 15
Les trois sens des textes sur la fin du monde 15
Le signe de la croix dans chaque génération 16
Chaque génération connaît sa fin du monde 16
Le temps des persécutions (33-313 après J.C.) 18
La génération des premiers moines 19
Lorgueil des premiers théologiens et lélaboration du Credo 20
A partir de 632. Lislam, fouet de Dieu pour la sanctification des chrétiens 20
La subsistance des paganismes 31
Le Moyen-Age de la beauté et de la peste 33
Le protestantisme et les guerres de religion 34
CHAPITRE 4: CINQUIÈME JOUR, LA MARCHE VERS LAPOSTASIE 37
Les prophéties concernant cet événement 37
Comment se réaliseront-elles? 37
PREMIÈRE ÉTAPE: les péchés des chrétiens (à partir du XIème siècles) 39
PREMIÈRE ÉTAPE (suite): Discréditer ce qui porte le nom de Dieu sur terre (à partir du XVIIIème) 40
DEUXIÈME ÉTAPE: les nouveaux évangiles (à partir du XVIIIème) 42
DEUXIÈME ÉTAPE (suite). Lhumanisme sans Dieu (à partir de 1960 et pour le XXIème siècle) 50
TROISIÈME ÉTAPE. La révélation de lAdversaire 58
CHAPITRE 5 : LES SIGNES ANNONCANT LE SIXIÈME JOUR 67
Les signes des temps dans lislam 67
Les signes dans le judaïsme 76
Les signes donnés par la Vierge Marie 79
Les signes donnés par « la petite Thérèse » 81
CHAPITRE 6: LE SIXIÈME JOUR ET LANTÉCHRIST 98
Qui est le dernier Antéchrist ? 100
Jusquoù iront les succès de lAntéchrist? 107
Le témoignage de la papauté et le martyre de lÉglise 109
CHAPITRE 7 : LE TEMPS DU SÉPULCRE, LE SIGNE DE JONAS 113
LÉglise des derniers temps 115
Le Christ trouvera-t-il la foi sur la terre lorsquil reviendra dans sa gloire? 116
Le retour de lislam de Médine 116
Le monde de lAntéchrist disposera les pécheurs au salut ! 119
Le dernier signe, « larbre de vie » 121
CHAPITRE 8 : SEPTIÈME JOUR, LE JOUR DU SEIGNEUR 124
La durée du monde de lAntéchrist 124
« Nous ne mourrons pas tous » 130
La Vision béatifique et lenfer 132
CHAPITRE 9 : LE JUGEMENT GÉNÉRAL, LOMÉGA 136
DEUXIÈME PARTIE: LES SOURCES DE LA CONNAISSANCE DU FUTUR 138
Chapitre 1 : Fréquenter amoureusement lEsprit Saint et Marie 138
Chapitre 2 : La foi de lÉglise par lÉcriture et Pierre 139
Chapitre 3 : Les saints canonisés et les apparitions reconnues par lÉglise 141
VOCABULAIRE ESCHATOLOGIQUE 144
PROPOSITION DE PAGE DE COUVERTURE 150
LÉglise catholique parle de la fin du monde. Elle est tout à fait officiellement détentrice de messages concrets portant sur lavenir et sa signification. Malgré cela, depuis près dun siècle, ces explications sont tenues en suspicion dans lÉglise, comme si les paroles de Jésus sur ces sujets étaient marginales. La vérité est que son enseignement est essentiel. Sen passer revient à faire mourir une partie de la vertu despérance, celle qui sincarne dans le mystère de lhistoire de lhumanité et de la remplacer par de lespoir terrestre. Ce nest pas un hasard si les sectes chrétiennes fondamentalistes et les partis politiques extrémistes se sont délectés de ce vide.
Il convient de rapporter cet enseignement dans toute sa richesse. Il parle dabord du Royaume des Cieux et replace à sa juste dimension le monde passager dici-bas. Lhistoire nest chaotique quen apparence. Chacun de ses rebondissements est une trame orientée vers un but. Après notre purification ici-bas, nous verrons Dieu face à face. Chaque génération est éduquée pour cette fin. La dernière génération, celle qui verra le retour du Christ et la fin du monde, sera avertie par une série de signes assez bien décrits dans le contenu révélé.
En sappuyant sur lÉcriture Sainte, sur tout ce que la voix de Pierre, depuis Rome, a reconnu en engageant son autorité apostolique, sur la canonisation de certains saints prophètes, et la reconnaissance de certaines apparitions privées, il est possible de manifester lespérance théologale appliquée à lHistoire.
Il nen ressort pas une doctrine générale et abstraite. Ces évènements se racontent, dune manière souvent surprenante, voire choquante : « Si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il reste seul. Mais sil meurt »
Arnaud Dumouch est marié et père de famille. Agé de 38 ans, il enseigne la religion catholique en Belgique. Il a entrepris la préparation dune thèse de doctorat: « Lheure de la mort et à la fin du monde ?» Après un premier tome sur lheure de la mort, ce livre est le second fruit. Vos questions et vos apports: a.dumouch@freeworld.be
[1] Sans compter lislamisme Wahhabite qui est une secte apocalyptique et un cancer de lislam.
[2] Marc 13, 14.
[3] Luc 21, 28.
[4] Les éditions Pierre Téqui signèrent les premières un contrat pour éditer ce livre. Elles y renoncèrent pourtant au dernier moment, sans doute effrayées par la raideur de certains passages concernant les derniers moments de lÉglise. Pour sen excuser, la lettre disait : « Au moment de mourir, le Christ dit sept paroles puis il se tait. Il invite au silence sur les mystères qui lui appartiennent seuls. » Pourquoi, dans ce cas, a-t-il prononcé juste avant de mourir les discours eschatologiques (Matthieu 24, Marc 13, Luc 21), allant jusquà insister : « Le ciel et la terre passeront, mais mes paroles ne passeront point. » ? (Luc 21, 33). Pourquoi saint Pierre, saint Paul et saint Jean ont-ils laissé de nombreux enseignement sur la fin du monde ? Tout cela nest-il que spéculation ?
[5] Ce livre nest pas une thèse de Théologie. Il aurait été trop lourd de rappeler, à chaque étape, le niveau dautorité dogmatique de chaque source utilisée. Elles sont multiples, selon la méthode douverture de Thomas dAquin. Mais ce travail a été fait. Voir, du même auteur, Traité des Fins dernières, édition à compte dauteur, Paris, 1992. Tout au long de cet ouvrage, des notes rappelleront la nécessité de cette prudence critique.
[6] Lheure de la mort.
[7] Voir du même auteur, Lheure de la mort.
[8] Comprendre sous le mot personnes trois jaillissements de lumière et damour.
[9] Leur vrai nom théologique est « le Non-né, le Verbe et lAmour »
[10] « Lhumilité et lamour de Dieu, telles sont les deux révélations explicitement et exclusivement chrétiennes. Nulle autre religion nen parle de cette manière. Le fait que le Christ soit né dans une crèche, son geste du lavement des pieds qui scandalisa tant Pierre, sa mort desclave révèlent que le Dieu tout puissant, le maître et Seigneur, est le plus humble. Il ne sagit pas, bien sûr, de lhumilité propre à nous, créatures et pécheurs. Il sagit de lhumilité de celui qui, Tout-puissant et sans péché, veut sunir à nous comme à un égal, dans une amitié cur à cur. Curieusement, ce ne sont pas les théologiens catholiques qui ont le plus manifesté cette humilité de Dieu. Ce sont les musulmans, en en critiquant la présence dans « les évangiles falsifiés et hérétiques de Jésus »
Le fait que Verbe fait chair meure pour sauver des gens qui ricanent au pied de la croix révèle jusquoù va son amour.
[11] Certaines traditions ajoutent que Dieu créa des êtres intermédiaires dotés desprit et dun psychisme mais dépourvus de chair. Ce sont les « djinns» de lislam.
[12] Ce que lÉcriture appelle « le baptême deau et desprit ». Jean 3, 5 Jésus répondit: « En vérité, en vérité, je te le dis, à moins de naître d'eau et d'Esprit, nul ne peut entrer dans le Royaume de Dieu. » De même, leau et le sang qui sortit du côté du Christ symbolisaient ces deux qualités. Il sagit donc dun mystère central de la Révélation.
[13] 1 Rois 19, 13.
[14] Daprès saint Paul 2 Thessaloniciens, 2, 4 « tout ce qui porte le nom de Dieu », par exemple le judaïsme (atteint dans son être même par la destruction du Temple), mais aussi, nous le verrons, le christianisme.
[15] Mais au commencement, il ny avait ni souffrance ni mort. Tout était utile pour préparer chacun à devenir humble, sauf la croix. Jai rapporté au début de louvrage sur lheure de la mort. Lhistoire du monde tel que Dieu lavait pensé au commencement et celle du péché originel.
[16] Luc 1, 51-52.
[17] Cette partie intègre une lecture et une interprétation des événements de l'histoire. Elles se situent dans la logique de l'ensemble de la compréhension de l'Évangile. Nous espérons que notre manière de regarder l'histoire guérira le lecteur de toute interprétation liée à une apocalypse de peur.
[18] Catéchisme de lÉglise Catholique, n° 673. Ce texte, publié en 1992 par le Pape Jean-Paul II est le reflet authentique de la foi catholique. Il a donc une très grande autorité pour la foi.
[19] Cest même là un des articles essentiels de la foi, ce qui distingue les catholiques et les orthodoxes de bien des prédicateurs réformés.
[20] Matthieu 24, 36.
[21] Cit. ap. Ferraris, Prompta bibl., verbo Prædicare. - Mansi, Sacrorum Conciliorum collectio, t. XXXII, p. 945-947.
[22] Jean 6, 15.
[23] Chez les catholiques intégristes, lidée est la suivante: LÉglise prêchera lÉvangile à toutes les nations. Les hommes reviendront à la foi. LÉglise pourra reprendre son rang dans la société, rétablira les lois chrétiennes et sera de nouveau puissante pour évangéliser le monde. Le Christ, quant à lui, ne reviendra pas avant que lÉvangile nait été annoncé à tous les hommes. » Ils sappuient sur Matthieu 24, 14: «LÉvangile sera proclamé dans le monde entier en témoignage à la face des nations, puis viendra la fin. » Lidée dune Royauté sociale du Christ sur le monde par lintermédiaire de lÉglise ne pose quun seul problème mais de taille. Sest-il trouvé une seule période de lhistoire où lon ait vu une religion à la fois puissante et humble ?
La solution du catholicisme progressiste est différente: Établissons sur la terre un monde juste, équitable. Que chacun reçoive les moyens matériels et la liberté pour chercher le bonheur. Que la tolérance règne, alors les hommes seront prêts à accueillir le Christ lors de son retour, selon cette parole de lÉcriture: «A ceci on reconnaîtra que vous êtes mes disciples. Si vous vous aimez les uns les autres. » Là encore, la générosité est évidente même si on peut lui reprocher dêtre tournée vers les hommes au point den oublier le cur à cur de la vie avec Dieu.
Les chrétiens millénaristes et les sectes apocalyptiques adoptent un scénario exactement inverse. Nourris de récits alarmistes, ils pensent que Dieu laissera les hommes vivre dans leurs péchés. Matthieu 24, 21 rapporte ainsi les paroles du Christ: « Il y aura une grande tribulation telle quil ny en a pas eu depuis le commencement du monde. » Selon eux, Dieu permettra une multiplication des guerres, des maladies et de toutes autres catastrophes matérielles pour disposer le cur de lhomme la conversion. Nous avons montré tout au long de cet écrit lefficacité réelle de telles souffrances pour conduire lorgueilleux à lhumilité et lhumble à la soif dun sauveur. Mais faut-il en conclure quil sagit des seules armes dont Dieu dispose.
Ces quatre théories sont vraies et complémentaires. Toutes se fondent sur des textes de lÉcriture. Toutes ont été ici ou là au cours de lhistoire appliquées par Dieu à telle ou telle génération. Cependant, puisquil sagit de parler ici de la fin des fins, du terme des générations, quelque chose dinédit se passera. Tout sera à la fois plus intense et plus universel. Il ne sagira plus de la fin de tel ou tel temps dans une civilisation, mais de la fin de tous les temps pour le monde entier.
[24] Catéchisme de lÉglise Catholique, Mame, 1992, pages 149-150. Ce texte, publié en 1992 par le Pape Jean-Paul II est le reflet authentique de la foi catholique. Il a donc une très grande autorité pour la foi.
[25] Voir décret dintroduction au Catéchisme de lÉglise Catholique.
[26] Voir 1 Thessaloniciens 5, 3.
[27] Luc 3, 8.
[28] Cependant, une question grave peut lui être objectée: Si les hommes dans leur majorité se trouvent éloignés du Christ lors de sa venue, ne seront-ils pas damnés en masse? Le fait que seuls quelques contemplatifs comprennent de l'intérieur ces événements na aucune importance si le reste du peuple se perd... Cette objection sera largement résolue à la fin de cet ouvrage car, nous le verrons, ces épreuves seront en fait salutaires pour la plupart !
[29] Ce terme de théologie désigne un affaiblissement, un renoncement volontaire à soi-même jusquà la mort.
[30] Voir chapitre 5, les signes de la fin du monde dans lÉglise.
[31] Nous ne racontons pas ici la manière individuelle dont ces prophéties sont accomplies. Nous lavons décrite dans le premier ouvrage sur lheure de la mort.
[32] Extrait de plusieurs passages du Catéchisme de lÉglise Catholique, Mame 1992, n° 671. Ce texte ne fait quindiquer que tout, y compris lÉglise de Dieu, sans excepter les religions, les nations, les individus, doit apprendre ce qui plait à Dieu, à savoir lui être soumis (être soumis à la tendresse et à lhumilité de Dieu ne signifie pas lesclavage, nous le montrerons plus loin) avant que vienne la fin.
[33] Ces jours sont symboliques. Ils sont plutôt des étapes de lhumanité dans lhistoire de son salut. Cest pourquoi ils peuvent se chevaucher. Parfois Dieu plonge un homme dans le premier jour, alors quun autre, dans la même maison, vit du quatrième jour.
[34] Extrait de Starmania, Michel Berger. Cette sagesse de Dieu na pas disparu aujourdhui puisquil existe des justes qui nont pas la foi. Ils cherchent, sans le savoir, Dieu.
