IX

Visitandine ?

 

Une Lyonnaise, Mlle Antonia Dubreuil, sur le point de se marier, eut la pensée de faire le pèlerinage d'Ars et de se confesser au saint Curé. C'était aux environs de 1840.

Accompagnée de ses deux sœurs et d'une nièce, elle leur confiait, après de longues heures d'attente, qu'elle désespérait d'arriver au confessionnal et son désir de reprendre la route du logis, lorsqu'une personne de service dans l'église vint chercher M. le Curé.

Il sortit de la chapelle Saint-Jean-Baptiste et dut traverser la nef. Et ce faisant, il se trouva tout à côté des quatre Lyonnaises.

« Mon enfant, dit-il, en se penchant vers Antonia qui s'était agenouillée, vous vouliez vous confesser... Soyez tranquille. On entre à la Visitation jusqu'à l'âge de quarante-cinq ans. »

Déçue, la jeune fille le regarda, un pâle sourire aux lèvres.

« Mais, Monsieur le Curé, répliqua-t-elle, je me marie dans trois semaines !

— Bien, bien ! »

M. Vianney tenait des médailles dans sa main. Il en donna une à Mlle Dubreuil et s'éloigna. Elle ne devait pas le revoir : à quoi bon consulter un homme qui se trompe si évidemment ?...

Or, après quelques années de mariage, Antonia Dubreuil devenait veuve.

Elle entra à la Visitation (1).

 

(1) Ce récit fut fait à Mgr Convert le 27 septembre 1934 par une petite-nièce de Mlle Dubreuil, supérieure générale de la Présentation de Tours. Elle avait entendu raconter maintes fois le fait d'intuition par sa grand'mère, sœur d'Antonia. Toutefois, elle n'a pu se rappeler la date exacte du voyage ni dans quelle Visitation était entrée sa vénérée grand'tante.