INTRODUCTION


" Soyez béni, mon Dieu, qui donnez la souffrance
Comme un divin remède à nos impuretés
Et comme la meilleure et la plus pure essence
Qui prépare les forts aux saintes voluptés !
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" Je sais que la douleur est la noblesse unique
Où ne mordront jamais la terre et les enfers
Et qu'il faut, pour tresser ma couronne mystique
Imposer tous les temps et tous les univers.
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" Car c'est vraiment, Seigneur, le meilleur témoignage
Que nous puissions donner de notre dignité
Que cet ardent sanglot qui roule d'âge en âge
Et vient mourir au bord de votre Éternité !

CH. BAUDELAIRE


Les créatures viennent dans le monde pour y accomplir un travail. Or, comme une fraternité intime les cimente toutes ensemble comme les pierres d'un temple universel, ne pouvant parvenir au terme de leur besogne les unes sans les autres, il arrive que celles qui ont fini leur tâche aident les retardataires; de sorte que le grand oeuvre collectif s'achève par un concours parfait d'efforts généreux. Cela est ainsi parce que tout être porte en soi le désir de s'accroître et qu'il essaie de le satisfaire sans se soucier de la gêne que cela procure à ses voisins; ceux-ci, possédés du même désir, ne prennent pas davantage de précautions. De plus, de science infuse, la méthode d'un développement harmonieux et innocent nous est connue. Cette méthode, c'est la loi morale; mais nous ne lui obéissons pas. Ces désobéissances créent nos souffrances, et notre obstination nous fait en confondre l'origine avec celle du Mal. Par les gênes que nous nous faisons subir les uns aux autres, nous apprenons à modérer nos égoïsmes.

Dieu ne peut avoir créé le monde que pour son bien, puisque ce monde ne Lui est pas nécessaire. Dieu ne peut être que toute bonté; les maux ne sont donc des maux que pour ceux qui les subissent; en eux-mêmes, ils ne sont que des moyens pour nous faire évoluer, car personne, pas même un caillou, ne vit et ne grandit sans absorber des parcelles vivantes plus faibles et sans en souffrir.

Cette constatation, désolante d'abord, s'adoucit lorsqu'une échappée s'ouvre en nous sur l'univers mystique où règne la Providence. On pressent alors les véritables caractères de la douleur et ses résultats spiritualisants; on s'aperçoit que ses anges savent de combien ils doivent creuser leurs sillons, et l'on expérimente avec surprise que les épreuves ne sont cruelles que dans la mesure où on les repousse. Car, dans la mesure où on les accepte, on s'assimile l'être permanent du Martyr perpétuel et Ses puissantes énergies. En nous, c'est le Moi seul qui souffre; le corps n'est sensible que par les vertus de la vie psychique qui le saturent; l'âme reste l'impassible témoin. L'âme est l'étincelle divine; elle n'est donc pas pécheresse. C'est son vêtement, si je puis dire, l'esprit, le moi, la personnalité, qui peut obéir ou désobéir. C'est lui qui monte ou qui descend, qui souffre et sur qui s'exerce la vraie thérapeutique. Il s'agit donc d'élever notre Moi, de l'extraire du monde où les Mois s'entredéchirent, de le transplanter dans le monde où les Mois deviennent les serviteurs les uns des autres. Cette transplantation est une transmutation dont l'alchimiste se nomme Jésus.

Nous sommes esprit et matière. Que la matière enchaîne l'esprit, ou que l'esprit élève la matière, il y a toujours désagrégation de l'une ou désorganisation de l'autre, par conséquent souffrance. Ces alternatives de domination épurent en définitive le mal qui foisonne en nous. La souffrance est donc rédemptrice; elle est une étincelle de Jésus.

Mais pourquoi Dieu laisse-t-Il le mal, pourquoi permet-Il toutes les horreurs au milieu desquelles nous nous débattons ?
Une foule de penseurs se sont ingéniés à résoudre cette énigme. Aucune réponse philosophique n'a encore su arrêter le concert déchirant de la plainte universelle; seules, les réponses religieuses endorment quelques patients; seules, quelques âmes surhumaines ont vaincu la crainte de souffrir et ont trouvé, par cette victoire, dès cette terre, un bonheur permanent.

Les penseurs qui n'aperçoivent dans la Nature qu'une immense bataille de forces divergentes et d'intérêts estiment que la solution de ce problème ne s'obtient que par une connaissance plus approfondie des lois ethniques, sociales, scientifiques, et par une entente plus sage des rapports qui unissent l'individu à la collectivité. Les positivistes estiment que l'évolution naturelle amènera nécessairement ces résultats au bout d'une longue série de siècles.

Les déistes, qui admettent l'hypothèse d'un être suprême, se partagent en deux camps. Les uns ne voient dans l'Univers que les émanations de plus en plus matérielles de ce premier moteur; celui-ci ne peut donc intervenir dans le fonctionnement des lois cosmiques puisqu'elles constituent sa propre biologie.

