LES RELATIONS MONDAINES
Si un dieu de ténèbres, périssable et limité, prend soin de son fidèle, combien plus le Père ne S'occupera-t-Il pas de Son serviteur ? S'il vous est arrivé, un certain soir, seul dans votre chambre, de vous prosterner en esprit aux pieds de ce Père adorable et de vous offrir à Lui du fond du cur, vous, votre famille, vos biens et tout le reste de ce dont la gestion vous est dévolue, ne pensez-vous pas qu'Il vous a entendu, que Son Fils a jeté un regard sur ces êtres que vous Lui offriez et que le tout a été purifié, réorganisé, réconforté, pour pouvoir se remettre en marche dans la route étroite qu'il vous a été donné de découvrir? Si cela n'était pas, ce Père n'existerait pas. Ce sont ces arcanes qu'exprime Jésus dans la formule de prière qu'Il nous a donnée. Ils sont difficiles à concevoir, il est vrai, et plus difficiles encore à maîtriser. Ils appartiennent à l'Absolu, à ce domaine surintellectuel qui est la Foi, puisque Dieu seul est en dehors de l'atteinte du mental; à ce monde qui seul mérite d'être nommé l'Invisible, puisqu'il n'est aucune région de la Nature que l'homme ne parvienne à explorer avec le temps. Sur cette planète, malheureusement, personne ne sait obéir, personne ne sait agir, personne ne sait aimer; car alors la terre ne pourrait pas nous porter; notre feu la volatiliserait. Nous n'obéissons jamais entièrement, de toutes nos forces; nous craignons l'imprévu et nous pensons que l'impossible existe; et, enfin, c'est toujours un peu nous-mêmes que nous chérissons en paraissant aimer les autres. * Me voilà fort loin, semble-t-il, du sujet de cette causerie. Point du tout. je voulais le justifier en montrant la petitesse des grandes choses et la grandeur des petites. Quoi de plus banal qu'une visite ? J'espère vous mettre à même d'entrevoir de quelle uvre féconde et belle et divine cette banalité peut devenir le germe. En plus, les possibilités futures flottent également dans l'atmosphère seconde de ce salon; les paroles qui vont être prononcées, les sentiments qui vont naître, les actes qui vont s'accomplir s'y trouvent déjà fixés, dix ans quelquefois avant leur réalisation. Le voyant peut aussi s'en rendre compte. L'avenir de toutes les parties de l'Univers existe en puissance depuis le commencement; mais ces clichés innombrables ne s'attachent aux lieux précis où ils doivent prendre corps que peu de temps avant cette incarnation. Une chambre contient seulement les clichés les plus prochains ; les autres existent bien, mais au loin; le prophète les discerne, il est vrai, et aperçoit aussi l'endroit de leur arrêt temporaire; mais les facultés magnétiques de clairvoyance ne peuvent pas pénétrer aussi avant. Tout ceci, penserez-vous, est du fatalisme; et le libre arbitre n'existe plus. Pardon, il existe de la manière suivante. Voici un cliché qui s'approche d'un homme; pour cette rencontre, remarquez-le, ce n'est pas le cliché qui se dérange de son chemin; c'est l'homme qui vient s'y placer automatiquement, pour ainsi dire, poussé par les conséquences vivantes de ses actes antérieurs dont l'impulsion se combine avec l'influence du décret providentiel relatif à la vie présente de cet homme. Celle-ci est, vous le comprenez, moindre que celle-là; le libre arbitre a donc une tendance constante à incliner vers l'acceptation du cliché. Ceci peut permettre à l'homme de payer ses dettes spirituelles, il est vrai, comme aussi de les augmenter, puisque la force acquise, l'habitude, qui est une énergie vivante, le poussent dans la même ligne où ses actes antérieurs l'entraînent déjà, depuis des siècles peut-être. Or, en même temps que ce cliché, peuvent surgir dans cet espace invisible central deux autres influences, contraires à lui, quoique semblables entre elles. Si l'âme est jeune, si le libre- arbitre est très faible et presque fatalement entraîné à la chute, l'ange gardien