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TÉMOIGNAGES FAVORABLES A SAINT BERNARD.
I. Témoignages de souverains pontifes.
II. Témoignages de Cardinaux et de Docteurs de l'Église.
IV. Témoignages de rois et de grands personnages.
V. Témoignages d'abbés et de généraux d'ordre.
VI. Témoignages des docteurs en théologie.
VII. Témoignages de religieux de divers ordres.
VIII. Témoignages de jurisconsultes et d'orateurs.
IX. Témoignages de femmes illustres.
I. Témoignages de souverains pontifes.
INNOCENT II s'exprime ainsi dans sa lettre à saint Bernard: « C'est à l'inébranlable constance, au zèle pieux et au discernement dont vous avez fait preuve pour la défense de l'Église romaine pendant le schisme de Pierre de Léon, c'est à l'énergie avec laquelle vous vous êtes posé comme un mur d'airain autour de la maison d'Israël, c'est au zèle avec lequel, par de nombreuses et pressantes raisons, vous avez fait rentrer dans l'unité catholique et replacé sous l'autorité des successeurs de Pierre, les rois, les princes, et toutes les puissances tant ecclésiastiques que séculières, que sont dus les grands et précieux avantages dont l'Église de Dieu et nous-même jouissons à présent (Epist. CCCLII, Vola 1, pag. 456). » Innocent II, florissait en 1140. ALEXANDRE III, dans sa lettre de canonisation de Saint Bernard, à l'Église de France, s'exprime ainsi: « Nous avons rappelé à notre souvenir... les prérogatives de grâces singulières dont il fut orné, l'éclat dont-il a brillé lui-même par sa sainteté et sa religion et la lumière qu'il a répandue sur l'Église de Dieu tout entière, par le flambeau de sa foi et de sa doctrine. Quant aux fruits qu'il a produits dans la maison du Seigneur, par la parole et par les exemples, ils sont connus à peu prés jusqu'aux confins du monde catholique; car il a envoyé des détachements de son ordre jusqu'au sein des nations barbares et des peuples étrangers, etc. (Alexandre, Pap. III. Lillerae... ad Eccles. Gall. Tom. III, pag. ). Alexandre III, florissait en 1170. PIE V, dans sa bulle Ex innumeris, etc., parmi les moyens propres à contribuer à la réforme de l'ordre de Cîteaux, place en ces termes, la lecture des oeuvres de saint Bernard. « On ne pourra y faire d'autre lecture sacrée, d'après la disposition du concile de Trente, que celle des livres nécessaires à la célébration de l'office divin et à l'usage du choeur, la Bible, le catéchisme récemment publié à l'usage des curés, les oeuvres de saint Bernard et tous autres ouvrages qu'on pourra avoir de nature à fournir une occupation honnête aux moines, etc. » Pie V florissait en 1570. GRÉGOIRE XIV, au dire de Cicarelle dans l'Histoire de sa vie, « méditait tous les matins pendant une heure entière, en lisant les oeuvres de Bernard au langage doux comme le miel, et s'il en tirait quelque pensée il la notait avec soin et la consignait par écrit avec élégance. » Grégoire XIV florissait en 1590.
II. Témoignages de Cardinaux et de Docteurs de l'Église.
JACQUES DE VITRY évêque de Tusculum, cardinal de la sainte Église roniaine et légat du saint-siège, s'est exprimé comme il suit dans son Histoire d'Occident, chapitre iv : « Le Seigneur a suscité pour eux, dès les premiers jours de leur plantation nouvelle, un agriculteur habile, un homme saint et prudent, un homme que le Seigneur a trouvé selon son coeur... je veux parler de saint Bernard, abbé de Clairvaux, une des perles les plus précieuses de la vie religieuse, la lumière de son ordre une étoile brillante au firmament de l'Église de Dieu. Ce n'est ni de la bouche ni à l'école d'un homme, mais par la seule inspiration de Dieu qu'il reçut l'intelligence élevée des Saintes Lettres; c'est dans le sein même du Seigneur, si je puis parler ainsi, qu'il allait boire les eaux célestes, pour les répandre ensuite dans toutes les places et les carrefours. Puissant en oeuvre et en parole, modèle de vie sainte et excellente, par la doctrine de sa céleste prédication, non moins que par la vertu des miracles et des oeuvres merveilleuses, il fut pour beaucoup une odeur de vie pour la vie éternelle. » Jacques de Vitry florissait en 1230. SAINT BONAVENTURE, cardinal de la sainte Église romaine et évêque d'Albano, de l'ordre des frères mineurs, s'exprime comme il suit, dans le chapitre XXXVI de ses Méditations de la vie de Jésus-Christ, où il répandit à profusion comme des perles précieuses des pensées de saint Bernard : « Vous avec entendu les très-belles paroles d'un bien grand contemplatif, d'un homme qui goûtait la douceur de l'oraison, de Bernard! Si vous voulez y trouver quelque goût à votre tour, il faut que ruminiez ses paroles, Voilà pour quoi je les intercale si volontiers dans cet opuscule : non-seulement elles sont spirituelles et pénètrent le coeur, mais encore elles sont pleines d'élégance et propres à vous porter au service de Dieu. Il fut, en effet, d'une très-grande éloquence, rempli de l'esprit de sagesse, et d'une sainteté éclatante. Je vous souhaite de l'imiter et de mettre en pratique ses avis et ses discours; voilà pourquoi je vous le cite souvent. » Saint Bonaventure florissait en 1260. SAINT THOMAS D'AQUIN s'exprime ainsi dans son Sermon sur Saint Bernard : c Sa bouche fut donc un vase précieux, une bouche d'or, une bouche de perle... Il a enivré le monde entier du vin de sa douceur... C'était de l'or que Bernard, par la sainteté de sa volonté; c'était un écrin de perles précieuses, par l'honnêteté de ses moeurs et par la multiplicité