1887
Encore la Providence
De toutes les maisons Salésiennes, celle de Vallecrosia, près Bordighera, fut une des plus fâcheusement éprouvées par le terrible tremblement de terre du 23 février 1887. Aussitôt après le sinistre, on avait dû rendre, provisoirement, à leurs familles, le plus grand nombre des petites filles élevées dans l'établissement. Mais cette mesure extrême ne pouvait s'allier avec le bien des âmes et l'honneur de la religion.
Vallecrosia est un nid de protestants, et leur esprit de prosélytisme s'y donne carrière sous toutes les formes.
On sexplique comment Don Bosco eut particulièrement à cur de relever, sans délai et à tout prix, une maison d'une pareille importance : ces pauvres enfants, livrées à elles-mêmes, pouvaient être, gagnées à l'erreur et perdre leur foi.
Don Bosco, sans savoir où il prendrait les ressources, envoya un architecte se rendre compte du travail à entreprendre. Le devis portait à six mille francs la somme immédiatement nécessaire pour que le personnel, logé en partie dans des baraques, pût revenir à la maison dans des conditions de sécurité suffisantes. Quant à la restauration complète, elle devait exiger des sommes considérables.
D. Rua, qui reçut cette réponse, la porta au réfectoire, où était Don Bosco, et il la lui communiqua, en lui demandant : où l'on pourrait bien trouver les six mille francs dont la nécessité était si urgente ?
Don Bosco se contenta de répondre avec sa tranquillité habituelle : la Providence !
Le dîner touchait à sa fin lorsqu'on introduisit le comte de Maistre, vieil ami de Don Bosco et bienfaiteur insigne de ses orphelins :
Mon Père, ma tante m'a remis une commission pour vous. Elle voulait vous faire un legs ; mais ayant réfléchi que cette forme ne porte pas toujours bonheur, qu'elle présente d'ailleurs certaines difficultés, elle veut se donner la joie de vous venir en aide de son vivant. Voici six mille francs que vous emploierez comme vous l'entendrez.
Don Bosco, tout ému, tendit au comte de Maistre la lettre de l'architecte :
Voyez comme Notre-Dame Auxiliatrice a bien inspiré Madame votre tante ! Faites-lui agréer, je vous prie, l'hommage de notre reconnaissance, et dites-lui que sa généreuse offrande va être immédiatement envoyée à Vallecrosia, pour relever la maison de nos pauvres petites filles.