LETTRE CCXLIX
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rte de l'église 38 - CH-1897 Le Bouveret (VS)

LETTRE CCXLIX.

 

Nécessité de supporter les maux dans le monde et dans l'Eglise.

 

AUGUSTIN A RESTITUT, SON CHER SEIGNEUR, SON BIEN-AIMÉ, HONORABLE FRÈRE ET COLLÈGUE DANS LE DIACONAT, SALUT DANS LE SEIGNEUR.

 

Notre frère Déogratias, ce frère si fidèle, m'a fait connaître vos pénibles inquiétudes qui naissent de l'ardeur de votre zèle; vous savez combien il s'y associe lui-même. Lisez donc Tychonius (1) que vous connaissez bien, sans cependant tout approuver; vous n'ignorez pas à quoi il faut prendre garde en le lisant. Mais il me paraît avoir habilement traité et résolu la question du maintien de l'unité au milieu des désordres et même des crimes qu'il n'est pas possible de faire disparaître dans l'Eglise de Dieu. Quoique, dans ses lettres, l'intention seule soit à rectifier, il faut recourir aux sources mêmes des divines Ecritures, afin d'y voir combien sont en petit nombre les témoignages et les faits que Tychonius a cités : d'ailleurs on ne pourrait les citer tous, à moins de transcrire presque en entier nos Livres saints; car à peu près à chaque page nous sommes avertis de rester pacifiques avec ceux qui haïssent la paix et de garder avec eux la communion des sacrements qui nous préparent à l'éternelle vie , jusqu'à ce que s'achève notre triste pèlerinage d'ici-bas (2) , jusqu'à ce que nous jouissions d'une paix inaltérable dans la force de Jérusalem , notre mère éternelle, et que nous trouvions dans ses tours la multitude des véritables frères dont le petit nombre excite maintenant nos tristesses au milieu de beaucoup de faux frères. Quelle est la forcé de cette cité, sinon son Dieu qui est notre Dieu? Vous voyez donc de qui seul procède la paix, soit pour chaque homme en particulier, en guerre avec lui-même si Dieu n'est pas avec lui, même sans aucun scandale au dehors; soit pour tous en

 

1. Nous avons eu occasion de parler de Tychonius et des coups qu'il porta au donatisme, quoiqu'il fût resté lui-même dans le parti de Donat.

2. Ps. CXIX, 5-7.

 

général : quoiqu'ils s'aiment entre eux en cette vie et qu'ils demeurent liés par les noeuds d'une amitié fidèle, les séparations ou la diversité des pensées empêchent toujours que. leur union ne soit pleine et parfaite. Que votre coeur s'affermisse dans le Seigneur, et souvenez-vous de nous.

 

 

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