4° Critique tirée du titre même et de l'Introduction de « La Douloureuse Passion ».
En étudiant les critiques de Louise Hensel, notre attention a été attirée par le titre très humble que Brentano a donné à son ouvrage sur la Passion de Notre-Seigneur : « La douloureuse Passion de Notre-Seigneur Jésus-Christ, d'après les méditations d'Anne-Catherine Emmerich. »
En lisant ce titre, on pourrait être tenté de s'écrier avec tous les détracteurs d'Anne-Catherine et de Brentano : Mais la meilleure critique qui puisse être faite aux prétendues visions d'Anne-Catherine Emmerich, c'est encore Clément Brentano lui-même qui la fournit, puisqu'il présente son livre comme ayant été écrit simplement d'après les méditations et non d'après les visions d'Anne-Catherine.
Et ce n'est pas tout du reste. Si on lit rapidement l'Introduction que Brentano a mise en tête de son livre, il semble bien que la critique devienne de plus en plus aisée.
Voyons tout d'abord ce que Brentano dit lui-même de son ouvrage dans son Introduction :
« Quand bien même les méditations (Betrachtungen) suivantes se distingueraient en quelque manière de tant d'autres uvres inspirées également par l'amour contemplatif de Jésus, elles protestent solennellement contre toute prétention à la vérité historique. Elles veulent simplement et en toute humilité s'ajouter aux innombrables tableaux de la douloureuse Passion qui nous ont été donnés par des artistes et par de pieux écrivains. Elles veulent tout au plus être considérées comme méditations contemplatives d'une pieuse nonne pendant le carême, sortes de tableaux qui laissent peut-être autant à désirer dans la façon imparfaite dont ils ont été saisis, compris (aufgefaszt) et communiqués que dans la façon inhabile dont ils ont été reproduits et décrits. La pieuse nonne qui les a communiqués n'a jamais attribué à ces représentations contemplatives (Vorstellungen) une valeur supérieure à la faible valeur des uvres humaines. Elle recevait sans cesse un avertissement intérieur qui lui ordonnait de les faire connaître ; mais c'est seulement sur l'ordre réitéré de vénérables directeurs de conscience qu'elle s'est décidée, avec bien de la peine, à obéir à cet avertissement. »
Dans cette Introduction, on le voit, Brentano ne parle pas de visions, pas plus qu'il n'en parle dans le titre de l'ouvrage. Bien plus, dans l'Introduction, il semble bien qu'il nous mette en garde contre une appréciation exagérée de la valeur du livre. Pourquoi veut-on absolument que ce livre renferme des visions ? L'auteur lui-même semble vouloir écarter et le mot et la chose.
Regardons d'un peu plus près cette Introduction.
Pour qui sait lire, nous le verrons, cette Introduction prouve tout simplement que Brentano n'osant employer le mot de visions (Gesichte) qui était le mot propre, a employé le mot vague de Betrachtungen qui laisse subsister une équivoque.
Ce mot a deux sens. Il vient du verbe betrachten qui signifie :
- 1° réfléchir à quelque chose ;
- 2° contempler à l'aide des yeux.
Brentano joue sur le double sens du mot Betrachtungen. Bien certainement, Brentano veut qu'en lisant le titre de son ouvrage, le lecteur pense à des méditations. Lisons nous-mêmes ce titre en nous efforçant d'oublier le contenu du livre : Das bittere Leiden unseres Herrn Jesu Christi nach den Betrachtungen der gottseligen Anna-Katharina Emmerich. L'auteur n'emploie pas le mot de Gesichte (visions), nous ne pensons pas à des visions, nous traduisons immédiatement : La douloureuse Passion de Notre-Seigneur Jésus-Christ, d'après les méditations de la pieuse (nonne) Anne-Catherine Emmerich. Tel est aussi du reste le titre donné à cet ouvrage par une traduction française que nous avons entre les mains.
Cette traduction française conserve ensuite, bien à tort, dans l'Introduction, l'équivalence : « Betrachtungen » égale « méditations ». Dans l'Introduction, Brentano donne au mot Betrachtungen bien visiblement un autre sens. Comme nous allons le voir, Betrachtungen devient ici le synonyme faible de visions.
