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CHAPITRE CINQUIÈME. 1. « JE CHANTERAI A MA VIGNE BIEN-AIMÉE LE CANTIQUE DE MON BIEN-AIMÉ. ».
ANALYSE.
1. Comparaison d'Israël avec une vigne stérile. Le prophète intitule sa prophétie cantique, bien qu'il n'ait que des reproches à faire, des menaces à lancer; pourquoi cela ?
2. Dieu énumère, en manière de reproche, les bienfaits dont il a comblé son peuple.
3 et 4. Le Prophète dénonce les malheurs qui fondront sur les Juifs pour châtier leur ingratitude.
5. Malheur à ceux qui s'enivrent !
6. Malheur aux pécheurs endurcis, aux menteurs, aux contempteurs, à ceux qui appellent bien ce qui est mal, et mal ce qui est bien !
7 et 8. Malheur à ceux qui se font à eux-mêmes leur religion, leur morale et leur justice !
1. Après avoir effrayé les Juifs par la menace d'affreux malheurs, les avoir réjouis par l'annonce de grands biens, et avoir usé envers eux de divers traitements, le Prophète recommence son discours, et cela d'une manière qui ressemble au début de la prophétie. De même que dans ce début, il a rappelé les bienfaits de Dieu à leur égard, en disant : « J'ai engendré des fils et je les ai élevés; » et que leur remettant devant les yeux les iniquités qu'ils ont osé commettre, il ajoute . « Ils m'ont méprisé; » et encore : « Israël ne m'a pas connu, et mon peuple ne m'a pas compris ; » de même ici, en termes différents, il est vrai, mais avec des pensées identiques, Isaïe nous montre la même chose que d'abord. Mais pourquoi, puisqu'il va accuser, appelle-t-il cantique son accusation? Moïse a eu raison de donner ce nom au chant qu'il avait compost; avec Marie, puisque c'était un chant de victoire; il a eu raison de commencer en ces termes : « Chantons un hymne au Seigneur, parce qu'il a fait éclater sa grandeur et sa gloire, en précipitant dans la mer le cheval et le cavalier. » (Exod. XV, 1.) Et Débora, après cette merveilleuse victoire et ce triomphe inattendu, eut raison de faire entendre ce chant de triomphe et de rapporter à Dieu toute la gloire. (Jug. V.) Mais Isaïe va accuser, office qui réclame un langage véhément, un ton ferme et sévère, et cependant il nous annonce qu'il va chanter, et il intitule cantique ses reproches. Mais il n'est pas le seul à agir ainsi : Moïse, le grand Moïse, qui avait composé un cantique triomphal, composa aussi, pour reprendre les Juifs, ce long cantique rempli de reproches, où il est dit : « Est-ce là ce que vous rendez au Seigneur? Ce peuple est fou et insensé (Deut. XXXII, 6) ; » puis il accumula les accusations et ordonna que le peuple le chanterait, et nous aussi nous le chantons encore à présent. Pourquoi donc ont-ils avec des reproches composé un cantique ? Ils ont en cela fait preuve de sagesse spirituelle, et ils voulaient procurer un grand bien aux âmes de leurs auditeurs. Car comme il n'y a rien de si utile que le souvenir continuel de ses péchés, et que rien ne produit un souvenir aussi durable que le chant, voulant éviter que des accusations trop souvent répétées ne décourageassent les Juifs et ne les portassent à fuir le souvenir continuel de leurs iniquités, le Prophète a déguisé la honte de ce souvenir sous le chant de l'hymne ; pour adoucir cette douleur qu'ils n'auraient pu supporter, il a composé des cantiques afin que forcés par leur désir de chanter, forcés, dis-je, de les répéter sans cesse, ils s'en souvinssent sans cesse et que le souvenir continuel de leurs péchés leur fût comme une leçon continuelle de vertu. Vous savez que la (372) plupart des hommes ne connaissent pas même de nom le reste des saints Livres, tandis que tous ont sans cesse à la bouche et le livre des psaumes et les cantiques dont nous parions: ainsi l'expérience même nous montre combien les chants sont utiles. C'est pourquoi le Prophète dit ici : « Je chanterai à ma vigne bien-aimée le cantique de mon bien-aimé. A ma vigne bien-aimée le cantique, » je chanterai au sujet de mon bien-aimé. Je chanterai pour lui, dit-il, et je prendrai pour sujet de mes chants ou lui-même ou ce qui se rapporte à lui. Comment se fait-il qu'étant sur le point d'accuser ce peuple, il l'appelle une vigne chérie et bien-aimée ? Ne vous en étonnez pas. Certes, il ne saurait débuter par une accusation plus grave que de leur reprocher de n'être pas devenus meilleurs , après avoir reçu de Dieu tant de marques d'affection. C'est ce qu'un autre prophète donne à entendre en ces termes: « J'ai trouvé Israël comme des grappes de raisin dans le désert et leurs pères comme les premières figues sur un figuier (Osée, IX, 10); » il indique par le choix de ces fruits combien