de ses vertus ; c'était un vase précieux, par la pureté de sa virginité... On trouve neuf perles précieuses en lui, les neuf perles dont Ezéchiel parle au chapitre XXVIII; ces neuf perles signifient les neuf churs des Anges. Bernard les a possédées toutes, parce qu'il a eu en lui les vertus et exercé les offices de tous les ordres des anges, comme on le dit dans le livre où les actions de sa vie se trouvent racontées. » Saint Thomas d'Aquin florissait en 1260. AUGUSTIN VALÈRE, cardinal de la sainte Église romaine, évêque de Vérone, s'exprime ainsi dans son livre de la Rhétorique ecclésiastique, chapitre XLI , en parlant des écrits de saint Bernard : « Dans ses livres règne une admirable douceur, en sorte qu'on ne peut les lire sans que l'âme en ressente une sainte volupté. » Augustin Valère florissait en 1580. CÈSAR BARONIUS, cardinal de la sainte Eglise romaine, appelle saint Bernard, dans le tome XII de ses Annales, à l'année 1930, la Trompette céleste; à l'année 1144, il le nomme le second Elie, et il en parle en ces termes à l'année 1153: « Bernard, homme vraiment apostolique, ou plutôt vrai apôtre envoyé de Dieu, fait puissant en oeuvre et en parole, il jeta un vif éclat partout et en, tout. sur son apostolat, par les miracles qui l'accompagnèrent, et n'eut rien à envier aux vrais apôtres. On doit dire, en parlant de lui, qu'il fut en même temps l'ornement et le soutien de l'Église catholique. On doit le regarder aussi comme le plus beau fleuron de l'Église gallicane, comme sa plus grande gloire et son plus grand bonheur. Sa bienheureuse mémoire sera, dans la sainte Église, en bénédiction et en sanctification pour la discipline et la règle des moeurs, et pour la condamnation des hérétiques. » César Baronius florissait en 1600. ROBERT BELLARMIN, cardinal de la sainte Église romaine, s'exprime ainsi en parlant de saint Bernard, dans son livre des Écrivains ecclésiastiques Bernard, abbé de Clairvaux, homme tout à fait apostolique et illustre par l'éclat de ses miracles, autant que par celui de sa doctrine. » Dans le tome II des Controverses, livre IV, chapitre XIV, il continue: « Le même saint Bernard se fit remarquer par l'éclat de ses miracles autant que saint du monde dont on nous a conservé la vie par écrit. Car, etc. » Bellarmin florissait en 1620.
III. Témoignages d'évêques.
HILDEBERT, évêque du Mans, puis archevêque de Tours, s'exprime ainsi dans sa lettre XXIV, adressée à Bernard: «J'estime comme une très-grande chose et je tiens pour telle que vous m'ayez ouvert le sanctuaire de votre amitié. En y étant reçu, j'ai pu reconnaître par expérience, dans de grands et de nombreux périls, tout ce que vaut la prière assidue du juste. » plus loin, il continue: « Je ressens donc une grande reconnaissance, et je rends grâces à votre religion, que j'aiurais embrassée comme un coupable embrasse l'autel, si le pape, que j'ai consulté à ce sujet, m'avait permis de déposer la charge de pontife. En me renvoyant au travail, il a porté envie à ma gloire; que le Seigneur ne lui en demande pas compte. Mais, en attendant, j'espèrerai à l'ombre de vos ailes, jusqu'à ce que je sois tiré de ce lac de misère, et du fond de mon bourbier. » (Voir la lettre CXXII, du même, dans les lettres de saint Bernard, tome I, page 184.) Hildebert florissait en 1125. OTHON, évêque de Freisingen, s'exprime ainsi dans son livre I des Faits et gestes de Frédéric, au chapitre XXXIV: «Il y avait alors, en France, un abbé de Clairvaux, nommé Bernard, que sa vie et ses moeurs rendaient vénérable. Il se faisait remarquer dans l'ordre auquel il appartenait, et était doué d'une grande sagesse et de la science des saintes Lettres; il jeta aussi un grand éclat par ses miracles et par ses oeuvres extraordinaires. Les princes résolurent de le mander et de le consulter comme un oracle divin, pour savoir de lui ce qu'il y avait à faire au sujet de l'expédition d'outre-mer. » Plus loin, il continue: « Toutes les populations de la France et de l'Allemagne le regardaient comme un prophète et un apôtre. » Othon florissait en 1450. PIERRE, abbé de Celle, puis de Saint-Rémi, de Reims, et enfin évêque de Chartres, dans sa lettre contre Nicolas d'Angleterre, qu'on ne doit pas confondre avec Nicolas, secrétaire de saint Bernard, ainsi que nous l'avons démontré à la lettre CCLXXXIV, écrivant, dis-je, à Nicolas d'Angleterre, qui voulait infliger une flétrissure au cur du saint docteur, après sa mort, parce qu'il avait combattu le dogme de la Conception de la bienheureuse vierge Marie, se répand ainsi en louanges en l'honneur de saint Bernard: « Quelle ne fut pas, dit-il la sainteté de ce Bernard, quelle ne fut pas sa religion, quelle n'a point été la prérogative de ses mérites? Que suis-je pour dire ses louanges? Un néant. Sa vie, sa renommée, ses oeuvres, ses écrits, ses miracles, sa foi, son espérance, sa charité, sa chasteté, son abstinence, la mortification de tous ses membres, sa parole, son visage, sa manière d'être, ses gestes et le reste sont là pour rendre témoignage de lui... Il fut l'élève le plus intime de Notre-Dame, à qui il a dédié non pas une basilique, mais les basiliques de l'ordre entier de Cîteaux, et à la gloire de qui il a composé les traités les plus soignés et les plus éloquents. Si donc vous voulez toucher Notre-Dame, à la pupille de l'il, écrivez contre son cher Bernard ; à qui elle adresse elle-même ces paroles: Quiconque vous touche me touche en quelque sorte, moi-même, à la pupille de