l'écarte une heure de la route du cliché, comme une mère écarte son enfant du passage d'une automobile. Si l'âme a la force de combattre, elle reçoit, simultanément avec l'apparition du cliché fatidique, la vision du cliché contraire, quelque éloigné qu'il soit, et c'est alors qu'elle se décide. En langage pythagoricien, le monde est un binaire, ou plutôt le champ de bataille du Binaire; la sagesse consiste à rétablir l'harmonie qui est le Ternaire. Cette opposition, ce Lucifer, celui qui se met en travers, on le trouve dans le cur de l'homme aussi bien que dans les plus petites parcelles du non-moi; mais la sévérité du combat se proportionne toujours à la force du moi qui en est le théâtre. Voilà comment nul n'est tenté au-delà de son énergie; la tentation constitue d'ailleurs le plus fructueux des exercices spirituels, même lorsqu'on y succombe, oserai-je dire, même quand on en triomphe à rebours, par l'orgueil. Le Destin, conçu comme entité cosmique, ressemble à un immense navire, qui emporte dans ses flancs un peuple de créatures, depuis les insectes jusqu'aux officiers. Tous sont liés, mais de chaînes plus ou moins extensibles; l'émigrant est parqué; le millionnaire peut aller et venir, sauf dans l'appartement des dieux: la chambre des machines et celle du gouvernail. Ainsi notre libre arbitre se développe à mesure que nos existences s'additionnent; mais, pour gouverner ce destin, il faut en sortir, descendre à terre , entrer à l'Ecole Navale et devenir capitaine. * Vous voyez maintenant qu'il est un véritable champ de bataille. Choisissez votre camp. Vous rangez-vous dans celui du Prince de ce monde, vous en observerez les ordonnances; vous intriguerez, vous cajolerez les puissants, vous essaierez d'anéantir vos compétiteurs, vous essaierez d'atteindre la première place ou, plus habilement, de vous la faire offrir. * Munis de ces indications générales, examinons les détails. Et d'abord, à quelles visites faut-il s'astreindre? A toutes celles que commandent l'amour filial, la hiérarchie sociale et la politesse mondaine. Le goût de la solitude, qui se remarque chez tous les mystiques, ne doit pas empêcher l'observation des convenances extérieures; mais, au contraire, si je me sens de l'attrait pour les parlotes et les fêtes, je ferai sagement de n'y assister que pour le strict nécessaire. Qu'est-ce, en effet, qu'avoir du goût pour quelque chose ? Cela signifie que certains êtres et certaines forces en moi vont trouver dans cette chose un aliment savoureux. Ma conscience doit donc examiner au préalable si cette chose est dans la direction de la Lumière, dans celle des Ténèbres ou à un carrefour. Dans ce dernier cas, l'aiguiller vers la voie droite. En un mot, aller de l'avant, agir coûte que coûte. Les visites de convenance faites, choisissez ensuite celles où vous pensez vous ennuyer; vous trouverez à cette pratique plusieurs bénéfices spirituels. Neuf fois sur dix, une difficulté que l'on aborde avec courage mais sans bravade s'évanouit et procure une satisfaction. Entretenir des importuns, des gens antipathiques, des sots même est une des formes élémentaires du jeûne moral; toutes les délicatesses qui souffrent en nous par une conversation vulgaire alimentent la flamme secrète de notre cur; notre patience sème dans les esprits étroits ou inintelligents quelque graine de Lumière qui germera sûrement un jour, dans un mois on dans un siècle. Le moindre de nos efforts ne se perd jamais. Une autre forme de ce jeûne caché, c'est, après avoir accompli nos devoirs nécessaires, de rendre des visites qui nous paraissent inutiles. Souvenez-vous combien la prudence et la prévoyance humaines sont bornées; aucun sage ne peut apercevoir le millionième des suites d'un acte quelconque. Combien de fois n'avez-vous pas vu, dans votre existence, l'improbable se réaliser? Sachons constamment que nous ne savons rien. Cette