Vous êtes actuellement sur le site : livres-mystiques.com © de Roland Soyer le 23/12/2008
VISAGE DU DRUIDISME
Chapitre V
Les premiers siècles du troisième millénaire sont marqués par d'importants bouleversements terrestres. Peu après la fondation de Tyr par les Phéniciens ( 2750), c'est l'irruption de
Gaideli, « Coqs », d'après l'un des noms de l'animal qu'une vaste fraction avait pris pour blason (lith. Gaidys, lett. Gailis « coq » ; - Giedé « je chante » ; sansk. gâyati « il chante » et, plus générique encore, le nom de Kelti « braves, héros ».
Les insulaires conservèrent le premier (irl. Gaidel, gall. Gwyd-del), les continentaux s'en tinrent au second, qui les désigne en bloc jusqu'à l'arrivée des Gaulois et des Belges quelques siècles plus tard.
Deux siècles après (vers 2500), le déluge dit « d'Ogygès » disloque
Vers cette même époque, événement d'importance : une invasion mongole, déplaçant les peuples qu'elle rencontre, fond sur l'Europe. Les archéologues désignent ces immigrants sous le nom de « peuple de la poterie à cordelette », d'après leur technique d'ornementation. Ces Asiates vont très loin. Certains, jusqu'à ce que la mer les arrête. En maint endroit, ils laissent des îlots mongoloïdes (Bretagne, Morvan, etc.) que renforceront parfois d'autres incursions préhistoriques ou historiques. Mais le gros de la horde s'agglomère dans le Jutland, récemment exondé, et le long des côtes baltes. Ce sont les Yotar et les Thursar des traditions Scandinaves, qui donneront du fil à retordre à Thor et aux Ases. Ces invasions et celles des Scythes (les Vanir des mêmes traditions) contribueront quelque peu à la formation de l'ethnie germanique.
Pour l'instant, la situation n'est guère enviable, du point de vue druidique. Les Orthodoxes formaient à travers
Des siècles d'empoignades furieuses avaient fait du « chef de clan » le « chef de guerre », suscitant une féodalité remuante et brouillonne. Le druide, homme de paix, ne pouvait exercer sa fonction arbitrale et modératrice que dans la paix. L'état de guerre étant devenu, pour ainsi dire, l'état normal, il passait au second plan, conseiller toujours respectée, souvent écouté mais plus rarement obéi malgré toute sa persuasion.
Or, liquider les querelles, rassembler les forces éparses, fédérer les roitelets sous un chef éduqué, choisi et contrôlé par lui, tel était, tel serait jusqu'à la fin de l'indépendance gauloise le plan politique du grand collège druidique !
Tandis que les Mongoloïdes s'installent en Finlande, au Jutland et ailleurs, apportant la copie en pierre de la hache de cuivre sumérienne, une invasion ibère prend pied en Irlande et édifie, pour miradors, les fameuses « tours rondes » de technique atlante ; rappelant plus ou moins les nuraghi de Sardaigne et les Talayoth des Baléares. Les pauvres Goidels allaient en voir bien d'autres, y compris une forte immigration sémitique vers 900, à la suite du schisme des Dix Tribus ( 950). La même vague sémitique fournit à
Pendant que les druides songeaient aux moyens de rallier leurs ouailles, les schismatiques ne perdaient pas leur temps !... Tous les efforts de ceux de l'est vinrent converger vers l'Asie Mineure et
Et nous voici au premier âge du bronze celtique ( 1900). C'est alors l'apogée de la civilisation égéenne, dont les Celtes sont débiteurs dans le domaine métallurgique et, à un moindre degré, dans les adaptations mythiques des Hellènes. La technocratie pélasgique semble à la veille d'imposer définitivement à ses voisins l'hégémonie de ses possesseurs. Mais il y a loin de la coupe aux lèvres ! Vers 1800 ? juste au temps où Hammourabi monte sur le trône et va faire rédiger son fameux Code époque où toute l'orthodoxie du Proche-Orient tient sous les tentes d'Abraham et de Melki-Tsedeq, une soudaine convulsion sismique engloutit la majeure partie de l'Enéide, finit de disloquer
Presque simultanément, une secousse d'un tout autre ordre ébranle le lointain Tibet : le schisme y triomphe sous la forme prébouddhique de ce qui deviendra peu à peu l'actuel Lamaïsme. Ce qu'on peut déceler de cet aspect premier du schisme semble impliqué dans le rituel et les cérémonies magiques du Bön.
En revanche, l'orthodoxie druidique marque un point en Europe occidentale. Pour l'apprécier, il convient de faire un moment abstraction de notre mentalité moderne.
Le calendrier, sauf en notre siècle de lumières (artificielles) fut toujours uvre à triple sens. Jours, mois, années, siècles se déroulent en cycles partiellement irréductibles l'un à l'autre. Etablir un calendrier, c'est donc articuler en un système de concordances les différents temps conventionnels, « normalisés », et les repères cosmiques et saisonniers.
Les anciens y parvinrent de diverses façons, soit en insérant à périodes fixes des mois « intercalaires », soit en ménageant des jours « épagomènes », soit en réformant le calendrier chaque fois que le décalage s'avérait trop sensible. D'autre part, par la lente régression du point Vernal (cycle préssessionnel) les très grandes périodes, embrassant un ou plusieurs mois de la Grande Année de 25 920 ans, amènent également un décalage entre les saisons et les repères stello-solaires qui les avaient signalées et, quoique devenus caducs, continuent à se survivre dans le symbolisme et la liturgie, comme ils se survivront plus longtemps encore dans le folklore.