Ces Betrachtungen, nous dit Brentano veulent simplement s'ajouter aux innombrables tableaux de la Douloureuse Passion, tableaux (Darstellungen) qui nous ont été donnés par des artistes, peintres ou sculpteurs (bildende Künstler) et par de pieux écrivains. Ce sont, nous dit-il plus loin, des « Vorstellungen », c'est-à-dire des représentations, des images contemplatives. Le sens de réflexions, méditations, considérations, disparaît, on le voit. Les « Vorstellungen », les représentations, les images d'Anne-Catherine sont des tableaux qui ont défilé dans son esprit.
Mais d'où venaient ces tableaux ? Il est bien certain que la méditation des scènes de la Passion surexcite l'imagination de celui qui s'y livre et fait défiler dans son esprit une série d'images, de tableaux. Les tableaux qui ont défilé dans l'âme d'Anne-Catherine étaient-ils suscités par l'imagination de la « voyante ». L'Introduction de Brentano ne le dit pas, mais bien vite donne à penser le contraire. Brentano déclare que ces tableaux ont pu être imparfaitement « saisis, compris, recueillis » par Anne-Catherine (unvollkommen aufgefaszt). Il semble bien que si elle a pu mal les comprendre, mal les recueillir, c'est qu'ils ne venaient pas d'elle, c'est qu'une puissante étrangère à elle les avait fait défiler dans son esprit. Et du reste Brentano nous parle de cette puissance étrangère. D'où pouvait venir « l'avertissement intérieur » qui poussait Anne-Catherine à faire connaître au monde ces Betrachtungen ? Et Brentano na t-il pas nommé Anne-Catherine sur la couverture de son livre une « Begnadigte », c'est-à-dire une personne qui a reçu du Ciel des grâces particulières ? Il nous annonce en effet sur la couverture de son ouvrage que la Douloureuse Passion est accompagnée d'une esquisse biographique de la « Begnadigte ».
Que conclure de tout ceci, sinon que Brentano dans son Introduction emploie le mot « Betrachtungen » dans un sens très voisin de celui de visions, tout en laissant subsister une équivoque.
L'équivoque se dissipera plus tard d'elle-même. Le lecteur verra bien vite que dans tout cet ouvrage il s'agit bien de visions authentiques. Ce seraient de singulières méditations que celles d'Anne-Catherine. Elle ne fait pas de réflexions. Elle ne tire pas de conclusions. Elle dit constamment ce qu'elle voit. Elle commence invariablement ses comptes rendus par ces mots : Ich sah... Ich sah... (Je vis... Je vis...) Brentano savait bien à quoi s'en tenir sur ces prétendues « méditations ». Il savait et il l'a répété à satiété qu'Anne-Catherine tombait en extase et avait des visions sans avoir médité quoi que ce soit auparavant. Les tableaux quelle voyait défiler devant ses yeux pendant l'extase n'étaient donc pas le fruit de ses méditations.
Il ne faut pas demander si Brentano croyait aux visions d'Anne-Catherine. La question ne se pose pas. Il faut simplement se demander pourquoi il ne les appelle pas tout d'abord par leur nom, pourquoi il a employé ce terme vague et impropre de Betrachtungen. Un mot nous renseigne à ce sujet. Brentano ne voulait pas éveiller immédiatement dans l'esprit de ses lecteurs l'idée de visions. Il connaissait son public. Il ne voulait pas heurter de front dès le début les idées courantes. Ce qui nous le prouve, c'est qu'il emploiera bien le mot exact de visions (Gesichte) dans le cours de l'ouvrage, mais seulement quand il sentira que ses lecteurs ont déjà prononcé ce mot.