Dans ce cas, tout est régi avec une justice mathématique; l'hypothèse de la pluralité des existences devient plausible; et les créatures sont les uniques auteurs responsables de leurs souffrances, lesquelles prennent le caractère non pas de pénalités, mais de réparations des dols antérieurs dont les patients se sont rendus coupables en contrevenant aux lois implacables de la Vie.

D'autres spiritualistes admettent que la Cause première est indépendante de son oeuvre qu'elle aurait pu ne pas accomplir. Ils ne croient pas à l'émanation, mais à la création du monde, parce que, si Dieu n'était pas libre, Il ne serait pas Dieu. Ce système, dont la forme la plus parfaite se trouve exprimée dans les premiers versets de l'Évangile de Jean et développée dans la théologie catholique, enseigne que Dieu contient non seulement tout l'imaginable, mais encore beaucoup d'autres choses situées au delà des bornes de notre intelligence et de notre sensibilité. Ce Dieu aurait pu faire le monde tout autre qu'il n'est, ou ne pas le créer, ou en créer d'autres à l'infini, et rien ne prouve qu'il n'existe pas des univers diffé-rents du nôtre.

En conséquence, toute créature, quelle qu'elle soit, se trouve toujours et tout entière sous le bon plaisir divin. Cette conclusion, pour indémontrable qu'elle demeure, apparaît comme la seule qui réserve aux êtres la possibilité de développements infinis, qui leur épargne le désespoir, qui les rende capables de se dépasser eux-mêmes. Car pourquoi Dieu, à qui je ne suis pas nécessaire, aurait-Il pris la peine de former ma personne, sinon en vue de mon avantage, donc par bonté ? S'Il est bon, Il l'est parfaitement. Donc je trouverai en Lui tous les secours, toutes les puissances et toutes les connaissances. Donc les peines et les gênes que je rencontre sur ma route, qu'elles soient les justes suites de mes précédentes incartades ou les injustes effets de la méchanceté environnante doivent m'apparaître essentiellement comme les travaux préparés à mon usage personnel par les soins d'un Maître très sage et qui m'aime. Dieu, parfaitement bon, ne S'irrite pas contre nous, ne nous punit pas, ne Se venge pas; Il nous laisse seulement subir les réactions douloureuses de nos désobéissances, toutes les fois que nous n'avons pas voulu L'écouter.

L'écolier connaît-il les projets que son professeur médite sur son avenir ? Le soldat est-il informé des plans du général ?
Dans l'enceinte universelle, où gouvernent le temps, l'espace, les conditions, tout mouvement provoque son contraire. Sur toute l'étendue de ce champ de bataille immense, les créatures en lutte développent leurs énergies pour leur agrandissement personnel, comme l'adolescent studieux espère obtenir un diplôme. Mais le résultat réel de son application sera de s'être construit une intelligence nette, riche et souple, bien plus utile que tous les diplômes. De même, à l'école du monde, les créatures se construisent, sans le savoir, ces facultés merveilleuses que les auteurs religieux nous laissent pressentir quand ils nous parlent des vertus, et par l'exercice desquelles la Nature et la Société se transforment peu à peu, dans le sens d'une harmonie permanente et d'une paix universelle.

Et puis, les souffrances que l'on croit injustes ne paraissent-elles pas ainsi à cause de l'impossibilité où l'on se trouve d'en définir la cause primitive ? Même en admettant que cette seule terre soit habitée, où trouverai-je une intelligence assez aiguë pour suivre la chaîne des mobiles déterminants d'un malheur, jusque seulement au trentième ou au quarantième chaînon ? Et si, d'accord avec la foule immense de ceux d'entre les humains qui ont cru et qui croient à un univers invisible, j'essaie de rechercher dans ce monde occulte les forces mystérieuses qui produisent telle ou telle catastrophe matérielle, ne devrai-je pas presque tout de suite faire l'aveu de mon incapacité ?

Et, d'ailleurs, si je connaissais les mystères, si je savais à quoi je m'expose en désobéissant à la Loi, en faisant le Mal, ma sagesse serait-elle autre chose qu'un calcul égoïste ? Pourrait-elle me conduire si loin et si haut où je veux aller, où je sens que j'irai ? Puisque Dieu m'a créé, c'est de Lui que je viens, c'est à Lui que je retourne, et la même force doit me ramener vers Lui que celle qui m'a descendu jusqu'ici-bas. Je sais que cette force est l'Amour et non la Connaissance, l'Amour et non la Puissance,l'Amour, père de tout savoir et de tout pouvoir. Si donc je tends de toute l'énergie de mon être vers Celui qui m'a envoyé, je remonte vers Lui, et les nuages se dissipent à mesure que je m'élève.