[35] Anne-Catherine Emmerich, une célèbre stigmatisée allemande du XIXème siècle (citée à titre de simple témoignage, sans quil lui soit attribué dautorité) assista à la descente du Christ aux enfers après sa mort. Elle décrit de manière saisissante les limbes où attendaient les âmes justes : « Les limbes étaient divisés en deux cercles. Le Sauveur pénétra dabord entre ces deux cercles dans un lieu enveloppé de brouillards, où se trouvaient Adam et Ève. Il leur adressa la parole et ils ladorèrent avec un ravissement inexprimable. Alors Jésus, au cortège duquel sétaient joints nos premiers parents, pénétra dans le cercle de gauche. Il renfermait les âmes des patriarches antérieurs à Abraham. Elles avaient une notion vague de Jésus. Certaines étaient encore tourmentées par de mauvais esprits. Celui de droite contenait les âmes des justes qui avaient vécu depuis Abraham jusquà Jean-Baptiste (le sein dAbraham à proprement dit). On ny éprouvait aucune peine, si ce nest le désir de voir laccomplissement de la promesse.» (Visions dAnne-Catherine Emmerich, Téqui, 1950, Tome III, p. 370-371).
[36] Catéchisme de lÉglise Catholique, n° 670. Ce texte, publié en 1992 par le Pape Jean-Paul II est le reflet authentique de la foi catholique. Il a donc une très grande autorité pour la foi.
[37] Matthieu 24 et 25 et les parallèles en Marc et Luc. Ce genre de textes semble annoncer au sens premier littéral des évènements futurs. Bien que leur autorité est la plus haute qui soit, ils doivent être utilisés avec prudence car leur sens est souvent, de par la volonté de Dieu, multiple. Lexemple de la fameuse parole de Jésus : « Détruisez ce Temple, en trois jours je le rebâtirai » le prouve. Il parlait certes du Temple de Jérusalem (sens historique premier, littéral), détruit de fond en comble 40 après sa mort et peut-être un jour rebâti Il parlait aussi de son corps (sens profond, historique et mystique), et peut-être aussi du nôtre face à la mort, des cathédrales gothiques, des générations humaines, etc.
[38] Matthieu 24, 34.
[39] Actes 2, 14-41.
[40] Paul dut même le reprendre plusieurs fois. De même, au cours de lhistoire de lÉglise, les papes se laissèrent plusieurs fois aller à la décadence.
[41] Ceci devrait être présent au cur des apôtres daujourdhui qui sépuisent à prêcher et obtiennent (difficilement) une ou deux conversions ici et là. Ce nest pas toujours à cause de leur manque de sainteté personnelle mais à cause de lEsprit Saint qui vient quand il veut. En effet, dans nimporte quelle foule humaine, il peut instantanément susciter des milliers de chrétiens. Très peu de gens sont réellement obstinés dans le mal et la moindre prédication un peu aidée par les charismes divins, touche les curs. Si lEsprit ne vient pas, cest quil a ses raisons et ses raisons sont toujours bonnes. Il saura en faire sortir du bien pour lapôtre rendu plus pauvre et pour les auditeurs indifférents quil saura rattraper au bon moment. Il a le temps. Il peut même évangéliser à lheure de la mort. Dautre part, une vie terrestre passée sans le connaître nest pas un mal absolu car elle accroît la soif dun salut.
[42] Jean 21, 18.
[43] Matthieu 24, 4-11.
[44] 2 Thessaloniciens 2, 4.
[45] 2 Thessaloniciens 2, 1-3.
[46] Matthieu 24, 34.
[47] 2 Pierre 3, 4.
[48] Apocalypse 10, 6.
[49] Voir du même auteur : Lheure de la mort.
[50] Il sagit dun regard de sagesse, cest-à-dire dun regard sur laction patiente et mystérieuse de Dieu. Cette contemplation, très peu développée dans lÉglise en ce qui concerne sa propre histoire, peut-être qualifiée dhistoire sainte de lhumanité.
[51] Luc 1, 52. Le Catéchisme de lÉglise Catholique, 671 exprime cette même réalité sous lexpression : ... en attendant que tout lui soit soumis.
[52] Cette action est décrite dans lAncien Testament, Livre de lExode. Tous les hébreux, sans exception, moururent dans le désert. Elle na pas changé après la venue du Chist. Elle a simplement été expliquée. Nous en connaissons maintenant les raisons, lhumilité qui ouvre la vie éternelle.
[53] Matthieu 24, 3-11, 14.
[54] « Allemagne au-dessus de tout. »
[55] Le film Titanic sorti en 1999 mérite dêtre revu sous cette lumière. Le Titanic est la société en miniature Elle est composée de trois classes, bien séparées. Elle se fie totalement dans sa technologie. Le film se termine dans la Lumière de la Vie éternelle où les naufragés, au-delà de leurs souffrances, se retrouvent humbles, aimant et sauvés. Il y a là une prophétie dont on ne soupçonne pas la justesse.
[56] Apocalypse 16, 9 : «Et les hommes furent brûlés par une chaleur torride. Mais, loin de se repentir en rendant gloire à Dieu, ils blasphémèrent le nom du Dieu qui détenait en son pouvoir de tels fléaux. » « Le préservatif est la seule prévention du SIDA », martelait-on. Ce fut un étonnant et pitoyable combat de la part des anciens de mai 68. On criminalisait même le pape Jean-Paul II quand, sans parler directement de cette terrible maladie, il parlait de la fidélité dans lamour
[57] Pour la France, 225 000 I.V.G. par an depuis plus de 25 ans pour 750 000 naissances.
[58] Matthieu 24, 9.
[59] Luc 7, 47.
[60] Matthieu 24, 6. Le texte est ici interprété selon un de ses multiples sens, la guerre intérieure contre soi-même.
[61] Lascédie est pour saint Augustin cette forme doverdose des choses spirituelles qui frappe les adeptes de la vie contemplative.
[62] Matthieu 24, 11.
[63] Il ne le permettra d'ailleurs jamais afin que lÉvangile soit toujours gardé par quelques-uns sur la terre. Certains esprits se plaisent à montrer du doigt les compromissions, les pressions politiques des Conciles cuméniques de cette époque pour nier la sainteté de lÉglise. Cest justement linverse. Le fait est que, depuis 2000 ans, infailliblement, lenseignement de lÉglise romaine est resté fidèle à la vérité prêchée par le Christ.
[64] Genèse 11, l-9.
[65] Dieu ou plutôt la vanité humaine diraient les sociologues. Mais la sociologie ne décrit que des lois prévues par Dieu pour le salut des peuples pécheurs. Dieu et les lois humaines ne sont, pour le théologien, que les deux faces dune même pièce.
[66] Cet ensemble de détails paraîtra peut-être surprenant au lecteur. Doit-on les mépriser comme inventions imaginaires ? Non, car dans le domaine de lhistoire sainte de lhumanité, de sa marche vers Jésus-Christ, cest le mystère même de Dieu qui sexprime. Il faut ajouter que ni les uns ni les autres de ces détails ne se trouvent confirmés par des textes précis du Magistère, pas plus qu'ils ne reposent sur une indéniable tradition. De plus, point de textes scripturaires au sens littéral, mais seulement un incroyable concours de métaphores, qui me semblent trop nombreuses pour être simple hasard. Au lecteur de juger
[67] Apocalypse 3, 14.
[68] Actes 5, 34.
[69] Actes 9, 1.
[70] Jérémie 7, 13-14.
[71] Lumen Gentium, 16.
[72] Abram ne reçut que plus tard le nouveau nom dAbraham.
[73] Genèse 15, 1-6.
[74] Genèse 16, 2.
[75] Genèse 16, 5-12.
[76] Genèse 21, 10-21.
[77] Genèse 25, 12-18.
[78] Genèse 21, 11.
[79] Genèse 18.
[80] Au chapitre 21, 20.
[81] Nous en sommes frappés à lévocation des nombreux exemples qui jalonnent lÉcriture ou la vie des saints: Jeanne dArc, demandant à ses voix si elle serait sauvée sentendit répondre: «oui, par grande victoire! » Le lendemain, elle était brûlée vive. Ses voix lui avaient-elles menties? Jeanne, dans un grand sanglot, le crut dabord. Juste après sa mort, elle comprit à quel point ses voix avaient dit vrai, plus vrai quelle ne limaginait. Dieu navait pas menti mais elle avait mal compris le sens divin du mot « victoire ». Elle ne nous la certes pas dit mais les miracles qui ont précédés sa canonisation en sont le signe le plus grandiose.
[82] Jean 19, 10.
[83] Voir deuxième partie, chapitre 1. Ce mystère y est expliqué dans ses causes et ses effets, dont le plus mystérieux est le mal permis sur la terre..
[84] Mame 1993, pages 149-150.
[85] Finalement, toutes les erreurs possibles, les pires des idéologies sont pour un temps donné « bénies ». elle reçoivent un temps de réussite terrestre. Dieu sait se servir de leur victoire puis de leur écroulement pour en tirer un bien plus grand. Il sauve les victimes. Il les récupère de lautre côté de la vie et beaucoup dentre eux ont compris jusquà la misère la stupidité de lorgueil humain.
[86] Genèse 11, 3-8.
[87] 1 Rois 11, 12, 20.
[88] Matthieu 24, 6.
[89] Grégoire le Grand ( Homélie sur lÉvangile, p. PL. 76, p. 1078) a pu parler dun monde vieillissant, «car, que sélève peuple contre peuple, et que leur calamité sétende sur le pays, cela nous le constatons dans notre époque plus que nous ne le lisons dans les livres. Vous savez aussi combien de fois nous avons ouï dire, que, dans dautres parties du monde, des tremblements de terre ont dévasté dinnombrables cités. Sans cesse nous souffrons de pestes. Et si nous ne constatons pas encore visiblement des signes dans le soleil, la lune et les étoiles, nous pouvons du moins conjecturer quils ne sont pas éloignés, puisque déjà le climat subit des modifications sensibles. Cest pourquoi on peut dire inversement : Quand les hommes se disent «Paix et sécurité », cest alors que tout dun coup fondra sur eux la perdition comme les douleurs sur la femme enceinte, et ils ne pourront y échapper. » (1 Théssalonicien 5, 3.)
[90] 1 Théssaloniciens 5, 3.
[91] Voir deuxième partie: premier chapitre, que veut Dieu aux hommes pour les avoir mis sur la terre?
[92] Luc 1, 51-53.
[93] Livre des juges 19-20.
[94] La réalité de ce fait est vertigineuse. Après la mort, face à lapparition du Christ dont lamour et la vérité bouleverse lhomme, tout genoux devient chancelant et découvrent le profond égoïsme qui lanime.
[95] Le sommet du judaïsme est dans cette conception et lÉglise catholique la entièrement gardée tout en pensant pouvoir, grâce à Jésus Christ, en expliquer le pourquoi (voir deuxième partie, chapitre un). La liturgie juive continue de chanter à propos dAuschwitz et du génocide des enfants: « Yahvé, tu nous as frappé car nous avions péché. »
[96] Deutéronome 28, 47-52.
[97] Coran* 16, 93.
[98] Apocalypse 13, 17.
[99] Galates, 5.
[100] 2 Chroniques 18, 22.
[101] Genèse 16, 12.
[102] Genèse 25, 18.
[103] Genèse 16, 12.
[104] Il remarquable de constater que les musulmans écrivent exactement la même chose des chrétiens. Pour eux, Jésus viendra nous prêcher lislam sur notre lit de mort. Il nous expliquera quil nétait quun homme et quil nest pas mort crucifié. Il balayera la croix. Alors la majorité des chrétiens, disposés par leur religion à lhumilité, se convertiront à lislam. Dans les deux religions, seul un péché contre lEsprit Saint conduit en enfer. Le refus de croire à une vérité suffisamment révélée en est un.
[105] Actes 16, 6.
[106] S'il l'avait voulu, ce serait fait depuis longtemps en raison de la puissance de l'Esprit et seuls résisteraient aujourdhui ceux qui en auraient fait lucidement ce choix.
[107] Car ce nest quun contretemps et les Chinois jusquà aujourd'hui découvrent l'Évangile dans sa perfection à l'heure de leur mort. On peut trouver de multiples raisons à cela qui toutes se ramènent, comme toujours, à une seule : lhumilité produite par une division des nations en diverses cultures. Cest mieux ainsi à la fois pour le salut de tous, chrétiens et chinois.
[108] Voir chapitre 1, les sept jours de lhistoire du monde.
[109] Voir du même auteur Lheure de la mort.
[110] « Trompeuse » ou plutôt ambiguë car lorsque Dieu parle de « gloire, de victoire, de salut », il entend souvent « vie éternelle, donc humilité et son chemin, crucifixion et humiliation ». Mais lhomme y voit ce qui lui plaît à savoir « succès mondain, gloire terrestre ».
[111] Il finit par accepter le baptême afin de mourir garrotté plutôt que brûlé vif.
[112] Matthieu 8, 12.
[113] Apocalypse 6, 7. Lorsque des textes de lApocalypse sont cités, cest toujours à titre dillustration. Ils ne sappliquent pas, quoiquen pense les Témoins de Jéhovah, à une seule période de lhistoire mais à chaque génération.
[114] Matthieu 21, 6.
[115] Apocalypse 8, 1.
[116] Isaïe 65, 17.
[117] Apocalypse 13, 3. « L'une de ses têtes paraissait blessée à mort, mais sa plaie mortelle fut guérie; alors, émerveillée, la terre entière suivit la Bête. »
[118] Daniel 5, 25.
[119] Saint Thomas disait que lamour et les oeuvres qui sortent de lui mérite le Ciel de la part du Dieu qui aime le premier.
[120] Donnez-moi deux attelages pour une course de chars. Que le premier concurrent ait pour chevaux lorthodoxie (la vraie foi) accompagnée de lorgueil. Que le deuxième coure avec lhérésie accompagnée de lhumilité. Vous verrez alors lhérésie remporter la course, non à cause delle-même mais à cause de la force de lhumilité.
[121] Cf. Genèse 50, 20.
[122] Marc 9, 38 : « Jean dit à Jésus: "Maître, nous avons vu quelqu'un expulser des démons en ton nom, quelqu'un qui ne nous suit pas, et nous voulions l'empêcher, parce qu'il ne nous suivait pas." Mais Jésus dit: "Ne l'en empêchez pas, car il n'est personne qui puisse faire un miracle en invoquant mon nom et sitôt après parler mal de moi. »
Marc 9, 40 Qui n'est pas contre nous est pour nous.
