L'ABANDON AU MAITRE


  Je prends cette fois-ci comme base de ma lettre ces paroles de notre Initiateur : « Quiconque aura tout quitté pour l'amour de moi, héritera la vie éternelle ». Cette parole a son Ange ; elle est, elle-même, une créature , spirituelle qui vit pleinement dans son pays spécial. Ces deux êtres, unis à leur créateur, Jésus, comme la branche au tronc, reçoivent de lui, le pain quotidien qui assure leur vie. L'Ange de cette parole se nomme «Abandon ». Sa couleur est le rouge orange. Sa posture celle de la résignation. Son atmosphère est passive-active. La lumière qui rayonne de son coeur est dorée. A ses mains pendent des fils d'or auxquels sont reliées diverses créatures plus inférieures et qui s'appellent : confiance résignation - pureté d'intention - patience clairvoyance - intuition pure - d'autres encore...

  Contemplons cet ange, établissons par notre désir sincère, un lien entre son coeur et le nôtre. Faisons taire un instant notre mental, demandons l'oubli de nos préoccupations, de nos douleurs. Appelons toute simplicité, toute candeur et regardons, écoutons plutôt, en silence... « Mon Créateur se donne dans la mesure où vous K vous donnez. - Ce n'est pas une chose ou une K autre qu'il faut quitter, c'est tout. Ainsi l'absolu  seul du don conscient de vous-même, peut contenter « Celui qui est l'absolu dans son essence inconnaissable et c'est à ce moment qu'il se donnera aussi absolument à vous. - Votre travail, illuminé par votre désir, est double : tout connaître d'abord en vous, puis tout donner ; mais votre personnalité  ne finit pas à vous-même, elle renferme tous les -êtres dont vous avez conscience et qui sont liés à vous : famille et amis, et aussi tous ceux que vous  ne connaissez pas et pour lesquels votre esprit  est un soleil : minéraux, végétaux, animaux et d'autres (1). Jésus ne se donnera donc complètement à vous que dans la mesure où vous aurez une notion nette de tout cela et où vous lui aurez tout donné. Cela ne peut se faire que dans le plan de l'esprit. C'est l'idéal sur lequel vous devez avoir les yeux fixés et c'est Jésus qui vous apprendra à tout connaître peu à peu ».

Que veut dire maintenant quitter ! Jésus vous enseigne à vous aimer les uns les autres, à aimer </ maris, maris à vos femmes. Vous tous à vos enfants, · mais il veut que vous quittiez tous les chemins de « l'égoïsme. Il veut que vous n'aimiez que Lui, et a >les autres par Lui, en son coeur. Il dispose vos  existences pour que se réalise lentement sa volonté ;  mais il y faut votre collaboration. - Soyez disposés « à tout comprendre en vous et autour de vous ; à tout aimer, à tout réunir ensuite en un seul holocauste que vous offrirez à votre Seigneur. Et Lui, vous rendra tout : sensibilité, intelligence, coeur, raison, volonté, amis, père, mère, époux, enfants, joies, peines, transformées par son amour.Votre héritage, au moment où votre esprit revêtu de son corps glorieux incorruptible, ayant vaincu par lui-même la matière et les mondes ; ayant tout donné à son Maître, votre héritage sera alors la vie éternelle en Lui et par Lui  » ..

Vivre enfin. - Vivre, alors que si longtemps  « vous n'avez connu que la mort ! et ne sentez-vous pas que déjà pour un petit effort, vous êtes bien plus vivants qu'autrefois !  » 

Et, entre les mains de l'Ange, brilla soudain une épée ; nous comprenons que cela signifie : « Si vous voulez vivre, il faut combattre ». La lutte seule peut vous amener à la vie 

LA VOLONTÉ 

J'ai très peu de temps, mes amis, et je voudrais vous dire seulement quelques mots sur la Volonté ; c'est de circonstance puisque nous sommes au moment des Rois. l'Église extérieure célèbre le souvenir de l'offrande des Rois Mages venant apporter au Christ Enfant : l'or, l'encens, la myrrhe ; l'Église Intérieure Invisible du Christ, célèbre le moment important où les conducteurs de l'humanité, les êtres Surhumains aux Surhumains pouvoirs personnels ; à la volonté dynamisée et arrivée à son complet développement, viennent déposer ces pouvoirs et cette merveilleuse Volonté aux pieds de Celui que nous aimons et qui venait relier la terre au Ciel. Depuis cette heure, tous ceux qui continuent à oeuvrer par leur Volonté propre ne sont pas dans la loi nouvelle ( J-A-R Lueurs spirituelles ) .

D'après ses méthodes, le Ciel les laisse faire, mais ils sont alors aux prises avec la morne, effroyable, aveugle et terrible puissance du Destin. Leur volonté est réduite en miettes, le désespoir arrive et c'est alors que leur moi pantelant, mourant, reçoit pour la première fois, le petit appel de Celui qui sauve, la petite lumière qui les retient au bord des insondables ténèbres. - Ce fût à peu près notre sort à tous. Maintenant nous sommes à l'abri duDestin, Jésus est né dans l'étable de notre âme, de la Vierge, la pureté du coeur. - Il s'y est développé ; avec une joie pure, nous lui avons tout donné et Lui se donne tout entier. Mais pratiquement, mes amis, nous ne pouvons pas offrir à notre Christ une volonté inexistante, développons-la donc par la lutte courageuse contre ce qui appartiens encore au prince de ce monde, par le combat que nous livrerons à la souffrance autour de nous, par les efforts que nous ferons pour aider Jésus à porter la si lourde croix des péchés du monde. - Puis offrons-lui cette volonté développée, quand elle sera digne de Lui. - Voilà dans quel sentiment intérieur vous devez travailler et dans quel but secret. Que Jésus soit avec vous tous pendant cette année qui commence. Le pauvre petit apprenti qui a été envoyé vers vous, vous envoie ses amitiés et espère qu'on lui permettra d'être encore avec vous jusqu'à la fin de sa vie. 

PRIÈRE
 

  Voilà déjà bien des jours que nous sommes séparés matériellement et je veux aujourd'hui pour vous remercier d'être restés fidèles à ces réunions qui m'étaient si chères, demander pour chacun de vous la grâce, l'aide, qui lui seront le plus nécessaire ou même agréable en ce jour. Et chacun, mes amis, sera jugé sur sa demande ; aussi veillez et priez avant de la formuler. - Dans le séjour bienheureux de lumière, où une bonne partie de vous-même pourra pénétrer dès cette vie, se place, maintenant, le coeur et les mains ouvertes : Celui qui écoute mes prières et les vôtres. Il ne demande qu'à vous donner sans cesse davantage de sa vie et si vous continuez comme vous avez si bien commencé, peu de jours terrestres se passeront sans que cette vie se mêle à votre vie d'une façon tangible. Peu importeront les épreuves, car vous aurez connaissance vive et complète que votre esprit (vous-même) se nourrit d'elles et vous prépare un merveilleux instrument pour plus tard. Mes amis, encore un effort et c'est en vain que la terre criera vers vous pour vous retenir, en vain que son prince se fera charmeur et doux pour vous séduire, en vain que Mammon le Roi de l'or, tentera de vous gagner. Fermes sur votre roc, forts de votre faiblesse reconnue par toutes vos puissances, vous sentirez à chaque refus, la joie sourire dans la douleur, la lumière irradier dans les ténèbres, la bonté se dresser en vous comme un bouclier merveilleux. La charité sera mise à votre main comme un glaive radieux et vous vous élancerez chaque jour plus forts vers l'aurore nouvelle, vers l'éternelle lumière du jour nouveau.

LA TOLÉRANCE

  Je voudrais vous parler de la Tolérance. C'est une grande qualité ; elle prouve qu'on a beaucoup vécu. Seuls, les esprits qui sont au début de leur activité sur la Terre, se permettent la critique et ne considèrent bien que leur façon de penser ou d'agir.

Les bases de notre manière de voir sur ce sujet sont deux paroles de l'Évangile : il s'agit d'un homme qui guérissait au nom du Christ, mais ne faisait pas partie de ses disciples et Jésus ordonna de le laisser faire, car disait-il, celui qui n'est pas contre moi est pour moi. Puis, deuxièmement Jean affirme au début de son Evangile qu'il y a plusieurs demeures dans la maison du Père, c'est-à-dire dans l'Univers.

  Nous avons vu ensemble, ces années passées, que la Vérité seule est absolue ; l'erreur ne peut être que relative. - C'est seulement l'absence du vrai comme l'ombre est seulement l'absence momentanée de la lumière. - Il n'existe donc pas une seule théorie, un seul livre, une seule opinion qui ne renferme un peu de lumière. Dans ces conditions, il ne faut rien rejeter comme absolument mauvais et vous surtout, qui avez un moyen de comparaison merveilleux : l'Évangile, vous pouvez sans crainte d'errer, examiner tout, étudier tout, comprendre toute chose, vous adapter à tous les êtres ; car, d'une part, tout ce que vous trouverez, tout ce qu'on vous dira, si c'est dans l'Évangile c'est bon et toujours, en tout, il y aura une parcelle de Vérité si petite soit-elle et si c'est la Vérité, ce sera forcément dans le « Livre Suprême ». D'autre part, tout ce qui ne sera pas dans le Livre est douteux. Ainsi, vous avez une base vraiment solide pour la tolérance.

  Et puisque le Maître, lui-même, ne repousse pas le guérisseur qui n'est pas venu jusqu'à Lui, nous aussi nous devons accueillir tous les êtres, les écouter, et sans les critiquer, nous devons nous tenir prêts à mettre dans leur pensée, un peu plus de lumière. Et s'il faut de la tolérance pour les idées des autres, encore plus est-il nécessaire d'en avoir pour leur foi. - Car, ici, nous touchons à un domaine le plus sacré de la conscience, à des organismes mille fois plus sensibles encore que le cerveau.

Donc, pas de discussions religieuses, jamais ; c'est encore plus utile, que d'éviter la critique. Nous devons nous abstenir avec soin de troubler une âme, car malheur à celui qui cause le scandale. Tous ceux qui croient en Jésus, fils unique du Père, sont avec nous, quelle que soit l'étiquette extérieure. Les autres, leurs prières vont tout de même au Père. - Toutes elles passent par le coeur très saint du Seigneur de la terre. - Là, dans ce foyer d'amour, elles sont triées et tous les hommes qui ont prié, reçoivent en une quelconque des parties de leur être, un résultat en rapport avec leur intention.

  Nous serons donc tolérants vis-à-vis des actions, des pensées, des paroles, des croyances de nos frères, car d'une part nous avons besoin de tolérance nous-même et de l'autre, nous savons que le Ciel voit les intentions et les actes, mais s'occupe peu des étiquettes extérieures, ou du travail mental qui les a préparées.

  Enfin, si nous avons besoin d'autres raisons plus centrales et plus profondes encore, rappelons-nous qu'il y a plusieurs appartements dans l'Univers, donc, de multiples chemins pour y aller. Ignorant quel chemin le Ciel fait suivre à une créature, comment donc oserions-nous la juger ? La critiquer ? Croire qu'elle suit une mauvaise voie ? Méditez un instant sur ces pensées. - Puis demandez à être éclairés dans tous les cas. - Votre paix, votre douce paix, que nous avons tant demandée ensemble, votre paix, don de Jésus, tous vous en avez maintenant la possession ; elle s'augmentera en vous, mes amis, dans la mesure où vous agirez, comme vous l'indique l'Évangile pour la vie journalière.

