DES SEPT DEGRÉS DE L'AMOUR
CHAPITRE XIII
DU SIXIÈME DEGRÉ DE L'AMOUR
Trois propriétés de l'âme contemplative.
Montons enfin au sixième degré : c'est la claire et lucide contemplation ou vision, la pureté de l'esprit et le dépouillement de l'âme, qui sont les trois propriétés de l'âme contemplative, qui découlent de la source de vie, où nous sommes unis à Dieu, au-dessus de la raison et de tous les exercices de l'amour. Quiconque désire en faire l'expérience, doit nécessairement offrir à Dieu toutes ses vertus et toutes ses bonnes oeuvres, s'offrir et se résigner à la libre puissance de Dieu, même sans la considération d'aucune récompense, au-dessus de toute chose ; et il faut qu'il procède sans cesse dans l'ardente vénération de Dieu sans vue rétrospective. Comme nous nous sommes préparés à la vie contemplative. C'est ainsi qu'il devra se préparer, par la divine grâce, à la vie contemplative, s'il veut l'atteindre. Il importe que sa vie extérieure et sensible soit bien réglée, et bien ordonnée, dans tous les actes bons, envers tous les hommes ; et que sa vie intérieure soit pleine de grâce et de charité, exempte de toute simulation, douée d'une intention droite et riche de toutes les vertus. Que sa mémoire soit libre, délivrée des soins, de toute sollicitude, des préoccupations, et dépouillée de toute vaine imagination ; Son esprit libre, ouvert et élevé au-dessus de tous les cieux ; Son âme tranquille de toute considération, et dénuée en Dieu qui est la citadelle et l'enclos des esprits aimants, où tous les esprits purs se réunissent dans la simple pureté ; et c'est l'habitacle de Dieu en nous, et nul autre que Dieu seul ne peut y pénétrer. Cette pureté est éternelle, et en elle il n'y a ni temps, ni lieu, ni passé, ni avenir, mais elle est toujours présente, disposée et manifestée aux esprits purs élevés jusqu'à elle. En elle nous sommes un, vivant en Dieu et Dieu en nous. Cette unité simple est toujours claire et manifeste, pour les yeux de l'âme, dans la pureté de l'esprit ; et là l'air est pur et serein, éclairé de la lumière divine ; et, les yeux transformés et illuminés, nous contemplons là, attentivement, l'éternelle clarté ; et là tout est un, une la vérité, une l'image dans le miroir de l'éternelle sagesse. Pourquoi nous avons été créés par Dieu. Nous avons été créés par Dieu, afin de retrouver cette image, de la connaître et de la posséder dans notre essence et la pureté de notre esprit ; et lorsque nous la voyons et nous l'éprouvons, dans la divine lumière de ces mêmes yeux simples de l'âme, alors nous sommes parvenus à la vie contemplative. Mais là, quelque chose est encore requis, c'est la pureté de l'esprit.
Ce qui sert la vie comtemplative.
Si l'esprit en repos est dépouillé de formes et d'images, si la contemplation est claire et évidente dans la lumière de Dieu, et si l'âme est pure et élevée en la présence de Dieu : ces trois choses, dis-je, unies ensemble, sont vraiment la vie contemplative dans laquelle nul ne peut errer. Car le pur esprit s'incline toujours, et suit avec un amour sans réserve l'intelligence claire et illuminée dans son principe. Mais notre Père céleste est le principe et la fin de tout ce qui est. En lui nous commençons tout bien, dans le dépouillement de l'esprit, et dans la vision claire des images. Or dans son Fils nous contemplons toute vérité, dans la divine lumière avec une intelligence claire et illuminée. Et dans le Saint-Esprit, nous perfectionnons et nous consommons tous nos actes, dès que nous nous élevons en la présence de Dieu, par l'amour sans réserve des esprits ; et en même temps, nous nous dépouillons de la multitude des choses terrestres et de toute préoccupation. C'est là, en vérité, la vie contemplative si importante. Car l'amour conseille à tout moment de commencer et de finir. Et c'est le sixième degré de notre échelle céleste.