L'Enfer est déchaîné, mais la barque de Pierre,
Malgré l'effort des ouragans
Et la fragilité de sa coque légère,
Ne sombrera jamais : Elle a Dieu dans ses flancs.
Le Christ dort, il est vrai ; mais son Pilote veille
Et contemple le but sans craindre le trépas.
Respectez le repos du Maître qui sommeille.
Puisqu'elle est avec Dieu, l'Eglise ne meurt pas !
Vicaire de Celui qui domine l'orage
Tu vois, sans t'effrayer, les hommes braver Dieu;
Et le regard fixé sur la céleste plage,
Tu sais que, pour un jour, Satan règne en ce lieu.
Sur l'humain océan, se soulèvent les ondes,
Lorsque de l'antre obscur s'évadent les autans.
Mais tu gardes Celui qui gouverne les mondes.
Son heure peut tarder : elle vient en son temps!
Même dans la tempête, il est toujours le Maître!..
Pierre affermit encor son peuple dans la foi ;
Et tient tête à Satan qui, voulant tout soumettre,
N'a jamais pu le vaincre et lui dicter la loi.
Car l'Eglise est debout, superbe et glorieuse,
Malgré tous les assauts de ses persécuteurs,
Qui redoublant en vain leur attaque odieuse,
Ne peuvent espérer d'être jamais vainqueurs.
Elle élève, pour Dieu, ses assises de pierre
Dont le faîte est si haut qu'il se perd dans les cieux.
Les sacrements divins, la grâce et la prière
Cimentent des vertus les marbres précieux.
Et le dogme sacré, sa base inébranlable,
Sur la Pierre angulaire a toujours son appui
Qui, malgré les enfers, ne fut jamais instable
Car l'ennemi de Dieu ne peut rien contre Lui.
Paris, Avril 1909.
R. C.