LA VOLONTE


Si l'homme se rendait pleinement compte de l'importance générale de sa conduite, il apporterait à ses travaux un sérieux beaucoup plus profond. Il ne peut rien émettre, la moindre idée, le désir le plus sourd, le geste le plus petit, sans qu'un nombre considérable d'êtres de toutes sortes ne soient émus de ce mouvement.

Il suit de là qu'avant d'apprendre quelque chose, il faut examiner avec soin le projet et, se méfiant de notre clairvoyance, requérir de la Source de toute Lumière qu'elle nous conduise par la main selon Sa Volonté. Mais il ne faut rien attendre ici des visions, dés phénomènes psychiques, d'artifices divinatoires; la trame des événements de la vie ordinaire offre à la Providence un assez vaste terrain pour y semer ses feux et y établir ses garde-fous.

Or, une volonté sûre de son plan et prête à agir détermine la rotation d'un grand nombre d'orbes; sa trajectoire modifie la courbe évolutive des minéraux, des végétaux, des animaux, des invisibles et des humains qui constituent sa famille spirituelle. C'est pour cela que l'acte engendre des répercussions si profondes et si variées.

Or, tout idéal qui n'est pas Dieu renferme une part d'erreur; sa poursuite égare fatalement; et comme, lorsqu'on a reconnu s'être trompé, on doit revenir sur ses pas, seule la recherche du Ciel est saine, pacifiante, véritable, puisqu'elle est le suprême idéal.

La volonté s'exalte selon la hauteur du but qu'elle vise; plus elle s'élève, plus ferme elle devient. Si ce but est Dieu, Il communique à l'être qui peine vers Lui quelque chose de Sa toute-puissance; mais encore faut-il que le serviteur, dans sa petitesse, reproduise l'homogène, l'impavide, l'immuable unité de son Maître.

De sorte que les trois demandes et les trois réponses de Jésus correspondent aux trois grandes chaînes qui nous lient à ce monde; l'argent, les affections humaines, et le souci de notre conservation personnelle. Nous avons à les traîner tout le long de notre douloureux pèlerinage vers le Ciel; et un seul acide les corrode; c'est l'eau du baptême de l'Esprit à l'heure solennelle dont parle le voyant de Pathmos, ou sonnent les trompettes de délivrance. L'homme reçoit alors de la Trinité même la triple et définitive purification qui lui enlève jusqu'au souvenir du mal commis et du mal souffert.