n ° 63 - Juillet 1965 Mirages et réalités Bien souvent, dans cette revue comme dans ses livres et ses conférences, Sédir nous a mis en garde contre le mirage oriental. Ce, avec l'autorité que lui donnaient son expérience personnelle des initiations de l'Asie et ses contacts directs avec les représentants qualifiés des diverses traditions qui s'y rencontrent. Pour ces chrétiens, représentants de leurs églises respectives, il ne s'agit plus de faire entendre à leurs interlocuteurs en quoi le christianisme survole et couronne leurs traditions. Bien moins encore de leur montrer, surclassant tous leurs initiateurs, si grands qu'ils puissent être ou paraître, le Christ vivant, le Verbe divin incarné, crucifié et ressuscité, Sauveur suprême, mais de tomber d'accord sur les banalités philosophiques d'un certain Verbe cosmique, dénué de toute efficience directe sur les affaires du genre humain. Une capitulation en rase campagne ! En effet, dès que le christianisme se place sur le plan purement humain, afin de ne pas heurter, pensent certains de ses tenants, qui confondent tact avec compromission, les opinions, les préjugés, les conceptions des non chrétiens avec lesquels il entre en contact, afin, aussi, de déplacer son pôle intemporel et spirituel pour s'adapter « au sens de l'histoire » et à la couleur du vent qui souffle, il trahit son Maître, dénature sa mission, et perd cet élément sans second ailleurs qui, seul, lui donnerait la précellence sur les religions et initiations antérieures : la notion du Verbe venu en chair, de son sacrifice rédempteur, et de la nécessité d'une conversion, d'un arrachement, basé sur l'impuissance humaine et sur la toute-puissance divine : « Vous ne pouvez rien sans Moi » ! Et, pendant que l'Asie s'amuse ainsi, avec des rêves d'oecuménisme, de syncrétisme, de conciliation des inconciliables, les naïfs clercs occidentaux, qui, pensant conquérir, sont conquis ; pensant convaincre, se laissent empaumer ; pendant ce temps, elle prépare fiévreusement sa ruée implacable et sauvage, sous les auspices du Communisme, mieux qu'athée : anti-christique ! |