[123] 1 Rois 12, 16.
[124] Matthieu 26, 52.
[125] Actes 9, 3-4.
[126] Matthieu 24, 12-14. Rappelons que ce genre de textes semble annoncer au sens premier littéral des évènements futurs. Bien que leur autorité est la plus haute qui soit, ils doivent être utilisés avec prudence car leur sens est souvent, de par la volonté de Dieu, multiple. Lexemple de la fameuse parole de Jésus : « Cette génération ne passera pas que tout soit réalisé» le prouve. Il parlait certes de sa venue dans la gloire mais pas de la même façon que ses auditeurs qui pensaient à la fin du monde. Lui parlait de la mort à venir de cette génération, à travers la mort individuelle de chacun de ses membres, etc.
[127] 1 Timothée 4, 1.
[128] 2 Timothée 3, 1-5.
[129] 1 Périarchion, chapitre 3.
[130] 1 Jean 4, 3.
[131] Une fiction parfois dangereuse et, au plan catholique, hérétique. Quon se souvienne du « protocole des sages de Sion », cet écrit attribué à des Juifs et qui prétendait décrire un plan sur plusieurs générations visant à rendre décadents les peuples pour établir le règne mondial dun roi juif. Il sagit d un faux produit dans un milieu antisémite en Russie au XIXème siècle. Hitler sen servit pour justifier sa thèse du complot judéo-maçonnique. Quy pouvaient les enfants quil fit massacrer en masse, à cause de ce mythe. Le vrai ennemi de lhomme est cet orgueil premier qui se cache sous tout mal. Les francs-maçons en ont été souvent soupçonnés. En vérité, eux-mêmes ont erré dans leur recherche du meilleur monde possible. Ils nont fait que naviguer à vue, sans deviner les conséquences de certaines de leurs décisions.
[132] Ephésiens 6, 12.
[133] Lhistoire des anges et lorigine des démons, ces anges devenus mauvais, sont rapportées en détail plus loin dans ce chapitre (quatrième étape, le mystère de liniquité). Il sagit de la révolte première, celle qui motiva la haine mortelle de Lucifer et de ses anges contre lhumanité.
[134] Matthieu 24, 12.
[135] Tout antijudaïsme est un mauvais signe. Les ennemis de Dieu semblent perpétuellement conduits à se faire ennemis du peuple élu. Ceci est systématiquement vrai depuis quatre millénaires. Il nest en fait que le symptôme de la maladie mortelle du cur de lhomme pour le salut, lorgueil. Quand une communauté nationale réussit et réalise une structure puissante et parfaite, elle na plus quun ennemi: celui qui est différent et vit au milieu delle. Elle sen prend toujours au juif qui vit chez elle, sous nimporte quel prétexte (ils empoisonnent leau ; ils sont avares ; ils ont tué le Christ). De nos jours, lislam est à son tour atteint de ce syndrome. Cela ne lui apportera rien de bon. La main de Dieu naime pas la nation qui sexalte en son cur. Il abaisse toujours lorgueil des puissants.
[136] Une faute que lhistoire a tendance à relativiser à un conflit dhommes et non à une preuve du sectarisme intellectuelle de lÉglise de la Renaissance. En effet, tout semble indiquer que la plupart des membres du clergé sont à cette époque plutôt ouverts à la nouveauté, curieux de tout, parfois davantage que certains barons universitaires actuels de la pensée unique. Mais lhistoire que je raconte ne parle pas de vérité historique. Elle parle dune lutte à mort dune force invisible contre ce qui porte le nom de Dieu, par tous les moyens y compris ceux de lexagération et de lamalgame.
[137] Sainte Thérèse de lEnfant-Jésus, chants et poésies.
[138] 2 Thessaloniciens 2, 6-8.
[139] Bern. a Piconio, Epist. B. Pauli triplex expost. : II Epist. ad Thess., II, 3.
[140] Anne-Catherine Emmerich (citée à titre de simple témoignage, sans quil lui soit attribué dautorité), une stigmatisée du XIXème siècle, eut la vision de notre époque qui lui semble être lune des pires depuis le commencement de lhumanité. « Jappris que Lucifer doit être déchaîné pour un temps cinquante ou soixante ans avant lan 2000, si je ne me trompe. Quelques démons doivent être déchaînés de temps en temps pour punir et tenter le monde. Je crois que quelques-uns lont été de nos jours (elle parle vers 1820), dautre le seront bientôt après. » (Visions dAnne-Catherine Emmerich sur la vie de Jésus, Tome 3, Téqui, page 372).
[141] Daprès saint Paul 2 Thessaloniciens, 2, 4.
[142] Voir Saint. Thomas dAquin, Opusc., LXVIII, De Antichr., édit. Parmæ, 1864. t.XVII p. 439.
[143] Lumen Gentium 16.
[144] Apocalypse 17, 9-10.
[145] Anne-Catherine Emmerich (citée à titre de simple témoignage, sans quil lui soit attribué dautorité)* vit ce dernier antichristianisme sous la forme de la fameuse prostituée de lApocalypse : « Je me trouvais dans la maison des noces et je vis un bruyant cortège matrimonial arriver dans plusieurs carrosses.La fiancée qui avait près delle plusieurs hommes et femmes était une personne de grande taille, à lair effronté et avec une parure de courtisane. Elle avait sur la tête une couronne, sur la poitrine beaucoup de bijoux, trois chaînes et trois agrafes de clinquant auxquelles étaient suspendues une quantité dinstruments, de figures représentant des écrevisses, des crapauds, des sauterelles, et aussi de petites cornes, des anneaux, des sifflets etc. » (Vie dAnne-Catherine Emmerich, Téqui, 1950, Tome 2, p. 398).
[146] Apparition reconnue officiellement par lautorité de lÉglise. Son message a donc une certaine autorité sur lespérance des catholiques, a un degré précisé en fin douvrage.
[147] Luc 6, 22.
[148] De telles apparitions, reconnues canoniquement par lÉglise, ont une valeur essentielle, non pour ajouter un dogme à la foi, mais pour révéler du nouveau quant à lespérance, cest-à-dire à laction de Dieu sur telle génération. Leur rôle en théologie est expliqué dans la troisième partie.
[149] La première guerre mondiale.
[150] Ce signe a été donné en automne 1938.
[151] 2 Thessaloniciens 2, 6-8.
[152] Il manque la paresse. A lheure où jécris ce livre, on peut penser quelle sera une étape incontournable. Les jeunes du début du XXIème siècle rêvent de gagner plus dargent tout en travaillant moins. Le climat général de cette génération nest plus la révolution comme chez leurs aînés de mai 68 mais la fragilité et le manque dénergie. Tout cela pourrait conduire à la pauvreté matérielle.
[153] Malachie 2, 15.
[154] Apparition reconnue par lÉglise. Elle eut lieu dans les Alpes, auprès de deux enfants bergers, Mélanie et Maximin. Rappelons que ce texte reçoit, du fait de sa reconnaissance canonique, une certaine autorité qui ne concerne pas la foi mais la manière dont le plan du salut est appliqué à chaque époque (lespérance).
[155] Marc 8, 38.
[156] Matthieu 5, 11.
[157] Un massacre des innocents comme jamais au cours de lhistoire, et labsence totale dune simple explication de la douleur de Pierre sur ce sujet: on ne parle pas de lâme de ces enfants, de leur destin après leur mort. Il semble que le clergé a admis quil ny a pas pour eux de vie après la mort, quils ne sont que des pré-humains.
[158] Anne-Catherine Emmerich (citée à titre de simple témoignage, sans quil lui soit attribué dautorité) parle sans cesse dans ses visions de la fidélité du Saint-Père et de la complicité dune grande partie du clergé. Ses descriptions surprendront par leur actualité ceux qui connaissent la crise théologique dans lÉglise catholique depuis le Concile Vatican II. Elle écrit vers 1820 : « On gardait le silence sur la croix, sur le sacrifice et la satisfaction, sur le mérite et le péché, où les faits et les miracles et les mystères de lhistoire de notre rédemption devaient céder la place à de creuses théories de la révélation où lhomme-Dieu, pour être supporté, ne devait plus être présenté que comme lami des hommes, des enfants et des pécheurs, où sa vie navait de valeur que comme enseignement, sa passion comme exemple de vertu, sa mort comme charité sans objet. Le manque total de doctrine devait être voilé sous un langage naïf à la portée de toutes les intelligences. » (Vie dAnne-Catherine Emmerich, Téqui, 1950, Tome I, p. 415).
[159] Anne-Catherine Emmerich (citée à titre de simple témoignage, sans quil lui soit attribué dautorité), une célèbre stigmatisée du XIXème siècle, eut la vision de ce comportement perpétuel du clergé à la remorque de lidée dominante du temps : « Je vois chez tous, même chez les meilleurs dentre eux, un orgueil effrayant, mais chez aucun lhumilité, la simplicité et lobéissance. Ils sont terriblement fiers de la séparation dans laquelle ils vivent. Ils parlent de foi, de lumière, de christianisme vivant. Mais ils méprisent et outragent la sainte Église dans laquelle il faut chercher la vie. Dans leur présomption, ils prétendent mieux comprendre toute chose que les chefs de lÉglise et même que les saints docteurs. » (Vie dAnne-Catherine Emmerich, Téqui, 1950, Tome I, p. 536).
[160] Daniel 12, 7.
[161] Apocalypse 13, 17-18. Ce genre de texte a dabord un sens symbolique valable pour chaque époque de lhistoire du monde. Mais il devient de plus en plus évident au fur et à mesure que lhistoire avance.
[162] Anecdote significative du changement de génération : Un débat récent de la RTBF (Belgique) mettait en scène de jeunes concubins dune vingtaine dannées et des psychologues quinquagénaires. Ceux-ci se scandalisaient de leur non-usage du préservatif, selon eux « indispensable même dans la vie de couple ». Les jeunes répondaient : « Nous avons promis dêtre fidèles. Si on ne fait pas confiance, lamour nexiste pas. » Cette évidence était insoutenable dix ans plus tôt.
[163] Chiffre symbolique valable à chaque époque mais de plus en plus visible à mesure quapproche la fin.
[164] Genèse 1, 31.
[165] Exode 7, 25.
[166] Anne-Catherine Emmerich (citée à titre de simple témoignage, sans quil lui soit attribué dautorité) eut la vision de lhumanisme universel sous la forme dune Église : « Et il apparut une nouvelle Église dans laquelle des gens, parmi lesquels il y avait des savants, se trouvèrent rassemblés. Cette Église était ronde (symbole duniversalité ?) avec une coupole grise et tant de gens y affluaient que je ne comprenais pas comment lédifice pouvait les contenir tous. Cétait comme un peuple entier. Cependant, la nouvelle Église devenait de plus en plus sombre et noire et tout ce qui sy faisait était comme une noire vapeur. Ces ténèbres se rependirent au dehors et toute verdure se flétrit. Plusieurs paroisses des environs furent envahies par lobscurité et la sécheresse. » (Vie dAnne-Catherine Emmerich, Téqui, 1950, Tome 3, p. 157). Ces images montrent avec force lenthousiasme des débuts puis larrivée des fruits de séduction dans lÉglise du Christ puis damertume de tous les antichristianismes. Cest encore plus saisissant si lon considère lhumanisme actuel ou le culte futur de Lucifer dans sa révolte et sa liberté.
[167] 1 Corinthiens 15, 32.
[168] Lexpérience des sept péchés capitaux depuis 1830, les millions de morts, chapitre 4, deuxième étape.
[169] Consulter pour illustrer cette réflexion, lévolution des débats du Grand Orient de France.
[170] Cette charte nest pas officielle. Ces textes ont été extraits par lauteur à partir de textes de lO.N.U. et de lUNESCO.
[171] Religion à vocation universaliste. Elles ont tendance à imposer leur message. On pense à lislam et au christianisme dans leurs dimensions politiques.
[172] Apocalypse 16, 8-10.
[173] Deutéronome 8, 3.
[174] Avertissement: Cette section pose la question suivante: jusquoù ira lhumanité, avant la fin du monde, dans sa recherche dune liberté de lorgueil? Comment répondre avec certitude et précision à partir des prophéties bibliques?
[175] La seule encyclique écrite en allemand dans lhistoire de lÉglise.
[176] Luc 12, 4.
[177] Voir le chapitre 4.
[178] Le dernier des prophètes canonique, Malachie 2, 14, écrit: « Et vous dites: Pourquoi ces malheurs? - Cest que Yahvé est témoin entre toi et la femme de ta jeunesse que tu as trahie, bien quelle fût ta compagne et la femme de ton alliance. Na-t-il pas fait un seul être, qui a chair et souffle de vie? Et cet être unique, que cherche-t-il? Une postérité donnée par Dieu! Respect donc à votre vie, et la femme de ta jeunesse, ne la trahis point! Car je hais la répudiation, dit Yahvé le Dieu dIsraël, et quon recouvre linjustice de son vêtement, dit Yahvé Sabaot. Respect donc à votre vie, et ne commettez pas cette trahison! »
[179] Anne-Catherine Emmerich (citée à titre de simple témoignage, sans quil lui soit attribué dautorité)* écrit : « Je vis que certains idolâtres du passé aimaient davantage leur idole queux-mêmes, avec un réel sens du sacrifice. Au contraire, certains hommes de notre époque mettent leur propre personne au-dessus de tout ce qui existe dans le monde. » (Vie dAnne-Catherine Emmerich, Téqui, 1950, Tome 3, p. 169).
[180] Cest de cette manière que saint Augustin définit lintensité de lamour qui règne dans la Cité de Dieu et qui peut tout supporter pour lautre, jusquà la croix.
[181] 1 Jean 5, 19.
[182] Sagesse 17, 1ss.
[183] Matthieu 24, 19 ss.
[184] 2 Thessaloniciens, 2.
[185] Cette troisième étape nest autre que le sixième jour. Mais il sera traité de manière plus concrète au chapitre suivant.
[186] 2 Thessaloniciens 2, 8. Ce texte de saint Paul, dans son sens littéral, nest pas symbolique et valable pour chaque époque. Il le présente comme la prophétie des évènements qui précèderont le retour du Christ à la fin des fins.
[187] Apparition reconnue canoniquement par lÉglise. Les textes cités ont une certaine autorité dont le degré est rappelé en fin douvrage.
[188] En 2 Thessaloniciens, 2.
[189] Matthieu 24, 35.