Voyons du reste comment il procède pour ménager la susceptibilité de ses lecteurs et les amener cependant à l'idée de « visions ». Dans le titre de l'ouvrage, nous l'avons vu, il éveille simplement l'idée que l'on va avoir affaire à des méditations. Le lecteur, sans prévention, ouvre le livre, lit l'introduction. Là il s'aperçoit que Brentano a donné un sens spécial au mot Betrachtungen et qu'il va se trouver en face de tableaux de la Passion tels qu'une pieuse nonne les a vus défiler dans son âme. Mais Brentano le rassure. Ces tableaux n'ont aucune prétention à la vérité historique. Ils n'ont qu'une valeur purement humaine. Cependant Brentano laisse déjà entrevoir que le Ciel attachait à ces tableaux une certaine importance, puisque Anne-Catherine recevait sans cesse un avertissement intérieur qui lui ordonnait de faire connaître ses Betrachtungen. La suite de l'Introduction fortifie cette idée, car des hommes pieux et sages, Stolberg, Sailer, ont goûté beaucoup ces Betrachtungen, dit Brentano et Mgr Wittmann, un saint évêque a engagé l'auteur de cette introduction à les publier.
Cette introduction est très courte, elle a moins de deux pages , et elle est habile. Le lecteur, vivement intéressé, passe tout de suite à la lecture de
la Vie d'Anne-Catherine Emmerich. C'est une biographie qui n'est ni trop longue ni trop courte, mais qui rend compte en détail de tous les dons merveilleux dont fut favorisée la Visionnaire. Quand le lecteur arrive enfin aux visions proprement dites, il y a longtemps qu'il n'a plus l'idée de les considérer comme de simples Betrachtungen.
Mais pourquoi toutes ces précautions ? Brentano savait quel accueil le public littéraire réserverait à son livre. Rappelons-nous ses paroles : « C'est un bien beau livre ; il réjouira le cur de beaucoup de personnes, il en irritera beaucoup d'autres ». Il ne voulait pas froisser son public dès la première page. Il aurait même voulu ne pas se mettre en scène. La première édition de la Douloureuse Passion ne porte pas son nom ; mais le nom d'Anne-Catherine le trahit et la publication de son ouvrage provoqua dans les milieux littéraires anti-catholiques de violentes clameurs. Quoi qu'il en soit, c'est bien pour ménager l'esprit du temps que Brentano a donné à son livre un titre si modeste, si humble, si inexact. Et c'est parce qu'on ne voulait pas entendre parler de visions ni de révélations qu'il a employé le terme de Betrachtungen, terme auquel, au surplus, il a fini par donner le sens de Gesichte, visions.
Tout ceci nous montre l'habileté de Brentano, mais cette habileté ne va-t-elle pas trop loin lorsqu'il écrit que les visions n'ont aucune prétention à la vérité historique. Et le raisonnement suivant ne paraît-il pas justifié par l'Introduction de la Douloureuse Passion : Si les Betrachtungen renfermées dans la Douloureuse Passion étaient de vraies visions, si elles étaient vraiment inspirées de Dieu, Brentano leur reconnaîtrait bien le caractère de l'exactitude historique la plus rigoureuse. Pourquoi leur refuse-t-il ce caractère d'exactitude historique ? N'est-ce pas parce que ce sont tout simplement des « Dichtungen » c'est-à-dire des inventions poétiques du romantique Brentano ?
Ici encore la réponse est facile. Brentano ne pouvait, de son chef, et sans violer les canons de l'Église, affirmer l'exactitude historique des visions d'Anne-Catherine. Il devait même au contraire, mettre en doute leur exactitude historique, pour éviter que ses lecteurs n'en vinssent à donner aux visions d'Anne-Catherine un caractère que l'Église ne saurait leur reconnaître.
Quelle que soit la sainteté d'un visionnaire et quel que soit le soin scrupuleux apporté à recueillir ses visions, l'Église ne peut accepter comme vérité historique absolue le récit de ces visions. Même dans le cas le plus favorable, les récits de visions peuvent renfermer des erreurs dues au moins à huit causes différentes.
