1886

Les noisettes

 

 

Le premier janvier 1886, à l'Oratoire de Turin, les étudiants de la quatrième et cinquième classe, au nombre de quatre-vingts environ, vinrent présenter leurs hommages et exprimer leurs vœux de bonne année à leur Père Don Bosco.

Celui-ci, déjà souffrant, les reçut avec une tendresse d'autant plus grande que, par leur bonne conduite, ils étaient l'honneur et la joie de la maison.

— Mes enfants, je voudrais bien pouvoir vous donner quelque chose !

Et le bon Père cherchait autour de lui, lorsqu'il avisa, sur sa table, un petit sac de papier qui contenait des noisettes.

Il se mit immédiatement à y puiser à pleine main, et il en donna une grande poignée à l'étudiant placé le plus près de lui.

 

Les autres se mirent à sourire : il était évident que, s'il procédait avec une pareille largesse, il ne pouvait y avoir de noisettes que pour trois ou quatre d'entre eux.

Mais, à leur grande surprise, la distribution continua, et tous en reçurent autant que pouvaient en contenir leurs-deux mains réunies.

Lorsque tout le monde fut pourvu, on fit observer à Don Bosco que trois ou quatre des élèves étaient absents, et qu'ils regretteraient bien de ne pas avoir leur part. Immédiatement il plongea de nouveau sa main dans le sac, et en tira plusieurs petites poignées de noisettes.

Un de ceux qui avait assisté à cette étrange scène, racontait ensuite :

— Je ne sais où il a pu aller les pécher, le sac était absolument vide !

 

Ce fait n'est pas unique. Don Bosco a avoué que pareille chose lui était déjà arrivée.

— Un jour, dit-il, on avait fait cuire quelques marrons dans une assez petite marmite. Il arriva que les enfants qui en demandèrent étaient bien nombreux, une centaine peut-être ! et tous en ont eu une portion suffisante.

Puis, après un instant, son visage étant devenu plus sérieux, il ajouta :

— Une autre fois, il n'y avait que trois hosties dans le ciboire. Cependant j'ai pu donner la communion à toutes les personnes qui se présentèrent à la sainte table... et il y en eut beaucoup !