Ainsi, Dieu est le maître; la force même de mes révoltes, c'est de Lui que je la tiens. Mais si je me blesse en franchissant une haie pour une maraude, je ne puis m'en prendre qu'à moi-même. Saint Bernard de Clairvaux, ce grand connaisseur et remueur d'hommes, a dit : Que la volonté propre cesse et il n'y aura plus d'enfer ". Parole si simple qu'il faut méditer longtemps pour en connaître la profondeur. Oui, c'est nous-mêmes qui nous faisons souffrir; nous sommes nos propres bourreaux, car aucun être ne possède le pouvoir ni le droit de nous nuire que nous ne lui en ayons fourni nous-mêmes les moyens. Dure constatation sans doute; mais il est utile de se dire parfois des choses dures.

Le mot " péché " signifie exactement transgression, infraction à la loi. La loi morale est identique à la loi divine, et l'expérience démontre que cette dernière n'est autre que l'ensemble des lois universelles de la vie. Or, dans le péché, il y a une désobéissance et une infraction, une perversité morale et une maladresse matérielle. Celle-ci se répare au moyen des souffrances matérielles, maladies ou malheurs; mais celle-là exige pour s'effacer un agent moral que l'on nomme la contrition.

L'habitude d'entendre ce mot dès l'enfance nous l'a rendu insignifiant; il exprime, en réalité, le drame le plus pathétique. La contrition commence par le remords, s'affirme par le repentir, et atteint toute son intensité par la pénitence.
Contrition veut dire brisement; c'est le dur caillou du Moi qui éclate sous l'ardeur du repentir et que ronge l'amertume expiatrice des larmes. De même que le silex, ce Moi recèle au centre un feu secret, imperceptible aujourd'hui, mais demain capable d'in-cendier le monde et d'engloutir les forces les plus vastes. C'est l'étincelle du Verbe, la semence de vie éternelle, notre âme.

Le repentir, c'est sa première explosion; et, plus le coeur s'est endurci, plus violemment il se brise; plus il s'abîme dans les regrets, plus il s'élance vers les réparations prochaines. Ainsi l'âme présente au Moi la laideur du mal et, si le Moi la reconnaît, le coeur repentant remonte vers Dieu; la contrition véritable nous évite le désespoir et nous sollicite vers la Vie, vers l'activité la plus intense. Les grands réalisateurs, les entrepreneurs d'impossible furent presque toujours d'anciens pénitents, plutôt que de simples ambitieux.

Il y a dans le repentir une émotion contagieuse inconcevable. On voit parfois une mère, attendrie par les pleurs de son enfant, lui pardonner, redoubler de tendresse et dépenser pour lui de nouveaux trésors de dévouement. Relisez la parabole de l'enfant prodigue. Le Ciel fait bien davantage et Se montre plus déraisonnable encore que la plus aimante des mères. Relisez l'histoire du berger qui cherche la brebis perdue et celle de Marie-Madeleine. Le Père nous aime, vous dis-je; Il n'est pas un Dieu superbe et lointain; Il nous aime avec toutes les tendresses, toutes les adorables inquiétudes, tous les délicieux rapetissements qu'imaginerait l'affection la plus parfaite.

*

La nécessité d'agir nous pousse implacablement. Elle constitue l'école de notre liberté, la méthode de notre croissance totale. A toute minute se dressent devant moi une forme du Bien et une forme du Mal, celle-ci séductrice ou fascinante, celle-là silencieuse et voilée, car le Mal ne s'embarrasse pas de scrupules pour se conquérir des sectateurs, tandis que le Bien respecte toujours notre libre arbitre.

Si nous n'écoutions jamais que notre conscience avec la conviction qu'elle est infaillible, nous pourrions nous perfectionner sans souffrir. Mais nous avons la tête dure; nous nous obstinons à nous croire plus sages que Dieu, et les plus pénibles expériences suffisent à peine à nous convaincre que nous sommes bien les auteurs de nos tourments. Ainsi l'épreuve est un rappel à l'ordre et un remède; elle sculpte patiemment la statue merveilleuse que nous devien-drons un jour. Dieu ne veut pas nous faire souffrir; Il ne veut que nous faire travailler. Or nous choisissons, par malice ou par entêtement, le procédé de travail qui provoque la souffrance; au lieu que nous pourrions réaliser les mêmes oeuvres et les mêmes progrès dans la sérénité et dans la joie. Souvenons-nous de l'appel de Jésus : " Venez à moi, vous tous qui êtes fatigués et chargés, et je vous soulagerai ". Dieu n'a jamais voulu nous tourmenter; Il désire seulement que nous nous perfectionnions.