ils étaient aimables et remplis de bonnes qualités, non sans doute par leur propre vertu, mais par la bonté de Dieu. Ce qu'il dit, le voici en d'autres termes: Je l'ai aimé, comme celui qui trouve une grappe de raisin dans le désert, ou une figue de prémices sur un figuier. Ces comparaisons, il est vrai, ne sont pas dignes de Dieu, mais elles sont bien appropriées à leur gourmandise. « Et pour eux, ajoute-t-il, pour eux qu'il poursuivait de tant d'amour, ils se sont détournés de lui et ont été trouver Béelphégor. » C'est en ces termes qu'il s'adresse à ce peuple chéri et bien-aimé, montrant aux Juifs que Dieu a tout fait pour eux, sans même qu'ils eussent commencé les premiers, Dieu les ayant encore prévenus. Et loin de se montrer ensuite dignes de ce bienfait, leurs uvres n'ont montré que leur ingratitude. « Mon bien-aimé avait une vigne plantée comme sur une corne , en un lieu fertile. » Par ce mot de vigne il montre toute sa sollicitude et ses soins pour eux. 2. Et sans s'arrêter là, il énumère tous les bienfaits dont ils les a comblés; il commence par indiquer le choix du lieu : « Comme sur une corne, en un lieu fertile, » indiquant par le second mot la nature du terrain et par le premier sa position; c'est aussi ce que David, dans ses psaumes dit de Jérusalem : « Jérusalem est environnée de montagnes et le Seigneur est autour de son peuple. » (Ps. CXXIV, 2. ) il l'a fortifiée, veut-il dire, par le choix même du lieu, mais, sans se contenter de cela, il est devenu lui-même sa principale défense : il indique en effet par ce mot, comme sur une corne, que ce lieu est inexpugnable ; mais ce qu'il y a de plus remarquable, c'est qu'il indique la protection divine par la métaphore dont il se sert, métaphore empruntée à la corne d'un boeuf. C'est un proverbe dont on se sert communément en parlant de ceux qui se sont réfugiés en un lieu sûr. Comme en effet le taureau est le plus fort des animaux et qu'en lui la partie la plus forte est la corne, dont il se sert comme d'une arme, beaucoup se servent de cette figure, et l'Ecriture désigne souvent par keras monokerotos, ceux qui sont en sûreté. Ces mots: « Sur une corne » signifient donc, en sûreté, en un lieu élevé: ce qui revient à ce qui est dit dans le premier chapitre: « J'ai engendré des fils et je les ai élevés. » « En a un lieu fertile, » ou comme dit Moïse, « dans une terre où coulent le lait et le miel. » (Exod. III, 8.) « Je l'ai entourée d'une haie et d'une palissade. » La haie, c'est ou un rempart, ou la loi, ou la Providence; car la loi était pour eux la plus forte des murailles. « Je l'ai entourée d'une palissade, » c'est-à-dire je lui ai donné un rempart assuré; car, comme il est souvent facile de franchir le mur d'une ville, je les ai entourés, dit-il, d'un autre moyen de défense. « Et je l'ai plantée de sorec. » Il continue sa métaphore, qu'il ne nous faut pas interpréter mot à mot, mais dont nous devons nous contenter de voir le but. Par sorec il désigne ici une vigne franche et de bonne race, dont le plant est choisi, éprouvé et d'excellente qualité, car il y a bien des sortes de vignes. « J'ai bâti une tour et fait un pressoir au milieu. » Quelques-uns entendent par là le temple et par le pressoir le sanctuaire , parce que là étaient recueillis les fruits de la vertu de chacun, les offrandes et tous les sacrifices ; pour moi, comme je l'ai déjà dit et le répète encore, je ne m'attache qu'au but de l'allégorie. Par tous ces détails il ne veut faire entendre qu'une chose ; c'est qu'il les a comblés de tous ses bienfaits, et qu'il leur a montré, en tout, son amour. Je ne les ai pas écrasés de travaux, je ne les ai pas accablés de fatigues, je ne les ai (373) fait ni bâtir, ni creuser la terre, ni planter; je leur ai au contraire livré l'ouvrage entièrement achevé. Et sa charité ne s'est pas bornée à cela, mais « j'ai attendu qu'elle produisît des raisins, » et j'ai attendu avec bien de la patience le temps où elle porterait des fruits. J'ai usé de patience , ce mot : « J'ai attendu » le marque assez. « Elle n'a porté que des épines. » Il montre leur vie stérile, désolante et sans vertu. De quelle indulgence seront-ils donc dignes ceux qui cultivés avec tant de soins ne donnent que ces fruits ? « Et maintenant, homme de Juda et habitants de Jérusalem, soyez les juges entre moi et ma vigne (3). » Il faut avoir un droit bien assuré pour établir les coupables même juges de ce qu'ils ont fait. « Et maintenant; » je ne parle pas de choses anciennes, c'est aujourd'hui que je suis prêt à me soumettre à votre jugement, car je ne cesse de vous combler de