CHAPITRE III

RÉCEPTION DE LA GRACE


Jésus entra à Capernaüm. Or un centurion avait un serviteur qui lui était très cher, malade et près de mourir. Ayant entendu parler de Jésus, il lui envoya quelques Anciens d'entre les Juifs, pour lui demander de venir et de guérir son serviteur. Ceux-ci, ayant abordé Jésus, le prièrent avec de grandes ins-tances, disant : " Il mérite que tu lui accordes cela, car il aime notre nation et c'est lui qui nous a bâti la synagogue ". Jésus répondit : " J'irai et je le guérirai ". Et il partit avec eux. Comme il n'était plus qu'à une petite distance de la maison, le centurion envoya de ses amis lui dire : " Seigneur, ne prends pas tant de peine, car je ne suis pas digne que tu entres sous mon toit, et c'est pour cela que je ne me suis pas moi-même jugé digne d'aller à toi. Mais donne seulement un ordre et mon serviteur sera guéri. Car moi ( qui ne suis pourtant qu'un subordonné ), j'ai sous mes ordres des soldats et si je dis à l'un : Va - il s'en va; à l'autre : Viens - il vient; à mon serviteur : Fais cela - il le fait ". Jésus fut dans l'admiration de ce langage et, s'adressant à ceux qui le suivaient : Je vous le dis en vérité, chez personne, même en Israël, je n'ai trouvé une foi aussi grande. Je vous déclare que plusieurs viendront de l'Orient et de l'Occident et se mettront à table avec Abraham, Isaac et Jacob, dans le Royaume des Cieux, tandis que les fils du Royaume seront jetés dans les ténèbres du dehors. Là seront les pleurs et les grincements de dents ". Et Jésus dit au centurion : " Va et qu'il te soit fait comme tu as cru ". Et, à cette heure même, le serviteur fut guéri.

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Le lendemain, il se dirigea vers une ville appelée Naïn; avec lui allaient un grand nombre de ses disciples et une foule considérable. Comme il arrivait à la porte de la ville, il se trouva que l'on portait en terre un mort; c'était un fils unique dont la mère était veuve. Une grande quantité d'habitants de la ville étaient avec elle. En la voyant, le Seigneur fut touché de compas-sion envers elle et lui dit : " Ne pleure point ! " Puis il s'approcha et toucha le cercueil. Les porteurs s'arretèrent et il dit : " Jeune homme, je te l'ordonne, lève-toi ! " Et le mort se dressa sur son séant et se mit à parler. Jésus le rendit à sa mère. La crainte les saisit tous et ils glorifiaient Dieu, disant : " Un grand prophète a surgi parmi nos " et : " Dieu a visité son peuple ". Le bruit de ce qui s'était passé se répandit partout en Judée et dans tout le pays environnant.

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Les disciples de Jean ayant rapporté tout cela à leur Maître, dans sa prison, celui-ci en désigna deux et les envoya dire au Seigneur : " Es-tu celui qui doit venir ou devons-nous en attendre un autre ? " S'étant donc présentés à Jésus, ces hommes lui dirent : " Jean-Baptiste nous a adressés à toi pour te dire : Es-tu celui qui doit venir ou devons-nous en attendre un autre ? " Or, en cet instant même, Jésus guérissait plusieurs malades, infirmes et possédés, à beaucoup d'aveugles il rendait la vue. Alors il répondit aux messagers : " Allez rapporter à Jean ce que vous avez vu et entendu : les aveugles voient, les estropiés marchent, les lépreux sont guéris, les sourds entendent, les morts ressuscitent, l'Évangile est annoncé aux pauvres. Heureux celui pour qui je ne serai pas ne occasion de chute ".

Quand les messagers furent partis, Jésus se mit à parler de Jean aux multitudes : " Qu'êtes-vous allés voir au désert ? Un roseau agité par le vent? Qu'etes-vous allés voir ? Un homme aux vêtements somptueux ? Mais ceux qui se revêtent de riches habits vivent dans les palais des rois. Qu'etes-vous donc allés voir ? Un prophète ? Oui, vous dis-je, et plus qu'un prophète. C'est celui dont il est écrit (Malachie ch. 3, v. I) : Voici, j'envoie mon messager pour te précéder et préparer ton chemin devant toi. - Je vous le déclare, parmi ceux qui sont nés de femmes, nul n'est plus grand que Jean. Mais le plus petit dans le Royaume des Cieux est plus grand que lui. Depuis les jours de Jean-Baptiste jusqu'à maintenant, le Royaume des Cieux est pris par violence et les violents s'en emparent. Tous les prophètes et la Loi ont prophé-tisé jusqu'à Jean, et, si vous voulez comprendre, lui-même est Elie qui doit venir ".

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" Que celui qui a des oreilles entende ! En se faisant baptiser du baptême de Jean, tout le peuple qui l'écoutait, même les péagers, ont reconnu la justice de Dieu, mais en ne se faisant pas baptiser par lui, les pharisiens et les docteurs de la Loi ont rejeté le dessein de Dieu à leur égard. A qui donc comparerai-je les hommes de cette génération ? Ils ressemblent à des enfants assis sur la place publique, qui se crient les uns aux autres : Nous avons joué de la flûte et vous n'avez pas dansé; nous avons chanté des complaintes et vous n'avez pas pleuré. Et, en effet, Jean-Baptiste est venu, s'abste-nant de manger du pain et de boire du vin, et vous dites : Il est possédé d'un démon. Le Fils de l'Homme est venu mangeant et buvant ( comme tout le monde ), et vous dites : Voilà un amateur de bonne chère, un buveur de vin, un ami des péagers et des pécheurs. Mais à la sagesse les oeuvres qu'elle accomplit rendent justice ".

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Jésus s'en alla en Galilée, et, quand il arriva, les Galiléens l'accueillirent, à cause de tout ce qu'ils lui avaient vu faire à Jérusalem, pendant la fête à laquelle eux aussi avaient assisté. Jésus se rendit aussi de nouveau à Cana de Galilée, où il avait changé l'eau en vin.

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Or il y avait à Capernaüm un officier royal dont le fils était malade. Cet officier, ayant appris que Jésus, venant de Judée, était arrivé dans le pays, alla le trouver et le pria de descendre à Capernaüm pour guérir son fils qui était mourant. Jésus lui dit : " A moins d'avoir sous vos yeux des miracles et des prodiges, vous ne croyez pas ! " Cet officier du roi lui dit : " Viens, Seigneur, avant que mon fils meure ! " Jésus lui répondit : " Va, ton fils vit ". Cet homme crut à la parole que lui avait dite Jésus et s'en alla. Il était déjà en route, lorsqu'il rencontra ses serviteurs qui lui annoncèrent que son enfant était vivant. Il leur demanda à quelle heure l'enfant s'était senti mieux. Ils répondirent : " Hier, à la septième heure, la fièvre l'a quitté ". Le père constata que c'était à cette heure même que Jésus lui avait dit : Ton fils vit. Dès lors, il devint croyant, ainsi que tous ceux de sa maison.

C'était un nouveau miracle, le second que fit Jésus à son retour de Judée en Galilée.

(MATTHIEU ch. 8, v. 5 à 13; LUC ch. 7, v. I à 1O. - LUC ch. 7, v. 11 à 17. - LUC ch. 7, v. 13 à 30; MATTHIEU ch. 11 v. 2 à 15. - LUC ch. 7, v. 31 à 35; MATTHIEU ch. 11 v. 16 à 19. - JEAN ch. 4, v. 43 à 54).