Tout acte jeté dans le champ du monde est une semence non seulement indestructible, mais encore qui se multiplie d'elle-même avec une fécondité croissante. Le mal comme le bien deviennent de plus en plus forts à mesure que les siècles passent; il est normal que la réparation d'une faute se complique en proportion de son ancienneté. On a voulu expliquer le problème de la souffrance par la théorie du paiement de fautes commises dans les existences précédentes. Cette hypothèse indémontrable ne fait que reculer la solution. Qu'il n'y ait pour l'âme qu'une seule incarnation sur terre, ou plusieurs, ou des transmigrations antérieures et postérieures sur d'autres planètes - hypothèses que l'Église n'a d'ailleurs jamais condamnées - , que l'on ne souffre que pour soi-même ou en holocauste pour les fautes de tels de nos frères, que ce soit en réparation de nos fautes personnelles, ou que la Providence nous soumette à ces épreuves en vue de développer en nous des facultés inconnues, que le sort individuel soit fonction du destin collectif de la race ou de la patrie, le fond du problème demeure; et, comme il consiste en faits inaccessibles, on doit se résoudre à n'en rien connaître avant d'avoir atteint la cime mystique d'où le monde entier peut être aperçu.

Les injustices qui nous révoltent peuvent n'être qu'apparentes; nul ne doit se flatter de saisir toutes les causes du fait le plus simple. Qui dit que les méchants à qui tout réussit ne sont pas heureux par la vertu de quelque pacte insoupçonné de leur esprit avec les dieux du temporel, et qu'ils n'auront pas, plus tard, à rendre gorge ? Et l'apparence du bonheur, quelles misères ne cache-t-elle pas souvent ? Qui dit que les bons, si souvent malheureux, ne le sont pas pour que se développent leur patience, leur résignation, leur foi en l'idéal; ou qu'ils ne souffrent pas à la place d'un autre, trop aveugle pour tirer la leçon de l'épreuve; ou qu'ils ne jouissent pas du privilège de réparer tout de suite leurs propres fautes; ou de payer leurs dettes spirituelles dans le laps de temps le plus court ?
Car notre moi immortel, avant qu'il n'ait reconnu Dieu et le Christ, a longtemps choisi le moindre effort et s'est mis en retard.

Du jour où il a vu la Lumière, un désir impérieux se lève en lui de rattraper le temps perdu; il en sait le prix; il a entr'aperçu les glorieux horizons de son avenir spirituel; il se peut alors qu'il accepte, qu'il demande une période de travail intensif. Le moi terrestre ne sait rien de ces drames; et son ignorance, qui nous paraît cruelle, lui procure au contraire les plus magnifiques résultats, parce qu'elle l'oblige à sortir de lui-même, à se dépasser, à s'évader dans ce libre monde de l'Esprit, où règne la foi, où toute inquiétude meurt, où l'on respire la paix immuable et l'invincible énergie.

Le plus grand optimiste, c'est le mystique; le plus fort volontaire, c'est le mystique; le plus puissant réalisateur, c'est le mystique vrai, parce qu'il vit dans l'éternel, et que là seulement apparaissent le sens de toutes les énigmes et la valeur absolue de tous les obstacles.

Quelle que soit la théorie que l'on adopte, il faut accepter la souffrance. Nul débiteur ne paie ses dettes en les niant. Et moins les motifs et les mobiles de nos efforts sont personnels, plus ils sont purs, et nobles, et féconds. Voyez le Christ.

Pourquoi restreindre nos concepts ? Les vrais savants n'accordent-ils pas à l'imagination le rôle le plus fructueux dans la découverte de ces hypothèses qui éclairent d'un coup toute une foule de faits et qui permettent de les classer ? L'imagination n'est pas autre chose que le miroir, trop souvent terni, où se reflètent les paysages invisibles. Ainsi, pourquoi limiter la vie à ce petit globe ? Pourquoi les autres mondes ne seraient-ils pas habités ? Nous ne pouvons rien connaître de leur biologie qu'en induisant de ce que l'on a découvert de la physique et de la chimie terrestres. Nous ne savons rien du milieu inter-planétaire; nous ignorons comment se comportent les thermo-dynamismes, les photo-dynamismes dans l'espace zodiacal. L'astronomie repose donc sur l'hypothèse que tout se passe dans les cosmos comme sur la terre, hypothèse bien peu probable pour le philosophe. Et toute autre hypothèse reste permise.

Qu'on accepte ou non la théorie des existences multiples, qu'on admette ou non l'habitabilité d'autres planètes par des créatures semblables ou dissemblables aux terrestres, il faut convenir que nous recevons chacun, et dans les plus petits détails de notre vie, de tous les points de l'univers, des milliards et des milliards d'influences corporelles et psychiques dont une faible part seulement émerge à la surface de notre conscience. Que pouvons-nous percevoir de ce jeu infini ? Lesquelles pouvons-nous prévoir des suites possibles d'un seul de nos gestes, que l'élasticité des milieux impondérables fait rebondir à travers les espaces et qui reviendra fatalement sur nous, à travers les siècles ? Et l'univers intellectuel, l'univers moral sont encore bien plus sensibles, bien plus impressionnables que l'univers matériel. Combien de temps ne faut-il donc pas pour réparer un désordre ? Combien toutes ces complexités ne doivent-elles pas rendre plus difficile et plus longue la réparation d'un dommage ? Combien ne simplifierions-nous pas notre avenir, même le plus proche, si nous vivions avec un plus juste souci moral ?