De ce fait, des remaniements devenaient indispensables, à de très longs intervalles. Chacun d'eux constituait une « réforme du calendrier », et sa mise en vigueur devenait le point de départ d'une nouvelle Ere.
Pour qu'une telle réforme eût sens et utilité, elle, devait être entérinée par les autorités religieuses et enseignantes du groupement humain considéré.
Or, vers 1800, le vieux calendrier pan-celtique, déjà réformé par Rama, demandait une remise au point. L'Equinoxe était depuis longtemps dans le Bélier, alors que le taureau en constituait anachroniquement le point de départ théorique et le substrat mythique.
Le grand collège entreprit la révision sous la direction d'un archi-druide d'une haute réputation et, de plus, d'un grand sens politique (chose plutôt rare en Celtide !). Une Grande Assemblée panceltique des orthodoxes fut décidée pour la cérémonie la plus spectaculaire de l'année :
Ce calendrier et ce concile extraordinaire furent concrétés en un monument que, très politiquement, les druides continentaux situèrent dans la plaine de Salisbury, à Stonehenge. La fameuse table de bronze trouvée à Coligny (Ain), et dont j'aurai à reparler assez en détail, appartient à ce cycle qu'on peut appeler « Ere de Stonehenge » ou « Ere du calendrier de Coligny », le nom ne changeant rien à la chose.
Ainsi, Stonehenge n'est pas seulement un monument britannique, mais surtout un Mémorial panceltique, sorte d'arche d'alliance des orthodoxes. Depuis lors, des délégués du druidisme continental assistèrent aux cérémonies et aux assemblées des Insulaires, et vice versa.
J'ai parlé d'orientations politiques... Même si la Tradition faisait défaut, il ne serait pas difficile de deviner le mot d'ordre lancé par les sacerdotes : « Faire des Gaules la citadelle du Druidisme vrai et la terre de refuge de ses partisans en difficulté. »
Mais faire adopter ce programme par les chefs de guerre, aux vues étroites, n'allait pas si vite !... Pourtant, le temps pressait. Le monde celtique oriental nord-danubien, où futurs Gaulois et futurs Germains seront englobés par les auteurs classiques sous le vocable élastique de Cimmériens ou de Cimbres, ce dernier nom porté seulement par une fraction d'entre eux, se voit peu à peu refoulé vers l'ouest par les Scythes. Ces Scythes sont un mélange, malaisément dosable, d'Iraniens et de Touraniens, ces derniers en moindre nombre. Ce mélange très antique de Celtes et d'Asiates roule ses chariots d'est en ouest, de
Sous cette poussée, peuplades et tribus se déplacent : les unes en direction de l'Italie du nord, où elles entrent en contact avec les Etrusques ; les autres en direction de l'Hellade où le « miracle grec » allait naître de leur conjonction avec la civilisation égéenne, matériellement mais non intellectuellement affaiblie, comme celle des Etrusques, par les catastrophes que j'ai relatées précédemment. D'autres encore ont tenté leur chance sur mer, et certaines iront jusqu'en Irlande (race Partholon des Annales irlandaises, dont le nom n'est sans doute pas sans relation avec celui des Parthes, que feront parler d'eux peu de siècles avant notre ère). Cette « race de Partholon » apporte en Irlande et dans les îles le mode de sépulture connu sous la dénomination de « round barrow » (grands dolichocéphales).
Moins de quinze cents ans nous séparent maintenant de l'ère chrétienne. Les clans celtiques (au sens restreint) forment un groupement culturel encore flou, de
Il serait donc impropre de parler d'une fédération politique, même lâche, ni d'une unité spirituelle, qu'une petite élite orthodoxe était seule à concevoir, mais de l'espèce d'unité, tout externe, qui résulte d'un vague sentiment de cousinage, d'une certaine parenté de langues et de murs, qui va d'ailleurs en s'affaiblissant (on peut voir, par exemple, combien la langue des Celtes Ombriens diffère déjà de celle des Celtes Gaulois) et, enfin, d'une communauté de techniques.
Faisons le point. Tandis que le premier schisme est toujours virulent à l'une des extrémités du monde celtique (Irlande, île de Sein, etc.), le même, aggravé du second, règne à l'autre extrémité sur
Parmi les Hellènes, qui vont commencer à faire sérieusement parler d'eux, seul le groupe dorien n'a pas adopté le schisme, quoique son évolution se soit opérée en dehors du druidisme proprement dit, qui tenterait de dire son mot avec Orphée.
Quant aux Germains, toujours nomades, et plus ou moins mêlés d'Asiates selon les groupes et les circonstances, s'ils diffèrent encore peu, physiquement, des Celtes avoisinants, ils en diffèrent beaucoup aux autres égards. Ils ne prendront pleinement conscience de former une unité relative que galvanisés par l'Odinisme, de nombreux siècles plus tard.
Mais, déjà, le sens générique du mot « Celtes » ne caractérise plus guère l'ensemble de la race blanche et se restreint à l'une de ses fractions, pour considérable qu'elle soit encore. De restrictions en restrictions, ce terme deviendra une simple étiquette apposée sur un groupe linguistique, abstraction faite de ses composantes ethniques qui, en Irlande notamment, atteindront à une complexité défiant l'analyse.