disposition intérieure, c'est l'innocence de la colombe dont parle Jésus; mais ayez aussi la prudence du serpent. De plus, comme le jeûneur de l'Evangile, qui se parfume et fait toilette afin qu'on ne s'aperçoive pas de son abstinence, prenez soin de dissimuler la gêne que vous causent de fastidieuses corvées mondaines; la bonne éducation suffit à cela, je le sais; mais essayez encore d'améliorer vos sentiments, afin que votre amabilité ne soit pas un mensonge. Renouvelez un effort analogue quand il s'agit de voir des gens antipathiques ou d'autres que vous savez vous être hostiles. Ceci est pénible. Mais une victoire sur l'antipathie ou le ressentiment produit de si fructueux effets ! Tant de choses en nous s'en trouvent modifiées, harmonisées, dynamisées; tant d'êtres en bénéficient parmi ceux qui nous entourent, qui nous précédent ou qui nous suivent sur le chemin des existences! Cette tentative nous évite tant de fondrières et raccourcit tellement notre route, que l'abondance de ces résultats mérite bien quelques heures d'agacement ou d'amertume. Deux personnes se font du mal, ne serait-ce que par la moindre médisance, elles élèvent aussitôt un mur entre leurs anges gardiens et elles-mêmes; elles interceptent la Lumière divine; seules les lumières de la Nature, des dieux leur parviennent encore; et vous savez quel mélange il y a en celles-ci. Observez encore ceci. Il arrive qu'une relation nouvelle est près de s'établir; on vous a donné les meilleurs renseignements et, malgré cela, une crainte indéfinissable vous fait hésiter, au moment de recevoir la personne. Tous les spiritualistes vous conseilleront d'écouter votre pressentiment obscur que quelque chose de fâcheux vous arrivera par cet individu. Si vous voulez rester dans le chemin du Ciel, allez au contraire contre cette répulsion, ne l'écoutez pas. Ne la chassez pas en pensant que vous êtes plus habile ou plus fort, mais en vous disant : Si de la douleur doit se produire par le moyen de cet homme, il vaut mieux que ce soit moi qui la supporte, plutôt que l'inconnu, mon frère, avec lequel s'établiront sûrement les relations que je suis tenté de refuser. L'éloignement que l'on éprouve pour quelqu'un ou quelque chose vient toujours de la paresse, soit du corps, soit de l'esprit. Or le Royaume de Dieu, c'est la vie éternelle, le mouvement absolu; celui qui aime l'immobilité ne peut donc entrer dans ce Royaume. * Pour diriger notre conduite mondaine, un fait devrait s'enraciner profondément en nous et y devenir un de ces axiomes innés que nous possédons comme s'il nous était impossible d'être nous-mêmes sans eux. Voici ce fait. C'est que rien dans l'univers ne peut nous faire souffrir si nous n'en contenons au préalable la correspondance en nous-mêmes. L'homme ne perçoit, ne sent, ne conçoit que si au moins une cellule en lui contient la même force. Pour sentir la couleur, l'odeur, l'orgueil, la beauté, le divin, il faut que quelque chose dans l'individu soit constitué avec de la lumière, de l'odeur, de l'orgueil, de l'harmonie, du divin. Les importuns, les bavards les plus redoutables, nos ennemis même deviennent, par ainsi, de très précieux auxiliaires; les derniers surtout, car la malice et la haine voient bien plus juste que la sympathie ou l'amour. On devrait non seulement leur pardonner, mais encore les remercier. La réconciliation n'existe pas tant que le souvenir de l'offense subsiste. La cellule de mon corps où s'incarne ce souvenir peut toujours être utilisée par les génies de la vengeance, de la rancune, du soupçon; le génie de l'inimitié possède en moi une porte ouverte. S'il y a un art d'apprendre : la mnémotechnie, il y a aussi un art d'oublier. Pardonnez donc comme l'on doit faire toute chose : de tout votre cur, de toutes vos forces, de toute votre intelligence, de tout votre être. Pour éviter ce défaut, je ne connais qu'un moyen