*

Il ne paraît pas possible de repousser la douleur, ou de lui échapper, que très temporairement; écoutons les récits des morphinomanes qui ont voulu se désin-toxiquer; regardons le désert intérieur des égoïstes qui ont pétrifié leur coeur. La plupart des hommes se contentent de subir la souffrance; quelques-uns essaient d'y échapper, quelques autres la recherchent. Considérons d'abord la sagesse moyenne.

Les malheureux d'abord se révoltent; ils apprennent ensuite comment supporter leur destin par le stoïcisme, par la noblesse d'âme; plus tard ils aperçoivent les perspectives religieuses et les immenses bénéfices des expiations librement acceptées; enfin, la folie de la Croix les enlève jusqu'aux cieux mystiques du sacrifice volontaire. Mais, pour respirer si haut, un long entraînement s'impose; utilisons d'abord les leçons progressives que chaque journée nous présente, même les plus faciles; toutes contiennent une lumière.

" ... L'Amour tout-puissant donne à la créature
Le sens de son malheur, qui mène au repentir
Par une route lente et haute, mais très sûre ".

VERLAINE.


Toutefois, que les enthousiastes prennent garde aux excès. Si l'on est malade, il faut soigner le corps; il faut tendre à surmonter le chagrin; et, si l'on ne guérit pas, si nos larmes coulent malgré nous, l'épreuve portera des fruits spirituels, car Jésus, compatissant par avance à nos faiblesses, a voulu parler comme s'Il était faible aussi; sans craindre de scandaliser l'orgueil stoïcien, Il a dit au Père : " S'il est possible, fais que ce calice passe loin de moi ". Réellement, plus de courage est nécessaire pour soulager notre corps et sécher nos pleurs comme si l'on ne pouvait compter que sur soi, tout en se remettant à force et abandon entre les mains de Dieu, que pour se laisser aller sans résistance sous les coups fatidiques de l'épreuve.
Les spiritualistes inclinent à croire qu'une sentimentalité vague et générale suffit à leurs devoirs. Ils se trompent. C'est surtout dans les voies mystiques que l'énergie, le courage, la vigoureuse volonté sont indispensables.

Lorsqu'une peine nous échoit, il ne faut pas en désirer la fin; tout en employant les moyens raisonnables de la faire cesser, il faut sourire à la douleur. Sait-on si d'autres ne souffrent pas autant et plus que nous ? Et notre Maître n'a-t-Il pas souffert, ne souffre-t-Il pas encore, ne souffrira-t-Il pas jusqu'à la fin du monde, infiniment davantage ?
Mieux on utilise le présent, plus beau l'avenir se prépare. Et, si l'on parvient à l'acceptation parfaite, à la patience sereine et joyeuse, on reçoit en échange l'inaltérable paix de l'union silencieuse avec le Maître de la Douleur et de la Béatitude.

L'égoïsme a d'ailleurs poussé de si profondes racines en nous, jusque dans la moelle de nos os, jusqu'aux plus hautes cimes de notre esprit, qu'il faut,
pour les arracher, une patience presque infinie. Qu'on apprenne d'abord à ne pas se plaindre. Gémir, c'est faiblir; ne pas s'impatienter, ne pas s'affoler, ne pas quémander des consolations, ne pas raconter longuement ses peines. Si vous voulez grandir, si vous voulez que le fort remède opère, ne cherchez de secours chez aucune créature; ne vous réfugiez qu'au-près du Médecin surnaturel; s'Il tente de vous guérir, c'est parce qu'Il vous aime. Personne dans le monde ne vous aime comme Lui; c'est en pleurant qu'Il vous regarde souffrir.

Quand la douleur devient insupportable, enfermez-vous et, dans la solitude, pleurez, gémissez, priez, des heures, des jours s'il le faut; mais ne paraissez devant les hommes, vos frères, qu'avec un visage calme. Un tel effort vous semble impossible ? Non; beaucoup l'ont soutenu déjà. Il vous semble inutile ? Non; aucun effort n'est inutile; et celui-là, entre tous, parce qu'il s'ajuste parfaitement à la dignité de votre âme, au prix de vos larmes.

En vérité, nos larmes n'appartiennent qu'à Dieu. Elles appartiennent au Père, parce qu'elles sont vivantes; elles appartiennent au Verbe, parce qu'elles nous sauvent; elles appartiennent à l'Esprit, parce qu'elles évoquent la paix; elles appartiennent à la Vierge, parce qu'elles sont des sources d'humilité. Elles ne doivent se répandre que dans la crypte la plus secrète du coeur et dans la nuit du vouloir, parce que des étoiles en jaillissent et qu'elles versent l'espérance à des désespoirs insoupçonnés.

