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HOMÉLIE III. QUELQU'UN D'ENTRE EUX, QUI ÉTAIT LEUR PROPRE PROPHÈTE, A DIT : LES CRÉTOIS SONT TOUJOURS MENTEURS, DE MAUVAISES BÊTES, DES VENTRES PARESSEUX. CE TÉMOIGNAGE EST VÉRITABLE; C'EST POURQUOI REPRENDS-LES VIVEMENT, AFIN QU'ILS SOIENT SAINS EN LA FOI, NE S'ADONNANT PAS AUX FABLES JUDAÏQUES ET AUX COMMANDEMENTS DES HOMMES QUI SE DÉTOURNENT DE LA VÉRITÉ. (I, 12,13; II, 1.)
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Analyse.
1. Citation d'un poète grec : sens de cette citation, et pourquoi saint Paul y a recours.
2. Rois-mages, pourquoi conduits par une étoile.
3. En quoi consistent la véritable pureté et la véritable impureté.
4. Que toutes les impuretés marquées autrefois par la loi n'étaient que des figures et des ombres. Qu'il n'y a proprement que le péché qui soit impur.
1. Il y a ici plusieurs choses à se demander, d'abord, quel est celui -qui a parlé ainsi ; ensuite, pourquoi, saint Paul s'est servi de ces paroles; enfin, pourquoi il s'est appuyé sur un témoignage profane. En expliquant encore quelques autres points, nous donnerons ainsi la réponse qui convient. Comme l'apôtre parlait un jour aux Athéniens , il leur cita l'inscription qu'il avait lue sur un autel : « Au Dieu inconnu », et un peu plus loin il ajouta : « Car nous sommes aussi sa race, selon ce que quelques-uns même de vos poètes ont dit ». C'est Epiménide qui parlait ainsi des Crétois , et lui-même était Crétois. Mais il faut vous dire pour quelle raison il a parlé ainsi ; or voici comment les choses se sont passées. Les Crétois ont un tombeau de Jupiter avec cette inscription: Ici repose Zas, qu'on appelle Zeus (Jupiter). Le poète, rapportant cette inscription, trouva une occasion de se moquer des mensonges des Crétois; mais dans ce qui suit il poussa encore plus loin la moquerie : « 0 roi, les Crétois t'ont construit un « tombeau, toi cependant tu ne meurs pas, « car tu es immortel ». Si ce témoignage est vrai, voyez combien est grave la conséquence qui en découle. En effet, si le poète est dans la vérité, lorsqu'il leur reproche de mentir parce qu'ils prétendent que Jupiter est mort, et c'est ce que rapporte l'apôtre, le danger est grand. Prêtez ici toute votre attention, je vous prie, mes frères. Le poète dit que les Crétois mentent lorsqu'ils prétendent que Jupiter est mort, et le témoignage de l'apôtre confirme le sien; donc d'après le témoignage de l'apôtre Jupiter est immortel. Il dit enfin : «Ce témoignage est vrai ». Que devons-nous donc penser? Ou plutôt comment résoudrons-nous cette difficulté? Le voici : l'apôtre ne parle pas en son nom, il accepte simplement ce témoignage et il l'applique à leur habitude de mentir. Car pourquoi- n'a-t-il pas aussi ajouté : « O roi, les Crétois t'ont construit un tombeau? » Cela, l'apôtre ne le rapporte pas, il dit seulement qu'Epiménide a eu raison d'appeler les Crétois des menteurs. Ce n'est pas la seule raison sur laquelle nous nous appuyons pour déclarer que- Jupiter n'est pas Dieu. Nous en avons mille autres preuves ailleurs, et nous n'avons pas besoin du témoignage des Crétois. Du reste saint Paul ne dit pas que c'est en ceci qu'ils ont menti. S'ils ont menti, c'est bien plutôt lorsqu'ils ont dit que Jupiter était un dieu; ils croyaient du reste qu'il y avait encore d'autres dieux. Voilà pourquoi l'apôtre dit qu'ils sont menteurs. Maintenant il faut rechercher pourquoi saint Paul emprunte des témoignages aux Grecs. C'est que nous les réfutons mieux lorsque nous avons à leur montrer leurs pro. pres