  Cette paix contient en elle la tolérance comme bien d'autres choses encore. - Soyez donc en paix et soyez tolérants pour tous.

 

JÉSUS : MAITRE ET SEIGNEUR


  J'ai pensé aujourd'hui pour me tenir en communion spirituelle avec vous, à une phrase de l'Évangile de Jean : « Vous m'appelez Maître et Seigneur, et vous avez raison, car je le suis » .

  Vous avez depuis longtemps remarqué combien est absente de l'Évangile toute espèce de doute, d'hésitation, toute forme philosophique. - Il n'y a jamais de discussion, mais une Succession d'affirmations catégoriques, absolues.

C'est que l'Évangile est entièrement du Surnaturel, c'est-à-dire qu'il dépasse toute conception mentale si élevée soit-elle. - Quand votre conscience est entraînée par le seul mental, le cerveau, elle ne peut pénétrer que dans un pays, où règnent le changement constant, l'à peu près. - Un pays où il y a de belles lumières, des cristaux splendides peut-être, mais froide est cette lumière, glacés sont ces cristaux resplendissants. Nul enseignement venant de ce pays ne sera définitif, nulle lumière ne sera sans ombre.

  Tout y sera teinté d'hésitation, rien n'y sera fixe ; ce que nous appelons sur terre le doute, cet état où passe notre conscience, où elle demeure aussi longtemps que le regard immuable du Permanent ne l'a pas encore effleurée, n'est que la sensation plus ou moins vague des voyages et des travaux qu'elle effectue dans ce plan. De là, les discussions, les procédés de la philosophie, de là les changements constants des sciences humaines, tant qu'elles n'ont pas retenu une forme quelconque du Verbe.

  Mais, dès que s'éveille en nous, la vie véritable ; dès que notre moi commence à fonctionner dans le vrai ; dès que notre cerveau, nourri par les irradiations du coeur, a suffisamment évolué pour pouvoir recevoir en lui, le reflet des connaissances directes des splendeurs que perçoit notre centre et dont il se nourrit, nous sortons lentement des domaines glacés de la nature. Nous commençons de pressentir les éblouissantes lumières de la vraie vie et il arrive au moment où notre conscience, même a l'état de veille, fonctionne dans le vrai, dans le réel. - Alors les affirmations de l'Évangile nous paraissent la seule langue que maintenant nous comprenons bien ; nous en avons fini avec le doute et nous vivons dans la joie de la certitude absolue.

  Il n'y a guère longtemps que vous travaillez, mes amis, eh bien ? je suis sûr que ces paroles n'éveilleront pas dans vos demeures intérieures le moindre écho du mental.

  Je le vois, vos coeurs, vos cerveaux, tout en vous saitque vraiment Jésus est le Seigneur universel, le seul Seigneur, le seul Maître. Il est à Vous, comme vous êtes à Lui. Ne sentez-vous pas, en ce moment comme une divine Présence? Votre coeur ne rayonne-t-il pas d'une joie inconcevable, inconnue aux humains ? Bientôt, bientôt Il se fera connaître à Vous d'une manière encore plus intime, car chaque jour, chaque épreuve, chaque joie, chaque effort vous rapproche de Lui. Il vient à vous. Il se fait précéder par ses anges. - Vous l'aimez... aimez-Le encore davantage et vous serez connus de son Père. Celui qui est la vie absolue, et lorsque, pleins de sa lumière, de sa force, vous irez vers d'autres amis, à votre tour, dites-leur : Vous appelez Jésus Votre Seigneur et Votre Maître et vous avez raison, car Il l'est, en Vérité


LA PUISSANCE DE L'HUMILITE


  Je choisis pour notre méditation, une affirmation de l'Ami éternel, toujours présent, et que je n'ai jamais développée, je crois, devant vous. - Après avoir indiqué la puissance de l'humilité en s'écriant  « Je te bénis, oh ! mon Père parce que tu as révélé ces mystères aux petits ». Jésus affirme : Nul ne connaît le Père que le Fils et Celui à qui le Fils veut le révéler. Rien que par ces quelques mots l'initiation christique se place au centre, dans le définitif, dans l'Absolu. Après cette promesse, nulle promesse, après cette affirmation précise, nul enseignement ; après cet idéal, nulle conception. Tout s'efface, tout s'anéantit. - Tout est dépassé Après cela - plus rien.

  Nous avons donc toute raison, toute force pour nous, lorsque nous disons : l'Évangile réunit en lui la totalité de la lumière - reflétée dont le Ciel avait doté la terre avant Jésus, mais en plus il est plein de cette lumière même dont notre monde n'avait avant Lui reçu que l'aspect : chacune de ces paroles est la clé d'un sanctuaire définitif.

  Tout en lui est central - universel. Et c'est pourquoi, en général, l'homme vient à l'Évangile en dernier.

  Vous pouvez donc pénétrer plus profondément dans la certitude absolue où vous êtes déjà - que votre foi reçoive sans cesse des bases inébranlables ; qu'elle recule chaque jour la portée de son action en vous et hors de vous. Reprenons maintenant notre phrase : Nul - aucune créature ne connaît le Père - ne peut avoir conscience de l'absolu. Nous ne pouvons connaître que ce que notre cerveau laisse passer - or, cet appareil mental est créé pour fonctionner dans le monde physique et c'est tout. Le Ciel, l'Esprit, nous seraient donc fermés à jamais, sans Jésus. - Par son aide constante, par les efforts qu'Il nous apprend, par la voie qu'il nous fait suivre, peu à peu, il arrive que ce qu'il y a en nous de Vie du Père, forme imperceptible, grandit, pénètre peu à peu du centre à la périphérie, baigne tous nos organes depuis le plus subtil jusqu'aux plus matériels, les transforme, éveille en leur Vie instinctive une vie nouvelle - y transporte les germes de la vie réelle - et il arrive un moment, où tout en nous, et après notre vie essentielle, notre coeur et notre esprit, prend conscience des aspects très petits, puis de plus en plus grands de ce que nous appelons le Ciel. Alors, les mystères s'éclairent, et selon les paroles mêmes du Christ Le Père fait chez nous sa demeure.

  Alors Jésus nous fait connaître son Père. Alors nous sommes sur terre des réintégrés, des régénérés, - des hommes libres. Vous, mes amis, qui avez commencé de percevoir l'Esprit - vous qui sentez parfois la présence des anges du Ciel, vous êtes au début du chemin qui vous conduira un jour, à cet Idéal sublime.

 
 

L'IGNORANCE


  Je prends comme sujet de ma lettre « l'Ignorance » et, pour vous faire comprendre de suite où je me place exactement, je vais reprendre la parole de Jésus citée dans ma dernière lettre, elle se rapporte à ce que veux dire « Je te bénis, oh ! mon Père, parce que tu as révélé ces mystères aux humbles et aux ignorants et que tu les as cachés aux orgueilleux et aux savants ».

  Pris dans la matière, alourdis par nos fautes passées et, hélas ! présentes aussi ; le coeur brisé par la souffrance réitérée, le cerveau meurtri par de longs doutes, et par ses combats avec la science, nous sommes en réalité bien incapables de tout effort vrai. - Quel bonheur alors de pouvoir oublier nos douleurs, ne fut-ce qu'un moment ! Quelle joie de briser les chaînes compliquées qui lient notre moi à ce monde 1 Quelle force vive vient à nous, lorsque par l'oubli nous pouvons redevenir ,un moment simple et confiant, nous replonger quelques secondes dans la source fraîche de la vie ! De même quand au cours de nos existences nous avons tendu, à les briser, les ressorts de la mémoire, de l'attention, de la comparaison, quand nous avons donné abri en nous à d'innombrables images mentales qui se combattent dans un chaos indescriptible, quel bonheur de laisser libres enfin nos petites cellules cérébrales que nous avons traitées tyranniquement si longtemps !

  Vient alors une existence où se ferme le mental où le cerveau reste page blanche - où nous n'enregistrons pas de reflets ou d'images déformées des choses sur la page immaculée, et c'est l'oubli reposant des innombrables souffrances des voyages antérieurs. - Nous ignorons, tout des faux reflets des choses, mais notre vie intérieure communie désormais avec leur vie, avec leur centre, et les créatures, alors nous disent leurs vrais secrets, se font voir telles quelles sont dans leur immortelle essence.

  Voyez alors, mes amis, ce pécheur à la ligne des bords du fleuve, ce pâtre de la montagne, cet homme du peuple qui savent à peine lire et en qui vous ne pourriez reconnaître l'ancien savant à la renommée universelle. - Leur clair et innocent regard, est un pur cristal qui vous permet de voir jusqu'au fond de leur âme et cette âme renferme l'universelle connaissance, la science des sciences. La Nature qui sait n'avoir rien à craindre d'eux, le Ciel qui sait leur force, s'ouvrent sans voile à la créature d'élite et c'est à elle que pense Jésus, lorsqu'il remercie le Père d'ouvrir ainsi le Livre de la Vie à Ceux qui sont dédaignés par les hommes. II y a donc, mes amis, une science de l'Ignorance, pourrait-on dire si ces deux mots ne juraient un peu ? Mais

combien plus dure à acquérir que la science humaine ! Car le silence du mental et de tout l'extérieur de notre moi, quelle voix merveilleuse il cache ! Cette nudité cérébrale, quelle plénitude elle dissimule ! et qu'il est difficile pour nous de suivre le pauvre chemin de l'Ignorance ! - Comprenez donc que c'est un côté de la Pauvreté d'Esprit. - Méditez un instant sur cette idée et vous saurez que dans votre vie actuelle, votre devoir est encore d'étudier d'après les procédés humains, mais dès maintenant, vous pouvez spiritualiser tous vos efforts et quand vous comprendrez une science des hommes, vous pouvez tout de suite y découvrir plus de vie. Surtout ne tirez pas de ma lettre cette conclusion que tous les pécheurs à la ligne et tous les pâtres et tous les ignorants sont des Ignorants comme le veut direJésus ......
 

LA VRAIE RAISON DE LA CHARITÉ


  J'ai peu de temps à vous donner, mais je veux cependant vous dire quelques mots sur le motif le plus mystique et le plus vivant qui soit à mon avis parmi toutes les raisons d'être charitable. Que nous devions donner sans cesse davantage et sans, restriction ni calcul ; que nous devions tout donner de nous-même, nous n'avons pas besoin d'en parler, tellement c'est l'essence même de Vie ! Il y a bien des raisons pour cela : c'est le Volonté du Ciel, c'est la conséquence de l'Amour et notre Maître nous a dit de nous aimer les uns les autres comme Il nous a aimés, c'est-à-dire avec la totalité de ce qui est

éveillé, vivant en nous. Mais, à mon sens, la vraie raison, celle qui me touche le plus, qui me fait frémir en moi-même, c'est cette profonde parole : «Toutes les fois que vous  avez donné un verre d'eau à un malheureux, que vous l'avez nourri, habillé, c'est à Moi-même à qui vous avez donné cette eau, cette  nourriture, cet habit ». - Et comme toute parole de Jésus est vraie pour tous les plans, cela veut dire aussi : « Toutes les fois que vous avez partagé vos forces sans compter, donné votre vie, purifié une intelligence, ramené le calme en une âme troublée, quand vous avez retiré de la boue une créature et que vous lui avez appris à regarder le Ciel. quand vous avez perdu votre vie pour l'Amour de Moi, c'est à Moi que vous avez donné vos forces, votre vie, c'est un rayon de ma vie centrale, de ma vie absolue, que vous avez fait descendre dans cette intelligence, dans cette âme, dans cette créature égarée.