Ainsi, quand Anne-Catherine avait des visions historiques, ces visions lui montraient les faits passés exactement comme ils s'étaient passés ; mais,
Première cause d'erreurs : Anne-Catherine, une fois ou l'autre, pouvait n'avoir pas regardé exactement une vision. Souvent une vision ne l'intéressait pas. « Qu'est-ce qu'une pauvre créature comme moi pourra faire de tout cela ? » disait-elle à son guide spirituel (son ange gardien). D'autres fois, la vision était un supplice pour elle. Le spectacle des péchés du monde qui défilaient devant son esprit était si horrible qu'elle demandait instamment à Dieu de lui retirer la vue de ces abominations. On comprend qu'elle ait pu alors regarder d'une façon moins attentive.
Deuxième cause d'erreurs : Anne-Catherine pouvait mal saisir, mal comprendre ce qu'elle voyait. Les visions éclairées par « l'ombre de la lumière vivante » pouvaient rester plus ou moins lettres closes pour elle, si « la lumière vivante » ne venait pas lui en donner plus tard l'explication. Un jour on l'entend se plaindre : « Pourquoi toutes ces choses sont-elles montrées à une pauvre pécheresse ? Je ne puis en faire le récit, je ne puis les comprendre. » Un autre jour elle s'écriera : « Mon fiancé (Notre-Seigneur) m'a expliqué tous les détails de ce tableau avec une clarté si grande que je les ai vus beaucoup mieux que les objets qui nous entourent. Il me semblait alors qu'un enfant aurait pu tout saisir, et maintenant, ajoute-t-elle, je ne puis plus rien en reproduire. » Ces dernières paroles nous indiquent une troisième et une quatrième causes d'erreurs.
Troisième cause d'erreurs : Anne-Catherine pouvait ne plus se souvenir parfaitement de certaines visions. Pour diverses raisons, certains comptes rendus ont été retardés de plusieurs jours et même de plusieurs semaines. D'autres comptes rendus sont très imparfaits parce que Anne-Catherine avait oublié une partie de ses visions en conversant avec des personnes qui étaient venues lui rendre visite. À chaque instant nous trouvons dans les notes du Pèlerin : « Anne-Catherine a parfaitement vu tous les détails de ce tableau ; elle en a parfaitement compris le sens et maintenant, elle déclare qu'elle ne se souvient plus de rien. » Et là-dessus le Pèlerin se répand en récriminations contre les visites inutiles, contre l'entourage de la stigmatisée, contre Anne-Catherine elle-même.
Quatrième cause d'erreurs : Anne-Catherine s'exprimait souvent d'une façon fort peu claire sur une foule de détails vus dans « l'ombre de la lumière vivante. » Nous connaissons les plaintes du Pèlerin à ce sujet. Anne-Catherine reconnaît elle-même qu'elle s'explique mal : « J'ai vu un nombre infini d'objets qu'il m'est impossible de rendre, dit-elle un jour. Comment en effet, exprimer par la parole ce qu'on voit autrement qu'avec les yeux ? » Ajoutons que les souffrances continuelles au milieu desquelles elle était obligée de faire ses communications ne l'aidaient pas à mettre plus de clarté dans ses comptes rendus.
Les autres causes d'erreurs dans le récit des visions viennent du Pèlerin. Elles ne sont pas imputables à sa mauvaise foi, mais à l'imperfection de ses facultés.
Cinquième cause d'erreurs : Brentano pouvait mal entendre ce qu'Anne-Catherine lui disait. Dans ses souffrances elle ne parlait pas d'une façon bien distincte. Certains noms étrangers, hébreux par exemple ont été écrits de travers par Brentano. Il avait mal entendu certaines lettres.
Sixième cause d'erreurs : Brentano pouvait mal comprendre ce qu'Anne-Catherine lui disait. Elle s'expliquait mal, nous l'avons dit. En outre, elle parlait souvent dans son patois westphalien. Tel terme patois « winnærschk » par exemple (= wie nærrisch !) a été introduit par Brentano dans une phrase où il ne convient pas du tout. Brentano n'avait pas compris ce terme.
Septième cause d'erreurs : Brentano pouvait avoir oublié une partie de ce que Anne-Catherine lui avait dit. Quand elle était trop souffrante, il la laissait parler et prenait hâtivement des notes. Il ne pouvait rédiger ses notes que quand il était de retour chez lui, quelquefois après avoir traité plusieurs affaires et avoir oublié bien des points qu'il n'avait pu noter.