[190] Aussi, tout au long de cet ouvrage, jai pris le parti de parler deux en termes anthropomorphiques. Il sagit bien sûr dun langage analogique.
[191] Certains théologiens sont allés plus loin encore. Ils ont cru lire dans la Bible que Dieu était allé jusquà révéler aux anges que naîtrait un jour une femme dont le cur serait pur, lhumilité absolue, le don d'elle-même total au point que Dieu lélèverait au-dessus de tout et en ferait leur reine. Dieu a-t-il révélé dès cet instant la naissance future de la Vierge Marie? Une chose par contre est certaine: ils ont compris dès cet instant le projet de Dieu, faire d'eux les serviteurs et les guides spirituels de leurs futurs frères cadets. Anges gardiens, mandatés selon un ordre hiérarchique parfait au service des hommes, voilà quelle serait leur mission jusqu'à ce que le dernier homme ait terminé sa vie terrestre.
[192] Genèse 1.
[193] Jérémie 2, 20.
[194] Apocalypse 12, 4.
[195] Apocalypse 12, 7.
[196] « Qui est comme Dieu », cest-à-dire, en hébreux, Mikaël. Le fait que Michel soit un simple archange fut la première humiliation du Chérubin Lucifer. Révolté contre Die, il nest même plus intelligent.
[197] Isaïe 14, 12.
[198] Jean 8, 44.
[199] Apocalypse 12.
[200] Le démon ne désire pas premièrement que lhomme sautodétruise dans un holocauste nucléaire. Le meurtre du corps ne lintéresse quà cause de sa racine, le péché de lâme. Son but premier est spirituel. Il veut que le maximum dhumains, devenu égoïste et orgueilleux, choisisse avec lui lenfer, librement.
[201] Traduction libre de Genèse 3, 5.
[202] Genèse 3, 14. Eux, des êtres spirituels indifférents par nature au sexe, à largent, et à la vanité du regard des autres, vautrent leur action sur lhomme dans de telles propositions.
[203] 2 Thessaloniciens 2, 1-12.
[204] Informations données par Denis VLIEGHE et Vincent ROSSOME, mai 2001.
[205] Voir du même auteur, Lheure de la mort, lenfer. Le seul péché qui conduit en enfer, parce quil est un rejet parfaitement libre, lucide et maîtrisé. Voir du même auteur, Lheure de la mort, les six péchés contre lEsprit Saint.
[206] Jean 23, 34.
[207] Une apparition reconnue canoniquement. Deux des voyants sont déjà béatifiés. Sa réalité est donc attestée par lÉglise avec une certaine autorité dont le degré est rappelé en fin douvrage.
[208] Il est évident que toutes ces révélations privées*, même celles qui sont reconnues par lÉglise, ne peuvent être mises au même niveau que lÉcriture Sainte. Pourtant, il serait présomptueux de les négliger. Elles révèlent à lhomme la manière concrète dont se réalise ce qui est annoncé par lÉcriture dans lhistoire.
[209] Au sens non scientifique du terme mais dans un sens très réaliste. Il sagit des trois secrets de Fatima, concernant la seconde guerre mondiale, la guerre froide puis le martyre du Pape.
[210] Luc 16, 31.
[211] Paul VI, 1968, Documentation Catholique n° 603.
[212] Recueil de textes, Piveteau, ''L'évolution", encyclopédie universitaire, p. 10.
[213] Le scientifique Salet estimait à 10300 le nombre datomes qui composent lunivers dans son ensemble et à une chance sur 10 [puissance 5 milliards] la probabilité pour quun vivant apparaisse par hasard. Son calcul reposait sur le nombre incroyable et la précision des bases qui composent lA.D.N. de tout vivant autonome, même le plus simple. Il disait que ce chiffre rendait impossible lapparition par hasard de la vie. « Il y a autant de chance pour que le premier vivant soit apparu par hasard que de voir un singe dactylographe écrire en tapant au hasard, un ouvrage de 100 000 pages. »
[214] Luc 12, 54-56.
[215] 2 Thessaloniciens, 2, 5.
[216] Voir du même auteur La grande guerre de lislam.
[217] Genèse 16, 10.
[218] Genèse 21, 20.
[219] Voir la foi des musulmans concernant la guerre sainte, mode principal de leur extension. Voir La Voie du musulman, Aboubaker Djaber Eldjazaïri (Aslim éditions 1986, France), « catéchisme sunnite officiel ».
A- Institution: Lobjectif principal du djihad est daffronter les mécréants et les belligérants. B- Différentes sortes de djihad ; C- Le but du djihad: Toute sorte de djihad tend à proscrire toute autre adoration que celle de Dieu, lUnique, à se dresser contre la violence et le mal, à sauvegarder la vie, les biens et léquité, à généraliser le bien et à répandre la vertu. Dieu dit: Combattez les afin que plus aucun croyant ne soit tenté dabjurer et que le culte tout entier soit rendu à Dieu. (8 - Le Butin - 39) ; D- Mérite du djihad: Le mérite du djihad et de la mort en martyr pour la Cause de Dieu est exprimé en termes nets dans les annonces véridiques divines et dans les hadith authentiques du Prophète.
[220] Je rapportais précédemment la prophétie des Incas qui les livra pieds et mains liés aux conquistadors violent et évangélisateurs. Des centaines dautres exemples pourraient être rapportés, non seulement dans la Bible mais dans lhistoire récente. En 1940, lorsque Hitler décida de son nid daigle la date définitive de linvasion de la Russie, il se fit dans latmosphère une agitation étonnante. Le ciel était rouge feu et le vent soufflait en tempête tandis que des nuages aux formes déchirées passaient dans le ciel. Une femme présente sécria : « Mauvais présage. Beaucoup de sang et de malheur ». Hitler fut fortement impressionné. (Document U.S., La chaîne histoire, « Hitler, homme et Mythe ».
La tradition du bouddhisme khmer gardait la prophétie suivante : « Quand le ciel rougira comme le feuillage du banian, de lorient à loccident, que chacun fuit le pays car la guerre et le malheur arrivent ». Or un couché de soleil de ce type se produisit peu avant la prise de pouvoir du criminel marxiste Pol Pot qui, en quelques années, causa la mort dun million de cambodgiens. Une étude approfondie de ce genre de présages ou de prophéties mériterait dêtre faite, avec les vérifications critiques dusage. Les prophéties dune puissante religion comme lislam méritent dautant plus dêtre étudiées en détail.
[221] Voir La mort et le jugement dernier selon les enseignements de lislam, Fdal Haja, Rayhane éditions, Paris 1991, p. 53ss
[222] Il existe dautres signes, mineurs.
[223] Voir chapitre 7, le temps du sépulcre, le signe de Jonas.
[224] Tirmizzi dans « ce quon rapporte du Mahdi » note quil teint de Ibn Massoud ce Hadith* « un homme de ma famille viendra, son nom correspondra à mon nom ».
[225] Les Musulmans anti-Wahhabites appèlent le Wahhabisme "fitna an Najdiyyah", le malheur venant de Nejd.
[226] Il sagit des habitants musulmans de lArabie vers la fin du monde.
[227] Selon Hisham al-Kabbani, né au Liban et vivant actuellement aux U.S.A.
[228] Ces textes paraissent clairs? Ils sont en fait ambigus et ne provoquent pas la paix des débats en islam. Chacun voit « lArabe pervers » annoncé selon ce qui larrange. Pour le terroriste Oussama Bin Laden, cest la royauté de lArabie Saoudite qui a accompli lhorreur en introduisant les armées étrangères sur la terre sainte. Pour la famille royale arabe, les pervers sont les terroristes arabes puisquils répandent le sang des femmes et des enfants par toute la terre Pour la majorité des musulmans Sunnites, ce sont tous les arabes à cause de leur sectarisme Wahhabite* (voir plus loin).
[229] Ezéchiel 39, 9-11. Il sagit de lannonce dune grande guerre qui verra la défaite des impies.
[230] Elle ne parle pas seulement du danger du retour du nazisme. Cette phrase est universelle.
[231] Deutéronome 28, 47-66. Cette prophétie a été réalisée une troisième fois par Hitler dont, est-ce une simple coïncidence, létendard était aussi laigle.
[232] Isaïe 60, 10-13.
[233] Isaïe 11, 1-5.
[234] Lambiguïté de Dieu vient dabord de la psychologie trop humaine de lhomme. Lorsque Dieu parle de « gloire, de victoire, de salut », il entend souvent « vie éternelle, donc humilité et son chemin, crucifixion et humiliation ». Seul un croyant lui-même passé au feu purificateur de Dieu finit par shabituer à son style et à ne plus lire « succès mondain, gloire terrestre ».
[235] Josèphe raconte (La Guerre des Juifs contre les Romains, livre 6, 31): « Quelques années avant la guerre, il se leva un pauvre homme, qui était prêtre. Il se mit à prophétiser par toute la Judée en disant simplement: « Voix du côté de lorient! Voix du côté de lOccident! Voix du côté des quatre vents! Voix contre Jérusalem et contre le Temple! Voix contre les nouveaux mariés et les nouvelles mariées, voix contre tout le peuple! » Il parlait ainsi, toujours, sans injurier ceux qui le battaient, ni remercier ceux qui lui donnaient à manger. Toutes ses paroles se réduisaient à un triste présage, et il les proférait dune voix plus forte dans les jours de fête. Il continua den user ainsi durant sept ans cinq mois sans aucune intermission et sans que sa voix ne fût ni affaiblie ni enrouée. Quand Jérusalem fut assiégée, on vit leffet de ses prédictions et, faisant alors le tour des murailles de la ville, il se mit encore à crier: « Malheur, malheur sur la ville, malheur sur le peuple, malheur sur le Temple », à quoi ayant ajouté « Malheur sur moi », une pierre lancée par une machine le renversa par terre, et il rendit lesprit en proférant ces mêmes mots. »
[236] Un troublant rapprochement des dates simpose. Le Wahhabisme est la plus terrible attaque satanique contre lislam depuis lHégire*. Il prend la religion par sa qualité dhonneur militaire et la transforme en un fanatisme exterminateur. Au même moment, le christianisme subissait une attaque au défaut de sa cuirasse (il libère lhomme) avec la Révolution française et le culte de lhomme divinisé
[237] Daprès la longue prophétie dEzéchiel, 39, 1 ss.
[238] Ezéchiel 39, 12: « On les enterrera afin de purifier le pays pendant sept mois. »
[239] Avis religieux adressé aux musulmans, quoique nengageant que celui qui la prononce. Comme chez les Protestants, chaque musulman est imam. Nayant pas de magistère papal, les fatwa islamiques nont de valeur que pour ceux qui reconnaissent lautorité de limam émetteur. Depuis la révolution islamique dIran, le terme fatwa a pris le sens malheureux dappel à lexécution sommaire.
[240] Création en 1979 en Iran dune république islamique sectaire.
[241] Nous ajoutons cette note le 11 septembre 2001. Ce livre était déjà écrit en 1996 (Voir Nihil Obstat). Mais devant moi défile à la télévision, en boucle, lattaque suicide du World Trade Center aux U.S.A. Les deux tours viennent de sécrouler après avoir été percutées par deux avions gros porteurs chargés de passagers détournés par des combattants de lislam. Les commentateurs parlent de « nouveau Pearl Arbor ». Ils nont pas tort. Le monde entre sans doute, après la guerre froide, dans une quatrième guerre mondiale. Lennemi ne viendra pas dabord des nations musulmanes mais de cette mouvance particulière des combattants de lislam qui agit en sappuyant sur les textes de sa foi. La présence de ces textes est dramatique. Elle plongera beaucoup de musulmans dans la guerre Sainte. La victoire du monde coalisé ne fait pas de doute, mais à quel prix? Le Pakistan possède larme nucléaire. Lorsque la guerre sera gagnée, il est probable que naîtra une nouvelle génération qui, devenue adulte 20 ans plus tard, rejettera dans un nouveau mai 68 la religion et celui qui en porte le nom: Dieu. Cest une étape nouvelle mais essentielle dans la réalisation des prophéties.
[242] Matthieu 26, 52.
[243] Nous disions que cette époque n'est pas pour aujourd'hui. C'est donc que le temps de lAntéchrist n'est pas encore pour cette année. Mais il peut venir vite, en quelques générations d'autant plus que les moyens modernes de communication précipitent lévolution des murs. Les enfants bouddhistes d'Orient se forment en ce moment avec la télévision occidentale tout entière imbibée du message de lhomme sans Dieu.
[244] 2 Thessaloniciens 2, 4.
[245] « Quon le veuille ou non, lheure est venue de devenir citoyen du monde ou de voir périr toute civilisation. » Citation dun discours aux enseignants, du ministre français de lInstruction publique, 1918.
[246] En Luc 21, 24 : « Jérusalem sera foulée par les païens jusquà ce que soit accompli le temps des nations ».
[247] Dans les années 70, des jeunes aux cheveux longs se tenaient non loin dun monument au mort. On fêtait lArmistice du 11 novembre et des anciens combattants des deux guerres mondiales saluaient le drapeau français. Des cris fusèrent : « fascistes ! Mais nous avons combattu le fascisme, leur fut-il répondu. Peu importe, vous êtes à mettre dans le même sac patriotique. » Cette anecdote illustre ce que peut être la réaction dune génération, non par on intelligence, mais par sa sensibilité.
[248] Ils voient de leurs yeux, dirait Job. Voir, à propos de la survie des facultés sensibles après la mort, du même auteur, Lheure de la mort.
[249] Romains 11, 15.
[250] Matthieu 24, 15.
[251] Luc 21, 24.
[252] Luc 23, 28.
[253] Luc 21, 24.
[254] Romains 11, 25.
[255] Luc 13, 35.
[256] Romains 11, 15.
[257] Voir par exemple Apocalypse 9, 15. Ce chiffre dun tiers, appliqué au malheur, est cité 14 fois dans ce livre.
[258] Actes 5, 34.
[259] A limage du pharaon devant Moïse: « Car Dieu renverse les puissants de leur trône et relève les humbles », dit la Vierge Marie dans son Magnificat.
[260] Chapitres 6 et 7.
[261] Ce livre a été reconnu canoniquement par lÉglise catholique mais certaines confessions chrétiennes le rejettent. Voir Maccabées 2, 4-8.
