XII

Une communion de moins

 

Une personne qui habitait Sain-Bel, dans la vallée lyonnaise, si jolie, de la Brévenne, était venue faire une petite retraite spirituelle, non pas précisément sous la direction du saint Curé d'Ars – car il n'en avait pas le loisir – mais tout au moins dans l'ambiance de sa paroisse. Cependant, elle put, à son tour, aborder M. Vianney au confessionnal.

Cette chrétienne, il le sentait, avait ce qu'il fallait pour atteindre à de hautes vertus, et elle y parviendrait par la communion fréquente. « Après l'avoir entendue, écrit le chanoine Ball, il lui enjoignit expressément de se tenir en mesure de communier, sans manquer, tous les dimanches. » La retraitante « eut beau alléguer des prétextes pour n'y être pas obligée, M. Vianney insista, et, malgré toutes les répugnances de l'intéressée, il maintint son injonction ».

 

Deux mois après, notre Sain-Balaise, à qui ses moyens permettaient de ces fréquents pèlerinages, se retrouvait au village d'Ars. Elle voulut revoir le serviteur de Dieu et se confessa à lui.

« Pourquoi, mon enfant, interrogea M. Vianney, pourquoi n'avez-vous pas communié tel dimanche ? »

Il donna la date exacte ; et de fait la pénitente se rappela fort nettement qu'elle n'avait pas fait la communion ce dimanche-là. « Sa surprise fut d'autant plus grande, explique M. Ball, qu'elle ne lui avait point parlé de cette désobéissance et que nulle autre personne n'avait pu lui en donner le moindre indice. La connaissance que le vénérable Curé d'Ars avait de ce manquement de communion et du jour précis où elle n'avait pas été faite ne pouvait procéder que de lumières intuitives et toutes surnaturelles (l).

 

(1) Documents Ball, n° 106