bienfaits, et jamais vous ne remplissez vos devoirs. « Que ferai-je de plus à ma vigne? Car j'ai attendu qu'elle produisît des raisins et elle n'a produit que des épines (4). » La construction de cette phrase peut paraître un peu obscure : aussi il faut la rendre plus claire. Voici ce qu'il veut dire: Que fallait-il faire que je n'aie pas fait? C'est-à-dire, quel motif leur ai-je donné de pécher ainsi? Que peuvent-ils prétexter? Peuvent-ils prétendre qu'ils ont péché parce qu'on les oubliait en certaines choses? « Que ferai-je de plus à ma vigne que je n'aie fait ? Ce que j'ai fait, le voilà, dit-il; cependant je ne me contente pas du témoignage des faits ni même de celui de rua parole; mais si je n'ai pas fait tout ce qu'il y avait à faire, je vous demande de me le dire, je vous en fais juges vous qui avez joui de ces bienfaits, vous qui en êtes témoins, vous qui les avez connus par expérience , vous qui n'êtes pas étrangers et pour qui ce ne sont pas des choses inconnues. « Maintenant donc je vais vous annoncer ce que je ferai à ma vigne (5). » Comme il a remporté la victoire, gagné sa cause et démontré leur ingratitude, il porte maintenant sa sentence, il dit ce qu'il va faire, non simplement pour les condamner, mais pour que la crainte de ces menaces les rende plus modérés. «J'en arracherai la haie et elle sera exposée au pillage; je détruirai sa muraille et elle sera foulée aux pieds. » 3. Je la priverai de mon aide, de mon secours, je ne leur accorderai plus ma bienveillance, et l'expérience du contraire leur apprendra de quels biens ils jouissaient autrefois; ils le sauront, quand ils seront exposés au pillage. « J'abandonnerai ma vigne; elle ne sera ni taillée ni labourée (6).» Je répète qu'il se sert de la même métaphore. Cependant en cherchant avec plus de soin, on voit qu'il parle de la doctrine et des commandements. Ils ne jouiront plus des mêmes biens qu'auparavant, ils n'auront plus de docteurs, de chefs, de prophètes pour les corriger et prendre soin d'eux. Car de même que ceux qui soignent une vigne creusent, taillent, de même ceux qui dirigent les âmes menacent, effrayent, enseignent, accusent; mais, dit-il, ils seront privés de tout cela, transportés sur une terre étrangère. « Et les ronces la couvriront comme une terre abandonnée, et je commanderai aux nuages de ne plus répandre leur pluie sur elle.» Il veut indiquer soit la désolation de la ville, soit l'abandon où ils seront eux-mêmes, où sera leur âme à chacun; par les nuages quelques-uns entendent les prophètes qui apportent la pluie d'en-haut et transmettent au peuple ce qui leur a été révélé. Mais ceux-là, dit-il, ne rempliront plus leur ministère habituel. S'il y en eut un ou deux qui les accompagnèrent dans leur exil, du moins la foule des prophètes se taisait. « La vigne du Seigneur des armées, c'est la maison d'Israël et les hommes de Juda sont le plant qui fait ses délices. J'ai attendu qu'Israël fit des actions justes, et il a fait l'iniquité ; au lieu de la justice, il n'a produit que l'injustice criante (7).» Comme ces noms présentent des métaphores nombreuses, vignes, tours, pressoir, haie, sillon, taille de la vigne, de peur que quelqu'insensé de ce temps-là ne crût qu'il s'agît en effet d'une vigne, le Prophète a eu soin de donner à .la fin l'interprétation de tout. « La vigne du Seigneur des armées c'est la maison d'Israël.» Je ne parle pas de plantes, veut-il dire, d'une créature inanimée, de pierres, de murailles, mais de notre peuple. C'est pour cela qu'il a ajouté : « Et les hommes de Juda sont le plant qui fait ses délices; » car Juda surpassait les dix tribus; le temple et tout ce qui servait au culte était là; il florissait plus que le reste d'Israël, et cette tribu était plus royale et plus puissante. Il s'est servi du mot « qui fait ses délices » pour leur adresser un nouveau reproche, de ce qu'ils s'étaient montrés tels envers celui qui les aimait tant. (374) En effet quand des personnes s'aiment, elles ne peuvent pas, même dans des reproches, cacher l'excès de leur amour. Ceci nous fait découvrir un second enseignement qui n'est pas à dédaigner. Quel est-il? C'est de savoir quand et four quels endroits de l'Ecriture on peut se servir de l'interprétation allégorique ; qu'il n'est pas en notre pouvoir de régler cette manière à notre gré, qu'il faut avant tout nous attacher à la pensée même des Ecritures, et n'user de l'interprétation allégorique qu'autant que nous y serons autorisés par le texte sacré lui-même. Ce que je veux dire, le voici. L'Ecriture se sert des termes de vigne, de haie, de pressoir; et, au lieu de laisser