[262] Bien sûr, chacune des prophéties concernant les Juifs a, outre une réalisation matérielle, une signification spirituelle. La destruction du temple de Jérusalem* marque lentrée dans un nouveau temps qui est celui de la Nouvelle Alliance où Dieu nest plus adoré sur une montagne ou dans un temple mais au fond des curs. Dans un sens symbolique, cette destruction préfigure et annonce celle de notre corps par la mort et celle du nouveau temple quest lÉglise dans un sacrifice final qui précédera la glorification du monde. La déportation dIsraël ne doit pas être considérée comme une punition pour lacte commis par ceux qui ont tué Jésus car ce péché leur a été imputé personnellement lors de leur jugement particulier. Cette dispersion est donnée aux nations comme un signe qui manifeste les conséquences auxquelles aboutit tout péché. Ce peuple de prophètes montre sans le vouloir quen péchant, nous sommes dispersés à tous vents loin de Dieu et de nos frères. Il en est de même pour les persécutions. Elles sont un témoignage des conséquences terribles du péché qui tue la vie de lâme dune manière analogue à la barbarie des persécuteurs lorsquils massacrent des enfants innocents. Le peuple juif persécuté est le signe de la fin du monde où se manifestera la haine implacable du démon pour toute vie de lâme.
[263] Cité par saint Louis-Maie Grignon de Montfort, Traité de la vraie dévotion à la Sainte Vierge, édition du seuil, Paris, 1966, 46.
[264] qui est un saint canonisé. Ses visions et ses prophéties ont de ce fait une certaine autorité dont le degré, sans rapport évidement avec celui de la Révélation publique, est précisé en fin douvrage. Elles nen demeurent pas moins très importantes pour la théologie de lespérance.
[265] Lire son Traité de la vraie dévotion à Marie, édition du seuil, Paris, 1966, 47 ss.
[266] En réalité, l'apparition à Catherine Labouré est loin d'être la première. L'apparition à Jean Courdil (Celles, 1686) ou à Benoîte Rencurel (Notre Dame du Laus) est largement antérieure. Mais celle de Catherine inaugure un caractère eschatologique nouveau. Pour la première fois, la Vierge ne vient pas seulement comme mère. Elle vient comme sage-femme en ce sens quelle va accompagner une douloureuse naissance vers la Vie.
[267] Il sagit dune apparition reconnue officiellement par lautorité de lÉglise. Son message a donc une certaine autorité sur lespérance des catholiques et leur compréhension de laction incarnée de Dieu dans chaque génération, à un degré précisé en fin douvrage.
[268] A savoir que le salut consiste en une réconciliation amoureuse de Dieu avec lhumanité. Pour se faire, une nouvelle Ève a eu à dire oui. Le rôle de Marie, loin dêtre passif, fait partie de la rédemption de la même manière que, pour quil y ait mariage, il faut deux oui.
[269] La valeur théologique de ces deux curs est très profonde. Elle est le cur même de la révélation dans son interprétation catholique. Marie et Jésus sont ensemble, limage de Dieu. Jésus-Dieu et Marie-femme sont ensemble rédempteurs et co-rédempteurs. etc.
[270] Apparition reconnue canoniquement par lÉglise. Les textes cités ont une certaine autorité dont le degré est rappelé en fin douvrage.
[271] Les apparitions continuent en ce début de troisième millénaire. Medjugorje* ne peut encore être reconnu puisque cette apparition nest pas terminée.
[272] Apocalypse 11, 3-13. Texte symbolique, dabord valable pour chaque époque de lhumanité, mais de plus en plus nettement réalisé vers la fin.
[273] Genèse 6, 22.
[274] 2 Rois 2, 11.
[275] Matthieu 11, 14.
[276] 1 Rois 17, 1. Le cycle dÉlie est rapporté dans la Bible au premier livre des Rois, à partir du chapitre 17.
[277] Marc 6, 18.
[278] Romains 11, 16.
[279] Il invita des représentants des grandes religions du monde à prier ensemble Dieu pour la paix.
[280] Il est probable que les trois sens soient vrais. Dieu se plaît à réaliser les textes selon tous leurs sens.
[281] LAntéchrist, 1905.
[282] Daniel 12, 10.
[283] Daniel 11, 33.
[284] Matthieu 24, 14.
[285] qui est un saint canonisé. Ses visions et ses prophéties ont de ce fait une certaine autorité dont le degré, sans rapport évidement avec celui de la Révélation publique, est précisé en fin douvrage.
[286] Traité de la vraie dévotion à la Sainte Vierge, édition du seuil, Paris, 1966, 49ss.
[287] Psaume 126, 4.
[288] Anne-Catherine Emmerich (citée à titre de simple témoignage, sans quil lui soit attribué dautorité)* eut la vision de ces derniers apôtres sous la forme de douze prédicateurs : « Je vis au milieu des désastres les douze hommes dont jai déjà parlé, dispersés en diverses contrées sans rien savoir les uns des autres, recevoir les rayons de leau vive. Je vis que tous faisaient le même travail de divers côtés. Ils étaient tous catholiques. Je vis aussi, chez les ténébreux destructeurs, de faux prophètes et les gens qui travaillaient contre les écrits des douze nouveaux apôtres. Les douze hommes apostoliques gagnaient toujours un grand nombre dadhérents et la lumière se mit à briller depuis Rome. » (Vie dAnne-Catherine Emmerich, Téqui, 1950, Tome 3, p. 159).
[289] Zacharie 9, 9.
[290] Marc 7, 27.
[291] Jean 12, 20-36.
[292] 2 Thessaloniciens 2, 3.
[293] Il sagit dune proximité en terme de générations -20, 40 ou 100 ans- nous lavons déjà suggéré à propos de lislam. Dieu a le temps. Rappelons que la Vierge a commencé à parler de la fin des fins à la Salette, il y a 150 ans! Les évènements peuvent certes se précipiter au plan de la politique.
[294] Jean 6, 66.
[295] Jean 7, 19.
[296] Jean 11, 45-53.
[297] Hébreux 5, 8.
[298] Jean 21, 18 - l9.
[299] Jean 12, 4,
[300] Anne-Catherine Emmerich (citée à titre de simple témoignage, sans quil lui soit attribué dautorité)*, écrit à propos du clergé progressiste quelle voit dans ses célèbres prophéties : « Ces « éclairés », je les vois toujours dans un certain rapport avec la venue de lAntéchrist, car eux aussi, par leurs menées, coopèrent à laccomplissement du mystère de liniquité. » (Vie dAnne-Catherine Emmerich, Téqui, 1950, Tome I, p. 536). Ailleurs, elle décrit leur oeuvre de la manière suivante: « Ils bâtissaient une grande Église, étrange et extravagante. Tout le monde pouvait y entrer pour communier et y posséder les mêmes droits. Ce devait être une vraie communion des profanes où il ny aurait quun seul pasteur, un seul troupeau. Il devait y avoir un pape (vraisemblablement élu) mais qui ne possèderait rien et serait salarié. Tout était préparé davance et bien des choses étaient déjà faites. Mais, à lendroit de lautel, il ny avait que désolation et abomination. Ils veulent enlever au pasteur le pâturage qui est à lui. Ils veulent en imposer un qui livre tout aux ennemis. » » (Vie dAnne-Catherine Emmerich, Téqui, 1950, Tome 3, p. 184).
[301] Des courants puissants réclament un Concile Vatican III: suppression de la papauté*, démocratisation dans la définition de la foi, de la morale. Si la foi chrétienne est un jour votée par les hommes, à quoi sera-t-elle réduite? La parole viendra-t-elle encore den haut?
[302] Avec le mystère de la charité de Dieu, qui veut se faire époux à égalité de droit avec lhomme, il sagit de lautre révélation spécifique du christianisme. Sur le cur de Dieu.
[303] Jean 13, 6.
[304] Matthieu 24, 15.
[305] Luc 22, 32.
[306] Matthieu 16, 18.
[307] Luc 21, 28.
[308] Jean 19.
[309] Jean 21, 16.
[310] Catéchisme de lÉglise Catholique, Mame 1992, pages 149-150. Ce texte, publié en 1992 par le Pape Jean-Paul II est le reflet authentique de la foi catholique. Il a donc une très grande autorité pour la foi.
[311] Seule exception peut-être à cette règle. Honorius I qui enseigna un temps de manière privée le monothélisme (Jésus naurait quune seule faculté volontaire, la volonté divine). Ce pape se rétracta. Mais son enseignement avait un caractère privé.
[312] Voir sous ce titre louvrage de Jean Raspail qui raconte cette histoire, Albin Michel, 1995.
[313] Lanneau du pêcheur, Albin Michel, 1995, p. 226.
[314] Rappelons pour le puriste de la théologie, que je ne cite ce texte de roman quau titre dune belle histoire qui illustre mieux quune théorie mon propos.
[315] Jean 21, 18 et ss.
[316] Jean 11, 49.
[317] Le 26 juin 2 000, le pape Jean-Paul II dévoila au monde le troisième secret de Fatima. Il parle dun homme vêtu de blanc, entouré de prêtres, dévêques et de laïcs et que des soldats viennent tuer sur une montagne. Dans son commentaire, le Cardinal Ratzinger, préfet pour la Congrégation de la foi, dit: «Ce secret concerne visiblement le passé». Il fait référence à lattentat de 1981. Ce commentaire, venant de la source la plus proche du Saint Père, manifeste la difficulté du clergé à croire que cette prophétie puisse avoir un sens plus profond, plus radical. Pourtant, ce secret ne concerne pas le passé. Sa portée est beaucoup plus grande que lattentat de 1981 contre Jean-Paul II. Voir texte complet du secret dans cet ouvrage, chapitre 7, LÉglise du silence.
[318] Vers 1870.
[319] Ceci étant dit, nous verrons plus tard en quel sens il faut interpréter la prophétie de Jésus sur la présence de lAbomination au cur même du Temple saint, en Marc 13, 14.
[320] Matthieu 21, 7.
[321] Matthieu 27, 17.
[322] Zacharie 9, 9.
[323] Voir Le temps de la fin des temps, Patrick de Laubier, Editions F.X. de Guibert.
[324] Apparition reconnue canoniquement par lÉglise. Les textes cités ont une certaine autorité dont le degré est rappelé en fin douvrage.
[325] Ce texte de style apocalyptique ne doit pas nécessairement être pris au sens littéral. Il peut signifier aussi une destruction spirituelle par le péché. (Paris nest-il pas une nouvelle Babylone, mère de tous les péchés médiatique dune génération perdue). Cela peut signifier aussi un combat physique, une lutte civile. A notre époque, on serait tenté de voir sous ces images une future crise de lislamisme des banlieues.
[326] La terre, cest-à-dire les habitants du péché, du mondain. Ce texte semble indiquer une conversion subite du peuple, suite à un fléau. Terrorisme? Maladie?
[327] Par exemple, Anne-Catherine Emmerich (citée à titre de simple témoignage, sans quil lui soit attribué dautorité)*, vit au XIXème siècle plusieurs renouveaux cycliques de lÉglise suivis de décadence. Elle vit un dernier renouveau, plus puissant : « Jai vu la Pentecôte, à travers le monde entier. Elle ma été montrée en divers tableaux. Jai vu aussi les douze nouveaux apôtres et leur rapport avec lÉglise. Jai vu encore une Église spirituelle se former de beaucoup de paroisses réunies et celles-ci recevoir le Saint-Esprit. Cétait un nouveau réveil de lÉglise catholique. » (Vie dAnne-Catherine Emmerich, Téqui, 1950, Tome 3, p. 144). « Je vis lÉglise complètement restaurée. Au-dessus delle, sur une montagne, lAgneau de Dieu entouré de vierges tenant des palmes à la main. Je vis beaucoup de personnes qui devaient souffrir le martyre pour Jésus. Il y avait encore beaucoup de méchants et une autre séparation devait plus tard avoir lieu. » (Vie dAnne-Catherine Emmerich, Téqui, 1950, Tome I, p. 113-115).
[328] Voir aussi La prophétie des papes* de saint Malachie, citée dans le vocabulaire en fin douvrage. Je ne peux lutiliser dans le corps de cet ouvrage où seules les révélations reconnues canoniquement ont leur place. Mais le nom du pape qui suit Jean-Paul II (le travail du soleil) est intéressant: « la gloire de lolivier». Lolivier est symbole à la fois de lÉglise, dIsraël, de la paix de Dieu. A Medjugorje* (apparition de la Vierge en Yougoslavie, non encore canoniquement reconnue), la Vierge annonce un grand signe, comme un jugement dernier de lâme, qui incitera le peuple à réfléchir gravement sur lui-même.
[329] Beaucoup de crises possibles peuvent sortir à chaque époque. Épidémies brutales, fous dAllah nucléarisés, etc. Le monde occidental sommeille, sûr que tout est sous contrôle. Cest un colosse aux pieds dargile qui peut être remis par Dieu face à sa faiblesse par de multiples moyens.
[330] La Vierge Marie confirme à la Salette cette prophétie, en appelant pour cette époque les apôtres des derniers temps: « Jadresse un vibrant appel à la terre: Jappelle les vrais disciples du Dieu Vivant et régnant dans les cieux. Jappelle les vrais imitateurs du Christ fait homme, le seul et vrai sauveur des hommes. Jappelle mes enfants, mes vrais dévots, ceux qui se sont donnés à moi pour que je les conduise à mon divin Fils, ceux que je porte pour ainsi dire dans mes bras, ceux qui ont vécu de mon esprit. Enfin, jappelle les apôtres des derniers temps, les fidèles disciples de Jésus-Christ qui ont vécu dans un mépris du monde et deux-mêmes, dans la pauvreté et lhumilité, dans le mépris et le silence, dans loraison et la mortification, dans la chasteté et dans lunion avec Dieu, dans la souffrance et inconnus du monde. Il est temps quils sortent et viennent éclairer la terre. Allez, montrez-vous mes enfants chéris. Je suis avec vous et en vous, pourvu que votre foi soit la lumière qui vous éclaire dans ces jours de malheurs. Que votre zèle vous rende comme les affamés pour la gloire et lhonneur de Jésus-Christ. Combattez, enfants de lumière, vous, petit nombre qui y voyez. Car voici le temps des temps, la fin des fins. »
[331] Liberté égoïste, humanisme orgueilleux, 666.
[332] Le secret de la Salette continue: «Avant que narrivent les dix rois de lAntéchrist qui gouverneront le monde, il y aura une espèce de fausse paix sur le monde. On ne pensera quà se divertir. Les méchants se livreront à toutes sortes de péchés. Mais les enfants de la sainte Église, les enfants de la foi, mes vrais imitateurs, grandiront dans lamour de Dieu et dans les vertus qui me sont les plus chères.»
