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SERMON XII.
1. Cela est très-juste; celui qui désire prendre le chemin de la vérité, doit étendre la main de son coeur aux préceptes de cette même vérité et y conformer fidèlement sa conduite : afin que sa main soit pleine de pierreries, que son sein, blanc comme l'ivoire, soit orné de saphirs, que la parole et la volonté du Christ, soit renfermée dans son esprit, comme dans un vase sacré, et que, fleur lui-même du Verbe, il répande au dehors des parfums par l'accroissement de ses bonnes oeuvres. Sans nul doute, l'âme qui aura le bonheur d'être en cet heureux état obtiendra de Dieu tout ce qu'elle lui demandera de profitable. L'oracle de la vérité, la forme de toute sainteté, l'a sanctionné à jamais, et son arrêt ne pourra jamais être abrogé ou modifié dans le livre du droit. Voici ce qu'a dit mon Jésus, bien plus, mon Dieu, la solidité de la vérité, la destruction de ce qui est faux, le châtiment des péchés, le chemin de la vie, la vie de la vie, celui qui est tout douceur, tout bonté, tout sincérité, tout vérité : « Si vous restez en moi, si mes paroles demeurent en vous, tout ce que vous voudrez, vous le demanderez et l'obtiendrez. » Ce sont là de grands dons que promet la Vérité en personne, cette Vérité qui ne sait tromper personne. » Tout ce que vous voudrez, dit le Seigneur Jésus, vous le demanderez et l'obtiendrez. Mais à cette condition : « Si vous restez en moi, et si mes paroles demeurent en vous. » Comme s'il disait: «Si vous demeurez en moi, » par l'amour, et « si mes paroles demeurent en vous, » par la pratique que vous en ferez, « Tout ce que vous désirerez se rapportant au progrès de l'âme, demandez-le sans hésiter et vous l'obtiendrez certainement. Ces deux choses sont nécessairement liées l'une à lautre, elles ne peuvent être séparées, et un raisonnement montre leur parfaite égalité. Si quelqu'un demeure en Jésus-Christ, il s'en suit nécessairement que les préceptes de Jésus-Christ doivent demeurer en son cur. Et chacun de ces points renferme cette même idée: Qu'il demande à Jésus-Christ, tout ce qu'il voudra, et il l'obtiendra. Cette conséquence parait rigoureuse, cet homme demeure en Jésus-Christ, donc tout ce qu'il demandera pour le progrès de son âme, il l'obtiendra. Il en est de même de celle-ci : Les paroles de Jésus-Christ demeurent en cet homme : Donc, etc. 2. Cependant nous pouvons dire (si quelque dialecticien rigoureux fait opposition en se basant sur la force de la conjonction copulative dont l'effet est d'établir une liaison entre choses pareilles et non entre la partie et le tout, mais entre le tout et la partie, entre les opposés et les contraires, et entre ce qui dépasse et ce qui est dépassé,) que certains demeurent en Jésus-Christ, et que les paroles de Jésus-Christ demeurent en eux ; que d'autres restent en Dieu et que les paroles de Dieu ne restent pas en eux. Celui qui demeure en Jésus-Christ et qui garde en lui les paroles de Jésus-Christ, c'est le docteur ecclésiastique qui, par la science sacrée qu'il possède, a de quoi apprendre à ses auditeurs des choses nouvelles et anciennes, c'est-à-dire les fruits de l'ancien et du nouveau testament, et qui montre par les exemples de sa vie dévote les bonnes maximes qu'il leur inculque. Un autre n'a pas en lui la parole de Dieu à l'état de science doctrinale, et néanmoins, par sa bonne vie, il demeure en Jésus-Christ. Bien qu'il ne porte pas les préceptes de Jésus-Christ dans un livre, il les a gravés dans un coeur dilaté par la charité. Heureux, bienheureux ceux qui sont dans ces conditions. Le royaume des cieux leur appartient! Un autre a la parole de Dieu, et il ne la pratique point, c'est un moine à la religion trompeuse, se couvrant du masque de la sainteté; par sa conduite mauvaise, il contredit tout ce qu'il a appris de la règle saint Benoît. Ce malheureux ne demeure pas en Jésus-Christ, les paroles de Jésus-Christ ne demeurent pas en lui : parce qu'il n'aime pas le Seigneur et n'observe pas ses préceptes, bien qu'il feigne de l'aimer