  En un mot c'est Jésus lui-même que vous rencontrez sous les apparences de la douleur, au détour de voter chemin.

  Et comme Il a affirmé qu'Il serait avec nous, qui sait, pensez-y bien, c'est peut-être votre Ami, votre Seigneur le Maître de l'Univers, celui qui est la Vie Absolue, c'est peut-être Lui, en réalité qui se cachait sous la figure du pauvre être dont le regard a remué quelque chose au plus intime de vous-même, dont le remerciement, vous a, semble-t-il, payé au centuple (mais pourquoi ?) de votre peine ou de votre don.

  Et cette possibilité, n'est-elle pas de nature, dès que vous l'aurez admise, à centupler votre désir de vous donner, comme le Maître s'est donné, d'aimer toutes les créatures comme II les a aimées et par ce don vivant de vous-même, par cet amour créateur, de tout rendre vivant en vous ?

  Et c'est là le mobile le plus fort de la charité ; vous mettrez donc en pratique les conseils de l'Evangile et le jour où n'ayant plus rien, vous aurez tout donné, vous verrez comme la vie coulera en vous à grands flots ; comme l'Amour vous rendra tout facile ; comme les ondes fraîches et pures du Vrai et du Beau feront de vous de nouveaux hommes.
 


APRÈS LE REPOS

 
  Voici revenu le jour où, après le repos nécessaire, vous désirez reprendre contact avec votre centre de force. Dans la mesure où vous aurez été fidèles à agir d'après les lumières reçues, où vous aurez su illuminer chaque action, chaque parole, chaque pensée et jusqu'à votre repos par la prière, vous retrouverez intact votre invisible force et l'être collectif, produit de votre travail en commun.

  Pendant cette interruption de vos réunions, votre esprit, qui agit continuellement, puisque son mode d'action est en dehors de ce que nous appelons le temps, a sans doute pénétré un peu plus dans cet abîme originel auquel le lie son essence. Sur les

routes spirituelles où vous pouvez croire qu'il reçoit la lumière directe du Verbe, il a continué sa marche incessante vers le Père. Sans que vous en ayez conscience il a enregistré à jamais le résultat de vos peines bien supportées, de vos résignations, de vos efforts sur vous-même, de vos actes de pitié et d'amour. Entre lui et vos organes matériels s'est resserré le lien merveilleux. Vous ne pouvez le connaître mais déjà vous savez de source sûre que vos corps fluidiques et physiques ne sont que-le refuge et le mode d'action de votre moi, mais non votre moi lui-même. Des communications mystérieuses vont s'établir de plus en plus entre votre esprit et votre coeur matériel reposé, lui aussi. Ce coeur, il aura reçu, résultat de la digestion spirituelle, la quintessence de toutes les lumières obtenues l'année dernière.

  Et ainsi vous allez je l'espère sentir, dès vos premières réunions, une plus grande facilité d'appel du plan divin, un plus grand amour pour Jésus, l'Etre ineffable, le doux Maître, l'Ami surnaturel, la Lumière Définitive, qui vous a déjà comblés de ses dons et ne demande qu'à se donner encore plus complètement.

 Comme l'année dernière, j'espère avoir la force de vous envoyer chaque quinzaine quelques mots d'encouragement.

Je prendrai dans notre Evangile, mais cette fois en suivant un plan, non plus au hasard de mon intuition, les paroles qui me permettront de vous parler sous forme de direction spirituelle, de vous donner des conseils basés sur ce que notre Maître accomplit sur la terre et applicables à la vie de chaque jour. Si le Ciel me permet cet effort, si Jésus veut bien bénir mon travail, l'ensemble de ces lettres formera un vrai petit guide pour chacun de vous. Je vous recommande de vous tenir en dehors de tout autre mouvement. Ne vous engagez dans aucune société, restez libres.

  Pour le moment, je dois vous garder.

  Mes amis, avec la permission de notre Maître, je serai avec vous lors de votre première réunion.
 

LE PARDON


  Ainsi que je vous le disais l'autre jour, je suivrai cette fois un plan pour mes lettres collectives, de façon qu'en les réunissant au bout de l'année, chacun de vous possède une sorte de petit guide spirituel qu'il puisse relire souvent et consulter dans les principaux événements de sa route et de son apostolat.

  Je voudrais commencer par rechercher dans l'Évangile toutes les clés du pardon. - N'est-ce pas en effet le vrai début dans la voie ? L'effort premier et indispensable ? Sa réalisation n'est-elle pas la clé même de la prière ? - Nous savons que Jésus est tout amour et pour pardonner il -faut aimer son prochain comme soi-même.

  Nous devons, mes amis, être libres un jour, et le Ciel nous met sans cesse à même de travailler dans ce but. - Il exige notre effort personnel, mais nous aide puissamment. Nous avons tous derrière nous un passé dont il serait effrayant de tourner les pages et qu'une loi sage cache à nos yeux de chair.

  Nous nous tenons tous étroitement. L'humanité forme un bloc, nul homme n'est seul et il est impossible que la moindre de nos actions n'influe pas en bien ou en mal un ou plusieurs de nos frères.

  Nous agissons constamment les uns sur les autres et ce sont ces réactions constantes qui forment une partie de notre avenir et ont déterminé notre passé séculaire.

  Nous avons donc contracté les uns envers les autres des dettes nombreuses que nous devons mutuellement payer.

  A mesure que notre esprit a vécu et souffert, à mesure que s'est levé le voile qui lui cachait tout le sang et toutes les larmes dont il est responsable, le remords est venu, puis le repentir. Il a regretté profondément le mal causé par lui, il a commencé de le réparer, il a payé une grande partie de ses dettes et un jour est venu où il n'en a plus contracté de nouvelles. Mais il faut aussi qu'il pardonne et que tombent toutes les chaînes. Puis enfin, le Ciel liquidera le passé et l'esprit sera libre. Il ne devra plus rien ni aux hommes, ni à la nature, ni au Père. Il sera alors dans l'impossibilité de faire le mal et apte à faire le bien.

  Telle est la genèse de la Bonté et de la Liberté.

  Que de degrés parcourus, mes amis, depuis la simple pitié ressentie vaguement, jusqu'au pardon complet des offenses ! - Que de siècles évanouis depuis l'époque lointaine où notre âme recevait comme instrument le corps incomplet de l'homme à demi-sauvage, pour lequel seule la force existait dont la férocité dépassait celle du Tigre ! - Quel beau jour celui où, amolli peut-être par la beauté des eaux et des bois au soleil couchant, la mystérieuse voix du coeur parla pour la première fois en lui ! -où l'amour commençant perdit de sa brutalité ; où sous l'influence du sourire de sa compagne, l'homme fit, pour la première fois grâce de la vie à son ennemi terrassé !- Et le jour, encore où il put s'oublier un moment pour sa famille, où dans le temple de la nature, sous les étoiles, son coeur ressentit pour la première fois l'appel si faible encore du Père, où ses lèvres balbutièrent une sorte de prière !

  Dans le temps et l'espace, telle a été notre évolution à tous, tel fut le chemin suivi par l'humanité entière.

 
***

  Il faut naturellement dans la vie de chaque jour et comme corollaire des divines paroles dans nos rapports mutuels, prendre garde de n'offenser personne mais cela nous arrivera, malgré tous nos soins. Nous devons alors nous excuser soit de suite, soit le plus tôt possible dût notre amour-propre en souffrir. S'il nous arrive de mal parler d'un absent, désirons ardemment effacer cette faute. La meilleure façon de réparer c'est d'aller franchement vers cette personne, de la mettre au courant et de la prier de nous pardonner. Si elle y consent, nous aurons à peu près annulé le mal causé. A peu près ! comment, en effet, empêcher» les êtres devant lesquels nous avons parlé, d'exagérer notre accusation ? Voyez avec quel repentir profond, quelles larmes amères, nous devons prier sans cesse pour avoir la force de toujours défendre ceux qu'on attaque devant nous.

  Mais nous serons aussi offensés. Alors, ou notre adversaire fera partie des étrangers à notre foi, ou il sera un mystique.

Dans le premier cas, il n'y a qu'à lui pardonner sincèrement, le servir à l'occasion et prier pour lui. Notez ici, mes amis, une règle de conduite générale : Il nous est permis de nous défendre, de parer pour ainsi dire les coups, physiquement ou moralement, mais jamais de frapper. N'attaquez donc personne, eussiez-vous mille fois raison.

  Dans le deuxième cas, si l'offense provient d'un disciple, croyant comme vous en Jésus, il faut suivre strictement les règles évangéliques, aller d'abord simplement à lui, lui reprocher doucement ses torts, lui demander la raison de son action ou de ses paroles, essayer de le ramener à nous. Souvent, si nous avons su le demander vraiment au Christ nous réussirons et tout s'arrangera. Mais s'il persiste, prenez deux amis communs et sollicitez leur intervention. Si vous échouez, portez alors le différent devant vos maîtres et si tout est inutile, laissez-le et priez pour lui tout en lui pardonnant.

  Il faut donc suivre les règles que je vous avais déjà signalées. Quelle joie pour vous si votre ami convient de ses torts ! Tous deux alors, sans crainte, vous pourrez prononcer les merveilleuses paroles qui font tomber les chaînes : « Remettez-nous, mon Père, nos dettes comme nous venons de nous les remettre l'un à l'autre  ». Peut-être, sûrement même, descendra sur vous à cet instant solennel, un rayon du Ciel qui, éclairant les ténèbres de l'avenir vous fera voir toute la série des épreuves évitées.

Mes amis, j'espère que les fausses et froides lumières du mental n'existent plus en vous. Demander. sans cesse, qu'elles ne viennent plus rien détruire en votre coeur de la vie véritable et prenez au pied de la lettre ces paroles écrites polir vous : « Ne résistez pas à celui qui vous maltraite. Si l'on veut vous faire un procès pour avoir votre tunique, abandonnez encore le manteau. Si quelqu'un veut vous force  de faire mille pas avec lui, faites-en deux mille. N'évitez pas celui qui veut emprunter de vous ».

Que ces paroles s'installent en votre coeur, qu'elles éclatent subitement dans votre mémoire comme un tonnerre à la moindre hésitation bien naturelle qu'elles vous gardent et vous fassent forts pour l'heure où viendra la tentation.

***

  La loi de bonté et d'amour est la première que perçoit tout être à l'heure où cesse son sommeil séculaire. C'est elle que tous les sauveurs ont enseignée peu à peu et que le Christ, Sauveur définitif, a complètement révélée dans son Evangile.

Aussi, tant que l'indulgence, puis la pitié, enfin la bonté n'ont pas commencé de germer dans un homme, est-il bien inutile qu'il tente de pénétrer dans la voie étroite. Comment étudier l'Évangile, le comprendre, être utile à ceux qui souffrent, sans la vraie prière ? Et comment même commencer d'apprendre à prier si notre coeur recèle une pensée de haine ou seulement d'indifférence ? Comment prier si nous n'aimons pas ?

  La prière, arme indispensable pour le combat contre le prince de ce monde, est impossible-si nous ne sentons pas la bonté en nous, si nous ne pratiquons pas l'oubli des offenses.