c'est de ne pas dire des absents autre chose que ce que l'on se permettrait en leur présence. Alors, objectera-t-on, toute conversation est impossible. Ceci prouve combien nous sommes habitués à ne voir partout que le mal. Non, il ne suffit pas de se taire pour lutter contre le génie de la médisance; à ce compte un muet serait le plus vertueux des hommes. Il faut se préparer à une visite, comme nous nous préparons à tous les actes de la vie. Meublez votre intelligence et votre cur. Au lieu de lire des romans vides de sens et des journaux encore plus vides, cultivez-vous; faites votre société des chefs-d'uvre. Préoccupez-vous de projets utiles et non des intrigues environnantes. Ressuscitez l'art perdu de la conversation où les hommes et les femmes d'autrefois déployaient des talents exquis. Si vous vous montrez bienveillants avec constance, les malveillants iront ailleurs. Tout est prétexte à bien faire. Que votre salon - ou votre chambre, si vous n'avez pas de salon - se fasse connaître comme un lieu de détente, de repos; que vos amis puissent cesser, chez vous, de se tenir sur la défensive. Pour cela, défendez vous-mêmes les absents; interdisez les racontars; mais, alors, que cette proscription soit générale. Ne demandez pas qu'on épouse vos sympathies ou vos antipathies. Trouvez des excuses à ceux qu'on attaque. C'est un excellent exercice pour affiner l'intelligence et agrandir la sensibilité. Ne jugez personne, puisqu'il vous est impossible de connaître sûrement le mobile qui détermine autrui ou l'intention dans laquelle il agit. Un jugement, c'est une mainmise sur le voisin et une ligature dont on s'attache soi-même. Ne critiquez pas. Chacun suit le chemin qu'il lui faut suivre. Et personne ne connaît son propre chemin, à plus forte raison ignorons-nous la route d'autrui. Ce sont nos propres paroles et nos actions qui nous jugent. Le Père Lui-même ne S'occupe pas de cela. Souvenez- vous qu'une parole. n'est pas seulement une vibration, une force fluidique, une pierre sur le lac du mental; c'est un être vivant. Que toutes nos paroles servent donc à quelque chose. La Nature n'aime pas les gaspillages. C'est une loi universelle d'énergétique que toute force, après une trajectoire variable, revient à son point d'émission. Cette loi règle le monde moral, entre autres. Tous les livres sacrés l'énoncent. Mais nous ne réfléchissons pas qu'elle s'applique aussi aux petites circonstances de la vie quotidienne; c'est pourtant dans cette sphère qu'elle nous intéresse le plus. Il est facile de comprendre que toute énergie émise au hasard des futilités se résout en perte, quant au but réel de l'existence et est un obstacle positif que nous semons nous-mêmes sous nos pas. Si l'amour divin vivait vraiment en nous, toutes ces remarques et toutes ces petites précautions de pédagogue seraient inutiles. Nous serions une flamme droite, inflexible, incandescente; toutes nos puissances s'embraseraient, toutes nos facultés s'offriraient d'elles-mêmes au brasier. Mais où sont les amants de l'Amour éternel ? * Celui qui, après des efforts, des chutes, des regrets et des recommencements sans nombre, est parvenu à devenir le maître de sa langue, a fait de son cur une place forte. L'homme discret est un refuge assuré pour toutes sortes de créatures inquiètes; son calme les réconforte; la rectitude de sa conduite les éduque; peu à peu il leur donne du courage. Les coupables viennent à lui; les malfaisants s'arrêtent de nuire; les irrésolus l'écoutent; et tous lui deviennent des auxiliaires dans son uvre illuminatrice. Si ces nobles résultats s'aperçoivent facilement autour de nous, ils sont encore bien plus nombreux dans les mondes intérieurs où jaillissent les sources de la Vie. Quand Jésus recommande de se mettre, dans une réunion, à la dernière place, Son conseil vaut pour toutes les occasions possibles de concurrence. Si l'on