témoignages, leurs propres accusations, lorsque nous leur opposons pour les condamner ceux mêmes qu'ils admirent. Aussi l'apôtre dit-il dans un autre endroit : « Au Dieu inconnu ». En effet, comme les Athéniens n'ont- pas eu dès l'origine tous leurs dieux, mais qu'ils en ont reconnu quelques nouveaux dans la suite des temps, par exemple ceux qui leur sont venus des contrées du Nord, et que c'est ainsi qu'ils ont institué le culte de Pan, les petits et les grands mystères, (417) ils ont été amenés par là à croire qu'il y avait probablement un autre Dieu qui leur était inconnu, et, pour être pieux envers lui, ils lui ont élevé un autel avec cette inscription : « Au Dieu inconnu », comme s'ils avaient voulu dire qu'il y avait peut-être un autre Dieu qu'ils ne connaissaient pas. L'apôtre leur dit donc : Le Dieu que vous avez reconnu d'avance, je viens vous l'annoncer. Quant à ces mots : « Car nous sommes aussi sa race », c'est Aratus qui s'était ainsi exprimé, en parlant de Jupiter. Après avoir dit d'abord : La terre est pleine de Jupiter, la mer en est pleine, il ajoute : « Car nous sommes aussi sa race» ; il veut montrer par là, selon moi, que c'est Dieu qui nous a créés. Comment donc saint Paul a-t-il appliqué au Dieu, qui gouverne toutes choses, ce qui avait été dit de Jupiter? Il n'applique pas à Dieu ce qui a été dit de Jupiter; mais ce qui appartenait à Dieu, ce qu'on ne pouvait pas attribuer raisonnablement à Jupiter, il l'a rendu à Dieu. Ainsi le nom de Dieu n'appartient qu'à Dieu lui-même, et il est injustement donné aux idoles. Du reste sur qui se serait-il appuyé pour leur parler ? Sur les prophètes ? Mais il ne l'auraient pas cru. C'est ainsi que même en s'adressant aux juifs, il ne leur dit rien qu'il tire des Evangiles, il emprunte tout aux prophètes : « Je me suis fait juif avec les juifs, avec ceux qui sont sans la loi, comme si j'étais sans la loi ; avec ceux qui vivent sous la loi, comme si j'étais sous la loi ». (I Cor. IX, 11.) 2. C'est ainsi que Dieu agit lui-même, comme par exemple dans l'histoire des mages. Car ce n'est point par un ange qu'il les guida, ni par un prophète, ni par un apôtre, ni par un évangéliste. Par quoi donc ? Par une étoile. Comme ils étaient versés dans l'astronomie, c'est par cet art qu'il les prend. C'est ce que nous montrent encore les vaches qui traînent l'arche. Si elles suivent ce chemin, disent les devins, l'indignation de Dieu contre nous est véritable. (I Rois, vi, 9.) Les devins disent-ils donc vrai.? Il s'en faut de beaucoup, mais Dieu les réfute et les confond par leurs propres paroles. Il en est de même pour la pythonisse : car comme Saül avait eu foi en elle, Dieu lui fit annoncer par sa bouche le sort qui l'attendait. (I Rois, XXVIII, 8.) Pourquoi donc saint Paul impose-t-il silence au démon qui disait : « Ces hommes sont les serviteurs du Dieu souverain et ils vous annoncent la voie du salut?» Pourquoi Jésus-Christ lui-même empêche-t-il les démons de parler ? (Act. XVI, 17 ; Marc, I, 25.) C'est parce que saint Paul avait déjà fait des miracles qui avaient témoigné pour lui ; quant à Jésus-Christ ce n'était plus une étoile qui l'annonçait, mais lui-même qui se révélait au monde. Or les démons ne l'adoraient pas, et il ne devait pas souffrir qu'une idole parlât de manière à entraver son action. Mais Dieu laissa parler Balaam sans l'en empêcher c'est ainsi que toujours il condescend à nos besoins. Vous en étonnez-vous? Il a souffert qu'on se fit de lui une idée grossière et indigne, par exemple, qu'il était matériel, qu'il était visible. Mais