  Mais tout cela vous le savez déjà, non seulement dans votre cerveau, mais encore dans votre coeur. Vous savez ces choses parce que vous les avez conduites jusqu'à l'acte.

  Je voudrais maintenant rechercher avec vous par les paroles même de notre Maître les moyens d'action plus parfaits encore. Je vous rappelle ces enseignements, lumières de celui que nous adorons et qui est la vérité en son Essence Impénétrable : « Souvenez vous que si votre frère a quelque chose contre vous ou vous contre lui, allez d'abord vous réconcilier, puis venez présenter votre offrande. Accordez-vous avec votre adversaire pendant que vous êtes en chemin (pendant votre vie terrestre) de peur que vous ne soyez mis en prison. Je vous dis, en vérité, que vous n'en sortirez pas sans avoir payé jusqu'au  dernier sou ».

  Remarquez, mes amis, ce mot chemin c'est non seulement la vie actuelle mais encore toutes nos formes d'activité connues de nous, ou non. Ne remettons donc jamais au lendemain pour nous réconcilier ou tenter de nous réconcilier avec un ennemi, ou pour prier ceux que nous aurions pu offenser de nous pardonner. Ce serait retarder un acte qui s'impose impérieusement, puisque le Ciel prépare souvent toutes choses pour nous faciliter le pardon.

  Telles ou telles circonstances négligées, ne reviendraient peut-être pas avant longtemps. Nous ne sortirons de prison, c'est-à-dire, nous ne serons pas débarrassés des liens qui nous attachent les uns aux autres et à la terre sans avoir tout pardonné, tout délié ici-bas.

  Nous voyons encore dans notre guide, que celui qui se met en colère contre son frère sera puni par les juges, le sanhédrin ou le feu, d'après la gravité de l'insulte. Nous devons, nous surtout qui avons reçu plus de lumières, sur qui Jésus s'est penché avec plus d'amour « faire une attention extrême à nos paroles, à nos gestes » : c'est une discipline qu'il est de toute nécessité de nous imposer, nous l'avons vu plus haut.

  L'Évangile a prévu du reste les détails et nous enseigne comment nous devons nous y prendre, si nous nous sommes heurtés les uns les autres.

  Si ton frère t'a offensé, va le trouver et le reprends sans témoin (première chose à faire). S'il t'écoute tu l'auras gagné (deuxième chose). S'il ne t'écoute pas, prends avec toi une ou deux personnes pour que tout se termine par leur entremise (troisième) ; que s'il ne daigne pas les écouter, dis-le à l'Église, regarde-le comme un païen et un publicain (c'est-à-dire écarte-le de ta vie tout en lui pardonnant). C'est à ce passage que je faisais allusion dans ma dernière lettre.

 
***

  Je terminerai aujourd'hui cette question. si importante du pardon.

  Ces lettres vous laisseront, je l'espère, quelque; notions vivantes, vous donneront en même temps quelques règles bien précises à suivre.

  L'idée qui domine est celle de liberté. Ne plus contracter de dettes, liquider les anciennes, obtenu que tombent tous les liens, voilà notre préoccupation mais il ne faut pas qu'elle soit personnelle. Nous n~ voulons, nous n'adorons qu'une chose : l'abîme sang bornes de vie toujours renouvelée qu'est en essence et en fait, ce que nous appelons la volonté du Père Plongeons tout notre être dans ces flots vivificateurs. Et nous arriverons à cette chose difficile : ne désirer d'être libres que pour consacrer aux homme nos forces ainsi reconquises. Nous oublier toujours depuis la pauvre activité actuelle dans des monde aussi inférieurs que notre terre jusqu'à l'activité radieuse que nous réserve le Père dans la Vie Eternelle.

  Pour le moment apprenons à tous, après l'avoir bien compris nous-même, que nous devons réellement non seulement pardonner, mais servir, aimer cela qui nous a offensé, prier pour lui, le remercier même de ce qu'il nous a permis de vivre un acte vraiment pur. Cela est très difficile, non impossible, car notre Christ est près de nous et sa tendresse nous permet

d'aborder des travaux extraordinaires et surnaturels Si nous ne le faisions pas, et si nous ne le faisions pas faire, nous ne serions pas .dignes d'être enfants du Père céleste « qui fait lever son soleil sur les méchants comme sur les bons et répand les pluies fécondantes sur le juste comme sur l'injuste ». Remarquez que nous sommes toujours libres de ne pas porter plainte contre une créature qui nous a volé ou frappé, de ne pas attaquer devant les tribunaux notre débiteur, de ne pas réclamer l'argent prêté, etc.

  Faites bien comprendre à tous ceux qui viennent vers vous pour demander aide, ces vérités essentielles. Comment le Ciel pourrait-il les aider, éloigner d'eux les coups de l'aveugle destin, leur remettre leurs dettes s'ils n'agissent pas conformément à la loi ?

  Les paroles de Jésus sont précises et comme toujours ne prêtent pas à la discussion : Si vous pardonnez aux hommes leurs fautes, votre Père céleste vous pardonnera aussi les vôtres, mais si vous ne pardonnez pas vous ne serez pas pardonnés. Dans votre vie mystique de chaque jour vous trouverez fréquemment à l'origine des épreuves terribles d'une famille, un procès gagné qui a plongé des êtres humains dans la peine.

  Vous verrez souvent des malades inguérissables parce que leur coeur est dur et ne veut pas pardonner. Aussi nous qui ne sommes pas des savants, mais des pauvres ignorants auxquels le Père, dans sa miséricorde, a voulu révéler bien des mystères cachés aux puissants de ce monde, ne devons-nous jamais hésiter. Dites-bien à ceux qui viennent à vous qu'ils ne pourront trouver le chemin de la paix et de la prière, si dans la journée ils ont envoyé l'huissier à un de leurs frères, réclamé de l'argent prêté, porté plainte contre un voleur.

  Dites-leur encore, mes amis, quelle joie immense vous avez vous-même ressentie le jour où pour la première fois vous avez pu pardonner sans que rien tressaille au fond de vous-même où vous avez pu prononcer les paroles toutes puissantes qui délient pour nous dans les cieux ce que nous délions sur la terre : « Père pardonne-nous nos offenses comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés ».

  Exercez-vous donc, sans vous lasser et faites exercer les autres dans les petites choses du pardon puis dans les plus difficiles.

Ainsi vous hâterez l'heure, où étant libres enfin, vous pourrez servir l'humanité souffrante avec tous vos pouvoirs reconquis.
 
 

LA PAUVRETÉ


  Après vous avoir parlé dans mes dernières lettres du «Pardon » et vous en avoir donné quelques règles précises pour votre vie mystique expérimentale quotidienne, j'ai l'intention dans les lettres suivantes de vous entretenir de la « Pauvreté » et d'essayer de vous faire saisir cette question dans son idéalisme le plus élevé, le plus central et dans sa réalisation matérielle la plus pratique, la plus complète.

  Cette année, je pense que chacun de vous dans son milieu, ou sa sphère d'influence, aura à agir plus ou moins sur des débutants, pour lesquels, vous le savez, une simple parole, une définition, peuvent être si utiles si leur heure est venue. Songez que c'est vous peut-être que votre Maître a désigné pour porter telle ou telle lumière, telle ou telle force. Vous devez donc être attentifs pour ne laisser échapper aucune occasion spirituelle.

  La vie cachée dans les paroles de Jésus, s'adresse au petit nombre d'hommes qu'Il appelle. Ceux-là veulent réellement se charger de leur croix chaque jour et Le suivre. - L'or, la gloire, les séductions matérielles sont pour eux des mots sans signification. Vous êtes de ceux-là, mes amis, ou au moins vous êtes sur le chemin qui conduit vers ces êtres-là.

  Ouvrons donc notre guide. Essayons de comprendre ce qu'il nous révélera sur la Pauvreté et ses applications immédiates à notre vie. Son essence, ce qu'elle est en elle-même, le centre de cette créature, nous resteront fermés, certes, mais quelques irradiations d'elle arriveront jusqu'à nos demeures secrètes.

  Nous trouvons d'abord deux déclarations importantes : « Nul ne peut servir Dieu et Mammon » et « Heureux les Pauvres en Esprit car ils verront Dieu»,

  Tout ici-bas dépend d'un principe. L'or n'est pas seulement le support matériel que, nous voyons, il est analogiquement le sang de la Terre. En circulant dans les artères du corps social, il en constitue la vie physique, mais il est, de plus, le reflet, le signe d'un être que l'Evangile appelle Mammon. Ce dernier qui peut prendre parfois un corps humain, distribue ses faveurs à ses fidèles le plus souvent inconscients, mais parfois conscients, qui deviennent ses esclaves car son joug à lui n'est pas léger. Il est vraiment roi dans la matière comme le Christ est roi dans l'Esprit. L'or dont il dispose représente les chaînes les plus solides qui nous lient et nous retiennent sur Terre. - Les moyens de manifestation, les dons du roi du Ciel seront donc le contraire des siens ; là où Mammon distribuera argent, gloire, réussite, Jésus éprouvera ses amis par la pauvreté, la lutte continuelle contre les difficultés de la vie.

  Il faut donc absolument choisir et aujourd'hui plus que jamais, car l'heure vient, mes amis, où ne sera plus possible d'hésiter, dites-le bien autour de vous. Les deux voies sont incompatibles, là où vous avez mis votre coeur, là aussi sera votre trésor, dit l'Évangile. - Cela signifie que l'homme est lié tant qu'il dirige ses forces vives, son énergie vers l'argent. Il ne pourra devenir capable de comprendre les appels du Christ, que lorsqu'il aura changé de direction dans les royaumes de l'Esprit et qu'il sera servi par des organes matériels qui eux-mêmes auront compris.

  La richesse constitue donc, non une barrière infranchissable, mais un obstacle sérieux à l'évolution spirituelle. L'or est corrosif, il dessèche le coeur, et plus un homme est riche, plus il aura de peine à donner même une minime partie de son, trésor. Nous verrons dans une prochaine lettre ce qu'est la Pauvreté « en Esprit ».

***

  La vraie pauvreté est un grand moyen d'action pour le Ciel.

  Voyez l'extraordinaire puissance des ordres catholiques, de quêteurs en qui rayonne encore le coeur de François d'Assise. - Tout l'Évangile est plein de louanges de la pauvreté, car elle est partout le symbole du renoncement aux faveurs de Prince de ce Monde : Jésus naît et vit dans la pauvreté volontaire. Il recommande à ses disciples de ne porter sur eux ni or, ni argent. Il vante la valeur immense de l'obole du pauvre, Il déclare que seul le Père peut donner à un homme la possibilité d'être riche et d'entrer au Ciel. - Nous verrons comment.

  Il affirme que la -perfection complète ne peut s'obtenir qu'en vendant tous ses biens et en en donnant le produit. C'est là un idéal et du reste cet enseignement a plusieurs sens.

  Jésus a voulu subir l'épreuve de l'or au sommet de la montagne et a rendue par cela même supportable pour nous.

La pauvreté admise avec résignation d'abord, avec joie ensuite, parce que l'on sent plus fort la Divine Présence dans les périodes de luttes, est donc le meilleur chemin pour nous, je dirai presque le plus facile. - On peut, bien entendu, être riche et serviteur de Jésus ; être riche et entrer au Ciel, mais c'est à une condition : avoir reçu cette mission particulière et donner largement autour de soi, ne pas laisser subsister en soi le sens de la possession, savoir qu'on est seulement un agent du Ciel sur la Terre ; c'est difficile et rare.

