L'ENFANT RACHITIQUE
Quelqu'un appela de la rue. Andréas alla voir, et revint me chercher. C'était une femme du peuple portant sur son bras un bébé souffreteux. - Voyez donc, docteur, me dit Andréas, ce qu'a ce petit. je conclus, après examen, à du rachitisme par hérédité alcoolique. - je ne crois pas, répartit Andréas ; ce doit être simplement l'appendice xiphoïde... Et, en effet, la pointe du sternum se recourbait en dedans, toute molle. - J'ai bien là quelque chose pour les os, continua-t-il mais je ne suis pas médecin, je n'ai pas le droit de prescrire des médicaments. - je vais tout de suite signer l'ordonnance, si vous voulez. - je vous remercie, docteur; je ne veux pas vous engager. Voici quelque chose de plus simple que la maman pourra faire aussi souvent qu'elle voudra . Il coucha le bébé dans un fauteuil, et il pria la mère de promener l'index tout le long du petit sternum. - Ressentez-vous quelque chose ? demanda-t-il. - Oui, monsieur, répondit la femme; c'est comme si de l'eau froide me coulait dans le milieu du doigt. - C'est bien cela; voyez-vous la petite pointe qui bouge En effet, le cartilage semblait revenir en avant par petites secousses. - Oh ! monsieur, je vous remercie, larmoyait la pauvre femme. - Mais non, mais non, disait Andréas en faisant des grimaces pour égayer le petit. Quand une mère aime son enfant, le bon Dieu l'aide. C'est lui qu'il faut remercier, c'est à lui seul qu'il faut demander... au lieu de tailler des bavettes avec les voisines. Faites la même chose toutes les fois que le petit s'endort. Allons, au revoir; et, si ça ne va pas, mon ami le docteur est là. Et quand nous fumes seuls - Vous aviez raison, me dit-il ; c'est bien de l'alcoolisme, seulement il vaut mieux que cette femme ne méprise pas son mari. Allons à table. |