l'auditeur libre d'appliquer ces figures aux choses ou aux personnes qu'il voudrait, elle en indique elle-même par avance l'interprétation, en disant: « La vigne « du Seigneur des armées, c'est la maison dIsraël. » Quand Ezéchiel parle d'un aigle énorme, aux grandes ailes, qui se dirige vers le Liban et qui enlève l'extrémité des branches d'un cèdre (Ezéch. XVII, 3), il ne laisse pas à l'auditeur le soin d'interpréter cette allégorie, mais il indique lui-même ce qu'il veut désigner par cet aigle et par ce cèdre. Notre prophète, un peu plus loin, parle d'un fleuve qui se répand avec violence sur la Judée , et ne voulant pas laisser à chacun la liberté d'appliquer cette figure selon sa guise à qui il voudrait, il déclare quel est le roi qu'il désigne par ce fleuve. Et telle est la pratique constante des saintes Ecritures, qu'à l'allégorie se trouve jointe son interprétation, de peur que l'imagination déréglée des chercheurs d'allégorie n'aille à tout propos et sans motif s'égarer et se précipiter à l'aventure. Et vous étonnerez-vous si les prophètes l'ont fait, quand l'auteur des Proverbes n'a pas agi autrement? Après avoir dit, « qu'une biche chérie, qu'un faon de délices soit avec vous; que la source de cette eau soit pour vous seul (Prov. V, 19), » il indique à qui s'appliquent ces paroles, à une épouse légitime et libre, et non à une femme de fornication, à une adultère. De même Isaïe déclare ici qui cette vigne représente. Puis après avoir rappelé les crimes, il annonce le châtiment; et à la fin il dit encore pour expliquer sa conduite : « J'ai attendu qu'ils fissent des actions justes et je ne vois qu'iniquité, et qu'ils portassent des fruits de justice et ils ne produisent que l'injustice criante. » C'est avec justice , veut-il dire , que je les punirai. Car j'ai attendu qu'ils fissent des actions justes , c'est-à-dire pleines d'équité ; et ils n'ont produit que le contraire, l'impiété, l'injustice, de criantes iniquités. Par ces iniquités criantes, il entend la passion des richesses, la colère injuste, les fureurs insensées , les luttes, les disputes. « Malheur à ceux qui joignent maison à maison, qui ajoutent terre à terre , pour enlever quelque chose à leur voisin (8) ! » Après avoir dit qu'ils se rendent coupables d'iniquités criantes parla passion des richesses, il indique une espèce de péché qui renferme une iniquité monstrueuse. Et il recommence ses gémissements, pour montrer combien sont grandes leurs fautes et incurables leurs maladies. 4. Ces crimes, nous les voyons encore maintenant commis par ceux qui abusent de leurs richesses, qui veulent s'emparer des possessions de leurs voisins, non pour se mettre en sûreté, mais pour nuire aux autres et qui, semblables à un feu envahisseur, ruinent tous leurs voisins. « Habiterez-vous donc seuls sur la terre? Tout cela est monté aux oreilles du Seigneur des armées. » Ce qui veut dire que leurs efforts seront vains, inutiles et sans résultat. Comme en effet les châtiments et-les fléaux sont moins propres à convertir ces pécheurs, que de savoir qu'ils ne jouiront pas de leurs rapines, le Prophète leur adresse cette menace et leur dit qu'ils travaillent, qu'ils se rendent malheureux, qu'ils accumulent injustice sur injustice, mais que la jouissance de leurs crimes leur sera ravie. Car, veut-il dire, cet il qui ne connaît pas le sommeil ne se fermera pas sur leurs fautes. Ce mot « est monté » ne marque pas que les crimes viennent d'être manifestés à Dieu, mais bien que le châtiment est proche, qu'ils vont recevoir leur récompense. « S'ils ont beaucoup de maisons, toutes grandes et toutes belles qu'elles seront, elles deviendront désertes, sans qu'un seul homme y habite. » Voilà l'effet de la passion d'amasser; lorsqu'elle apporte des richesses nouvelles, elle fait négliger les premières. C'est ce qu'Isaïe indique en disant: Lorsque vous élèverez de splendides édifices et que vous acquerrez les biens des autres, vous perdrez les vôtres. Elles seront debout, ces maisons que personne n'habitera, mais qui accuseront si clairement les ravisseurs, car leur solitude même , si grande et si prolongée, sera comme un monument de (375) leur péché. « Car dix arpents de vigne rempliront à peine un petit vase de vin, et celui qui aura semé six mesures n'en recueillera que trois (10). » De la désolation de la ville il passe à celle de la campagne, afin de faire sur l'auditeur plus d'impression. Car, dit-il, les maisons auront perdu leurs habitants, et la terre sa force productive. Au commencement, en punition de la faute d'Adam , elle porta des ronces et des épines, et ensuite, à