  Voyons maintenant plus profondément. Pénétrons jusqu'au centre de la question. - Heureux les Pauvres en Esprit, dit notre Maître. Je vous ai dit souvent que l'homme est bien plus compliqué qu'il n'apparaît généralement. Son corps matériel même renferme encore des mystères insoupçonnés ; ses organismes invisibles les plus proches du corps physique sont un peu connus, mais son Esprit, son Moi central ce qui, en lui, est comme le sanctuaire de sa personne, peu d'êtres peuvent savoir sur

Terre à quel degré il est parvenu. Le monde de l'esprit qui, est, en vérité, le royaume dont parle Jésus nous est fermé et seul un vrai Maître, ayant reçu ses pouvoirs directement du Christ, pourrait nous révéler clairement le sens de cette phrase

être pauvre en Esprit. Chacun de nous peut seulement apporter à ses frères la lumière qui lui aura été donnée. Voici donc ce que j'ai cru comprendre sur ce sujet : nous pouvons et vous l'avez expérimenté mes amis, acquérir des connaissances autrement que par le cerveau ; les limites de notre conscience sont matériellement très restreintes et notre esprit peut avoir la perception de vérités, obtenir des facultés dont nous n'avons pas à l'état de veille le bénéfice parce que notre orgueil, notre amour-propre s'y opposent. Ainsi, la pauvreté, nous pourrons seulement la comprendre au travers de l'épais brouillard que notre éducation, nos idées générales, notre milieu, ont formé entre notre être réel et notre conscience matérielle. Dès qu'avec l'aide du Ciel, un peu de la vraie vie entre en nous, l'équilibre tend à se produire, les notions acquises par notre esprit peuvent naître pour ainsi dire sur notre plan et se manifester à l'état de veille. Tout change aussitôt. Il ne sera plus alors question d'une conception de la, pauvreté résultat de notre éducation, de notre intelligence ou de notre imagination, mais dès que notre Esprit, dans les royaumes qu'il parcourt, aura reçu une lumière suffisante pour se soustraire à la domination de Mammon, dès qu'il aura contemplé dans son centre essentiel, la créature divine que nous nommons Pauvreté, il reflétera tout ou partie de ce qu'il aura compris, dans notre coeur et jusqu'à notre cerveau.

  Pensez bien à cette merveilleuse leçon reçue par votre coeur.

***

  Vous pouvez maintenant vous rendre compte autant qu'il est possible actuellement de ce que signifie « être pauvre en Esprit ». C'est donc dans le sens le plus élevé, l'état d'une créature dont le centre a pu connaître le coeur même de la pauvreté dans son état essentiel ; dont les cellules physiques ont subi des changements assez grands pour pouvoir supporter consciemment tout le poids de cette connaissance et toutes ses conséquences.

  Etre pauvre en Esprit, ce n'est pas être privé de fortune mais savoir profondément qu'on n'a rien à soi. - C'est renoncer à la conséquence des actes, se considérer comme un serviteur inutile puisqu'on n'a rien de ce qu'on donne. - La perfection de cet état constitue donc une maîtrise et on conçoit combien sont rares sur Terre les êtres dont l'esprit et le corps auront atteint une telle hauteur. Ils sont parmi nous des envoyés du Père, les réels amis de Dieu, les seuls qui puissent nous apprendre vraiment la prière et la résignation dans la pauvreté qui, grâce à eux, ne sera jamais la misère.

  Selon mon habitude, je vous ai présenté d'abord le maximum, l'idéal complet du sujet que je traite.

Voyons maintenant ce que nous, pauvres débutants, nous, pouvons faire.

  Lorsque la fleur de la bonne volonté est née dans notre être intérieur, le Ciel nous soumet peu à peu à des épreuves, légères d'abord, puis de plus en plus fortes, jusqu'à ce que nous arrivions à comprendre la raison de la pauvreté assez profondément pour être heureux dans les privations mêmes. - Combien nous sommes loin de cette heure où le Ciel nous dira comme au jeune homme riche de l'Évangile : Va, vends ton bien, donnes-en le produit aux pauvres, et suis moi ». Tout notre effort doit se borner, et c'est déjà beaucoup, à accepter avec résignation, les ennuis d'argent, les difficultés matérielles sans cesse renouvelées, les luttes quotidiennes, la vie humble et cachée aux durs travaux. - Telle est, mes amis, de haut en bas, l'échelle de la pauvreté vraie.

  Elle est rare, même dans son imperfection et cependant il y a beaucoup de pauvres sur Terre, et vous comprenez mieux maintenant pourquoi notre Maître a dit qu'il y en aurait toujours parmi nous.

  C'est qu'à côté de la Divine Pauvreté, il y a la fausse, l'infernale ; il y a une masse énorme d'êtres plongés dans une misère terrible, bien avant qu'ils soient en état de comprendre. Pour ceux-là c'est une réaction de leurs crimes d'antan. Cette misère constitue l'épouvantable creuset d'où s'échappent sans cesse depuis des siècles les cris, les hurlements, les blasphèmes, les désespoirs, mais d'où sortent épurées, les âmes prêtes à comprendre un peu les joies de la pauvreté christique.

  Et vous reconnaîtrez ces âmes à la confiance. Aussi, me semble-t-il nécessaire pour que vous aimiez et désiriez de plus en plus cette douce et forte vertu, de vous rappeler, les merveilleuses pages évangéliques sur l'inquiétude. Ce sera le sujet de ma prochaine lettre.

***

  L'inquiétude est aine sorte de maladie, de faiblesse que je vous ai déjà signalée l'année dernière. Je voudrais aujourd'hui vous en parler d'une manière plus centrale et plus en rapport avec la pauvreté.

  En réalité, l'inquiétude est artificielle, n'a pas de raison d'être, n'existe pas ; c'est une créature de notre cerveau qui devrait au moins n'être qu'éphémère. Elle disparaît avec les progrès de l'amour en nous. Elle s'éloigne pour jamais, dès que notre coeur s'éveille à la vraie vie. C'est un monstre invisible qui dévore ou concentre sans but toutes nos forces vives, nous rend l'effort impossible et peut même produire des créatures artificielles comme elle, mais dont l'action sur notre vie n'est pas sans avoir une certaine importance. Elle s'est répandue partout dans la Nature avec l'oubli du ciel. Au moment où la marée descend, le coquillage se désespère et croit chaque fois que l'eau vivifiante ne reviendra plus et périodiquement cependant, elle retourne à lui. Et nous qui devrions pourtant savoir, nous faisons ainsi ; cent fois sauvés par un miracle évident, cent fois nous retombons dans le doute et la crainte, car c'est là l'essence de la vie mentale. Et cependant revoyons notre existence passée, nous nous apercevrons que très souvent le malheur redouté n'est pas venu. Le corps n'est-il pas plus que le vêtement, dit notre Christ, et la vie plus que la nourriture ?

  Il nous faut relire souvent et surtout vivre, aimer ces merveilleuses paroles dont chacune est dans son centre un ange vivant avec lequel notre coeur peut communiquer. Demandons avec persévérance que notre esprit s'assimile cette lumière, que notre pauvre coeur aussi puisse la recevoir et la garder. Un jour la parole « se fera chair en nous ». Chacun des mots sublimes sera un rappel de la splendeur entrevue ; une inexprimable douceur due à une communion surnaturelle amollira notre coeur et l'épreuve de la pauvreté nous paraîtra peu de chose ; surtout, nous ne craindrons plus.

  « Ne vous inquiétez pas, votre Père sait ce dont «vous avez besoin ; cherchez d'abord le royaume  et sa justice et tout le reste vous sera donné par surcroît. Le lendemain aura soin de ce qui le regarde. A chaque jour suffit sa peine. Voyez les oiseaux et les lys des champs, votre Père les  nourrit et les revêt de belles parures, etc. »

  Telles sont les paroles vivantes qui nous aideront puissamment à parvenir à la confiance absolue dans ce que nous nommons le « Ciel » .

  Il y faudra plus d'un jour, car la confiance comme la prière doit s'appuyer sur certains organismes dont seul le germe existe en nous et qui pour croître exigent un effort personnel journalier. Le Ciel ne demande qu'à vivifier cette petite graine dès que nous aurons fait l'indispensable travail. Nous arriverons à savoir, d'une sorte absolument précise et sûre, la vérité absolue des enseignements du Sauveur.

  La tâche est ardue, je le sais ; mais rassurons-nous, Jésus n'a pas laissé pour rien s'échapper de son coeur les plaintes du Jardin de Gethsémani. Comme le cri vers le Père sur le Calvaire, elles avaient un but, celui d'effacer dans le passé formidable et dans le plus lointain avenir les doutes et les désespoirs de l'humanité II a préparé le chemin que tous nous suivrons tour à tour et qui conduit au royaume de la confiance enfantine, active, rayonnante, guérissante, illuminatrice du coeur, de l'âme, de l'esprit.

  Faisons donc, mes amis, simplement comme notre Maître nous le demande, l'effort quotidien nécessaire. Soyons de tous petits enfants du Père et Jésus demandera qu'on nous laisse aller à Lui.

 
 

LA PRIÈRE


  Je voudrais maintenant consacrer quelques lettres à la prière. J'y arrive après avoir étudié le pardon, car le pardon est l'acheminement à la vraie Prière. Je désire prendre dans l'Évangile, les principaux passages sur la Prière et vous dire ce que le Ciel me permettra d'y voir. C'est mon procédé ancien. Vous ne trouverez donc rien de savant ni de littéraire dans les pages suivantes, seulement, j'espère, un guide pratique et journalier.

  Le premier texte est, vous le savez bien, l'oraison par excellence, les paroles mêmes qui renferment l'enseignement de Jésus : paroles vivantes, dont chacune est une créature spirituelle, que nous comprendrons bien le jour où nous aurons pu mettre en action, les préceptes qu'elle renferme.

  La prière débute par deux affirmations : Notre Père. - Une puissance existe ou plutôt est, évidemment incompréhensible dans son essence, mais dont les manifestations se traduisent pour nous en mode paternel et le mot Notre indique que cette puissance est pour tous. Jésus seul, dit : Mon Père, parce que « Seul, Il est Un avec Elle ».

  Je voudrais, mes amis, que vous vous arrêtiez un instant ici et que vous regardiez en votre coeur, naître et grandir cette idée vivante : la vie, extérieure à moi, source de ma vie intérieure, représente dans son action sur moi, le maximum de tout ce qui est renfermé en cette parole : « Père » : Bonté, intelligence, direction, science, amour, forces ; un homme ne les manifeste vis-à-vis de son enfant, que parce que le Père céleste a tout cela en Lui, d'abord, absolument. - Et cette vie absolue, éternelle est notre, à Nous ; à nous pour le temps, pour l'espace, pour l'éternité .

... Qui est au Ciel. - Le Père inconnaissable est lui-même la Vie. - Le Ciel est en Lui. - Le Ciel, c'est les incompréhensibles mouvements qui se font en Lui. - Le Ciel, c'est la totalité de la vie non manifestée, et c'est encore, dans l'Espace et le Temps, tous les points de l'Espace, toutes les formes du Temps, dans lesquels existe un peu de la totalité de cette vie du Père extériorisée. - Notre Evangile présente à votre étude, toutes les paroles et paraboles de Jésus sur le Royaume du Ciel. - Pesez bien, aimez bien tous les mots dont notre Sauveur s'est servi. - Que leur force surnaturelle agisse sur vos coeurs et en vérité, chacun de vous verra se développer en lui, une connaissance intuitive, suffisante à ce sujet ..