[333] Jean 12, 20: «Il y avait là quelques Grecs, de ceux qui montaient pour adorer pendant la fête.»
[334] Jean 12, 23: Jésus leur répond: « Voici venue l'heure où doit être glorifié le Fils de l'homme. En vérité, en vérité, je vous le dis, si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il demeure seul. Mais s'il meurt, il porte beaucoup de fruit.»
[335] Le chapitre qui suit peut paraître désespérant. En fait, il ne supprime pas lespérance. Il montre quil ny a pas despoir. Ces deux notions ne doivent pas être confondues. Lespoir vise une réussite terrestre. On espère, de cette manière, quand on est chrétien, que tous les hommes adhèrent à la foi dès cette terre. Lespérance, au contraire, vise une victoire éternelle. Elle nattend que la victoire de Dieu, sachant quelle nest promise dans sa plénitude que pour lautre monde. Distinguer espoir et espérance est essentiel, sous peine de confondre le christianisme et son Royaume qui nest pas de ce monde avec un millénarisme.
[336] Matthieu 24, 15.
[337] 2 Thessaloniciens 2, 1-12. Rappelons encore une fois, afin déviter le scandale de certains théologiens exigeants au plan de la précision, que ce genre de textes semble annoncer au sens premier littéral des évènements futurs. Bien que lautorité de ces textes est la plus haute qui soit, ils doivent être utilisés avec prudence car leur sens est souvent, de par la volonté de Dieu, multiple. Lexemple de la fameuse parole de larchange Gabriel à la Vierge Marie: « Ton fils régnera sur la maison de Jacob pour les siècles et son règne n'aura pas de fin. » (Luc 1, 33) le prouve. Marie aurait pu comprendre lannonce dune royauté terrestre, puis éternelle. Lange ne parlait que dabord dune royauté spirituelle, par la croix, puis dune royauté totale dans la gloire éternelle. Il était aisé de se tromper.
[338] Daprès labbé Augustin Lemann, LAntéchrist, 1905.
[339] 1 Jean 4, 3.
[340] 1 Jean 2, 18.
[341] Voir les génocides de Palestiniens commandés par Josué et Yahvé lors de la conquête de la terre sainte. Voir par exemple Josué 6, 17.
[342] De par sa canonisation, ses écrits et ses visions reçoivent une certaine autorité de lÉglise dont le degré est précisé dans la dernière partie de cet ouvrage.
[343] Manuscrit des prophéties de sainte Odile qui, étant une sainte canonisée, a donc un certain niveau dautorité dans ses écrits, niveau dont le degré napporte rien au contenu de la foi mais peut, dans le cas qui nous occupe, éclairer le mode de laction de Dieu sur les générations humaines. Loriginal du texte est conservé à la Bibliothèque Nationale de France.
[344] Matthieu 10, 28.
[345] Luc 12, 4.
[346] Daniel 8, 22-26. Rappelons que ce genre de textes semble annoncer au sens premier littéral des évènements futurs. Bien que lautorité de ces textes est la plus haute qui soit, ils doivent être utilisés avec prudence car leur sens est souvent, de par la volonté de Dieu, multiple et ambigu. La parole suivante de Jésus « Il annonçait par quel genre de mort Pierre devait glorifier Dieu » (Jean 21, 19) lindique. Il parlait certes de la mort de Pierre (sens littéral historique) Il parle sans doute aussi de lÉglise, dans sa partie visible et sacerdotale.
[347] « Ce sera pendant ce temps que naîtra lAntéchrist, dune religieuse hébraïque, dune fausse vierge qui aura communication avec le vieux serpent, le maître de limpureté. Son père sera év. (évêque). En naissant, il vomira des blasphèmes. Il aura des dents. En un mot, il sera le diable incarné. Il poussera des cris effrayants, il fera des prodiges, il ne se nourrira que dimpuretés. Il aura des frères qui, quoiquils ne soient pas comme lui des démons incarnés, seront des enfants du mal. A douze ans, ils se feront remarquer par leurs vaillantes victoires chacun à la tête des armées, assistés par les légions de lenfer. »
[348] 2 Thessaloniciens 2, 9: « Sa venue à lui, lImpie, aura été marquée, par linfluence de Satan, de toute espèce duvres de puissance, de signes et de prodiges mensongers. »
[349] Voir par exemple Apocalypse 19, 20.
[350] Il sagit dabord dobservations théologiques. Dieu aime donner des prophéties dont le sens est dabord symbolique. Mais il se plaît à les réaliser matériellement. Il y a de plus une série dobservations sociologiques: lhumanité peut se laisser entraîner à tout, jusquà la folie.
[351] Voir chapitre 4, fin, le dernier des antichristianismes.
[352] Matthieu 24, 15.
[353] Daniel 9, 26-27.
[354] Daniel 12, 5-13.
[355] 1 Mac. 1, 41-64. 2 Mac. 6, 1-9.
[356] Matthieu 24, 15.
[357] Daniel 8, 22.
[358] Voir chapitre 4. Voir aussi notre description du « Temps de lapostasie en marche ».
[359] Daniel 8, 23.
[360] Apocalypse 13, 1-8 ; Daniel7, 20-26.
[361] Genèse 3, 3. Tout au long de lÉcriture Sainte, Dieu frappe lhomme de divers fléaux. Son but nest pas de le rendre esclave mais de façonner son cur dans lhumilité, lamour, afin de le sauver.
[362] Apocalypse 16, 9. Face à des curs orgueilleux, lexpérience de la souffrance peut avoir leffet inverse: elle durcit la peau et fortifie la dureté du cur.
[363] La parole de Jésus en Luc 4, 4 est citée à cause de sa vérité devenue évidente après léchec des matérialismes. Mais elle est dévoyée au service dune autre religion, celle de lange des ténèbres. Le démon na pas intérêt à nier la vérité. Il ne fait que la détourner de son but. Le paradis quil propose à lhomme est réel en ce sens quil est une vie éternelle indépendante et libre. Mais cest en vérité un enfer (lenfer tel que le définit lÉglise catholique) où le cur brûle car lamour y est rejeté.
[364] Nous lavons montré, lidéologie de lAntéchrist nest pas dénuée de vérité. La révolte première de Lucifer nétait pas dénuée de noblesse. Mais la valeur qui la motive est bien linverse de celle de Dieu.
[365] Citation de labbé Augustin Lemann, LAntéchrist, 1905.
[366] Auguste Comte avait annoncé cette nécessité historique de la fin des religions. Selon lui viendra bientôt un âge définitif de lhumanité. Ce sera la fin de lhistoire. Les humains renonceront définitivement à se questionner sur les pourquoi de lexistence. Ils comprendront à quel point cela na pas de sens. Enfin mûris, ils ne chercheront quà sattaquer aux « comment » : Comment faire disparaître la guerre, la famine, les maladies ? Le dernier des ennemis sera celui-ci : Comment détruire biologiquement la mort ? Grâce à la science, lhumanité réussira. Ce sera lère de la paix définitive, lâge poste-moderne, la fin de lhistoire. Il a profondément tort. Il oublie que lhomme est fondamentalement religieux. Il se pose forcement les « pourquoi ». Mais les réponses peuvent être multiples. La dernière semble être la religion de Lucifer : vie éternelle dans la liberté totale
[367] Le mystère de liniquité, tel que je lai montré dans lhistoire de Lucifer, nest pas un athéisme. Cest une religion qui parle de vie éternelle. Mais la vie proposée par Satan na rien à voir avec celle de Dieu. Sa dignité nest pas celle de lamour poussé jusquau mépris de soi Elle est liée au culte de sa grandeur individuelle. En conséquence, il est possible que lun de ses dogmes fondamentaux annonce une forme de réincarnation personnelle sur terre. Il ne sagit pas de la réincarnation telle que la conçoivent les hindouistes ou les bouddhistes. Pour ces sagesses, la réincarnation est la punition dun manque danéantissement de soi, donc dhumilité. Pour lAntéchrist, la réincarnation sera plutôt annoncée comme une espérance de lindividualisme, dans le style de lespérance New Age.
[368] En latin, Lucis ferro, Lucifer. Satan redevient ce quil était à lorigine: un être intelligent et spirituel. Il « rampa sur son ventre » pendant des siècles, cest-à-dire quil tenta lhomme charnellement, uniquement parce que cétait le meilleur moyen de faire tomber des peuples vulgaires. A la fin du monde, il sadressera à des peuples cultivés. Il parlera donc en vérité de son projet de paradis fondé sur la noblesse des intelligences.
[369] Sous-entendu Jésus-Christ et son message dhumilité et damour.
[370] Il est intéressant de remarquer que, pour plusieurs messianismes temporels, annonçant pour bientôt un paradis religieux sur terre avec le Christ (par exemple les témoins de Jéhovah), il sera aisé de confondre ce faux Messie et le vrai.
[371] Voir Genèse 11, 9: Dieu divisa lhumanité à Babel pour lempêcher de sunir et de se croire toute puissante. Son but nétait bien sûr pas la préservation égoïste de sa primauté mais le salut éternel de lhomme.
[372] Saint Paul explique que ladhésion à lÉvangile de lhomme impie ne peut venir quaprès la disparition de la vraie religion de Dieu. Voir la deuxième lettre aux Thessaloniciens, 2, 6-8: «Vous savez ce qui retient aujourdhui lapostasie et lHomme impie, de façon quil ne se révèle quà son moment.. »
[373] Un texte de lApocalypse de saint Jean 13, 15 : « On lui donna même d'animer l'image de la Bête pour la faire parler, et de faire en sorte que fussent mis à mort tous ceux qui n'adoreraient pas l'image de la Bête. » La bête est Lucifer (cest le dragon rouge-feu de la Bible). Limage de la bête est lidéologie qui motiva sa révolte originelle contre Dieu. Mais cest aussi, très matériellement, le monde des dinosaures, ces dragons disparus depuis 65 millions dannée. Il y aura certainement à cette époque des correspondances très curieuses, comme la renaissance par limage ou même par génie génétique de certaines de ces espèces du passé, afin que tous les hommes, même les moins réfléchis, ne soient pas totalement étrangers aux signes des temps.
[374] Daniel 8, 24.
[375] On peut les distinguer avec facilité en considérant lordre dimportance donné aux vertus: Dans cet évangile luciférien, la première est la liberté, la deuxième est la puissance. La concorde entre les hommes ne vient quen fonction de ces deux principes. LÉvangile du Christ est celui de la petitesse et de lamour poussé, sil le faut, jusquau mépris de sa propre liberté.
[376] LAntéchrist, 1905.
[377] II Thessaloniciens, 2, 9.
[378] S. Augustin, La cité de Dieu, liv. XX, n° XX.
[379] Apocalypse 11.
[380] 2 Thessaloniciens 2, 4.
[381] Décret sur les religions non chrétiennes.
[382] Galates 1, 8.
[383] Anne-Catherine Emmerich (citée à titre de simple témoignage, sans quil lui soit attribué dautorité)* vit au XIXème siècle ce dernier antichristianisme sous la forme de la fameuse prostituée de lApocalypse : « Mais cette ignoble fiancée voulait se marier et, qui plus est, à un jeune prêtre pieux et éclairé. Je crois que cétait un des douze que je vois souvent opérer des uvres importantes sous linfluence de lEsprit Saint. Il sétait enfui de la maison à la vue de cette femme. Elle le fit revenir en lui adressant les paroles les plus flatteuses. Quand il arriva, elle lui montra tout et voulait tout remettre entre ses mains. Il sarrêta quelque temps. Puis il prit un air grave et très imposant. Il la maudit ainsi que tous ses manèges, comme étant ceux dune infâme courtisane et se retira. » (Vie dAnne-Catherine Emmerich, Téqui, 1950, Tome 2, p. 398). Ce texte représente bien cette dernière parole de la vraie Église au temps de lAntéchrist.
[384] Marc 13, 10.
[385] Chapitre 5.
[386] Daniel 8, 25.
[387] 2 Théssaloniciens 2, 4.
[388] ou de ce qui précèdera sa venue, le dernier des antichristianismes.
[389] Daniel 9, 26.
[390] 2 Thessaloniciens 2, 6-8.
[391] Luc 21, 24.
[392] Nous avons montré que toutes les prophéties de Jésus concernant Israël ont en premier lieu un sens politique. Elles sont datables dans leur réalisation. Lhistoire qui est en marche permet de deviner les grandes lignes des évènements à venir: Jérusalem* est aujourdhui divisée en deux. Une partie est tenue par les Juifs, lautre partie par les Palestiniens chrétiens et surtout musulmans, eux que lAncien Testament appelle les « gentils » (les peuples). Or les guerriers musulmans sont en train de se rendre odieux aux yeux des nations coalisées. Y aura-t-il guerre, crime puis défaite de lislamisme et, avec lui, parce que lhistoire aime peu les nuances, de lislam? Si cest le cas, il est peu probable quune mosquée continue à trôner sur le mont du Temple. Si, au cours du XXIéme siècle, une nation ou un groupe musulman prend linitiative du terrorisme nucléaire, il provoquera non seulement une réaction nucléaire mais, à court terme, la fin du système politique des nations et à moyen terme, le rejet des religions dans leur ensemble.
[393] l Thessaloniciens 5, 3.
[394] Daniel 8, 25.
[395] « Tout ce qui porte le nom de Dieu », donc tout ce qui peut conduire au minimum à lhumilité, au maximum à lamour de Dieu.
[396] Daniel 12, 7.
[397] 2 Thessaloniciens 2, 4.
[398] Matthieu 24, 15.
[399] Le secret de la Salette décrit cette époque: « Le Vicaire de mon Fils aura beaucoup à souffrir, parce que pour un temps lÉglise sera livrée à de grandes persécutions. Ce sera le temps des ténèbres. LÉglise aura une crise affreuse. La sainte foi de Dieu étant oubliée, chaque individu voudra se guider par lui-même et être supérieur à ses semblables. On abolira les pouvoirs civils et ecclésiastiques, tout ordre et toute justice seront foulés aux pieds. On ne verra quhomicide, haine, jalousie, mensonge et discorde, sans amour pour la patrie et la famille. Le Saint-Père souffrira beaucoup. Je serai avec lui jusquà la fin pour recevoir son sacrifice. Les méchants attenteront plusieurs fois à sa vie sans pouvoir nuire à ses jours. Mais ni lui, ni son successeur ne verront le triomphe de lÉglise de Dieu. »
[400] Jean 21, 18-23.