et d'obéir à sa volonté. Quelle est l'étendue de son malheur ? le jour du Seigneur le montrera. A sa clarté ne pourront subsister la feinte de la religion, l'affectation de la sainteté, les paroles sophistiques et les syllogismes astucieux. Tout sera à nu et à découvert pour Jésus, le juge qui décidera sagement et avec sévérité, non-seulement des actions mauvaises, mais encore d'une parole oiseuse : non-seulement de la démarche des pieds ou du travail des mains, mais encore d'un simple coup d'oeil. 3. Que celui qui se trouve en cet état pense pourquoi il s'est fait moine? Il a lavé ses pieds, pourquoi les souille-t-il de nouveau ? Il s'est dépouillé de sa tunique, comment la reprend-il ? S'il a changé d'habit, pourquoi n'a-t-il pas changé d'esprit ? S'il est blanc au dehors, pourquoi est-il noir au dedans ? Si un vêtement blanc le pare à l'extérieur, pourquoi à l'intérieur le cancer qui ronge sa conscience le rend-il horrible à voir ? S'il doit étudier en silence, pourquoi se plaît-il à bavarder? Après avoir promis de mépriser le monde, pourquoi s'efforce-t-il encore de lui être agréable? Qu'il s'efforce d'avoir les bonnes grâces de Jésus-Christ, qu'il fasse attention à ce qu'il a promis, qu'il aime Jésus par dessus tout, assis ou marchant, parlant ou gardant le silence, dans la faim ou dans la soif, buvant ou mangeant, en santé ou en maladie; qu'il ait devant les yeux, celui en qui est -la confiance de la force, l'espoir de la béatitude éternelle, l'attente du pardon, la certitude de la gloire, la rémission des péchés, la concession de la gloire, l'acquisition de la joie, la jouissance du Dieu souverain et véritable. Heureux l'homme, s'écrie le Prophète, heureux l'homme qui craint le Seigneur; quand il s'agit de ses préceptes, il désire toujours davantage. Sa race sera puissante sur la terre, et lui-même sera béni du ciel. Ce bonheur éternel, cette abondance d'une douceur sans fin, cette vision de Dieu perpétuelle et agréable, est ce don que demandent à Jésus-Christ tous ceux qui demeurent en lui. Si vous demeurez en Jésus-Christ, c'est-à-dire, si par une conscience et un coeur purs, vous êtes fondé dans la charité de Jésus-Christ, rien ne vous pourra contenter que Jésus-Christ, et vous ne pourrez demander rien autre chose que lui. Tout ce que vous demanderez, dit ce divin Sauveur, le salut qui ne finira pas, la vie qui ne meurt point, les délices souveraines, la gloire du paradis plus douce que toute douceur, plus suave que tout nectar, plus précieuse que l'or et les pierreries, « tout ce que vous désirerez, dit-il, à ceux qui l'aiment, « demandez-le et vous l'obtiendrez. » C'est là une grande parole. 4. Mais il est à noter que ce mot universel, « tout ce que » ne contient pas tout, mais seulement celui qui renferme tout, qui a l'être de manière qu'il est toujours vrai qu'il l'a, Dieu de Dieu, avant tous les temps, né homme d'une vierge dans le temps, salut éternel de tous les croyants, espérance et refuge de ceux qui le craignent. C'est là uniquement ce que demandent les élus que rien ne peut satisfaire, sinon Dieu qui renferme tout ; qui gémissent et pleurent de ne point voir Jésus, l'auteur de la béatitude, et de voir ce qui ne leur plait nullement. Tout ce qu'ils rencontrent leur est un sujet de tristesse; ce qu'ils cherchent, c'est le Seigneur Jésus, et ils ne le trouvent pas; ils l'appellent, et il ne répond pas, ils se livrent aux pleurs, amis de la douleur, et celui qu'ils ne peuvent suivre de leurs pieds, ils le poursuivent de leurs soupirs et de leurs larmes. Saints personnages dont la vie est heureuse, dont la course est fortunée, et qui méritent d'avoir pour terme un si brillant étendard. Ce qui n'est pas accordé aux paresseux, les négligents n'y arrivent pas, il est refusé aux boiteux, il est réservé à ceux qui courent dans la dilatation de la charité. pue chacun de nous ne cesse de considérer comment il court dans la carrière des commandements de Dieu, comment, dans le combat chrétien, il lutte contre le lion rugissant. Personne de vous n'ignore, je pense, que