cause du crime de Caïn, elle ne donna que des produits disproportionnés avec la culture qu'elle recevait et la fertilité native qui lui restait. Il y a encore bien d'autres circonstances où l'on peut voir la terre châtiée à cause des crimes des hommes. Et pourquoi vous étonner de ce que l'iniquité des hommes empêche sa fécondité et sa fertilité, quand vous savez que par nous elle est devenue corruptible et que par nous elle deviendra incorruptible? Car puisqu'elle n'existe qu'à cause de nous et pour nous servir, les modifications de son existence lui viennent aussi du même principe. Il en arriva de même sous Noé. Quand la malice des hommes fut arrivée à son dernier terme, tout se corrompit, semences, plantes, animaux, terre, mer, air, montagnes, forêts, collines, villes, remparts, maisons, tours, et tout fut recouvert par ce terrible déluge. Et quand le genre humain dut se multiplier de nouveau, la terre rentra dans l'ordre ancien et recouvra sa beauté première. Tous ces événements eurent lieu à cause des hommes, comme il est facile de le voir. Caria mer se retira et elle apparut ensuite, le soleil et la lune s'arrêtèrent et quittèrent leur course accoutumée , le feu reçut les mêmes propriétés que l'eau , la terre que la mer, la mer que la terre; tout enfin, pour le dire en un mot, se transforme pour s'accommoder aux besoins de l'homme. Aussi l'homme étant plus précieux que tout le reste et tout n'existant que pour lui , aujourd'hui que le peuple juif a péché, Dieu arrête la fertilité de la terre, et, malgré les fatigues et les travaux réitérés, il ne laisse pas ses entrailles donner leur produit habituel , afin qu'on sache que ce n'est pas l'art de la culture, ni les boeufs et la charrue , ni rien de semblable , mais le Maître de toutes ces choses qui répand les biens d'une main libérale et qui, quand il le veut, arrête le cours de ces largesses. « Malheur à ceux qui se lèvent le matin pour courir après le vin de palmier et qui restent jusqu'au soir, en sorte que le vin les échauffe ! Le luth et la harpe, les flûtes et les tambours ne manquent pas dans leurs orgies; mais ils n'ont aucun égard à l'ombre du Seigneur, et ils ne considèrent point les ouvrages de ses mains (11 et 12.) » En leur reprochant leur orgueil, il indique la source du mal. C'est l'ivrognerie, mère de mille maux, surtout quand elle est audacieusement portée jusqu'à un tel excès. 5. Voyez avec quel soin il formule ses reproches. C'est tout le jour, dit-il, qu'ils emploient à cela. Ce n'est pas seulement pendant les repas nécessaires qu'ils le font ; mais toute heure est pour eux une heure d'ivresse; dès le commencement du jour, alors surtout qu'ils devraient faire un retour sur eux-mêmes, ils s'abandonnent au vin, et qu'ils le veuillent ou ne le veuillent pas, ils demeurent jusqu'au soir rivés à cette chaîne. Quant une fois ils se sont enfoncés dans l'abîme de l'ivresse, qu'ils ont perdu leur raison, qu'ils ont réduit leur âme sous le dur esclavage de cette passion, semblables à un navire sans lest, privé de pilote et de matelots, qui erre ça et là, que le courant des eaux emporte partout, le gouffre de l'ivresse les engloutit. C'est pourquoi le Prophète dit : « Malheur à ceux qui se lèvent le matin pour courir après le vin de palmier !» Ils ne satisfaisaient pas à un besoin, ils n'attendaient pas que la nécessité se fit sentir, mais c'était leur unique affaire et leur occupation que de s'enivrer sans cesse. C'est pour cela qu'il dit : « Pour courir après le vin de palmier. » Le vin de palmier , c'est le suc qu'on extrait du fruit de cet arbre, en l'écrasant et le pilant, suc qui a la nature du vin. Il est soporifique et produit l'ivresse. Mais sans faire attention à rien de tout cela, ils poursuivaient toujours leur plaisir et restaient jusqu'au soir. «En sorte que le vin les échauffe. » Telle est en effet la nature de l'ivresse; plus on la satisfait, plus elle augmente, et plus la soif qu'elle produit est difficile à supporter. Puis il leur adresse une seconde accusation qui n'est pas moindre que la première. « Le luth et la harpe, les flûtes et les tambours ne manquent pas dans leurs orgies. » C'est ce qu'un autre prophète leur reproche en ces termes : « Vous buvez le vin purifié, vous vous parfumez des huiles les plus précieuses, vous accordez vos voix avec le son des instruments de musique. Vous regardez cette vie comme (376) stable et comme ne devant point finir. » (Amos, VI, 6, 5.) C'est la marque d'une extrême folie et d'une âme sans vigueur que de faire de sa maison un théâtre et de se livrer à de tels chants. Si l'ivresse obscurcit, la