l'il. » Pierre de Celle florissait en 1160. ANSELME d'Havelberg, dans son Dialogue contre les Grecs, livre II, s'exprime ainsi: « Il a paru, de nos jours, dans un endroit appelé Clairvaux, un abbé du nom de Bernard; c'était un homme très-religieux, remarquable par le pouvoir qu'il avait de faire des miracles et renommé pour sa sainteté, du couchant au levant. Le vénérable pape Eugène. qui avait jadis été moine d'un de ses monastères, l'honora souvent de témoignages bien mérités de vénération dans des conciles de nombreux évêques.» Anselme florissait du temps du pape Eugène III. GUILLAUME, archevêque de Tyr, s'exprime comme il suit au chapitre XVIII de son livre XVI de la Guerre sainte : « Le seigneur pape Eugène envoya dans différentes contrées de l'Occident, des religieux puissants en oeuvre et en parole.... du nombre desquels était un homme d'une mémoire immortelle et d'une vie pleine d'honneur, dom Bernard, abbé de Clairvaux, d'un souvenir pieux et digne d'être cultivé par tous les moyens possibles clans le Seigneur, et qui fut choisi pour être le principal instigateur de cette entreprise que Dieu avait pour agréable. Fidèle exécuteur des ordres qu'il avait reçus, il menait à sa suite des compagnons destinés à partager avec lui une oeuvre agréable à Dieu, et se montra ardent et infatigable dans un corps affaibli, par des jeûnes continuels et par une abstinence trop grande. Il parcourut les royaumes, il traversa lus nations en prêchant partout la bonne nouvelle du royaume de Dieu. » Guillaume de Tyr florissait en 1200. GUILLAUME, évêque de Paris, parle ainsi de saint Bernard, dans son Sermon sur ce saint : « Il vécut d'une vie excellente entre toutes; il fut un maître extrêmement agréable, et brilla de l'éclat des miracles les plus manifestes. Ce ne sont point les leçons des hommes mais les inspirations de Dieu qui le rendirent sage et lui ouvrirent, tout particulièrement, le sens des Écritures. » Plus loin il continue : « De même que Dieu raconta ses mystères à Moïse, et fit resplendir sa face de l'éclat même de ses rayons, au point que les enfants d'Israël ne pouvaient fixer les yeux sur lui, ainsi il révéla bien des secrets à saint Bernard, et l'éclaira d'une lumière céleste, qui rejaillit à flots sur l'Église.» Guillaume, de Paris, florissait en 1230. L'évêque THIBAUT, ou l'auteur, quel qu'il soit de la Vie de Guillaume, duc d'Aquitaine, s'exprime ainsi dans le second chapitre : « A cette époque fut fondé le monastère de Clairvaux, dont la conduite fut confiée, par un dessein particulier du Saint-Esprit, à l'abbé Bernard, qui jeta un si grand éclat par sa vie, ses vertus et sa doctrine qu'il n'eut pas son second en esprit, en moeurs, en éloquence, en style et en vertu. C'est lui qui, de son temps; extirpait les hérésies, instruisait ceux qui étaient engagés dans les sentiers de l'erreur, et faisait entendre des remontrances aux princes mêmes.» Un peu plus loin il continue : « O homme vertueux, ô âme pure, qui ne recherchait pas plus la faveur du peuple quelle ne redoutait la fureur du tyran (il veut parler de Guillaume), quand il s'agissait de le sauver ! Quand il évitait de paraître en public, comment aurait-il aspiré aux bonheurs de la chaire épiscopale? Mon Dieu, que de nombreuses et grandes églises cathédrales, en se voyant veuves de leurs pasteurs, l'ont élu pour pontife! Mais la mitre et l'anneau n'avaient pas pour lui autant de charmes que le sarcloir et le râteau.
IV. Témoignages de rois et de grands personnages.
L'empereur CHARLES V, au témoignage de Thuen, son historien, dans le livre XXI, « Pendant les deux années qui précédèrent sa mort, et qu'il passa dans le monastère des Hyéronimites de Saint-Just, eut près de lui un moniteur, nommé Constantin, qui lui servait de confesseur, et se nourrissait particulièrement de la lecture des Oeuvres de saint Bernard. » Charles V fleurissait en 1540. Louis XIII, roi très-chrétien de France et de Navarre, et surnommé le Juste, appelle saint Bernard, dans un diplôme qu'il accorda, en 4648, à la congrégation des Feuillants, pour l'érection du monastère de Fontaines, « Grand et très-célèbre confesseur, père et docteur de l'Église, réformateur des peuples, conciliateur des schismes et des discordes, patriarche des religieux, artisan de miracles, et très-dévot serviteur de la Vierge Mère. » Louis XIII régnait heureusement en 1630. On peut voir, dans Henriquez, le ménologue de Cîteaux, au 20 août, les éloges de presque tous les royaumes chrétiens et de divers États, à l'adresse du très-saint abbé Bernard, gravés sur la première pierre du monastère de Fontaines. La sérénissime reine Marie de Médicis, mère du roi très-chrétien, y déclare solennellement que c'est aux mérites de saint Bernard qu'elle dut la faveur divine de devenir mère. Le comte JEAN-FRANÇOIS PIC DE LA MIRANDOLE, dans son livre II, Sur la mort de Jésus-Christ, chapitre vin, s'exprime en ces ternies : « Écoutons aussi le très-dévot et très-docte Bernard. On ne lui donne pas généralement le titre de très-docte, mais ce n'est point qu'il n'en soit pas digne et qu'il n'ait point mérité de le recevoir, puisqu'il s'est acquis le nom de docte par ses écrits, qui sont remplis, d'un bout à l'autre, d'une science solide et saine, et par ses vaillantes lettres contre Gilbert et Pierre Abélard, qui, grâce à lui, quittèrent les voies détournées de l'erreur et du mensonge, pour s'engager dans les sentiers de la vérité. » Pic de la Mirandole florissait en 1500.