il combat cette opinion par ces paroles : « Dieu est esprit ». (Jean, IV, 24.) C'est ainsi encore qu'il se réjouissait des sacrifices, ce qui ne peut convenir à sa nature, et qu'il aurait proféré des. paroles qui ne peuvent s'accorder entre elles, et mille autres choses semblables. C'est que ce n'est jamais sa dignité, mais toujours notre utilité qu'il considère. Un père tient-il compte de sa dignité ? il balbutie avec ses petits enfants, il ne désigne pas les mets, les plats, les coupes par leurs noms grecs, il se sert d'un langage enfantin et barbare, c'est ce que Dieu fait d'une manière plus complète encore. Dans les reproches qu'il adresse par la bouche du Prophète, il se sert de mots que nous puissions comprendre : « Si une nation change de dieux », dit-il. (Jérémie, II, 11.) Partout dans les Ecritures, les choses mêmes aussi bien que les mots sont mises à notre portée. C'est pourquoi reprends-les vivement, afin « qu'ils soient sains en la foi ». Si l'apôtre parle en ces termes, c'est que dans leurs moeurs ils étaient impudents, fourbes, incorrigibles. Ils étaient rongés de mille vices. Aussi comme ils étaient prompts au mensonge, accoutumés à la fourberie, adonnés à leur ventre, plongés dans la paresse, il était besoin de paroles fortes et frappantes. Un tel caractère en effet ne peut pas être mené par la douceur. « C'est pourquoi reprends-les». Il ne s'agit pas ici de ceux qui sont étrangers à la foi, mais bien des fidèles. « Vivement », ajoute-t-il, c'est-à-dire frappe-les de coups qui fassent des blessures profondes. Il faut se comporter en effet, non pas de la même façon avec tous, mais de différentes manières, (417) selon la diversité des circonstances. Nulle part en cet endroit il ne se -sert de douces exhortations. Car si en adressant de durs reproches à un homme d'un caractère tendre et noble, on le déchire, on le perd, en flattant celui quia besoin d'être repris avec véhémence, on le corrompt, on l'empêche de se relever. « Afin », dit saint Paul, « qu'ils soient sains dans la foi ». Etre sain, c'est n'avoir aucun élément impur, aucun élément étranger à notre nature. Que si ceux mêmes qui observent les prescriptions judaïques touchant les viandes, ne sont pas sains dans la foi, mais s'ils sont faibles et malades, « quant à celui qui est faible en la foi, «recevez-le et n'ayez point avec lui de contestations ni de disputes » (Rom. XIV, 1), que dira-t-on de ceux qui jeûnent avec les juifs, de ceux qui observent le sabbat, de ceux qui vont dans les lieux consacrés par les païens, qui se rendent à Daphné . dans la caverne de la Matrone; ou en Cilicie dans le sanctuaire dédié à Saturne? Comment ceux-là seraient-ils sains dans la foi'? C'est pour cela qu'il faut leur porter des coups sensibles. Pourquoi l'apôtre n'a-t-il pas la même conduite avec les Romains? C'est qu'ils n'avaient pas les mêmes moeurs et qu'ils avaient une meilleure nature. « Et qu'ils ne s'arrêtent pas aux fables judaïques ». C'est que ces fables sont doublement des fables, et parce qu'elles sont fausses, et parce qu'elles sont sans à propos ; ainsi ce sont de pures fables. Il ne faut pas s'y adonner, et si l'on sy adonne, c'est se nuire à soi-même. Ce sont donc des fables et des fables inutiles. C'est pourquoi il ne faut pas plus s'adonner aux unes qu'aux autres, car on ne serait plus sain selon la "foi. Si l'on croit à la foi, pourquoi ferait-on appel à autre chose, comme si la foi ne suffisait pas? Pourquoi s'asservirait-on, se soumettrait-on à la loi? N'aurait-on pas confiance en la foi? Cela est d'un esprit malade et incrédule; car, lorsqu'on est ferme dans la foi, on ne doute pas; or, agir ainsi, c'est douter. « Toutes choses sont pures pour ceux qui sont purs ». Voyez-vous où tendent ces paroles? «Mais rien n'est pur pour les impurs et les infidèles ». 