[401] Genèse 5, 24.
[402] Voir Daniel 8, 9.
[403] Apocalypse 11, 9.
[404] Voir Lanneau du pécheur de Jean Raspail, qui raconte la manière dont disparut du monde visible la papauté* dAvignon.
[405] Apparition reconnue canoniquement par lÉglise. Les textes cités ont une certaine autorité dont le degré est rappelé en fin douvrage. La béatification de deux des trois voyants montre limportance que donne lAutorité apostolique romaine à cet événement.
[406] Dévoilé au monde le 26 juin 2000 par le pape Jean-Paul II. Mon opinion est que ce secret ne concerne pas le passé. Elle diffère en cela de celle du cardinal Ratzinger (commentaire du secret, 26 juin 2000). Sa portée me semble être beaucoup plus grande que lattentat de 1981 contre Jean-Paul II. Le fait que les autorités de Rome le rangent dans les faits passés nest-il pas lié à cette parole de Jésus en Jean 21, 18 : « Quand tu auras vieilli, tu étendras les mains, et un autre te ceindra et te mènera où tu ne voudrais pas. »
[407] Matthieu 16, 18.
[408] Matthieu 12, 38.
[409] Matthieu 27, 57.
[410] Voir Job 1: Satan a librement accès devant Dieu car sa révolte libre est respectée par Dieu.
[411] Certes, il ne peut exister pire péché. Mais, nous lavions déjà expliqué, une telle perfection dans le mal ne pourra être quune « apparence », une image de la lucidité parfaite qui règne en enfer. Mettre lenfer ici-bas consistera à entraîner dans un engrenage du « politiquement correct » une foule incapable de vraiment comprendre lénormité de ce quelle fait dans une unanimité apparente du culte de lHomme et du démon. La grande majorité des hommes est incapable dun choix aussi radical car la nature humaine, blessée depuis le péché originel, se débat dans sa faiblesse. Mais les foules humaines peuvent être manipulées au point de paraître adhérer à ce système. Le démon et son serviteur lAntéchrist ont assez de lucidité pour le savoir. Aussi accompagneront-ils leur uvre de la réalisation dun monde qui donnera aux hommes le maximum de bonheur terrestre individuel.
[412] 2 Thessaloniciens 2, 15.
[413] Luc 13, 33. Le destin de lÉglise semble devoir se réaliser dans le même cadre que son commencement. Le peuple juif, nous le verrons y tiendra un rôle important. Voir plus loin: La conversion dIsraël.
[414] Anne-Catherine Emmerich (citée à titre de simple témoignage, sans quil lui soit attribué dautorité)* en eut la révélation dans une de ses visions prophétiques : « Le temps de Antéchrist nest pas si proche que quelques-uns le croient. Il aura encore des précurseurs. Jai vu deux villes des docteurs, de lécole desquels pourraient sortir ces précurseurs. Jai vu la cessation du sacrifice à lépoque de lAntéchrist. » (Vie dAnne-Catherine Emmerich, Téqui, 1950, Tome 2, p. 441 et 492).
[415] Au XVIIème siècle, le cardinal de Bérulle fonda lOratoire. Son disciple Jean-Jacques Olier, fonda les séminaires sulpiciens. Ce fut un immense renouveau de lÉglise. Ils formaient des prêtres qui formèrent ensuite, de manière souvent trop exclusive à la piété eucharistique, les fidèles.
[416] qui nest pas encore une sainte canonisée. Ses écrits sont cités à titre de témoignage. Ce texte a été composé par elle le 4 avril 1931.
[417] A cause de cette réduction de la vie chrétienne à la spiritualité eucharistique, les divorcés remariés, qui nont plus accès à la communion eucharistique, ne pouvaient plus comprendre ce que leur demandait l'Église. Il sont appelés à la spiritualité du publicain décrite en Luc 10, 18: « Deux hommes montèrent au Temple pour prier. Lun était Pharisien et lautre publicain. Le Pharisien, debout, priait ainsi en lui-même: Mon Dieu, je te rends grâces de ce que je ne suis pas comme le reste des hommes. Je suis un homme vertueux. Le publicain, se tenant à distance, nosait même pas lever les yeux au ciel, mais il se frappait la poitrine, en disant: Mon Dieu, aie pitié du pécheur que je suis! Je vous le dis: ce dernier descendit chez lui justifié, lautre non. Car tout homme qui sélève sera abaissé, mais celui qui sabaisse sera élevé. » Tout est dit ici de la communion de celui qui ne peut plus communier.
[418] Anne-Catherine Emmerich (citée à titre de simple témoignage, sans quil lui soit attribué dautorité) vit Marie :« Je vis au-dessus de léglise saint-Pierre de Rome fort amoindrie, une femme majestueuse revêtue dun manteau bleu de ciel qui sétalait au loin, et portant une couronne détoiles sur la tête. Son manteau allait toujours en sélargissant et finit par embrasser tout un monde avec ses habitants.» (Vie dAnne-Catherine Emmerich, Téqui, 1950, Tome 3, p. 160).
[419] Cest pourquoi, à la fin de ce troisième temps, alors que lAntéchrist sera au sommet de son règne, alors quil aura établi sur le monde une paix extérieure très réelle, le Messie reviendra, obéissant à la prière des saints. Ainsi, la fin des temps, cest-à-dire la fin du temps de lAntéchrist, coïncidera avec la fin du monde.
[420] Romains 5, 20.
[421] Qui est un saint canonisé. Ses visions et ses prophéties ont de ce fait une certaine autorité dont le degré, sans rapport évidement avec celui de la Révélation publique, est précisé en fin douvrage. Traité de la vraie dévotion à la Sainte Vierge, édition du seuil, Paris, 1966, 44, 51.
[422] Luc 18, 8.
[423] Matthieu 24, 22. Anne-Catherine Emmerich (citée à titre de simple témoignage, sans quil lui soit attribué dautorité), une célèbre stigmatisée du XIXème siècle, témoigne : « Il ny a quune Église, lÉglise catholique romaine. Et quand il ne resterait sur la terre quun seul catholique, celui-ci constituerait lÉglise une, universelle, cest-à-dire lÉglise catholique, lÉglise de Jésus-Christ, contre laquelle les portes de lenfer ne prévaudront pas. » (Vie dAnne-Catherine Emmerich, Téqui, 1923, Tome I, p. 528).
[424] Job 19, 25.
[425] Nous lavons dit précédemment, comme le christianisme, Ismaël sera purifié par lépreuve des guerres perdues dans le sang, de lapostasie* de ses fidèles. Ils entreront dans la prise de conscience de leur faute, le repentir, et le désir de la venue du Messie.
[426] Concile Vatican II, décret sur les religions non chrétiennes.
[427] Catéchisme de lÉglise Catholique, n° 674. Ce texte, publié en 1992 par le Pape Jean-Paul II est le reflet authentique de la foi catholique. Il a donc une très grande autorité.
[428] Chapitre 5.
[429] Luc 13, 35.
[430] Il ne convient pas de parler du peuple juif comme de « l'ennemi de Dieu ». Ce serait négliger l'Alliance. Mais, au plan du symbole néo-testamentaire, l'Israël séparé du Christ est gardé tel par Dieu en vue dune grande conversion individuelle et politique, vers la fin du monde.
[431] Luc, 11-32. Nous verrons au chapitre suivant comment il peut éclairer le mystère du retour du Christ, de sa tenue au temps de lAntéchrist.
[432] Genèse 37, 45 et ss. Cette histoire est lune des plus romanesques racontées par la Bible.
[433] Genèse 37, 26.
[434] Ceci ne soppose pas à une autre opinion souvent proférée par les anciens Pères de lEglise, comme quoi une partie des Juifs adhèrerait dans le futur au message de lAntéchrist. « Je suis venu au nom de mon Père, et vous ne m'avez pas reçu ; un autre viendra en son nom et vous le recevrez. » (S. Jean, V, 43.) C'est sur cette parole adressée par Jésus-Christ aux Juifs, ses contemporains et ses adversaires, que cette croyance s'est établie ; et l'on peut dire qu'elle est le sentiment commun des Pères de l'Église. Nommons saint Irénée, saint Hippolyte, saint Hilaire, saint Cyrille de Jérusalem, saint Grégoire de Nazianze, saint Ephrem, saint Ambroise, Rufin, saint Jérôme, saint Chrysostome, saint Prosper, saint Cyrille d'Alexandrie, Théodoret, Victorinus, saint Grégoire le Grand, André de Césarée, le Vénérable Bède, saint Jean Damascène, Théophylacte, saint Anselme, etc. Le peuple Juif nest jamais unanime dans ses opinions. Il est limage de lhumanité
[435] Luc 13, 33.
[436] Aggée 2, 9. Cette interprétation ne soppose pas à une autre : la reconstruction hypothétique du Temple de Jérusalem, où jadis, les Juifs adoraient Yahvé de manière semblable à celle des catholiques dans les tabernacles des églises Dieu se plait souvent à réaliser matériellement ce quil a réalisé en esprit et vérité.
[437] Disposer au salut ne veut pas dire donner le salut : Humilier les curs ne signifie pas les unir à Dieu. Mais cest une première étape
[438] Matthieu 4, 4.
[439] Matthieu 24, 22.
[440] Matthieu 24, 22.
[441] Lhistoire nous montre quelles furent dramatiquement vraies pour bien des générations de nos ancêtres, sans compter les signes donnés par Dieu sous formes dimages dans le ciel. On pense au soleil dont limage tourna et parut se précipiter sur la terre à Fatima. On pense aussi à ce que rapporte la Bible dans le deuxième livre des Maccabées 10, 29: « Au fort du combat, apparurent du ciel aux ennemis, sur des chevaux aux freins d'or, cinq hommes magnifiques qui se mirent à la tête des Juifs ».
[442] Voilà en résumé le sens de ce livre.
[443] Littéralement, en Matthieu 24, 28: « Où que soit le cadavre, là se rassembleront les vautours». Seuls les mystiques, fils de Marie, pourront contempler les restes de lÉglise disparue (les bâtiments désaffectés, les anciens traités théologiques), et comprendre ce qui se joue.
[444] Jean 6, 63.
[445] Apparition reconnue canoniquement par lÉglise. Les textes cités ont une certaine autorité dont le degré est rappelé en fin douvrage.
[446] Matthieu 24, 29.
[447] Matthieu 5, 18.
[448] Le philosophe athée Feuerbach a analysé avec justesse le feu profond de lâme humaine. Pour lui, le Dieu des chrétiens et son amour jusquà la mort fut le seul « conte » imaginé au cours de lhistoire et capable de répondre à la nature même de linconscient spirituel le plus profond. (Voir Lessence du Christianisme)
[449] La Genèse fait de la mort le mystère le plus ultime, celui que lhomme veut à tout prix vaincre. Genèse 3, 22 Puis Yahvé Dieu dit: « Voilà que lhomme est devenu comme lun de nous, pour connaître le bien et le mal! Quil nétende pas maintenant la main, ne cueille aussi de larbre de vie, nen mange et ne vive pour toujours! » A la fin du monde, la notion darbre de vie (Genèse 3). Ce livre, quon prend habituellement comme une uvre mythique, rejoint lhistoire de manière surprenante.
[450] Genèse 3, 22 et ss.
[451] Genèse 6, 1.
[452] Genèse 3, 24.
[453] Donc dans un autre monde, pas ici-bas, quoiquen pensent les Témoins de Jéhovah.
[454] La science génétique est de grande importance dans cette histoire car celui qui la maîtrise possède le pouvoir sur la vie. Pour lorgueil humain, elle est donc lune des conquêtes les plus importantes. Mais lA.D.N. est aussi un texte écrit. Loin dêtre produit par le seul hasard, son évolution est provoquée par la plus intelligente des actions. Les logiciels de la vie furent produits comme par des ingénieurs informaticiens, par un ordre danges que saint Thomas dAquin appelait Vertus. En conséquence, la connaissance des mécanismes génétiques produira deux effets : 1- Lexistence dune Intelligence organisatrice du monde ne pourra plus être niée (voir le texte de Paul VI cité au chapitre 4, troisième étape de lapostasie). 2- Il sera plus que jamais possible de se révolter contre Dieu grâce au pouvoir sur la vie humaine (clônage, chimères, tout sera imaginable, jusquà la limite fixée par rapport à limmortalité.)
[455] Quant à la tentative de rendre lhomme immortel sur terre, ce prodige ne pourra jamais être réalisé, nous lavons montré. Cest la limite ultime des permissions de Dieu concernant les réalisations orgueilleuses de la science humaine
[456] Luc 21, 25. Rappelons pour la dernière fois que ce genre de textes semble annoncer au sens premier littéral des évènements futurs. Bien que leur autorité est la plus haute qui soit, ils doivent être utilisés avec prudence car leur sens est souvent, de par la volonté de Dieu, multiple.
[457] Matthieu 24, 29-31.
[458] Daniel 8, 25.
[459] 2 Thessaloniciens 2, 8.
[460] Luc 21, 28.
[461] Matthieu 24, 22.
[462] Daniel 9, 27.
[463] Daniel 12, 11.
[464] Il réaliseront ce que Jésus dit de Jean: Sil me plaît quil demeure jusquà ce que je vienne malgré la disparition de lÉglise hiérarchique (symbolisée dans le même texte par saint Pierre.
[465] 2 Thessaloniciens 2, 8.
[466] Matthieu 24, 34.
[467] Genèse 11, 4.
[468] Genèse 11, 1.
[469] Genèse 11, 7.
[470] Genèse 6, 3.
[471] Selon lexpression de la Vierge Marie dans son apparition à la Salette.
[472] 2 Chroniques 36, 21.
[473] Exode 16, 35.
[474] Apocalypse 22, 6.
[475] Genèse 11, 6.
[476] Isaïe 2, 11.
[477] Du même auteur, Lheure la mort.
[478] Sur ce pouvoir des anges, voir dans la Bible, Tobie 12, 19.
[479] Matthieu 24, 27. On voit quil ny a aucune confusion possible avec les prodiges de lAntéchrist, ses techniques délévation aériennes.
[480] Luc 1, 29, car lange lavait appelée « pleine de grâce ». Les chrétiens de lÉglise du sépulcre seront plein de grâces.
[481] Luc 15, 11 ss.
[482] Sil en reste à cette époque car il est probable quils auront déjà reconnu en masse Jésus comme le Messie. Voir chapitre 7, la conversion dIsraël.