V. Témoignages d'abbés et de généraux d'ordre.
PIERRE MAURICE, surnommé le Vénérable, s'exprime ainsi, dans une lettre qui est la vingt-sixième du livre VI : « A la forte et splendide colonne de l'ordre monastique et de l'Église de Dieu tout entière, à Bernard, abbé de Clairvaux, l'humble frère Pierre, abbé de Cluny, etc. S'il m'avait été libre de le faire, si les dispositions de la Providence ne s'y étaient opposées, si, enfin, la vie de l'homme était en sa main, j'aurais préféré, mon très-cher ami, m'attacher à votre béatitude par un nud indissoluble que d'être partout ailleurs le premier des mortels et de régner sur les hommes. Qu'est-ce en effet? Ne dois-je point préférer à tous les royaumes de la terre, le bonheur d'habiter avec vous, bonheur qui n'en est pas un seulement pour les hommes, mais pour les anges même. Si je dis que vous êtes leur concitoyen, bien que ce ne soit encore qu'une espérance, non un fait accompli, grâce à la miséricorde, de Dieu, je ne serai point un menteur, etc. » Pierre, le Vénérable, florissait en 1140. BURCHARD, abbé de Balerne, parle ainsi de saint Bernard, dans la souscription du livre I de sa Vie : « II semble avoir reçu, dès le ventre de sa mère, des présages qui ont permis dès lors de concevoir de grandes espérances de la sainteté de sa vie et de sa doctrine. » Burchard florissait en 1140. B. GUERRY, abbé d'Igny, disciple de saint Bernard, s'exprime ainsi dans son troisième Sermon pour le jour de la fête des Saints apôtres Pierre et Paul « Notre maître, saint Bernard, l'interprète du Saint-Esprit, s'était proposé de parler sur tout ce chant nuptial (le Cantique des cantiques), et nous avait fait concevoir l'espérance qu'il le ferait par ce qu'il avait déjà fait; car s'il arrive à l'endroit dont vous vous informez, à ces paroles : jusqu'à ce que le jour souffle et que les ombres s'inclinent, il changera les ombres en lumière d'intelligence, et ce qui a été dit dans les ténèbres il nous le dira dans la lumière. » Guerry florissait en 1145. GEOFFROY, qui fut d'abord secrétaire de saint Bernard, puis abbé d'Igny et abbé de Clairvaux, s'exprime ainsi au chapitre vu du livre III de la Vie de saint Bernard : « Mais il se montre avec bien plus d'éclat dans ses ouvrages et se fait connaître surtout dans ses lettres, où il s'est peint lui-même et si bien représenté comme dans un miroir, qu'il semble qu'on peut lui appliquer avec raison ce mot de saint Ambroise : « C'est à lui de chanter ses propres louanges, et, couronné de lauriers par l'esprit, c'est à lui de se couronner de nouveau par ses propres écrits. » Voir le Sermon du même auteur sur saint Bernard, à la fin du tom. VI. Il florissait en 1160. ROBERT, abbé de Saint-Michel eu péril de la Mer, de l'ordre du saint père Benoît, s'exprime ainsi dans son appendice à Sigebert, année 1152. « Le vénérable abbé de Clairvaux, Bernard, homme d'une religion admirable et d'un enseignement efficace, paya la dette de l'humanité le 19 août. Il laissa de nombreux documents de sa sagesse, surtout dans son commentaire sur le Cantique des cantiques. » Robert florissait en 1180. Le PÈRE CLAUDE AQUAVIVA, V. supérieur général de la Société de Jésus, au rapport de Jean Bourhez, dans le chapitre iv du livre intitulé Sainte Société de Jésus Marie mère de Dieu, « honora d'un culte particulier la bienheureuse Vierge et saint Bernard, dont il sentit l'aide et l'assistance dans toutes les circonstances difficiles. » Le père Cleude Aquaviva florissait en 1610.
VI. Témoignages des docteurs en théologie.
HENRI DE HESSE, docteur de la faculté de Paris, puis chartreux, s'exprime ainsi dans le chapitre I de la première partie de son Traité à Jean, abbé d'Eberbach, contre les maculateurs de saint Bernard : « Où se trouve un tel brasier de dévotion, où coule un pareil ruisseau de componction, où est lancé un semblable aiguillon d'amour, si ce n'est dans la vie et la doctrine du bienheureux père Bernard, abbé de Clairvaux, l'astre de l'Église, le propagateur le plus important de l'ordre de Cîteaux, le plus ardent instigateur de la vie monastique? Se trouve-t-il un prédicateur de vertus plus pénétrant, un destructeur de vices plus efficace que cet homme qui tirait les hommes de leur torpeur pour les pousser vers le Ciel, qui émoussait leur ardeur pour les choses de la terre, qui les empêchait de s'endormir du sommeil de la mort et qui faisait tous ses efforts pour faire briller à leurs yeux les rayons de la lumière divine, après avoir dissipé les ténèbres qui les couvraient auparavant. Ses sermons, aussi élégants que simples, célèbrent les gloires de la Vierge mère du Christ, qu'il nous peint sous les traits les plus parfaits de la pureté, et dont il nous montre la virginité demeurée intacte. C'est peu que cela, mais l'Église entière par ses doctrines brille d'un éclat semblable à celui des pierres précieuses. et reçoit de l'élégance unique de sa doctrine une gloire et un éclat particulier, La féconde faconde de ce ruisseau céleste, où coule la grâce du Saint-Esprit, explique l'énigme des Saintes Lettres, en dénoue les noeuds, en éclaire les points obscurs, en fixe les endroits douteux. Telle est la parole de saint Bernard, l'excellent docteur de l'Église, qui, en s'en allant dans la gloire de la patrie, a ainsi, par sa fécondité, arrosé la hiérarchie ecclésiastique subcéleste par ses très-salutaires enseignements de toute sainteté, et par les exemples de sa vie. Voilà pourquoi la mère Église, dans la plénitude exubérante des témoignages qu'elle requiert pour la Canonisation de ses saints, dans ses miracles, ses doctrines, sa pratique des vertus, et dans toute sa vie qui rend en sa faveur un témoignage plus clair que la lumière même du jour, a résolu, à cause de ses nombreux travaux, de la chasteté de ses moeurs, et de ses uvres éclatantes, de le combler, sous le titre de confesseur et de docteur excellent, des honneurs les plus