Huitième cause d'erreurs : En rédigeant le récit des visions, Brentano pouvait ne pas développer chaque point selon son importance relative. Il pouvait insister sur des faits insignifiants, qui lui paraissaient intéressants, et négliger au contraire des détails importants dont il n'avait pas reconnu toute la valeur. Telle indication notée rapidement par le Pèlerin, simplement pas acquit de conscience, a jeté plus tard une vive lumière sur des visions qui paraissaient obscures.
Voilà bien des causes d'erreurs et l'on comprend que l'Église, dans sa sagesse, ne veuille pas garantir la vérité historique absolue des révélations particulières.
En nous entendant énumérer toutes ces causes d'erreurs involontaires, on peut être tenté de s'écrier : Pourquoi Dieu qui donne des visions historiques, permet-Il qu'il se glisse des erreurs dans le compte-rendu de ces visions ? La première réponse qui se présente à l'esprit est celle-ci : Dieu est le Maître. La deuxième réponse nous est donnée par l'Église. L'Église nous dit que Dieu autorise ces petites erreurs dans le récit des visions afin que les fidèles ne puissent attribuer aux révélations privées, aux récits des visions, la même valeur qu'à la Sainte Écriture. En conséquence, l'Église ne reconnaît pas l'exactitude historique des visions, même quand elle approuve ces récits, même quand elle reconnaît la sainteté du visionnaire.
La sainteté d'Anne-Catherine n'a pas encore été proclamée par l'Église, à plus forte raison ne l'était-elle pas à l'époque où Brentano écrivait son Introduction à la Douloureuse Passion. À cette époque pouvait-il attribuer aux récits des visions d'Anne-Catherine un caractère d'exactitude historique qui ne leur sera jamais reconnu par l'Église ? Évidemment non. Il ne l'a pas fait. Il ne pouvait pas le faire. Il en était enchanté du reste. Ceci lui permettait de ne pas scandaliser ses lecteurs tout en restant un fils soumis de lÉglise.
Revenons maintenant à son Introduction et voyons quelles raisons il fait valoir contre l'exactitude historique du récit des visions d'Anne-Catherine. « Ces Betrachtungen, nous dit-il, sont des tableaux qui laissent peut-être autant à désirer dans la façon imparfaite dont ils ont été saisis, compris et communiqués [par la Visionnaire] que dans la façon inhabile dont ils ont été reproduits et décrits [par Brentano lui-même]. » Ne nous donne-t-il pas en résumé ici les causes d'erreurs involontaires dont nous venons de parler ? - Brentano connaissait les doctrines de l'Église relatives aux visions. Ce que nous venons de dire en est une première preuve. En voici une seconde.
L'Église oblige quiconque reproduit ainsi les récits de visions à prévenir les lecteurs que ces récits de visions ne sont pas des articles de foi obligatoires. C'est ainsi que le Père Schmger a bien soin de faire précéder ses ouvrages sur les visions d'Anne-Catherine par la déclaration suivante : « L'auteur déclare qu'il se soumet entièrement aux décrets d'Urbain VIII en date du 13 mars 1625 et du 5 juin 1634 et, par conséquent qu'il ne prétend attribuer à tous les faits et incidents extraordinaires rapportés dans le présent livre qu'une crédibilité purement humaine. » Nous avons reproduit cette déclaration nous-mêmes en tête du présent travail. Et que fait Brentano dans son Introduction lorsqu'il nous dit : « La pieuse nonne qui nous a communiqué ces Betrachtungen ne leur a jamais attribué une valeur supérieure à la faible valeur des uvres humaines ? »
Ne voit-on pas que l'Introduction de Brentano est non seulement très habile, mais encore très orthodoxe ? Elle lui était imposée par la nature de son sujet et l'on n'a pas le droit d'en tirer des conclusions contre l'authenticité des visions ou contre la bonne foi de Brentano. Que devient toute la critique basée sur l'Introduction de la Douloureuse Passion ?