XIII

L'âme de l'aveugle

 

M. Michel Puy, père d'une famille de sept enfants, avait perdu complètement la vue des suites d'une explosion.

C'était un homme de foi profonde. Considérant que son épreuve avait été permise de Dieu pour la sanctification de son âme, il refusait de se joindre aux prières qu'on se proposait de faire pour sa guérison.

Cependant, il consentit à se laisser conduire auprès de M. Vianney.

« Le saint est là devant toi », lui dit tout bas sa femme. M. Puy se contenta de saluer le serviteur de Dieu.

« Oh ! Monsieur le Curé, je vous en prie, s'écriait alors l'épouse en larmes, guérissez mon pauvre mari ! »

Le saint se contenta de répondre :

« Si le corps est infirme, l'âme est bien belle. »

Il prit un instant les mains de l'aveugle en ses mains vénérables, puis il se remit au confessionnal.

 

« Cela se passait le lendemain du jour où le démon a brûlé le lit de M. Vianney » – par conséquent, l'un des derniers jours de février 1857 – atteste Mme Saysse-Puy, petite-fille de l'admirable aveugle, qui habite, 19, place Jean-Jaurès, à Marseille.