Père Nicolas NIYUNGEKO
Sanctuaire de BUTA
Diocèse de BURUDI
D/S 140 BUJUMBURATel. 00257.27.04.00
Fax. 00257.27.04.03
" Les MARTYRS de la Fraternité Chrétienne" du BURUNDI, pays des grands Lacs.
Le BURUNDI est un pays qui a une taille d'un département français, une population de 6 millions d'habitants composée de 3 ethnies : HUTU (85 %), TUTSI (14 %) et TWA (1 %). Nous avons une langue nationale, le KIRUNDI. Au niveau religieux : 75 % sont catholiques, 24 % protestants, le reste des musulmans et des animistes. Le drame, c'est que ceux qui se disent chrétiens s'entre-tuent pour des raisons politico-éthniques. C'est dire que l'Evangile n'est pas leur référence. La guerre qu'y sévit, depuis 1993 jusqu'à nos jours, a touché tous les secteurs de la vie nationale. Les Chrétiens qui essayent de témoigner de leur foi sont les premières victimes de ses barbaries. Ces témoins de la foi sont nombreux dans un pays qui meurt en silence, où un génocide à la Rwandaise est toujours rampant. Ce Pays comme tout autre pays du monde avait le droit d'être aimé, mais hélas, il est jeté aux oubliettes de l'histoire. Au-delà de la haine, de la vengeance et de l'injustice, nous assistons à la réussite de l'uvre du Christ, dans ses petits frères -les séminaristes-, dans l'Eglise du BURUNDI, les MARTYRS de la fraternité Chrétienne.
QUI SONT CES MARTYRS ? Un petit aperçu historique
Ce fut une consternation générale dans tout le pays et dans le monde entier. Notre SAINT PERE, le Pape Jean-Paul II, a lui-même envoyé un message de condoléance à l'Evêque du diocèse de BURURI, se joignant ainsi à toute l'Eglise du BURUNDI en deuil. - En effet, ces 40 séminaristes (âgés entre 15 et 20 ans) sauvagement assassinés dans leur sommeil matinal appartenaient à plusieurs diocèses du BURUNDI. Cette attaque a suscité d'autant plus d'émotions que le Séminaire de BUTA s'était rendu célèbre par la sauvegarde de l'unité entre les deux ethnies (HUTU et TUTSI) depuis le début de la guerre civile, en Octobre 1993. - Tandis que beaucoup d'écoles fermaient les portes et que d'autres vivaient sous la hantise des tueries interéthniques, le Séminaire de BUTA grâce à l'effort particulier des éducateurs et des élèves eux-mêmes était resté un îlot de paix dans un océan de haine et de vengeance que vivait le pays. Ce qui a frappé le plus est la façon dont ces élèves sont morts. C'est pour cela qu'on les appelle les Martyrs de la fraternité. Un mois avant l'attaque, tous les séminaristes venaient de faire une retraite d'une profondeur particulière pendant le Triduum pascal. Pâques a été célébrée dans une euphorie de joie dépassant la normale. Après les vacances, du 20 au 24 Avril 1997, la classe de seconde, comme on le fait chaque année, avait une retraite de discernement de leur vocation avec les membres du Foyer de Charité de GIHETA. A la fin de la retraite, cette classe animée d'un esprit tout à fait nouveau semble avoir lancé le coup d'envoi de la préparation à cette mort sainte de ces innocents. Pleins d'allégresse et de joie, ils n'avaient qu'un mot à la bouche : " Dieu est bon, nous l'avons rencontré ". Ils parlaient du Paradis comme s'ils en venaient, du Sacerdoce comme s'ils venaient d'être ordonnés prêtres tout de suite. Leur engagement indéfectible au service de l'Eglise jusqu'à la mort était leur chanson. Quelque chose de très fort s'était passé dans leur c¸ur, on s'en rendait compte, sans savoir exactement quoi. Ils prirent la décision d'en parler systématiquement à leurs camarades de façon formelle avec l'accord de la direction. Le Mouvement de prière dans la joie embrasa tout le Séminaire. De ce jour, ils priaient, ils chantaient, ils dansaient à l'Eglise heureux d'avoir découvert, semble-t-il, un trésor, le Paradis comme ils le disaient. La veille de leur mort beaucoup n'ont pas travaillé, ils priaient plutôt ils encourageaient ceux qui avaient peur de mourir, c'est le seul moyen d'arriver au ciel, disaient-ils. Quand le lendemain, les assassins les ont surpris au lit, ils les ont sommé de se séparer, les " HUTU " d'un côté et " TUTSI " de l'autre. Ils voulaient tuer une partie mais les élèves ont catégoriquement refusé préférant ainsi mourir ensemble. Leur projet diabolique ayant échoué, les tueurs se sont rués sur les enfants et les ont massacrés à coup de fusils et de grenades. C'est alors qu'on entendit certains élèves chanter des Psaumes de louange et d'autres parler en langue ou dire; " Pardonnez-leur Seigneur, car ils ne savent pas ce qu'ils font ". D'autres encore, au lieu de combattre ou d'essayer de se sauver, allaient plutôt aider leurs frères agonisant sachant bien qu'ils allaient subir le même sort. Les rescapés de ce massacre témoignent que ces élèves sont morts dans une sérénité hors du commun, avec paix, sans cris ni angoisse. Leur mort fut comme un passage doux et léger de leur dortoir à un notre dortoir, sans douleur, sans bruit et sans peur comme ils l'avaient annoncé la veille. Ils sont morts comme des Martyrs de la fraternité honorant ainsi l'Eglise du BURUNDI dont beaucoup de filles et de fils ont été égarés par la haine et la vengeance ethnique. Le 2 Mai 1998,la célébration de la levée de deuil définitive des ces séminaristes tués le30 Avril 1997. Le petit Séminaire de BUTA, a célébré selon la coutume du pays, la levée de deuil définitive des 40 Séminaristes assassinés le 30 Avril 1997. Ce même jour, l'Evêque du diocèse de BURURI a consacré pendant la messe, une Eglise dédiée à leur mémoire en présence d'une foule immense composée de parents des victimes, des prêtres, des religieux et religieuses, des amis et connaissances du Séminaire de BUTA. Le Mémorial de ces Martyrs de la fraternité est baptisé: " MARIE REINE DE LA PAIX ". Etaient également présents à cette fête le Président de la République, le Nonce Apostolique et trois Evêques d'autres diocèses. Ce Sanctuaire, depuis ce jour, est le lieu de pèlerinage où les Burundais viennent prier pour la réconciliation du peuple Burundais, la Paix, la Conversion et l'Espérance pour tous. Puisse leur témoignage de foi, d'unité et de fraternité porter loin et leur sang devenir une semence pour la paix dans notre Pays et le monde entier. |