... Que votre Nom. - Tout ce qui existe a été fait par la parole et la parole était en principe avec et en Dieu. - Le nom est ce par quoi le Père s'est manifesté visiblement sur notre Terre, comme il se manifeste sur chaque monde, dès qu'il est prêt.

  « Ce Verbe, ce Nom s'est fait chair, et il a habité parmi nous ». Notre appel au Père est donc, que la Terre et les hommes reconnaissent, adorent et sanctifient chaque jour davantage, Celui qui est la manifestation tangible et visible de l'absolu incommunicable. - Or, celui-là a porté sur la Terre, un nom que nous connaissons. Celui-là nous l'aimons et il nous aime, Celui-là a glorifié le Nom du Père. Celui-là nous aidera à prononcer son nom, par l'acte, par l'amour, a le sanctifier par l'imitation, même imparfaite de ses actions. - Nous demandons donc, en réalité au Père, de le connaître, de l'aimer, de le servir en, pour et par Jésus.

  Et après avoir, ainsi, reconnu et adoré le Fils, manifestation du Père, nous allons reconnaître cette troisième forme de l'absolu, l' Esprit-Saint !...

  «L'Esprit, le Règne, le Royaume ». Le Père se manifeste par une forme de Lui-même compréhensible et le Royaume du Ciel, dont nous demandons la venue sur terre, c'est l'Esprit, forme très subtile et totalement incompréhensible du Père. C'est pourquoi nul ne peut se douter de ce qu'est le Ciel, le Royaume, tant qu'il n'a pas été amené en son corps matériel, dans un point de l'Espace où à cause de la présence d'un homme libre, le royaume s'est manifesté.

  Dans ma prochaine lettre nous verrons toutes les conséquences à notre portée et quelques-unes des lois sociales qui peuvent dériver de cette constatation.

  La Prière est donc l'appel de la Vie en nous à la Vie non manifestée. Cette Vie essentielle se comporte vis-à-vis denous comme un Père. Le Ciel est fait de la Vie même du Dieu ; son Nom, la Terre en a la gloire et en disant : Que ton nom soit sanctifié, notre prière demande au Père la grâce de le connaître, l'aimer, le servir par Jésus, en accomplissant sa parole.

  Nous avons à voir maintenant, les mystères cachés dans les mots : Que ton royaume arrive (se réalise) sur la Terre.

  Une création, qu'elle soit une planète, ou un homme, ne dure que parce qu'elle est soutenue par le Père et par l'amour constant du Verbe, le constructeur, Celui qui crée, soutient et vivifie. - Elle a pour première loi, la Liberté. Si elle s'éloigne de la source très pure de son existence, elle perd ses forces et va vers le contraire de la vie et de la lumière, vers la mort et les ténèbres. Si elle reste fermement attachée à ses principes, elle se fortifie, au contraire, d'autant plus complètement qu'elle en suit, à fond, les lois. Le règne du Père continue sur cette heureuse planète, ou dans ce coeur heureux, le règne du Père, qui est l'harmonie, le lumière totales.

  Pour notre pauvre Terre, et pour nous ses habitants, tout prouve, hélas, que elle et nous, nous sommes éloignés grandement, à force d'en méconnaître les lois, de cette forme incompréhensible qu'est le royaume du Ciel. - Que notre prière-acte, que notre cri émouvant, montent donc vers le Père, par l'Esprit et par le Fils. - Sans nous lasser, demandons que le royaume puisse venir, arriver sur notre monde, et que ses rayons s'établissent aussi à demeure en nos âmes, en nous tout entiers, du haut en bas.

  Mes amis, toute la Prière, toutes ses lois sont contenues dans les paroles très saintes et très pures que nous examinons en adorant. J'espère vous le faire voir clairement.

  Mais si Jésus, nous indique ce que nous devons tous les jours demander, I1 nous donne aussi le chemin que nous devrons et que la Terre devra suivre pour que notre prière soit accordée. Le salut du monde et des hommes est tout entier dans la réalisation de cet appel : Père, nous désirons tant que votre royaume s'établisse ici, et en nous.

  Nous n'avons jamais étudié ensemble les questions sociales et elles ne sont pas de notre compétence, mais ne sentez-vous pas qu'une Terre où s'est établi le royaume du Ciel, ne peut connaître que la paix totale, l'harmonie, le bonheur complet ? Ainsi se trouve indiquée la solution définitive des conflits sociaux, quand les hommes le voudront. - Mais pour la comprendre il faudrait d'abord qu'ils fussent humbles de coeur et bons...

  Recherchons donc seulement, après avoir toutefois indiqué cette grande loi à retenir, les moyens par lesquels une créature peut suivre le chemin qui la conduira un jour au royaume.

  Nous les trouverons dans la demande suivante :

  Père que ta volonté soit accomplie, réalisée sur la Terre et nos coeurs, de même et aussi complètement qu'elle l'est dans ce que nous appelons le Ciel.

  Le Ciel, c'est la Vie incompréhensible du Père, c'est la cause et le résultat de ce qui se passe au sein même de l'absolu. Le Ciel, c'est la vie éternelle considérée en elle-même. Lorsque cette vie sort de l'absolu, lorsqu'elle se répand dans le temps et l'espace dans une création quelconque, elle prend le nom de Volonté (pour notre plan).

  La volonté du Père, c'est donc, mes amis, le Ciel tout entier extériorisé. - C'est pour nos âmes, pour notre monde, pour tout être créé un océan sans borne de vie. - Plus notre Esprit, plus un Esprit s'y plonge, plus complètement, il s'anéantit en cet abîme, plus grande est la qualité de vie qu'il reçoit. Faire la volonté de Dieu, c'est donc pour tous, vivre, se nourrir et telle est la vraie raison des paroles de Jésus : « Je ne vis pas de pain ; mon pain, c'est de faire la volonté de mon Père».

  Et pour recevoir la plénitude de cette nourriture, que faut-il, sinon ne pas mélanger notre volonté impure avec la très pure volonté de Dieu ? Par ces paroles : Que ta volonté soit faite et non la mienne, Par cette renonciation seulement une créature pourra mériter qu'un jour s'établisse en elle le règne tant désiré du Père.

  Comprenez-vous plus profondément maintenant, la grandeur de la doctrine de l'abandon à la volonté de Dieu ? Et ne reconnaissez-vous pas aussi la cause de la joie si pure que nous ressentons lors qu'enfin notre volonté propre a disparu lorsque nous ne voulons plus que la volonté très sainte du Ciel ?

  Dans notre prochaine causerie nous aborderons l'étude de la prière plus humaine, nous quitterons les hauteurs de l'absolu que nous avons pu contempler un instant et nous descendrons sur Terre dans notre vie plus immédiatement compréhensible.

  Dans ma dernière lettre, nous avons contemplé ensemble l'abîme sans borne, l'océan de feu, sans limites où notre Esprit d'abord, puis notre corps, doivent se plonger, s'anéantir pour vivre. Et nous ayons appris que cet océan a pour nom Volonté du Père ; que seuls ses flots régénérateurs peuvent nous donner la vraie vie, et que « faire la volonté du Père en renonçant à la nôtre » c'est en vérité passer du néant à l'être, c'est se nourrir du pain de la vie éternelle, s'abreuver de l'eau sainte qui calme à jamais toute soif. Mais, maintenant, c'est de notre pauvre coeur humain qu'il s'agit et Jésus, Lui-même va nous apprendre ce que nous devons demander au Père en son nom.

  « Donnez-nous aujourd'hui notre pain ». Retenons d'abord que ces mots « que ta volonté soit faite » vont dominer toutes nos prières futures comme ils dominent la prière-type. Nous devons quels que soient nos angoisses, nos désirs, nos inquiétudes, avoir la force de toujours sous-entendre cela. Et c'est cette soumission même qui amènera Jésus à descendre, Lui le Consolateur, près de nous et à porter quelque temps notre croix le long du chemin.

  Nous demandons donc au Père : Notre pain de chaque jour : pain matériel pour notre corps, fluidique pour nos fluides, spirituel pour notre esprit. Mais ce pain quel qu'il soit, n'est-il pas la vie même du Père et nous avons vu que cette vie est identique à ce que nous nommons « sa volonté ». Comprenez-vous bien maintenant pour quelles raisons, le Ciel nous invite à identifier notre demande à la volonté de Dieu ? Ceci, mes amis, est la raison pour laquelle la prière débute par les mots « que ta volonté soit faite » et c'est ta plus grande leçon à retenir.

  Voyons maintenant plus loin.

  Dans notre état ordinaire de veille, nous avons divers besoins : nourriture pour notre corps, amour pour notre coeur, idée pour notre cerveau ou notre imagination, obstacles pour notre énergie, tout cela c'est notre pain, et tout cela le Père nous le donne sans parcimonie et sans cesse. Puis notre conscience s'éveille à d'autres activités, d'autres modes d'existence et nous apprenons combien nous sommes compliqués, quels organismes la nature met à notre disposition, et là encore, c'est notre pain, notre part de la vie éternelle du Père, que nous recevons. Par analogie, nous pouvons même deviner que le centre de notre être, le sanctuaire inaccessible où se cache l'étincelle céleste en qui réside notre moi spirituel, ne peut, lui non plus, vivre qu'en recevant du Ciel son pain quotidien, et ce pain sur terre s'appelle « la Douleur » .

  Demandons donc que notre corps physique, notre coeur de chair, aient la force de supporter le contrecoup. Et réjouissons-nous de l'épreuve, car ainsi nous savons que notre âme se nourrit au même moment et reçoit les forces nécessaires qu'elle saura ensuite faire parvenir jusqu'à nous. C'est là une des raisons profondes pour lesquelles après une période de souffrances, nous nous sentons en général, plus forts, plus confiants, plus calmes. Et c'est encore un motif de plus pour demander notre pain spirituel avec soumission complète.

  Et pour recevoir toutes ces grâces, toutes ces formes de la vie, que faut-il ? Pardonner, briser les  liens qui nous rattachent à toute la création.
  «Remettez-nous nos dettes comme nous aussi nous remettons à ceux qui nous doivent ». Retenons seulement cette affirmation qui doit être pour nous bien douce. C'est que le pouvoir nous a été remis de nous délier dans le Ciel si nous délions ce que nous avons lié sur la terre. Comme je vous ai adressé une lettre spéciale sur le pardon, je ne développerai pas cette phrase de notre prière et je passerai de suite l'examen de la demande suivante.

  Nous avons aujourd'hui à voir ce que nous pourrons comprendre de la demande : Ne nous laissez pas succomber aux tentations.

  Nous, c'est-à-dire notre corps, notre vitalité, notre intelligence, notre coeur, tout ce qui a été fourni par la terre à notre âme immortelle ; nous devons étant dans le monde, être éprouvés. Il faut que nos guides se rendent compte à tout moment, du degré de résistance, des instruments d'action, par lesquels notre Esprit connaît, apprécie tout ce qui dépend de la terre, du plan matériel. Je vous l'ai dit souvent, rien n'est complet que ce qui est compris par notre esprit dans son royaume, dynamisé par notre âme, principe animateur, et réalisé par notre corps. C'est pourquoi nous jugerons même les Anges lorsque nous aurons reconquis notre liberté et nos pouvoirs primitifs. Car l'Ange est tout spirituel, ses actes peuvent être immensément plus purs, plus durables que les nôtres, mais ils sont moins complets ne touchant pas trois plans à la fois.