musique affaiblit la vigueur de l'esprit, elle brise la force de l'âme et la porte aux dernières iniquités. « Ils n'ont aucun égard à l'oeuvre du Seigneur et ils ne considèrent point les ouvrages de ses mains. » Il entend par là ou ses miracles ou le spectacle de la nature. Comment pourraient-ils le contempler, eux qui font du jour la nuit, et qui la nuit ressemblent à des cadavres? Comment pourraient-ils voir le lever du soleil, l'éclatante beauté du ciel, la variété - des astres qui brillent le soir, l'ordre et la subordination qui règnent dans toute la création, eux qui ont perdu la vue extérieure et la vire intérieure? C'est donc un grand crime qu'ils ont commis de passer leur vie sans contempler les merveilles que Dieu a produites, et de consumer leur temps dans les ténèbres de l'ivresse. « Mon peuple est devenu esclave, parce qu'il n'a pas connu le Seigneur (13). » Il parle de l'avenir comme d'un passé et il annonce le châtiment de ce crime. L'ivresse seule peut déjà tenir lien de châtiment, puisqu'elle remplit l'âme de trouble, et l'intelligence de ténèbres, qu'elle la rend captive, qu'elle lui cause mille maladies et au dedans et au dehors. Paul savait bien que la malice seule est un châtiment ; c'est pour cela qu'il dit: « Recevant ainsi en eux-mêmes la récompense qui était due à leur égarement. » (Rom. I, 27.) Mais comme leur insensibilité était portée à ce point qu'ils étaient punis et ne le sentaient pas, qu'ils étaient malades et ne le savaient pas, il ajoute la menace d'un châtiment corporel : « Mon peuple a été emmené captif, parce qu'il n'a pas connu le Seigneur. Et une foule d'hommes moururent par la faim et le manque d'eau. » Remarquez que lordre même de ses menaces est un avertissement, et qu'il n'inflige pas (le suite le plus grave châtiment. Ce n'est pas la captivité qui les punit d'abord, mais la faim et la soif, afin qu'ils restent chez eux en devenant meilleurs et que leurs vices incorrigibles n'attirent pas l'armée des barbares. Mais comme ils n'ont cédé en rien et qu'ils n'ont point profité de ce délai, il leur inflige enfin le dernier châtiment. Et pourtant, avant d'en arriver là, il dépeint en termes vifs et énergiques le supplice de la faim : « L'enfer, » dit-il, « a élargi son âme; » non que l'enfer ait une âme, mais le Prophète use d'une prosopopée pour mieux menacer, il veut rendre sa parole expressive et jeter une vive crainte dans l'esprit des auditeurs. Aussi il ajoute dans le même but : « Et il a ouvert sa gueule pour ne plus la refermer, » comme s'il parlait de quelque monstre et qu'il leur mit sous les yeux le châtiment qui les attendait. Et ce qu'il v a de plus grave, c'est qu'il ne se contente pas d'ouvrir la gueule, mais qu'il la tient toujours béante, sans jamais être rassasié partout ce qui y tombe. « Et tous y descendront, illustres, grands, riches, ceux qui sont la peste d'Israël (14). » Et pour nous apprendre que ce n'est pas le cours de la nature qui amènera cet événement, mais que ce fléau viendra de Dieu, que ce châtiment sera envoyé par le ciel, le Prophète annonce qu'il atteindra les illustres, les puissants , ceux qui bouleversent tout, qui jettent la confusion dans la nation juive. 6. Il appelle la « peste » d'Israël ceux qui, loin de conserver en eux-mêmes leur méchanceté, la communiquent aux autres. Tel est en effet le caractère de la peste. Dès qu'elle est sortie d'un corps, elle se répand parmi les autres. « Et ceux qui s'y réjouissent. » Celui qui vit dans les délices et la joie, qui croit être à l'abri de tout événement, celui-là même tombera et sera captif. « L'homme sera humilié, les grands seront méprisés et les yeux dus superbes seront abaissés. Et seul, le Seigneur des armées sera glorifié par ce jugement (15, 16). » Voyez encore comme Dieu cherche leur bien. Il ne cherche pas leur ruine complète, il ne veut pas que tout le peuple périsse, mais il en laisse quelques-uns, pour que la vue du châtiment de ceux qui ont été exterminés les rende meilleurs. C'est ce qu'il donne à entendre en disant : « L'homme sera humilié, » c'est-à-dire celui qui restera, qui demeurera. « Et le Seigneur des armées sera glorifié par ce jugement, et le Dieu saint sera glorifié dans la justice. » il indique deux biens qui en résulteront, à savoir, que les hommes se dépouilleront de leur orgueil et deviendront meilleurs, et que Dieu sera pour tous un sujet d'admiration ; car, s'il est « exalté et glorifié, » ce sera par cette punition, par ce châtiment. Que veut dire ce mot « par (377) ce jugement? » C'est-à-dire par cette vengeance. « Et ils paîtront dispersés comme des taureaux, et les agneaux se nourriront dans les déserts qu'ils auront quittés (17). » Il indique par là le petit nombre de ceux qui resteront, et l'immense désolation du pays. « Malheur à vous qui tirez comme avec une corde vos iniquités et comme avec une courroie vos péchés; qui dites : Arrive bientôt ce que Dieu doit faire afin que nous le voyons; que les projets du saint d'Israël se réa