L'habitude de la souffrance procure la force parce qu'elle nous démontre notre faiblesse; la condition pour devenir fort, c'est de savoir qu'on est faible. Elle transmue en vigueur surnaturelle notre naturelle débilité, et en foi créatrice le vampire du doute.

Le doute est le poison mortel de l'énergie, la pieuvre mauvaise de la volonté. Construisons-nous plutôt une foi; n'importe laquelle sera préférable à l'éclectisme, au dilettantisme, au scepticisme; mais choisissons le plus haut motif d'agir : l'obéissance par l'amour. Armés de cette force, nous deviendrons de définitifs triomphateurs. A douleur égale, c'est l'athée qui souffre le plus; chez ce malheureux, les tourments conservent toutes leurs vertus dissolvantes; et l'aridité psychique qui le gagne dessèche de précieuses énergies; le néant objectif attire le vide subjectif de l'incrédulité; tandis que le martyr d'une idée, même pas très haute, est soutenu par une joie secrète, et son sacrifice féconde toujours quelque friche du monde moral. La souffrance subie par amour engendre une expansion spirituelle devant qui s'ouvrent toutes grandes les portes des béatitudes. Ici commence le labeur de l'apostolat.

Soyons humbles aussi, puisque nous ne pouvons rien accomplir sans y être secrètement aidés. Chassons ensuite les inquiétudes ou, mieux, regardons-les passer, comme un spectacle. Enfin, ne nous accrochons pas, coûte que coûte, à nos goûts ni à nos projets; le bien qu'ils peuvent contenir, si nous le remettons " entre les mains du Père ", le Fils trouvera mille moyens de ne pas le laisser stérile. Faisons tout notre possible; les chaînes du possible sont élastiques; et, si tout nous abandonne, abandonnons tout à Dieu.

D'autre part, prenons garde aux excès de zèle. Rechercher la souffrance pour le plaisir de la vaincre appartient à l'orgueil; le Christ n'a jamais dit : " Souffrez, pour m'être agréables ", mais au contraire : " Venez à moi, vous tous qui êtes fatigués et chargés, et je vous soulagerai "; " chargez-vous de mon joug, et apprenez de moi, parce que je suis doux et humble de coeur; et vous trouverez le repos de vos âmes, car mon joug est aisé et mon fardeau léger ". Et encore : " Qui veut sauver son âme, la perd ". Et cette parabole pour les impatients : " Quel est le roi qui, partant pour faire la guerre à un autre roi, ne s'asseye d'abord et n'examine s'il peut, avec dix mille hommes, aller à la rencontre de celui qui vient contre lui avec vingt mille ? " Il ne s'agit donc pas de souffrir, mais de surmonter la souffrance.

*

De même que le grain confié au sol subit, par l'action dissolvante des agents physico-chimiques, une décomposition profonde avant de pousser racines et tiges, de mûrir et de se reproduire au centuple, le Moi doit être aussi confié à la terre, subir la souffrance, se voir dissocié par le feu de la douleur, l'eau des larmes et la neige des ingratitudes, pour qu'il puisse renaître transfiguré par les rayons de l'Astre surnaturel.

Ainsi comprise, la souffrance porte des fruits merveilleux; aucun ascétisme, nulles contemplations, nulle volonté si audacieuse, point de cérébralité si vaste ne procurent comme elle le savoir véritable, la force, la maîtrise de soi. Le patient parfait se conquiert et conquiert le monde; davantage encore, il gagne l'amitié du Christ et la béatitude certaine. Les purgatoires, où qu'on les subisse, nous élèvent aussi haut qu'ils nous ont précipités bas. Ne craignez rien; la Lumière en nous est immortelle; vous pouvez l'assombrir, l'adultérer, certes; la tuer : jamais. Elle est la vie, le sang mystique du monde, la médecine universelle. C'est elle qui agrège en un seul organisme tout le genre humain; par la vertu de cette unité mystérieuse, chaque individu est atteint par la souffrance de tous, qui se dilue dans la masse, y entraîne les germes de la compassion et y prépare l'épanouissement des roses de l'Amour christique.

La souffrance patiente purifie le corps et le coeur, développe l'humilité, l'optimisme, l'esprit de prière. Mais il ne faut pas s'étonner si les vrais serviteurs de Dieu pâtissent davantage. Plus on désire le Ciel, plus l'esprit avance vite sur la route étroite; et, dans le même espace de temps, on rencontre un plus grand nombre d'obstacles spirituels, lesquels s'expriment au physique par les épreuves. Je parle ici non pas des chrétiens platoniques qui n'offrent au Ciel que des désirs pieux, mais des chrétiens actifs qui veulent agir et qui agissent.

Chaque douleur est une mort partielle, prélude d'une renaissance; tout défaut moral, physiquement localisé dans un de nos organes soumis à ta souffrance, meurt et renaît en vertu. C'est pourquoi la capacité de souffrir est la mesure de la vigueur morale.