  Le mot tentation signifie donc toujours une épreuve dans le sens vrai du mot. Ces épreuves sont tellement indispensables que Jésus a voulu les subir toutes pendant sa vie matérielle sur la terre pour nous les rendre supportables. Toute notre prière revient donc à dire comme notre Maître au Jardin des Oliviers : « Père, que ta volonté soit accomplie ; « Sois avec nous quand sera présentée la coupe d'amertume. Sois avec nous pendant que tes messagers « de douleur éprouveront notre intelligence par le « doute, notre intuition par l'erreur, notre vie « physique par la crainte du lendemain, notre coeur « par l'amour trahi, par toutes les larmes et toutes les angoisses, Sois avec tes enfants à l'heure où l'adversaire leur présentera les fausses délices du «fruit défendu, la volonté propre ; ne les abandonne «pas surtout au moment terrible où plein de charme « et doué d'une beauté radieuse, revêtu de tous les  « pouvoirs disant : Aimez-vous les uns les autres « viendra l'être de perdition ». Oh ! contre celui-là  surtout, fais-nous forts, Jésus, car nous sommes « faibles et tu es toute notre force, tout notre espoir ».

Ainsi comprise, mes amis, la tentation perdra toute son horreur et ne comprenez-vous pas déjà, en vous, bien profondément, que l'on puisse arriver à aimer cette épreuve, où se trempent notre armure et nos armes spirituelles, qui est la nourriture indispensable à notre esprit immortel ? Priez donc ainsi.

  Mais voici notre pauvre coeur tout heureux de savoir cela. Que va-t-il demander encore ? Oh ! cette fois ce sera le cri d'appel qui monte des abîmes de la douleur, le cri de notre âme. Elle a enfin compris les causes ; elle voit ; elle sait que tout vient de ses faiblesses, de ses fautes, de ses crimes, et elle s'écrie :

  «Père, délivrez-nous du mal que nous avons nous même déterminé par nos actes. Aucune souffrance  ne peut venir de Vous, vos enfants ont été si  profondément dans le mal que ses conséquences  terribles pèseraient sur eux éternellement. Diminuez par votre bonté inexprimable ce poids terrible, délivrez-nous du péché car vous êtes le Père. Et tout cela nous vous le demandons parce que nous  savons qu'en Vous, sont en dehors du temps et  de l'espace, ce que Vous avez nommé pour nous la gloire, la puissance absolue et le royaume de  la Vie ».

  Mes amis, c'est là ce qu'il y a de plus apparent dans l'admirable prière. D'autres sens nous seront révélés plus tard. Dans ma prochaine lettre nous étudierons quelques passages de l'Évangile qui nous donneront d'autres indications sur la Prière.

Les lettres précédentes vous ont donné sur la prière les plus précis et précieux enseignements. C'est la base de tout ce que vous avez intérêt à connaître - et tout le reste ne peut plus être qu'un développement utile, certes, mais non plus primordial : la vie éternelle absolue existe et, entre elle et nous, il v a des liens et des rapports identiques à ceux que nous pouvons voir sur la terre entre un père et ses enfants. L'appel à la vie est une loi. Pour qu'il soit efficace, cet appel, il faut deux choses s'unir à cette vie du Père extériorisée qui est sa volonté, et pardonner c'est-à-dire préparer en nous un milieu réceptif pour la descente de la grâce. Avec ces dispositions intérieures, la vraie prière, l'union parfaite de notre vie à la vie absolue, devient possible, réalisable, c'est une question d'exercice. Voyons ce que nous enseigne encore l'Évangile sur la prière. Quand vous prierez, enseigne Jésus, croyez que ce que vous demandez va se réaliser. - Croire, n'est possible que lorsque certaines facultés qui

n'existent pas dans l'homme intellectuel, sont nées et se sont développées en l'homme vrai, celui qui est vivant. Croire, c'est être si profondément uni à la volonté de Dieu, que nous deviennent perceptibles, les décisions du Père. - Nous savons alors de source sûre que ce que nous demandons est voulu par Lui - et nous nous trouvons dans cet état décrit par notre Maître : croyez, c'est-à-dire sachez, soyez sûrs que votre demande va être accordée. Cet état concorde généralement avec le pouvoir de demander au nom du Christ. - Voilà un idéal lointain, mes amis, mais, si vous avez l'énergie et la soumission nécessaire vous l'atteindrez un jour. C'est certain, plus tard, bien plus tard, mais sûrement. En attendant, retenez comme exercice pratique d'augmenter en vous la confiance et l'amour en Jésus, tellement que vous croirez tout possible et réalisable et peu à peu vous vous rapprocherez de l'idéal indiqué.

  La prière doit être humble et persévérante. Rappelez-vous l'histoire de cette femme qui insiste pour obtenir quelque chose, et se compare â un petit chien à qui on laisse manger les miettes de la table du Maître. Et aussi la femme malade d'une perte de sang qui suit Jésus à travers les foules, repoussée de tous et qui finit par atteindre son but. Ainsi nous devons fout ensemble, savoir que nous sommes indignes, même des miettes de la table de Jésus, et être sûrs que plus nous serons petits et plus Jésus se penchera avec amour sur nos pauvres coeurs blessés et nous accordera mille faveurs pour nous encourager. Notre prière doit aussi, être sans crainte car les paroles définitives et vivantes ont été prononcées et ce sont celles que nous avons le droit de redire : Père, tu peux toutes choses, éloigne donc de moi cette coupe, mais cependant que ta volonté soit faite et non la mienne. Voilà la prière type en ce qu'elle ménage un peu, rassure notre faiblesse et est cependant conforme à ce que veut le Père.

  Et puis, si nous suivons la parole de Jésus, nous aurons un jour le droit de prier en son nom et notre prière sera alors toute puissante. Car c'est notre Maître qui la réalisera lui-même sur la terre. Dans cette attente, soyons fidèles, confiants et persévérants ; prions au lever, au travail, à table, près du malade et des bien portants. Prions toujours, car prière veut dire union et notre prière nous obtiendra un jour cette merveille : la présence continuelle et sensible de Jésus près de nous.

 

  « SERMON SUR LA MONTAGNE »
 
 

LES BÉATITUDES

 
  Je ne crois pas pouvoir mieux terminer mes lettres de cette année, qu'en résumant pour vous et en vous commentant l'admirable discours sur la Montagne > qui contient, en règles précises toute la morale de notre Maître Divin.

Vous aurez ainsi un véritable petit guide pratique, je parle pour ceux d'entre vous qui sont parvenus à l'heure du Ciel, à cette heure solennelle, où leur moi central a reçu là-haut dans les pays surnaturels un rayons de la définitive lumière, et où leur coeur terrestre, leur imagination, leur volonté, toutes les puissances de leur corps, purifiées par l'acte, ont suffisamment évolué pour en ressentir les effets physiques.

  Seul, Jésus, peut leur en octroyer la force. Seul, Il peut donner tant de joies à leur pauvre coeur humain, que ce dernier se détache pour jamais des centres d'attraction du prince de ce monde. - C'est donc à Lui seul qu'il faut s'adresser, et pour que son amour, qui du fond des siècles sans nombre guettait votre âme, sourde pendant si longtemps, la baigne en entier, la renouvelle, l'oriente vers l'éternel et le permanent, il faut, mes amis, connaître la loi et l'accomplir de tout coeur, avec toutes vos forces, toute votre raison même, lorsqu'elle sera éclairée.

  Or, notre Ami éternel, Celui que j'appelle ainsi parce qu'il est l'amour même, a pris soin de vous présenter, toute sa morale en quelques pages. Nous allons les parcourir ensemble.

  Nous voyons tout d'abord que le Christ choisit ses auditeurs, qu'il est dans la montagne entouré de ses amis les plus chers et que la foule s'assemble, plus loin. - C'est donc pour eux qu'il parle, pour la :Masse. Il se servira de paraboles, mais pour ses amis, c'est sa pensée intime qu'il révèle. Ceux-ci n'en comprendront du reste la totalité qu'après avoir repris contact avec leur esprit le jour de la Pentecôte. Les douze, en effet méritèrent plusieurs fois le nom « d'esprits obtus » que leur donne le Maître, et cependant c'étaient des êtres bien au-dessus de l'humanité actuelle. Leur splendeur est indicible et ils avaient été choisis parmi les créatures dont le travail était complètement terminé, qui étaient réintégrés dans tous les pouvoirs de l'homme. Unis consciemment au Père ils savaient tout et la nature entière leur était soumise, mais les voiles de la matière étaient tombés sur eux, et, voici, dans leur conscience matérielle, ils avaient oublié gui ils étaient ; ils ignoraient tout d'eux-mêmes. Quelle leçon pour notre orgueil, et comme cela nous fait comprendre notre impuissance à saisir l'essence des lois de la Vie !

  Combien aussi notre prudence devra être en éveil, quand nous aurons à faire part à d'autres de ce que nous avons pu saisir de la vérité.

Toute vérité est à dire, aucune lumière ne doit être mise sous le boisseau certes ; mais cette vérité doit être dite à l'heure juste, cette lumière doit briller au moment favorable et cela, seule la prière et l'aide constante de notre ami, peuvent nous l'apprendre. Je veux vous rappeler ici une chose que je vous avais révélée autrefois.

Si vraiment vous êtes un jour choisis, l'un ou l'autre ; si vraiment vous reconnaissez votre faiblesse absolue, si vous vous attachez au vrai cep avec l'énergie de l'amour, votre Maître permettra que des signes physiques (entre autre une douce et forte pression sur le coeur) vous arrêtent au moment où vous allez dire ce qui ne doit pas être dit. C'est là une faveur très précieuse et dont vous devez vous rendre dignes.

  Une vérité est toujours une lumière et la lumière guérit. Elle descend dans notre coeur, en parcourt tous les replis, en illumine les cellules et leur esprit, à un moment, gagne une telle force qu'il arrive à en imprégner même les cellules rétives de notre cerveau. - Partout où il passe, ce courant de vérité purifie, assainit et vivifie.

  Il faut donc toujours dire la vérité, mais la vérité n'est pas à dire toujours. - Voilà, une règle précise sous une forme facile à retenir. Il y avait aux discours de Jésus en paraboles, une raison encore plus ,profonde, c'est que ses paroles de vie ne pouvaient trouver leur asile vrai que dans le coeur de ses auditeurs. - Or, si les nerfs, l'imagination, la mémoire, le cerveau sont seuls vivants dans un être, la vérité ne peut les atteindre ni les faire vibrer. - Elle est incomprise, donc rejetée. Cela peut créer un danger momentané que Jésus a voulu éviter et nous devons agir ainsi pour les mêmes causes.

  Ceci dit, résumons les enseignements que nous pouvons tirer de la morale du Christ.

  Le Maître affirme qu'il est, pour la créature humaine huit sources de joies véritables, durables, sur la terre même, joies qui ont pour cause un travail de son esprit, et pour aboutissement définitif, la joie aussi, le bonheur complet : voir Dieu, ce qui signifie, pénétrer dans le sein même de la vie éternelle, en gardant sa conscience: habiter le royaume.