me croit le plus pauvre, le plus inhabile, le moins intelligent, le moins ambitieux, que de soucis je m'enlève, que de forces je trouve libres en moi pour les conquêtes éternelles ! Quelle justesse ce calme ne donne-t-il pas à mon jugement ? Combien tous mes sens corporels et spirituels s'affinent et vibrent aux touches les plus exquises des messagers célestes si l'envie de parvenir n'en consume pas la sève! Quand les fantassins passent sous ma fenêtre, la musique et les tambours m'empêchent d'écouter les vers délicats qu'un ami me récite à murmurante voix. Quand les fanfares de l'orgueil, les cris de la chair, les hurlements de l'ambition déploient leurs tumultes à la fenêtre de mon cur, comment pourrai-je entendre la parole ineffable que l'Ami des âmes me verse doucement? Puisque vous êtes certains que le Père dans les cieux vous voit et vous attend, vous supporterez la calomnie, vous pardonnerez au calomniateur. L'injustice n'est qu'une apparence; elle est, en réalité, une justice dont nous n'apercevons pas les considérants. C'est la victime elle-même qui, par suite d'un acte antérieur, arme le bras de son assassin. Si vous êtes soucieux d'alléger le boulet que nous traînons tous, acceptez tout le mal qu'on vous fait et tout le mal qu'on vous attribue. Plus un être est vil selon la Nature, plus il est précieux selon le Ciel. Les hommes ne voient que la gangue, Dieu seul aperçoit le diamant caché. Si votre coeur s'efforce vers la Lumière, la Lumière sera en lui, et en toutes vos actions. La politesse, qui n'est, en général, qu'une suite de mensonges agréables, deviendra dès lors une force vivante et bénéfique. Chaque mensonge commis empoisonne des cellules en nous. Soyez sincères; et, pour pouvoir l'être sans blesser personne, cultivez l'indulgence. Ainsi vos visiteurs emporteront, quand vous les reconduirez, un peu de la paix qui plane sur votre maison; et vous apporterez avec vous, chez les autres, un peu de cette même paix. Cet acte évoque les résultats matériels et les dynamismes invisibles qui lui sont inversement analogues. C'est ainsi qu'un boutiquier se confine dans un magasin obscur, pendant vingt-cinq ans, pour pouvoir plus tard à la campagne jouir à satiété d'air et de soleil. Et ces réactions s'exercent sur leur centre d'origine dès qu'elles sont lancées. Tout acte modifie donc et notre être conscient, depuis la forme corporelle jusqu'à l'intellectuelle, et la tribu d'invisibles qui nous est attachée de naissance. C'est donc surtout par l'acte que la Lumière augmente en nous et que l'harmonie s'installe autour de nous. Bien agir est la condition préalable unique et nécessaire pour que notre rapport avec Dieu soit permanent; et ce rapport n'est autre que l'union avec l'Etre qui est la forme visible de Dieu, avec le Christ. C'est le souhait que je vous demande la permission de formuler en terminant. Puissions-nous tous concevoir une idée si juste du Père, reconnaître si sincèrement Son Amour : le Christ, que notre être tout entier s'enflamme aux rayons de cet amour, que notre vie, dans toutes ses circonstances, soit ce que serait la vie de cet amour. L'humaine passion nous transfigure; combien plus la passion du Ciel nous exalte! Nos mains alors élèvent un flambeau, nos yeux versent la Lumière, nos paroles répandent la paix. L'Ami éternel ne nous quitte plus; le halo éblouissant sous lequel Il voile l'insoutenable éclat de Son aspect tremble et bouge avec nous; nous devenons les dispensateurs de Ses bénédictions. Là où nous allons, Il vient; ce que nous voulons, c'est Lui qui l'accomplit; ce que nos frères nous demandent, c'est Lui qui le leur donne. Notre existence s'élargit par la vertu d'une extase très intérieure et permanente; autour de nous enfin flotte une atmosphère plus subtile qui guérit, console, éclaire et pour l'action de laquelle ni le temps ni l'espace ne sont plus des obstacles. |