nul ne pourra se sauver que celui qui aura persévéré dans la fidélité du Seigneur Jésus, jusqu'au moment de la sortie de son corps; que nul n'atteindra au terme de la béatitude éternelle, si avant d'arriver à la borne, il a défailli dans la course. Votre carrière c'est l'observation des préceptes du Seigneur ; le terme, c'est la charité, selon cette expression de l'Apôtre, « la charité est la fin de la loi. » Le terme de notre carrière est la charité elle-même, non celle par laquelle nous aimons Dieu, non par laquelle nous le possédons, non par laquelle Dieu est aimé, mais celle qui est Dieu lui-même. Dans cette voie des commandements divins, l'un se met d'abord à bien courir, et il tombe avant d'arriver au but. Un autre commence avec paresse, et ensuite court avec rapidité vers le terme. Un autre commence et termine avec promptitude. Un autre débute et continue avec paresse. A deux d'entre eux, est due la récompense ; à celui qui, ayant commencé avec paresse, arrive ensuite avec rapidité ; et à celui qui, ayant commencé avec agilité, est arrivé avec promptitude. 5. Car plusieurs entrent dans le monastère pour y vivre avec gloire : ils commencent mal et terminent de même; toujours en mouvement, jamais stables : toujours murmurant ou disant du mal quand ils n'ont pas ce qu'ils veulent; bénissant par derrière ceux qui président aux cellules, comblant de mauvais traitements leurs frères avec qui ils vivent ; indisciplinés dans leur conduite, déréglés dans leurs gestes et leurs actes, aux habits prétentieux, ni aptes au bien, toujours ingrats. Ils ne méritent pas de recevoir la récompense de la vie éternelle, parce qu'ils ne veulent pas marcher droit dans la voie des commandements de Dieu. La forme de la sainteté n'atteindra jamais la perfection en ceux que la perversité des moeurs abreuve du poison de la désobéissance. Les paroles de Jésus-Christ ne demeurent pas en des hommes de ce. genre, parce qu'ils ont fait le jouet des vents des préceptes divins qu'ils connaissent ; ils méprisent les ordres du Seigneur ; ils aiment les satisfactions de la chair. Frappant des coups de leur malice et de leur méchanceté le Dieu éternel, le Dieu tout puissant, haïssant leur prochain, reniant Notre Seigneur Jésus-Christ, ils n'observent pas ce qu'au jour de leur profession ils lui avaient promis en présence de tous les saints. Sache le religieux qui a le malheur d'être en cet état, qu'il sera condamné par le Dieu dont il se joue. Un autre est entré au monastère pour y punir les péchés qu'il a commis dans 1e siècle. Mais après y être entré non-seulement il n'a pas détruit par sa douleur le mal qu'il avait fait, mais encore il s'est livré à des excès plus graves encore. Mais ensuite il est pénétré d'un regret plus vif ; une grande honte s'empare de lui ; ayant commis de nouveaux crimes au lieu d'expier par une vie sainte ceux dont il s'était auparavant rendu coupable, il se rappelle alors en mémoire combien grande sera la sévérité du souverain juge envers les pécheurs, et combien cruel le châtiment qui suivra leur damnation. Il considère aussi combien grande est l'indulgence du Rédempteur à l'égard des pénitents, combien extrême est sa bonté envers ceux qui vivent bien. Il énumère alors toutes les actions blâmables qu'il s'est permises, il entasse à ses propres yeux toutes ses iniquités. Il est agité de douleurs, il est livré à des souffrances si grandes que celles qu'il redoute d'avoir à subir dans les enfers, dans ces fournaises de soufre et de feu. Il ne regarde rien de ce qui peut dilater: tout ce qui se présente à lui est triste, il punit par ses pleurs et ses peines ce qu'il a fait avec délices. Il s'efforce de plaire à Notre Seigneur Jésus-Christ : et, se livrant aux jeûnes et aux prières, il ne veut être agréable qu'à ce seul maître. Qu'un tel religieux demande au Seigneur tout ce qu'il voudra, qu'il n'en doute point, il l'obtiendra. 