LA SAINTE OBEISSANCE

    Nos regards s'attachent aujourd'hui au drame des hommes et des nations, qui s'agitent, luttent, peinent et meurent. Nous le suivons avec angoisse et en prière. Mais au fond des âmes humaines se joue sans cesse dans le silence un autre drame qui est d'aujourd'hui comme de tous les temps. Et le dénouement du drame extérieur de l'histoire dépend, en définitive, de l'issue de ce drame intérieur. C'est celui du Limier céleste (1), lancé sur la piste de l'homme qu'il poursuit inlassablement. C'est celui aussi de la brebis égarée, errant dans le désert, effrayée et solitaire, cherchant vaguement son chemin, tandis que - franchissant les collines - le Berger, qui connaît le pays, vient à son secours. Car il a un cœur de berger, qui ne peut prendre aucun repos avant de tenir sa brebis dans ses bras. C'est le drame du Père, qui attire à Lui l'enfant prodigue, lui ouvrant la maison paternelle où le pain est en abondance. C'est le drame de ce que Rufus Jones a appelé la Double Recherche. Et toujours, c'est l'éternel Dieu d'amour qui joue le premier rôle.

    C'est sur un des aspects de ce drame intérieur que je désire attirer votre attention, dans la scène où le Berger a enfin trouvé sa brebis. C'est la vie d'obéissance, absolue et complète, et sainte, à la voix du Berger. Mais dans tout le récit, c'est Dieu qui est mis en relief, Dieu l'initiateur, Dieu l'agresseur, Dieu le chercheur, Dieu l'éveilleur à la vie, Dieu la source de notre obéissance, Dieu qui nous donne la possibilité de devenir des enfants de Dieu.


(1) Allusion au poème de Francis Thompson, The Hound of Heaven. (N. d. T.)