XII

 

Une offrande agréable à Dieu

 

De Chalon-sur-Saône à Ars il n'y a pas bien loin. Une jeune Chalonnaise, Mlle Poulin, en profitait pour aller de temps en temps se confesser à M. Vianney.

« Mon enfant, lui dit un jour brusquement le saint Curé, vous avez bien fait plaisir au bon Dieu...

— Mais où cela et quand cela, mon Père ?...

— Oui, mon enfant, vous avez bien fait plaisir au bon Dieu. Il a été bien content de l'offrande généreuse que vous avez faite de votre mère mourante ».

 

Six mois plus tôt, Mlle Poulin avait eu le cruel chagrin de perdre une mère tendrement aimée. La voyant en proie à d'intolérables souffrances, elle l'avait offerte à Dieu, bien que ce fût un martyre pour son cœur. Or cette scène n'était pas même présente à sa pensée au moment où elle s'entretenait avec M. Vianney ; elle en avait d'ailleurs gardé le secret pour elle seule. (1)

 

 

(1) Mme Pierre Legrand, de Chalon-sur-Saône, qui tenait le fait de Mlle Poulin, « personne très pieuse et très digne de confiance », l'a transmis à Ars le 30 janvier 1878 (Documents Ball, N° 11)