Le progrès n'est pas un avancement en ligne droite; c'est une libération; on pousse à l'extrême dans un sens, puis dans le sens opposé aussi loin qu'on peut; et, à force d'excès en tous sens, l'être atteint son équilibre. Le malheur amène le bonheur, et le chagrin, la joie. Et, comme on mésuse du bonheur, comme on s'endort dans la joie, d'autres épreuves surgissent, puis de nouvelles joies; nous devenons ductiles, nous acquérons le calme, parce que le Bien, visage de l'éternelle Perfection, surpasse toujours finalement le Mal. Nous expérimentons peu à peu les lacunes de l'intelligence, les faiblesses du vouloir; enfin nous sommes doucement mais sûrement rejetés vers Dieu, l'unique recours, et nous apercevons enfin le Rédempteur.

Sans le Christ, la souffrance n'est qu'un paiement. Avec Lui, elle devient une force transfigurante.
Interrogez les voix les plus hautes que la Terre ait entendues; elles sont unanimes à proclamer la noblesse du sacrifice. Il existe donc, en dehors de nous, un Idéal objectif, une entité représentative de l'altruisme et du dévouement. Ce Dieu de Lumière semble bien souvent plus faible que le dieu de l'égoïsme; mais, puisque le propre de l'Amour est de se donner, ce vaincu apparent est en réalité le vainqueur.

Le Christ est l'incarnation de cet Amour; mêlé à la foule des créatures, informé de tout ce qui leur survient, par l'exquise délicatesse de Son organisme spirituel, attentif par Sa très tendre compassion à toutes leurs peines et à tous leurs espoirs, Il a pu dire en toute vérité que ce que nous donnons à tout affligé, c'est à Lui-même que nous l'offrons. Chaque patient, dans quelque coin de l'immense Nature qu'il se cache, communique avec Lui, d'autant plus intimement qu'il souffre avec résignation, d'autant plus effectivement que ses souffrances sont débarrassées d'égoïsme.

A un certain degré, lorsque les souffrances personnelles s'épuisent, le souci des autres grandit en nous, et notre esprit, " avec des soupirs ineffables ", demande à prendre un peu des épreuves environnantes. On entre alors dans la carrière de l'apostolat, on se préoccupe de moins en moins de son propre sort; on désire davantage amener vers le même Pasteur qui nous a guéris et confortés les brebis encore errantes :

La douleur chrétienne est immense
Elle, comme le coeur humain
Elle souffre, puis elle pense,
Et, calme, poursuit son chemin;

Elle est debout sur le Calvaire
Pleine de larmes et sans cris :
C'est également une mère
Mais quelle mère, et de quel Fils !

VERLAINE.


Contrairement à ce que professent les philosophes du surhumanisme, la douleur n'est fatale qu'aux pusillanimes. Comme tous les sentiments, elle demande à être émondée; il faut se rendre impassible aux souffrances basses et laides, ou futiles; ainsi on en diminuera le nombre et l'on se purifiera noblement. Aucun idéal n'est vrai s'il n'est beau. Les larmes sont précieuses; prenons garde d'en tarir la source divine en les répandant pour des motifs indignes. Sur les seuls coeurs ravagés par de hautes angoisses passent les souffles rafraîchissants de l'Esprit et, pour eux seuls, la souffrance devient exaltante et régénératrice.

Et puis, que peut-on craindre ? La science contemporaine n'enseigne-t-elle pas au positiviste la conservation de toutes les énergies ? Quel motif plus impérieux pour celui qui ne croit qu'à la matière de surmonter toute souffrance, puisque ses forces ne mourront pas avec lui et augmenteront au contraire l'héritage impondérable de sa famille, de sa race, de l'humanité entière ? Et, pour le croyant, ne sait-il pas avec certitude que ses résistances à la douleur non seulement vivront avec lui, mais encore seront recueillies par son Dieu, le grand Martyr, transmuées, puis répandues en bénédictions merveilleuses sur le monde entier ?
Exerçons-nous donc à regarder en face les ennemis de notre bonheur apparent non pas comme des ennemis, mais comme des adversaires loyaux dont la force se proportionne à la nôtre et auxquels, dès que nous engageons la lutte, il devient impossible de nous faire du mal, puisque le mal serait précisément de ne pas lutter.

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Un des sujets les plus généraux de plainte est la maladie. Or, d'après les médecins, tout le monde porte en soi une maladie ou le germe de toutes les maladies, et on a reconnu déjà que les causes des maladies sont d'ordre physiologique et d'ordre atavique; plus tard, on les retrouvera d'ordre moral, puis d'ordre spirituel.

Nous envisagerons le problème de la maladie au point de vue le plus intérieur et le plus profond.

En examinant la marche du monde, on y découvre une justice immanente qui fait payer aux créatures leurs écarts trop marqués. Sans nous arrêter pour expliquer ce fait, soit à théorie catholique d'une existence unique dans laquelle la maladie est une épreuve qui développe les énergies par lesquelles s'édifie notre personnalité, soit à la théorie orientale des existences multiples d'après laquelle les souffrances sont les réactions des excès commis dans les vies antérieures, nous chercherons comment la mala-die nous permet de parfaire notre partie immortelle : notre âme ou notre esprit.

