1882

L'ouvrière

 

 

Au mois de mars 1881, Don Bosco fit un petit séjour à Grasse, pendant lequel il reçut nombre de personnes, notamment une pieuse ouvrière d'un certain âge, qui lui demanda sa bénédiction.

— Je veux bien, fit Don Bosco, mais il faudrait vous mettre à genoux.

— Mon Père, je ne le puis pas.

En effet, depuis huit ans, elle ne pouvait pas plier un de ses genoux devenu complètement roide à la suite d'une fracture ; il existait, en outre, une plaie fort douloureuse.

— Essayez tout de même, ma fille.

Et voilà qu'elle se met à genoux, reçoit la bénédiction et se relève, avec une facilité qui l'étonne.

— Mon Père, vous devriez bien achever votre œuvre : accordez-moi, je vous en prie, quelques, instants d'entretien.

— Volontiers, répond Don Bosco.

On passe dans une pièce à côté, et l'ouvrière se met en devoir de raconter ses peines intimes.

Mais, voilà que deux chats, qui se trouvaient dans la chambre commencent à faire un tapage abominable, se poursuivant, grimpant sur les meubles, et la brave fille, impatientée, veut les expulser. Elle se met à les poursuivre avec une liberté d'allure qui amène un sourire sur les lèvres de Don Bosco.

— Mais il me semble, ma fille, que vous n'êtes pas aussi impotente que vous le dites !

— C'est singulier : ma jambe va beaucoup mieux.

— Allons, vous guérirez, mais plus tard. Pour vous et pour moi, il est préférable que Notre-Dame Auxiliatrice ne vous accorde pas cette faveur tout de suite.