6. Pour nous, mes très-chers frères, que Jésus-Christ a rachetés de son propre sang, ce bon maître qui a donné son propre sang, ce Sauveur du genre humain, chérissons-le, craignons-le, aimons-le, sans mesure, de tout notre coeur, de tout notre esprit, de toutes nos forces, de toutes les moelles de notre coeur, et attachons-nous à être ses disciples. Car c'est chose douce et agréable, bonne et délicieuse de devenir le disciple de Jésus-Christ. « En cela, » dit-il lui-même à ses apôtres : « Mon Père est glorifié, si vous apportez beaucoup de fruit et si vous devenez mes disciples. Nous qui sommes chrétiens et en portons le titre, nous sommes établis dans l'Eglise de Jésus-Christ, comme dans un champ. Les uns rapportent du fruit; les autres restent stériles ; les autres des fruits maigres et peu abondants, toujours paresseux, toujours négligents ; paresseux pour prier, lents pour se mettre à l'étude, se laissant accabler par un long sommeil quand il s'agit de veilles, trop tendres et trop délicats lorsqu'il faut travailler. En de tels hommes le Père de Notre-Seigneur Jésus-Christ n'est pas gravement glorifié ; ils ne produisent pas beaucoup de fruit, et ils ne se montrent pas disciples du Sauveur. Les autres, dans l'abondance et la fertilité, rapportent des fruits doux, doux pour le Seigneur, doux pour les hommes. Ils glorifient Dieu, et Dieu les glorifiera au jour de la récompense des oeuvres ; au jour où se recueilleront les fruits nouveaux, quand ces âmes arriveront portant avec allégresse leurs riches gerbes. Ces religieux sont doux et humbles, dévots et obéissants, vigilants pour les saintes veilles; fervents pour toute bonne oeuvre, élevés à Dieu dans l'oraison, intelligents pour bien saisir les lectures sacrées; ils soupirent dans les méditations; ils pleurent et gémissent dans les contemplations; ils sèment dans les larmes, mais qu'ils se réjouissent et tressaillent, parce qu'ils récolteront dans les transports éternels. 7. Il en est d'autres qui ne font pas de fruits, mais qui produisent seulement des feuilles et de la verdure. Ils ont l'apparence de la sainteté, mais ils n'en ont pas les fruits. La hache est à leur racine. Pourquoi occupent-ils une place dans la terre ? Qu'on les abatte et qu'on les mette au feu. C'est la sentence dure et terrible rendue contre les arbres stériles. Tout arbre, dit le Seigneur, Jésus, « qui ne fait pas de bon fruit sera coupé et jeté au feu (Matth. VII. 19). » Que craignent donc et beaucoup les arbres sans fruits, hypocrites, les sépulcres blanchis, bien sculptés et ornés; qu'ils détruisent ce qu'il y a au dedans qu'ils avouent leurs fautes et soient guéris. Qu'ils changent leur force, qu'ils changent leur conscience, qu'ils la guérissent de la plaie qui la range, qu'ils dirigent leurs pas dans la voie des commandements de Dieu et produisent du fruit ; afin que par eux le Père soit glorifié dans son Fils, et le Christ en son Père et qu'eux-mêmes soient glorifiés dans le Père, le Fils et le Saint Esprit. Heureux, bienheureux l'homme par qui Dieu le Père est glorifié, le Christ est loué et le Saint Esprit est honoré. O trop fortuné, celui dont la vie et les moeurs chantent un cantique de louanges au Créateur ! Heureux celui dont l'âme sert l'auteur de ses jours ! bienheureux le coeur qui s'efforce de plaire à son Rédempteur dans la mesure de ses forces. Bénie, soit l'âme en qui se trouve tout l'amour du Christ, que rien ne peut contenter, rien, si ce n'est celui qui ia été mis à mort pour son amour, qui ne sait rien aimer si ce n'est Jésus-Christ, qui nous a chéris et nous a lavés de nos péchés dans son sang, et s'est donné lui-même, pour être notre rachat, afin de nous adopter par son sang et de nous rendre enfants de Dieu. Qu'en toutes choses soit béni Jésus-Christ, qui a aimé le genre humain comme le Père l'a aimé. Car il a dit lui-même « Comme le Père m'a aimé, ainsi je vous ai aimés. » O bienheureuse félicité, ô beauté des anges, ô splendeur des saints, bon Jésus, Jésus saint, vie immaculée, vie éternelle, salut inaltérable, gloire perpétuelle, ami tout à fait doux, entièrement aimable! comme vous nous avez aimés, comme vous nous avez chéris, vous qui vous êtes livré à la mort! Votre amour n'a su garder aucune borne, et votre charité, ô Christ, n'a connu aucune limite. « Comme mon Père m'a aimé, » dites-vous, « ainsi je vous ai chéris. » Plût au ciel que je fusse celui que mon Seigneur aimerait ! plût au ciel que j'eusse entendu de la bouche de mon Seigneur: « Comme mon Père m'a aimé, ainsi je vous ai chéris ! » Que pourrait-il me manquer, si mon Jésus m'aimait ? Mon Jésus, dis-je, oh! que je voudrais qu'il fût mien; ô richesses immenses! ô secours féconds, posséder Jésus, posséder le Seigneur Jésus. 