Année 1976 n ° 1

UNIQUE ÉTOILE

Noël 1975


 

C’était au seuil d’un froid Minuit...
Le ciel, capitonné de neige,
étendait ses sombres pourpris
sur la nature, prise au piège.

Une lassitude sans bornes
paralysait tous mes pensers
sous la voûte compacte et morne
s’incurvant sur ce sol glacé.

En cette nuit de gel sévère,
au ciel uniformément gris,
la plaine étirait mon suaire
dont ne frémissait pas un pli.

« Sombre fin d’une sombre année ! »...
Mais, soudain, de lointains clochers
jetèrent leurs carillonnées
sur le paysage figé.

Or ce fut comme si leur chant
déchirant la coupole obscure,
ouvrait là-haut, en cet instant,
une imperceptible échancrure.

 

Et cette immobile fissure
s’élargissait, s’élargissait,
délimitant une embrasure
Où, nettement, j’apercevais,

- ô merveille paradoxale ! - 
gemmes d’or du noir firmament
une seule, une unique étoile
Dissipant mon accablement.

En cette amère fin d’année,
la messagère de l’espoir
me rappelait la randonnée
Des Mages, certain autre soir...

Et cette clarté solitaire
m’évoquait le regard divin
de l’Enfant, venu sur la Terre
pour le rachat du genre humain.

Ah ! que m’étaient ce ciel d’absinthe
et cette neige à geler loups, 
quand au cieux s’inscrivait l’empreinte
Du plus sublime rendez-vous !