empressés, et des louanges les plus sonores, de lui rendre un culte honorable et solennel et de le placer glorieusement dans le catalogue des saints. » Henri de Hesse florissait en 1400, JEAN GERSON, docteur et chancelier de Paris, s'adresse en ces termes à saint Bernard dans un sermon pour la fête de ce Saint : « Pour vous, ô bienheureux Bernard, vous regardant, avec une pieuse foi, comme un compagnon de ces esprits de feu que l'Écriture appelle Séraphins, je vous prie et vous supplie, au nom de votre amour, de prendre un charbon ardent de l'autel dont le feu est en Sion et le brasier en Jérusalem... d'en brûler mes lèvres et de les purifier, etc. » Il continue : « Lorsque je considère les choses qui, par accident, et et comme venant du dehors, ont aidé saint Bernard à concevoir de l'amour pour Dieu, j'en compte quatre entre autres, qui sont la dévotion de sa mère, une aptitude de tempérament, une éducation convenable et l'amour de la solitude. » Ailleurs il dit encore: « En un mot, on peut dire que ces quatre causes, qui sont de celles qu'on appelle causes accidentelles, ont aidé saint Bernard à devenir un prophète, un homme à miracles, dont les plus éclatants, à mon avis, sont ceux qu'il a opérés en convertissant des hommes qui fuyaient de toutes leurs forces devant la grâce de la conversion. » Gerson florissait en 1400. JOSSE CLICTHORÉE, de Newport, docteur en théologie et chanoine de Chartres, compare saint Bernard à saint Jean, en ces termes, dans son premier Sermon sur notre saint : « En troisième lieu, Bernard fut notre lampe. qui a brillé par ses nombreuses compositions d'uvres sacrées, destinées à servir non-seulement aux hommes de son temps, mais encore à la postérité; pour l'édification de la foi et des murs... Il a certainement été une lumière pour tous, je ne dis pas seulement pour ceux de son siècle, mais encore pour ceux de tous les siècles futurs jusqu'à la consommation des temps, par la composition de ses nombreux livres, qui tendent tous art progrès spirituel, et dans lesquels règne une telle douceur de diction, que son discours est plus doux que le miel, ce qui lui a valu le titre de docteur melliflue. » Le même auteur, dans une préface placée par lui en tête des Oeuvres de saint Bernard, s'exprime ainsi: « De tous les ouvrages sortis de la plume des auteurs les plus estimés, les volumes écrits par le bienheureux Bernard ne sauraient être placés au dernier rang. En effet, si on ne considère en eux que l'auteur, on est frappé de la sainteté de sa vie et de l'éclat de sa brillante érudition. Si on s'arrête au caractère même de son style et à sa manière d'écrire, on trouve qu'il est d'une extrême douceur, et que sa diction coule sans aucune rudesse avec une facilité et une élégance extrêmes, en sorte que les paroles tombées de ses lèvres semblent plus douces que le miel. Enfin, si on fait attention à la matière de ses écrits, on trouve qu'il ne s'est occupé que de ce qui peut mettre en lumière les sens cachés de la sainte Écriture, ou foudroyer le vice, du tonnerre de sa parole, ou porter à l'amour de la vertu. » Josse florissait en 1530. LOUIS DE GRENADE, au chapitre XXVII du livre II de la Religion chrétienne, s'exprime comme il suit: « Il ne serait pas bien d'omettre parmi tant de très-graves docteurs, le très-doux et très-saint Bernard, qui se montra d'autant plus humble et étranger à la vaine gloire qu'il était doué d'une vertu et d'une grâce plus grandes pour opérer des miracles. » Au chapitre XI, il continue ainsi : « On lit aussi de saint Bernard que, au commencement de son glorieux noviciat, il fut ravi en esprit et s'avança ainsi hors de soi, attendu qu'il avait perdu tout usage des sens... La force de l'Esprit et le goût de la douceur de Dieu que la charité amène après elle, avaient tellement sucé et attiré les forces de son âme à elle qu'elle n'avait plus d'énergie pour autre chose que pour cela. » Louis de Grenade florissait en 1560. CHARLES SACCI, docteur en théologie de la faculté de Paris, dans un Sermon sur saint Bernard, demeuré manuscrit, qui se trouve dans notre monastère de Lyra, au diocèse d'Évreux, dit; entre autres choses: « C'est certainement lui qui a éteint toutes les torches du schisme et les a empêchées de porter plus loin l'incendie, par ses veilles et ses voyages si nombreux et si longs, qu'on se demande comment un mortel a eu assez de force, non-seulement pour suffire, mais encore pour survivre à de telles entreprises, à de pareils voyages, à de semblables élucubrations. Ce n'est pas une nuit, ce sont parfois de nombreuses et longues nuits qu'il a passées de suite sans prendre de repos. Puis viennent de graves maladies, que, non content de supporter avec patience il endura même avec gaieté d'âme, et qu'il avait coutume d'appeler les initiatrices à la vie bienheureuse du ciel. Au milieu de tout cela, il n'interrompit et même ne ralentit pas ses études des Saintes Lettres, qu'il disait souvent avoir sous les yeux comme une plaine d'une vaste étendue. Il fit un nombre infini de discours, et écrivit d'une plume rapide des livres composés avec un soin extrême de l'élégance du style. Voici les titres de ses livres: du Mépris du monde, Méditations, de la Passion et de la résurrection de Jésus-Christ, de l'Amour de Dieu, des Degrés de l'humilité, de la Grâce et du libre arbitre, du Précepte et de la dispense, des Hérésies de Pierre Abélard adressé au pape Innocent, de la Considération au pape Eugène, de la Nouvelle milice aux Templiers, son Apologie aux Clunistes, des Homélies, au nombre de dix-huit sur le Psaume XC, au nombre de quatre-vingt-trois sur le Cantique des cantiques, et au nombre de quatre sur l'Évangile selon saint Luc, sur le Cantique de Marie, la Vie de l'évêque Malachie,et ses innombrables Lettres qui se trouvent encore dans toutes les mains. On en compte deux cent quarante-cinq, etc. » Charles Sacci florissait en 1470.