7. Voyez avec quelle sagesse le Prophète a montré la fausseté de leurs jugements. Comme ils s'éloignaient des uns, parce que leurs paroles étaient dures et qu'ils se rapprochaient des autres, parce qu'ils montraient plus de douceur et de complaisance, il leur fait voir que c'est tout le contraire, que les prophètes n'ont que de la douceur et les faux prophètes que de l'amertume. Nous raisonnerons de même sur la lumière et l'obscurité. Les uns conduisaient à l'erreur, les autres à la vérité; les uns, leur liant pour ainsi dire les mains, les livraient enchaînés à l'obscurité de l'esclavage; les autres n'omettaient rien pour les amener à la lumière de ta liberté. Comme donc les Juifs avaient de ceux-ci une opinion fausse et défavorable, c'est avec raison qu'il les reprend en disant: « Malheur à ceux qui font de la lumière les ténèbres et des ténèbres la lumière ! (378) Malheur à ceux qui sont sages à leurs propres yeux a et prudents devant eux-mêmes (21) ! » Ce n'est pas un léger défaut que de se croire sage et de ne savoir pas contenir ses pensées. C'est de là que vient ce qu'il reproche, je veux dire d'appeler le mal bien et le bien mal, etc. C'est aussi ce que Paul reproche aux philosophes profanes « En se disant sages, ils sont devenus fous. » (Rom. I, 22.) Et les Proverbes disent encore : « J'ai vu un homme qui se croit sage; il y a plus à espérer de celui qui n'a point de sens. » (Prov. XXVI,12.) C'est ce que Paul rappelle encore en ces termes : « Ne soyez point sages à vos propres yeux (Rom. XII, 16) ; » et encore : « Si quelqu'un de vous paraît sage selon ce siècle, qu'il devienne fou pour être sage. » (I Cor. III, 18.) Qu'il ne se confie pas, veut-il dire, à sa propre sagesse ni en ses propres pensées, mais qu'il les rejette et qu'il livre son âme aux leçons de l'Esprit-Saint. Puis donc qu'il y avait parmi les Juifs des hommes qui méprisaient les prophètes, parce que ceux-ci étaient bergers et chevriers, des hommes qui ne voulaient tirer leur sagesse que d'eux-mêmes, marque évidente de leur folie, et qui rejetaient la parole prophétique, c'est avec raison qu'Isaïe gémit sur eux en disant: « Malheur à ceux qui sont prudents en eux-mêmes et sages à leurs propres yeux ! Malheur à ceux d'entre vous qui sont forts et qui boivent le vin, qui sont puissants et, qui s'enivrent du vin de palmier (22). » Ne vous étonnez pas de ce qu'après avoir tant parlé de l'ivresse un peu plus haut, il revienne de nouveau sur le même sujet. Car comme cette blessure est grave et difficile à fermer, il faut la laver souvent. Elle est grave et difficile à fermer, parce que la plupart ne la regardent pas comme un péché, bien qu'elle soit le plus grave de tous les péchés, et qu'elle amène à sa suite mille dérèglements. C'est pour cela qu'il dit: « Qui buvez le vin, qui êtes puissants et qui vous enivrez du vin de palmier. » C'est un double danger que la tyrannie de l'ivresse et l'excès de la puissance, Tous les hommes ont besoin de garder leur présence d'esprit, mais surtout ceux qui sont revêtus de dignités et d'une grande puissance. afin de ne pas être emportés dans le précipice par le poids de leur charge comme par un irrésistible courant d'eaux furieuses. « Qui, pour des présents, justifient l'impie et qui ravissent au juste sa propre justice (23). » C'est un double crime que d'absoudre le coupable et de condamner l'innocent, et ce double crime vient d'une même origine, les présents. « C'est pourquoi comme la paille se consume par le feu et est dévorée par la flamme ardente... » La punition sera prompte et la vengeance facile; cette image montre bien que leur ruine sera complète. 