3. Les choses pures ou impures ne sont donc pas telles par elles-mêmes, et-les le sont par l'intention de ceux qui les font. « Mais leur entendement et leur conscience sont souillés. Ils font profession de connaître Dieu, mais ils le nient par leurs oeuvres, car ils sont abominables, rebelles , et réprouvés pour toute bonne oeuvre ». Ainsi le porc lui-même est pur; pourquoi donc est-il défendu d'en manger, comme si c'était un animal, impur ? Ce n'est point par sa propre nature qu'il est impur, car toutes choses sont pures. Rien n'est plus impur que le poisson qui se nourrit des corps des hommes, et cependant il est permis d'en manger, il a paru pur. Rien n'est plus impur qu'une poule,, puisqu'elle avale des vers; rien n'est plus impur qu'un cerf, car le nom qu'on lui a donné en Grèce vient de ce qu'il dévore des serpents ; et cependant il est permis d'en manger. Pourquoi donc défend-on de manger du porc et de certains autres animaux? Ce n'est pas qu'ils soient impurs, mais Dieu a voulu: nous priver d'une grande partie des plaisirs du ventre. S'il avait donné cette raison il n'aurait pas persuadé, tandis que les regardant comme impurs, nous avons peur d'en goûter. Qu'y a-t-il, je vous prie, de plus impur que le vin, si vous y faites bien attention? Qu'y a-t-il dé plus impur que l'eau? Cependant c'est surtout l'eau qui servait à purifier. Il était défendu de toucher un cadavre, et c'était par des cadavres qu'on se purifiait, car les victimes qu'on immolait étaient des cadavres, et c'est en sacrifiant des victimes qu'on se délivrait de ses fautes. N'étaient-ce pas là. des prescriptions puériles? Prêtez-moi votre attention : le vin rie vient-il pas du fumier? En effet, si la vigne pompe l'humidité qui est dans la terre, elle boit en même temps la graisse du fumier qui la couvre. Enfin, si nous voulons y regarder attentivement, tout est impur. Mais si nous y faisons également attention, bien loin qu'il y ait rien d'impur, tout est pur; Dieu, en effet, n'a rien créé d'impur, et il n'y a d'impur que le péché, car il touche l'âme et la souille. C'est là, du reste, un préjugé; « mais rien n'est pur », dit l'apôtre, « pour les impurs et les infidèles, car leur entendement et leur conscience sont souillés ». Comment, en effet, trouverait-on quelque chose d'impur dans ce qui est pur? Mais celui dont l'âme est malade souille tout. Si donc on s'arrête à ce scrupule de vouloir discerner quelles sont les choses pures, et quelles les impures, on ne trouvera rien de pur. Pour ces (419) personnes, ni les poissons, ni les autres animaux ne sont purs, mais ils sont tous impurs. « Leur entendement et leur conscience sont « souillés ». Mais quoi donc ! Tout est impur? Loin de nous cette pensée. Ce n'est pas celle de saint Paul. Il rejette toute l'impureté sur les méchants : Il n'y a rien d'impur, dit-il, si ce n'est eux, si ce n'est leur pensée et leur conscience, et rien n'est plus impur. « Ils font profession de connaître Dieu, mais ils le nient par leurs oeuvres, car ils sont abominables, rebelles , et réprouvés pour toute bonne oeuvre. Mais toi, enseigne les choses à qui conviennent à la saine doctrine ». Voilà en quoi consiste l'impureté, voilà ceux qui sont impurs, mais ne te tais pas pour cela. Quand ils ne t'écouteraient pas, dit l'apôtre, fais ton devoir; quand