VII. Témoignages de religieux de divers ordres.
HUGUES METELLUS, chanoine de saint Léon de Tour, s'exprime ainsi dans sa lettre à saint Bernard (tome II, Epist. CDXXIX, n. 1. p. 69). « Votre nom est une huile parfumée qui se répand au loin; il exhale l'odeur dès aromates qu'on vient de réduire en poudre. La renommée en a fait éclater en tous lieux la réputation, et l'a portée jusqu'aux confins du monde comme une odeur délicieuse, etc. » Hugues vivait en 1130. HUGUES, moine de Saint-Marien d'Auxerre, dit, en parlant de saint Bernard, dans sa Chronique, à l'année 1114 : « La même année, fondation de Clairvaux, dont le premier abbé fut le serviteur de Dieu, Bernard, homme d'une sainteté très-connue et éclatante, qui fit refleurir de son temps, dans l'Église, l'antique gloire de la religion. » Hugues écrivait en 1200. ANDRÉ SILVIUS, bénédictin de Marchiennes, s'exprime comme il suit, à l'année 1126, dans son Histoire synoptique de la France mérovingienne: « Dom Bernard, abbé de Clairvaux, a éclairé l'ordre monastique, comme une étoile du matin; il brilla par sa doctrine et ses miracles, en France, en Allemagne, en Italie et jusqu'en Angleterre, et sa vie fut si remarquable, que tout ce qu'on a dit ou écrit à sa louange est trop peu encore, etc. » André Silvius florissait en 1200. HÉLINAND, moine de l'abbaye de Cisterciens de Froidmont, en France, parle ainsi de saint Bernard, dans son livre de la Réparation des tombés, chapitre VIII. « Lisez son très-beau livre de la Considération à Eugène et, à la très-grande noblesse du style, vous reconnaîtrez que l'auteur du livre fut plus sage que Apollon, plus éloquent que Démosthène, plus subtil que Aristote, plus mesuré que Socrate, plus discret que Platon. » Hélinand florissait en 1200. CÉSAIRE D'HEISTERBACH, moine de l'ordre de Cîteaux, dans son livre XIV des Miracles, dit: « Bernard, dans la flamme de ce schisme redoutable, qui avait commencé à embraser le monde chrétien, parcourut les provinces délit tout ce qui avait été fait contre l'ordre, et, ceint du glaive de la parole de Dieu, il abattit la terreur des armes. Ce fut un homme d'une telle autorité, que c'est par la bouche de Bernard, que les pères que la pourpre décore, les rois et les princes de la terre parlaient, comme par l'oracle commun du monde. » Césaire florissait en 1230. HENRI SUSO, de l'ordre des Frères prêcheurs, s'adresse en ces termes à saint Bernard, dans son Dialogue sur la sagesse éternelle, chapitre XIV « Et vous aussi, soyez béni entre tous les docteurs de l'Église, ô Bernard à la langue de miel, vous dont l'âme a resplendi des rayons merveilleux du Verbe éternel, et qui, de cette parole douce comme le miel qui s'écoulait de la plénitude surabondante du coeur, avez prêché avec une si parfaite douceur la passion de l'humanité du Christ, et enlevé avec entraînement votre auditoire, etc. C'est avec bien juste raison, très-saint père Bernard, que votre langue distille les plus douces paroles, quand votre coeur s'est rempli de tant de douceur dans la passion melliflue du Christ. » Henri florissait en 1340. DENYS LE CHARTREUX, dans son premier Sermon sur la fête de saint Bernard, nous parle ainsi de ce saint: « Le Dieu tout-puissant et tout bon a comblé le bienheureux saint père Bernard de grâces si abondantes et si multiples, qu'il aurait pu dire de lui avec vérité, ce qu'il a dit de saint Paul: Celui-ci est pour moi un vase d'élection, etc. ; et qu'on pourrait lui appliquer ces paroles de l'Ecclésiastique : Il ne s'est trouvé personne semblable à lui. En effet, il n'y eut de son temps personne au monde qui l'égalât, ce fut le vrai apôtre de son siècle. » Dans, son second Sermon, il parle ainsi. « L'élu de Dieu, entre les élus, Bernard, le docteur le plus excellent de tous les religieux, la lumière et la gloire des moines, le modèle et l'exemple des dévots, fut prévenu d'en haut de tant et de si grandes grâces, orné de tant de qualités du coeur, distingué par tant de privilèges, qu'il n'y a génie qui puisse le pénétrer, ni langue, ni discours qui puissent exprimer et louer comme il faut la grandeur de cet homme. » Denys florissait en 1460. SIXTE DE SIENNE, de l'ordre des Frères prêcheurs, dit, dans sa Bibliothèque sacrée, livre IV : « Bernard, l'homme le plus éminent par la sainteté de sa vie et par l'éclat de son érudition, s'imbut tellement dès son enfance des Saintes Lettres et les retint si bien gravées dans sa mémoire, pendant toute sa vie, que, toutes les fois qu'il voulait écrire ou dire quelque chose, il ne lui venait à la bouche que les paroles et les pensées des saintes Écritures. Aussi, ses écrits, qu'on pourrait appeler de vrais centons des livres saints, sont-ils remplis d'un bout à l'autre de pensées tirées de l'Écriture sainte, qui sont, comme autant de perles précieuses, si bien et si justement enchassées dans son style, qu'on les y croirait nées. Ses instructions sont presque uniquement consacrées à scruter les sens mystiques des Écritures et à former le"s moeurs. Partout une piété douce et ardente y charme l'âme et l'enflamme de vives ardeurs; on sent couler de sa très-douce langue, le lait et le miel des mots, et il semble que de violents incendies de sentiments enflammés s'échappent de son coeur consumé de vives ardeurs. » Sixte de Sienne florissait en 1566. JÉRÔME PLATUS, de la société de Jésus, dans son livre III, du Bien de l'état religieux, chapitre x1, a, entre autres, écrit ces lignes: « Que dirai-je de Bernard, que nous pouvons véritablement appeler l'orateur de miel? C'est une source qui jaillit des profondeurs spirituelles aussi excellentes que parfaites. Il a encore ceci de particulier, c'est de tellement mêler l'Écriture sainte à son style et tellement fondre l'une et l'autre ensemble, qu'on