8. C'est ce que signifient et le feu et la flamme, et la paille, et tout le reste. « Leur « racine sera réduite en cendres et leur fleur tombera comme la poussière. » f e qui est solidement fixé périra, ce qui est brillant sera flétri, ce qui est beau passera et s'écoulera. « Car ils n'ont pas voulu observer la loi du Seigneur des armées et ils se sont indignés contre la parole du saint d'Israël. » Cette parole, c'est la loi. « Et le Seigneur des armées s'est irrité contre son peuple; il a étendu sa main contre eux et il les a frappés; il s'est irrité contre les montagnes et leurs cadavres ont été jetés comme du fumier au milieu de la route. Et tout cela n'a pas satisfait sa colère, « mais son bras est encore levé (25.) » Le Prophète indique par là une guerre terrible où il ne leur sera pas permis d'ensevelir les cadavres, non que Dieu veuille se venger sur les morts, mais pour que le châtiment d'autrui apprenne aux vivants à se corriger. Et voyez comme ce langage est sévère. Il ne dit pas qu'ils seront privés de sépulture, mais que les morts seront jetés avec plus de mépris que le fumier, ce qui est pour les vivants le spectacle le plus terrible, plus terrible même que la mort. Mais ce qu'il y a de plus grave, c'est que tous ces châtiments ne les ont pas rendus meilleurs et qu'ils ont persévéré dans la même conduite., Puis donc qu'ils ne sont pas devenus meilleurs, il les menace de nouveau du plus grave fléau, des barbares. C'est pour cela qu'il ajoute : « Donc il élèvera son étendard parmi les nations éloignées (26.) » De peur que la longueur de la route ne laisse les coupables dans leur indifférence, il ajoute que Dieu amènera les barbares aussi facilement que celui qui, levant l'étendard, est aussitôt suivi par des gens armés et équipés : il en est de même pour des chevaux dressés au combat. Car aussitôt que l'étendard est levé pour le départ, ils se précipitent hors des barrières. Le Prophète fait donc entendre deux choses, qu'il est facile aux barbares de venir à l'appel de Dieu, et que depuis longtemps ils seraient (379) accourus, si sa longue patience ne les avait retenus. Puis il continue et leur montre que cela est plus facile encore : « D'un coup de sifflet il les appellera des extrémités de la terre. » Ne vous étonnez pas si, parlant de Dieu, il se sert de paroles si grossières; il proportionne son langage à la stupidité des auditeurs, et ne veut qu'une chose, leur faire comprendre que cela est facile à Dieu et qu'ils n'échapperont pas à la punition ; aussi ajoute-t-il : « Et aussitôt ces nations accourront avec rapidité; elles ne « sentiront ni faim ni fatigue; elles ne dormiront point. » Ce langage est hyperbolique. Comment ces étrangers pouvaient-ils échapper à la faim et au sommeil, puisqu'ils étaient hommes, et soumis aux misères communes de notre nature? Mais comme je l'ai dit plus haut, il ne veut par tous ces détails que montrer la promptitude de l'armée d'invasion, sa facilité, sa rapidité. Ils ne quitteront pas les baudriers dont leurs reins sont ceints et les cordons de leurs soulier ne se rompront pas. Leurs flèches sont aiguës et leurs arcs toujours tendus. Les pieds de leurs chevaux sont durs comme le rocher et les roues de leurs chars rapides comme la tempête. Ils se précipitent comme des lions et se présentent comme les petits du lion. Ils saisiront leur proie en criant comme une bête féroce, et l'emporteront sans que personne la leur puisse ôter. En ce jour-là ils s'élanceront sur Israël avec des cris semblables au bruissement des flots de la mer. Ils jetteront les yeux en haut vers le ciel, en bas vers la terre, et il n'y aura qu'obscurité profonde dans leur désolation (27-30.) Le Prophète emploie tous ces détails pour rendre son langage plus imposant, et la terreur plus forte, en parcourant successivement chaque partie, d'abord la résolution, puis la force, les armes, les chevaux, les chars ; il veut par cette longue énumération imprimer une crainte plus profonde, et par ces images frappantes mettre la chose sous les yeux. Aussi compare-t-il les envahisseurs à des lions, et sans s'arrêter là il fait entendre le rugissement, montre la colère du monstre; il continue la métaphore et n'emploie que des figures. De là il passe à la mer, disant qu'il y aura un bruit, un tumulte, comme quand la mer est en fureur et que ses flots sont soulevés; en un mot, il a recours à tout pour augmenter la frayeur et faire que ces événements funestes soient évités. Et ce qu'il y a de plus fâcheux, c'est que ces malheureux ne trouveront aucun secours ni sur la terre ni dans le ciel, mais privés de toute aide d'en-haut, de toute aide d'en-bas, ils deviendront la proie de leurs ennemis. Leur malheur sera pour eux une affreuse obscurité , non que le soleil disparaisse à leurs yeux, mais parce qu'en plein midi leur disposition d'esprit leur fait trouver les ténèbres au lieu de la lumière : effet que l'affection et la douleur produisent souvent en nous. Et pour vous apprendre que cette obscurité vient, non de l'air, mais de la disposition d'esprit des Juifs, le Prophète ajoute : « Obscurité profonde dans leur angoisse. »
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