[483] Luc 13, 35.
[484] Apocalypse 19, 20.
[485] Apocalypse 20, 10.
[486] Voir du même auteur, Lheure de la mort, les six péchés contre lEsprit Saint. On peut, grâce à la théologie, reconstituer une partie du destin dHitler, juste après son suicide. Il fut lui aussi un Antéchrist. Sa vie illustre celle du dernier Antéchrist. Lorsque Adolf Hitler sest suicidé, il a quitté ce monde en emportant la responsabilité directe de dizaines de millions de vies humaines détruites dont, en particulier, quelques millions de femmes, denfants coupables dêtre nés accompagnés de son mépris. Formellement, et sans entrer trop rapidement dans sa conscience, Hitler ne semble pas sêtre rendu coupable ici-bas dun véritable blasphème contre lEsprit Saint. Rappelons-le, les conditions requises pour commettre ce péché sont vertigineuses. Dieu est juste et la moindre ignorance déterminante par rapport au sens de la vie terrestre est reçue comme une circonstance atténuante. A la différence de Monseigneur Cauchon, le théologien bourreau de sainte Jeanne dArc, Hitler ignore bien évidemment la théologie et le cur de Dieu. Il ne soupçonnait pas un seul instant à quel point il était aimé par les milliards dêtres humains et angéliques présents auprès de Dieu. Nul ne peut savoir à lavance comment il aurait vécu sil avait connu le Seigneur de la gloire.
De toute façon, il est certain quil fut accueilli à lheure de sa mort par le déploiement dun innombrable cortège de saints. Le Ciel entier se mobilisa pour sauver ce grand pécheur. Parmi les âmes présentes brillaient celles de millions de juifs quil avait fait exterminer. Il les vit un à un pendant un de ces regards profonds que peut offrir la puissance de Dieu au moment décisif. Toutes ces âmes réunies proposaient leur pardon à Hitler, sans arrière-pensée. Cest ainsi que lon est au Ciel. Nul ne peut entrer au Ciel sans être ainsi. Cest pourquoi il est certain que les Juifs accueillirent Hitler de cette façon. Il vit le visage de Jésus rayonnant la vérité, mais aussi la douceur et lhumilité. Il vécut de lintérieur cette parole terrible pour lui de lÉvangile: «Tout ce que vous avez fait au plus petit dentre les miens, cest à moi que vous lavez fait ». Le silence accueillant de Dieu à linstant de la mort est décrit par lÉcriture comme le Jour de la colère (Dies irae). Car il vaudrait mieux affronter la colère de Dieu que son pardon. Mais le démon aussi, avait droit à la parole, comme il convient en cette occasion. Il nest pas difficile, connaissant les obsessions dHitler durant sa vie terrestre, den reconstituer la teneur. Satan sait comment parler pour toucher une âme dans laxe même de sa perversité: Vois ces juifs, ces tziganes que tu as méprisés avec raison toute ta vie. Regarde leur humiliante attitude de dépendance les uns vis-à-vis des autres. Regarde la royauté quils ont reçue de Dieu. Si tu te convertis maintenant, noublie pas que toi, le Guide de millions dhommes, tu seras plus petit queux pour léternité. De Maître que tu étais, tu deviendras inférieur car chacun se fait serviteur de tous dans leur monde. Ne te convertis pas. Reste fidèle à ton combat, sois Roi avec moi, loin de ces gens. » Là se trouve la puissante tentation de lenvie des grâces fraternelles. Elle concerne tout homme qui a été dominant vis-à-vis de son prochain durant sa vie. Il est difficile de renoncer au pouvoir. Lécho de ces paroles fut, on sen doute, immense dans un cur tel que le sien. Elles correspondaient à toute sa vie. Nous ne saurons quau Ciel quel fut le choix définitif dHitler en ce 30 avril 1945. Implora-t-il le pardon de Dieu et de ses frères? Provoqua-t-il au Ciel la plus grande joie? Céda-t-il au contraire à lenvie, selon linclination acquise par toute une vie nourrie de haine? Lenvie des grâces fraternelles, deuxième péché contre lEsprit Saint, est sans rémission possible car, commis ainsi dans la lucidité de lheure à la mort, il est le fait dune personne qui jamais plus ne reviendra en arrière.
[487] Du même auteur, Lheure de la mort.
[488] Apocalypse 19, 21.
[489] Je parle ici par manière dallégorie car tout cela se fera plus profondément, par mode de communion dâme, par une sorte dintense télépathie des curs.
[490] Cantique des cantiques 5, 6 ss.
[491] Du même auteur, Lheure de la mort.
[492] 1 Corinthiens 15, 55.
[493] Voir, dune autre manière Romains 11, 32 : « Dieu a enfermé tous les hommes dans la désobéissance pour faire à tous miséricorde. »
[494] Catéchisme de lÉglise Catholique, n° 1042, 1043. Ce texte, publié en 1992 par le Pape Jean-Paul II est le reflet authentique de la foi catholique. Il a donc une très grande autorité pour la foi.
[495] 1 Corinthiens 15, 5 ss.
[496] En dépit de 1 Thessaloniciens 4, 17, l'enseignement commun de lÉglise était autrefois que tous les hommes mourraient (cf. Romains 5, 12. 1 Corinthiens 15, 22) parce que tous sont pécheurs. Cependant, ce courant traditionnel était essentiellement fondé sur une erreur de traduction dans la Vulgate. Saint Jérôme écrivait, à propos du texte de saint Paul: « Je vais vous dire un mystère: nous mourrons tous. » Cette traduction a pu être rectifiée par la suite. Ce texte affirme donc au sens littéral que ceux qui verront le retour du Christ à la fin du monde ne mourront pas. En confrontant cela aux autres textes qui semblent le contredire, nous pensons qu'il convient de dire ceci: ceux qui seront sauvés mourront tous à eux-mêmes, à leur orgueil et à leur égoïsme, mais la dernière génération sera dispensée de la mort physique.
[497] La vie après la vie, docteur Moody, Robert Laffont, 1977, page 35. Sur la survie, outre les facultés spirituelles, des facultés sensibles après la mort, voir du même auteur Lheure de la mort, la recherche philosophique sur la N.D.E.
[498] 1 Corinthiens 15, 52.
[499] 1 Rois 19, 12.
[500] Ce serait ridicule et nous savons que la matière ne cesse de varier au cours de notre existence. On dit même quelle se renouvelle tous les sept ans. Ce qui fait quun corps humain est le sien, cest d'abord et fondamentalement son chiffre génétique, porté sur les chromosomes et définitivement fixé dès notre conception. A l'intérieur de ce chiffre, certains défauts ne constituent pas essentiellement notre être physique et peuvent être guéris en nous laissant semblables à nous-mêmes. La pratique traditionnelle du culte des reliques des saints na donc plus aujourdhui le sens matériel dautrefois. Lintelligence de la foi a progressé sur ce point. Cest pourquoi lÉglise autorise lincinération des cadavres depuis le Concile Vatican II.
[501] 1 Corinthiens 15, 44-49.
[502] Voir le livre de Tobie.
[503] Jean 20, 27.
[504] Daniel 12, 2.
[505] Nous verrons ultérieurement à quoi ressemblera leur enfer de ressuscités.
[506] Certaines propriétés sont miraculeuses en ce sens quelles dépassent les lois de la matière. Ainsi, le mouvement instantané est impossible, ainsi que le fait dêtre en deux lieux à la fois (bilocation). La puissance de Dieu rendra cela possible, à volonté. Très concrètement, cela signifie quil sera possible aux amis de Dieu de se déplacer physiquement de manière instantanée dun bout à lautre de lunivers, malgré les distances immenses (milliard dannées lumière). Les damnés ne le pourront pas, sappuyant non sur la Puissance infinie de Diu mais sur la vigueur limitée de leur âme.
[507] Pour connaître ces quatre propriétés, voir du même auteur, Lheure de la mort.
[508] Voir dans louvrage, Lheure de la mort. Il existe six étapes du purgatoire. Elles ne sont pas obligatoires. Leur but est de rendre totalement humble celui qui aime Dieu. Ce passage sera aussi bref en temps réel quil paraîtra long en temps intérieur aux hommes assoiffés de la présence du Christ.
[509] Matthieu 13, 29.
[510] Apocalypse 19, 20.
[511] Apocalypse 19, 20 et des dizaines dautres références évangéliques.
[512] Catéchisme de lÉglise Catholique, n°1046. Ce texte, publié en 1992 par le Pape Jean-Paul II est le reflet authentique de la foi catholique. Il a donc une très grande autorité pour la foi.
[513] Voir, du même auteur, Lheure de la mort.
[514] Daprès saint Augustin, Les confessions.
[515] 1 Corinthiens 2, 9.
[516] En plus de la Vision de sa vie Trinité et de la présence de nos frères anges et hommes qui est la grâce essentielle et suffisante.
[517] Comme tout cela est inimaginable, bien des points seront traités au conditionnel. Nous nous trouvons dans l'attitude exacte des enfants le jour de Noël. Ils nont pas encore le droit de descendre voir le sapin mais ils soupçonnent, connaissant l'amour et la richesse en inventions de leurs parents, les présents cachés.
[518] 2, Pierre 3, 10. Ce texte, valable pour la fin du monde, est vrai aussi pour chaque civilisation, pour chaque génération. Les plus belles constructions humaines finissent tôt ou tard à létat de ruine. Des sept merveilles du monde antique, seules les pyramides dEgypte subsistent, rongées par les caries du temps. Ce fait paraît dramatique. En fait, les constructions de lhomme ont plusieurs inconvénients : Elles sont souvent le fruit de lorgueil, pas seulement de lamour désintéressé. Elles sont faites de matière soumise à la corruption. De plus, en comparaison de ce quil nous sera possible de faire dans lautre monde, avec la liberté dune imagination sans limite et dune matière sans résistance, tout ce qui est ici-bas est très gris et très laid!
[519] Cette phrase choque. Jésus la tint explicitement à ses disciples qui sextasiaient de la beauté du Temple de Jérusalem.
[520] Matthieu 24, 2: A limage du Temple, pourtant magnifique, de Jérusalem*. Le Cathéchisme de lÉglise Catholique précise 1050 "Car tous les fruits excellents de notre nature et de notre industrie, que nous aurons propagés sur terre selon le commandement du Seigneur et dans son Esprit, nous les retrouverons plus tard, mais purifiés de toute souillure, illuminés, transfigurés, lorsque le Christ remettra à son Père le royaume éternel et universel" (GS 39, _ 3; cf. LG 2). Dieu sera alors "tout en tous" (1 Co 15, 28), dans la vie éternelle: La vie subsistante et vraie, c'est le Père qui, par le Fils et en l'Esprit Saint, déverse sur tous sans exception les dons célestes. Grâce à sa miséricorde, nous aussi, hommes, nous avons reçu la promesse indéfectible de la vie éternelle (S. Cyrille de Jérusalem, catech. ill. 18, 29).
[521] 2 Pierre 2, 7.
[522] Le plus grand parmi les théologiens, saint Thomas dAquin, dans son traité de lIncarnation (Somme théologique, Troisième partie), accepte la possibilité dautres modes de salut. Selon lui, le Verbe peut même sincarner « plusieurs fois », dans plusieurs individuations!
[523] Catéchisme de lÉglise Catholique, n° 1038, 1039.
[524] Matthieu 5, 6.
[525] Matthieu 22, 25.
[526] Apocalypse 22, 3-5.
[527] Doù limportance de se familiariser avec le mystère de lÉvangile tel que je lai rapporté dans la préface.
[528] Jean 12, 24.
[529] 1 Corinthiens 1, 23.
[530] Apocalypse 13, 1.
[531] De type « Témoin de Jéhovah », car leur sens fondamental est effectivement littéral.
[532] Matthieu 24, 2.
[533] Isaïe 7, 14.
[534] Voir par exemple 2 Thessaloniciens, 2.
[535] Catéchisme de lÉglise catholique, Mame, 1992, n° 675, 676. Ce texte, publié en 1992 par le Pape Jean-Paul II est le reflet authentique de la foi catholique. Il a donc une très grande autorité pour la foi.
[536] Parfois il est plus que probable. Cest le cas pour les cinq prophéties concernant Israël. Le peuple élu a le privilège dêtre à lui seul une icône historique et politique de la vérité de Dieu (voir chapitres 5 et 7). Pour le reste, tout dépend de la qualité du théologien qui le reconstruit, de sa vie de prière, de sa fréquentation des Écritures et de son amour pour la Vierge Marie. Curieusement ce dernier point est le plus important. Seule la Vierge Marie est capable dexpliquer ce quelle a été seule à vivre au pied de la croix: la fin du monde ressemble à la croix de Jésus.
[537] Luc, 22, 23.
[538] Matthieu 16, 18.
[539] Apocalypse 20, 2.
[540] Le catéchisme de lÉglise catholique est présenté par le pape Jean-Paul II comme « lenseignement sûr et authentique de la doctrine catholique », constitution « Fidei depositum ».
[541] Jean 12, 24.
[542] Catéchisme de lÉglise Catholique, Mame, 1992, n° 675, 676. Voir le texte in extenso page 8 de cet ouvrage.
[543] Lumen Gentium 25. Congrégation pour la Doctrine de la foi, Instruction Donum Veritatis, 23 et 24, AAS 82 (1990) p. 1559-1561.
[544] Constitution Ad tuendam Fidem, commentaires de la Congrégation pour la Doctrine de la foi, n° 11, 18 mai 1998.
[545] Il ajoute: « quoique non divinement révélées », cest-à-dire que, même si elles viennent vraiment de Dieu, elles nont pas ce statut particulier qui est réservé à la seule révélation officielle.
[546] Par exemple, le premier miracle de Lourdes rendit la vue à un enfant sans réparer ses yeux handicapés. « Tu ne peux pas voir », disait le médecin rationaliste qui constata le phénomène. « Je vois », répondait lenfant. Cest un miracle.
[547] Il sagit pour lessentiel, en ce qui concerne les messages apocalyptiques, des apparitions de La Salette, de Lourdes, Pontmain, Fatima et de la rue du Bac (apparitions reconnues officiellement par lautoritéde lÉglise). Dautres sont en cours détude: Rwanda, Medjugorje*
[548] Voir par exemple Apocalypse 6, 4. 6, 8. 1 Jean 2, 18.
[549] Sa prophétie est citée in extenso au chapitre 6 consacré à lAntéchrist.