Ces huit joies absolues sont gagnées par les vrais pauvres en esprit, par les souffrances, l'amour de la justice, la miséricorde, la pureté de coeur, la douceur, la paix, la persécution.

  Nous avons vu cette année, en parlant de la Pauvreté et du Pardon, deux de ces chemins. Rappelons seulement que pour le premier, nota esprit, - lumière mystérieuse, émanée du pouvoir créateur, demeure très inconnue de notre personne, attire à lui les mérites et les démérites, le bien et le mal que nous aurons fait sur la terre: lui seul, reçoit le baptême spécial, la lumière particulière qui lui permettent de connaître, d'aimer, de comprendre, cette divine créature dont l'aspect physique est la vraie pauvreté, puis de s'unir à ce rayon qui, en la vie secrète du Père, lui a donné naissance.

  Alors l'homme qui a reçu cette grâce, sait qu'il n'est rien. II renonce facilement et définitivement à la conséquence des actes. S'il est intelligent, riche, savant, il se contente de mettre en action pour la collectivité, son intelligence, sa richesse ou sa science, sans y tenir et comme un simple dispensateur des dons reçus du Ciel. - Pour la deuxième de ces voies rappelons que pardonner, c'est nous rendre libres, les uns les autres, en déliant ce que nous avons lié autrefois. - Etre libre, renoncer aux conséquences de nos actes, c'est au maximum, pénétrer vivant dans le royaume, recevoir comme dans un éclair le secret de la vie éternelle. - Etre heureux pleinement d'un bonheur que nulle ombre ne viendra ternir.

  Evoquons maintenant, l'ange de la douleur. Ses mains pures élèvent vers nous un globe d'or qui renferme lui aussi, le secret du bonheur. Voici pourquoi : « Heureux ceux qui souffrent, car ils seront consolés ».

Jésus nous l'affirme par là : il y a une telle joie surhumaine dans la consolation que toutes les traces de la souffrance seront effacées, or sans souffrance pas de consolation et le consolateur, c'est l'Esprit de Vérité et cet esprit, c'est Jésus Lui-même et Lui, le Fils c'est le Père. - Ils sont inséparables et c'est donc de la plénitude de la vie que viendra la consolation de ceux qui souffrent. Et cette plénitude de joie, dès cette terre nous pouvons en ressentir les effets. Pour cela, acceptons d'abord l'épreuve au lieu de la repousser : ne combattons pas avec rage cette créature, formée du reste par nos fautes, ne lui résistons pas et elle s'affaiblira peu à peu.

  Une expérience très longue me permet de vous attester, mes amis, que cette recette est infaillible. Puis oublions-nous pour les autres. Au lieu d'intensifier par l'imagination notre mal, laissons-le pour songer à ce que souffrent nos frères, enfin, essayons de ne plus 'causer de mal nous-mêmes à aucun être. Ainsi, nous supportons dans le présent notre croix et nous nous préparons un avenir plus tranquille, Ainsi, nous appelons le consolateur et nous hâtons l'heure bénie où il viendra lui-même, par un seul de ses regards ou de ses gestes, balayer toutes traces de souffrance, et nous inonder d'une telle joie, que nous oublierons même d'avoir souffert.

  Je ne puis m'étendre beaucoup sur chacune des Béatitudes : c'est une impression d'ensemble et quelques renseignements positifs que je désire vous donner. Je voudrais, surtout, que vous compreniez bien ceci: tout ce discours, ce ne sont pas des paroles humaines qui le composent, mais ces mots sont les vêtements sonores d'idées vivantes, tellement vivantes et puissantes qu'elles ont impressionné l'atmosphère fluidique de la terre et que leur rayonnement brille plus fortement chaque jour. - Chacune de ces idées enfin est une créature spirituelle, un ange, en vérité, qui depuis 2000 ans se tient immobile, mais combien actif ! au seuil de nos demeures intérieures. - Si donc, vous savez, habitués par mes avis, ne pas troubler par des discussions stériles leur travail spirituel, une communion toute intime, un dialogue silencieux, s'établira entre ces Anges et vous. Vous vivrez, vous revivrez la minute unique où l'Ami se mettant à la portée des hommes établit ces lois qui ne détruisant pas la loi ancienne, la complètent seulement et vous conduiront un jour au seuil de l'éternité bienheureuse.

  «Heureux, dit encore le Maître, ceux qui auront soif et faim de la justice, car ils seront rassasiés ». J'en suis bien sûr, vous avez déjà compris que les huit voies indiquées par Jésus comme menant au royaume et à la béatitude définitive, seuls peuvent les suivre jusqu'au bout ceux dont l'esprit central aura reçu du Maître, le baptême de feu -dont parle Jean. - Autrement dit, l'être qui aura souffert jusqu'à obtenir la consolation vraie ou qui aura vraiment langui pour la Justice où qui aura pratiqué la Bonté complète, celui-là sera un réintégré. Notons encore qu'une seule de ces vertus, les sous-entend toutes. - Voilà pourquoi ces affirmations furent données par notre initiateur aux douze, aux vrais disciples. - Comme toujours, nous autres pauvres brebis égarées du grand Fermier, gardées, il est vrai par le Chien fidèle, nous devrons y chercher seulement un idéal et essayer de réaliser de notre mieux les enseignements de la morale christique.

  Heureux donc, parmi nous, ceux qui auront ancré en eux le sentiment de la justice, car, tout imparfait qu'il soit, c'est un terrain bien préparé où tombera la bonne graine. - La justice humaine est faible, tout lui est fermé des origines vraies des actes ; supportons cependant ses arrêts avec résignation; condamnés par elle, même innocents, réjouissons-nous, car nous allons payer une dette et il faut des innocents dans les bagnes, pour qu'ils puissent être tolérés par le Ciel. Tout est pesé là-haut au poids et à la mesure exactes; tout ce qui nous paraît injuste sur la terre vient de notre ignorance. Si nous pouvions voir, nous nous rendrions compte que tout a sa raison d'être. .

  Aimons-donc la vraie justice. Ayons-en faim et soif, désirons avec d'autant d'intensité que notre estomac désire les aliments matériels ( PAPUS, enseignement oral ) et nous serons capables un jour d'aimer tellement la justice que nous serons prêts s'il le faut, à payer innocents pour les coupables, à donner notre vie même, si cela pouvait adoucir la fausse justice des hommes et rendre la Terre capable de supporter une plus grande quantité de la vraie justice du Père. Ainsi nous hâterons l'heure où le Ciel pourra nous compter parmi ceux qui ont eu, en perfection, faim et soif de la justice et dont toutes les aspirations seront satisfaites par le Grand Juge : Dieu.

  Avoir faim et soif de la justice, c'est aussi désirer ardemment l'équilibre en toutes choses, c'est travailler dans sa sphère, à savoir tout ce qui est juste et à l'accomplir, Ainsi la justice, c'est ne pas juger, car nous ignorons tout les uns des autres, et par

l'amour seul nous pouvons comprendre les causes. Aimer la justice, enfin, c'est chercher à rétablir partout l'harmonie et la paix. - C'est ainsi que près de nous, se trouvent les fruits merveilleux du Jardin du Maître. Apprenez-donc à les cueillir, à les faire connaître ; vous en recevrez la vie.

  « Heureux les doux et les bons, dit ensuite Jésus, car ils posséderont la Terre ». Là encore, au sommet, nous trouvons l'esprit humain réintégré. - Uni au Père qui seul est bon, disait Jésus parlant comme homme, il participe de cette bonté absolue. Au cours des siècles sans nombre, il a vaincu le mal et ses organismes matériels manifestent sur terre, au maximum, cette bonté. Pour nous, retenons que la Douceur et la vraie Bonté sont les clefs du pardon et de toute notre conduite vis-à-vis des choses et des êtres. - Si nous aimons, notre violence s'apaisera peu à peu et nous traiterons toutes les créatures, sans impatience et sans colère. La douceur a comme arme le désir et la violence, la volonté. Cette dernière déchire, maltraite, écarte et les obstacles se reforment plus invincibles.Le désir, conforme à la volonté de Dieu, est comme un feu doux et subtil pénétrant et durable qui emporte tout. Il tient des lois de l'amour. Oui, les doux s'imposeront même à la matière et à l'esprit triomphant qui sur les ailes de la douceur a atteint le royaume, le Père donne vraiment une terre à diriger aux petits comme nous qui s'efforceront dans ce sens, il donnera aussi certains petits pouvoirs sur la matière. - Sous l'influence de ce feu vivifiant, les cellules physiques de leur corps se transformeront peu à peu, la douceur leur donnera la clef de l'amour et l'amour le pouvoir sur les coeurs et les esprits. La maladie peut disparaître en présence des doux et des bons, bientôt même la nature ne les craindra plus, les pierres, les plantes, et les animaux leur révéleront leurs secrets.

  Il en est de même de ceux qui ont su obtenir la paix et qui s'efforcent d'obtenir qu'un peu de leur paix s'écoule dans le création autour d'eux. Jésus, a laissé sur la Terre, en partant, cette merveilleuse promesse. Sa paix demeure ici-bas, et ses Anges parcourent sans cesse notre Ciel cherchant, pour la leur remettre, les hommes de bonne volonté.

  Quel plus beau nom donner à un être, enfant du Ciel ? Aucun titre de l'ancienne initiation ne lui est comparable. Accomplir les actes nécessaires pour recevoir en notre coeur vivifié un rayon de la paix profonde que respire notre esprit, répandre autour de nous ce merveilleux trésor, tel sera le travail fécond, qui nous permettra d'aspirer un jour au nom d'enfant de Dieu.

  Enfin Jésus, se plaçant comme toujours au centre des choses et dans le surnaturel, affirme que le huitième chemin du vrai, de l'éternel bonheur est la persécution à cause de Lui. Eu effet, cette épreuve peut atteindre seulement ceux doit l'esprit, échappant définitivement au prince de ce monde, a vu la lumière ineffable, dédaignée jusqu'alors ; ceux qui ont accepté de partager les douleurs immenses de Jésus ; ceux dont l'unique espoir est de recevoir en eux la divine parole, créée pour eux depuis tant de siècles et de reposer un jour sur le coeur adorable de l'Ami Éternel : pour eux, la calomnie, les attaqués de la haine seront seulement le signe tangible qu'ils sont acceptés. Dès lors, quelle joie plus pure pourraient-ils trouver ? Le Ciel donc, c'est en eux qu'il se trouve ; dans cette vie, la récompense merveilleuse à laquelle le Maître fait allusion, c'est Lui-même qui se donnera tout entier à sa créature. Si la joie: est d'autant plus complète qu'elle est pure et durable, où pourrions nous la trouver meilleure qu'en Celui qui est la vie totale, la joie totale, éternelle ? Recherchons, mes amis, en nous-mêmes ce que nous pouvons actuellement réaliser de ces Huit états bienheureux. Tachons de marcher dans la direction indiquée et le Ciel fera le reste.

  Voici maintenant les commandements du Maître pour ceux qui sont prêts : le suivre. - Je le répète, nul ne peut sans l'aide constante de Jésus, tenter même d'obéir à sa loi - mais cette aide ne manque pas, il n'y a qu'à la demander.

Je ne veux faire cette année que vous les résumer et peut-être un jour les reprendrais-je en détail.