8. Possédez-le, cher lecteur, par amour, et ainsi vous le posséderez éternellement parla récompense obtenue par votre amour. La Vérité elle-même le dit : « J'aime celui qui m'aime; qui m'aimera, mon Père le chérira, et moi aussi je le chérirai et me manifesterai à lui. » Combien grand a été l'amour que Jésus Christ a témoigné envers nous en mourant, nulle créature vivante ne le peut exprimer : que les larmes le disent, car la voix ne le peut dire. « Comme mon Père m'a aimé, ainsi je vous ai aimés. » Voyez donc comment Dieu le Père l'a aimé et comment il nous a aimés lui-même. Car l'Apôtre dit : « le Christ s'est rendu obéissant pour nous jusqu'à la mort, et à la mort de la croix : c'est pourquoi Dieu l'a exalté et lui a donné un nom qui est an dessus de tout nom : afin qu'au nom de Jésus tout genou fléchisse dans le ciel, sur la terre et dans les enfers (Phil. II). » Et le Prophète parlant de lui au Père, dit: Vous avez mis sous ses pieds, « les brebis et toutes les génisses et les troupeaux de la campagne, les oiseaux du ciel, et les poissons de la mer qui parcourent les sentiers des océans (Psal. VIII. 3). » Voilà comment Dieu le Père a aimé son Fils; et lui-même il ne juge personne. Mais il a livré tout jugement à son Fils et lui a donné un nom qui est au dessus de tout nom, afin qu'au nom de Jésus, tout genou fléchisse dans le ciel, sui la terre et dans les enfers, c'est-à-dire, toute créature céleste, comme les anges, les archanges, les trônes, les dominations, les principautés et les puissances, les vertus, les chérubins, les séraphins, et toute la hiérarchie céleste, ainsi que toutes créatures terrestres. Ce ne sont pas seulement les hommes, ce sont les animaux insensibles qui frémissent au nom de Jésus; c'est aussi toute créature des enfers, qui, en entendant invoquer un nom si redoutable, frémit et s'agite. Grande est donc l'affection du Père pour le Fils, puisqu'il l'a ainsi élevé, ainsi exalté, qu'il a tout placé sous ses pieds, tout soumis à son empire. 9. Nous avons vu comment le Père a aimé le Christ, il reste maintenant à voir comment Jésus nous a aimés. Mais, je le répète, qui pour ra le dire? qui pourra jamais expliquer, par des paroles, l'abondance de lamour, léminence de 1a tendresse que Jésus-Christ a éprouvée pour nous, lui qui nous a aimés, qui nous a lavés de nos fautes dans son sang, qui, par sa mort, a détruit notre mort, choisissant de mourir pour nous, afin de nous délivrer de la mort éternelle, et de nous attirer au lieu même où il se trouve dans la gloire du Père? Car il le dit : « Père, je veux que là où je suis, là soit aussi mon ministre (Joan. XVII). » Voilà comment il nous a aimés. Il a pris le parti de mourir pour nous, pour que nous ne fussions pas condamnés à la mort éternelle. Il est ressuscité des morts, afin de nous rendre participants de la résurrection. Il est monté au ciel afin de nous élever jusqu'au palais du ciel : et il est assis à la droite du Père, plaçant, couronnant, y réjouissant ceux qu'il a délivrés par son sang, ceux que par le ciment de la charité il a introduits avec lui, à la droite du Père. Aimons donc, vénérons et chérissons Jésus-Christ, sans mesure, au delà de toute mesure, sans bornes, assidûment, continuellement, de tout notre coeur, de tout notre esprit, de toutes nos forces, de toutes nos puissances; afin que nous puissions arriver à lui et parvenir et régner avec lui, qui, avec le Père et le Saint-Esprit, vit Dieu béni en tout temps. Amen.
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