ils ne t'obéiraient pas, exhorte-les, conseille-les; et par là, il les accable plus encore. Ceux qui sont fous croient que rien ne reste en place; mais ce ne sont pas les choses qu'ils voient qui leur donnent cette idée, ce sont leurs yeux qui voient ainsi les choses. Car, comme ils sont sans cesse en mouvement et qu'ils sont aveuglés, il leur paraît que toute la terre tourne, tandis qu'elle ne tourne pas et qu'elle reste ferme. Cette démence vient de l'état où ils se trouvent eux-mêmes, et non de l'état où se trouvent les éléments. Il en est de même ici : lorsque l'âme est impure, elle croit impures toutes choses. La pureté ne se révèle point par des scrupules superstitieux, mais par la confiance à manger de tout. Car celui dont la nature est pure ose tout, mais celui qui est souillé, n'ose rien. C'est ce qu'on peut dire encore contre Marcion. Ne voyez-vous pas que la vraie pureté consiste à s'élever au-dessus de toutes ces pensées, d'impureté, et qu'au contraire l'impureté consiste à s'abstenir de certaines choses comme impures ? Il n'en est pas autrement pour Dieu même : il a osé se faire chair, c'est marque de pureté; s'il ne l'avait pas osé, t'eût été signe d'impureté. Celui qui ne mange pas certaines choses parce qu'elles lui paraissent impures, celui-là est impur et malade; il n'en est nullement de même de celui qui les mange. N'appelons donc pas purs ceux qui ont de vains scrupules : ceux-là sont les impurs; l'homme pur est celui qui mange de tout. Il faut montrer cette piété scrupuleuse en écartant ce qui peut souiller l'âme, car c'est là l'impureté, c'est là ce qui tache; dans tout le reste, il n'y a rien d'impur. Ainsi, avons-nous la bouche malade, tous les aliments nous paraissent impurs, mais cela provient de notre maladie; il faut donc connaître à fond la nature des choses pures et des impures. 4. Qu'y a-t-il donc d'impur? C'est le péché, la méchanceté, l'avarice, la perversité. « Lavez-vous, nettoyez-vous, ôtez de devant mes yeux la malice de vos actions. Créez en moi un coeur pur, ô Dieu. Retirez-vous d'au milieu d'eux, séparez-vous, et ne touchez à aucune chose souillée ». (Isaïe, I,16; Ps. L, 12; Isaïe, LII, 11.) Les prescriptions suivantes figuraient les choses pures d'une manière symbolique : « Ne touche pas un cadavre ». (Lévit. XI, 8.) C'est qu'en effet le péché ressemble à un cadavre d'une odeur nauséabonde. « Le lépreux. », dit le Lévitique, « est impur ». (Lévit. XIII, 15.) C'est-à-dire, la variété, la diversité, c'est le péché. C'est ce que font entendre les saintes Ecritures, comme le montre ce qui suit. Si, en effet, la lèpre couvre tout le corps, celui qui en est atteint est pur; si elle ne le couvre qu'en partie, il est impur. Ne voyez-vous point par là que c'est ce qui est varié, ce qui change qui est impur? De même celui qui est atteint d'une gonorrhée est impur dans son âme; considérez comme atteint de gonorrhée celui gui perd de la semence spirituelle de la parole de Dieu. Celui qui n'est pas circoncis est également impur. Il ne faut voir là que des figures, et entendre que celui-là est impur qui n'a pas retranché de son âme la méchanceté. Celui qui travaille -dans le jour du sabbat est lapidé; c'est-à-dire, celui qui n'est pas entièrement dévoué à Dieu, périt. Voyez-vous combien il y a de sortes d'impuretés? « La femme qui a ses règles est impure ». (Lévit. XV, 19.) Pourquoi donc? N'est-ce pas Dieu qui a fait la semence et qui préside à la génération? Pourquoi donc cette femme est-elle impure? Il faut qu'il y ait là un sens caché. Quel est-il? Dieu veut