III

Les liens de la fiévreuse

 

 

Un pèlerin de la région niçoise, M. Boudier, désirait s'adresser, et le plus tôt possible, au saint Curé d'Ars, dont il avait entendu vanter le pouvoir surhumain sur toutes sortes de maladies. Le cas pressait effectivement. M. Boudier venait demander au serviteur de Dieu de guérir une de ses sœurs tourmentée d'une fièvre si ardente qu'il fallait la lier dans son lit.

Le pèlerin eut la chance d'aborder M. Vianney sans trop tarder. Comme il pensait n'avoir pas le temps de lui en conter bien long, il avait préparé ses phrases. Il n'eut même pas besoin de les sortir.

« Vous ne venez pas pour vous, mon enfant, lui dit le saint Curé, vous venez pour l'une de vos parentes... Ce n'est rien : on lui enlève les cordes. »

 

M. Bouclier eut foi dans les paroles du saint. Sans insister, il reprit sa route. Quand il rentra à la maison, sa sœur s'occupait aux soins du ménage.

Elle s'était trouvée soudainement guérie tandis que son frère était en voyage. Et celui-ci constata que toute sa fièvre était tombée à la minute précise où là-bas le Curé d'Ars lui disait ces paroles que d'autres pèlerins avaient trouvées si étranges : « On lui enlève les cordes » (1).

 

(1) Ces détails nous ont été fournis par Mme Martin-Boudier habitant 12, rue Gounod, à Nice, dans une lettre du 1er mai 1934. « J'ai soixante-dix-neuf ans, écrivait Mme Martin, et je garde un souvenir fidèle de ce que m'a conté tant de fois mon regretté père. »