Dans la maladie, il y a une utilité physique : apprendre l'hygiène, la tempérance, les soins du corps; une utilité morale : développer nos énergies; une utilité spirituelle que nous envisagerons plus loin.

Comment nous comporter quand la maladie nous atteint ? D'abord, soigner notre corps par tous les moyens légitimes, car il est notre serviteur et un bon instrument de travail, mais seulement en prêt, que nous devons améliorer. Secondement, subir avec résignation, et ceci contrairement à la morale d'inacceptable révolte prônée à l'heure actuelle. Jésus a dit : " Possédez-vous par la patience ", et l'Évangile est l'école très dure et très sévère d'application de ce précepte. Le Christ a dit encore : " Le Royaume du Ciel appartient aux violents ", c'est-à-dire à ceux qui développent en eux l'énergie véritable. Donc, quand la maladie survient, souffrir sans se plaindre et attendre la guérison sans impatience. Reconnaissons, à l'arrivée de la maladie, qu'il y a une justice imma-nente, et que personne ne souffre injustement; par conséquent, acceptons, tout en nous soignant de notre mieux.

Voilà la véritable attitude à prendre. Elle développe nos forces spirituelles et nous rapproche du Royaume de Dieu. Remarquons que le Ciel nous met souvent en présence de l'impossible, de l'inévitable, pour nous montrer notre faiblesse et notre impuissance vis-à-vis de Celui qui est la Toute-Puissance et la Toute-Réalité. Tous les médecins se sont trouvés en face de cas insolubles. Un seul recours nous reste : appeler le secours du Grand Médecin, c'est-à-dire prier. La maladie nous mène ainsi à l'école de la prière qui nous conduit finalement au Royaume de la Lumière et de la Paix.

Dans sa souffrance, le malade est amené à s'examiner, à faire un retour sur son passé et souvent à découvrir l'acte coupable, cause initiale de la maladie; et cet examen le conduit à se repentir, à reconnaître son erreur, à devenir humble. Et l'humilité est la condition indispensable à notre progrès. Comme notre devoir est de progresser, nous devons la retenir en nous, constante, et de plus en plus profonde.

Ce n'est pas sans raisons qu'il y a des maladies incurables, car il y a des êtres qui ne peuvent payer leurs dettes que par la souffrance physique, parce que la qualité de la souffrance est touJours proportionnée à la qualité de celui qui la subit. Là encore règne une Justice que nous constatons, mais qui ne doit point nous empêcher de faire tout notre possible pour diminuer le mal. En outre, ne jamais critiquer le malade qui peut être une occasion de travail pour son entourage, ne pas le juger, car ce jugement peut appeler, sur nous la tare dont souffre notre voisin et peut-être dans la même situation nous comporterions-nous plus mal que lui. La vie nous envoie malgré nous à une école pratique fertile en résultats d'expérience. Mais subir l'épreuve ou payer les dettes, nous ne pouvons le faire seuls et sans aides. La maladie nous porte à retourner à Dieu à qui nous ne pensons jamais, car, dans la vie, nous croyons devoir nos réussites à nos qualités qui ne sont, au fond, que des dons; et, en examinant la cause de nos insuccès, nous constaterons qu'ils sont presque toujours dus à la trop bonne opinion que nous avons de nous-mêmes.

Maintenant, comment soigner les malades ? Il faut les considérer comme des préfigurations du Christ qui nous a dit : " Tout ce que vous faites à un malheureux, c'est à Moi que vous le faites. Et ceci est une réalité vivante et toujours actuelle. Quand, par compassion, le Père a envoyé Son Fils pour sauver les hommes, Il a voulu que Celui-ci subisse toutes les formes de la souffrance sur terre et dans tous les mondes. Jésus prenait sur Lui presque toutes les souffrances de ceux qu'Il guérissait. Sa présence parmi nous est toujours réelle, et pas un homme ne souffre sans que le Christ soit près de lui et prenne sur Lui un peu de cette souffrance. Donc, tout ce que nous faisons à notre prochain, c'est bien à Jésus que nous le faisons.

Et le travail, pour nous, c'est la compassion, c'est ouvrir notre coeur, et c'est notre coeur qui nous donne notre valeur véritable. Voilà donc vers quoi il faut tendre. Accueillons avec la même aménité tous les, êtres et toutes les choses, parce que tous et toutes sont des ouvriers de Dieu. Notre labeur le plus urgent, c'est d'ouvrir notre coeur à un travail de fraternité réelle et pratique que quelques-uns d'entre vous ont déjà commencé et que, j'espère, vous voudrez bien réaliser. Toute ma joie sera de pouvoir vous y être utile en quoi que ce soit.