faire naître la piété dans nos âmes et nous éloigner du libertinage. Car si la mère de famille est impure, combien plus la prostituée ne l'est-elle pas ? S'il n'est pas très-pur de s'approcher de sa femme, combien n'est-il pas impur de souiller le lit d'autrui? « Celui qui revient d'un enterrement est impur » ; combien plus ne l'est-il pas, celui qui revient du meurtre et de la guerre? On pourrait trouver beaucoup de manières d'être impur, si on voulait (420) les rechercher toutes. Mais maintenant nous ne sommes plus soumis à ces prescriptions : du corps, tout est passé à l'âme. Comme les objets matériels sont plus à notre portée, Dieu, pour ce motif, s'est d'abord servi d'images sensibles. Il n'en est plus ainsi, car on ne devait pas s'arrêter à des figures et s'attacher à des ombres, il fallait qu'on possédât la vérité et qu'on la retînt. L'impureté, c'est le péché , fuyons-le, abstenons-nous-en : « Si tu vas vers lui, il te recevra ». (Ecclés. XXII, 2.) Rien n'est plus impur que la cupidité. Qu'est-ce qui le prouve? Ce sont les faits eux-mêmes. Car, que ne souille-t-elle pas ? Elle souille les mains, l'âme, la maison même où elle dépose ce qu'elle a ravi. Pour les juifs, ce vice-là n'est rien. Cependant Moïse transporta les os de Joseph, Samson a trouvé de l'eau dans une mâchoire d'âne, et du miel dans le corps d'un lion mort; Elie a été nourri par des corbeaux et par une femme veuve. Mais quoi, je vous prie, si nous voulions faire attention à tout, y a-t-il rien de plus exécrable que les membranes des livres? Ne les tire-t-on pas des cadavres des animaux? Ainsi, ce n'est pas. seulement le débauché qui est impur, mais il en est d'autres plus coupables encore. L'adultère est également souillé. Si l'adultère et le débauché sont impurs, ce n'est pas pour avoir eu un commerce charnel; car, par la même raison, l'homme marié qui s'approche de sa femme serait impur; c'est pour avoir violé le droit, pour avoir cédé à la cupidité, pour avoir dérobé à un frère ce qu'il avait de plus précieux. Ne voyez-vous pas que c'est la perversité qui est impure? Celui qui avait deux femmes n'était pas impur, car David, qui en avait plusieurs, ne l'était pas; mais lorsqu'il s'en donna une seule autre injustement, il se souilla; pourquoi? Parce qu'il avait commis une injustice, parce qu'il s'était laissé aller à la cupidité. Pour le débauché, s'il est impur, ce n'est pas davantage pour avoir eu un commerce charnel, mais pour l'avoir eu contre la loi, parce qu'il viole une pauvre créature; ils se font tort réciproquement, ceux qui ont une femme en commun, et ils renversent les lois de là nature. Car une femme doit n'être qu'à un seul homme. « Ils les créa mâle et femelle », dit l'Ecriture. « A eux deux, ils ne seront qu'une même chair ». (Gen. I, 27, et II, 24.) Il n'est pas dit : Plusieurs, mais. « Deux en une même chair ». Ici donc encore, il y a injustice, et par conséquent cette action est mauvaise. Lorsque la colère passe les bornes; elle rend encore l'homme impur, non point parce qu'elle est colère, mais parce qu'elle passe les bornes. En effet, l'Evangile ne dit pas seulement: « Celui qui se met en colère », mais il ajoute . « Sans cause ». (Matth. V, 22.) Ainsi, en toutes choses, avoir des désirs excessifs, c'est être impur. Car l'impureté vient d'une cupidité insatiable. Veillons donc, je vous en conjure, et devenons véritablement purs pour mériter de voir Dieu, en Jésus-Christ Notre-Seigneur, qui partage avec le Père et le Saint-Esprit, la gloire, etc.
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