13 août
Bouquet spirituel: «Vous pleurerez et vous gémirez, et le monde se réjouira. Vous serez dans la tristesse, mais votre tristesse se changera en joie.» Jn 16, 20
La DORMITION de la
très SAINTE VIERGE MARIE
Par ces paroles de son oraison de la messe du quinze août, l'Église dit clairement que la Vierge Marie est morte: «Nous reconnaissons qu'Elle est morte selon la condition de la chair.» Jésus-Christ est mort parce qu'Il S'était chargé de tous les péchés du monde et qu'Il avait accepté d'en porter toute la peine. Comme Sauveur et Rédempteur du genre humain, Il devait être puni pour les crimes de tous les hommes, mais pour la Sainte Vierge, Elle n'a point été chargée de nos péchés et Sa mort n'était point un moyen que Dieu avait choisi pour notre rédemption...
La très Sainte Marie reçut les apôtres rassemblés pour l'occasion de Son trépas, avec une joie et une humilité merveilleuses. Elevant Ses yeux et Son esprit vers le ciel, Elle remercia Dieu de la grâce qu'Il Lui faisait de voir ces dignes instruments de Sa puissance et ces glorieux prédicateurs de Son Evangile. Par un discours admirable, la Très Sainte Vierge consola les apôtres affligés de Son prochain départ. Elle leur donna Sa bénédiction plus que maternelle, et les exhorta à continuer de travailler avec courage à l'établissement de l'Eglise qu'Elle appelait Sa Mère... Elle leur promit de les assister puissamment du haut du ciel en employant tout Son crédit auprès de Son divin Fils afin de leur obtenir l'abondance des grâces qui leur étaient nécessaires pour s'acquitter dignement de leurs fonctions et pour achever l'oeuvre de leur propre sanctification.
Bien qu'âgée de soixante-douze ans, la Vierge Marie n'était nullement malade. Aucun signe de vieillesse n'apparaissait en Elle, Son doux visage s'étant toujours maintenu dans la même beauté. Sa face rayonnait de joie et trahissait Son bonheur d'aller rejoindre l'Epoux.
Au moment de rendre à Dieu Son âme bénie, Marie S'inclina modestement sur Sa couche, Se plaça dans la posture où Elle désirait être ensevelie, et répéta Son Fiat: "Qu'il Me soit fait selon Votre parole." Ayant ajouté cette divine parole de Son Fils en croix: "Je remets, Seigneur, Mon esprit entre Vos mains," la Très Sainte Vierge expira dans un élan d'amour inénarrable.
«Cette mort, dit saint Jean Damascène, fut sans aucune peine, de même que Son enfantement, lorsqu'Elle avait mis Jésus-Christ au monde, avait été sans douleur. Aussi Elle n'eut point d'autre cause que la véhémence de Son amour dont Sa nature ne put porter davantage le grand effort. La puissance de Dieu L'avait soutenue jusqu'alors au milieu de ce brasier, ce qui Lui avait conservé la vie, mais cette puissance ayant cessé pour un moment son opération, Elle cessa en même temps de vivre...» D'autres saints sont morts dans l'amour, c'est-à-dire en aimant Dieu actuellement, mais la Mère de la sainte dilection est morte par l'amour, et c'est l'amour qui Lui a ôté la vie naturelle pour Lui donner une vie de gloire.
Selon quelques Docteurs, Son divin Fils Lui offrit de ne point mourir, mais Marie choisit la mort par conformité à la mort du Rédempteur. Par ce sacrifice, Elle reçut un pouvoir souverain de procurer la grâce d'une sainte mort aux agonisants qui L'invoqueraient et de les assister dans leurs derniers combats. En mourant, la Très Sainte Vierge Marie est donc devenue l'Asile, l'Avocate et la Patronne de tous les mourants, diminuant et adoucissant ainsi la peine que nous éprouvons tous à mourir. Désormais, nous pouvons L'invoquer à notre dernière heure avec encore plus de confiance en Sa maternelle bonté.
D'après un résumé O.D.M.
SAINTE RADEGONDE
Reine de France
(519-587)
Radegonde, fille d'un roi de Thuringe, fut prise par Clotaire, roi des Francs, dans une guerre entre la Thuringe et la France. Clotaire traita la jeune captive avec beaucoup d'égards, la fit instruire dans la religion chrétienne et lui fit conférer le saint Baptême.
Elle eût voulu consacrer à Dieu sa virginité; mais elle dut épouser le roi qui avait massacré sa famille vaincue. Radegonde profita des richesses du trône pour orner les églises, assister les pauvres. Six années passées sur le trône n'avaient point fait renoncer Radegonde à l'espérance de la vie du cloître. L'assassinat de son frère par le roi son époux lui fournit une occasion favorable; Clotaire, fatigué de ses larmes, lui permit de partir.
Elle se rendit d'abord à Noyon, et, comme l'évêque hésitait à recevoir ses voeux, elle se coupa les cheveux elle-même, revêtit la bure des religieuses, déposa ses ornements royaux sur l'autel, et fut consacrée au Seigneur. De là, Radegonde se rendit aux environs de Poitiers et se livra à tous les exercices d'une vie austère; elle ne vivait que de pain de seigle et d'orge, d'herbes et de légumes, et ne buvait pas de vin.
Son vêtement était un cilice, son lit de la cendre; elle servait les pauvres de ses mains, pansait elle-même les malades atteints de la gale et de la teigne, lavait les plaies des lépreux et souvent délivrait les malheureux de leurs infirmités par des miracles. Un cierge reçu d'elle et allumé près d'un malade suffisait à le guérir; en passant par ses mains, les fruits et les aliments prenaient une vertu dont l'effet merveilleux ne tardait pas à se faire sentir. Elle mourut en 587, à l'âge de 68 ans. C'est une des Saintes les plus populaires de la France.
Abbé L. Jaud, Vie des Saints pour tous les jours de l'année, Tours, Mame, 1950.