pourrait croire ou qu'il parle les paroles mêmes de l'Écriture sainte, ou que celle-ci parle par sabouche, ce qui donne à son langage une gravité et une force admirables, unies à une grande élégance. » Jérôme Platus florissait en 1590. PIERRE CANISIUS, de la même société, a dit de saint Bernard, dans le Chapitre XXVIII, du livre V des Marial. « Florissait sous Lothaire II et Conrad III, Bernard de Clairvaux, homme d'une grande célébrité en France en Allemagne et en Italie; sa doctrine inspirée d'en haut, la sainteté de sa vie, prouvée par les plus éclatants miracles, l'ont fait admirer et vénérer de tout le monde. Nul parmi les moines n'écrivit mieux, nul ne vécut plus saintement que lui, au jugement même de Luther. » Pierre Canisius vivait en 1597. LOUIS DE GONZAGUE de la même société, « n'omit jamais, à ce que nous voyons dans sa Vie, livre II, chapitre XXXII, la lecture de saint Bernard, même aux approches de la mort, tant elle lui était agréable. Aussi dans sa dernière maladie, se fit-il lire tous les jours quelque passage de ses sermons sur le Cantique des cantiques, tant saint Bernard lui était cher.»
VIII. Témoignages de jurisconsultes et d'orateurs.
FRANÇOIS PÉTRARQUE, au livre II, de la Vie solitaire, chapitre XIV, s'exprime ainsi : « Bernard avait coutume de dire qu'il avait appris au milieu des champs et des forêts, dans la prière et la méditation, non à l'école des hommes, tout ce qu'il savait de belles lettres, or, je ne sache personne de son temps qui les ait mieux possédées que lui. Il n'avait point eu, à l'entendre, d'autres maîtres que les chênes et les hêtres. » François Pétrarque florissait en 1370. NICOLAS PITHOU, dans la lettre qu'il a placée en tête de son Trésor extrait des oeuvres de saint Bernard, s'exprime ainsi : « Je suis très lié d'une très-grande et intime amitié avec Charles Perrot. L'étant donc allé voir, un jour, selon mon habitude, nous nous entretînmes ensemble de beaucoup de choses. La conversation tomba sur le divin Bernard, premier abbé de Clairvaux. Perrot l'exaltait tellement dans ses paroles et faisait un si grand cas de ses écrits qu'il m'inspira la pensée de les parcourir... Et j'y trouvai en effet tout ce qu'il m'avait prédit que j'y trouverais. Je goûtai un tel plaisir à cette lecture que j'en oubliai presque toutes les peines qui me déchiraient si misérablement le coeur. » Un peu plus loin, il dit que « Saint Bernard fut la colonne et le soutien de l'Église qui s'écroulait, si on peut parler ainsi. » Nicolas Pithou écrivait en 1589. JUSTE LIPSE, professeur et historien du roi à Louvain, interrogé par Aubert le Mire, sur les pères dont il jugeait la lecture la plus propre à former des orateurs, répondit dans sa lettre XLIX, Centur. 3 : « Parmi les Grecs, celui que je préfère est Chrysostome,... de tous les pères Latins, celui qui me captive le plus est saint Bernard ; il ne manque jamais d'exciter mon esprit par son piquant et sa chaleur, de l'instruire et de lui faire de profondes impressions, par le tour pénétrant des pensées qu'il sème à profusion et à propos dans ses écrits. » Juste Lipse florissait en 1640. RENÉ CHOPPIN, avocat au parlement de Paris; s'exprime ainsi dans le livre II de sa Politique sacrée : « Vers le même temps brilla dans Bernard un cénobite qui n'eut que les chênes pour maîtres, et qui, sans autre maître, devint extrêmement instruit. Il a transporté la sainteté et le savoir de la solitude dans le monde, de l'ombre au soleil. On peut dire de lui qu'il fut en même temps polugraphos et autodidaktos. Il est bien peu d'écrivains dont on puisse en dire autant. » René Choppin vivait en 1620.
IX. Témoignages de femmes illustres.
SAINTE HILDEGARDE, abbesse de Mont-Saint-Robert près de Bingen, s'exprime ainsi dans une lettre qu'elle écrit à saint Bernard : « Il y a deux ans je vous ai vu dans une vision, vous fixiez vos regards sur le soleil et vous ne craigniez point... Vous êtes l'aigle qui fixe ses regards sur le soleil, etc. » Sainte Hildegarde florissait en 1150. SAINTE GERTRUDE, abbesse du monastère d'Elpédan, dans le comté de Mansfeld, décrit la manière dont saint Bernard lui est apparu, et, entre autres choses, elle dit : « Sa très-sainte poitrine, son cou et ses mains semblaient enveloppés d'espèce de lances d'or relevées de pierres précieuses roses et étincelantes artistement disposées. Les lames d'or désignaient l'élégance toute particulière de la doctrine salutaire qu'il prêche, de sa bouche sacrée, par l'organe de son sacré gosier, après l'avoir soigneusement digérée dans son coeur plein de dévotion,et qu'il a si heureusement écrite de ses propres mains pour le bien de ceux qui veulent sen servir pour avancer dans la voies du salut. Les pierres précieuses représentaient celles de ses paroles qui sentent plus particulièrement l'amour divin. » Sainte Gertrude florissait en 1300. LA BIENHEUREUSE MECHTILDE, compagne de sainte Gertrude et religieuse du même monastère, s'exprime ainsi dans le livre de la Grâce spirituelle, au chapitre XCI : « Au milieu de l'Église, le Seigneur ouvrit la bouche de saint Bernard que Dieu a prévenu de la douceur de sa grâce, car le saint Esprit l'avait rempli en descendant en lui, de tant d'abondance et de surabondance, que, semblable au vent qui pousse une porte avec violence, ainsi est-il poussé par le Saint-Esprit, et, embrasé du feu de la charité, il répand ce qui lui est inspiré de Dieu, et éclaire l'Église de la lumière abondante de sa doctrine. Le Seigneur l'a rempli de l'esprit de sagesse et d'intelligence. Aussi l'esprit éclairé d'en haut, bien au delà de tout ce qu'on peut dire, s'il répandit beaucoup de lumière il en conserva encore plus dans son intelligence. » La bienheureuse Mechtilde florissait vers l'an 1300.
