CHAPITRE X

QUE PARFOIS L'ON VIT L'ARBRE SOUS LEQUEL
IL ÉTAIT ASSIS, TOUT EMBRASÉ.


    Bien que ses écrits attestent abondamment, combien sublime fut le contemplateur et fervent l'amant de Dieu, il est bon cependant de le prouver par quelque autre exemple. Un jour qu'à son habitude, rempli de l'esprit divin, il s'était avancé dans la forêt, il s'assit sous un arbre ; et là, pénétré de la douceur de la divine visite, il oublia à tel point les choses présentes, que son absence fut plus longue qu'à l'ordinaire. Les frères, anxieux de l'absence de leur Prieur, commencèrent à le chercher de tout côté. Et, comme ils ne le trouvaient nulle part dans les limites du monastère, ils essayèrent de le découvrir dans les détours de la vaste forêt. Mais un frère qui, lui étant plus familier, le recherchait avec plus de zèle, vit au loin un arbre ceint de tout côté et comme rayonnant de flammes. Et, s'avançant plus près, il vit l'homme de Dieu, encore tout hors de soi, assis sous l'arbre dans l'enivrement de la ferveur de la présence divine. Denys le Chartreux cite ce passage Liv. 3 des Contemplations. Ce qui démontre assez manifestement combien grande fut l'ardeur intérieure de l'esprit (divin), et de quelle lumière il était pénétré, puisque sa clarté infuse paraissait même embraser l'arbre tout entier.