X. Témoignages d'Hétérodoxes.
MARTIN LUTHER, dans ses Propos de table, en parlant des pères de l'Église, dit au sujet de saint Bernard : « Saint Bernard l'emporte sur tous les docteurs de l'Église; mais dans la discussion, il devient un tout autre homme, car il accorde un peu trop au libre arbitre. » MICHEL NÉANDRE, en parlant du même saint, dans sa Gnomologie des Grecs , s'exprime ainsi : « On trouve plus d'esprit de vie, de doctrine et de foi dans quelques pages de dom Bernard qui ne touche point à la philosophie, mais qui se contente de l'Écriture-Sainte, qu'il s'était rendue si familière qu'il ne parlait que le langage de la Sainte-Écriture, qu'il n'y en a dans tout saint Jérôme qui l'emportait si fort sur tous les autres par la connaissance des langues, des arts, de la philosophie et de la sagesse des anciens. » MARTIN BUCER, dans son livre de la Concorde, à l'article Justification, « appelle saint Bernard, un homme de Dieu. » JEAN OECOLAMPADE, cité par Guthbert Tonstalle, dans le livre de Vérité du corps de Jésus-Christ dans l'Eucharistie, dit : « Par la justesse de son jugement, Bernard l'emportait sur tous les hommes de son temps. » JEAN CALVIN, dans le livre IV de l'Institution, chapitre XI, § 10, s'exprime ainsi : « L'abbé Bernard, dans son livre de la Considération, parle si bien qu'on croirait que c'est la Vérité même qui parle par sa bouche. » Ailleurs, chapitre X, § 17, « il appelle Bernard un écrivain pieux et saint.» DANIEL HEINSIUS, dans sa troisième Oraison, s'écrie : « Qui a écrit d'un style plus doux que Bernard ? J'appelle volontiers ses Méditations un ruisseau du Paradis, l'ambroisie des âmes, le pain des anges, la moëlle de la piété. »
OBSERVATION.
Horstius rapporte, en cet endroit, les censures injustes et erronées des Centuriateurs de Magdebourg, extraites de la VIII centurie, où quelques actions et quelques paroles de saint Bernard sont, avec autant d'impiété que d'injustice, notées de superstition. Horstius a reproduit ces censures en douze articles, que nous réduisons à dix pour abréger, car nous ne voulons rien passer. Les Centuriateurs de Magdebourg reprochent à saint Bernard :
1° D'avoir rendu un culte à l'hostie offerte et consacrée pendant la messe, et d'être allé jusqu'à s'en servir pour chasser les démons; 2° D'avoir honoré les reliques des saints; 3° D'avoir cru que la bénédiction donnait aux choses bénites une certaine vertu; 4° D'avoir défendu le souverain pontife contre ceux qui l'attaquaient, et de lui avoir reconnu le droit d'investiture au détriment de l'empereur Lothaire; 5° D'avoir dit qu'on ne peut espérer le salut hors de l'Église catholique ; 6° D'avoir prêché la croisade; 7° D'avoir cherché la vérité auprès des morts, et d'avoir cru que le sacrifice de la messe peut leur être utile; 8° D'avoir fait servir les miracles à confirmer l'erreur, comme ils disent; 9° D'avoir prorogé la vie religieuse et de l'avoir fait embrasser par beaucoup de monde; d'avoir, entre autres choses, interdit à sa soeur, qui était mariée, toute espèce de toilette, et approuvé sa séparation d'avec son mari pour entrer dans le cloître; 10° De s'être plongé dans un étang d'eau glacée par amour pour la chasteté, et enfin d'avoir cruellement tourmenté son corps. Voilà quelles sont les superstitions que les hérétiques trouvent à reprendre dans les actions du saint docteur. Horstius leur a plutôt répondu par des invectives que par des réfutations proprement dites. Cependant, comme ces attaques sont autant dirigées contre la religion catholique tout entière, que contre saint Bernard lui-même, et que, d'ailleurs, il y a été répondu avec autant d'abondance que de savoir, il ne nous a pas paru à propos de nous y arrêter plus longtemps. Il est certain que tous ces reproches de superstition, dirigés contre saint Bernard par les hérétiques, peuvent être retournées plus vivement contre eux par saint Bernard, que Bucer appelle «un homme de Dieu,» Calvin,« un homme pieux et saint. » On ne peut donc croire qu'il se soit livré à des superstitions mortelles. Par conséquent, on ne peut taxer non plus de superstition chez les autres catholiques, des choses qui n'ont point empêché Dieu d'accorder à saint Bernard la gloire de faire des miracles. Après tout, le lecteur peut consulter, s'il le veut, la profession de foi de saint Bernard, tirée de ses oeuvres, parle père Théodore Pétrée, chartreux de Cologne, où on trouve les principaux points de la doctrine catholique classés dans un certain ordre.
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